caraïbe et guyane - Département d`information et de communication
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115 CARAÏBE ET GUYANE * La Caraïbe désigne la région; les Caraïbes sont les autochtones, pratiquement disparus, qui habitaient les Petites Antilles et les côtes voisines. ON PEUT CONSULTER COLLECTIF, La Caraïbe au tournant de deux siècles, Paris, CERC – Karthala, 2004, 538 p. PÉAN Leslie JR et Jacques CHEVRIER (préf.), Haïti : économie politique de la corruption : tome II, L’État marron (1870-1915), Paris, Maisonneuve et Larose, 2005. RANCOURT Jacques, Figures d’Haïti : 35 poètes pour notre temps, Paris, Le Temps des cerises, 2005. WARGNY Christophe, Haïti n’existe pas, « 1804-2004 : deux cents ans de solitude », Paris, Autrement (Autrement-Frontières), 2004. WIENER KERNS Fleurimond, Haïti 1804-2004 : le bicentenaire d’une révolution oubliée, Paris, L’Harmattan, 2005. L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 La Caraïbe* regroupe les Grandes et les Petites Antilles ainsi que certaines terres bordant la mer des Caraïbes; quelques-uns des pays qui la composent, essentiellement d’anciennes colonies créolophones, font partie de la Francophonie. Haïti, ex-colonie française, est devenue en 1804 – après la révolte des esclaves – la première république noire indépendante. Les deux langues officielles sont le français et le créole; le créole est parlé par tous les Haïtiens, ce qui n’est pas le cas du français. Haïti participe aux Sommets de la Francophonie. La Dominique et Sainte-Lucie, voisines de la Martinique et de la Guadeloupe, furent d’abord des colonies françaises, puis des colonies britanniques à partir de 1763; elles accèdent à l’indépendance respectivement en 1978 et 1979. Elles ont l’anglais pour langue officielle; le créole à base lexicale française y est langue d’usage; les deux États participent aux Sommets de la Francophonie. La Guadeloupe, la Guyane et la Martinique constituent, depuis 1946, des départements français d’outre-mer ( DOM ); le français y est donc langue officielle, mais on y parle parallèlement le créole. 116 C A R A Ï B E E T G U YA N E DOMINIQUE Collin GUISTE Expert en environnement et Coordonnateur National pour le Changement Climatique [email protected] Yves Renard Consultant indépendant [email protected]. L’année écoulée a été une année calme sur le plan politique, une année durant laquelle se sont consolidés les acquis apportés par les mesures économiques et fiscales du gouvernement du premier ministre Roosevelt Skerrit, et une année durant laquelle le peuple de la Dominique a bien démontré son dynamisme culturel, dynamisme dans lequel la langue et la culture créoles — et donc la Francophonie — occupent une place de premier plan. L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 POLITIQUE Comme dans tous les autres pays de la Caraïbe, ce sont les talk-shows, ces émissions radiophoniques où tout un chacun peut s’exprimer, qui ont dominé le paysage politique, et les sujets les plus « chauds » furent sans nul doute le projet d’installation d’une raffinerie de pétrole et les relations de plus en plus étroites entre la Dominique et le Venezuela. Le seul changement notable au niveau de la représentation politique a été l’élection de M. Earl Williams, ancien ministre des Communications, des Travaux publics et du Logement, à la tête du United Workers Party, le principal parti d’opposition. Le thème central du budget annuel 2007–2008, tel que décrit dans le discours de présentation du premier ministre et ministre des Finances, a été : « Poursuivre notre développement, avec responsabilité ». Ce budget comprenait un certain nombre de nouveaux programmes, notamment dans le domaine du logement. La principale base politique et programmatique de ce budget est la Stratégie nationale de Croissance et de Protection sociale récemment formulée en partenariat avec les principaux bailleurs bilatéraux et multilatéraux. D’importants progrès ont été réalisés dans les relations avec les voisins francophones, avec notamment la signature d’un accord de coopération avec le Conseil Régional de la Guadeloupe en février 2007, et un accord avec la France pour faciliter l’accès des Dominicains aux départements de Guadeloupe et de Martinique sans visa pour des périodes de courte durée. D’importantes discussions ont aussi eu lieu dans le domaine de la géothermie. Elles ont depuis abouti à la signature d’accords et la mise en place de projets conjoints d’exploration. La Dominique reste pleinement ac- tive sur la scène régionale, notamment au sein de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) – elle est directement engagée dans la mise en place du nouvel accord (Caribbean Single Market and Economy) – et de l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECS) – avec le projet de transformation de cette organisation en véritable union économique. ÉCONOMIE Le premier événement marquant de ces douze mois, le passage du cyclone Dean en août 2007, n’aura pas laissé un bon souvenir, bien que ses dégâts – deux morts, de nombreux glissements de terrain, plusieurs centaines de maisons détruites ou endommagées, les plantations de bananes détruites à près de 100 %, des infrastructures littorales emportées – furent bien moindres que ceux de plusieurs ouragans récents, dont le terrible cyclone David de 1979. Les énormes difficultés créées par la perte récente de l’accès préférentiel des produits agricoles sur certains marchés européens continuent à faire peser de lourdes menaces sur la production bananière, principale production du pays. D’importants progrès ont toutefois été accomplis dans le domaine du commerce équitable, notamment en direction du Royaume-Uni. Les principales tendances économiques qui prévalent dans toute la Caraïbe ont aussi marqué cette période à la Dominique, avec une augmentation importante du coût des produits de consommation courante (les pays du CARICOM ont répondu à cette réalité en éliminant les tarifs sur les marchés internes), ainsi que du coût de l’énergie et tout particulièrement de l’électricité (bien que l’hydroélectricité représente un tiers de la production). À mi-chemin, entre économie et politique, et au coeur même des problématiques de développement durable qui sont importantes à la Dominique, se trouvent les débats autour du projet de raffinerie. En juin 2008, une décision n’avait pas encore été prise, mais beaucoup s’accordaient sur l’incompatibilité entre un tel projet et l’image d’« Ile de la Nature » que la Dominique souhaite offrir au monde et utiliser comme élément central de son produit touristique. De fait, ces questions énergétiques ont beaucoup été à l’ordre du jour ces derniers mois, d’abord du fait du projet de raffinerie et des coûts élevés de l’énergie pour les consommateurs, mais aussi grâce à de nombreuses initiatives. Dans le domaine de la géothermie, un projet d’exploration vient de démarrer, grâce à l’identification de deux sites aux importants potentiels (les prévisions actuelles sont que la Dominique pourra non seulement couvrir tous ses besoins, mais pourra aussi exporter de l’électricité aux îles voisines DOMINIQUE CULTURE ET SOCIÉTÉ Le grand événement culturel de la Dominique cette année est indiscutablement Reunion 2008, une initiative du Gouvernement de la Dominique pour célébrer le trentième anniversaire de l’indépendance et encourager tous les Dominicains, où qu’ils se trouvent sur la planète, à participer à cet anniversaire. Chaque mois de l’année est dédié à un thème particulier (par exemple les sports et la santé en mars, l’environnement en juin, l’agriculture et la technologie en septembre), tout ceci devant culminer en décembre avec le lancement de Vision 2020, un projet de développement à long terme. La Dominique continue aussi à marquer en beauté les principales dates de son calendrier culturel, avec son Carnaval en février (qui a vu en DOMINIQUE GÉOGRAPHIE t ÉMFEFT1FUJUFT"OUJMMFTDPVWFSUFQBSMBKVOHMF%FT EFTDFOEBOUTEFT*OEJFOTDBSB«CFTZWJWFOUFODPSF HISTOIRE t 0DDVQBUJPOQS±DPMPNCJFOOF"SBXBLTQVJT$BSB«CFT t "SSJW±FEF$ISJTUPQIF$PMPNCMFEJNBODIF OPWEP¢TPOOPN t 9 7**FT'SBO³BJTFU"OHMBJTTJHOFOUVOFFOUFOUFEF QBJYBWFDMFT$BSB«CFT¹RVJJMTBDDPSEFOUMFOUJ²SF QPTTFTTJPOEFM¬MFEFMB%PNJOJRVF/FVUSBMJU±EF M¬MF t -¬MFFTUD±E±F¹M"OHMFUFSSFQBSMFUSBJU±EF1BSJT t ÎUBUBTTPDJ±¹MB(SBOEF#SFUBHOF t OPW *OE±QFOEBODF t E±D .FNCSFEFM"$$5 t 1BSUJDJQBUJPOBV4PNNFUEFMB'SBODPQIPOJF 2007 le couronnement de King Dice comme Roi du Calypso pour la quatrième fois) et le World Creole Music Festival, qui a été en 2007 l’occasion d’une reconnaissance de l’œuvre de Nasio Fontaine, chanteur de reggae d’envergure internationale, qui s’est vu décerner la principale décoration nationale, la médaille Sisserou (du nom de l’un des deux perroquets endémiques de la Dominique). Politique, économie, culture… mais c’est peutêtre ailleurs que se trouve la meilleure preuve de la qualité de vie que ce pays offre à ses habitants. Cette petite île reste en effet le pays où le taux de centenaires est le plus élevé au monde, une longévité que l’on peut facilement attribuer au style de vie et à l’alimentation saine de cette population, à la qualité de l’eau et de l’air, et aux fruits d’une nature exubérante et encore préservée des attaques du monde moderne. | GUADELOUPE Emeline PIERRE Enseignante, auteure [email protected] POLITIQUE L’année 2007 a été marquée par l’accès au pouvoir de Nicolas Sarkozy au poste de président de la République française. Il nomme au poste de secrétaire d’état chargé de l’outre-mer Christian Estrosi, délégué auprès de la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie. Celui-ci se rend dans les îles du Nord, à savoir Saint-Martin et Saint-Barthélemy afin d’assister à l’installation des conseils territoriaux qui deviennent des collectivités d’outre-mer. Ces îles quittent donc leur statut de communes de la Guadeloupe. En mars 2008, Estrosi quitte son poste afin de se consacrer à sa fonction de maire. Il est remplacé par Yves Jégo qui a fort à faire pour convaincre les socioprofessionnels d’accepter le projet de loi modifiant la Loi programme. En effet, le texte prévoit que le plafond d’exonération fiscale soit relevé. Ayant fait face à un tollé de contestation lors de sa visite en Guadeloupe, Jégo se montre favorable à ce que les niches fiscales soient plafonnées. Par ailleurs, le gouvernement François Fillion a dévoilé des mesures d’aide qui s’étaleront sur deux ans afin de lutter contre les effets néfastes L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 de Guadeloupe et de Martinique). Les recherches et les investissements en cours sont financés par l’Union européenne, pour un montant de 5 millions d’euros. Au début de 2008, une mission d’étude sur les politiques énergétiques a aussi été conduite par l’Institut de l’Énergie et de l’Environnement de la Francophonie (IEPF). Un autre important enjeu de développement est celui des transports aériens, et le gouvernement de la Dominique reste attaché à la mise en œuvre d’un projet de construction d’un aéroport international, considéré comme indispensable pour le secteur touristique. L’une des difficultés est celle de la localisation de l’aéroport, du fait du relief montagneux de l’île, mais aussi de la nécessité de créer une structure qui s’intègre bien dans le paysage et ne nuise pas à l’environnement. Malgré un contexte global et régional peu favorable, le bilan économique de l’île est largement positif, avec une croissance de 4% en 2007, due principalement à la forte croissance du tourisme (15% en 2006) et de la construction (8,5%). 117 C A R A Ï B E E T G U YA N E liés à l’utilisation du chlordécone. Ce plan étalé sur deux ans permettra d’équiper les laboratoires d’analyses locaux et apportera une aide aux agriculteurs touchés. En outre, cette année a été marquée par les élections cantonales et municipales. La sénatrice Lucette Michaux-Chevry est reconduite dans ses fonctions de mairesse à Basse-Terre, le chef-lieu tandis qu’à Pointe-àPitre, la capitale économique, le fils de Jacques Bangou succède à son père qui occupe le fauteuil de maire depuis 1965. ÉCONOMIE Le cyclone Dean a porté un coup dur au secteur de la banane déjà fragile. Il a été sinistré à 50% selon l’Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique (UGPBAN). Pendant huit mois, la banane guadeloupéenne a été absente des étals de l’Hexagone. Afin de venir en aide aux sinistrés, l’État a débloqué des enveloppes. Il faut dire que les dégâts ont été chiffrés à plusieurs millions d’euros. Quelques mois après la catastrophe, le premier ministre s’est rendu en Guadeloupe afin de traiter du développement économique de l’île de concert avec les socioprofessionnels. L’accent a été mis sur les secteurs agricole et touristique. De même, le gouvernement a confirmé son soutien à la filière bananière, attendu que c’est le premier employeur privé de l’île. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, l’économie guadeloupéenne L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 GUADELOUPE GÉOGRAPHIE t ÉMFWPMDBOJRVFEFT1FUJUFT"OUJMMFTTJUV±FBVOPSEEF MB%PNJOJRVF"SDIJQFMDPNQPT±EF(SBOEF5FSSF #BTTF5FSSFMFT4BJOUFTMB%±TJSBEF.BSJF(BMBOUF 4BJOU#BSUI±M±NZFU4BJOU.BSUJO HISTOIRE t 0DDVQBUJPOQS±DPMPNCJFOOF"SBXBLTQVJT$BSB«CFT t "SSJW±FEF$ISJTUPQIF$PMPNC t 0MJWFFU%VQMFTTJTQSFOOFOUQPTTFTTJPOEVUFSSJ UPJSFBVOPNEFMB'SBODFÎDPOPNJFEFQMBOUBUJPO t -B3±WPMVUJPOGSBO³BJTFBUUFJOUMB(VBEFMPVQF &Y±DVUJPOTQFOEBOUMB5FSSFVS1SFNJ²SFBCPMJUJPOEF MFTDMBWBHFS±UBCMJBWFDMBSSJW±FEF#POBQBSUF t "CPMJUJPOEFMFTDMBWBHF¹MJOJUJBUJWF7JDUPS 4DIMDIFSNFNCSFEVHPVWFSOFNFOUS±QVCMJDBJO E±QVU±EFMB.BSUJOJRVFFUEFMB(VBEFMPVQF t -B(VBEFMPVQFEFWJFOUE±QBSUFNFOUEPVUSF NFSDPOTFJMH±O±SBM t -B(VBEFMPVQFEFWJFOUBVTTJVOFS±HJPODPOTFJM S±HJPOBM t E±D %±DMBSBUJPOEF#BTTF5FSSFTJHO±FQBS MFTQS±TJEFOUTEFTDPOTFJMTS±HJPOBVYEF(VBEFMPVQF .BSUJOJRVFFU(VZBOFS±DMBNBOU¹MB'SBODFVO TUBUVUOPVWFBVQPVSMFT%0. t -VDFUUF.JDIBVY$IFWSZT±OBUFVSFUQS±TJEFOUF EVDPOTFJMH±O±SBMEF(VBEFMPVQF enregistre une croissance similaire à celle de la métropole. Tous les secteurs industriels affichent une bonne progression sauf l’agriculture qui marque un repli lié au recul des exportations. Dans un autre ordre, l’aéroport Pôle caraïbes se place au dixième rang des aéroports français. Selon le portail d’information antillais Domactu, on assiste à une hausse de fréquentation de 5,3% du nombre de passagers de plus que l’année précédente soit 100 000 passagers. Quant au chômage, il connaît une baisse de 4,9% sur un an. De fait, le nombre de demandeurs d’emplois s’élève à 41 820. CULTURE Le prix des Amériques insulaires et de la Guyane a été décerné au Cubain Pedro Juan Gutierrez pour son roman Le nid du serpent. Cette année, pour la première fois depuis sa création, le prix a fait escale en Haïti. Celui-ci a été conçu à l’initiative de Maryse Condé et d’Amédée Huyghues Despointes. Toujours en matière littéraire, après trois ans d’absence, le salon du livre a signé son grand retour avec comme pays invité d’honneur le Brésil. Cet événement qui s’est déroulé aux Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre a connu un vif succès. Dans un autre registre, il faut noter la fin de la comédie musicale La Rue Zabym. Cette mise en scène relate la vie sous la période coloniale en milieu urbain. Pour répondre à l’engouement populaire, plusieurs représentations supplémentaires ont dû être programmées. Côté musical, le festival de Gwo Ka a soufflé ses vingt bougies à Sainte-Anne avec comme thème a la rèpriz ! Au programme, des concerts gratuits, des ateliers et des dégustations de mets locaux ont ponctué cette manifestation qui attire toujours une foule nombreuse. | PHOTO GRACIEUSETÉ DE LA RUE ZABYM 118 GUADELOUPE 119 GUYANE Aurélie PLAISANCE Doctorante en Études littéraires, Université Laval [email protected] L’année guyanaise 2007-2008 est marquée par le refus de Nicolas Sarkozy d’entériner un projet d’exploitation minière, par l’opération « Harpie » destinée à vaincre l’orpaillage illégal et par les nombreuses manifestations des enseignants. POLITIQUE Le projet d’extraction aurifère d’Iamgold sur le site de la montagne de Kaw dans la forêt primaire cause beaucoup d’émoi. Un sondage mené en décembre 2007 révèle qu’une majorité de Guyanais y sont plutôt défavorables. Le Grenelle de l’environnement, maintenant doté d’un comité opérationnel outre-mer, rejette le projet. Nicolas Sarkozy, qui en avalise l’annulation, dit pourtant appuyer l’industrie aurifère. En juin 2008, Iamgold soumet une nouvelle mouture de son projet, rebaptisé « Harmonie ». Dix tonnes d’or issues de l’orpaillage illégal seraient extraites annuellement, contre trois de l’industrie légale (Les Échos). Le mercure utilisé dans les opérations irrégulières est nocif pour l’environnement et pour la santé des autochtones qui se nourrissent de poisson contaminé. Durant sa visite en Guyane les 11 et 12 février 2008, Nicolas Sarkozy aborde ce problème. Afin de freiner les activités clandestines, l’opération militarisée « Harpie » est mise en œuvre le 14 février 2008. Christiane Taubira (PRG) est réélue aux législatives de juin 2007, et Chantal Berthelot du Parti socialiste guyanais détrône Léon Bertrand (UMP). Le 15 mars 2008, Cayenne élit maire Rodolphe Alexandre, et Saint-Georges de l’Oyapock élit Fabienne Mathurin-Brouard, première femme maire en Guyane. GUYANE GÉOGRAPHIE t 3±HJPOFU%±QBSUFNFOUEPVUSFNFS %0. TJUV±FFO"NB[POJF±RVBUPSJBMF FOUSF4VSJOBNFU#S±TJM1PQVMBUJPOUS²T WBSJ±F$S±PMFT/PJSTNBSSPOT"N±SJO EJFOT&VSPQ±FOT)NPOHT$IJOPJT HISTOIRE t "QS²TEFVYUFOUBUJWFTJNQMBOUBUJPO EF3PVFOOBJTFO(VZBOF t &YQ±EJUJPOEF,PVSPVDPMPOJTBUJPO NBTTJWFFUNBMQS±QBS±F t "CPMJUJPOEFMFTDMBWBHF t 1SFNJFSDPOWPJEFDPOEBNO±TEF ESPJUDPNNVOMJC±SBUJPOEVEFSOJFS CBHOBSE t %±CVUEFMBSV±FWFSTMPS t -B(VZBOFEFWJFOUVO%0. t $IPJYEF,PVSPVQPVSJNQMBOUFS VOFCBTFTQBUJBMF t -B(VZBOFFTUEPU±FEVO$POTFJM S±HJPOBMQS±TJE±QBS",BSBN « Le mois du marronnage » est célébré du 1er au 20 juin 2008 pour souligner le 160e anniversaire de la deuxième abolition de l’esclavage en Guyane. Dans le cadre des festivités, une statue des « Marrons de la Liberté » est inaugurée le 10 juin. L’œuvre de l’artiste Lobie Cognac, intitulée Fiiman (homme libre), représente un couple d’esclaves dont les chaînes sont rompues. L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 ÉCONOMIE Selon l’Insee (Les Échos), le rythme de croissance du PIB est estimé à +6,5 % en 2007 et la Guyane enregistre un taux de chômage de 20,6% en juin de la même année. Arianespace, le plus grand employeur privé de Guyane, multiplie les succès ces dernières années. Le 4 septembre 2007, la société signe un contrat avec Globalstar pour l’envoi en orbite de 24 satellites. En plus des lancements d’Ariane 5, celui depuis Kourou des fusées italienne Vega et russe Soyouz est annoncé pour 2009. Le chiffre d’affaires de la société en 2007 est de 940 millions d’euros et les retombées économiques de l’industrie spatiale en Guyane sont évaluées à 450 millions d’euros. La Loi programme pour l’outre-mer vise à rattraper les retards économiques et structurels des DOM par rapport à la métropole. Leur transformation en zones franches globales, exonérées d’impôts et de taxes, est une des mesures principales du projet. La Loi programme prévoit des taux d’exonération allant de 50 % à 80 %. Le total de ces exonérations est évalué à 220 millions d’euros et le coût de la loi, estimé à 100 millions par an. 120 C A R A Ï B E E T G U YA N E SOCIÉTÉ ET CULTURE En 2007-2008, les enseignants manifestent à plusieurs reprises contre le manque de ressources, la suppression de postes et la majoration de la charge de travail. Ils déplorent aussi le haut taux d’échecs scolaires et d’enfants non scolarisés. Au printemps 2008, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, propose un plan de lutte contre le sida. La Guyane est le département français présentant le plus haut taux de personnes infectées. Ce plan prévoit diverses actions, dont un programme de dépistage qui devrait être opérationnel dès l’automne 2008. Côté littérature, la Guyane accueille, du 10 au 14 décembre 2007, la 18e édition du Prix Carbet de la Caraïbe, présidé par Édouard Glissant. Le grand prix est décerné à Miguel Duplan, écrivain né à Fort-de-France en 1963 et vivant aujourd’hui en Guyane, pour son roman L’Acier. Le 6e Salon du livre et du multimedia de Cayenne (annulé en 2007) rend hommage, du 26 au 31 mai 2008, à Elie Stephenson. Enfin, la députée Christiane Taubira organise le 30 novembre 2007 un symposium international d’hommage à Léon Gontran Damas. Dans la foulée de l’événement, le 28 mars (date de naissance du poète) est désigné Journée académique d’hommage à Damas. | HAÏTI Roberson EDOUARD Ph. D. Sociologie, Université Laval [email protected] L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 La République d’Haïti a démarré l’année 2007 dans une atmosphère générale de détente politique, de relance économique, d’affirmation de la force publique (le tandem PNH-MINUSTAH), de recul de l’insécurité, et de séduction de la communauté internationale. Mais hélas, comme c’est le cas depuis sa fondation, elle n’a pas su maintenir le rythme continu de la croissance et des restructurations sociales et politiques. Conséquences : la cherté de la vie reprend son petit bonhomme de chemin, le sentiment d’insécurité redevient endémique, l’exode rural poursuit son cours tandis que des déportations massives d’immigrants illégaux haïtiens se sont intensifiées un peu partout en Amérique, l’insalubrité et la faim perpétuent leur ravage. Seul le domaine culturel semble échapper à cette loi de la dégradation. POLITIQUE Au cours de l’année 2007, tout laissait anticiper des lendemains meilleurs pour la société et l’économie haïtienne : la détente politique, le rétablissement du climat sécuritaire et surtout la perspective de création d’emplois liée à la loi HOPE votée aux États-Unis en 2007. Toutefois, contrairement aux aspirations et anticipations, l’année 2007-2008 se termine sur des signes évidents d’effondrement de l’État, marqué par la recrudescence de l’insécurité, notamment la relance de l’industrie du kidnapping, cette fois mieux adaptée aux mesures de sécurité de la PNH et de la MINUSTAH, la résurgence des cas de viols, de vols et de meurtres, les évasions pénitentiaires spectaculaires, la poursuite du trafic de stupéfiants, le trafic d’humains, etc. Certes, le tandem PNH/ MINUSTAH a presque réussi à s’affirmer comme ayant le monopole de la violence physique, mais l’incertitude permanente autour de la durée du mandat de la force onusienne entretient l’espoir des bandits armés de contrecarrer les projets de la PNH de sécuriser les vies et les biens. Il en découle une forme d’hypothèque de la souveraineté nationale, car l’État haïtien n’a pas les moyens d’assurer sa propre défense, et une vulnérabilité constante des acquis de la transition en raison de la menace latente permanente de tout autre groupe armé dans le pays : les chimères (rat pa kaka), les anciens militaires, les trafiquants de drogue, les activistes politiques, etc. Est-ce à dire que la refondation de l’État haïtien est encore en gestation ? Un pas important semble néanmoins franchi dans l’apprentissage de la gouvernance démocratique : un peu partout des alliances, des regroupements se forment afin de maximiser la capacité d’influence des acteurs. Au parlement, par exemple, plus d’une cinquantaine de députés se regroupent sous le label de la Concertation des Parlementaires progressistes (CPP), d’autres (19 députés issus de 9 partis politiques) sous l’étiquette de l’Union des Parlementaires pour le développement national (UPDN), enfin 10 sénateurs se sont regroupés pour former le Bloc des 10, etc. Espérons que cette culture politique perdurera, mais avec en bonus un agenda, des objectifs et une vision claire pour que les alliances cessent d’être uniquement conjoncturelles. L’entérinement des élections de 2005, la formation d’un gouvernement de coalition, le fonctionnement du parlement, l’installation des autorités locales (maires, CASEC, ASEC), le pluralisme politique, la multiplication des commissions, et même la formulation d’un nouveau cadre stratégique, le Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DS-CRP), n’ont toujours pas engendré les solutions attendues aux problèmes cruciaux du pays. Ainsi que nous G U YA N E INFORMATIONS GÉNÉRALES La République d’Haïti partage l’île d’Haïti avec la République dominicaine Capitale : Port-au-Prince (2 millions d’habitants) Langues officielles : créole (majorité), français (minorité) Superficie : 27 750 km2 Population : 8.4 millions d’habitants dont 51,7% de femmes et 48,3% d’hommes (IHSI 2003) Urbanisation : 60% de la population réside en milieu rural Taux de croissance démographique : 2,5%/an Espérance de vie : 58,1 ans (PNUD 2007) Indice de développement humain : 0,529 Taux d’analphabétisme : 39% Pauvreté : 56% de la population vit avec moins de 1$ US PPA par personne et par jour Monnaie : gourde (DSNCRP) Revenu annuel per capita : $ 350 US PIB : 230166 millions de gourdes courantes (MEF : 2007) Taux de croissance (2007) : 3,2% Taux de chômage (2005) : 32,7% Taux d’inflation (IHSI : 2008) : 15,6% Distribution du PIB par secteur d’activités : agriculture (26%), industrie (16%) et services (58%). HAÏTI GÉOGRAPHIE t -¬MFE)B«UJFOBSBXBLUFSSF NPOUBHOFVTFMVOFEFT (SBOEFT"OUJMMFTQBSUBH±FFOUSF 3±QVCMJRVFE)B«UJ¹MPVFTUFU 3±QVCMJRVFEPNJOJDBJOF¹MFTU HISTOIRE t "SSJW±FEF$ISJTUP QIF$PMPNCRVJOPNNFMÉMF j)JTQB©PMBx t %±CVUEFMBUSBJUFEFT/PJST QBSMFT&TQBHOPMTQPVSSFNQMB DFSMBNBJOEVWSFJOEJH²OF E±DJN±F t 3BUJmDBUJPOQBSMFUSBJU± EF3ZTXJDLEFMPDDVQBUJPO EFMBQBSUJFPDDJEFOUBMFRVJ BWBJUDPNNFOD±FO"SSJ W±FNBTTJWFEFTDMBWFTEF MBQPQVMBUJPOBV97***FTJ²DMF QSPTQ±SJU±EFM¬MFMBQFSMFEFT "OUJMMFT t 3±WPMUFEFTFTDMBWFTFU ±WJDUJPOEFT'SBO³BJT5PVTTBJOU -PVWFSUVSF t *OE±QFOEBODF+FBO+BD RVFT%FTTBMJOFTTFQSPDMBNF FNQFSFVS t 0DDVQBUJPOQBSMFT Î6 t %JDUBUVSFEF'SBO³PJT %VWBMJFSj1BQB%PDx t +FBO$MBVEF%VWB MJFSj#BCZ%PDxTVDD²EF¹ TPOQ²SF t +FBO#FSUSBOE"SJTUJEF±MV QS±TJEFOU$IBTT±QBSMBSN±F BWFDMBDDPSEUBDJUFEFT ÎUBUT6OJTJMSFWJFOUFO t "SJTUJEFEFSFUPVS¹MBQS± TJEFODF+.$I±SFTUBMQSFNJFS NJOJTUSF t #JDFOUFOBJSFEFMBNPSUEF 5PVTTBJOU-PVWFSUVSFFUCBUBJMMF EF7FSUJ²SFT t #JDFOUFOBJSFEFM*O E±QFOEBODF%±NJTTJPO E"SJTUJEFG±W #POJGBDF "MFYBOESFEFWJFOUQS±TJEFOU NBST FU(±SBSE-BUPSUVFQSF NJFSNJOJTUSF$POTFJMEFT4BHFT BWSJM t 4FDPOENBOEBUEF3FO± (BSDJB1S±WBM L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 l’avions annoncé dans le numéro précédent, tout dans la conjoncture actuelle nous porte à croire qu’on s’y est mal pris. Tout d’abord, après de multiples péripéties, non seulement pour obtenir un compromis avec les partis politiques, mais aussi et surtout pour combler les attentes et exigences des parlementaires (sénateurs et députés) sans toutefois heurter au passage la sensibilité de la communauté internationale, le gouvernement de Jacques Édouard Alexis n’est pas parvenu à combler les attentes de la population marquée par la faim, la misère, la maladie, le chômage, l’analphabétisme et l’insécurité. L’insécurité dont il est ici question n’est pas uniquement celle qui est associée à la criminalité et à la violence physique; elle est aussi alimentaire, sanitaire, routière, liée à l’emploi, à l’habitat, à l’environnement, à l’âge, au statut matrimonial, etc. Le risque de tout perdre, jusqu’à la vie, guette au quotidien tous les Haïtiens de l’intérieur : les pauvres et les riches, les paysans et les citadins, les handicapés et les bien-portants, les scolarisés et les analphabètes, les bandes armées et la population civile, les jeunes et les moins jeunes générations, les habitants de bidonville et ceux des quartiers huppés, le secteur formel comme le secteur informel, les domestiques, les enfants de rue, les enfants abandonnés et les nantis, etc. Aussi, pour s’assurer d’un minimum de sécurité que ni un emploi, ni une source de revenu régulier, pas même une police d’assurance, encore moins les forces de l’ordre et les autorités politiques nationales, n’arrivent à garantir, les gens sont prêts à tout. De toute façon, la vertu ne paie pas. Car, très rares sont les emplois protégés des aléas du quotidien et des caprices des patrons, très instables sont les conditions de travail, et a fortiori les conditions de vie qui en dépendent. Pourrait-il en être autrement dans un pays où les programmes de protection sociale sont quasiment inexistants, les bénéficiaires d’une police d’assurance vie-emploi-santé-habitation rarissimes, et les mesures prises en vue de corriger cette précarité absolue invisibles? 121 L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 122 C A R A Ï B E E T G U YA N E Du lundi 7 au jeudi 10 avril 2008, un violent mouvement de protestation contre la flambée des prix des produits de première nécessité ont fait de nombreuses victimes dans l’aire métropolitaine. D’après le quotidien Le Nouvelliste, quelque 290 personnes blessées entre les 7 et 13 avril auraient été recensées par le centre hospitalier « Médecins Sans Frontières Belgique » situé à Martissant 25. Selon Khalil Sayyad, coordonnateur du projet de la zone, les manifestations de protestation contre la cherté de la vie auraient fait 25 blessés par balles, 13 par armes blanches, 72 cas d’agressions (bâton, pierres, tesson de bouteille), 3 cas de viol, 165 plaies accidentelles, 6 brûlures et 8 pour urgence chirurgicale traumatique… À l’issue de ces émeutes de la faim, le Sénat de la République a voté, le 12 avril 2008, une motion de censure renvoyant le Premier ministre. Ce dernier a payé de son poste les frais de l’énigme de la fonction de chef de gouvernement en Haïti : comment satisfaire les besoins de la population et en même temps séduire la communauté internationale? Même s’il s’est bien acquitté de la seconde mission, en continuant les politiques d’austérité financière, de croissance et de bonne gestion macro-économique, les émeutes de la faim d’avril 2008 témoignent qu’il a échoué dans la première. Depuis, le pays assiste immobile à une valse de désignations de premier ministre devant succéder à Alexis, comme si avec le renvoi de ce dernier, tous les problèmes du pays auraient aussitôt disparu. Ce fut d’abord le cas de Pierre Éricq Pierre, ensuite de Robert Malval, deux candidatures rejetées par le parlement pour insuffisance de pièces. Nous en sommes au troisième candidat qui est aux prises avec une controverse autour de son orientation sexuelle, et ceci dès l’annonce de sa désignation. Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis a toutefois eu plus de chance que ses prédécesseurs. Contrairement à eux, elle a été ratifiée par les deux chambres grâce à l’appui des députés du Bloc de la Concertation des parlementaires progressistes (CPP) et une entente avec les partis politiques. Sa déclaration de politique générale reste cependant dans l’impasse. Sur la scène politique, on voit davantage les manœuvres et tractations, les chantages de toute sorte que la défense des intérêts de la Nation et les réponses aux besoins de la population. Entre-temps, la Conférence des bailleurs de fonds a été reportée sine die, le vote de la Loi sur le budget gelé, les organisations de la société civile et la communauté internationale font monter d’un cran les pressions en vue d’une sortie de crise liée à cette vacance de poste. ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ La République d’Haïti continue de sombrer dans la misère et l’insécurité, à cours de ressources et sous tutelle. Elle a toutefois connu une nette progression dans le classement des pays sur la base de l’Indice de développement humain des Nations Unies. Si en 2005, sur 177 pays, elle occupait le Michèle Duvivier Pierre-Louis, Premier ministre de la République d’Haïti 153e rang, en 2007, elle en occupe le 146e rang pour un IDH de 0,529. Ce redressement ne durera pas longtemps. En effet, dès le commencement de l’année civile 2008, rien ne va plus : la recrudescence de l’insécurité, les protestations de plus en plus vives contre la cherté de la vie, le renvoi du gouvernement, les tendances inflationnistes de l’économie mondiale ont fini par étouffer le dynamisme économique des cinq dernières années et les incitations à l’investissement global. La dégradation généralisée du pays en 2008 invite à croire qu’il régressera dans le prochain classement de l’IDH. Malgré une conjoncture sociopolitique troublée, l’économie haïtienne a poursuivi jusqu’au premier trimestre de 2008 la tendance haussière amorcée depuis 2005. Elle a connu une progression en volume de 3,2% du PIB pour l’année 2007, contre 2,3% en 2006 et 1,8% en 2005. La détente politique, l’amélioration de la situation de sécurité et le lancement des grands travaux d’infrastructure et d’assainissement, au début de 2007, auraient créé un contexte favorable aux affaires, et promu le volet Investissement de la demande interne. La politique budgétaire rigoureuse mise en œuvre par le gouvernement n’est pas non plus en reste dans l’accroissement du PIB et le zéro financement de la BRH au terme de l’année fiscale 2007–2008. Qui plus est, les avoirs des réserves qui se chiffraient à 108,7 millions de dollars USD en 2006 ont atteint 208,4 millions en 2007, soit une augmentation de 91,7% (BRH 2007). S’il faut croire l’IHSI, la croissance économique de 2007 serait due à la performance des agents économiques des secteurs primaire, secondaire et tertiaire qui ont affiché respectivement un taux de croissance annuel de 2,9%, 2,4% et 4,4%. Trois branches d’activités seraient principalement en cause : l’Agriculture qui a crû de 2,9%, les Bâtiments et les Travaux publics dont la valeur ajoutée a connu une hausse de 3,8% et les Transports et Communications, le Commerce, Restaurant et Hôtels pour des hausses respectives de 4,4% et 5,7% (IHSI 2008). Au niveau du secteur primaire, grâce à une clémente saison pluvieuse et l’efficacité d’un certain nombre d’interventions publique et privée, la valeur ajoutée de la branche Agriculture est parvenue à une hausse de 2.9% comparativement au faible taux de croissance de 2006 (1.7%). Les industries extractives, entre autres, grâce au regain de dynamisme de la branche construction, ont également affiché une hausse de 3,5% de leur valeur ajoutée. Le secteur secondaire a affiché de moins bons résultats : une croissance de 2,4%. N’eut été la performance des activités de la construction (hausse de 3,8% en 2007 contre 2,8% en 2006), les industries manufacturières auraient obtenu des résultats catastrophiques, la branche des industries de transformation locale (alimentaire, boisson, et tabac) et la branche de fabrication de papier et de carton ayant plutôt ralenti en 2007. En revanche, le secteur Textile, habillement et cuir, la fabrication des produits minéraux non-métalliques et la fabrication de produits métallurgiques de base ont affiché une très bonne performance au cours de l’année 2007. De toute évidence, le secteur le plus dynamique de l’économie haïtienne demeure le secteur tertiaire, et cela malgré la faible performance des services de base, par exemple la baisse de 2,9% de la valeur ajoutée de la branche Électricité et eau. Les activités de construction, les services marchands (restaurants et hôtels, transport et communication) ainsi que les services non marchands affichent une hausse variée, mais significative. Cela se comprend, car même si environ un quart de la population active travaille dans le secteur tertiaire, il fournit 58% du PIB, tout le contraire du secteur primaire qui occupe près de la moitié de la population active, mais génère seulement 26% du PIB. D’aucuns pourraient en déduire qu’Haïti perd de plus en plus sa vocation agricole, la part de la contribution de l’agriculture au PIB ne cessant de décroître depuis les années 1950. En somme, la tertiarisation de l’économie haïtienne continue son cours au détriment des secteurs primaire et secondaire. Les branches d’activité les plus dynamiques n’étant malheureusement pas celles qui génèrent une forte valeur ajoutée. En dépit de sa bonne performance au cours des cinq dernières années, l’économie haïtienne se porte toujours mal. La balance commerciale du pays continue d’être déficitaire, les exportations en valeur constante représentent encore environ 1/5 des importations et cela malgré une chute de 2,9% des exportations à prix constant contre une hausse de 7,2% l’année précédente. Il en est ainsi parce que, parallèlement au ralentissement des exportations de biens et de services, les im- portations en valeur courante ont aussi ralenti considérablement : estimées à 2,135 millions de dollars en 2006, elles ont atteint 2,321 millions en 2007, pour un accroissement de 8,7%, une performance nettement inférieure à la hausse de 15,4% en 2006. De plus, le déficit considérable de la balance commerciale et le service de la dette publique auraient aussi bridé le dynamisme de l’économie nationale. Le taux de change n’est pas non plus étranger à cette compression : tandis que 55 % de nos importations proviennent des États-Unis, la valeur du dollar américain qui, au début, s’était stabilisée à 37 gourdes, a repris sa courbe croissante pour avoisiner, en avril 2008, les 41 gourdes haïtiennes. De surcroît, comme notre PIB n’a connu qu’une croissance modérée, que notre population continue de croître au rythme de 2,5% l’an et que la tendance inflationniste de l’économie mondiale s’étend jusque dans les coins les plus reculés du pays, le pouvoir d’achat du commun des mortels haïtien, et corollairement l’ensemble de leurs conditions de vie, s’en sont négativement ressentis. Qui pis est, la BRH a dû réviser à la hausse son taux directeur qui a crû en moyenne de 2% en mars 2008. De ce fait, au niveau macro économique, les perspectives paraissent bien sombres : le déflateur du PIB calculé en fonction de la période 1986-1987 [(PIB nominal / PIB réel) * 100], révèle une explosion de l’indice des prix pour l’ensemble des biens et des produits finaux. L’inflation qui était estimée à 7,9% en septembre 2007 a atteint 16% en mars 2008. Le ralentissement de l’économie américaine et ses conséquences désastreuses sur les activités de sous-traitance et les transferts sans contrepartie en provenance de la diaspora haïtienne vivant aux États-Unis, le renchérissement continu sur le marché mondial des prix des produits pétroliers et des grains de base (blé, maïs, riz), ont tous fini par créer sur le marché local de fortes pressions inflationnistes, et détériorer le bien-être global des Haïtiens. Aussi, en mars 2008, l’indice des prix à la consommation a-t-il affiché un taux de croissance mensuel de 1,1% et un glissement annuel de 16.5%. Selon l’IHSI, cette variation mensuelle de l’inflation est particulièrement observable dans les fonctions de consommation Alimentation, Boissons, Tabac (1,2%), Loyer du logement, Énergie et eau (0,8%), Aménagement, Équipement et Entretien (2,2%) et Autres biens et Services (1,4%). Cela est d’autant plus grave que dans un pays pauvre comme Haïti, la très grande majorité des ménages consacrent la plus grosse part de leur revenu aux dépenses de base (aliments), la sécurité alimentaire n’étant pas assurée pour tous. Qui plus est, l’administration publique continue de jouer un rôle incitatif sur la consommation globale, à travers l’augmentation de la masse salariale de ses employés, alors que ce rôle aurait dû être le fait de la création massive d’emplois par le secteur privé. Les différents obstacles énumérés ci-dessus expliquent aussi la faible évolution de l’emploi sa- 123 L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 HAÏTI 124 C A R A Ï B E E T G U YA N E En ce qui a trait à la formation supérieure, le milieu de l’enseignement supérieur en Haïti tente de conserver les programmes post-gradués qu’il vient tout juste d’initier autant dans les universités privées que dans les différentes unités de l’Université d’État : Master Lettre / Philosophie à l’École normale Supérieure de l’UEH, Maîtrise en mémoire et patrimoine de l’UEH, Maîtrise en administration de la santé à la faculté de Médecine et de pharmacie de l’UEH, maîtrise en sciences du développement à l’Université Notre Dame d’Haïti, et plusieurs autres programmes post-gradués… L’actualité culturelle de l’année 2007 a également été marquée par le lancement, le jeudi 22 mai 2007 au Parc historique de la canne à sucre, de la 14ème édition de Livres en Folie, la plus grande manifestation autour du livre haïtien. Cette occasion a réuni 1409 titres et une soixantaine d’auteurs en signature. L’ancien premier ministre, Marc Louis Bazin, en fut l’invité d’honneur pour son ouvrage intitulé Des idées pour l’action, tome 1, un réel cri du cœur contre l’inaction collective face au drame que vit le pays, un appel permanent à l’éveil de la conscience nationale et à la recherLA CULTURE che d’un consensus. Outre Marc Bazin, d’autres La dégradation et l’instabilité politique, éco- grands écrivains du terroir ont été de la partie, nomique et sociale d’Haïti, faut-il le dire, ne se dont Georges Anglade pour Chronique d’une espéreflète guère au niveau culturel. Autant à travers rance- (L’Hebdo de Georges Anglade 2007-2008); la production littéraire, dramatique et cinématoFrank Étienne pour A punto de revantar, Brèche graphique, que par la multiplication des stations ardente, Corps sans repères, La diluvienne, roman de radio et de télévision, de sites dédié à Jacques Roches; Gary Victor internet, de blogs spécialisés sur pour Djamina et Nuit Albinos; PauHaïti, la diffusion du patrimoine lette Poujol Oriol pour Le passage créole (art, artéfact, gastronomie), Madan marye et autres nouvelles; et la multiplication des festivals et des Leslie François Manigat pour Éventail foires de toute sorte, la culture haïd’histoire Vivante d’Haïti. Pas moins de sept maisons d’édition, agences tienne garde tout son dynamisme et toute sa vitalité. ou imprimeries y ont participé : L’année 2007 s’est surtout Communication Plus, Deschamps, distinguée par la décision du gouChoucoune, Carïbe, Fardin, Le Nouvelliste et Les Presses nationales. vernement haïtien de la décréter, le Le monde du spectacle en a éga9 février 2007, « l’Année Roumain » et de lancer, par la même occasion, lement vu de toutes les couleurs avec un grand nombre d’activités de les multiples formes de manifestacélébration du centenaire de la tion artistique qui se sont déroulées Jacques Roumain, 1942, source : naissance de cet illustre écrivain et Îìle en Île, archives CIDIHCA, D.R. entre 2007 et 2008. Soulignons tout particulièrement l’impact du homme politique haïtien. Cet événement a eu un rayonnement international : il a carnaval haïtien qui a réuni, du 3 au 5 février donné lieu à des conférences, expositions, soirées 2008, plus d’un million de personnes dans une culturelles, publications un peu partout à travers le ambiance festive sur un parcours de quelques cenmonde, à Cuba, à Santo Domingo, aux États-Unis, taines de mètres. La décentralisation progressive au Québec, en France, et même en Moldavie. En de l’événement est une nouvelle tendance qu’il Haïti, 31 auteurs ont apporté leur contribution à un serait souhaitable de préserver et d’améliorer. ouvrage collectif illustré par Philippe Dodard : Mon Car, déjà, sans coordination aucune, à côté de la ville de Jacmel, des milliers de personnes étaient Roumain à moi. Tables rondes, conférences-débats, causeries, déclamation, expositions de photos fidans les rues accompagnant les chars musicaux gurent parmi les principales activités ayant animé et les bandes à pied à la fois dans les villes du tout le pays à cette occasion. Le Rectorat de l’UEH Cap Haïtien, de Mirebalais, de Saint Marc, pour en a profité pour lancer, le 19 mai 2008, les Édine citer que celles-là. tions de l’UEH. Le centenaire de l’anniversaire de Parallèlement au Carnaval, de nombreux festinaissance de François Duvalier n’a pas eu autant de vals de musique ont été organisés tant à l’intérieur bonheur et de succès. Il s’est même déroulé dans qu’à l’extérieur du pays. Une place toute spéciale l’indifférence la plus complète. a été accordée à la deuxième édition du festival L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 larié, notamment dans le secteur formel. Selon les données de l’Enquête sur les conditions de vie en Haïti (le volet Force de travail et emploi), près de 51% de la population de 10 ans et plus, davantage d’hommes (56,8%) que de femmes (45,5%), davantage d’urbains (58,7%) que de ruraux (49,4), participent effectivement ou proposent une participation potentielle à l’activité économique. Cela dit, le taux d’emploi mesuré sur la population de 10 ans et plus reste relativement faible : seulement 37% d’entre eux sont des actifs occupés dans l’ensemble du pays, avec une plus grande ampleur du chômage en milieu urbain qu’en milieu rural : les taux de chômage s’élèvent à 45,5% dans l’Aire Métropolitaine et de 28,2% dans les villes de province. À l’échelle nationale, 27,4% de la population active serait privée d’emploi, à la recherche d’un emploi et disponibles pour un emploi. De ce pourcentage, on compte davantage de femmes (32,1%) que d’hommes (23,4%) et davantage de jeunes (61,9% pour les 15-19 ans), (50% pour les 20-24 ans) que d’aînés, et ceci quel que soit le milieu de résidence. HAÏTI international de Jazz de Port-au-Prince organisée, avec l’appui financier et logistique du Ministère de la culture, par la fondation Haïti Jazz et l’Institut Français. Lancée le dimanche 2 mars 2008 au Parc historique de la Canne à sucre, cette édition s’est déroulée durant une semaine sur trois sites différents : Parc historique de la canne à sucre, Champs de mars et Institut Français. La participation de 10 pays à ce festival est un signe de son succès et une preuve de sa grande variété de styles. D’autres festivals de musique haïtienne ont également eu lieu. Mentionnons parmi d’autres le Festival de musique haïtienne à Montréal, le 125 Compas Festival à Miami, Ayiti men Konpa et le Festival CulturElles à Port-au-Prince. Un événement beaucoup plus triste est toutefois venu affliger le milieu culturel haïtien. L’un des groupes rap les plus en vogue dans le pays, Barikad Crew, a été dévasté par la mort tragique de quatre de ses membres lors d’un violent accident de voiture sur la route de Delmas. Plusieurs milliers milliers de personnes se sont réunies le 21 juin 2008, au Champs de mars, pour rendre un dernier hommage aux chantres du carpe diem en créole et à ces voix inoubliables du mouvement rap haïtien : Jwi lavi w frè tout tan w ka viv, Goumen pou sa w kwè. | MARTINIQUE t 3±HJPOFUE±QBSUFNFOUGSBO³BJTEBOTMFT1FUJUFT"O UJMMFTRVJDPNQUFVOQFVQMVTEFIBCJUBOUT -¬MFEVOFTVQFSmDJFEFLNFTUTJUV±FFOUSF M¬MFEFMB%PNJOJRVFBVOPSEFUM¬MFEF4BJOUF-V DJFBVTVE4FTQSJODJQBMFTBDUJWJU±T±DPOPNJRVFTSF M²WFOUBVKPVSEIVJEVUPVSJTNFFUEFTUSBOTGFSUTFO QSPWFOBODFEFMBN±USPQPMF REPÈRES HISTOIRE t 0 DDVQBUJPO QS±DPMPNCJFOOF "SBXBL T QVJT $BSB«CFT t "SSJW±FEF$ISJTUPQIF$PMPNC t *NQMBOUBUJPOEFMB'SBODFQBS#FMBJOE&TOBN CVD1MBOUBUJPOT t "CPMJUJPOEFMFTDMBWBHFHS·DF¹7JDUPS4DIM DIFSNFNCSFEVHPVWFSOFNFOUS±QVCMJDBJOE±QV U±EFMB.BSUJOJRVFFUEFMB(VBEFMPVQF t NBJ %FTUSVDUJPO EF 4BJOU1JFSSF MPST EF M±SVQUJPOEFMBNPOUBHOF1FM±F t "JN±$±TBJSFMFjQ²SFEFMBO±HSJUVEFxFTU ±MVNBJSFEF'PSUEF'SBODFNBJ FUE±QVU± PDUPCSF t -B .BSUJOJRVF EFWJFOU VO E±QBSUFNFOU EPVUSFNFS%0. QVJTVOF3±HJPO t 1BUSJDL $IBNPJTFBV SFNQPSUF MF QSJY (PO DPVSUBWFD5FYBDP t 3FUSBJUE"JN±$±TBJSFBQS²TQMVTEFBOTEF NBHJTUSBUVSF t -B QPQVMBUJPO SFGVTF QBS S±G±SFOEVN MB USBOTGPSNBUJPO EF M¬MF FO DPMMFDUJWJU± UFSSJUPSJB MFVOJRVF t BWSJM%±D²TE"JN±$±TBJSF Monument à l’Anse Cafard, Martinique L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 GÉOGRAPHIE 126 C A R A Ï B E E T G U YA N E SAINTE-LUCIE GÉOGRAPHIE t ÎUBUEFT$BSB«CFTTJUV±FOUSFMB.BSUJOJRVFFU4BJOU 7JODFOUFUMFT(SFOBEJOFT-FQBZTDPNQUFQS²TEF IBCJUBOUT4PO±DPOPNJFSFQPTFQSJODJQB MFNFOUTVSMBQSPEVDUJPOBHSJDPMFCBOBOFTFYQPS U±FT FO (SBOEF#SFUBHOF MF UPVSJTNF CBMO±BJSF FUMFTDSPJTJ²SFT4POS±HJNFQPMJUJRVFFTUVOFNP OBSDIJFQBSMFNFOUBJSF REPÈRES HISTOIRE t "SSJW±FEF$ISJTUPQIF$PMPNC-FOPNEF4BOUB -VDJBSFNQMBDFDFMVJEFj-PVBOBMBPxEPOO±QBSMFT *OEJFOTRVJTJHOJmFjMFQBZTEFTJHVBOFTx t 1SFNJ²SFDPMPOJTBUJPO t %V 1BSRVFU TFJHOFVS EF MB .BSUJOJRVF BD RVJFSUM¬MF t -F USBJU± E"JYMB$IBQFMMF BUUSJCVF M¬MF ¹ MB 'SBODF t -FUSBJU±EF1BSJTD²EFM¬MFBVY"OHMBJT t -¬MFUPNCFE±mOJUJWFNFOUTPVTMBUVUFMMFBO HMBJTFBQS²TBWPJS±U±SFQSJTFQBSMFT'SBO³BJT t G±W *OE±QFOEBODF t "EI±TJPO ¹ M0SHBOJTBUJPO JOUFSOBUJPOBMF EF MBGSBODPQIPOJF t 1BSUJDJQBUJPOBV4PNNFUEFMB'SBODPQIPOJF NFNCSFEFM"$$5 t 1PVTT±FEFDSPJTTBODF±DPOPNJRVFHS· DF¹VOFGPSUFFYQBOTJPOEFTBDUJWJU±TDPNNFSDJBMFT S±OPWBUJPOEFOPNCSFVTFTFOUSFQSJTFTOPVWFMMFT DPOTUSVDUJPOTEI¦UFMTFUGBDJMJU±TUPVSJTUJRVFT t 1±SJPEFEFS±DFTTJPOJNQPSUBOUFFOSBJTPOEF MBSFTUSVDUVSBUJPOEFMJOEVTUSJFCBOBOJ²SFEFQFS UFT BHSJDPMFT DPOTJE±SBCMFT T±DIFSFTTF JOGFTUB UJPOT FU EF MB CBJTTF H±O±SBMJT±F EFT BDUJWJU±T EV UPVSJTNFEBOTMFNPOEF¹MBTVJUFEFTBUUFOUBUTEV TFQUFNCSF± t 3FQSJTF±DPOPNJRVF t *OBVHVSBUJPOEV5SBJU±EVOJPO±DPOPNJRVF EFTQBZTNFNCSFTEFM0SHBOJTBUJPOEFTÎUBUTEFMB $BSB«CFPSJFOUBMF t À noter : 4BJOUF-VDJFFTU¹MBGPJTNFNCSFEV$PN NPOXFBMUIFUEFM0SHBOJTBUJPOJOUFSOBUJPOBMFEF MBGSBODPQIPOJF L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 Peuplée d'abord par des peuplades Arawaks, puis par les Caraïbes, l'île aurait été découverte par Christophe Colomb au cours de son 4e voyage aux Amériques, le 13 décembre 1502.