Modalités de détection des BLSE chez les entérobactéries

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Modalités de détection des BLSE chez les entérobactéries
pratique |bactériologie
Modalités de détection des BLSE chez les entérobactéries
La détection des bêtalactamases à spectre étendu (BLSE) chez les entérobactéries (E. coli, K. pneumoniae,
pour les plus fréquentes) est simple dans la plupart des cas, mais la sensibilité et la spécificité des automates
sont un peu moins bonnes que celles des méthodes manuelles, imposant des tests complémentaires.
L
e premier terme utilisé pour parler de cette
résistance acquise particulière aux céphalosporines de 3e génération était “bêtalactamase à spectre élargi” ; aujourd’hui, on parle plus
souvent de bêtalactamases à spectre étendu ou
BLSE. Depuis 1985, les bêtalactamases à spectre étendu continuent d’être un problème mondial et sont de plus en plus souvent rencontrées,
notamment en ville. En 2002, moins de 1 % des
souches d’Escherichia coli avaient une BLSE. En
2006, elles représentent 1 à 5 % des souches.
Le même phénomène est observé avec Klebsiella
pneumoniae.
Les BLSE
©
Ph
a
Les BLSE étaient considérées, dans leur première
définition, comme des enzymes transférables et
plasmidiques de classe A, nommées TEM ou SHV
(sulfhydril-variable) conférant une résistance aux
pénicillines, céphalosporines de 1re, 2e puis 3e
génération, et évoluant par mutations (1, 2, 3 ou
4 mutations). En 1991, Jacoby et Medeiros précisaient que les BLSE conféraient une résistance aux
oxy-imino-bêtalactames comme le céfotaxime,
la ceftazidime ou l’aztréonam et étendaient donc
cette définition à d’autres types de bêtalactamases (de classes A, B, C et D), créant ainsi une
grande confusion. Or, il nous faut bien distinguer
les résistances acquises aux céphalosporines de
3e génération (C3G), soit par hyperproduction de
céphalosporinase, soit par BLSE car
les phénotypes de
d résistance
o
Gar
ierurn
o
sont
différents.
différen
/F
nie
En 2007, la définition
BL
des BLSE
est la
suivant : enzyme
suivante
plasmidique
p asm
pl
ou
présen dans un
présente
intégron,
inntégro transposa co
sable,
conférant une
résistance à différenrésistanc
ré
te bêta-lactamines,
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le céphalosnotamment
les
| Escher
her
he
erich
ichia
chia col
colii
Escherichia
porines de 3e génération
géné
(mais
porines
en culture.
culture
e.
18
respectant les céphamycines telles que latamoxef
et céfotétan). Ces différentes enzymes appartiennent aux bêtalactamases de classe A et sont
habituellement détectées par une synergie entre
une C3G (notamment la ceftazidime) ou l’aztréonam et l’acide clavulanique (aspect en “bouchon
de champagne” sur un antibiogramme).
Méthodes de détection
La détection des BLSE chez les entérobactéries est simple dans la plupart des cas : elle est
objectivée par une synergie entre le mélange
[amoxicilline + acide clavulanique (AMC)] et
une C3G (la ceftazidime est la plus sensible) ou
l’aztréonam. Le test de synergie1 est réalisé en
disposant les disques d’AMC et de la C3G choisie
(ou de l’aztréonam) à 30 mm de distance, centre
à centre. La détection des BLSE est plus difficile
chez les souches également hyperproductrices
de céphalosporinase comme Enterobacter. Dans
ce dernier cas, il est plus aisé de visualiser la
synergie entre AMC et céfépime ou cefpirome.
Enfin, chez certaines espèces telles que Proteus
mirabilis, P. vulgaris, P. penneri, Morganella morganii, Providencia stuartii et rettgeri, les BLSE
s’expriment faiblement. Dans ces cas, le test de
synergie est optimisé en plaçant les disques à
une distance de 40-45 mm, au lieu de 30 mm,
selon les recommandations2 du CA-SFM (Comité
de l’antibiogramme de la Société française de
microbiologie) en 2007.
En France, les automates de bactériologie pour
identification et antibiogramme sont de plus en
plus utilisés (Mini-Api®, Phoenix®, Microscan(,
Vitek®, Vitek-2®, Vitek Compact®). D’une manière
générale, ils détectent bien les BLSE chez les
souches qui n’hyperproduisent pas habituellement de céphalosporinases (E. coli, K. pneumoniae, K. oxytoca). Pour les autres espèces
(Enterobacter, Citrobacter, Serratia, etc.), leur
sensibilité et surtout leur spécificité sont un peu
moins bonnes que celles des méthodes manuelles. Des tests complémentaires s’avèrent alors
nécessaires.
OptionBio | Lundi 10 mars 2008 | n° 396
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 01/10/2010
Nouvelles enzymes BLSE
De nombreuses nouvelles enzymes du
groupe BLSE ont été identifiées ces dernières années :
– SFO-1 pour Serratia fonticola ;
– PER-1 pour Pseudomonas extended spectrum resistance ;
– KPC-1 pour Klebsiella pneumoniae carbapenemases, etc.
Mais elles sont toujours détectées par une
synergie avec l’acide clavulanique et leur
interprétation est identique.
Conclusion
La résistance aux C3G est en augmentation et est
devenue significative, notamment pour E. coli et
K. pneumoniae. Initialement décrite en CHU, puis
dans les hôpitaux généraux, elle est aujourd’hui
observée en laboratoire d’analyses médicales en
ville, souvent lors de petites épidémies.
La détection des BLSE est aisée pour E. coli,
K. pneumoniae, K. oxytoca mais, d’une manière
générale, aucune procédure ne possède 100 % de
sensibilité. Cette détection devrait être améliorée
par l’adoption au niveau européen de nouveaux
seuils de concentrations critiques en 2008 avec
une concentration inférieure ou égale à 1 mg/L
des C3G ou C4G (céfépime, cefpirome) pour les
entérobactéries au lieu de 4 mg/L. |
CAROLE ÉMILE
Biologiste, CH de Montfermeil (93)
[email protected]
Source
Communication du Pr A. Philippon, lors du 36e Colloque national des
biologistes des hôpitaux, Dijon, octobre 2007.
Notes
1. Lorsqu’une synergie entre l’AMC et une C3G est observée, il faut
interpréter tout résultat obtenu avec céfotaxime, ceftriaxone, ceftizoxime, ceftazidime, céfépime, cefpirome, céfixime et aztréonam.
2. www.sfm.asso.fr/nouv/general.php?pa=2
Référence bibliographique
Jacoby GA, Medeiros AA. More extended-spectrum beta-lactamases.
Antimicrob Agents Chemother. 1991 ; 35 : 1697-704.