La faute de Jonas - Un poisson dans le net

Transcription

La faute de Jonas - Un poisson dans le net
Introduction
Réveil en Virginie
La semaine dernière nous avons évoqué le plus grand réveil spirituel du monde païen que la Bible présente. Des
hommes cruels réalisent leur méchanceté, l'admettent devant Dieu, s'humilient et se détournent de leurs actes
mauvais. Ce message m'a profondément touché. Je prie que Dieu visite notre assemblée. Je prie que mon cœur ne
s'endurcisse pas — ou pas davantage. Le ministère en 2001 à Lyon, c'est si dur, le réveil semble si loin. Pourtant le
réveil spirituel des consciences est possible. Voici deux rapports que j'ai reçus :
Le premier nous vient d'un rassemblement de 2300 jeunes des Eglises Evangéliques des Frères aux Etats-Unis.
Un sentiment intense de conviction de péché et de désir pour Christ semblait peser sur la rencontre. Au point
que plus de la ! des jeunes répondirent à l'appel lancé lors de l'une des dernières sessions. Des jeunes se
levaient pour confesser leur péché, et s'engager à toucher leur génération pour Christ. Les cabines
téléphoniques furent prises d'assaut, alors qu'ils rétablissaient les relations qu'ils avaient brisées avec leurs
parents. Un grand nombre détruisit des CD douteux et s'engagèrent contre la drogue ou la sexualité avant le
mariage. C'est cela un réveil…
Le second nous vient du Cambodge où les E.E.F. avaient, en Janvier, plusieurs églises, quelques équipes
d'implantation d'églises, et une quarantaine de projets. Il y a maintenant 68 groupes de maison, et 900
croyants. Dans l'un des villages, une femme d'une soixante d'années, connue pour avoir plusieurs démons lui
donnant la capacité de guérir, entendit l'Évangile. Elle vint vers les deux évangélistes et leur dit qu'elle voulait
être libre de ses esprits. On pria pour elle. Son visage changea de forme. Un bruit semblable à du vent
s'échappait de ses lèvres alors que les esprits la quittaient. Elle est maintenant une femme qui aime Dieu. A la
vue de ces événements, plusieurs dans le village se sont tournés vers Christ et une autre Eglise de maison a été
implantée. C'est cela un réveil…
Petit ou grand réveil importe peu, c'est Dieu qui sanctifie une ou plusieurs vies. A voir votre visage, c'est
formidable, non ?
Pas pour Jonas ! Jonas n'est pas content, mais alors pas du tout, de la grâce accordée aux Ninivites. Je vous invite à
lire avec moi Jonas # 4.
Le livre de Jonas s'ouvre avec la faute de Jonas. Il se referme sur une autre faute de Jonas.
Entre les deux se trouvent deux manifestations spectaculaires de la grâce de Dieu : Jonas rescapé d'une noyade.
Et les Ninivites, rescapés du jugement de Dieu.
En début de texte, comme en fin de texte, un prophète ne comprend pas les agissements de Dieu, et en fait s'y
oppose.
Lecture : Jonas 4
" 1 Cela fut très mal pris par Jonas qui se fâcha.
2 Il pria l'Éternel et dit : Ah ! Eternel, n'est-ce pas ce que je disais quand j'étais encore dans mon pays ?
C'est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es
compatissant, lent à la colère et riche en bienveillance, et qui regrettes le mal.
3 Maintenant, Eternel, prends-moi donc la vie, car la mort m'est préférable à la vie.
4 l'Éternel répondit : fais-tu bien de te fâcher ?
5 Jonas sortit de la ville et s'assit à l'est de la ville. Là il se fit une hutte et s'assit dessous, à l'ombre, afin
de voir ce qui arriverait dans la ville.
6 L'Éternel Dieu fit intervenir un ricin, qui s'éleva au-dessus de Jonas, pour donner de l'ombre sur sa tête
et pour lui ôter sa mauvaise humeur. Jonas éprouva une grande joie à cause de ce ricin.
7 Mais le lendemain, quand parut l'aurore, Dieu fit intervenir un ver pour s'attaquer au ricin, et le ricin
sécha.
8 Au lever du soleil, Dieu fit intervenir un vent d'est étouffant, et le soleil s'attaqua à la tête de Jonas, au
point qu'il tomba en défaillance. Il demanda la mort et dit : la mort m'est préférable à la vie.
9 Dieu dit à Jonas : fais-tu bien de te fâcher à cause du ricin ? Il répondit : je fais bien de me fâcher
jusqu'à la mort.
10 Et l'Éternel dit : toi tu as pitié du ricin qui ne t'a coûté aucune peine et que tu n'as pas fait grandir, qui
est né dans une nuit et qui a péri dans une nuit.
11 Et moi je n'aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille
êtres humains qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des bêtes en grand nombre ! "
Le ministère est un combat de cœur à cœur : du cœur de Dieu au cœur des
hommes par le cœur des serviteurs de Dieu.
Jonas fuit la compassion de Dieu (Jonas. 4.1-5)
" 1 Cela fut très mal pris par Jonas qui se fâcha. 2 Il pria l'Éternel et dit : Ah ! Eternel, n'est-ce pas ce
que je disais quand j'étais encore dans mon pays ? C'est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis.
Car je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es compatissant, lent à la colère et riche en
bienveillance, et qui regrettes le mal. 3 Maintenant, Eternel, prends-moi donc la vie, car la mort m'est
préférable à la vie. 4 l'Éternel répondit : fais-tu bien de te fâcher ? 5 Jonas sortit de la ville et s'assit à
l'est de la ville. Là il se fit une hutte et s'assit dessous, à l'ombre, afin de voir ce qui arriverait dans la
ville. "
Jonas se fâche. On pourrait traduire d'une manière plus incisive : " c'était mal pour Jonas avec grand mal. " Les
spécialistes de l'hébreu nous disent qu'il y a ici un jeu de mot. Jonas qui condamnait Ninive pour le mal qu'ils ont
commis, était lui-même devenu " mal, " mauvais. Pourquoi ?
Crainte du ridicule ? On peut imaginer que le matin du 41e jour, beaucoup de Ninivites se soient tournés vers
Jonas avec un regard interrogateur pénible à supporter !
Crainte de perdre son statut de prophète ? Peut-être Jonas craignait-il, si sa prophétie ne se réalisait pas,
d'être tenu pour un faux prophète, selon les critères de Deutéronome 18. Mais c'est excessif, car la Bible dit
souvent que les menaces de jugement dépendent de la réponse des personnes concernées. Par exemple, Dieu
dit à Jérémie : " si cette nation, à propos de laquelle j'ai parlé, revient de sa méchanceté je regrette le mal que
j'avais médité de lui faire " (Jér. 18.8). David (2 Sam. 12.14-23 ; Achab (1 Rois 21.27-29) et Ezéchias (2 Rois
20.1-6) ont bénéficié de cette clause.
Surtout, la raison c'est que Jonas avait une mauvaise conception de ce qu'est le péché.
Il est vrai qu'il existe des conséquences différentes. Si je voulais tuer, et que je prenne une épée, cela aurait
moins de gravité que si je fais exploser une bombe atomique. Mais l'essence des deux péchés demeure
identique.
Dans la faute des Ninivites (barbarie, torture, rapts, viol, etc.), il n'y a qu'une différence de conséquence, pas de
nature. Celui qui calomnie quelqu'un (c'est-à-dire qu'il dit du mal de cette personne) et celui qui a des relations
sexuelles en dehors du mariage commettent des actes dont les conséquences juridiques terrestres sont
différentes — même selon la Bible. Mais ces deux actes puisent à la même racine de rébellion contre la Loi de
Dieu. Et ces deux actes ont les mêmes conséquences éternelles.
Un petit mensonge conduit aussi sûrement en enfer que la sorcellerie, le meurtre ou l'immoralité. Jonas partant
à Tarsis quand Dieu lui demande de partir à Ninive mérite autant que les Ninivites allant à l'attaque des nations.
Comprenons-nous bien. Une goutte de poison et une bouteille de poison n'accomplissent pas le même résultat.
Mais c'est toujours du poison.
Mais Jonas lui, voit le mal ailleurs que dans son cœur. Il accepte facilement la grâce pour lui-même tout en
l'interdisant aux autres.
Combien de serviteurs de Dieu ont montré une telle dureté de cœur ?
Lorsque David a volé la femme d'Urie puis fait tuer son mari, Nathan vient le voir pour lui raconter une histoire.
Un riche avait quantité de troupeaux. Dans la même ville un pauvre n'avait qu'une brebis, dont il prenait soin
avec tendresse. Le riche accueillit un jour un voyageur. Pour lui faire honneur il alla préparer un bon repas avec
la brebis… du pauvre (2 Sam. 12). Vous souvenez-vous de la réaction de David ? " La colère de David
s'enflamma violemment contre cet homme, et il dit à Nathan : l'Éternel est vivant ! l'homme qui a fait cela
mérite la mort… " (12.5). Quelle implacable justice — pour les autres…
L'apôtre Pierre pavoisait de ses capacités spirituelles. Devant le Christ qui affirme qu'un traître est parmi eux,
Pierre dit : " Moi, je ne te renierai jamais " (Matt 26.34-35). Tu parles ! Il est le seul qui le reniera. Trois fois.
Ce qui est intéressant dans cette histoire sulfureuse de la trahison de Pierre, c'est la manière dont Christ renoue
avec cet homme, la troisième fois où il se manifeste après sa mort et sa résurrection : " Jésus dit à Simon
Pierre, Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ne m'aiment ceux-ci ? Il lui répondit, Oui, Seigneur, tu sais
que je t'aime. Jésus lui dit, Pais mes agneaux. Il lui dit une seconde fois, Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu ?
Pierre lui répondit, Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit, Pais mes brebis. Il lui dit pour la troisième
fois, Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit pour la troisième fois, M'aimestu ? Et il lui répondit, Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit, Pais mes brebis. "
(Jean 21.15-17)
Et ceci nous ramène droit à l'histoire de Jonas : l'essence du service chrétien c'est l'amour de Dieu —pas l'action
auprès des hommes. Chacun d'entre nous sommes leader :
Vous êtes père ? Leader d'un foyer ! Vous êtes mère ? Leader d'une maisonnée ! Serviteur de cellule de vie ?
Responsable de plusieurs âmes ! Vous parlez à quelqu'un de la Parole ? Vous êtes enseignant, ne serait-ce
qu'un instant.
Dans tout ces cas de figure, il est impératif de se souvenir que le fondement de notre vie de service, c'est
d'aimer Dieu de tout cœur. C'est parce que l'amour du Christ nous étreint, et qu'il est lui-même amour, que
nous avons le devoir d'aimer autrui.
Même en apportant la repentance, dans toute sa rigueur, l'amour est de mise.
Malheureusement, je constate dans mon cœur une tendance régulière à l'endurcissement. Il rétrécit plus souvent qu'il
ne s'élargit. L'indifférence va bien avec l'égoïsme latent (ou présent) en chaque homme. Et Dieu regarde le cœur
étroit de Jonas, et veut lui faire prendre la mesure concrète de son amour. Pourtant la conception que Jonas a de Dieu
est exacte : " Car je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es compatissant, lent à la colère et riche en
bienveillance, et qui regrettes le mal. "
Lorsque Dieu a donné la Loi à Moïse — ce dernier était seul, sur une montagne, pendant 40 jours et 40 nuits,
enrobé d'une nuée ; les témoins de cette scène rapportent un spectacle saisissant et par trop impressionnant.
Juste avant d'établir une alliance avec le peuple de Moïse, Dieu parle ainsi : " 5 l'Éternel descendit dans la nuée,
se tint là auprès de lui et proclama le nom de l'Éternel. 6 l'Éternel passa devant lui et proclama le nom de
l'Éternel. l'Éternel passa devant lui en proclamant : l'Éternel, l'Éternel, Dieu compatissant et qui fait grâce, lent à
la colère, riche en bienveillance et en fidélité [...] " (Ex. 34.5-6).
La compassion, la bienveillance, la patience, la retenue dans le jugement, la loyauté font partie de la fibre
divine. Dieu est " compatissant, il fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité. " C'est l'une
des plus grandes preuves que le Dieu de la Bible n'a pas été inventé ! Les dieux des hommes et des cultures
sont impassibles, inaccessibles, colériques ou parfois violents, souvent implacables. Dieu est " compatissant, il
fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité. "
Regardons les attributs que Jonas concède à Dieu :
" Dieu qui fait grâce ". C'est un Dieu qui donne le pardon à ceux qui ne le méritent pas. Le roi Ezéchias dira à
Israël : " l'Eternel, votre Dieu, est compatissant et miséricordieux, et il ne détournera pas sa face de vous, si
vous revenez à lui. " (2 Chron. 30.9). On ne vient pas à Lui en s'appuyant sur son mérite. On peut venir à lui
parce que précisément il fait grâce.
" et qui est compatissant " Le terme vient d'un mot qui veut dire " entrailles. " Dieu est saisi de sentiments
d'affection au plus profond de lui-même. Nous ne sommes pas dignes de son amour, mais il est affecté de pitié,
d'empathie, pour la condition humaine.
" lent à la colère " cela veut dire qu'il laisse le temps de la repentance. Cela veut dire qu'il ne frappe de mort, de
maladie, ou de calomnie celui qui erre. Son jugement est contrôlé par la patience et le désir qu'il a de voir
revenir des hommes de leurs mauvaises voies.
" riche en bienveillance " Le terme qui est utilisé ici est l'un des plus riches pour décrire Dieu. On peut le
traduire par : grâce, miséricorde, bienveillance, bonté, amour, attachement, faveur, affection, piété,
compassion, bienfaiteur, aimable, clémence, éclat, bien, bon ! Et notez, il est riche en bienveillance.
" et qui regrettes le mal " La justice est parfois dure. Elle est une nécessité. Et dans sa sentence, l'Éternel
n'éprouve aucune joie.
Faisons une autre parenthèse. Comment vous imaginez-vous Dieu ? Beaucoup lui taillent une image fausse. Et s'il
devait se montrer à nous aujourd'hui — imaginons un instant que nous puissions survivre à une telle manifestation !
— deux aspects opposés domineraient. Une majesté spectaculaire et une sainteté si complète qu'elle nous jetterait à
terre de honte. Un amour si puissant qu'il nous remettrait debout ! Qu'est-ce que cela change pour nous ?
La jouissance de Dieu. On se laisse décourager par des pensées qui ne sont pas vraies : Dieu ne m'aime pas, je
suis vraiment trop nul pour lui plaire, Dieu ne doit avoir que des pensées de colère envers moi. Pourtant… Dieu
est " compatissant, il fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité. "
L'offre de la grâce. Si Dieu est comme ceci, ne puis-je pas l'être également envers mes frères et soeurs de
l'Eglise ? Ne puis-je pas discipliner mes pensées et mon attitude pour être " compatissant, donneur de grâce,
lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité " ?
L'amour des pécheurs. Si Dieu est comme ceci, ne puis-je pas chercher à ce que les pécheurs qui m'entourent
se sentent aimés — eux, pas leurs péchés — au point de leur faire connaître un Seigneur de compassion ?
Jonas, qui connaissait Dieu dans sa tête, ne vivait pas selon ses conceptions de Dieu. Cela me rappelle Jacques qui
nous demande de ne pas simplement connaître la Parole, mais de la mettre en pratique. Furieux, il aimerait mourir.
Ce n'est pas le premier ni le dernier des prophètes à préférer mourir que de voir un ministère qui ne s'oriente pas
comme il le souhaiterait (Elie, Jérémie, etc.)
Mais quelle douceur dans la manière dont Dieu reprend Jonas ! " 4 l'Éternel répondit : fais-tu bien de te fâcher ? "
Cela me rappelle le péché d'Adam et Eve. Peu après, Dieu se promène et demande : " où es-tu ? " Dieu veut que
Jonas prenne conscience de la folie d'être fâché parce que Dieu a été rempli de grâce !
" 5 Jonas sortit de la ville et s'assit à l'est de la ville. Là il se fit une hutte et s'assit dessous, à l'ombre, afin de voir
ce qui arriverait dans la ville. "
Dieu poursuit Jonas avec compassion (Jonas 4.6-11)
Le ricin, le ver et le vent (4.6-8)
" 6 L'Éternel Dieu fit intervenir un ricin, qui s'éleva au-dessus de Jonas, pour donner de l'ombre sur sa
tête et pour lui ôter sa mauvaise humeur. Jonas éprouva une grande joie à cause de ce ricin. 7 Mais le
lendemain, quand parut l'aurore, Dieu fit intervenir un ver pour s'attaquer au ricin, et le ricin sécha. "
Comme la leçon n'est pas passée, Dieu utilise une technique plus puissante : celle du ricin, du ver et du vent. Le ricin
est une plante à grandes feuilles palmées dont l'huile a des capacités purgatives redoutées par les enfants des
décennies passées
.
Jonas exulte de joie parce qu'il a de l'ombre. On ne peut l'imaginer que lorsqu'on a été dans des pays où il fait
chaud à en défaillir.
Mais comme Dieu n'avait pas pour but de rendre Jonas heureux mais de lui faire comprendre certaines choses,
un ver tue le ricin qui meurt et sèche.
" 8 Au lever du soleil, Dieu fit intervenir un vent d'est étouffant, et le soleil s'attaqua à la tête de Jonas, au point qu'il
tomba en défaillance. Il demanda la mort et dit : la mort m'est préférable à la vie. "
Dans ces régions, la température moyenne est de 25 à 30º. Elle peut s'élever à 40 - 45º en été. Il souffle parfois un
vent nommé Sirocco qui augmente la température d'une moyenne de 10º. C'est l'équivalent du Mistral, en pire. Ce
vent est tellement désagréable qu'il faut s'isoler car même la peau réagit à ce changement de température, rendant
les personnes acariâtres, parfois à la limite de la démence.
Lorsque notre texte parle de défaillance, ce n'est pas en vain et ceci est confirmé par les observations
modernes. D'ailleurs si vous avez voyagé dans des pays chauds, vous savez combien l'excès de chaleur modifie
la perception que l'on a des journées. C'est ce qui arrive à Jonas, qui a une deuxième raison de mourir : il fait
trop chaud !
Personnellement, cela ne me semble pas une bonne raison pour mourir, mais peut-être que le Sirocco aidant,
notre ami voyait les choses vraiment tristes.
Garder une juste perspective sur les événements de la vie n'est pas facile. Les exagérations nous torturent
parce que nous nous plaçons au niveau d'ici et maintenant, sans prendre un peu de hauteur et voir de plus loin.
Un de nos enfants s'est récemment exclamé : j'espère que je serai mort avant l'arrivée de l'euro. Cela nous a
un peu surpris, et nous avons demandé pourquoi. " Il faudra calculer constamment ! "
Entre mourir et diviser par six pour avoir des francs, il me semble qu'il n'y a pas trop à hésiter !
Jonas est dans cet état d'esprit où son apitoiement dépasse de loin la gravité de sa situation. Il est prêt pour la
leçon finale.
La leçon (4.9-11)
" 9 Dieu dit à Jonas : fais-tu bien de te fâcher à cause du ricin ? Il répondit : je fais bien de me fâcher
jusqu'à la mort. 10 Et l'Éternel dit : toi tu as pitié du ricin qui ne t'a coûté aucune peine et que tu n'as
pas fait grandir, qui est né dans une nuit et qui a péri dans une nuit. 11 Et moi je n'aurais pas pitié de
Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent pas
distinguer leur droite de leur gauche, et des bêtes en grand nombre ! "
Il est surprenant de voir Jonas oser répondre à Dieu avec véhémence. Avec patience, Dieu lui donne une perspective
plus juste de la situation :
Si lui, homme, il a connu de la pitié pour une plante inférieure à lui, Dieu n'aurait-il pas pitié de gens inférieurs
à Lui ?
Ninive, une ville qui comprend 120 000 enfants (c'est l'une des manières de comprendre " qui ne savent pas
distinguer leur droite de leur gauche ") ne peut périr, même si cela aurait été juste, sans la tristesse de Dieu.
Jonas aurait voulu voir descendre un feu du ciel — il a vu le pardon, et cela l'a profondément déçu. Son cœur était
devenu dur. Le rideau tombe sur la scène, sans dévoiler ce que Jonas a pensé ou fait. Que Jonas ait écrit ce livre
montre qu'il a dû comprendre la leçon — sinon, il n'aurait jamais osé se dévoiler avec autant de réalisme. Une
tradition juive écrit ceci : " à cette heure, Jonas tomba visage contre terre et dit : "gouverne le monde selon la
mesure de ta compassion [par contraste à son jugement], comme il est écrit, Auprès du Seigneur, notre Dieu, la
miséricorde et le pardon " (Dan 9.9)
Le ministère n'est autre chose que du cœur à cœur. Du cœur de Dieu au cœur des hommes en passant par celui du
serviteur. Ce cœur qui appelle à la repentance est aussi le Père aimant. Dieu qui aime et qui prend soin.
Quand je vois mes compatriotes voler, tricher, être injurieux et dangereux, je suis parfois saisi de désir ardent
de justice et de condamnation.
Dieu préferrerait que je pleure sur leurs fautes, et qu'en prêchant la Loi, je désire leur grâce.
Notre Eglise a profondément envie d'avancer avec le Seigneur. Je l'espère. Je sais aussi que beaucoup d'entre nous
sommes las des échecs du ministère. Peut-être aussi des échecs de notre vie avec le Seigneur.
Après la chute de Pierre : m'aimes-tu… Question pénétrante. Trois fois répétée. Suivie de " pais mes brebis. "
2 Cor. 5.18-19 : l'amour de Dieu nous étreint… bénéficier de son amour nous envoie vers les nations. Jonas,
bénéficiaire de l'amour de Dieu, a oublié d'aimer des collègues du péché.
Si vous haïssez le péché, attention à ne pas haïr les pécheurs.
Comment renouveler vos sentiments aimant envers les lyonnais ? Marchez dans les rues de la ville en priant que
Dieu assouplisse vos cœurs. Allez prendre un verre rue de la République et observez. Observez les gens qui marchent,
qui discutent. Imaginez leurs joies et leurs tristesses. Rendez-vous proches d'eux en pensée.
Puis pensez à l'enfer qui suivra leur mort. Le parallèle que Jésus fait entre lui et Jonas, Ninive et Jérusalem,
nous rappelle que la compassion de Dieu n'est pas éternelle. Le jugement, source de justice et de protection
future des justes, arrivera un jour.
Jésus devant Jérusalem a pleuré. Je crois qu'il est approprié de se laisser envahir par le sentiment de la terrible
déchéance des humains, et d'en pleurer.
La morale de cette histoire…
L'attitude : une priorité
Un pasteur a écrit (Charles Swindoll) :
" Plus je vis, plus je réalise l'impact de l'attitude sur la vie. Pour moi, l'attitude est plus importante que les faits.
Plus importante que le passé, que l'éducation, que l'argent, que les circonstances, que les échecs, les succès et
que ce que les gens pensent disent ou font. C'est plus important que l'apparence, les compétences et les dons.
L'attitude va bâtir ou détruire une entreprise, un foyer ou une Eglise. Ce qui est remarquable c'est que chaque
jour nous avons le choix de l'attitude que nous allons manifester à un jour donné. Nous ne pouvons changer
notre passé… Nous ne pouvons changer le fait que certains vont se comporter d'une certaine manière. Nous ne
pouvons changer l'inévitable. La seule chose que nous puissions faire, c'est de jouer la seule carte que nous
possédions, et c'est notre attitude…. Je suis convaincu que la vie se compose de 10% de circonstances, et de
90% de la manière dont nous réagissons à cela. Et c'est pareil pour vous, vous êtes responsable de vos
attitudes "
Jonas avait décidé d'entretenir une attitude fermée à Dieu, fermée à l'amour de Dieu pour les pécheurs. Il aurait
pu changer d'attitude.
Nous aussi !
L'amour : l'essence du service
Tony Campolo raconte l'histoire d'une scène tirée d'une pièce de théâtre qui l'a marquée [Lauren Hansberry, Raisin au
soleil] :
C'est une famille des quartiers pauvres de Harlem. Cette famille venait d'hériter 60 000 FF de l'assurance décès
du père. La mère voulait prendre cet argent pour emmener sa famille dans une petite ville de campagne, loin de
ce quartier dangereux.
Mais le fils aîné suppliait sa mère de lui laisser cet argent pour ouvrir une entreprise avec l'un de ses amis. Il
disait qu'avec cet argent il pourrait devenir riche et offrir beaucoup d'argent et de bonheur à sa famille.
La mère ne voulait pas — sa raison lui disait qu'il était insensé de laisser filer cette opportunité unique. Mais
devant l'insistance répétée du jeune homme, elle pensait au peu de chance dont avait bénéficié ce jeune et elle
lui donna donc l'argent…
L'ami prit les 60 000 FF et prit la fuite.
Le fils désolé doit rentrer à la maison et annoncer à la famille que tous leurs espoirs pour l'avenir viennent
d'être dérobés et que ses rêves d'une vie meilleure se sont envolés. Sa soeur se répand en invectives contre lui.
Elle le qualifie de toutes les choses méprisables qu'elle peut imaginer. Son mépris pour son frère est sans
borne. Quand elle reprend son souffle au beau milieu de sa tirade, la mère l'interrompt en disant : " je croyais
que je t'avais appris à l'aimer. "
Benethea, la fille répond : " l'aimer ? Il ne reste plus rien à aimer ! "
Et la mère de répliquer : " il reste toujours quelque chose à aimer. Et si tu n'as pas appris cela, tu n'as rien
appris. As-tu pleuré pour ce garçon aujourd'hui ? Je ne veux pas dire pour toi-même et pour la famille, parce
que nous avons perdu tout cet argent. Je veux dire pour lui : pour ce qu'il a vécu et pour ce que cela lui a fait.
Ma fille, quand penses-tu qu'il est temps d'aimer le plus : quand il a bien fait et qu'il a facilité la vie de tous ?
Eh bien, tu n'as pas fini d'apprendre, parce que ce n'est pas du tout à ce moment-là. C'est quand il est au plus
bas et qu'il n'arrive plus à croire en lui-même parce que le monde l'a battu à plates coutures. Quand tu
commences à mesurer quelqu'un, mesure-le bien ma fille, mesure-le bien. Assure-toi que tu tiens compte des
monts et des vallées qu'il a franchis avant d'arriver où il est. "
C'est ça l'amour. Immérité.
[Tiré de Histoires qui touchent le cœur, Ed. par Alice Gray].

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