Espace du Dialogue : Art populaire et naïf dans la Donation Boyadjian

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Espace du Dialogue : Art populaire et naïf dans la Donation Boyadjian
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Espace du Dialogue :
Art populaire et naïf dans la Donation Boyadjian
L’art populaire et l’art naïf constituent deux axes forts de la Donation
Noubar et Micheline Boyadjian faite au musée en 1997. Ces deux formes
d’art ont en commun d’émaner du « peuple » et de se distinguer de l’art
savant et de ses structures d’apprentissage (ateliers, académies, etc.).
L’art populaire est presque toujours anonyme et s’adresse à une
communauté, le plus souvent rurale ou provinciale. On peut en trouver
des exemples très anciens. L’art naïf est plutôt le fait d’un autodidacte
isolé habitant les faubourgs de la ville et disposant de temps libre pour
réaliser son authentique vocation de peintre. Son apparition est liée à
l’émergence d’une civilisation des loisirs et ne remonte donc pas loin audelà de la fin du 19e s.
La donation Boyadjian comporte de nombreux objets de piété populaire
qui témoignent d’une réelle inventivité dans la récupération de
matériaux pauvres pour donner l’illusion ici de l’orfèvrerie, là de la
dentelle. Quant aux œuvres de deux dimensions destinées à protéger et
décorer le foyer, elles peuvent renvoyer à la technique de la peinture
sous-verre ou de l’estampe populaire (voir les « Images d’Épinal »
exposées par ailleurs).
L’art naïf a connu un grand essor dans les années 1960 avec la
multiplication de publications et d’expositions internationales. Au début
des années 1970, l’emballement du marché et le doute sur l’authenticité
des naïfs émergents a provoqué une crise de confiance. Les œuvres
exposées sont toutes bien antérieures à cette crise et relève donc d’un
art naïf « classique » tel que l’on peut en admirer dans d’autres musées
de référence (Laval, Nice). Si le naïf sort de son isolement, c’est presque
toujours grâce à un critique qui le remarque et le soutient. La vocation
du critique Anatole Jakovsky, surnommé le « Pape des naïfs », est ainsi
née de l’admiration pour les œuvres peintes par Gertrude O’Brady
autour de 1940. Si la sélection évoque surtout des artistes liés au
contexte français, elle évoque aussi le phénomène du développement
d’« écoles nationales » à travers l’exemple de l’Ex-Yougoslavie.
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Les peintres naïfs croates ont pu reprendre la technique de la peinture
sous-verre qui s’était d’abord illustrée dans un contexte religieux pour
évoquer la vie paysanne.
Après 1970, c’est bien plutôt l’« art brut » qui a été valorisé dans le
domaine de la création en marge. L’œuvre de Willem Van Genk a été
rattachée à cette catégorie en raison de son internement psychiatrique :
il est ainsi présent dans de grands musées de référence (Musée d’art brut
de Lausanne, Musée du Dr Ghislain à Gand). L’œuvre a d’ailleurs été
donnée par un Professeur de psychologie à l’Université. Toutefois, cette
catégorisation pourrait être nuancée. En établissant depuis plus de
quinze ans des ponts entre art moderne « savant », art naïf et « art brut »,
le Musée de Louvain-la-Neuve a développé un esprit que l’on retrouve
aujourd’hui au cœur du projet culturel du LAM (Musée de Villeneuve
d’Ascq).

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