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tribune
Les errances du Conseil fédéral
encore, c’est un non-sens. Il est indispensa­ble
que l’ensemble des droits de pratique soient
soumis, comme c’est le cas actuellement à
Sous le titre Rien de nouveau mais une nette Genève, à une commission quadripartite où
détérioration la FMH a dit, dans un communiles acteurs concernés (HUG, cliniques, AMG
qué de presse du 19 février, tout le mal qu’elle et AMIG) cherchent réellement à trouver les
pense du nouveau projet de loi concernant la équilibres nécessaires et à effectuer les arbirégulation des admissions illimitée dans le trages en pleine connaissance du tissu médicotemps. A nouveau, pour un sujet maintes fois chirurgical genevois : les assureurs ne doivent
débattu, le Conseil fédéral montre son absence pas en faire partie, dont les critères ne sont
qu’économiques.
d’écoute et de vision.
L’AMG a toujours souhaité la pleine et libre
Lors de la levée de la clause du besoin fin
2011, n’a-t-on pas vu arriver dans notre canton installation pour les médecins avec une formades collègues aux titres certes administrati­ tion académique optimale et reconnu la notion
vement reconnus, mais à la formation médicale de qualité médicale. Notre association siège
et/ou chirurgicale peu académique ? Certains ainsi à la commission quadripartite et participe
collègues se sont installés alors même qu’ils directement aux arbitrages. Une régulation est
nécessaire, c’est un fait. Nous re… Restons sur des critères en faveur de la tenons des propositions de M.
Alain Berset la volonté de donner
population, de la sécurité des soins et
aux cantons cette prérogative. Il
aussi de la relève médicale …
ne faut pas perdre de vue que le
n’avaient pas effectué de réelle formation con­ Conseil fédéral ne s’est pas gêné de placer
tinue à laquelle ils sont tenus, et que dire de une épée de Damoclès au-dessus de nos
ceux qui n’avaient carrément plus exercé de- têtes : si les coûts devaient augmenter malgré
puis des années ? Mais la loi et l’administration les interventions cantonales, la Confédération
n’ont de critères que la reconnaissance auto- pourrait intervenir sur les tarifs et baisser ceuxmatique de titres validés dans un pays de ci jusqu’à dix pourcent.
l’Union européenne quelle que soit la nationaLes partisans de ces propositions fédérales
lité de l’intéressé. Un non-sens. Que l’on se sont peu nombreux et la solution actuelle,
comprenne bien, ce n’est pas l’origine qui fait avec les trois années de formation, doit absole bon médecin, mais son parcours acadé- lument être maintenue. Les assureurs sont à
mique et sa formation continue.
l’affût et espèrent tout prochainement pouvoir
Notre association a toujours défendu la qua- revenir avec la fin de l’obligation de contracter.
lité médicale et des soins optimaux pour la po- La menace est réelle, qu’elle soit fédérale ou
pulation de notre canton. Le Conseil de l’AMG lobbyiste. Restons sur des critères en faveur
s’est ainsi engagé avec détermination en faveur de la population, de la sécurité des soins et
des propositions de la FMH concernant l’obli- aussi de la relève médicale, car une autre megation d’effectuer au moins trois années en nace est constamment avancée, celle de la
institution suisse de formation reconnue et de ­future pénurie des médecins : entre l’applicaparler la langue de la région où l’on pratique. tion dès 2017 des mesures acceptées par le
Des exigences qui seules permettent d’assu- souverain contre l’immigration de masse, le
rer un niveau de soins et de qualité afin d’obte- franc fort et la régulation des admissions, nous
nir une relève médicale de haut niveau pou- nous devrons d’être formateurs et d’encouravant s’intégrer aisément dans le tissu médical ger un partenariat public-privé renforcé dans
le cursus de nos jeunes collègues.
genevois.
Par sa proposition, le Conseil fédéral ne
L’AMG va prochainement procéder à un nou­
s’attaque qu’à la médecine de ville, car seul veau sondage auprès de ses membres sur les
l’ambulatoire non hospitalier est concerné. Là deux points suivants: quelle vision les mem­
Source : éditorial de la Lettre de l’AMG, n° 2, de mars
2015.
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bres de chaque groupe de spécialistes ont-ils
de leur propre discipline en termes d’offre ?
Toutes spécialités confondues, quelles disciplines les médecins jugent-ils prioritaires en
termes de nouveaux droits de pratique ?
Beaucoup a déjà été écrit sur la régulation
des admissions. Aucune solution n’a été politiquement acceptée à moyen ou long terme qui
puisse satisfaire toutes les parties, mais il est
une certitude : une forme de régulation doit
exister et elle ne peut être fondée que sur les
critères défendus par les sociétés médicales.
Dr Michel Matter
Président de l’Association des médecins
du canton de Genève
Rue Micheli-Ducrest 12
1205 Genève
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 1er avril 2015
30.03.15 11:54

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