supplément 3 mars ok

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À la veille des élections municipales, Inffo Flash s’est penché sur les réalisations communales. Si la loi ne leur
attribue pas un rôle majeur dans le domaine emploi-formation, communes et intercommunalités sont
nombreuses à intégrer cette dimension dans leurs politiques sociales, à se mobiliser dans les structures d’accueil
et d’information (ML, PAIO, MDE) ou à s’impliquer dans les Plie. Elles articulent localement leurs actions avec le
SPE et en particulier l’ANPE, et regrettent que la loi ne prévoit pas qu’elles siègent en tant que telles au conseil
d’administration de la future entité fusionnée, puisqu’il y aura un représentant des “collectivités territoriales”,
sans référence à une catégorie... Mais c’est sur le terrain qu’elles font preuve d’imagination. Sans prétendre à
l’exhaustivité, voici quelques exemples relevés dans un panel politique pluraliste.
DR
le dossier inffo flash
5. Dossier 719 pp.15-22:6. dossier IF 673 p.13-24 MF
Formation :
les initiatives
municipales
L’AMGVF souhaite que les villes participent aux politiques
d’emploi
En matière d’emploi, les collectivités locales jouent un rôle capital, en amont et sur le terrain de la
prévention. Entretien avec Philippe Maitreau, adjoint de Jean-Marie Bockel (PS), maire de Mulhouse
président du groupe de travail “Organisation territoriale de l’emploi” de l’Association des maires des
grandes villes de France (AMGVF)1, et vice-président du Comité d’agglomération du pays Mulhousien.
Dossier
coordonné par
Patricia GautierMoulin
Inffo Flash - Êtes-vous optimiste pour le
rôle des collectivités territoriales en matière d’emploi, après la pause annoncée dans
le développement des Maisons de l’emploi
et la loi du 31 janvier portant fusion de
l’ANPE et du réseau des Assedic ?
Philippe Maitreau - Comme chacun
sait, la compétence emploi est du ressort de l’État, mais, depuis janvier
2005, la loi de cohésion sociale a introduit une compétence des collectivités
territoriales à travers, notamment, la
présidence des Maisons de l’emploi. Le
gel de leur développement a bien sûr
nourri des inquiétudes, et fait craindre
que leur budget soit transféré sur les
coûts de la fusion Assedic-ANPE. Les
craintes budgétaires sont maintenant
passées, puisque 150 millions d’euros
vont leur être consacrées en 2008.
Cela dit, l’AMGVF et l’AMF sont beaucoup intervenues pendant la discussion parlementaire sur la loi de fusion
Assedic-ANPE, pour éviter le retour à
une vision verticale de l’action pour
l’emploi.
IF - Avez-vous le sentiment que vos interventions ont porté leurs fruits ?
Ph. M. - Disons que nous avons été
entendus, peut-être pas compris. La
gouvernance du nouvel organisme ne
pose pas une articulation claire entre
la nouvelle institution et les Maisons
de l’emploi, même si celles-ci vont
être représentées au Conseil national
de l’emploi. Ce que nous souhaitons,
c’est une véritable co-construction de
ces politiques qui vont se déployer
sur des territoires de natures très
variées. Or, les collectivités territoriales ne sont pas représentées par
catégories au conseil d’administration de la nouvelle instance fusionnée et ne seront finalement pas
consultées lors de la convention pluriannuelle passée entre cette instance et l’État en régions. De ce point de
vue, on peut dire qu’on assiste à un
mouvement de recentralisation. En
juillet 2007, les villes étaient entrées
avec les Régions au CA de l’ANPE. Avec
la fusion, c’est un seul représentant
pour toutes les collectivités.
IF - Cette fusion a été préconisée pour simplifier les procédures de recherche d’emploi
et d’indemnisation. L’intervention des colle dossier
lectivités locales est-elle de nature à simplifier ces procédures ?
Ph. M. - Certes, si l’État balaie devant sa
porte, les collectivités territoriales doivent le faire aussi. Les conseils de développement, les comités de bassin d’emploi, le réseau Cap emploi... Leurs initiatives se chevauchent souvent. Nous
avons des Plie, des Missions locales,
dont 60 % des jeunes qui les fréquentent ne sont pas dans le fichier ANPE,
des Maisons de l’emploi. Les actions
sont parfois redondantes. Avec l’ensemble des financements alloués à l’action territoriale, nous pouvons avancer
dans le sens d’une rationalisation de
l’action territoriale. Encore faut-il avancer de concert avec le SPE. L’AMGVF va
rencontrer prochainement Christian
Charpy, directeur général de l’ANPE.
IF - Quelle démarche particulière ont les
collectivités territoriales en matière de
résorption du chômage ?
Ph. M. - Quand la politique de l’État
porte sur des “stocks”, c’est-à-dire des
personnes déjà sans emploi, les collectivités agissent sur les “flux”, en souteSuite p. 16 왘
nant en amont les
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le dossier
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>
Suite de la p. 15 왘 familles en difficulté,
par l’action sociale dans les quartiers.
C’est une forme d’action plus préventive que curative.
Cela dit, nos trois objectifs pour l’emploi proprement dit sont la sauvegarde de l’emploi par le moyen d’une
GPEC territoriale, la création de nouvelles activités pourvoyeuses d’emploi et l’accompagnement vers l’emploi des plus en difficulté.
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IF - Qu’en est-il de la politique de création
d’activités, notamment à travers les pôles
de compétitivité ?
Ph. M. - Si je prends l’exemple de
Mulhouse, ma ville, nous avons trois
pôles de compétitivité : “Véhicules du
futur”, “Innovations thérapeutiques” et
“Fibres naturelles”. Ces initiatives de
haute qualité technologique sont
néanmoins très lourdes à gérer, tant au
plan financier que administratif.
Aussi avons-nous pris l’initiative de
créer des pôles de compétences,
dont “Rhénatic”, en matière de nouvelles technologies, qui regroupe
plus de cent PME de dix à cinquante
salariés soit au total 2 500 salariés.
L’action pour l’emploi y est plus
visible.
Propos recueillis par
Renée David-Aeschlimann ■
Strasbourg met l’accent sur la formation
des jeunes
Fabienne Keller (UMP), sénatrice-maire de Strasbourg et présidente déléguée de la Communauté urbaine de
Strasbourg (Cus), rappelle que les dispositifs d’accueil de stagiaires, d’apprentis et de personnes en insertion
relèvent d’une “volonté politique de remplir cette mission en tant que collectivité publique” (voir encadré).
a Cus s’est engagée dans la formation des jeunes en développant
une offre d’accueil, soit près de 1 000 stagiaires accueillis en 2007 dont plus de
400 de niveau bac + 2”, souligne
Jacqueline Leroy, de la direction des ressources humaines de la Cus. “Depuis
février 2007, nos stagiaires de niveau III
(bac + 2 et licence) et plus sont indemnisés, au-delà du premier mois de stage. Le
plafond de cette indemnisation est fixé à
50 % du Smic. En outre, chaque stagiaire
a un référent ou un accompagnateur.”
Les offres de stages, destinées aux étudiants de l’enseignement supérieur,
sont publiées sur un site www.stagesalsace.net, conçu en partenariat avec le
Conseil régional et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Alsace. “Les
étudiants connaissent ce site, dans la
mesure où les Universités leur transmettent l’information à ce sujet. Ils ont accès
aux offres de stages proposées par la collectivité, mais également à celles des
entreprises et des associations. La gestion
du site par la CCI facilite la publication des
offres. Enfin, ils ont la possibilité d’y déposer leur CV”, précise Jacqueline Leroy.
“L
> Contact
www.strasbourg.fr
Parcours professionnels
Par ailleurs, la Cus compte actuellement
179 apprentis (ils étaient 45 en 2002),
sous contrat de travail de droit privé.
Forte de 6 770 agents exerçant plus de
250 métiers différents, la collectivité
accueille et forme les jeunes apprentis
dans des métiers aussi divers que jardinier, ingénieur en informatique, en
développement et aménagement de
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le dossier
Priorité à l’apprentissage pour Fabienne Keller
“L’apprentissage convient très bien aux jeunes, constate Fabienne Keller.
Notre collectivité compte 180 maîtres d’apprentissage, tous en relation directe
avec les jeunes et les établissements de formation. Ils se situent dans une
démarche mobilisante car c’est une manière pour eux de s’ouvrir à leur champ
professionnel.” Sur le plan de l’accès à l’emploi, Fabienne Keller indique
“qu’une personne sur trois, apprentie ou en insertion, est recrutée par la collectivité”. Concernant les stages, elle insiste sur le principe d’échange entre
monde du travail et structures d’enseignement. “Le principe est un marché de
stages organisé sur internet.” Les trois dispositifs d’échanges avec l’enseignement continueront à être développés par la collectivité.
l’espace, etc., sans oublier les métiers
transversaux (comptabilité, finances).
Ils ont la possibilité de préparer
56 diplômes différents. “L’apprentissage a
beaucoup évolué au sein de la Cus et
nous travaillons avec 35 centres de formation partenaires. 34 % des apprentis
sont engagés dans les filières techniques
et 66 %, dans le tertiaire, avec une proportion de 41 % d’hommes et de 59 % de
femmes. Depuis trois ans, les métiers de
l’action sociale se développent par le biais
de l’apprentissage.”
La mise en œuvre de dispositifs d’insertion (contrat d’avenir et contrat d’accès à
l’emploi) est consécutive à une délibération de la Cus en 2006 qui a déterminé
des secteurs prioritaires pour l’embauche de jeunes de moins de 26 ans,
les femmes seules avec enfants et les
personnes handicapées. Le programme
prévoit la possibilité d’embauche de
200 personnes dans le secteur de la
sécurité autour de l’enfance et de son
bien-être,et dans celui des métiers techniques (conciergerie au sein des diffé-
rents équipements municipaux, en partenariat avec l’ANPE). “De plus, notre collectivité réalise en interne un accompagnement professionnel. Nous pouvons
ainsi établir, par exemple, avec une personne travaillant en crèche,un projet professionnel de manière à l’amener à un
diplôme qualifiant. Cela concerne également des personnes de plus de 50 ans ou
qui présentent un handicap léger, l’idée
étant de les accompagner dans une fin de
vie professionnelle sereine. Nous avons en
effet opté pour une alliance entre l’économique, l’humain et le social”, explique
Jacqueline Leroy. L’accompagnement
s’effectue à tous les niveaux. Les stagiaires des entreprises ont un référent
de stage, les apprentis, un maître d’apprentissage, et les personnes en insertion, un tuteur. Résultat, plus de 50 %
des personnes inscrites dans le dispositif d’insertion ont trouvé un emploi en
2007 et plus de 30 % des apprentis sont
recrutés par la collectivité.
Philippe Grandin ■
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Lyon : l’association Alliés favorise l’insertion
durable des plus en difficulté
La Ville de Lyon, dont Gérard Colomb (PS) est le maire, a créé un ensemblier pour l’insertion des plus éloignés
de l’emploi : l’association Alliés. Elle porte le Plie, une plateforme pour l’emploi, le contrat territorial
emploi formation, un dispositif d’aide à la GRH des PME, et est membre fondatrice de la Maison de l’emploi
et de la formation.
yon intra-muros, troisième ville de
France, compte 460 000 habitants, dont 17 000 demandeurs
d’emploi (cat. 1) et 9 000 bénéficiaires du RMI). “Les personnes qui
font appel à l’action territoriale pour
l’emploi sont des publics fragiles :
femmes seules avec enfant, personnes manquant de qualification,
seniors en chômage de longue
durée”, sans oublier la “problématique liée aux jeunes diplômés des
quartiers défavorisés”, explique Évelyne Carret, adjointe au maire chargée de l’insertion par l’activité économique.
Pour s’adresser à ces publics et leur
trouver des solutions durables, Lyon
a mis en place en 1996, aux côtés de
la Mission locale déjà existante,
l’Association lyonnaise pour l’insertion économique et sociale (Alliés),
destinée à porter le Plie (plan local
pour l’insertion et l’emploi). En 2001,
Alliés s’est vue confier l’animation
de la politique emploi et insertion
de la Ville, notamment le volet
emploi du contrat de ville. Depuis,
plusieurs missions, comme l’animation du contrat territorial emploiformation de la Région Rhône-Alpes,
la mission d’insertion dans les
domaines artistiques et culturels, ou
encore la mise en œuvre de “datings
emploi”, ont été rassemblées sous la
bannière d’Alliés.
En 2004, c’est à Alliés qu’a été confié
le soin d’animer la “plateforme
emploi”, dont la vocation est le
placement direct en entreprise,
– essentiellement des PME –, de
jeunes issus des quartiers défavorisés. “Ce volet placement n’existerait
pas, explique Vincent Beley, directeur d’Alliés, sans un partenariat fort
avec les PME, illustré par la convention avec la CGPME, qui a engagé des
campagnes de recrutement avec ses
adhérents pour des personnes issues
des quartiers. En 2006, ce partenariat
a généré trente embauches et soixante-dix pour 2007.”
L
La GRH dans les PME
S’agissant de l’encouragement à l’activité économique, les PME et TPE peuvent, grâce au dispositif Écrins’s, devenu Securis’ra, contribuer à améliorer
leur gestion des ressources humaines.
“Nous exerçons un droit de tirage sur
des prestations de conseil en gestion
des ressources humaines financées par
la Région pour construire des actions
de GPEC par entreprise et parfois
même par branche. Les secteurs en tension, tels que l’hôtellerie-restauration
et le BTP, sont privilégiés, ainsi que les
secteurs émergeants, tels que les services à la personne”, précise Vincent
Beley.
Le projet de la Maison de l’emploi et
de la formation (MDEF) a été également élaboré en partenariat avec
Alliés. “Elle a été constituée en GIP et
conventionnée avec l’État en décembre
dernier. L’accueil sera assurée par des
agents de l’ANPE, de la Mission locale,
des chargés de mission de la Ville, et
des partenaires associatifs”, prévoit le
directeur d’Alliés. Son territoire comportera quatre sites d’accueil, l’un central, à la Part-Dieu, et trois dans des
quartiers à fort taux de chômage : La
Duchère, Gerland et Mermoz.
L’accès à la formation qualifiante est
facilité par le dispositif régional CTEF
(contrat territorial emploi-formation)
et la détection des besoins par des
gouvernances locales composées de
partenaires sociaux, de syndicats,
d’acteurs de l’emploi et de citoyens.
Une véritable plus-value dans l’accès à
la formation des personnes les plus
éloignées de l’emploi.
“L’action territoriale pour l’emploi
permet de développer des droits qui
ne sont pas seulement fonction du
statut par rapport à l’emploi et,
notamment, de l’indemnisation ou
non des chômeurs, précise Évelyne
Carret. L’action territoriale va plus
loin que celle du SPE, elle s’occupe des
non-indemnisés, avec un accompagnement de qualité, du type de celui
Pour les personnes très éloignées
de l’emploi, le Plie offre des parcours d’insertion longs de dix-huit
mois à deux ans, qui permettent
aux intéressés de reprendre pied
en terme d’insertion professionnelle. “Sur les mille personnes sortant du dispositif chaque année,
52 % bénéficient d’un CDI, d’un
CDD de plus de six mois, ou d’une
offre de formation qualifiante”,
observe Vincent Beley. Ce dispositif au budget de 5 millions d’euros, financé pour moitié par le FSE,
et pour l’autre moitié par la Ville
et le Département, sur ses actions
d’accompagnement d’allocataires
du RMI, a récemment assuré sa
pérennité, malgré une baisse
notable de 20 % du FSE (celui-ci
passant de 2,5 à 2 millions d’euros
en un an).
“Nous avons impulsé la création
d’une Union régionale des Plie
capable d’être l’interlocutrice de la
DRTEFP. Cela garantit une unicité
de traitement des Plie par territoire et permet de mieux plaider pour
la pérennité du financement FSE,
qui garantit de solides parcours d’insertion”, explique Évelyne Carret.
de notre Plie et des équipes emploiinsertion dans les quartiers. Il ne faut
pas oublier aussi que la MDEF est présidée par un élu à même de donner
des idées de reclassement par sa
connaissance du tissu économique.
Un véritable plus.”
Un véritable plus reflété par l’action
d’Alliés qui, en rassemblant les outils
territoriaux au sein d’une même entité, permet de mieux évaluer les
manques et de porter les efforts là où
le besoin s’en fait le plus sentir.
R. D.-A. ■
le dossier
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le dossier
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>
2
www.arrasemploi.com
3
www.mfi-arras.f
4
www.arrasapprentissage.com
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Arras fait de l’emploi et de l’insertion
une mission transversale
“Notre préoccupation est d’être équitables dans l’accompagnement des communes rurales et urbaines”,
explique Antoine Six, responsable de la mission des affaires sociales de la Communauté urbaine d’Arras,
présidée par Jean-Marie Vanlerberghe (MoDem), maire d’Arras.
egroupant 24 communes et administrant 95 000 habitants, la
Communauté urbaine d’Arras1 a été
reconnue comme telle juste avant la loi
du 12 juillet 1999 qui a fixé à 500 000 le
nombre minimum d’habitants pour
bénéficier des avantages liés au statut.
Au centre de la CU, Arras concentre près
de la moitié des habitants (43 000).“Nous
sommes en fait une communauté « rurbaine », bénéficiant des avantages de la
taille humaine mais souffrant également
de la taille critique,explique Antoine Six,
responsable de la mission des affaires
sociales,des enseignements et des associations de la Communauté urbaine.Sur
un budget de dépenses de fonctionnement et d’investissement de 84 millions
d’euros, la CU en dédie 1,016 million au
soutien à la formation et à l’emploi,selon
Antoine Six, qui précise : “La mission des
affaires sociales,des enseignements et des
associations n’est pas une direction, car
nous sommes sur des thématiques transversales d’emploi, d’insertion, de prévention et même d’habitat.”
R
1
www.cu-arras.fr
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L’équité territoriale est soutenue par
plusieurs politiques, dont le Plie Arrasemploi2 (plan local pour l’insertion et
l’emploi), le soutien à une dizaine d’entreprises, ateliers ou chantiers d’insertion, comme un chantier d’utilité
sociale destiné aux personnes terminant leur peine de prison, un autre
concernant l’accueil et l’hébergement
d’urgence, ou ceux des Restos du cœur,
de réhabilitation de logements, de restauration de meubles ou de réparation automobile.
La Commission formation de la
Communauté urbaine finance plusieurs
associations, en particulier, le CIBC,
l’Atelier de formation personnalisée et
d’insertion individualisée (AFP2I) et la
Maison de la formation et de l’innovation (MFI)3.
La Communauté urbaine s’inscrit aussi
dans le Pays d’Artois, qui rassemble près
de 200 000 habitants de onze intercommunalités. C’est sur ce “territoire
de projet” que s’inscrit la Maison de
l’emploi et de la formation (MEF) qui
vise à apporter une réponse unique aux
chercheurs et demandeurs d’emploi.
Labellisée fin 2006, elle a accueilli
depuis plus de 8 000 personnes. Le partenariat avec la Région permet un
espace dédié à la formation, avec un
conseiller en poste et des horaires d’ouverture aménagés (samedi matin et
une nocturne hebdomadaire) pour permettre aux salariés de s’y rendre.
La MEF du Pays d’Artois et les Chambres
consulaires ont inauguré le site Arrasapprentissage 4 dédié à ce contrat,
voici dix-huit mois. Un outil pour rapprocher jeunes et employeurs. Car la
Communauté urbaine veut mettre l’accent de ce côté : “La Maison de l’emploi
correspond à une attente, remarque
Antoine Six. Mais il nous reste des pistes
de progrès.Nous ne sommes pas satisfaits
des passerelles avec les employeurs,qui ne
l’utilisent pas assez. Peut-être ont-ils été
déçus par le passé, mais les relations avec
les entreprises doivent être améliorées.”
Béatrice Delamer ■
La MDE de Perpignan au centre des politiques d’insertion
Labellisée et lancée en 2005, la MDE fonctionne avec un budget de 1,5 million d’euros et une équipe de
17 personnes, dans de nouveaux et vastes locaux depuis mars 2007. Sa compétence s’étend au bassin d’emploi de Perpignan, fort de 86 communes et de 290 000 habitants. Le maire de Perpinyà-la-Catalane1, JeanPaul Alduy (UMP), est également président de la Communauté d’agglomération Perpignan Méditerranée2
’insertion par l’activité économique
et l’emploi est portée par la Maison
de l’emploi3 dont les membres fondateurs et contributeurs sont l’État, la
Communauté d’agglomération, la Ville
de Perpignan, l’ANPE, l’Assedic et la
Mission locale.
La MDE est à la fois un observatoire,
pour anticiper et s’adapter au territoire,
et un centre de ressources pour faciliter l’accès à l’emploi. Ce dernier est
accessible à tous les publics et fonctionne par adhésion des utilisateurs :
“Lorsque nous avons emménagé dans
les nouveaux locaux, nous avons abandonné un système qui fonctionnait sur
l’anonymat total, explique Laurence
Borreil, directrice de la MDE. Nous avons
L
1
www.mairieperpignan.fr
2
www.perpignanmediterranee.com
3
www.mdeperpignan.fr
4
www.anru.fr
18
> i n f f o f l a s h / n ° 7 1 9 - 1 er a u 1 5 m a r s 2 0 0 8
le dossier
préféré un système d’adhésion, qui
implique les utilisateurs, avec la signature du règlement intérieur qui leur
donne, entre autres services, accès à
notre cyberbase de vingt postes informatiques. Cette démarche nous permet
de les suivre et les incite à exprimer leur
demande. Nous étudions la possibilité
de leur envoyer de l’information après
avoir obtenu leur accord.” Les 1 935 adhérents ont fréquenté le centre ressources
qui, outre l’équipement multimédia,
propose une documentation papier, des
ateliers de techniques de recherche
d’emploi, des rencontres sur les métiers
en tension (hôtellerie, restauration,
bâtiment) et en développement comme
les services à la personne.
La Maison de l’emploi gère aussi le
plan local d’application de la charte
d’insertion de l’Agence nationale de
rénovation urbaine (Anru)4, dont JeanPaul Alduy a été président. Selon cette
charte, les entreprises répondant à un
appel d’offres de rénovation urbaine
doivent réserver 5 % des heures travaillées à des personnes en insertion
professionnelle. Localement, ce pourcentage a été élevé à 10 %. Cette politique a généré 65 emplois l’année dernière et devrait faire encore mieux, si
cette clause est imposée pour les appels
d’offres, hors plan national de rénovation urbaine.
B. D. ■
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inffoflash
La Communauté urbaine de Bordeaux
veut rendre ses agents plus performants
a politique de formation de la
Cub(27 communes et 659 994 habitants) “s’inscrit dans une logique moins
statutaire, plutôt dans une approche
qui vise à rétribuer et valoriser les
agents en fonction des résultats obtenus sur la communauté urbaine”,
souligne Antoine Lannic, directeur des
ressources humaines de la Cub (2 600
salariés). Il a mis en place une politique de gestion prévisionnelle des
compétences. “Voici quelques années,
les mobilités étaient contraintes (liées à
des facteurs sanitaires ou autres),
aujourd’hui, nous mettons l’accent sur
les parcours professionnels. Dès l’entretien d’embauche de l’agent, nous pensons déjà à sa mobilité.” C’est pourquoi
la DRH identifie actuellement tous les
agents, leurs diplômes, leurs parcours
professionnels, les différentes actions
de formation suivies, afin d’étudier les
possibilités d’évolution vers d’autres
métiers à l’intérieur de la Cub. Car,
précise Antoine Lannic, “une bonne
connaissance de chacun des salariés
permet d’assurer un accompagnement
individualisé dans le parcours professionnel”. Pour y parvenir, la DRH a procédé au changement de son logiciel de
paie, qui lui “permettra désormais une
meilleure gestion des parcours professionnels, de la formation, etc.”
Cette nouvelle politique de gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences “a été initiée sous l’impulsion
de l’ensemble des élus” de la Cub, se
réjouit le DRH, qui parallèlement à
cette démarche, a initié “une politique
de dialogue social très offensive avec
l’ensemble des syndicats, qui s’impliquent fortement dans toutes [ses]
démarches”.
“Avec eux, nous travaillons aujourd’hui
sur un autre chantier de taille, qui est la
promotion des agents”, précise-t-il. Il
s’agit de réfléchir aux moyens pour
“mettre en œuvre une promotion basée
sur les parcours professionnels et non
statutaires : associer à des évolutions de
grades des modifications de postes, de
fonctions, des prises de responsabilités
L
accrues”. Le souhait étant
de “faire en sorte que l’on
reconnaisse les compétences et l’ancienneté des
agents”, et aussi de distinguer “le potentiel et l’aptitude des gens, pour des changements de cadre d’emploi”.
Autre dossier important, la
politique de formation,
pour permettre aux agents
de mieux répondre à leurs
missions. “Il s’agit, pour nous,
de passer d’une « politique
remontante » (les agents
exprimant des demandes
exaucées) à une politique basée sur des
besoins qui répondent à des priorités
de développement des compétences
des agents de la Cub définies par
les élus.”
DR
Les municipalités ou les communautés urbaines, ne se préoccupent pas seulement que de leurs
administrés, mais également “des femmes et des hommes qui sont au service des autres”. Illustration avec la
communauté urbaine de Bordeaux (Cub), présidée par Vincent Feltesse (PS) et dont le premier vice-président est Alain Juppé (UMP).
Bordeaux, le pont de pierre.
Au total, 2,3 millions d’euros (sur une
masse salariale de 103 millions d’euros)
sont consacrés à ces actions.
Knock Billy ■
Les quatre axes prioritaires de la politique de formation
des agents
> Les marchés publics, notamment la professionnalisation des directions
pour parfaire l’autonomie dans la mise en œuvre et le suivi du processus
achats publics.
> La professionnalisation des relations avec les partenaires, en développant
les compétences mises en œuvre dans le processus de négociations, “au
travers des aspects connaissance de l’environnement concerné, capacité à
communiquer, aptitude à convaincre, formalisation des engagements
réciproques” et en développant les “aptitudes nécessaires au contrôle et au
suivi des relations avec nos partenaires (analyse des résultats, décryptage des
indicateurs et données, analyse des bilans, etc.)”.
> Le développement durable, où il est question d’acquérir les compétences
nécessaires, (parfois nouvelles), pour “mettre en œuvre les actions concertées
traduites de la politique de la Cub en matière d’environnement et de développement durable” et de “développer les compétences de la direction du développement durable, agissant en transversalité auprès des directions dans leurs
démarches de mise en place d’actions de préservation de l’environnement”.
> Le management. Il s’agit, à travers le projet Rhése@u, notamment,
d’accompagner les managers au travers d’une offre de formation spécifique
composée d’un “module commun à tous les managers, adapté à la nature du
poste et aux responsabilités. Décliné de la charte et des principes d’actions,
il permettra de partager une appropriation commune de ces principes Cub”, de
“modules actions permettant à chaque manager de développer ses compétences sur les sujets sur lesquels il se sent le moins à l’aise”.
le dossier
> Contact
Communauté
urbaine de
Bordeaux,
esplanade Charlesde-Gaulle, 33076
Bordeaux cedex.
Site :
www.lacub.com
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le dossier
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>
1
Regroupe huit
communes en
Seine-et-Marne
(Cesson, Combsla-Ville, Lieusaint,
Moissy-Cramayel,
Nandy, Réau,
Savigny-leTemple, VertSaint-Denis) et
deux en Essonne
(Saint-Pierre-duPerray et Tigery).
2
Instance
intercommunale
au sein de
laquelle siègent
les élus désignés
par les conseils
municipaux.
3
La seconde édition
aura lieu le 17 mai
au Carré Sénart.
> Contact
www.senart.com
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Ville nouvelle de Sénart :
rapprocher les actifs de leur domicile
Avec dix communes1, 108 000 habitants, plus de 32 000 emplois et 3 600 entreprises, la ville nouvelle de
Sénart (Seine-et-Marne), présidée par Jean-Jacques Fournier (PS), maire de Moissy-Cramayel, est en pleine
expansion. Grâce à la cohésion des élus locaux, elle dispose d’une stratégie territoriale globale d’emploi et
de formation pour tous les âges de la vie.
armi les entreprises de la ville
nouvelle de Sénart, de grands
noms, notamment de l’aéronautique
(Snecma), de la logistique (Faure et
Machet, Danzas, etc.), la distribution
(Ugap, Scadif-Leclerc, etc.) et aussi un
nombre considérable de petites entreprises. “Le flux migratoire à Sénart
est important et le ratio d’emploi par
actif est de 0,7, ce qui est en dessous de
notre objectif de 1 %”, explique Didier
Dugast, directeur de la Maison de
l’emploi de Sénart, qui précise que les
deux tiers des quelque 53 000 actifs
P
sénartais travaillent à l’extérieur de
Sénart.
Pour pallier cette situation, le Syndicat
d’agglomération nouvelle (San)2 et
les communes “ont créé l’association
Sénart développement, dotée de
compétences dans les domaines de la
formation et de l’emploi. Elle a été
labellisée, en juin 2005, Maison de
l’emploi”, et travaille en étroite collaboration avec l’ensemble des structures impliquées dans l’emploi, la formation et le développement économique sur le territoire (San, ANPE et
Moissy-Cramayel : un nombre important de personnes
en emploi décalé ou à temps partiel subi
Chaque année, Moissy emploi formation (MEF), service d’accompagnement à
l’emploi de la commune de Moissy-Cramayel (en Seine-et-Marne, 18 000 habitants, sur le territoire de la Ville nouvelle de Sénart) accueille quelque 3 000 personnes (plus de 10 000 passages). “Ici, nous accueillons tous les Moisséens à la
recherche d’un emploi ou souhaitant en changer, souligne Valérie Le Gall, directrice générale adjointe de la solidarité de la ville. Nous les accompagnons dans
toutes leurs démarches et nous mettons également en place des actions d’accompagnement à la reprise d’un emploi en direction des personnes bénéficiaires des
minima sociaux, notamment des séances de relooking, des ateliers sur l’estime de
soi, des simulations d’entretien d’embauche.” La MEF est un point de relais de
proximité de la Maison de l’emploi de Sénart. “À ce titre, nous mettons en œuvre
des “opérations coup de poing” avec les entreprises du territoire. Nous organisons
ainsi par exemple depuis 2006, des formations qualifiantes dans les filiales logistiques de grandes entreprises, telles que Danone, BMW, Lu. Celles-ci forment,
rémunèrent, puis embauchent en contrat à durée indéterminée les candidats
qu’elles ont retenus après sélection.” Trente Moisséens ont bénéficié de cette
opération lors de l’édition 2007. Le taux de chômage à Moissy-Cramayel est de
9,2 %. Cependant, “ce qui nous préoccupe le plus, c’est le nombre important de
personnes en emploi décalé (qui travaillent soit tard le soir ou de nuit, soit très tôt
le matin et finissent à midi) ou en temps partiel subi. Celles-ci recherchent des
emplois à la fois à temps plein, avec des horaires raisonnables (8 heures 19 heures, par exemple) et surtout à proximité de leur domicile”, explique la directrice générale adjointe de la solidarité, qui regrette de ne pouvoir répondre aux
demandes de plus en plus importantes des Moisséens. “Notre difficulté est
d’avoir une projection à court ou moyen terme des embauches dans les entreprises
sur notre commune et des compétences dont elles ont besoin aujourd’hui et
demain. Compte tenu du contexte économique, elles recourent abondamment à
l’intérim quand elles ont des besoins ponctuels de main-d’œuvre.”
> Contact : www.moissy-cramayel.fr
Assedic, DDTEFP, Mission locale, pépinière d’entreprises, etc.).
En décembre 2007, a été décidée la
fusion de la Maison de l’emploi et de
la Mission locale en une seule et unique
structure, la Maison de l’emploi et de
la formation de Sénart, “afin d’avoir une
approche territoriale globale de l’emploi
et de la formation pour tous les âges de
la vie et de rationnaliser leurs moyens”.
Au sein de cette nouvelle entité (25 salariés), chaque structure continuera à
assurer sa mission et accueillera également d’autres acteurs du développement local, comme l’Association dialogue Sénart-Val-de-Seine (ADSVS), le
Réseau de parrains pour la création
d’entreprises et l’Université pour tous
(structure nouvelle chargée de la promotion de la formation tout au long de
la vie à Sénart).
Le directeur de la Maison de l’emploi
précise : “Nous réfléchissons, dans le
cadre de notre mission, à offrir aux
Sénartais des opportunités de travailler
dans Sénart. Pour ce faire, nous organisons un Forum des métiers de Sénart3
qui réunit, par thématiques, des entreprises, des organismes de formation.
L’importante réserve foncière de Sénart
– sur un paysage encore presque totalement rural voici seulement dix ans –
permet l’implantation de nombreuses
entreprises, notamment celles de la
logistique. “Actuellement, l’environnement économique de la ville est en train
de se diversifier, avec le projet de création
du Pôle de très haute technologie sur
l’aérodrome de Villaroche. Il regroupera,
autour de la Snecma, des PME aux activités complémentaires, sources d’emplois
qualifiés. Il y a également l’Écopôle de
Sénart (le premier d’Île-de-France), dont
le but est de fédérer sur un site unique
des entreprises dont les activités sont
liées au développement durable , avec la
création d’un Pôle R&D formation”,
ajoute Didier Dugast. Selon le San, en
2015, Sénart comptera 120 000 habitants, 48 000 emplois et 60 000 actifs.
Knock Billy ■
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le dossier
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inffoflash
La ville de Reims développe des formations
pour prévenir les discriminations
La ville de Reims, dont Jean-Louis Schneiter (divers droite) est maire, a développé plusieurs dispositifs de
formation s’inscrivant dans la lutte contre les discriminations, en particulier sur l’“interculturalité”.
endant trois années consécutives
(2003-2004-2005), la ville de
Reims a proposé et organisé une formation sur l’interculturalité”, explique
Francis Oudot, directeur général adjoint
à l’animation et à la cohésion urbaine
de la ville, fondateur et ancien président de l’Association nationale des
directeurs de l’éducation des villes de
France (Andev). Objectifs de cette formation ? Permettre une meilleure
connaissance des réalités des populations issues de l’immigration, identifier
les particularités de leur situation,
acquérir des compétences méthodologiques. “Ces formations ont été ouvertes
aux professionnels de terrain. Une centaine de personnes ont bénéficié de cette
prestation. Une des caractéristiques de
l’opération a été de positionner chaque
module au sein d’un quartier de la ville
afin de susciter les rencontres et les
échanges entre les professionnels
œuvrant sur le même secteur et encourager ainsi le prolongement de l’action.
Le coût a été d’environ 6 000 euros par
an financés dans le cadre du troisème
contrat de ville”, indique Francis Oudot.
“P
Par ailleurs, une formation de lutte
contre les discriminations à l’attention
du personnel de la mairie est en cours
de proposition. “La ville s’est engagée
sur un plan de lutte contre les discriminations, elle doit être exemplaire en
matière d’égalité de traitement. Le personnel de la ville doit savoir communiquer sur la thématique lorsqu’il est en
lien avec des partenaires ou en accueil
du public”, rappelle la mairie de Reims.
Plusieurs modules seront proposés aux
stagiaires : élaboration d’une définition commune de la discrimination au
sens juridique, apport statistique via
les études-testing, connaissance de
l’évolution de la législation en matière
de lutte contre les discriminations,
cadrage des notions (discrimination
directe, indirecte, systémique) à l’aide
de situations types, ou encore un atelier consacré à “l’objectivation des profils de poste et la recherche de compétences dans les processus de recrutement”.
Enfin, Reims met l’accent sur la formation à l’accueil d’enfants en situation de
handicap. “Depuis la loi handicap du 11
février 2005, l’accueil des enfants en
situation de handicap représente une
mission prioritaire pour tous les modes
d’accueil de la petite enfance. La ville de
Reims est elle-même confrontée à cet
accueil spécifique (Atsem, SMA, classes
passerelles, etc.) ainsi que la Caisse des
écoles et bien entendu les associations”,
note Francis Oudot. Pour répondre à cet
objectif et dans le cadre de la mission
de coordination petite enfance dévolue
à la direction de la cohésion sociale, “la
ville de Reims a mis en place une formation en direction des acteurs concernés.
Cette formation se décompose en un
cycle de six jours durant le premier
semestre 2008. Six groupes de 20 personnes ont été constitués, soit au final
120 personnes qui auront bénéficié de
cette prestation”. La formation est assurée par l’Institut national supérieur de
formation et de recherche pour l’éducation et les enseignements adaptés (INS
HEA) au coût de 40 000 euros, avec des
participations partenariales, dont le
Fonds social européen.
Gonzague Rambaud ■
À Nice, les entreprises et les emplois multipliés par quatre
en dix ans dans la zone franche urbaine de l’Ariane
Contrairement à une idée reçue, Nice ne se résume pas à sa mythique promenade des Anglais. Moins favorisés, certains quartiers, à l’instar de l’Ariane, ont été classés en zone franche urbaine, un dispositif offrant
des exonérations fiscales aux entreprises qui s’y installent. La politique de la Ville, dont Jacques Peyrat
(Entente républicaine) est maire, fait le reste.
n dix ans, le nombre d’entreprises
implantées dans la zone franche
urbaine de l’Ariane à Nice (12 000 habitants, dont 34 % de moins de 20 ans) a
ainsi été multiplié par 4,5. 892 entreprises y sont aujourd’hui implantées,
contre 193 voici une décennie. Dans le
même intervalle, le nombre d’emplois
passait de 1 065 à 3 950. Même évolution pour le taux de chômage, supérieur
de dix points à la moyenne de la commune de Nice. En 2004, 1 400 chômeurs
de catégorie 1, 2 et 3 étaient répertoriés,
contre 862 en 2007. 30 % des créations
d’emplois sont issues du bâtiment, 30 %
E
des services, 17 % de l’industrie, et un
peu moins du quart du commerce. La
politique de la ville est menée dans le
cadre de la Communauté d’agglomération de Nice1, qui pilote les plans locaux
d’insertion par l’activité économique
(DDTEFP, Missions locales, ANPE). Outre
des chantiers d’insertion dans les
espaces verts (dix-huit personnes à l’année), le Plie met notamment en œuvre
des formations de coffreurs-bancheurs.
Une dizaine de salariés ont été formés
à ce jour. Plus original, la Canca
(Communauté d’agglomération de
Nice) finance une épicerie sociale dont
les produits sont vendus à 10 % du prix
du marché. Cette structure emploie six
personnes en permanence en équivalent temps plein, et en tout douze
à l’année (à temps complet et partiel).
Autre point fort du dispositif : les
actions de repérage des publics non
identifiés qui ne fréquentent plus les
Missions locales et les ANPE. Sans
oublier l’accompagnement vers la création d’entreprise, avec les réseaux spécialisés tels que la boutique de gestion
basée dans le quartier.
1
www.agglo-nice.fr
David Garcia ■
le dossier
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le dossier
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1
Comité
dauphinois action
socio-éducative.
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Grenoble : des dispositifs porteurs
de nouvelles dynamiques territoriales
Grenoble, dont Michel Destoit (PS) est le maire, est connue pour ses emplois à haute valeur ajoutée liée aux
technologies de l’information et de la communication. Préfecture de l’Isère et deuxième agglomération de
Rhône-Alpes, la ville n’entend toutefois pas délaisser les autres secteurs d’activité.
e seul gage du maintien de l’emploi est la diversité, annonce la
rubrique Emploi et insertion du site
web municipal, et les secteurs plus
traditionnels, qui contribuent à la
qualité de vie et au lien social, doi-
“L
La ville de Grenoble et la Préfecture de l’Isère ont
organisé en juin 2007 une journée spécifique de
recrutement dans un quartier sensible. Parce que les
entreprises et les jeunes en situation précaire ne
sont pas naturellement amenés à se rencontrer, la
Ville a fait appel à l’entreprise de conseil et de formation Nes&Cité1, spécialisée dans le “rapprochement des stratégies économiques et des stratégies
sociales”. Il s’agissait de programmer un événement
d’accompagnement vers l’emploi au sein de
Villeneuve-de-Grenoble, quartier sud de la ville
construit au début des années 1970 et comptant
50 % de logements en habitat social. Avec un taux
de chômage des moins de 26 ans d’environ 30 %, il
apparaissait en effet nécessaire d’accompagner de
manière spécifique les jeunes de ce quartier. Une
opération d’une journée qui nécessite, selon Marie
Tacail, chef de projets Jobs & Cité, deux mois de préparation. Le temps nécessaire pour permettre aux
médiateurs de prendre contact avec les futurs candidats issus du quartier ciblé, avec les entreprises
qu’il faut convaincre avant de récolter les profils et,
enfin, avec l’ensemble des acteurs locaux amenés à
être partenaires de l’opération (ANPE, Mission locale, etc.). Il s’agit d’être prêt pour l’événement qui
prend la forme d’une journée continue au cours de
laquelle les jeunes, épaulés par des conseillers
emploi-insertion, bénéficient d’un entretien individuel de première rencontre d’environ un quart
d’heure avec le responsable RH de l’entreprise. Une
intervention qui a conduit 259 candidats à bénéficier d’environ 500 entretiens accordés par 21 entreprises en une seule journée, et permis de planifier
109 entretiens ultérieurs. D’après Marie Tacail, l’évaluation à trois mois indique 28 contrats signés avec
les entreprises partenaires, auxquels il faut rajouter
une cinquantaine de candidats insérés dans le dispositif “100 chances, 100 emplois”. Des chiffres
jugés encourageants qui entraînent la programmation d’un second “Jobs & Cité” en avril 2008.
1. www.nesetcite.com
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17:06
> i n f f o f l a s h / n ° 7 1 9 - 1 er a u 1 5 m a r s 2 0 0 8
le dossier
vent être soutenus et accompagnés
dans leur développement, pour que la
ville-centre demeure un pôle d’activité vivant et attractif.” Une déclaration d’intention qui dispose d’un
service d’une trentaine de personnes doté d’un budget d’environ
trois millions d’euros, entièrement
dédié à l’insertion et à la formation
professionnelle, mis en place voici
déjà huit ans.
“L’emploi et la formation ne sont pas
de la compétence de la ville”, rappelle
Abde Djellal, adjoint au maire en
charge de l’insertion et de la formation professionnelle, et président de
la Mission locale. “Il ne s’agit pas de
faire à la place des autres, mais de
mettre à profit notre connaissance du
terrain pour jouer un rôle d’interface
entre la population, les entreprises et
les acteurs du service public de l’emploi”. Une dimension de proximité
qui permet d’apporter de la “lisibilité” à des acteurs en demande et
d’exercer un rôle de “coordonnateur”
en matière de dispositifs centrés sur
l’accès à l’emploi. La lisibilité, c’est,
par exemple, “alerter la Région pour
faire évoluer l’offre de formation et la
démarche pédagogique” dans un
souci de cohérence avec les publics
cibles et les besoins locaux en matière d’emploi, “travailler en concertation avec les agences d’interim” pour
orienter au mieux les usagers de la
Mission locale, ou encore “œuvrer
auprès des entreprises pour un reprofilage des profils de poste” qui évite la
surenchère des diplômes sur des
postes peu ou moyennement qualifiés. La coordination, c’est exercer ses
responsabilités d’acteur de terrain
pour initier et accompagner des dispositifs porteurs de dynamiques territoriales d’insertion.
À titre d’exemple, le dispositif “100
chances, 100 emplois” lancé en janvier 2006 pour une durée de trois
ans est l’objet d’un pilotage conjoint
par la DDTE, Schneider Electric et la
Ville de Grenoble. “L’objectif est de
faciliter l’accès à l’emploi durable de
100 jeunes issus des quartiers prioritaires, ne fréquentant plus les structures classiques d’accompagnement
et/ou sortis du système scolaire sans
qualification.” Le dispositif propose
des parcours personnalisés de qualification avec le concours de trente
entreprises engagées sur ce projet, et
fédérées par Schneider Electric. Le
candidat progresse à travers trois
étapes : premièrement, un multirepérage (ANPE, Mission locale,
Codase1, etc.) coordonné par le service insertion de la Ville de Grenoble ;
deuxièmement, un sas de mobilisation spécifique, avec la participation
des entreprises permet de repérer les
motivations, d’aider à la construction
du projet professionnel ; troisièmement, un parcours d’intégration individualisé, via des étapes associant
des entreprises (parrainages, stages,
contrats d’alternance, formations et
école technique de la deuxième
chance Paul-Louis Merlin, etc.). Selon
le dernier bilan réalisé après seize
mois de fonctionnement, le dispositif a touché 51 jeunes, dont 50 % sont
en emploi durable aujourd’hui.
Parmi les autres dispositifs d’insertion et de lutte contre la discrimination à l’embauche initiés et soutenus
par la ville, Abde Djellal cite les opérations “Coups de poing pour l’emploi”, où, là encore, “les entreprises
viennent à la rencontre des candidats
dans les quartiers”, ainsi que des opérations ponctuelles liées à la demande d’une entreprise. Ainsi du forum
SNCF “Égalité & diversité” qui a permis de contacter 270 chercheurs
d’emploi en février, ou d’Alstom, qui
a pu recruter 20 personnes en situation précaire en partenariat avec un
comité de pilotage réunissant la ville
de Grenoble, l’ANPE, l’Assedic, la
Mission locale et les Maisons de
l’emploi de l’agglomération.
Nicolas Deguerry ■
> Contact
www.ville-grenoble.fr