compte_rendu_-_reunion_des_29_et_30_octobre_2012

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compte_rendu_-_reunion_des_29_et_30_octobre_2012
Compte-rendu des échanges des 29 et 30 Octobre 2012
Projet « Access to Rights and Civil Dialogue for All »
Tour de table de présentation :
Jorge de PORTUGAL BRANCO, Sociologue, Service social de l’Ambassade du Portugal
en France.
José CARDINA, Président de la Coordination des Collectivités Portugaises de France
(CCPF).
Marie-Hélène EUVRARD, Conseillère municipale à Brunoy, Vice-présidente de la CCPF.
Luciana GOUVEIA, Cap Magellan.
Kristel LEAL, Présidente de l’association Voix lusophone, étudiante en communication.
Joana CARVALHO FERNANDES, LUSA – Agence de presse du Portugal.
Adelino DE SOUSA, Enseignement du portugais langue étrangère, recherche et enquête sur
l’amélioration de l’enseignement de la langue portugaise en France.
Manuel BARREIRA, Citoyen portugais résidant en France.
Arnaud BREUIL, Directeur de l’ICOSI.
Isabelle CAGNARD, Assistante de l’association ICOSI.
Marie RABOURDIN, Chargée de mission de l’association ICOSI.
Présentation du Programme « Access to Rights and Civil Dialogue for All » Arnaud BREUIL
Il s’agit d’un programme d’échange entre 5 partenaires européens. A l’issue de ces échanges,
le projet doit aboutir à des conclusions et des lignes directrices afin d’organiser des
campagnes de sensibilisation nationales.
L’année 2013 est importante car elle précède l’année où auront lieu les élections européennes
et municipales.
Le but est donc de diffuser des outils auprès des associations représentatives de la
communauté portugaise afin de véhiculer le plus largement possible la notion de citoyenneté
et ses enjeux.
Objectif des deux journées de session de formation-sensibilisation : échanger sur la
thématique de l’engagement citoyen et partager les expériences de chacun dans le but
d’élaborer un plan d’action pour la campagne de sensibilisation nationale.
Histoire de l’immigration portugaise et Etat des lieux de son intégration en
France - Jorge de Portugal Branco (Service social de l’Ambassade)
L’émigration est un phénomène structurel de l’histoire du Portugal qui, depuis plusieurs
siècles, a toujours réglé ses difficultés sociales et économiques par l’exportation de sa main
d’œuvre.
La tendance est forte de croire que les changements radicaux viennent de la chute de la
dictature. Or les changements ont commencé 10 à 15 ans avant la chute de la dictature, dans
les années 60.
Le brassage régional s’est fait dans les années 60 et à la même période, le phénomène d’exode
vers l’étranger s’est également accentué.
-
Le mythe du retour au pays
Par la parcellisation constante de la terre, conséquence d’un système séculaire de répartition
de l’héritage, les primo-migrants portugais des années 60 étaient souvent des petits
propriétaires dont la terre ne suffisait plus à assurer le revenu, essentiellement relevant de
l’autosubsistance.
Ils sont donc venus en France pour épargner avec comme objectif de repartir au Portugal.
Ils se sont installés à la périphérie des grandes villes (où se trouvent les pavillons et la terre) et
non à l’intérieur.
Au départ, la logique d’émigration vers la France était donc une logique temporaire attachée à
la terre. Le projet de vie était le retour au pays.
-
Des systèmes de valeurs et de représentations différents entre le Portugal et la France
La langue n’était pas le seul problème de ces primo-migrants. Pour la moitié d’entre eux,
installés en région parisienne, la difficulté a été davantage de s’adapter aux codes, valeurs,
règles de vie et priorités de leur pays d’accueil.
Les portugais qui se sont installés en province se sont intégrés plus facilement car le mode de
vie était moins différent de ce qu’ils connaissaient.
Le Portugal est un état nation récent. Les systèmes de valeurs et de représentations sont
différents de ceux qui existent en France (la philosophie politique est notamment très
différente en France et au Portugal).
La difficulté d’adaptation a créé pour beaucoup d’entre eux des blessures profondes qui
expliquent leur incapacité à se sentir légitime à participer à la vie politique.
Il y a donc un effort pédagogique à faire dans le cadre de la campagne de sensibilisation de ce
projet européen.
-
Une communauté discrète et peu familière de la démocratie
La République a été implantée au Portugal en 1910, mais un décalage notoire séparait ses
élites, scolarisées et urbaines, de l’ensemble de la population, rurale et plutôt traditionaliste.
Les élites (au pouvoir) avaient une méconnaissance absolue du pays. Le système n’était pas
du tout démocratique car les personnes au pouvoir n’étaient pas élues mais choisies car elles
étaient des notables.
Le Portugal a vu se succéder plus de 10 régimes républicains. Cette instabilité est source de
peur.
Avec l’avènement de Salazar et du Parti unique, faire de la politique devient un risque pour
soi et pour ses proches.
Ce mode de fonctionnement et de réflexion vis-à-vis de la politique est ancré dans les
mentalités des immigrés portugais. Ceci explique la nécessité de les sensibiliser à une
nouvelle vision de la politique afin de faciliter leur intégration citoyenne en France.
Chiffres INSEE (recensement 2009)
Mono portugais : 490 000 (dont 436 902 âgés de plus de 18 ans)
Mono-français : 400 000
Bi-nationaux : 310 000
En 2008, 81 682 mono-portugais étaient inscrits sur les listes électorales municipales.
Si le nombre de mono-portugais inscrits sur les listes électorales est effectivement faible, il est
important de noter que le taux de participation de ceux qui sont inscrits est, lui, relativement
plus élevé que pour la participation aux élections portugaises.
En 2008, lors des élections municipales, 3 265 élus d’origine portugaise (ou ayant un conjoint
portugais) ont été comptabilisés. Parmi ces élus, 181 sont mono-portugais.
On retrouve au sein de ces élus, toute la diversité des portugais en France. Les fonctions des
élus ont très souvent un lien avec leur parcours de migration.
Lignes directrices pour la campagne de sensibilisation :
La campagne de sensibilisation du projet porte sur la participation citoyenne de manière
globale.
En 2014 en France, auront lieu les élections municipales et européennes.
L’angle d’attaque qui sera privilégié dans le cadre de cette campagne sera celui de
l’implication citoyenne au niveau local.
Voici les différentes pistes de réflexions émises lors de la réunion :
• Etablir un argumentaire très concret :
A l’issue de l’ensemble des constations sur les raisons de la non implication citoyenne de la
communauté portugaise en France, il faut s’orienter vers des argumentaires et actions
concrètes. Il faut interpeller la communauté portugaise sur ce qui la touche directement afin
d’attirer son attention.
- les 5 bonnes raisons d’aller voter (à quoi va servir l’argent de vos impôts…)
- donner les informations pratiques nécessaires à l’inscription sur les listes électorales (où,
quand, avec quels documents…)
- liste de questions-réponses : répertorier les questions les plus fréquentes afin de pourvoir y
apporter des réponses et rendre le tout accessible à tous sur un site internet, les réseaux
sociaux…
- déconstruction des idées reçues, des préjugés qu’ont les portugais à propos de la politique :
cette liste d’idées reçues devra également être rendue accessible sur internet.
• Modalités de la campagne de sensibilisation :
- Distribution de flyers
- Réunions d’information
- Présence dans les grands évènements de la communauté (Journées européennes sur le parvis
de l’hôtel de ville (début mai) - 20-21 avril rencontre franco-portugaise de l’Essonne)… A ce
titre, nécessité de demander un calendrier des mouvements associatifs 2013 au consulat.
- Témoignages
- Formation de représentants d’association sur les modalités d’inscription sur les listes
électorales et les questions récurrentes à ce sujet afin qu’ils puissent diffuser une information
pertinente et complète.
• Relais de la sensibilisation :
- Les associations (associations culturelles, étudiantes, de professeurs, d’élus locaux…)
20% (soit 1 million) des portugais fréquentent des associations. Comment toucher les autres ?
- Les médias : spots radio, tables rondes… (Radio : Reims, Clermont, Bordeaux, Lyon, Cergy
(RGB)
- Les réseaux sociaux (facebook, twitter…)
- Les jeunes : Les mono-portugais ont une cinquantaine d’années voire plus. Les jeunes
doivent être un vecteur de sensibilisation de leurs parents (sensibilisation des jeunes par la
culture (concerts, évènements associatifs…).
- les canaux institutionnels :
Collectivités : Solliciter les collectivités où l’on a des points d’encrage pour avoir des salles
où organiser des réunions d’information.
Ambassade
Consulat
Les mairies et les consulats sont les administrations les plus visitées par les immigrés.
- le domaine de l’enseignement :
Professeurs de portugais peuvent diffuser par l’intermédiaire des réunions parents-professeurs
Universités
- Peut être serait il pertinent d’établir une carte nationale des points de diffusion possibles de
la campagne de sensibilisation. L’objectif étant de mettre en contact les différents acteurs
d’une même région et donc d’optimiser l’efficacité de la campagne.
La participation au projet des deux associations d’élus, ACTIVA et CIVICA, est
indispensable pour que ce dernier reste emprunt de neutralité.