la participation de la femme rurale a la vie economique et

LA
LETTRE
DU
CENEAP
Centre National d’Etudes et d’Analyses pour la Population et le Développement
N°49 - Septembre 2002
www.ceneap.com.dz
LA PARTICIPATION DE LA FEMME RURALE A LA VIE
ECONOMIQUE ET SOCIALE
E
n Algérie, l'émergence de la femme
dans la scène économique, en raison
essentiellement à la politique de gratuité
et de généralisation de l'enseignement
ainsi que l'amélioration du niveau
d'instruction des filles scolarisables d'une
part puis l'afflux des femmes sur le
marché du travail formel et informel,
suite aux crises vécues durant la dernière
décennie d'autre part font que la participation de la femme au développement
économique et social est un fait reconnu
depuis longtemps. Mais plusieurs obstacles ralentissent encore cette participation, les contraintes socioculturelles,
l'intensité de la charge des travaux
domestiques, la garde et l'éducation des
enfants ainsi que les avis partagés sur
l'importance de la participation réelle.
Elle se mesure généralement par la proportion de femmes pourvues d'un emploi
ou par la durée de travail.
La nécessité d'une connaissance fine
de cette participation et des multiples
facettes qu'elle peut revêtir sont des conditions sine qua none pour l'analyse du
phénomène et pour la mise en place
d'indicateurs fiables pour connaître avec
précision le budget temps des femmes et
mesurer l'apport qui est le leur au développement économique et social.
Les résultats des études entreprises par
le CENEAP, sont des ordres de grandeur
de l'activité féminine, ils donnent un
éclairage nouveau sur des domaines non
encore investis en Algérie : travaux agricoles, travail artisanal. Ces activités font
ressortir l'importance du rôle de la femme
dans la vie économique et sociale et permettent de réviser à la hausse sa participation à l'édification de l'économie
nationale.
El Hadi Makboul
Directeur Général du CENEAP
L
a participation de la femme au
développement économique et
social suppose la prise en compte de
toutes les catégories de femmes. Il
s'agit de tenir compte aussi bien des
femmes urbaines que des femmes
rurales. Le rôle économique et social
des femmes en milieu rural est de
plus en plus reconnu.
C'est ainsi qu'au sommet mondial de
l'alimentation convoqué par la FAO
en 1996, 186 pays dont l'Algérie ont
reconnu le rôle économique et social
fisantes.
Il faut dire que la femme, elle-même,
ne semble pas mesurer l'importance
de son rôle économique et social.
Elle considère, souvent, que ses
activités agricoles et artisanales sont
le prolongement naturel de ses tâches domestiques. Cette interprétation,
faite par la femme elle-même, de son
rôle dans l'économie familiale, est
accentuée par la nature des critères
habituels d'investigation utilisés par
les services statistiques, et surtout
techniques,
ASPECTS DE LA PARTICIP
qui entreATION DE LA FEMME AU DEVEL- tient
le
OPPEMENT
manque
des femmes rurales. Les délégués
ont reconnu qu'à condition de disposer de possibilités et de ressources suffisantes, les femmes sont des
partenaires jouant un rôle décisif
dans le développement. Leur efficacité, leur dynamisme, leur créativité et leur ouverture à l'innovation
peuvent changer l'issue de la bataille
contre la faim.
Malgré les efforts entrepris pour
la promotion du rôle des femmes
rurales, il demeure vrai, cependant,
que la quantification et la valorisation de leur travail restent insuf-
S
O
M
M
A
I
R
E
d'informations sur sa contribution
réelle à la production agricole et
l'amélioration du revenu du ménage
rural.
Les services de l'Office National
des Statistiques se heurtent au problème de la non déclaration, notamment pour les aides familiales et
ce, pour diverses raisons. Quant
à eux, les services statistiques du
Ministère de l'agriculture se heurtent à un problème de concept et
donc ne prennent pas en compte
une bonne partie de ces femmes
au sein d'une exploitation dans le
-Aspects de la participation de la femme
page 1
- Données sur la situation économique et sociale des femmes
- Mobilité des femmes
page 2
- Accès aux moyens d’information
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- Femmes et biodiversité en Algérie
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L’enquête sur la participation de la femme rurale à la vie économique et sociale est la première du genre en
Algérie. Elle a été réalisée avec un personnel qualifié, à savoir des ingénieurs agronomes ou des vétérinaires,
est la première du genre. Elle a le mérite de nous éclairer sur la situation des
DONNÉES SUR LA SITUfemmes rurales impliquées dans l'agriculture et l'artisanat au niveau des 2 wilayate
ATION ECONOMIQUE ET
de Tizi Ouzou et de Jijel.
SOCIALE DES FEMMES
Les principaux indicateurs révèlent une réelle marginalisation des femmes rurales
RURALES ET LEUR CONpar rapport à leur rôle dans l'utilisation des ressources naturelles et dans l'accès
TRIBUTION AU DÉVELOPPE- aux différents services d'appui. En dépit de cela, ils mettent en évidence la multiMENT: LE CAS DE JIJEL ET activité que les femmes rurales exercent ainsi que l'adaptation de leur production à
TIZI OUZOU
la demande induite par la conjoncture du marché.
La participation de la femme rurale au développement économique et social mérite
d'être mieux appréhendée à travers, notamment, l'extension de l'expérience de Jijel
et Tizi Ouzou à d'autres wilayate à vocation agricole, surtout lorsque l'on sait
la diversité des caractéristiques socio-démographiques et socio-économiques des
populations, en particulier les femmes. En effet, la situation des femmes rurales des zones montagneuses diffère de
celle des zones steppiques ou de celle des zones sahariennes.
La prise en charge de cette préoccupation est inscrite dans le cadre de l'après projet à travers l'extension des
acquis du projet aux grandes zones agro-écologiques du pays.
AGRICULTURE
D'une manière générale, les superficies exploitées des parcelles pour les femmes sont
faibles dans les 2 wilayate.
La destination de la production végétale
27,8% de la production est auto-consommée. La part destinée à la vente seule est
minime (1,3%). La vente et l'autoconsommation à la La contribution des différentes
fois représentent une part importante (70,9%), ce qui activités des femmes enquêtées à
laisse supposer que les femmes rurales de la wilaya de la constitution des revenus
Jijel tirent des revenus de la production végétale.
Dans le cas de Tizi-Ouzou, la plus grande partie de la production végétale est auto
consommée (86,91%). La part destinée à la vente seule est très faible (1,18%).
L'autoconsommation et la vente représentent 11,91%.
Il s'agit pratiquement de petits jardins Destination de la production animale
poatgesr.
La taille des parcelles ne permet pas
de dégager d'excédents destinés à la vente. La taille des ménages induit, par ailleurs,
un nombre élevé de consommateurs très proches du lieu de production.
Type de production
Accès aux services d’appui à la
A Jijel, l'arboriculture et le maraîchage production
de plein
champ sont dominants avec, respectivement,
40,79%
et 38,75% des superficies agricoles de la zone enquêtée, suivis des céréales avec 11%.
Les autres spéculations couvrent ensemble 9,46%.
A Tizi-Ouzou, ce sont les mêmes activités qui dominent avec 57,04% pour le
maraîchage et 38,37% pour l'arboriculture. Ces deux types de production occupent
Les types d’élevage pratiqués
à eux seuls 95,41% des femmes. Les 4,59%
restantes sont occupées dans la production fourragère (exploitation de prairies naturelles) : 3,64%, la céréaliculture : 0,63% et le
maraîchage sous serre : 0,32%.
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N°49 - Septembre 2002
MOBILITÉ DES FEMMES
Concernant la mobilité des femmes
rurales : elles ne se déplacent que par
nécessité. Les déplacements pour raisons de santé sont les plus fréquents,
soit 39,6% et, enfin, pour les courses
qui concernent 18,12%. Les déplacements pour les trois motifs concernent 83% d'entre elles, soit plus de
8 femmes sur 10 ; les autres motifs
de déplacements (vente de production, affaires administratives,…) sont
insignifiants.
ACCÈS
AUX
MOYENS
D'INFORMATION
Plus de la moitié des femmes rurales
de la Wilaya de Jijel privilégient la
télévision nationale comme moyen
d'information (53,46%). Les voisins
viennent en seconde position avec
22,23% et la radio en 3ème position
avec 17,52%. Les manifestations et
cérémonies 2,44%. La presse écrite
n'est pratiquement pas lue ; elle ne
représente que 1,29%. Les autres moyPARTICIPATION AUX
D'UTILISATION DE
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Le déplacement mensuel est le plus
fréquent. Il concerne près du tiers
des femmes (29,60%). Le trimestre
concerne 16,8% des femmes et la
fréquence semestrielle 12,59%. Enfin,
les déplacements dont la fréquence
est hebdomadaire se font par 6,88%
des femmes seulement.
La fréquence des déplacements a
révélé les taux suivants :
29,60% des femmes se déplacent
chaque mois,
16,80% des femmes se déplacent
chaque trimestre,
12,59% des femmes se déplacent
chaque semestre,
6,88% des femmes se déplacent
chaque semaine.
Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, la densité du réseau routier et la disponibilité des moyens de transport public
(surtout du secteur privé) ont largement contribué à faciliter la mobilité
des femmes rurales. Celles-ci sont
globalement libres de se déplacer,
d'autant que 88,74% d'entre elles ne
sont pas des femmes au foyer.
Cependant, elles manifestent peu
d'attrait pour les déplacements jugés
sans utilité. Les principaux motifs de
déplacement sont :
- visites familiales :
34,74%
- soins médicaux :
30,24%
- courses :
6,87%
ens sont négligeables, soit 3,09%.
L'importance du rôle des voisins et des
cérémonies et manifestations (représentant 25,67%, soit une femme sur 4),
nous incite à accorder une attention
particulière à l'animation et à la vulgarisation comme moyen d'information.
En Kabylie, nous observons que près
de la moitié des femmes rurales de
la wilaya privilégient le canal de la
radio pour s'informer (45,67%), suivi
de la TV nationale (39,20%). Ces deux
médias lourds constituent le moyen
d'information préféré de 84,87% des
femmes.
La radio la plus écoutée est la chaîne
II. Les voisins et les manifestations ou
cérémonies constituent des occasions
de s'informer pour 14,20% d'entre elles
avec, respectivement, 10,45% pour les
voisines et 3,75% pour les cérémonies.
Le recours à la presse écrite est pratiquement nul : 0,3%.
Préoccupations et attentes des femmes rurales
DÉCISIONS
L'ARGENT
Près de la moitié des femmes rurales de la wilaya de Tizi Ouzou (49,89%) déclare percevoir elles-mêmes
l'argent issu des produits de leurs activités et utilisent elles-mêmes leurs ressources. Ceci traduit une certaine
autonomie financière des femmes rurales et constitue un aspect important pour la réalisation d'activités
génératrices de revenus ciblant directement les femmes.
Ce pourcentage est plus faible à Jijel : 23% des femmes déclarent percevoir elles-mêmes la rémunération de
leur travail et 57,8% versent leur argent au fonds familial.
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R ÉPARTITION ( EN %)
DES FEMMES QUI
EFFECTUENT DES
TRAVAUX AGRICOLES ,
SELON LA DURÉE DE
TRAVAIL QUOTIDIEN ET
LA DURÉE DE
L ’ EXERCICE DE
L ’ ACTIVITÉ DANS
Initié par le biais d’une association,
le projet soutenu par le Ministère de
l’Aménagement du Territoire et de
l’Environnement, constitue une première expérience dans l’habilitation de la femme rurale et la promo-
FEMMES ET BIODIVERSITE EN ALGERIE
LA REVUE
DU CENEAP
OBJECTIFS DU PROJET
Recensement et valorisation des
connaissances et les activités rurales traditionnelles des femmes et les intégrer
à des pratiques de développement améliorées dans les domaines de la conservation de la biodiversité.
ZONE
- Oued Taga, une zone de hautes et
moyennes altitudes sur le chaînon septentrional du massif des Aures.
CARACTERISTIQUES
- Diversité des conditions physiques,
écologiques et socioéconomiques
- Survivance d'activités rurales et pratiques écologiques traditionnelles liées à
la femme
- Zones capables de se régénérer si elles
sont efficacement gérées.
PRINCIPALES ACTIVITES
- Agriculture traditionnelle de subsistance
- Elevage ovin et bovin
RESULTATS
- Promouvoir l'intégration du savoirfaire des femmes sur la diversité
biologique dans des projets de gestion
durable des ressources naturelles.
- Améliorer les revenus des femmes
- Sensibiliser les femmes à la valeur
de la conservation de la diversité
biologique.
PLAN D'ACTION
IGUELMAMENE :
- Mise en valeur de 2 hectares en amélioration foncière et création d'un verger
à sec.
- Dispositif anti-érosif en pente avec
plantation d'arbres rustiques.
KACHOU :
- Mise en valeur avec plantation
d'espèces rustiques sur 2 hectares
- Cultures fourragères sur 1 hectare.
PUBLICATIONS DU CENTRE
Genre et développement en Algérie
Mondialisation et réformes économiques en Algérie
Femmes rurales et développement
L’analphabétisme en Algérie en référence aux Pays
Arabes
Le filet social en Algérie
SOUS PRESSE:
N° 21 : Evolution de l’emploi en Algérie
N° 22 : La pauvreté en Algérie: Evolution et tendances
N° 24 : La décentralisation et la bonne administration
N°27 : Décentralisation et organisation territoriale
CENTRE NATIONAL D’ETUDES ET D’ANALYSES POUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT
98, Route Nationale N°1. Birkhadem BP 34
Tél: 213 (21) 54 29 82 & 54 29 83; Fax: 213 (21) 54 21 49
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