Déclaration de Dakar - Organisation internationale de la Francophonie

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Déclaration de Dakar - Organisation internationale de la Francophonie
XVe Conférence des chefs d’État et de gouvernement
des pays ayant le français en partage
Dakar (Sénégal), les 29 et 30 novembre 2014
Déclaration de Dakar
Préambule
1.
Nous, Chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, réunis
les 29 et 30 novembre 2014, à Dakar, à l’occasion du XVe Sommet de la Francophonie,
2.
Saluant la tenue de cette rencontre, pour la deuxième fois au Sénégal, et confirmant la
place privilégiée qu’occupe l’Afrique au sein de la communauté francophone ainsi que
le rôle important qu’elle est amenée à jouer, avec les autres régions, face aux défis
actuels de notre espace commun ;
3.
Réaffirmant notre engagement en faveur de la paix, de la démocratie, des droits de
l'Homme, de la sécurité, de la bonne gouvernance et du développement durable, ainsi
que notre attachement au respect des instruments de référence de la Francophonie
que sont la Déclaration de Bamako et celle de Saint-Boniface ;
4.
Réaffirmant également notre attachement à la langue française, socle de la
Francophonie, dont la promotion doit être assurée dans tous les champs d’action, ainsi
qu’à la diversité des expressions culturelles et linguistiques, à l’éducation, à la formation
professionnelle et technique, à l’enseignement supérieur et à la recherche, dans une
constante solidarité agissante ;
5.
Conscients de la place et du rôle croissant des femmes et des jeunes dans tous les
domaines de la vie politique, économique et sociale, ainsi que des enjeux qu’ils
représentent pour le présent et l’avenir de l’espace francophone, notamment en Afrique,
malgré les difficultés auxquelles ils sont souvent confrontés ;
Décidons de consacrer ce XVe Sommet aux :
« Femmes et Jeunes en Francophonie :
vecteurs de paix, acteurs de développement »
I.
6.
Femmes et Jeunes : vecteurs des valeurs francophones
Réitérons notre engagement au renforcement de l’usage de la langue française,
véhicule des valeurs portées par la Francophonie, au moyen d’actions renforcées en
faveur de sa présence et de sa consolidation sur la scène internationale, notamment
par l’application du vade-mecum adopté au Sommet de Bucarest, et dans le respect du
multilinguisme. À cet égard, reconnaissons que l’éducation doit rester au cœur de la
politique intégrée de promotion de la langue française adoptée au Sommet de Kinshasa et
des pactes linguistiques. Demandons à l’Organisation internationale de la Francophonie
(OIF) et aux opérateurs de veiller à la réalisation de ces politiques, en application du
Cadre stratégique de la Francophonie 2015-2022, adopté par ce Sommet ;
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7.
Exprimons notre vive préoccupation face à la persistance des violations des droits de
l’Homme et du droit international humanitaire, en particulier à l’égard des femmes et
des enfants dans l’espace francophone, notamment dans les pays en crise ou en sortie
de crise. Nous engageons à intensifier notre appui en faveur de ces États dans le
processus de restauration de l’État de droit et de réconciliation nationale, qui prend en
compte la complexité des situations et les perspectives des femmes et des jeunes.
Encourageons, à cet égard, le renforcement du partenariat entre l’OIF et le Hautcommissariat des Nations unies aux droits de l’Homme et saluons la signature en mai
2014 de l’accord de coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge ;
8.
Restons mobilisés dans la lutte contre l’impunité afin que les personnes soupçonnées
de crimes soient jugées et que les victimes accèdent librement à la justice et obtiennent
réparation. Soulignons, à ce propos, l’importance de coopérer avec la justice pénale
internationale et de faciliter le développement des procédures de coopération judiciaire
entre les États, indispensable à la poursuite des auteurs des crimes les plus graves ;
9.
Saluons l'action de la Francophonie en matière de gestion des crises et de règlement
des conflits, qui fait d'elle un acteur majeur de la communauté internationale, et
demandons au Secrétaire général de renforcer les initiatives destinées à prévenir les
conflits, en particulier le passage de l'alerte précoce à la réaction rapide, tel que
recommandé par le panel d'experts de haut niveau institué en 2010. À cet égard, nous
mobiliserons ensemble aux niveaux national et international, pour la participation pleine et
entière des femmes et des jeunes aux mécanismes de prévention, de gestion et de
règlement des conflits par leur implication dans les processus de négociation et de
signature des accords de paix ;
10.
Nous engageons à renforcer notre participation dans les opérations de maintien de la
paix, en particulier dans l’espace francophone, à travers une mobilisation accrue de
personnels et la promotion de francophones, y compris de femmes, aux postes de
commandement. Appelons à une large mobilisation internationale pour accroître la
prévisibilité du financement des opérations de paix, notamment africaines ;
11.
Condamnons fermement toute forme de violence envers les femmes et les enfants et
réaffirmons la nécessité de renforcer la lutte contre leur exploitation et leur utilisation
dans les conflits armés. Restons mobilisés pour mettre un terme à toute forme de violence
à leur égard, y compris les violences sexuelles, et pour appliquer de façon effective le plan
d’action francophone sur les violences faites aux femmes et aux filles adopté en 2013 ainsi
que les conventions régionales et internationales pertinentes ;
12.
Réaffirmons notre détermination commune à prévenir et à lutter contre toutes les
menaces transversales compromettant la paix, la sécurité et la stabilité, particulièrement
le terrorisme, la criminalité organisée, la piraterie, le trafic de drogue et de personnes et
la corruption ;
13.
Condamnons le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations et
réaffirmons que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables. Réitérons
notre soutien indéfectible aux pays qui combattent le terrorisme, notamment au Sahel
et au Moyen-Orient. À cet égard, décidons de renforcer notre action face à ce danger
qui pèse sur la paix et la sécurité internationales et d'accompagner les efforts de
sécurisation des frontières et de coopération internationale et régionale pour lutter
contre l'implantation des réseaux terroristes et de criminalité transfrontalière. Soulignons
que les partenariats nécessaires pour faire face à ce fléau doivent aussi mettre l'accent
sur la formation et sur l'échange de renseignements. Appelons à des réponses juridiques
nationales et internationales adéquates qui mettent fin à l’impunité dont pensent bénéficier
les membres de ces groupes terroristes ;
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14.
Réaffirmons la nécessité d’enraciner une culture démocratique, d’asseoir la légitimité
des institutions et de créer les conditions d’une vie politique apaisée. Demandons à
l’OIF, avec le soutien de ses réseaux institutionnels, de renforcer son action en matière
d’accompagnement des processus démocratiques, en particulier l’appui à l’organisation
à échéances régulières d’élections libres, fiables, transparentes et inclusives, et à la
consolidation du dispositif légal et institutionnel dédié aux élections ;
15.
Soutenons que pour renforcer la culture démocratique, les jeunes doivent être éduqués
et formés dans un esprit de paix, de justice, de respect des droits de l'Homme, de
tolérance, de liberté, d’égalité, de civisme, de dialogue et de compréhension mutuelle.
Décidons, à cette fin, de renforcer notre action sur tous les moyens d'éducation, en
particulier en faveur de l'éducation à la citoyenneté, incluant la culture de paix ;
16.
Saluons les progrès accomplis dans le domaine des droits et de l’autonomisation des
femmes, en notant, toutefois, les immenses défis qu’il reste à relever pour atteindre
l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, et pour éliminer les discriminations, les
mariages d’enfants, mariages précoces et mariages forcés, ainsi que les violences
conjugales. Condamnons fermement ces pratiques et réaffirmons notre commune
détermination à renforcer la lutte contre ces fléaux par, notamment, le partage
d’expériences et de bonnes pratiques ainsi que l’inclusion de cet enjeu dans le Programme
de développement pour l’après-2015 ;
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Saluons la coopération entre l’OIF et ONU-Femmes, la constitution de réseaux
francophones en faveur de l’égalité femme-homme ainsi que l’élaboration et la mise en
œuvre de stratégies nationales pour la promotion de cette égalité. Demandons à l’OIF, à
l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et aux opérateurs de renforcer
leurs actions dans ce domaine et d’assister les États et gouvernements membres qui en
ont besoin dans l’élaboration de stratégies nationales pour l’égalité femme-homme et
dans la mise en conformité des textes législatifs et réglementaires nationaux avec les
instruments internationaux ratifiés ;
17.
Nous engageons à soutenir toute initiative, notamment législative, visant à accroître la
participation des femmes et des jeunes aux instances de décision, à la gouvernance
locale et à la vie politique. Adopterons et conforterons des mécanismes encourageant
la parité à court terme au sein des diverses instances décisionnelles politiques et
économiques de nos États et gouvernements ;
18.
Reconnaissons la contribution constante et salutaire de la société civile, en particulier
des défenseurs des droits de l’Homme, en faveur de la promotion et de la protection
des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, notamment pour les femmes et
les jeunes. Décidons d'apporter à la société civile un soutien renforcé dans l'exercice
de ses activités et d'en faire un partenaire essentiel dans la consolidation de la démocratie
et de l’État de droit ainsi que dans la promotion d’un développement durable et solidaire ;
19.
Réitérons notre appel lancé au Sommet de Kinshasa en vue de l’adoption et de
l’application de normes mondiales et de législations nationales définissant les principes
d’une protection effective des données personnelles. Saluons la déclaration du 24 avril
2014 issue du Forum international de São Paulo et faisons nôtres les principes qu’elle
proclame pour l’avenir de la gouvernance mondiale d’Internet ;
20.
Réitérons notre engagement à renforcer les concertations francophones dans les
enceintes internationales. Chargeons, notamment, les ministres des Affaires étrangères de
poursuivre la rencontre francophone périodique en marge de l'Assemblée générale des
Nations unies à New York et à l'occasion du segment de haut niveau du Conseil des droits
de l'Homme des Nations unies à Genève sur des thèmes relatifs à l'état de la démocratie,
des droits et libertés dans l'espace francophone. Encourageons également la tenue de
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consultations, comme dans le cadre des groupes d’ambassadeurs francophones, partout
où ils existent, pour une action plus concertée ;
21.
Condamnons fermement toutes les formes de violence exercées contre les journalistes
et les professionnels des médias, et nous engageons à leur assurer une protection
effective. Réaffirmons notre volonté de garantir la liberté de la presse ainsi que le
pluralisme des médias et de veiller à la mise en place et au fonctionnement de
mécanismes indépendants de régulation et d’autorégulation des médias ;
22.
Soutenons les efforts qui contribuent à la recherche d’une paix juste, durable et globale
au Moyen-Orient, permettant notamment l’existence de deux États, la Palestine et Israël,
vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, à l’intérieur de frontières internationalement
reconnues. Elle devra être fondée sur les résolutions 242, 338, 1397 et 1515 du Conseil
de sécurité, les termes de référence de la Conférence de Madrid, la Feuille de route du
Quartet et l’Initiative de paix arabe, telle qu’adoptée au Sommet de Beyrouth. Appelons les
parties à reprendre les négociations directes pour parvenir à la solution des deux États ;
À cet égard, réaffirmons le droit à l’autodétermination des peuples sous occupation
étrangère et demandons aux puissances occupantes de se conformer au droit
international et de respecter le droit international humanitaire, notamment la 4e Convention
de Genève de 1949 ;
Appuyons les conclusions de la Conférence du Caire pour la Palestine et la
reconstruction de Gaza. Affirmons que la reconstruction est indissociablement liée à un
cessez-le-feu durable et à un plein exercice de souveraineté de l’Autorité palestinienne
sur la Bande de Gaza ainsi qu’à l’ouverture des points de passage assurant la liberté
de mouvement entre Gaza et Israël. Appelons les pays donateurs à honorer leurs
engagements financiers, déclarés au cours de la Conférence du Caire, pour accompagner
le gouvernement palestinien ;
Appelons à la mise en œuvre des résolutions et des plans d’action des conférences
d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) sur le MoyenOrient et demandons à toutes les parties de prendre les mesures nécessaires en vue
de créer, dans la région, une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive ;
II.
La Francophonie et les défis de l’emploi, de l’insertion des Jeunes et de
la valorisation du rôle des Femmes comme actrices de développement
23.
Sommes conscients que l’accès à un emploi décent et la protection sociale constituent
un droit fondamental. Nous engageons en conséquence, conformément aux principes qui
guident notre communauté, à promouvoir sans cesse un développement durable,
équilibré et inclusif, en vue d’une plus grande cohésion sociale ;
24.
Convenons que sans une éducation de qualité, inclusive et accessible à tous dans un
contexte de sécurité, la réduction des disparités, l’autonomisation des femmes et la
question de l’emploi des jeunes ne peuvent faire l’objet d’une prise en charge satisfaisante.
Nous engageons à promouvoir une éducation et une formation professionnelle et
supérieure en adéquation avec les besoins spécifiques en emploi, tout en veillant à
contribuer à la nécessaire abolition des pires formes de travail des enfants. Demandons à
l'OIF, à la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la
Francophonie (Confémen) et aux opérateurs, dont l’Université Senghor d’Alexandrie, de
mobiliser leurs réseaux pour renforcer l'offre de formation professionnelle et technique
adaptée ;
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25.
Décidons de renforcer et de pérenniser l’action de la Francophonie, en particulier celle
de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), dans le domaine des formations
ouvertes à distance (FOAD) ainsi que dans l’offre de cours en ligne ouverts et massifs
(CLOM), pour un meilleur accès au savoir et au savoir-faire, notamment dans les pays
en développement ;
26.
Adoptons la Stratégie jeunesse de la Francophonie et nous engageons à renforcer la
mise en œuvre de nos politiques publiques en faveur des jeunes. Saluons la création
de la plateforme francophone des jeunes et invitons l'OIF, les opérateurs et la
Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports de la Francophonie (Conféjes) à
entreprendre d’autres initiatives visant une meilleure prise en charge des défis de la
jeunesse ainsi qu’une mutualisation et une rationalisation des actions ;
27.
Décidons de renforcer l’action économique dans l’espace francophone ainsi que la
coopération et la solidarité en faveur de l’insertion des jeunes et des femmes. À cet
égard, adoptons la Stratégie économique pour la Francophonie et encourageons
l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies d’accompagnement de l’entrepreneuriat
des jeunes et des femmes, créatrices de richesses. Nous engageons à mettre en place
les réformes nécessaires permettant aux femmes et aux jeunes d’accéder aux
ressources économiques et de bénéficier du droit à la propriété, à l’héritage et à la
terre. Demandons à l’OIF et aux opérateurs de renforcer leur action, notamment dans
les domaines de l’énergie, de l’innovation et de la création numérique, artistique et
culturelle, ainsi que dans d’autres secteurs porteurs également d’emplois, tels que
l’agriculture, et de faciliter le passage harmonieux de l’économie informelle à l’économie
formelle. Veillerons à faciliter la mobilité des entrepreneurs, des femmes et des jeunes ;
28.
Soulignons le rôle important que doit jouer le secteur privé dans la mise en œuvre de
la Stratégie économique pour la Francophonie, notamment dans ses aspects de promotion
du français comme langue de travail et vecteur de croissance économique. Demandons à
l’OIF et aux opérateurs de se mobiliser, aux côtés des États et gouvernements, pour la
promotion de cette stratégie auprès du secteur privé et de la société civile afin de
contribuer à son appropriation et à sa mise en œuvre. Soulignons la nécessité d’instaurer
des conditions favorables à l’investissement ;
29.
Encourageons la Francophonie, conformément à la Stratégie économique adoptée par ce
Sommet, à renforcer sa coopération avec les communautés économiques régionales pour
contribuer à l’intégration régionale, qui constitue un levier d’élargissement des marchés, de
dynamisation de l’économie et de création d’emplois. Demandons, à cet effet, à l’OIF, aux
opérateurs et aux réseaux institutionnels de veiller à une mise en œuvre efficiente de la
Stratégie économique pour la Francophonie, en mettant en exergue les valeurs de
solidarité et de partage ainsi que les actions ayant un impact direct sur les populations.
Mandatons nos ministres en charge de l'Économie et des Finances de faire le point sur la
mise en œuvre de la Stratégie économique pour la Francophonie lors de la concertation
francophone en marge des assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du
Fonds monétaire international ;
30.
Nous mobiliserons pour la réalisation d’une croissance inclusive dans l’agenda du
développement pour l’après-2015 et la prise en compte des priorités de la jeunesse.
Soutenons, à ce propos, toutes les stratégies pertinentes porteuses d’emplois, en tenant
compte des spécificités au sein de l’espace francophone, notamment le plan stratégique
2014-2017 du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) autour
des priorités de la jeunesse, de la réduction des inégalités sociales, de la bonne
gouvernance, des infrastructures, de la gestion des ressources naturelles et de l'intégration
régionale ;
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31.
Réitérons notre attachement à la démarche francophone de développement de la
coopération tripartite adoptée au Sommet de Kinshasa, et appelons l'OIF et les
opérateurs à renforcer leurs actions dans sa mise en œuvre, afin de contribuer par des
initiatives conjointes et mutualistes au développement durable et équitable dans l’espace
francophone ;
32.
Encourageons les initiatives prises dans l’espace francophone en faveur de la créativité
et de l’innovation, vecteurs de croissance et de développement durable, tel le Réseau
francophone de l’innovation (Finnov), et saluons la tenue de la deuxième édition du
Forum mondial de la langue française à Liège en 2015, sur le thème de la francophonie
créative ;
33.
Demandons à l’OIF et aux opérateurs de poursuivre la mise en œuvre de la Stratégie
de la Francophonie numérique, adoptée en 2012 au Sommet de Kinshasa, par des
projets d’accompagnement qui permettent aux jeunes et aux femmes de saisir les
opportunités d’emploi, d’innovation et de création qu’offre une société numérique ouverte,
inclusive et solidaire. Soulignons l’impact considérable des technologies numériques sur
l’environnement culturel et la nécessité d’en tenir compte dans nos politiques nationales et
dans nos activités de coopération, en lien avec la mise en œuvre de la Convention sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’Unesco basée sur
la neutralité technologique ;
34.
Sommes conscients du rôle joué par notre opérateur télévisuel, plus particulièrement
auprès de nos jeunes et de nos femmes, et de sa contribution au rayonnement de la
langue française et de la diversité culturelle. Réitérons notre engagement à assurer l’accès
à TV5 sur les principaux supports de distribution, y compris la télévision numérique
terrestre ;
III.
Femmes et Jeunes dans les politiques publiques de santé et de
développement durable
35.
Réaffirmons notre engagement à intensifier nos efforts dans la mise en œuvre des
objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) afin de renforcer les résultats d’ici
2015, en particulier sur l’égalité femme-homme et l’autonomisation des femmes. Nous
mobiliserons pour l’adoption du Programme de développement durable pour l’après-2015
visant l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement durable, en tenant
compte des Principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme. Saluons
le rapport adopté par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement
durable (ODD). Demandons à l'OIF de poursuivre ce processus et de s'engager, dans
le cadre des ODD, pour une approche pluridimensionnelle d’un développement humain
et durable ;
36.
Mesurons l’enjeu vital que représente la santé dans la protection et la préservation de
l’humanité, et nous engageons à intégrer la dimension santé dans toutes nos politiques
publiques, y compris les politiques d’éducation à la santé, en tenant compte des
spécificités des jeunes et des femmes ;
37.
Estimons nécessaire de concevoir et de mettre en œuvre des programmes d’éducation
sexuelle et reproductive relatifs notamment au SIDA et aux services de santé sexuelle
et reproductive, en impliquant tous les acteurs concernés, y compris les jeunes euxmêmes. Soulignons qu’il est essentiel de faire évoluer les comportements, de renforcer
l’aptitude des femmes à prendre des décisions et de favoriser l’instauration de relations
respectueuses entre les hommes et les femmes ;
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38.
Demandons au Secrétaire général d’élargir son action de plaidoyer dans le domaine de
la santé et à l’OIF de renforcer ses initiatives sur la scène internationale pour une
meilleure coordination et une prise en charge adéquate, avec les moyens requis, des
affections sanitaires auxquelles les femmes et les jeunes sont aussi vulnérables, telles
que les grandes pandémies, en l’occurrence le SIDA, la tuberculose, le paludisme, les
maladies tropicales négligées, ainsi que les maladies non transmissibles et celles liées
à la consommation de substances addictives. À cet effet, invitons l’OIF à nouer ou
renforcer des partenariats, en particulier avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
et les programmes et mécanismes en matière de santé ;
39.
Exprimons notre profonde préoccupation face à l’épidémie de fièvre hémorragique à
virus Ebola et à son impact tragique dans certains pays africains. Réaffirmons toute
notre solidarité envers les pays affectés et notre détermination à lutter contre la
stigmatisation des personnes infectées. Appelons la communauté internationale à
accroître sa mobilisation pour éradiquer cette épidémie qui constitue une urgence de santé
publique de portée internationale ;
40.
Convenons que l’accès universel aux soins de santé de qualité constitue une exigence.
Nous mobiliserons, aux niveaux national, régional et international, en faveur de la
couverture maladie universelle. Demandons, à cette fin, à l'OIF de mobiliser ses réseaux
et de constituer un cadre de coopération et de partage d’expériences pour permettre,
notamment aux pays en développement, d’accélérer la transition vers une couverture
maladie universelle ;
41.
Rappelons notre engagement, lors du Sommet de Montreux, pour le renforcement de
la coopération entre les États et gouvernements afin d’éradiquer le fléau des faux
médicaments et des produits médicaux falsifiés et de lutter avec une détermination
accrue contre le trafic de ces produits, qui nuisent avant tout aux populations les plus
défavorisées. Nous engageons à mutualiser nos efforts pour faciliter l'accès aux
médicaments de qualité et pour pallier le déficit des infrastructures et des plateaux
techniques sanitaires, ainsi que l’insuffisance de personnels qualifiés dans les pays en
développement ;
42.
Réitérons notre volonté, marquée au Sommet de Montreux, de réduire la mortalité
infantile et d’améliorer la santé maternelle. Nous mobiliserons, à cet effet, pour le
renforcement de la mise en œuvre de la Stratégie mondiale pour la santé adoptée en
2010 et pour que la santé des mères et des enfants demeure une priorité dans le cadre
du développement pour l’après-2015 ;
43.
Considérons que la culture est un vecteur de cohésion sociale et de dialogue ainsi
qu’un catalyseur de créativité, d’innovation et de développement économique. Saluons
les actions de l’OIF pour la reconnaissance de l’importance de la culture dans le
développement durable et nous engageons en faveur de l’inclusion de la dimension
culturelle au cœur des objectifs de développement durable ;
44.
Encourageons l’expression d’une vision francophone dans la perspective de la
Conférence des Nations unies sur les établissements humains (Habitat III) en 2016,
afin d’y promouvoir l’adoption d’une stratégie intégrée de planification et de construction à
long terme des villes et des établissements humains. Nous engageons à renforcer la
concertation aux niveaux national et local, à favoriser la mise en œuvre de plans intégrés
de développement urbain durable innovants qui permettent la résilience au changement
climatique et privilégient des modèles alternatifs adaptés aux ressources locales.
Appelons à une meilleure prise en compte du rôle des femmes et des jeunes dans les
politiques urbaines et reconnaissons que l’accès à un logement décent leur offre des
conditions propices à la réussite et a un impact positif en matière de santé et d’éducation.
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Soutenons la protection et la valorisation du patrimoine culturel dans la perspective
d’un aménagement équilibré des espaces urbains, indissociable du développement
durable et créatif des villes. Demandons à l’Association internationale des maires
francophones (AIMF) de continuer à accompagner les responsables locaux dans la
définition de leur politique urbaine ;
45.
Restons préoccupés par les graves menaces qui pèsent sur notre environnement.
Réaffirmons l’importance de la préservation de la biodiversité et des écosystèmes, y
compris marins et côtiers, et de la lutte contre le trafic et le braconnage d’espèces
menacées. Réitérons notre volonté de soutenir le développement équitable et durable
basé sur une « économie verte », en privilégiant une utilisation rationnelle des ressources
et le recyclage optimal des matériaux utilisés, conformément au concept d’économie
circulaire. Veillerons à mettre en commun nos expériences et nos expertises face à cet
enjeu ;
46.
Soulignons les conséquences dramatiques des changements climatiques, notamment
sur la santé, les ressources terrestres et marines, l’accès à l’eau, la production et la
sécurité alimentaires. Reconnaissons qu’elles exacerbent la vulnérabilité, des femmes
et des jeunes en premier lieu, et menacent de porter atteinte aux acquis du
développement et d’entraver la prospérité économique, en particulier dans les pays
africains et les pays insulaires en développement. Sommes conscients que l’objectif
est de limiter l’augmentation moyenne de la température mondiale en dessous de 2°C
par rapport au niveau pré-industriel et décidons à cet effet de nous mobiliser en vue
d’un accord universel et ambitieux pour lutter efficacement contre les dérèglements
climatiques, en 2015 à Paris, à l’occasion de la 21e Conférence des Parties (CdP 21) à
la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Réaffirmons
aussi l’objectif de rehausser le niveau d’ambition d’ici 2020 ;
47.
Confirmons l’engagement, que nous avons pris lors de la CdP 19, de présenter nos
contributions nationales bien avant la CdP 21 et appelons tous les autres pays à faire
de même ;
48.
Rappelons la nécessité d’accompagner les pays dans des trajectoires de développement
sobre en carbone et résilient au changement climatique. Soulignons que pour lutter contre
les changements climatiques, il est important de développer le renforcement des
capacités, de favoriser les transferts de technologies et de mobiliser les financements
adéquats en faveur, notamment, des pays en développement. Accueillons favorablement
l’adoption des règles de fonctionnement du Fonds vert pour le climat et soulignons
l’urgence de le rendre opérationnel afin de soutenir des projets concrets d’atténuation des
changements climatiques et d’adaptation des pays en développement à ces dérèglements,
particulièrement dans la lutte contre la déforestation, la désertification et pour le
développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ;
Rendons un vibrant hommage à notre Secrétaire général, le Président Abdou Diouf, digne
héritier du Président Léopold Sédar Senghor, pour son apport précieux à la construction et au
rayonnement de la Francophonie institutionnelle, devenue aujourd’hui un acteur important
des relations internationales ;
Réaffirmons notre foi en nos idéaux et notre détermination à mettre en œuvre les décisions
du Sommet. Nous engageons à renforcer notre solidarité avec l’Afrique, continent porteur
d’espoir, dans son élan vers un avenir meilleur. Renouvelons notre confiance aux femmes et
aux jeunes de notre espace, vecteurs de paix et acteurs de développement, et demandons à
l’OIF de continuer à faire entendre leur voix face aux défis mondiaux.
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