France : La SNCF anticipera l`ouverture à la concurrence Source

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France : La SNCF anticipera l`ouverture à la concurrence Source
LES ECHOS, 22/06/2016
France : La SNCF anticipera l'ouverture à la concurrence
Source REUTERS
Guillaume Pepy ne veut pas attendre les dates limites. La SNCF veut éviter les déboires du fret ferroviaire.
Son président veut développer les voyages à bas prix.
PARIS, 22 juin (Reuters) - La SNCF anticipera par des expérimentations l'ouverture à la concurrence du trafic
ferroviaire passagers en Europe, a déclaré mercredi son président, Guillaume Pepy.
L'Union européenne a fixé des dates limites pour cette généralisation du transport ferroviaire : fin 2019 pour
les lignes régionales de type TER ou Transiliens et fin 2021 pour les lignes à grande vitesse de type TGV.
"Je suis absolument certain que la France n'attendra pas les dates limites. Ça serait préférer une sorte de
basculement brutal", a déclaré Guillaume Pepy à l'Association des journalistes économiques et financiers
(AJEF).
"Ce qui va se passer, c'est une période d'expérimentation qui va consister à regarder ce que cela apporte au
consommateur, quelle régulation il faut avoir et est-ce que le train en France se porte mieux avec la
concurrence", a-t-il ajouté.
Selon lui, ces expérimentations pourraient se dérouler sur les années 2017-2018-2019. Il souhaite éviter les
déboires du trafic marchandise, ouvert à la concurrence depuis 2007.
"On a vu dans le domaine du fret une bascule brutale : jusqu'à mars 2007 monopole, 1er avril 2007 mise en
concurrence de la veille au lendemain", a-t-il rappelé.
"Le résultat n'est pas brillant : il n'y a pas un train de fret de plus en France et nous, on a perdu un tiers de
notre marché au profit du privé", a-t-il ajouté. "C'est un échec."
Il estime qu'un des principaux concurrents sera l'opérateur internet américain Google, d'où le lancement par
la SNCF d'une application, "ID Pass", permettant aux usagers de gérer à partir de leur téléphone portable
leurs transports, du train au VTC en passant par l'Autolib ou la location de voiture.
L'OBSESSION DU "LOW COST"
"Si nous ne faisons pas ça, il y aura un jour un Google Rail", prédit Guillaume Pepy, qui se dit également
"obsédé" par le "low cost", le train à bas prix.
"Je suis persuadé que le low cost va être un très grand succès dans le ferroviaire", explique-t-il. "Nos client
se fichent pas mal de savoir dans quel mode de transport ils voyagent : ils veulent du prix, du prix, du prix,
de la simplicité et que ça soit fluide. Après, si c'est écologique c'est mieux. Donc nous on ne fera jamais
d'avion."
La SNCF a engagé il y a deux ans cette offensive commerciale en lançant la gamme Ouigo, qui a permis, selon
l'entreprise, à six millions d'usagers de voyager à grande vitesse à petit prix.
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L'objectif déclaré du lancement de cette offre est de rendre difficile le positionnement des futurs concurrents
de la SNCF sur ce créneau "low cost" en France.
"On essaye de tirer les leçons de l'expérience d'Air France : il faut faire Transavia et Easyjet dès le début pour
éviter qu'un futur Easyjet du rail vienne nous balayer", explique Guillaume Pepy, qui réfléchit également au
lancement d'un produit à bas prix pour les trains régionaux.
Pour le reste, il estime que la Deutsche Bahn allemande et la Trenitalia seront probablement parmi les futurs
concurrents de la SNCF pour les transports de voyageurs sur les grandes lignes, de même, sans doute, qu'une
future compagnie privée.
Pour les déplacements de masse locaux, il a cité Transdev, la filiale de la Deutsche Bahn Arriva, celle des
chemins de fer néerlandais Abellio ou l'entreprise chinoise de Hong Kong MTR.
"La France est un pays où il y a de très belles infrastructures de transports. Donc il y aura une concurrence
très belle", a souligné le président de la SNCF.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)
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