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DOSSIER
Six règles d’excellence
pour bâtir son workflow
Un outil de workflow
est un moyen efficace
pour rationaliser la gestion
de ses processus métier.
Pour autant, le choix d’une
telle solution doit respecter
de nombreux critères.
Sans oublier les contraintes
connexes d’un tel projet,
qu’elles soient purement
techniques ou d’ordre social.
L
a plupart des multinationales hexagonales de la
banque et de l’assurance
sont déjà équipées de moteurs de workflow, essentiellement sous la pression de leurs
filiales étrangères. Mais l’industrie et l’administration française
restent globalement à la traîne.
« Les Français sont en retard par
rapport aux Britanniques, aux
Néerlandais, et aux pays nordiques en général », assène Martin
Ader, directeur du cabinet de
conseil Workflow & Groupware
Stratégies. Du côté de l’offre en
revanche, les choses bougent :
des jeunes pousses se créent tous
les mois, et plusieurs centaines
de produits de gestion de processus métier sont aujourd’hui
disponibles.
Les entreprises utilisatrices ne
pourront donc pas demeurer
éternellement à l’écart des technologies de gestion des processus. Pour des raisons simples,
comme la généralisation d’icel-
les dans les grands progiciels
de gestion intégrés – SAP, Peoplesoft, Oracle, etc. Pour des
questions réglementaires, probablement : les administrations,
par exemple, doivent prouver
qu’elles traitent tous les citoyens
de la même façon, qu’elles ne
défavorisent pas tel groupe
ethnique au profit de tel autre.
Une intégration pragmatique
en prérequis
Mais ce ne sont que broutilles.
« Ce qui est et sera vraiment moteur, ce sont les impératifs de productivité et de qualité, insiste
Martin Ader. Et, en particulier,
le temps de réponse. » Le directeur de Workflow & Groupware
Stratégies estime que tout cela
conduira les entreprises au workflow d’ici à dix ans.
Attention, toutefois, la voie du
workflow est semée d’embûches.
S’ils peuvent s’appuyer sur les
trente-deux critères – et notamment les six détaillés dans ce
32 fonctions à surveiller sur l’ensemble du cycle de vie des processus
e dossier a été réalisé avec l’aide de Martin Ader. Expert reconnu internationalement dans le domaine de la gestion des processus métier, Martin Ader
C
a débuté chez l’éditeur Wang en tant que directeur marketing Europe en charge
des produits de workflow. Il est maintenant directeur du cabinet de conseil
Workflow & Groupware Stratégies (W&GS) et représente, en France, l’organisme de standardisation Workflow Management Coalition (WfMC). W&GS
publie chaque année un comparatif de produits de workflow.
Site de Workflow & Groupware Stratégies: www.wngs.com
3 Modélisation des processus
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Qualités de l’outil graphique.
Transfert vers le moteur, à distance.
Utilisation d’une bibliothèque
d’objets réutilisables.
Gestion de la complexité. ➋
Vérifications poussées.
Utilisation partagée.
Publication sur le web, fabrication
de rapports.
Puissance d’expression du modèle
de processus. ➊
Intégration d’un moteur de règles.
38 • 01 INFORMATIQUE
3 Modélisation des activités
(partie de processus)
•
•
•
•
Utilisation de mécanismes implicites (qui n’ont pas à être définis) .
Accès à une bibliothèque de composants externes (messages applicatifs, appels de programmes, formulaires électroniques, services
web).
Génération d’interfaces (formulaires) et de composants (applets).
Support des standards.
n°1782 - 17 septembre 2004
3 Exécution
3 Monitoring
• Capacité de changement d’échelle. ➍ • Enregistrement de tous les événements.
• Robustesse.
des données des proces• Réelle capacité d’intégration et • Croisement
sus avec celles des référentiels
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
d’insertion dans les architectures
modernes.
Mécanismes d’intégration efficaces. ➎
Intégration performante d’un moteur de règles. ➌
Capacité d’interopérer avec luimême et avec d’autres moteurs.
Intégration d’espaces collaboratifs. ➏
Support de mécanismes implicites.
Mécanisme de compensation.
Gestion du modèle d’organisation et
interprétation des règles de routage, gestion des absences et des
remplacements, gestion des règles
d’escalade, etc.
Gestion du temps.
Support des contraintes temporelles.
Gestionnaire de listes d’activités.
métier.
• Export aisé des données vers les
moteurs Olap.
• Suivi du fonctionnement en temps
réel.
• Surveillance des limites de temps.
• Définition des actions à entreprendre en cas de dépassement de
temps.
Les critères en rouge sont ceux
détaillés dans le dossier. Ils s’accompagnent d’un numéro(➊), qui
indique leur degré d’importance.
dossier – proposés par Martin
Ader, les futurs utilisateurs vont
toutefois rapidement devoir
s’attaquer à un problème plus
ardu : l’intégration de leurs applications. «Dans les projets auxquels
je participe, seul un cinquième
des utilisateurs ont déjà abordé un
projet d’EAI. » D’après le consultant, les entreprises se reposent
trop sur les capacités d’intégration des moteurs de workflow
sans penser à l’ouverture de leurs
applications. « L’EAI peut être un
prérequis pour passer à la gestion
des flux. Mais cela ne signifie pas
qu’il faille en passer par Websphere.
MQSeries suffit parfois. »
Principal frein : la nécessité
de réduire les effectifs
Foin des problèmes techniques !
Le plus grand générateur de problèmes se trouve dans les bénéfices mêmes qu’apporte ce type
d’outil. Les entreprises reculent
devant l’effet d’industrialisation
que le workflow génère. « Lorsque l’on aborde la gestion de processus, il faut passer par l’analyse
poussée des processus. Et donc,
parfois, faire des choix d’organisation là où rien n’a encore été
décidé. »
D’autant que les responsables
sont encore sous le coup des projets qualité – ISO 9000, etc. – lancés il y a une dizaine d’années.
« Un projet de workflow libère
beaucoup de temps/homme. Dans
l’assurance ou la banque, on l’estime à 30 % ! » Et, dans ce cas, on
ne parle pas franchement de
« réaffecter le personnel sur des
tâches à valeur ajoutée », comme
le disent si joliment certains dirigeants. Non, c’est de dégraissage qu’il s’agit. Quant aux heureux qui resteront, ils auront le
plaisir de travailler deux fois plus
dans le même temps. « Il faut
donc penser à aménager le travail
et à réorganiser les circuits et les
compétences pour que cela reste
supportable. »
Renaud Edouard
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Dossier
SIX RÈGLES D’EXCELLENCE POUR BÂTIR SON WORKFLOW
1. Marier le fonctionnel et le technique
Puissanscieon
d’expresdèle
du mo
Les outils permettent la définition de processus complexes, mais ils restent en quête d’un standard
de modélisation répondant à la fois à l’organisation et à l’intégration technique.
A
vant d’automatiser un processus via un moteur de
workflow, encore faut-il le
définir fidèlement – dans
toute sa complexité. « La puissance
d’un modèle de définition de processus se mesure à sa capacité à retranscrire des situations concrètes »,
affirme Thierry Lacombe, consultant de la SSII Micropole-Univers.
Auparavant, chaque éditeur fournissait une interface graphique avec
son propre formalisme, « voire des
types d’activité bien spécifiques, car
les outils de workflow étaient alors
très liés à une application donnée »,
note Janelle Hill, analyste au Meta
Group. Aujourd’hui, la plupart des
éditeurs se conforment aux définitions du WMC (Workflow Management Coalition), un groupe de
standardisation du domaine. L’organisme a défini une sémantique de
modélisation, avec des types d’acti-
DOSSIER
DES OUTILS DE MODÉLISATION POUR LES RESPONSABLES MÉTIER
Editeur
Produit
Commentaires
Filenet
Business
Fonctionne sur l’architecture P8 de l’éditeur.
Process Manager
IDS Scheer Aris
La plate-forme de conception comprend notamment Aris Web Designer,
Aris Toolset, Aris Easy Design, Aris Simulation, Aris BSC, Aris Web
Publisher. La plate-forme d’implémentation inclut le module UML Designer.
Mega
La suite comprend, entre autres, un moteur de simulation. Une analyse statistique mesure
l’impact des changements. Le logiciel est capable de prendre en compte des situations
complexes, comme des rythmes de travail fluctuants.
Mega
Tibco
Tibco Staffware
(ex-Staffware) Process Suite
Tibco Staffware Process Definer sert aux responsables métier à construire une carte de
processus à partir d’une interface graphique.
Ultimus
Ultimus Process Designer s’adresse aux responsables métier pour la conception de processus
sans l’intervention d’informaticiens. Pour ces derniers, Ultimus BPM Studio fournit un
environnement collaboratif pour la transcription des processus métier en solutions intégrables
aux systèmes informatiques.
Ultimus
BPM Suite
Les multiples standards sèment
le trouble
Au niveau des produits de workflow,
on trouve, d’une part, des outils de
modélisation organisationnelle,
comme ceux de Mega ou d’IDS
Scheer, « qui restent éloignés de l’intégration concrète des processus au
sein d’un moteur de workflow, mais
permettent d’atteindre d’autres objectifs, tels que les certifications
ISO », précise Thierry Lacombe. Et
l’on trouve, d’autre part, des outils
fournis avec les moteurs de work-
flow, mais qui ne sont pas toujours
exploitables par un utilisateur fonctionnel. « On ne dispose pas aujourd’hui de référence unique, sur laquelle les acteurs techniques et
fonctionnels puissent se baser », explique le consultant. La question de
savoir si le processus doit être défini
à haut niveau ou de façon plus détaillée continue d’ailleurs de faire
l’objet d’un débat. Une nouvelle initiative de normalisation, BPMN (Business Process Modeling Notation),
vise justement à couvrir à la fois les
aspects fonctionnels et techniques
de la définition de processus. Casewise l’a, par exemple, intégré à
Corporate Modeler, IDS Scheer à
Aris, et Fuego à Fuego 5. L’avenir de
BPMN semble pourtant déjà incertain. « IBM a récemment embauché
de nombreux meneurs de pensée
de la BPMI, et œuvre avec Microsoft
à la soumission de la spécification
BPEL4WS auprès d’autres organismes de standardisation, dont Oasis»,
explique Janelle Hill. Évitant de mettre tous leurs œufs dans le même
panier, la plupart des fournisseurs
appartiennent à plusieurs groupes
de standardisation.
Annabelle Bouard
2. Définir des processus modulaires
Gestion
de la é
complexit
Un processus doit pouvoir évoluer. La gestion de versions, ainsi que la réutilisation
de sous-processus ou d’activités déjà définis accompagnent ces changements.
U
n processus n’est jamais
complètement figé. L’entreprise doit pouvoir le faire
évoluer en fonction de ses
activités métier, ou tout simplement
l’optimiser. Concrètement, les processus sont rarement implémentés
avec succès dès leur première formalisation. Leur implémentation au
sein d’un moteur d’orchestration est
précédée par une étape de modélisation métier et une étape d’informatisation, qui entrent dans un premier
cycle itératif. «Par la suite, les premières analyses de performances du processus en production peuvent conduire
à une remise en question de la modélisation, qui peut également survenir
LA GESTION DE VERSIONS DEVIENT UNE FONCTION COURANTE
Editeur
Produit
Filenet
Suite Filenet BPM Permet la réutilisation des définitions de processus et la gestion des versions. Autorise
la définition d’un processus depuis un navigateur internet.
Commentaires
IBM
Websphere MQ
Workflow
Anciennement appelé MQ Series Workflow, Websphere MQ Workflow est complété par
Websphere Business Integration Modeler (auparavant IBM Holosofx) pour la conception
des processus.
SAP
Webflow
Auparavant appelé SAP Business Workflow, Webflow est fourni en standard avec
la plate-forme Netweaver de l’éditeur.
Staffware
Tibco Staffware
(racheté par Tibco) Process Suite
La dernière version de Staffware Process Designer améliore le contrôle des versions et
la réutilisation des procédures.
W4
W4 Studio, outil de modélisation visuel, est couplé avec W4 Library, dans laquelle sont
classés les composants à réutiliser.
Suite W4
40 • 01 INFORMATIQUE
vité variés, un symbolisme pour leur
séquençage, ou encore les étapes représentant des échéances clés du
processus. La modélisation UML
(Unified Modeling Language) est
également courante, avec, de la
même façon, des activités, enchaînements et points de décision. « Les
éditeurs offrent, au travers de standards éventuellement enrichis, des
possibilités de modélisation quasi
illimitées, indique Thierry Lacombe.
En revanche, l’aptitude d’un modèle
à permettre une analyse des processus et des données, est variable. Aucun fournisseur n’offre de solution
pleinement satisfaisante. »
n°1782 - 17 septembre 2004
à l’issue de changements organisationnels. Il s’ensuit un second cycle
itératif», explique Thierry Lacombe,
consultant de la SSII MicropoleUnivers. D’où l’intérêt des outils de
gestion de versions. La possibilité de
réutiliser des sous-processus ou des
activités est aussi fort utile. Ce critère prend toute son importance
lorsque le processus s’étend au travers des frontières organisationnelles
de l’entreprise. C’est-à-dire au-delà
du domaine de contrôle d’un responsable ou d’un département.
La conception modulaire facilite
la réutilisation
«Une fois que l’on a modélisé un rôle,
il est souhaitable de pouvoir le réutiliser, car un individu est généralement
impliqué dans plusieurs processus»,
explique Janelle Hill, analyste au
Meta Group. En fait, on retrouve les
avantages de l’approche modulaire
des développements classiques. Pour
Thierry Lacombe, «les approches méthodologiques par le haut ou par le bas
incitent à une conception modulaire,
qui favorise la réutilisation de certains
sous-processus de base». Aujourd’hui,
la plupart des produits de workflow
traitent correctement cette modularité. « Ce n’était pas le cas il y a cinq
ans », note Martin Ader, consultant
et fondateur de la SSII Workflow &
Groupware Stratégies. Gérer les
droits et les autorisations lors de l’affectation des utilisateurs à des actions
peut s’avérer ardu. «Surtout lorsqu’on
cherche à relier dynamiquement ces
droits à des modules ou annuaires existants », indique Henry Peyret, analyste chez Forrester Research. Enfin,
un contexte de changement de systèmes informatiques peut être problématique: un utilisateur qui a accès à
un mainframe devrait pouvoir travailler de façon inchangée si ce dernier est remplacé pas un système
Windows. «Mais définir une étape de
processus qui fasse complètement
abstraction de l’implémentation sousjacente reste relativement difficile »,
ABo
remarque Janelle Hill.
www.01net.com
Dossier
3. Se permettre de modifier un processus
n
Intégratitoeur
d’un mo les
de règ
Encore cher, un moteur de règles est réservé aux processus qui évoluent rapidement. Il n’est pas
indispensable dans la majorité des projets.
L
’un des challenges d’un projet
d’automatisation des flux de
données est de prendre en
compte le caractère dynamique des processus métier. Cela passe
par la programmation du moteur de
workflow proprement dit. Un procédé qui risque de rigidifier l’implémentation des processus, qui évoluent pourtant fréquemment. « En
faisant appel à un moteur de règles,
on externalise la logique métier qui
pilote les processus de workflow »,
DOSSIER
SIX RÈGLES D’EXCELLENCE POUR BÂTIR SON WORKFLOW
explique Jean-Christophe Bernadac,
directeur technique de Cosmosbay.
Recourir à ce type de moteur apporte alors souplesse et réactivité. « Et
cela peut contribuer à diminuer
les coûts de maintenance, précise
Henry Peyret, analyste chez Forrester Research. Car c’est donner aux
utilisateurs métier la possibilité de
modifier eux-mêmes des règles sans
impliquer la direction informatique.»
Luc Geoffray, responsable de l’offre
BPM chez Vistali, estime, de son
TOUS LES ÉDITEURS Y VIENNENT PEU À PEU
Editeur
Produit
Commentaires
IBM
Websphere Business
Integration Workbench
Interface graphique. Possibilité de simuler l’impact de la modification d’une règle.
Plusieurs moteurs de règles (MQ Workflow, Business Integration Message Broker,
Business Integration Event Broker, Interchange Server).
Pegasystems
Pegarules 4.0
Règles paramétrables par les experts métier. Gestion des versions de règles
et changement de version à chaud. Vérification automatique de la syntaxe, etc.
Savvion
BPM Studio et
Rule Editor
Outil d’édition et moteur d’exécution des règles totalement indépendant de BPM Server.
En revanche, aucun connecteur vers des moteurs de règles externes. Moteur natif.
Staffware
Process Suite 10
Règles paramétrables sans développement par les experts métier. Simulation.
W4
W4 Engine 4.1
et W4 Studio
Règles paramétrables par les experts métier. Axé sur la réutilisation des définitions
de workflow (W4 Library). Moteur natif.
Une standardisation progressive
La plupart des entreprises n’ont cependant pas attendu l’avènement de
ces technologies pour automatiser
leurs processus. Bien qu’élégante et
rentable sur le long terme, cette approche reste encore « un plus marketing » dans l’offre actuelle des éditeurs. « La majorité des produits
fonctionne encore sans moteur de
règles », constate Matthieu de Montrion, responsable de l’offre eProcess
chez BT Syntegra. Et les gains apportés par ce type de moteur se paient
encore au prix fort. « Ils coûtent
environ dix fois le prix d’un moteur
de workflow », estime-t-il.
Certains éditeurs développent leur
propre moteur de règles, comme
Microsoft. D’autres l’acquièrent en
prenant le contrôle d’un éditeur ou
en s’intégrant à un produit tiers.
«Versata, W4 et Vitria incorporent cette
fonction à des degrés divers. Soit sous
forme de partenariat avec Ilog ou Fair
Isaac, soit en développant leur propre
technologie », illustre Henry Peyret.
Les puristes tels que Pegasystems
et Savvion comprennent, eux, un
moteur de règles natif. Certains
spécialistes voient ces partenariats
d’un mauvais œil. « Un moteur de
workflow est, au fond, un moteur de
règles dont les règles préparamétrées
s’appliquent à des tâches et à des dossiers : la concurrence entre les deux
offres est inévitable, projette Matthieu
de Montrion. Et elle freinera le rapprochement entre les éditeurs. »
Quelle que soit la solution retenue,
l’ergonomie et la simplicité de l’interface de paramétrage des règles
(outil destiné aux experts métier) restent deux critères de choix. « Il faut
aussi pouvoir modifier à chaud un
processus, ajoute Jean-Christophe
Bernadac. Et pour faciliter l’administration, il sera préférable de centraliser les règles dans un référentiel.»
Bien sûr, la standardisation (XML et
JSR-94), devrait, à terme, concourir
à démocratiser les moteurs de règles
au sein des moteurs de workflow.
Frédéric Bordage
4. Assurer disponibilité et tolérance de panne
é de
Capacitm
nt
change elele
d’éch
De plus en plus sollicités, les moteurs de workflow s’appuient sur les mécanismes de répartition
de charge des serveurs d’applications.
L
es serveurs de gestion des flux
de l’entreprise sont amenés à
gérer un nombre croissant de
processus en parallèle et à supporter de plus en plus d’utilisateurs.
«Leur capacité à monter en charge est
un point crucial. En effet, on observe
souvent de brusques variations de
charge en fonction de l’activité des systèmes connectés ou des opérations humaines», note Luc Geoffray, respon-
sable de l’offre BPM chez Vistali. De
plus, l’adoption de l’architecture
orientée services (SOA) accélère et
généralise les besoins d’orchestration de ces services pour constituer
les processus métier. «Avant, un projet de workflow consistait à automatiser un seul processus. Aujourd’hui, un
projet en inclut un grand nombre. Les
volumes de données augmentent donc
de manière significative », constate
LES SPÉCIALISTES DE L’INFRASTRUCTURE SE DISTINGUENT
Editeur
Produit
Commentaires
BEA
Weblogic
Integration 8.1
Repose sur les mécanismes éprouvés de répartition de charge du serveur d’applications
J2EE Weblogic.
Collaxa
(Oracle)
BPEL Server
S’appuie sur J2EE. Collaxa est l’un des leaders de l’orchestration de processus BPEL
asynchrones qui garantissent une bonne montée en charge.
IBM
Websphere
MQ Workflow 3.5
Mécanismes de répartition de charge entre différentes instances du serveur
MQ Workflow installées sur une ou plusieurs machines, solution totalement distribuée.
Microsoft
Biztalk
Server 2004
Biztalk Server 2004 s’appuie entièrement sur l’ensemble des mécanismes de montée
en charge de Windows Server 2003. Possibilité de répartir les instances de processus
sur différentes machines.
Staffware
(Tibco)
Process Suite 10
Répartition de charge et tolérance de pannes. Ne repose pas sur un serveur
d’applications (code compilé). Excellentes performances sur de grosses volumétries.
42 • 01 INFORMATIQUE
côté, qu’«un moteur de règles est pertinent pour les règles fonctionnelles
dont le cycle de vie est court, et qui
doivent pouvoir évoluer indépendamment du processus lui-même ».
n°1782 - 17 septembre 2004
Matthieu de Montrion, de BT Syntegra. Le moteur de workflow tend
à «se retrouver au centre de l’architecture logicielle construite sur la base de
services applicatifs », analyse JeanChristophe Bernadac, directeur technique de Cosmosbay. Face à cette
évolution, les éditeurs mettent en œuvre différents mécanismes pour assurer la montée en charge et la disponibilité des processus.
Les moteurs de première
génération moins évolutifs
La première approche consiste à répartir différentes instances de processus sur un cluster. Il peut s’agir d’un
équilibrage de charge entre deux machines ou d’une distribution de plusieurs instances d’un même processus sur différents nœuds du cluster,
par exemple. Le moteur doit alors
disposer d’un mécanisme l’aidant à
retrouver le nœud du cluster sur lequel est hébergée l’instance de processus associée au flux entrant du client.
Il doit aussi autoriser une invocation synchrone et/ou asynchrone, le
déploiement et l’exécution en paral-
lèle de plusieurs versions d’un processus, etc. « Sans compter la possibilité
d’invoquer des instances déjà créées
d’un processus et la possibilité d’inactiver un processus (impossibilité de
créer de nouvelles instances et d’invoquer des instances existantes)», complète Jean Christophe Bernadac.
Tous les éditeurs n’en sont pas encore là. «Les moteurs de workflow de
première génération ne sont pas “multithreadés” et ne supportent pas la mise
en cluster. Ceux s’appuyant sur Java
profitent, eux, nativement de ces fonctions », constate Matthieu de Montrion. Ainsi Collaxa, Staffware, W4,
et Filenet s’appuient-ils sur les mécanismes de répartition de charge du
serveur d’applications. Microsoft, lui,
a suivi une autre voie: Biztalk Server
2004 s’appuie sur les mécanismes de
montée en charge de Windows Server
2003. Au final, adopter un standard
d’orchestration de processus tel que
BPEL (Business Process Execution
Language), qui exploite les transactions longues et l’invocation asynchrone, favorisera la répartition de
FBo
la charge dans le temps.
www.01net.com
Dossier
SIX RÈGLES D’EXCELLENCE POUR BÂTIR SON WORKFLOW
5. Anticiper la fusion des familles d’outils
n
Intégratio
io
t ns
d’applica
La maîtrise de bout en bout des processus métier devrait faire disparaître les barrières
entre les différents types d’outils d’intégration (BPM, EAI…).
L
a vocation première d’un outil
de workflow est d’automatiser
des processus fondés en majorité sur des activités humaines. Les interactions entre collaborateurs s’effectuent alors via des
formulaires. Dans ce cas, l’intégration applicative n’est pas primordiale. Mais dès que l’entreprise souhaite gérer un processus de bout en
bout, le dialogue avec des applications devient inévitable. «La mise en
œuvre d’un workflow n’a d’intérêt que
si les données saisies et transformées
par les utilisateurs sont déversées dans
les référentiels de l’entreprise», estime
Matthieu de Montrion, responsable
de l’offre eProcess chez BT Syntegra. « Le workflow et l’intégration
d’applications sont deux briques techniques au service de la gestion des
processus métier », rappelle Christophe Toulemonde, analyste au Meta
Group. L’intégration entre workflow
et applications s’effectue via la couche d’orchestration, qui lie les appels
vers les progiciels de l’entreprise aux
validations manuelles des collaborateurs. Ainsi, quand une commande
sur un site marchand dépasse un certain seuil, la couche d’orchestration
s’appuie sur un moteur de règles
pour décider un passage en manuel.
Le cas est alors géré par un collaborateur, qui valide ou non la commande au sein du portail de l’entreprise.
Une fois l’exception levée, le dialogue interapplicatif reprend.
DOSSIER
Les éditeurs d’EAI mieux lotis
MICROSOFT PRÉFÈRE S'ALLIER POUR LA CONNECTIQUE
Editeur
Produit
Commentaires
BEA
Weblogic Integration 8.1 Offre EAI complète. Catalogue complet de connecteurs techniques et applicatifs (norme JCA).
IBM
Websphere Business
Integration Server 4.2
Offre d’intégration complète. Bonne intégration entre Websphere MQ Workflow 3.5 et
Websphere Business Integration Server. Nombreuses applications tierces compatibles MQ.
Microsoft
Biztalk Server 2004
Peu de connecteurs applicatifs natifs, mais nombreux partenariats et bonne intégration
de Host Integration System à Biztalk. Microsoft privilégie une intégration via Soap et XML.
Seebeyond Ican Suite 5.0
Catalogue complet de connecteurs applicatifs et techniques. Bonne intégration
entre la couche d’orchestration, les connecteurs et l’interface utilisateur.
Webmethods
Catalogue complet de connecteurs applicatifs et techniques. Bonne intégration
entre les couches workflow, interface utilisateur et intégration. Excellent support de Soap,
via le rachat de The Mind Electric.
Enterprise Services
Platform
Frédéric Bordage
6. Une messagerie pour gérer les exceptions
Espaces
tifs
collabora
Un petit nombre de solutions de workflow aident à réagir à des situations exceptionnelles par le
biais d’échanges ad hoc en temps réel ou différé, via le courrier électronique par exemple.
D
eux choses peuvent se produire lorsqu’un processus
ne se déroule pas normalement : soit le modèle du
processus prévoit le cas de figure,
soit le débrayage du système de
workflow se révèle nécessaire. Prévoir une kyrielle d’exceptions par
une analyse très approfondie lors de
la conception du processus n’est pas
forcément souhaitable. «La présence
de nombreuses boucles d’exception
complexifie les processus et fait perdre
la vue d’ensemble », souligne Martin
Ader, consultant et fondateur de la
société de conseil Workflow &
Groupware Stratégies. De plus, certains problèmes sont difficiles à pré-
voir, ou même on ne sait pas anticiper leur résolution. « Aujourd’hui,
on constate beaucoup de déblocages
manuels, avec des mécanismes propres à chaque entreprise », indique
Thierry Lacombe, consultant de la
SSII Micropole-Univers.
Un espace collaboratif sera alors
utile, en autorisant les utilisateurs
qui participent à un processus donné
à effectuer des échanges non structurés, en temps réel ou différé. La
collaboration transitera par une
messagerie classique, une salle de
réunion virtuelle, une messagerie
instantanée, un outil de conavigation, etc. En fait, ces outils de collaboration fournissent un cadre à l’é-
LA COLLABORATION AD HOC DISTINGUE LES ÉDITEURS DE GESTION DE CONTENU
Editeur
Produit
Commentaires
Documentum
ECM
La plate-forme de gestion de contenu contient des fonctions de workflow et
autorise la gestion des exceptions, via l’environnement collaboratif Documentum eRoom.
Filenet
Business
Process
Manager
Fonctionne sur l’architecture P8 de l’éditeur, qui accueille également le module de travail
collaboratif Team Collaboration Manager. Par ailleurs, Filenet a signé des partenariats
avec plusieurs spécialistes des réunions en ligne, dont WebEx.
44 • 01 INFORMATIQUE
« Workflow et couche d’intégration
sont de plus en plus difficiles à dissocier. Surtout depuis que les offres
d’EAI intègrent des fonctions de BPM
[Business Process Management –
NDLR]», confirme Jean-Christophe
Bernadac, directeur technique de
Cosmosbay. Cette combinaison est
souvent fructueuse. « La plupart de
nos projets de workflow portent aussi
sur des aspects complémentaires (décisionnel ou supervision)», illustre Matthieu de Montrion. Cependant, des
différences persistent entre éditeurs
de workflow issus du monde de l’EAI
et éditeurs de logiciels de workflow
ou de BPM. Largement déployé pour
l’automatisation de workflow administratifs, « Lotus Workflow souffre
de son appartenance au monde Notes et reste difficile à intégrer», constate-t-il. Les éditeurs issus du monde
de l’EAI possèdent nativement une
meilleure capacité à dialoguer avec le
monde extérieur. Cette situation a
poussé les éditeurs de workflow traditionnels à développer leurs propres connecteurs et à nouer des partenariats technologiques avec des
acteurs de l’intégration. C’est le cas de
W4, qui s’appuie sur Entire X, le
middleware de Software AG. « Les
acteurs du BPM et de l’EAI sont bien
placés. Les éditeurs de progiciels avec
leurs extensions –SAP Netweaver, par
exemple – y viennent aussi, mais lentement, car ils attendent que des standards s’imposent», synthétise Henry
Peyret, analyste chez Forrester Research. De leur côté, les spécialistes
du BPM sont souvent moins bons en
matière de connectivité. Ce qui ne
les gêne pas pour des processus
administratifs, mais les pénalise
pour des processus industriels.
n°1782 - 17 septembre 2004
tape de résolution, réalisée aujourd’hui sans assistance informatique.
« L’utilisateur doit pouvoir déclarer
une exception et ouvrir une session
de collaboration au niveau de toute
activité qui lui est présentée. C’est ce
que Filenet et Documentum essaient
de faire », explique Martin Ader.
Un intérêt pour les utilisateurs
décisionnaires
Un tel fonctionnement s’avère intéressant lorsqu’un certain nombre de
personnes participent au traitement
de l’exception. « C’est le cas pour la
validation de prêts dans les banques,
qui implique des échanges entre les
divers niveaux d’approbation », indique Martin Ader. Mais il paraît
moins adapté aux environnements
de travail dans lesquels les utilisateurs n’ont ni autonomie ni pouvoir
de décision. Les exceptions pouvant
être gérées en mode ad hoc, on
n’inclut au niveau de la définition
de processus que les plus prévisibles
et les plus simples à formaliser. De
plus, les espaces collaboratifs se ré-
vèlent indispensables aux étapes normales d’un processus focalisé autour
d’activités humaines, telle la conception de produits ou de campagnes
marketing. « Par exemple, pour discuter d’un document afin d’émettre
des recommandations concernant la
seconde version et de réintroduire
les résultats dans le moteur de workflow », indique Martin Ader.
«Le BPM est un marché émergent,
encore très mal compris. Les entreprises ont du mal à identifier les caractéristiques produits importantes
pour elles », estime Janelle Hill, analyste au Meta Group. Selon elle,
l’aspect le plus intéressant concerne
la capacité à coordonner les systèmes et les aspects humains, bien
moins prévisibles. Mais pour l’heure,
rares sont les éditeurs proposant un
réel support pour la collaboration
ad hoc. « Ces fonctions restent partielles : chaque solution de workflow
ne s’intègre pas forcément à des outils de collaboration variés », note
Henry Peyret, analyste chez ForresAnnabelle Bouard
ter Research.

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