L`Annonce faite à Marie

Transcription

L`Annonce faite à Marie
Théâtre
Mardi 25 et mercredi 26 novembre à 20h
L’Annonce faite à Marie
Photo © Guy Delahaye
BaseGVA basedesign.com
Paul Claudel – Yves Beaunesne
Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin / +41 22 989 34 34 / forum-meyrin.ch
Service culturel Migros, rue du Prince 7, Genève, +41 22 319 61 11 / Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe
Mardi 25 et mercredi 26 novembre à 20h30
L’annonce faite à Marie
Paul Claudel - Yves Beaunesne
L’histoire
A quoi sert de vivre heureux si tout le monde souffre autour de soi ? Au-delà des questions
religieuses qu’on peut y trouver, L’Annonce faite à Marie soulève cette interrogation
morale et philosophique. « Tout périt et je suis épargné » : ainsi parle le patriarche
dans la pièce, avant de quitter terre et famille pour suivre son pèlerinage. Un peu plus
tôt, sa fille Violaine embrassait un lépreux en toute connaissance de cause, comme si
le bonheur au milieu d’un monde en souffrance était pour elle impossible. Ne faut-il
pas souffrir avec ceux qui ont mal ? Mais autant cette idée paraît légitime, autant faut-il
une force surhumaine pour en tirer toutes les conséquences. Lâcher nos bonheurs si
chèrement gagnés pour nous mettre en danger ? A quoi bon ajouter notre malheur à
celui des autres ? Porté par le verbe incandescent de Claudel, Yves Beaunesne a conçu
une mise en scène impeccable. La beauté de la scénographie transcende la tragédie
en nous proposant, selon les voeux du metteur en scène, « une contre-proposition de
bonheur » qui ouvre la voie à une vision qui dépasse les malheurs des personnages.
Les acteurs aussi offrent un jeu précis et puissant, à commencer par Judith Chemla,
prodige de la scène parisienne, aussi à l’aise dans la fausse ingénuité du personnage
principal que dans le chant.
Le note d’intention
« Première pièce de Claudel à être jouée (1912), L’Annonce faite à Marie a été amorcée
dès 1892 sous le titre La Jeune fille Violaine. Une seconde version en est écrite en 1899,
sur un registre plus mystique, puis, en 1911, Claudel remanie sa pièce pour lui donner
une portée plus générale en l’intitulant L’Annonce faite à Marie. Et il en fera encore une
réécriture «pour la scène» en 1948.
Poème inspiré par l’enfance orageuse de l’auteur, germé dans la glaise et la tourbe de
son Tardenois natal, écrit avec ses tourments charnels autant que mystiques, mêlant le
ciel, la terre et la mer, L’Annonce faite à Marie est une pastorale au tragique titubant, un
mystère au comique cruel, un drame obscurément bucolique, une épopée au MoyenAge truandé. C’est le «drame de la possession d’une âme par le surnaturel», selon la
définition de Claudel. Son verbe sent la terre ancienne et les ciels en colère, ses phrases
viennent de loin – de l’Ancien et du Nouveau Testament – et de près. Dans L’Annonce faite
à Marie, la problématique du poète catholique est au coeur de l’écriture, mais Claudel
n’est pas franchement dans l’orthodoxie catholique : il y a quelque chose d’hérétique
chez lui, dans le dialogue de la chair et de la tentation.
J’ai choisi de porter à la scène la troisième version, celle de 1911. Dans cette version,
Violaine en devenant plus sainte devient plus humaine encore : Claudel a cherché
l’irruption du divin dans l’humain et il l’a trouvée dans l’ébriété divine de Violaine qu’a
touchée la passion du Christ. »
Yves Beaunesne
L’Annonce faite à Marie
Un opéra de paroles
« Quand Paul Claudel écrit
L’Annonce faite à Marie, il a
l’intuition d’un « opéra de
paroles » et il a la réalité d’un
drame. Paul Claudel – de son
propre aveu – fut très attaché
à l’idée de voir naître une
version lyrique de L’Annonce.
Il y a d’ailleurs, pour cette
oeuvre,
de
nombreuses
musiques de scène, dont celle
de Darius Milhaud.
Les écrits de Claudel,
notamment Mes idées sur le Théâtre - qui précisent ses propositions sur la diction,
l’énonciation, le rythme, l’utilisation du verset - tendent tous vers une interprétation
« lyrique », une sorte de chantparlé. Offrir L’Annonce faite à Marie au théâtre nécessite
un balancement quasi imperceptible entre la parole et l’histoire, entre l’histoire et le
sens de cette histoire, entre le sens et la musique. Une mise en scène de L’Annonce faite à
Marie oscille souvent entre deux tensions : une tension opératique où le chant l’emporte
et une autre tension qui se rapporte à un drame rural, une histoire très concrète. La
pièce oscille constamment entre les deux dimensions, c’est la confrontation entre une
poésie brute et terrienne et la présence d’un lyrisme marqué par la passion charnelle
et mystique, deux dimensions présentes jusque dans les didascalies de l’auteur, riches à
l’oreille, et qui font appel à une multitude d’éléments sonores : angélus, chants d’oiseaux,
sons de trompette, comptines d’enfants, choeur des moniales, pluie, pleureuses…
L’absence d’accent tonique en français, qui aurait tendance à rendre lisse cette langue,
à lui donner une seule direction, une courbe unique, appelle d’ailleurs au théâtre à lui
imaginer des heurts et des contours, particulièrement chez Claudel.
C’est pour cette raison que j’ai demandé au compositeur Camille Rocailleux, avec qui
j’ai déjà collaboré sur Pionniers à Ingolstadt de Marieluise Fleisser, de créer une partition
qui dialoguera avec les acteurs et qui donnera à entendre une matière qui sera comme
un champ de résonance pour le texte, une manière de se détacher, délicatement, d’un
certain envoûtement de la fable. Nous chercherons ainsi à accompagner le son et le
sens de chaque mot et faire valoir cette géographie tout en crêtes et vallées qu’est la très
riche langue de Paul Claudel. L’enjeu final est l’aboutissement à une vraie proposition
de théâtre musical dans toute sa richesse lyrique - et qu’on ne sache plus, au bout du
compte, d’où naît le chant, qui accueille ou recueille l’élément musical.
Camille Rocailleux écrit cette partition, cette « hallucination », pour voix, les
comédiennes, et instruments: deux violoncelles. Ces musiciennes seront présentes sur
le plateau sans être en interaction directe avec les acteurs, même si le travail autour des
prières, cantiques et autres chants mentionnés dans le texte sera partagé avec elles. Il
s’agit pour nous de travailler sur des présences, des masses sonores, parfois transformées
avec des effets de mises en écho, de répétitions, de réverbérations, d’étirements, de
bruitages, de brouillages. »
Yves Beaunesne
L’Annonce faite à Marie
Entretien avec Yves Beaunesne
Propos recueillis par Pierre-Louis Chantre
pour l’Agenda septembre-octobre, publication du TFM
C’est la troisième fois que vous montez Claudel depuis 2007. Pourquoi revenez-vous à lui ?
Parce que pour moi, c’est le plus grand. Je ressens avec lui ce que je n’ai ressenti avec
aucun autre auteur. J’ai monté Ibsen, Musset, Tchekhov, Tourgueniev, Gombrowicz,
mais Claudel est l’auteur de la dernière grande révolution théâtrale. Il s’est attaqué
à Racine, Shakespeare, Molière, Hugo, avec autant d’inconscience que d’immodestie.
Parmi les auteurs récents, personne ne lui arrive à la cheville, sauf peut-être BernardMarie Koltès. Mais à la cheville seulement…
Comment décrire la révolution que Claudel a accomplie ?
Il a amené une nouvelle manière de versifier. Il a conçu ses textes comme de véritables
partitions, en inscrivant des ruptures à l’endroit même où la pensée devrait continuer.
Ses vers interrompent l’élan de la phrase et le corps se retrouve comme suffoqué,
puis obligé de finir de façon chaotique. Claudel a révolutionné le rapport à la langue
francophone – je dis francophone plutôt que « française », parce que je suis belge.
Si Claudel est si important, pourquoi le monte-t-on si peu ?
Parce qu’aujourd’hui encore, on le connaît mal. Il a bien été sorti de son purgatoire
dans les années 1980 par Antoine Vitez et Bernard Sobel – qui étaient communistes et
anti-cléricaux – mais on lui colle toujours une étiquette de poète catholique. Ce n’est pas
faux, mais c’était un catholique… alcoolique. Il était d’une foi chrétienne démesurée,
mais en même temps, il était tellement plus grand, tellement plus large que ce qu’on
croit. C’était un catholique libre et irrévérencieux, pétri de contradictions. Il aimait le
dogme parce que, selon lui, c’était ce qui le rendait le plus libre.
De Claudel, vous avez monté Le Partage de midi et L’Echange. Pourquoi aujourd’hui
L’Annonce faite à Marie ?
C’est d’abord Judith Chemla qui m’a convaincu. Il arrive que des spectacles se montent
d’abord parce qu’on a rencontré le comédien ou la comédienne qui nous motivent. Elle
et moi avons un rapport à Dieu et à l’idée du miracle qui nous réunit et que Claudel
enrichit de façon universelle. Notre civilisation occidentale s’éloigne de plus en plus de
la spiritualité, mais l’idée du miracle est très présente dans nos vies contemporaines. On
espère un miracle pour que Gaza et Israël cessent de se faire la guerre, ou pour que telle
catastrophe n’ait pas fait de victime… Le miracle est une porte irrationnelle qui s’ouvre
une fois que se sont fermées toutes les portes de la raison.
L’aspiration des personnages de la pièce à une forme de sainteté paraît exagérée de nos
jours… Voyez-vous cet élan avec un peu d’ironie ?
Non, absolument pas. Je crois d’ailleurs que Violaine refuse au contraire d’être une
sainte. Elle devient un ermite mais Claudel insiste sur le fait que cette femme bannie,
devenue SDF, trouve une richesse qu’on ne parvient à obtenir que lorsque l’on abandonne
tout, comme lorsqu’on part faire un voyage initiatique ou qu’on quitte tous les repères
de sa civilisation. Nous étions d’accord, Judith et moi, pour offrir cette tragédie comme
une contre-proposition de bonheur. Nous voulions témoigner du fait que la paix existe
en même temps que la guerre. C’est l’une des capacités fondamentales de la tragédie
au théâtre.
L’Annonce faite à Marie
Biographies
Paul Claudel
Paul Claudel, né en 1868 dans l’Aisne, mena de front une existence littéraire et une vie
de grand diplomate. Son destin professionnel le fit voyager à travers trois continents :
l’Amérique, l’Asie et l’Europe. Il dut à sa lecture de Rimbaud ainsi qu’à une brusque
révélation divine – à Notre-Dame, le soir du 25 décembre 1886 – le chemin qui, en
littérature, le conduisit de l’expression des puissantes passions qui l’animaient à la pensée
souveraine d’une foi quasimystique. Profondément charnelle, passionnée, ancrée dans
la terre, son oeuvre de proportion considérable (théâtre, poésie, journaux, articles,
commentaires bibliques), parfaitement originale – au sens où elle s’est construite dans
l’ignorance des courants littéraires de son époque –, s’écrivit au gré de sa vie errante.
La création du Soulier de satin en 1943, par Jean-Louis Barrault, marque la véritable
reconnaissance de Claudel par le public et le place rapidement au rang de plus grand
dramaturge du XXe siècle. En 1946, il est élu à l’Académie française. Il meurt à Paris en
1955.
Yves Beaunesne
Après un doctorat en droit et une agrégation de
lettres, Yves Beaunesne se forme à l’Institut national
supérieur des arts du spectacle de Bruxelles, puis au
Conservatoire national supérieur d’art dramatique
de Paris. En 1995, il signe sa première mise en scène
avec Un mois à la campagne d’Ivan Tourgueniev qui
obtient le Prix Georges Lerminier décerné par le
Syndicat de la critique dramatique. Par la suite, il
explorera des styles et des auteurs aussi différents que
Tchekhov, Wedekind, Jarry ou Gombrowicz. On retiendra notamment sa mise en scène
de La Princesse Maleine de Maeterlinck en 2001, créée dans le cadre de la présidence
belge de la Communauté européenne, et qui sera présentée au Théâtre national de la
Colline. A la Comédie-Française, il mettra en scène Partage de Midi de Claudel en 2007
et On ne badine pas avec l’amour de Musset en 2011. En 2006, Yves Beaunesne monte
son premier opéra, Werther de Jules Massenet dans le tout nouvel opéra de Lille. Le
Festival d’Aix-en-Provence l’invitera à présenter, en 2009, une nouvelle version d’Orphée
aux Enfers d’Offenbach avec l’Académie européenne de musique. Fondateur en 2003
de La Manufacture – Haute Ecole de théâtre de Suisse Romande basée à Lausanne,
Yves Beaunesne enseigne l’art dramatique au Conservatoire national supérieur d’art
dramatique de Paris et à l’Ecole professionnelle supérieure d’Art dramatique de Lille.
Il dirige depuis janvier 2011 le Centre dramatique Poitou-Charentes et vient de créer
Pionniers à Ingolstadt de Marieluise Fleisser et L’intervention de Victor Hugo.
Il a été nommé au 1er janvier 2011 de la Comédie Poitou-Charentes.
L’Annonce faite à Marie
La presse en parle
« C’est beaucoup ! Qu’est-ce qui fait, sinon la langue grasse comme bonne terre et
brillante comme mica, que l’on adhère en toute simplicité ? Fine comme une brindille,
tout en nerfs et en fièvre, Judith Chemla est une Violaine d’une vérité déchirante. On
n’oubliera pas de sitôt ses soupirs de sainte et ses cris de fée… »
Armelle Heliot, Le Figaro
« En voyant le splendide spectacle qu’en a tiré Yves Beaunesne, sobre et lumineux à la
fois, on comprend pourquoi Claudel aimait tant L’Annonce faite à Marie, plus de cinquante
ans durant remise sur le métier. C’est qu’à travers ce mystère médiéval, où se produit un
miracle (la résurrection d’un bébé mort-né), où les personnages chantent des cantiques
tandis que sonnent les cloches (ici des violoncelles), il dit à merveille la force de l’amour
et du pardon, trouve une écriture qui lie musique et prière. Ainsi monte le spectateur
vers des sommets d’émotion et de spiritualité… Les comédiens, dirigés avec une infinie
délicatesse par Beaunesne, sont sublimes de légèreté et de gravité. Parmi eux, Judith
Chemla, irrésistible Violaine, mutine et tragique, déploie avec une
simplicité enfantine
des trésors de grâce. Et met mystérieusement en joie. »
Fabienne Pascaud, Télérama
« Portée par les chants sacrés intemporels composés par Camille Rocailleux, Cette
Annonce est belle comme un mystère du Moyen-Age, faisant rouler dans son fleuve
limpide les mystères de la foi et de l’amour, de la maladie qui ronge les corps et les âmes,
de la grâce, de la joie er de la dépossession. »
Fabienne Darge, Le Monde
L’Annonce faite à Marie
Distribution
De Paul Claudel
Mise en scène Yves Beaunesne
Dramaturgie Marion Bernède
Scénographie Damien Caille-Perret
Réalisateur Mamar Benranou
Lumières Joël Hourbeigt
Création musicale Camille Rocailleux
Maître de chant Haïm Isaacs
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Maquillage Catherine Saint-Sever
Assistanat à la mise en scène Marie Clavaguera-Pratx et Amélie Chalmey
Distribution Damien Bigourdan, Judith Chemla, Thomas Condemine, Jean-Claude Drouot, Fabienne Lucchetti, Marine Sylf
Violoncelles Myrtille Hetzel, Clotilde Lacroix
Production La Comédie Poitou-Charentes – Centre dramatique national avec le soutien de DRAC PoitouCharentes, Région Poitou-Charentes, Ville de Poitiers
Coproduction Théâtre d’Angoulême – Scène nationale, Le Moulin du Roc – Scène nationale de Niort, Les
Théâtres du Luxembourg, Comédie de St-Étienne – Centre dramatique national
En coréalisation avec CICT – Théâtre des Bouffes du Nord
Avec le soutien de Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff, Les Tréteaux de France – Centre dramatique national, Le Tarmac
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Crédit photo Guy Delahaye
Durée 2h20
Location et renseignements
Théâtre Forum Meyrin
Place des Cinq-Continents 1
1217 Meyrin (GE)
Billetterie
au Théâtre Forum Meyrin
Du lundi au vendredi de 14h à 18h
ou par téléphone au 022 989 34 34
www.forum-meyrin.ch
Prix des billets
Plein : 55.-/ 45.Réduit : 50.-/ 40.Mini : 35.-/ 25.Avec le Pass Éco : 25.Autres points de vente
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Stand Info Balexert
Migros Nyon-La Combe
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