Eva « Rien n`est plus triste qu`un enfant à qui l`enfance a été volée
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Eva « Rien n`est plus triste qu`un enfant à qui l`enfance a été volée
Eva « Rien n’est plus triste qu’un enfant à qui l’enfance a été volée». Une très belle histoire d’amour entre l’écrivain Simon Liberati et sa femme, Eva Ionesco, dans laquelle il évoque l’enfance tourmentée de son épouse qui, dès son très jeune âge, a été photographiée dans des poses érotiques par sa mère. Liberati décrit avec talent et délicatesse la dure enfance d’Eva et n’hésite pas à la détailler, c’est un très beau roman d’amour qui fait face à la souffrance des souvenirs. Liberati a rencontré Eva la première fois dans les années 70 ; à cette époque Eva avait treize ans et une réputation assez lourde. C’est une toute jeune fille qui a déjà mille vies. Elle fut pour Simon Liberati, l’inspiration d’un personnage de son premier livre, Anthologie des apparitions, sous le nom de Marina. Bien des années plus tard (35 ans), il recroise Eva. Et là, c’est une révélation. Elle est celle qu’il attendait depuis toujours. Il en tombe amoureux au point de ne plus pouvoir faire autre chose que de lui consacrer un roman. Mêlant la femme d’hier à celle d’aujourd’hui, Simon Liberati déroule le fil de l’histoire d’Eva Ionesco entre passé et présent. Pour relater la vie d’Eva qui s'enfonce dans la dépression, Simon Liberati décrit chaque étape de son enfance et de son adolescence. D'incroyables retournements de situation nous poussent à avaler les pages afin de découvrir ce que le sort lui réserve. Cette fille exposée sous l’appareil photographique de sa mère dès sa plus tendre enfance en des positions dénudées et pornographiques, connaît une adolescence rebelle. Toujours sous l’influence maternelle, elle sombre dans l’alcool, la drogue et la prostitution. Arrêtée par la police à l’âge de douze ans, elle est confiée à la DDASS. Désintoxication, thérapie, procès contre sa mère, lecture, théâtre, la reconstruisent peu à peu en lui laissant pourtant des tendances suicidaires. Simon Liberati, recrée sa muse, en lui redonnant ses souvenirs, tous ceux qu’elle a partagés avec ses amis de l’époque, cette fillette perdue dans les nuits parisiennes. Il raconte Paris, New-York, Saint-Tropez, le monde de la nuit des années 80, l’alcool, les drogues, l’iconographie pédophile des années de la libération sexuelle. Eva n’est pas une biographie mais plutôt un journal amoureux d’un homme perdu dans les yeux de sa fée, la femme qui lui a redonné le goût d’aimer et dont il partage le quotidien. Et comme il le dit lui-même, ce livre est son éloge. L’auteur nous invite à faire la distinction des deux « Eva » dans son roman. Eva, tantôt la femme de sa vie, plus riche qu’une simple photo, tantôt, en italique, Eva, œuvre et personnage, créature de rêves. Le roman est donc une longue suite d'allers-retours entre les principaux épisodes de la vie de cette femme. Eva, c’est avant tout une très belle histoire d’amour puis, le destin incroyable d’une jeune fille. Elle fait preuve de résistance et de courage, elle a pu surmonter toutes ces souffrances vécues. Ce livre vise également à dénoncer les injustices faites aux enfants par leurs parents. C’est un texte qui navigue entre passé et présent, entre l'Eva d'aujourd'hui et celle d'hier. Lorine Bourgi Université Islamique de Tyr Département de Traduction Antenne de Tyr