Des échos de la conférence de Jean-Marie Petitclerc : Relever les

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Des échos de la conférence de Jean-Marie Petitclerc : Relever les
mercredi 20 janvier 2010.
Echos de la conférence de Jean-Marie Petitclerc
Relever les défis de l’éducation
Les propos de Jean-Marie Petitclerc ont un triple ancrage :
Educateur spécialisé, directeur de l’association Valdocco, il gère un certain nombre
d’équipes et travaille sur la formation aux métiers de la ville, la médiation.
Celle du sociologue qui travaille en lien avec les politiques.
Celle des salésiens. Deux grandes idées de Don Bosco : la qualité de la transmission est
davantage liée à la qualité de la relation aux jeunes qu’à l’organisation ; Le décodage de la
violence comme le fruit de l’éducation ou comme, prioritairement, un problème d’adultes. Le
naturel, c’est la violence et le problème de la violence, c’est la faillite du système d’éducation
et de notre accompagnement. Il est très difficile d’éduquer dans une société en mutation.
Quels sont les éléments de compréhension de la situation actuelle pour des enseignants,
éducateurs, formateurs ?
Les trois lieux de vie des jeunes actuellement sont la famille, l’école et la cité, trois lieux
avec des cultures différentes La culture de la rue, celle entre pairs devient de plus en plus
prégnante, même en famille le jeune est en lien avec le quartier grâce à internet. Il est
nécessaire de rejoindre les jeunes dans ces trois lieux et que cela soit les mêmes éducateurs
et non trois « organisations » différentes avec des propositions trop diversifiées. La
médiation école, famille cité donne de la cohérence. L’échec est dû au zonage : les ZEP ont
creusé l’écart entre les jeunes des cités et les jeunes des villes, en les laissant entre eux.
Quels sont les défis à relever ?
L’autorité : Il y a une distinction entre pouvoir et autorité : le pouvoir je le reçois de
l’institution, l’autorité je le reçois de ceux et celles auprès de qui j’exerce. Depuis 68, le
pouvoir n’est plus l’autorité. Il est possible d’avoir le pouvoir mais on ne peut avoir l’autorité :
on fait ou non autorité. L’autorité repose sur la crédibilité de celui qui la porte. Les
adolescents ont besoin de rencontrer des adultes crédibles, dont la cohérence entre le dire
et le faire est visible.
Le vivre ensemble : L’école devient le seul lieu dans lequel une vie de groupe est imposée. Il y
a 30 ans, l’enseignant pouvait attendre que l’enfant ait appris la vie de groupe avant d’entrer
dans la classe, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
La projection dans l’avenir : Une enquête montre que les jeunes ont peur de la pollution, du
chômage, du terrorisme. La peur a un effet désastreux. La première mission de l’enseignant
est de transmettre le sens qu’a sa discipline pour vivre sa vie de citoyen d’aujourd’hui. La
transmission doit être celle du sens avant celle du savoir. Le rapport au temps est à
réfléchir : Comment sortir du « tout, tout de suite » ? Pourquoi faire des efforts ? Pour faire
des efforts il faut avoir des objectifs donc la capacité de se projeter.
Quels choix pédagogiques pour relever ces défis ?
Une pédagogie de la confiance
Les jeunes ont besoin d’adultes qui leur disent qu’ils ont besoin d’eux ;
Il est important de refuser l’étiquetage (« Ce jeune vole parce qu’il est délinquant »
inversion « ce jeune peut devenir délinquant parce qu’il vole »).
Les enfants et les adolescents le plus en souffrance sont ceux qui ont rencontré des
enseignants qui ont confondu la performance et la personne.
Une pédagogie de l’alliance
C’est la conjugaison de l’amour et de la loi.
Une pédagogie de la bonne distance, de la bonne proximité. Etre assez proche pour ne pas
être indifférent, assez loin pour ne pas être indifférencié. Trop distant, le jeune attire
l’attention par sa violence et trop proche, le jeune fait appel à la violence pour sortir de ce
carcan.
Faire alliance avec le groupe dans la dynamique de l’apprentissage. Une pédagogie de
l’espérance :
Jean-Marie Petitclerc fait référence à la parabole de la graine : savoir offrir le meilleur
terrain :
L’éducateur peut ne voir que l’enfant ;
L’éducateur peut ne voir l’adolescent que comme un futur adulte ;
Ou bien il a le double regard, celui que nous propose l’Evangile, le « déjà là »et le « pas
encore là ». L’adulte devient alors un pôle de sécurisation et de responsabilisation. La
sécurisation donne le cadre, les règles les limites. On ne peut éduquer sans risque, il s’agit
d’estimer le risque et de donner des responsabilités adaptées aux jeunes.
Un dernier écho de cette conférence à l’aide d’une citation notée approximativement par un
participant : « Le meilleur artiste chrétien n’est pas celui qui représente uniquement des
scènes religieuses, mais celui qui les peint à la lumière de Dieu et les expose au regard de
Dieu. »