«La cire en apiculture : réglementations, contaminations, recherche

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«La cire en apiculture : réglementations, contaminations, recherche
«La cire en apiculture :
réglementations, contaminations, recherche d’autonomie»
Mardi 15 novembre 2016
Valence Rovaltain
Introduction :
Assez chroniquement les apiculteurs font état de problèmes de viabilité du couvain sur des
lots de cire gaufrée en Belgique, en France, en Italie, en Pologne,…un peu partout à travers la
planète, en fait !
Le regain d’intérêt pour l’apiculture professionnelle et l’apiculture de loisir au regard des
faibles productions de ces 10 dernières années ne permettent pas d’être autosuffisant en cire. Les
prix élevés rendent le marché attractif et ouvert à toutes solutions pour combler la demande. Durant
ces 2 dernières saisons, les apiculteurs de la région Rhône alpes Auvergne, entre autre, ont été à leur
tour très concernés non seulement par des importations de cires chargées en produits chimiques
toxiques pour l’abeille mais aussi directement concernés par des « tromperies » sur le gaufrage à
façon.
Suite à l’observation de symptômes sur couvain lors de l’introduction de nouvelles cires,
certains apiculteurs ont alertés le réseau de surveillance des troubles et mortalités de l’ADARA. Des
analyses sur des échantillons de cire pour la recherche de produits chimiques et de produits
pétroliers ont permis d’identifier l’origine des troubles constatés. La vigilance est donc de mise sur
l’origine, la qualité et la traçabilité des approvisionnements en cire. Ces cires contaminées
contiennent de nombreux produits insecticides, dont certains sont interdits en Europe, et des
produits pétroliers en quantité plus ou moins importante. Il faut donc être très attentif sur l’origine,
la qualité et la traçabilité.
Cette journée technique organisée en Rhône-Alpes fait également écho au travail mené par
la Fédération nationale d’Agriculture biologique (FNAB). En effet, en octobre 2015, un apiculteur
breton alertait la FNAB suite à l’achat d’un lot de « cire utilisable » en bio contaminé. Le réseau FNAB
s’est alors fortement mobilisé autour de cette problématique de contamination des cires. Une
enquête a été lancée auprès des apiculteurs bio français afin d’identifier les achats de cire de même
origine. En parallèle, le réseau FNAB a élaboré un guide de préconisation sur la gestion des cires en
bio. En 2016, le réseau bio régional Corabio a été alerté de nouveau par des apiculteurs de RhôneAlpes ayant des problèmes de contamination sur de la cire achetée mais également suite à une
prestation de gaufrage à façon.
Après un échange entre l’ADARA et Corabio, nous avons décidé de vous proposer en commun
cette journée technique «La cire en apiculture : règlementations, contaminations, recherche
d’autonomie», afin de brosser ensemble les sujets autour de la cire et construire des pistes d’actions
pour la suite.
Les présentations exhaustives des différents intervenants sont disponibles en ligne sur les sites
de l’ADARA (http://adara.adafrance.org/) et de la FNAB lien.
Ce document ne reprend que les éléments non cités dans les présentations, des éléments
synthétiques ainsi que les questions et échanges avec les apiculteurs présents ce jour-là.
1. La réglementation sur la cire vis-à-vis des produits phytosanitaires, biocides et
médicaments – ADARA
La trace de produits dans la cire est raisonnée en LMR (Limite Maximale de Résidu).
En terme réglementaire, la cire est classée selon son usage :
-
Produit alimentaire (cire + miel)
Additif alimentaire E901
Produit cosmétique
Intrant technique -> pas de réglementation vis-à-vis des contaminants (Limites Maximales de
Résidus). Il y a des normes vétérinaires dans le cas d’import par exemple.
Ce qu’il faut retenir :
-
La cire en tant que produit alimentaire et additif alimentaire est soumise au Limites
Maximales de Résidus définies pour les produits de la ruche (miel, pollen, gelée royale),
La cire en tant qu’usage technique n’est pas soumise à une réglementation spécifique vis-àvis de la teneur en contaminants chimiques -> insuffisance réglementaire.
Les cires utilisées en AB ne doivent pas contenir de substances chimiques. Par défaut, la cire
utilisable en bio devrait se référer à la réglementation générale des produits alimentaires.
QUESTIONS / ECHANGES :
-
Il y a-t-il une définition de la cire d’abeille en tant que composition intrinsèque ? Pas de
définition à ce jour.
- Dans les cires des apiculteurs il se retrouve des produits vétérinaires utilisés par les
apiculteurs (par l’apiculteur lui-même mais aussi des produits de la filière apicole en général
du fait de l’achat de cire) mais aussi des produits non utilisés par les apiculteurs : pesticides
utilisés par les agriculteurs, métaux lourds…
 Les apiculteurs ont donc peu de marge de manœuvre pour limiter les traces de produits
présents dans leur cire.
- La cire en tant que produit alimentaire a une LMR fixée par défaut à la limite de détection
des laboratoires les plus performants du moment.
 Ces LMR sur la cire sont fixées par rapport à l’alimentation humaine mais pas sur les limites
qui peuvent rendre les abeilles malades.
 En terme réglementaire, il faudrait que la cire devienne par exemple « un produit pour
l’alimentation animale » et non pas « intrant technique ».
- On parle de résidus, mais pourquoi ne parle-t-on pas de métabolites que l’on ne cherche
jamais ? Tous ne sont pas connus mais par exemple les métabolites de l’Amitraze sont
connus, dont certains sont cancérigènes pour l’homme.
 Réponse de la DDPP de l’Isère : la réglementation européenne recherche tout produit de
dégradation ou molécule active elle-même. Si un métabolite est reconnu pour être
dangereux, il sera considéré comme un résidu.
2. La cire en apiculture biologique - Gisèle LARRIEU –INAO, responsable agriculture biologique
La cire est un produit « utilisable en agriculture biologique » ce n’est pas un produit biologique ->
impact au niveau réglementaire. La réglementation européenne de l’agriculture biologique est
complétée et précisée par le guide de lecture de l’INAO. Sur la cire notamment, toutes les opérations
de préparation des cires doivent être soumises à un contrôle.
Liste de dérogations pour l’utilisation de cire conventionnelle :
-
Non disponibilité de cire bio sur le marché
Cire conventionnelle qui ne contient pas de produits contaminants non utilisables en bio
(c'est-à-dire 0 résidus).
Exemple de gestion de crise (notamment suite à un problème de cire contaminée dans la filière) :
Une cellule de crise se met en place entre l’INAO, les organismes certificateurs, le ministère de
l’agriculture, la DGAL, la DGCCRF. L’objectif de la cellule de crise est de prendre des décisions en
pénalisant le moins possible les opérateurs, mais en retirant au maximum du marché les produits
contaminés. Sur l’affaire en cours de la cire contaminée d’un cirier de Rhône-Alpes qui a entrainé de
nombreux préjudices auprès des apiculteurs, voici les décisions prises par la cellule de crise :
-
La bonne foi de l’opérateur doit être établie (la contamination de la cire n’était pas connue) –
en cours.
Mesures à prendre : interdiction d’utilisation des stocks contaminés, remplacement des cires
contaminées dans la mesure du possible. L’INAO a demandé de ne pas remettre en
conversion les ruches bio contaminées pour ne pas pénaliser l’opérateur (apiculteurs ayant
achetés la cire contaminée), mais le miel bio a été déclassé en miel conventionnel.
QUESTIONS / ECHANGES :
- Il y a-t-il une transmission des contaminants de la cire au miel ?
 Les contaminants migrent peu vers la cire, mais pour chaque molécule cela va se passer
différemment. Les écotoxicologues peuvent donner quelques éléments de réponses. Il a été

-


-

observé qu’il y a une migration verticale des contaminants au sein de la ruche : les molécules
dans le corps peuvent se retrouver dans les hausses et inversement.
La cire de corps peut-elle est utilisée en agriculture biologique ? N’est-ce pas que la cire
d’opercule qui doit être utilisée ?
Réponse de l’INAO : C’est uniquement dans le cadre de la dérogation (utilisation de cire
conventionnelle « 0 résidus ») qu’il est demandé d’utiliser de la cire d’opercule. Dans les
autres cas, la cire de corps peut être utilisée.
Est-ce que de la cire à « 0 résidu » existe ? Souvent les résultats montrent des produits issus
de contaminants extérieurs, même si la cire produit d’opercule de son propre cheptel en bio.
Alors comment fait-on en AB pour avoir de la cire propre pour rester dans les clous de la
réglementation ?
Réponse de l’INAO : l’objectif du groupe de travail apiculture bio créé ce printemps (INAO –
organismes certificateurs) est de faire une synthèse des retours de terrain des organismes
certificateurs pour trouver adapter la réglementation aux problématique de terrain.
Pour le calendrier de remplacement des cires contaminées, il y a –t-il une notion de temps
dans la réglementation ?
Réponse de l’INAO : Non, une souplesse existe pour les apiculteurs. Pour le cheptel mieux
faut le faire dans les meilleurs délais.
Un apiculteur de Lozère se retrouve avec de la cire bio achetée, les analyses montrent une
contamination mais Le laboratoire ne connait pas les LMR des produits contaminants
trouvés, car cire n’est pas un produit alimentaire, les LMR sont fixés pour des produits
alimentaires.
Selon la DDPP : un produit doit être conforme à son usage selon le code de la
consommation. Logiquement l’apiculteur bio doit pouvoir se défendre car il peut se référer
au cahier des charges bio qui exige que la cire doit être exempte de produits contaminants.
Ceci n’est valable que pour l’apiculture biologique (car en conventionnel, la réglementation
générale classe la cire utilisée par les apiculteurs en tant qu’« intrant technique »). Le
problème est un problème d’environnement et pas de cirier spécifiquement, car les cires
autoproduites par les apiculteurs peuvent aussi être contaminées.
3. Réseau de surveillance des troubles et mortalités de l’ADARA
Ce qu’il faut retenir de ces résultats :
-
-
Les échantillons issus de cire présentant des symptômes sur couvain contiennent plus de
résidus de pesticides que les échantillons sans symptôme,
Les concentrations de résidus sont en moyenne plus importantes dans les échantillons avec
symptômes,
Certaines molécules sont largement présentes dans les échantillons qu’ils soient issus de cire
sans ou avec symptômes (tau fluvalinate, coumaphos, métabolite de l’amitraze, pour les
principaux),
Il existe des molécules interdites d’utilisation dans l’union européenne en usage agricole et
en usage apicole,
-
Les substances adultérantes peuvent être présentes en forte proportion dans les échantillons
avec symptômes (jusqu’à 29%).
Selon les laboratoires, l’analyse d’un même échantillon peut donner deux résultats
différents. Les sensibilités des méthodes utilisées, les modalités d’extraction des
contaminants, la réalisation de l’échantillonnage et le caractère lipophile de la cire
expliquent en partie ces différences.
4. Structuration de la filière cire, problématique et proposition d’actions – Agnès Schyre
Il est reconnu que la contamination de la cire est un facteur de risque pour la santé des colonies.
Problématiques majeures :
-
-
Absence d’agrément pour la quasi-totalité des ciriers (alors qu’il en existe un : 1069/2009).
Pratiques à risque : méthode de rotation des cadres de corps mal réalisée, certains
apiculteurs recyclent la cire de cadre de corps et non pas celle d’opercule, en terme
d’importation pas de différenciation entre cire destinée aux abeilles et celle destinée à
l’industrie (pas de nomenclature douanière dont plan de surveillance difficile à mettre en
place).
Absence d’outils et de moyens pour les acteurs de la filière : coûts des analyses et résultats
aléatoires, agent de blanchissement (adultération) permet de faire paraître la cire de
meilleure qualité, barème de stérilisation non connu pour détruire les spores de loque
américaine.
Focus apiculture biologique :
-
Problème : les cires de cadres de corps contaminées deviennent bio au bout d’un an de
conversion,
Pas de différence réglementaire entre une cire conventionnelle et cire biologique
Propositions d’actions filière bio : mieux réglementer la cire bio (notamment des seuils des
produits chimiques), permettant de différencier une cire bio d’une cire conventionnelle.
5. La qualité des cires : témoignage de Thomas Mis, entreprise REMUAUX (apiculteur bio N&P
et cirier)
La cire d’importation est utilisée prioritairement par les industriels, la cosmétique… L’apiculture
représente une faible partie de l’utilisation de ces cires d’importation de moindre qualité. Les cires
d’Asie sont très chargées en produits chimiques. L’adultération permet d’augmenter le point de
fusion notamment pour le transport, certaines en contiennent entre 10 et 15%. L’acceptation des
cires d’importation par les abeilles est parfois faible car les pollens sont différents de ceux de notre
pays. L’entreprise Remuaux a fait le choix de ne pas importer de cire.
Qualité de la cire :
-
-
Dépend de la fonte : température (à partir de 118° elle s’altère, car les pollens seront
endommagés), avec ou sans eau (eau permet de limiter la T° mais aussi de nettoyer la cire),
type de récipient (inox en priorité).
L’eau bouillante permet d’augmenter la surface de contact entre la cire et l’eau, les
molécules hydrosolubles passeront dans l’eau et la cire sera nettoyée. Un refroidissement
lent avec décantation permet d’évacuer un maximum de polluant. L’entreprise Rémuaux,
travaille sans fond de cuve car fond conique vers le haut, et seules les impuretés sont
éliminées.
Stérilisation de la cire : La cire est stérilisée à basse T°C, chauffage à 98° seulement. Le procédé utilisé
stérilise mais selon la loi il ne stérilise pas…
3 catégories de cire chez Remuaux :
-
Cire d’opercule : jaune, couleur dépend des miellées
Cire de second choix : beaucoup plus polluée, souillée par la vie de la colonie, couleurs dans
les marrons,
Cire biologique.
L’atelier de l’entreprise travaille avec de la cire locale pour limiter et cadrer au maximum les
potentiels polluants. Les achats se font auprès des apiculteurs dont les pratiques sont connues, ce
qui permet d’orienter les ventes aux apiculteurs qui ont des pratiques similaires. Il n’y a pas de
mélange de cire d’opercule et de cire de cadre, pas d’ajout de paraffine ni de colorant. Les cires de
couleur sombre sont évacuées du marché apicole, l’entreprise dispose de plusieurs débouchés pour
cela.
Traçabilité de l’entreprise : conservation des lots de cire avant et après gaufrage.
QUESTIONS / ECHANGES :
-
Quelle qualité de la cire fondue par cérificateur solaire ? C’est une cire propre car T°C basse,
les pollens sont préservés mais par contre la non utilisation de l’eau ne dépollue pas la cire.
Fonte cire dans eau : volume 1 pour 1.
Coulage ou laminage de la cire ? le laminage permet d’avoir une cire moins cassante.
Des pistes d’action à engager
Suite à la journée technique, quelques pistes d’action ont été évoquées en réponse aux problèmes de contamination, pour
sécuriser son approvisionnement et développer son autonomie en cire. Elles sont listées dans le tableau suivant :
Thématiques
Pistes d’action
Réglementation
Définition de la cire en tant que produit technique, produit destiné à l’alimentation
animale.
Cahier des charges AB : réglementation cire (non réaliste sur le 0 pesticide)
Assurance
Contrat d’assurance (pas de prise en charge des préjudices subis dans le cadre de
responsabilité civile, option: pertes d’exploitation), protection juridique en cas de préjudice
Technique /
scientifique
Juridique
Transfert des contaminants cire, miel
Impacts sur les colonies (hivernage ?)
Indice toxicologique
Méthodes d’analyse des laboratoires
Responsabilités en chaîne (de l’exploitation jusqu’à la mise sur le marché)
Soutien des apiculteurs touchés
Approvisionnement
Guide pratique du gaufrage à façon (à construire),
Agrément des ciriers sur le volet toxicologique
Guide préconisations cire en AB (disponible – réseau FNAB)
Autocontrôle cirier
Traçabilité / Contractualisation du service du gaufrage à façon
Groupement de cire entre apiculteurs
Banque de cires
Bâtisse libre
Gaufrage sur l’exploitation
Gestion des cires sur
l’exploitation
Gestion des cires contaminées en saison (tri des cadres, transvasement…)
Recyclage des cires contaminées / Cire de corps
Analyses toxicologiques en auto contrôle
Echantillonnage systématique de sa cire d’opercule et de sa cire gaufrée
Communication
Repérer les symptômes sur les colonies
Diffusion d’informations sur la problématique de la contamination de la cire
Economique
Chiffrage des pertes liées à l’introduction de cire contaminée
Cette journée s’inscrit dans le cadre des journées techniques Apiculture biologique portées par le réseau
Fédération Nationale d’Agriculture Biologique et dans le cadre du Contrat Régional d’Objectif Filière et
l’Assistance Technique en Région porté par l’ADARA.
«La cire en apiculture :
réglementations, contaminations, recherche d’autonomie»
Mardi 15 novembre 2016
Valence Rovaltain
Introduction :
Assez chroniquement les apiculteurs font état de problèmes de viabilité du couvain sur des
lots de cire gaufrée en Belgique, en France, en Italie, en Pologne,…un peu partout à travers la
planète, en fait !
Le regain d’intérêt pour l’apiculture professionnelle et l’apiculture de loisir au regard des
faibles productions de ces 10 dernières années ne permettent pas d’être autosuffisant en cire. Les
prix élevés rendent le marché attractif et ouvert à toutes solutions pour combler la demande. Durant
ces 2 dernières saisons, les apiculteurs de la région Rhône alpes Auvergne, entre autre, ont été à leur
tour très concernés non seulement par des importations de cires chargées en produits chimiques
toxiques pour l’abeille mais aussi directement concernés par des « tromperies » sur le gaufrage à
façon.
Suite à l’observation de symptômes sur couvain lors de l’introduction de nouvelles cires,
certains apiculteurs ont alertés le réseau de surveillance des troubles et mortalités de l’ADARA. Des
analyses sur des échantillons de cire pour la recherche de produits chimiques et de produits
pétroliers ont permis d’identifier l’origine des troubles constatés. La vigilance est donc de mise sur
l’origine, la qualité et la traçabilité des approvisionnements en cire. Ces cires contaminées
contiennent de nombreux produits insecticides, dont certains sont interdits en Europe, et des
produits pétroliers en quantité plus ou moins importante. Il faut donc être très attentif sur l’origine,
la qualité et la traçabilité.
Cette journée technique organisée en Rhône-Alpes fait également écho au travail mené par
la Fédération nationale d’Agriculture biologique (FNAB). En effet, en octobre 2015, un apiculteur
breton alertait la FNAB suite à l’achat d’un lot de « cire utilisable » en bio contaminé. Le réseau FNAB
s’est alors fortement mobilisé autour de cette problématique de contamination des cires. Une
enquête a été lancée auprès des apiculteurs bio français afin d’identifier les achats de cire de même
origine. En parallèle, le réseau FNAB a élaboré un guide de préconisation sur la gestion des cires en
bio. En 2016, le réseau bio régional Corabio a été alerté de nouveau par des apiculteurs de RhôneAlpes ayant des problèmes de contamination sur de la cire achetée mais également suite à une
prestation de gaufrage à façon.
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Après un échange entre l’ADARA et Corabio, nous avons décidé de vous proposer en commun
cette journée technique «La cire en apiculture : règlementations, contaminations, recherche
d’autonomie», afin de brosser ensemble les sujets autour de la cire et construire des pistes d’actions
pour la suite.
Les présentations exhaustives des différents intervenants sont disponibles en ligne sur les sites
de l’ADARA http://adara.adafrance.org et de CORABIO http://www.corabio.org/index.php/quisommes-nous/agribiodrome.
Ce document ne reprend que les éléments non cités dans les présentations, des éléments
synthétiques ainsi que les questions et échanges avec les apiculteurs présents ce jour-là.
1. La réglementation sur la cire vis-à-vis des produits phytosanitaires, biocides et
médicaments – ADARA
La trace de produits dans la cire est raisonnée en LMR (Limite Maximale de Résidu).
En terme réglementaire, la cire est classée selon son usage :
-
Produit alimentaire (cire + miel)
Additif alimentaire E901
Produit cosmétique
Intrant technique -> pas de réglementation vis-à-vis des contaminants (Limites Maximales de
Résidus). Il y a des normes vétérinaires dans le cas d’import par exemple.
Ce qu’il faut retenir :
-
La cire en tant que produit alimentaire et additif alimentaire est soumise au Limites
Maximales de Résidus définies pour les produits de la ruche (miel, pollen, gelée royale),
La cire en tant qu’usage technique n’est pas soumise à une réglementation spécifique vis-àvis de la teneur en contaminants chimiques -> insuffisance réglementaire.
Les cires utilisées en AB ne doivent pas contenir de substances chimiques. Par défaut, la cire
utilisable en bio devrait se référer à la réglementation générale des produits alimentaires.
QUESTIONS / ECHANGES :
-
Il y a-t-il une définition de la cire d’abeille en tant que composition intrinsèque ? Pas de
définition à ce jour.
- Dans les cires des apiculteurs il se retrouve des produits vétérinaires utilisés par les
apiculteurs (par l’apiculteur lui-même mais aussi des produits de la filière apicole en général
du fait de l’achat de cire) mais aussi des produits non utilisés par les apiculteurs : pesticides
utilisés par les agriculteurs, métaux lourds…
 Les apiculteurs ont donc peu de marge de manœuvre pour limiter les traces de produits
présents dans leur cire.
- La cire en tant que produit alimentaire a une LMR fixée par défaut à la limite de détection
des laboratoires les plus performants du moment.
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 Ces LMR sur la cire sont fixées par rapport à l’alimentation humaine mais pas sur les limites
qui peuvent rendre les abeilles malades.
 En terme réglementaire, il faudrait que la cire devienne par exemple « un produit pour
l’alimentation animale » et non pas « intrant technique ».
- On parle de résidus, mais pourquoi ne parle-t-on pas de métabolites que l’on ne cherche
jamais ? Tous ne sont pas connus mais par exemple les métabolites de l’Amitraze sont
connus, dont certains sont cancérigènes pour l’homme.
 Réponse de la DDPP de l’Isère : la réglementation européenne recherche tout produit de
dégradation ou molécule active elle-même. Si un métabolite est reconnu pour être
dangereux, il sera considéré comme un résidu.
2. La cire en apiculture biologique - Gisèle LARRIEU –INAO, responsable agriculture biologique
La cire est un produit « utilisable en agriculture biologique » ce n’est pas un produit biologique ->
impact au niveau réglementaire. La réglementation européenne de l’agriculture biologique est
complétée et précisée par le guide de lecture de l’INAO. Sur la cire notamment, toutes les opérations
de préparation des cires doivent être soumises à un contrôle.
Liste de dérogations pour l’utilisation de cire conventionnelle :
-
Non disponibilité de cire bio sur le marché
Cire conventionnelle qui ne contient pas de produits contaminants non utilisables en bio
(c'est-à-dire 0 résidus).
Exemple de gestion de crise (notamment suite à un problème de cire contaminée dans la filière) :
Une cellule de crise se met en place entre l’INAO, les organismes certificateurs, le ministère de
l’agriculture, la DGAL, la DGCCRF. L’objectif de la cellule de crise est de prendre des décisions en
pénalisant le moins possible les opérateurs, mais en retirant au maximum du marché les produits
contaminés. Sur l’affaire en cours de la cire contaminée d’un cirier de Rhône-Alpes qui a entrainé de
nombreux préjudices auprès des apiculteurs, voici les décisions prises par la cellule de crise :
-
La bonne foi de l’opérateur doit être établie (la contamination de la cire n’était pas connue) –
en cours.
Mesures à prendre : interdiction d’utilisation des stocks contaminés, remplacement des cires
contaminées dans la mesure du possible. L’INAO a demandé de ne pas remettre en
conversion les ruches bio contaminées pour ne pas pénaliser l’opérateur (apiculteurs ayant
achetés la cire contaminée), mais le miel bio a été déclassé en miel conventionnel.
QUESTIONS / ECHANGES :
- Il y a-t-il une transmission des contaminants de la cire au miel ?
 Les contaminants migrent peu vers la cire, mais pour chaque molécule cela va se passer
différemment. Les écotoxicologues peuvent donner quelques éléments de réponses. Il a été
3

-


-

observé qu’il y a une migration verticale des contaminants au sein de la ruche : les molécules
dans le corps peuvent se retrouver dans les hausses et inversement.
La cire de corps peut-elle est utilisée en agriculture biologique ? N’est-ce pas que la cire
d’opercule qui doit être utilisée ?
Réponse de l’INAO : C’est uniquement dans le cadre de la dérogation (utilisation de cire
conventionnelle « 0 résidus ») qu’il est demandé d’utiliser de la cire d’opercule. Dans les
autres cas, la cire de corps peut être utilisée.
Est-ce que de la cire à « 0 résidu » existe ? Souvent les résultats montrent des produits issus
de contaminants extérieurs, même si la cire produit d’opercule de son propre cheptel en bio.
Alors comment fait-on en AB pour avoir de la cire propre pour rester dans les clous de la
réglementation ?
Réponse de l’INAO : l’objectif du groupe de travail apiculture bio créé ce printemps (INAO –
organismes certificateurs) est de faire une synthèse des retours de terrain des organismes
certificateurs pour trouver adapter la réglementation aux problématique de terrain.
Pour le calendrier de remplacement des cires contaminées, il y a –t-il une notion de temps
dans la réglementation ?
Réponse de l’INAO : Non, une souplesse existe pour les apiculteurs. Pour le cheptel mieux
faut le faire dans les meilleurs délais.
Un apiculteur de Lozère se retrouve avec de la cire bio achetée, les analyses montrent une
contamination mais Le laboratoire ne connait pas les LMR des produits contaminants
trouvés, car cire n’est pas un produit alimentaire, les LMR sont fixés pour des produits
alimentaires.
Selon la DDPP : un produit doit être conforme à son usage selon le code de la
consommation. Logiquement l’apiculteur bio doit pouvoir se défendre car il peut se référer
au cahier des charges bio qui exige que la cire doit être exempte de produits contaminants.
Ceci n’est valable que pour l’apiculture biologique (car en conventionnel, la réglementation
générale classe la cire utilisée par les apiculteurs en tant qu’« intrant technique »). Le
problème est un problème d’environnement et pas de cirier spécifiquement, car les cires
autoproduites par les apiculteurs peuvent aussi être contaminées.
3. Réseau de surveillance des troubles et mortalités de l’ADARA
Ce qu’il faut retenir de ces résultats :
-
-
Les échantillons issus de cire présentant des symptômes sur couvain contiennent plus de
résidus de pesticides que les échantillons sans symptôme,
Les concentrations de résidus sont en moyenne plus importantes dans les échantillons avec
symptômes,
Certaines molécules sont largement présentes dans les échantillons qu’ils soient issus de cire
sans ou avec symptômes (tau fluvalinate, coumaphos, métabolite de l’amitraze, pour les
principaux),
Il existe des molécules interdites d’utilisation dans l’union européenne en usage agricole et
en usage apicole,
4
-
Les substances adultérantes peuvent être présentes en forte proportion dans les échantillons
avec symptômes (jusqu’à 29%).
Selon les laboratoires, l’analyse d’un même échantillon peut donner deux résultats
différents. Les sensibilités des méthodes utilisées, les modalités d’extraction des
contaminants, la réalisation de l’échantillonnage et le caractère lipophile de la cire
expliquent en partie ces différences.
5
4. Structuration de la filière cire, problématique et proposition d’actions – Agnès Schyre
Il est reconnu que la contamination de la cire est un facteur de risque pour la santé des colonies.
Problématiques majeures :
-
-
Absence d’agrément pour la quasi-totalité des ciriers (alors qu’il en existe un : 1069/2009).
Pratiques à risque : méthode de rotation des cadres de corps mal réalisée, certains
apiculteurs recyclent la cire de cadre de corps et non pas celle d’opercule, en terme
d’importation pas de différenciation entre cire destinée aux abeilles et celle destinée à
l’industrie (pas de nomenclature douanière dont plan de surveillance difficile à mettre en
place).
Absence d’outils et de moyens pour les acteurs de la filière : coûts des analyses et résultats
aléatoires, agent de blanchissement (adultération) permet de faire paraître la cire de
meilleure qualité, barème de stérilisation non connu pour détruire les spores de loque
américaine.
Focus apiculture biologique :
-
Problème : les cires de cadres de corps contaminées deviennent bio au bout d’un an de
conversion,
Pas de différence réglementaire entre une cire conventionnelle et cire biologique
Propositions d’actions filière bio : mieux réglementer la cire bio (notamment des seuils des
produits chimiques), permettant de différencier une cire bio d’une cire conventionnelle.
5. La qualité des cires : témoignage de Thomas Mis, entreprise REMUAUX (apiculteur bio N&P
et cirier)
La cire d’importation est utilisée prioritairement par les industriels, la cosmétique… L’apiculture
représente une faible partie de l’utilisation de ces cires d’importation de moindre qualité. Les cires
d’Asie sont très chargées en produits chimiques. L’adultération permet d’augmenter le point de
fusion notamment pour le transport, certaines en contiennent entre 10 et 15%. L’acceptation des
cires d’importation par les abeilles est parfois faible car les pollens sont différents de ceux de notre
pays. L’entreprise Remuaux a fait le choix de ne pas importer de cire.
Qualité de la cire :
-
-
Dépend de la fonte : température (à partir de 118° elle s’altère, car les pollens seront
endommagés), avec ou sans eau (eau permet de limiter la T° mais aussi de nettoyer la cire),
type de récipient (inox en priorité).
L’eau bouillante permet d’augmenter la surface de contact entre la cire et l’eau, les
molécules hydrosolubles passeront dans l’eau et la cire sera nettoyée. Un refroidissement
lent avec décantation permet d’évacuer un maximum de polluant. L’entreprise Rémuaux,
6
travaille sans fond de cuve car fond conique vers le haut, et seules les impuretés sont
éliminées.
Stérilisation de la cire : La cire est stérilisée à basse T°C, chauffage à 98° seulement. Le procédé utilisé
stérilise mais selon la loi il ne stérilise pas…
3 catégories de cire chez Remuaux :
-
Cire d’opercule : jaune, couleur dépend des miellées
Cire de second choix : beaucoup plus polluée, souillée par la vie de la colonie, couleurs dans
les marrons,
Cire biologique.
L’atelier de l’entreprise travaille avec de la cire locale pour limiter et cadrer au maximum les
potentiels polluants. Les achats se font auprès des apiculteurs dont les pratiques sont connues, ce
qui permet d’orienter les ventes aux apiculteurs qui ont des pratiques similaires. Il n’y a pas de
mélange de cire d’opercule et de cire de cadre, pas d’ajout de paraffine ni de colorant. Les cires de
couleur sombre sont évacuées du marché apicole, l’entreprise dispose de plusieurs débouchés pour
cela.
Traçabilité de l’entreprise : conservation des lots de cire avant et après gaufrage.
QUESTIONS / ECHANGES :
-
Quelle qualité de la cire fondue par cérificateur solaire ? C’est une cire propre car T°C basse,
les pollens sont préservés mais par contre la non utilisation de l’eau ne dépollue pas la cire.
Fonte cire dans eau : volume 1 pour 1.
Coulage ou laminage de la cire ? le laminage permet d’avoir une cire moins cassante.
7
Des pistes d’action à engager
Suite à la journée technique, quelques pistes d’action ont été évoquées en réponse aux problèmes de contamination, pour
sécuriser son approvisionnement et développer son autonomie en cire. Elles sont listées dans le tableau suivant :
Thématiques
Pistes d’action
Réglementation
Définition de la cire en tant que produit technique, produit destiné à l’alimentation
animale.
Cahier des charges AB : réglementation cire (non réaliste sur le 0 pesticide)
Assurance
Contrat d’assurance (pas de prise en charge des préjudices subis dans le cadre de
responsabilité civile, option: pertes d’exploitation), protection juridique en cas de préjudice
Technique /
scientifique
Juridique
Transfert des contaminants cire, miel
Impacts sur les colonies (hivernage ?)
Indice toxicologique
Méthodes d’analyse des laboratoires
Responsabilités en chaîne (de l’exploitation jusqu’à la mise sur le marché)
Soutien des apiculteurs touchés
Approvisionnement
Guide pratique du gaufrage à façon (à construire),
Agrément des ciriers sur le volet toxicologique
Guide préconisations cire en AB (disponible – réseau FNAB)
Autocontrôle cirier
Traçabilité / Contractualisation du service du gaufrage à façon
Groupement de cire entre apiculteurs
Banque de cires
Bâtisse libre
Gaufrage sur l’exploitation
Gestion des cires sur
l’exploitation
Gestion des cires contaminées en saison (tri des cadres, transvasement…)
Recyclage des cires contaminées / Cire de corps
Analyses toxicologiques en auto contrôle
Echantillonnage systématique de sa cire d’opercule et de sa cire gaufrée
Communication
Repérer les symptômes sur les colonies
Diffusion d’informations sur la problématique de la contamination de la cire
Economique
Chiffrage des pertes liées à l’introduction de cire contaminée
Cette journée s’inscrit dans le cadre des journées techniques Apiculture biologique portées par le réseau
Fédération Nationale d’Agriculture Biologique et dans le cadre du Contrat Régional d’Objectif Filière et
l’Assistance Technique en Région porté par l’ADARA.
8
«La cire en apiculture :
réglementations, contaminations, recherche d’autonomie»
Mardi 15 novembre 2016
Valence Rovaltain
Introduction :
Assez chroniquement les apiculteurs font état de problèmes de viabilité du couvain sur des
lots de cire gaufrée en Belgique, en France, en Italie, en Pologne,…un peu partout à travers la
planète, en fait !
Le regain d’intérêt pour l’apiculture professionnelle et l’apiculture de loisir au regard des
faibles productions de ces 10 dernières années ne permettent pas d’être autosuffisant en cire. Les
prix élevés rendent le marché attractif et ouvert à toutes solutions pour combler la demande. Durant
ces 2 dernières saisons, les apiculteurs de la région Rhône alpes Auvergne, entre autre, ont été à leur
tour très concernés non seulement par des importations de cires chargées en produits chimiques
toxiques pour l’abeille mais aussi directement concernés par des « tromperies » sur le gaufrage à
façon.
Suite à l’observation de symptômes sur couvain lors de l’introduction de nouvelles cires,
certains apiculteurs ont alertés le réseau de surveillance des troubles et mortalités de l’ADARA. Des
analyses sur des échantillons de cire pour la recherche de produits chimiques et de produits
pétroliers ont permis d’identifier l’origine des troubles constatés. La vigilance est donc de mise sur
l’origine, la qualité et la traçabilité des approvisionnements en cire. Ces cires contaminées
contiennent de nombreux produits insecticides, dont certains sont interdits en Europe, et des
produits pétroliers en quantité plus ou moins importante. Il faut donc être très attentif sur l’origine,
la qualité et la traçabilité.
Cette journée technique organisée en Rhône-Alpes fait également écho au travail mené par
la Fédération nationale d’Agriculture biologique (FNAB). En effet, en octobre 2015, un apiculteur
breton alertait la FNAB suite à l’achat d’un lot de « cire utilisable » en bio contaminé. Le réseau FNAB
s’est alors fortement mobilisé autour de cette problématique de contamination des cires. Une
enquête a été lancée auprès des apiculteurs bio français afin d’identifier les achats de cire de même
origine. En parallèle, le réseau FNAB a élaboré un guide de préconisation sur la gestion des cires en
bio. En 2016, le réseau bio régional Corabio a été alerté de nouveau par des apiculteurs de RhôneAlpes ayant des problèmes de contamination sur de la cire achetée mais également suite à une
prestation de gaufrage à façon.
1
Après un échange entre l’ADARA et Corabio, nous avons décidé de vous proposer en commun
cette journée technique «La cire en apiculture : règlementations, contaminations, recherche
d’autonomie», afin de brosser ensemble les sujets autour de la cire et construire des pistes d’actions
pour la suite.
Les présentations exhaustives des différents intervenants sont disponibles en ligne sur les sites
de l’ADARA http://adara.adafrance.org et de CORABIO http://www.corabio.org/index.php/quisommes-nous/agribiodrome.
Ce document ne reprend que les éléments non cités dans les présentations, des éléments
synthétiques ainsi que les questions et échanges avec les apiculteurs présents ce jour-là.
1. La réglementation sur la cire vis-à-vis des produits phytosanitaires, biocides et
médicaments – ADARA
La trace de produits dans la cire est raisonnée en LMR (Limite Maximale de Résidu).
En terme réglementaire, la cire est classée selon son usage :
-
Produit alimentaire (cire + miel)
Additif alimentaire E901
Produit cosmétique
Intrant technique -> pas de réglementation vis-à-vis des contaminants (Limites Maximales de
Résidus). Il y a des normes vétérinaires dans le cas d’import par exemple.
Ce qu’il faut retenir :
-
La cire en tant que produit alimentaire et additif alimentaire est soumise au Limites
Maximales de Résidus définies pour les produits de la ruche (miel, pollen, gelée royale),
La cire en tant qu’usage technique n’est pas soumise à une réglementation spécifique vis-àvis de la teneur en contaminants chimiques -> insuffisance réglementaire.
Les cires utilisées en AB ne doivent pas contenir de substances chimiques. Par défaut, la cire
utilisable en bio devrait se référer à la réglementation générale des produits alimentaires.
QUESTIONS / ECHANGES :
-
Il y a-t-il une définition de la cire d’abeille en tant que composition intrinsèque ? Pas de
définition à ce jour.
- Dans les cires des apiculteurs il se retrouve des produits vétérinaires utilisés par les
apiculteurs (par l’apiculteur lui-même mais aussi des produits de la filière apicole en général
du fait de l’achat de cire) mais aussi des produits non utilisés par les apiculteurs : pesticides
utilisés par les agriculteurs, métaux lourds…
 Les apiculteurs ont donc peu de marge de manœuvre pour limiter les traces de produits
présents dans leur cire.
- La cire en tant que produit alimentaire a une LMR fixée par défaut à la limite de détection
des laboratoires les plus performants du moment.
2
 Ces LMR sur la cire sont fixées par rapport à l’alimentation humaine mais pas sur les limites
qui peuvent rendre les abeilles malades.
 En terme réglementaire, il faudrait que la cire devienne par exemple « un produit pour
l’alimentation animale » et non pas « intrant technique ».
- On parle de résidus, mais pourquoi ne parle-t-on pas de métabolites que l’on ne cherche
jamais ? Tous ne sont pas connus mais par exemple les métabolites de l’Amitraze sont
connus, dont certains sont cancérigènes pour l’homme.
 Réponse de la DDPP de l’Isère : la réglementation européenne recherche tout produit de
dégradation ou molécule active elle-même. Si un métabolite est reconnu pour être
dangereux, il sera considéré comme un résidu.
2. La cire en apiculture biologique - Gisèle LARRIEU –INAO, responsable agriculture biologique
La cire est un produit « utilisable en agriculture biologique » ce n’est pas un produit biologique ->
impact au niveau réglementaire. La réglementation européenne de l’agriculture biologique est
complétée et précisée par le guide de lecture de l’INAO. Sur la cire notamment, toutes les opérations
de préparation des cires doivent être soumises à un contrôle.
Liste de dérogations pour l’utilisation de cire conventionnelle :
-
Non disponibilité de cire bio sur le marché
Cire conventionnelle qui ne contient pas de produits contaminants non utilisables en bio
(c'est-à-dire 0 résidus).
Exemple de gestion de crise (notamment suite à un problème de cire contaminée dans la filière) :
Une cellule de crise se met en place entre l’INAO, les organismes certificateurs, le ministère de
l’agriculture, la DGAL, la DGCCRF. L’objectif de la cellule de crise est de prendre des décisions en
pénalisant le moins possible les opérateurs, mais en retirant au maximum du marché les produits
contaminés. Sur l’affaire en cours de la cire contaminée d’un cirier de Rhône-Alpes qui a entrainé de
nombreux préjudices auprès des apiculteurs, voici les décisions prises par la cellule de crise :
-
La bonne foi de l’opérateur doit être établie (la contamination de la cire n’était pas connue) –
en cours.
Mesures à prendre : interdiction d’utilisation des stocks contaminés, remplacement des cires
contaminées dans la mesure du possible. L’INAO a demandé de ne pas remettre en
conversion les ruches bio contaminées pour ne pas pénaliser l’opérateur (apiculteurs ayant
achetés la cire contaminée), mais le miel bio a été déclassé en miel conventionnel.
QUESTIONS / ECHANGES :
- Il y a-t-il une transmission des contaminants de la cire au miel ?
 Les contaminants migrent peu vers la cire, mais pour chaque molécule cela va se passer
différemment. Les écotoxicologues peuvent donner quelques éléments de réponses. Il a été
3

-


-

observé qu’il y a une migration verticale des contaminants au sein de la ruche : les molécules
dans le corps peuvent se retrouver dans les hausses et inversement.
La cire de corps peut-elle est utilisée en agriculture biologique ? N’est-ce pas que la cire
d’opercule qui doit être utilisée ?
Réponse de l’INAO : C’est uniquement dans le cadre de la dérogation (utilisation de cire
conventionnelle « 0 résidus ») qu’il est demandé d’utiliser de la cire d’opercule. Dans les
autres cas, la cire de corps peut être utilisée.
Est-ce que de la cire à « 0 résidu » existe ? Souvent les résultats montrent des produits issus
de contaminants extérieurs, même si la cire produit d’opercule de son propre cheptel en bio.
Alors comment fait-on en AB pour avoir de la cire propre pour rester dans les clous de la
réglementation ?
Réponse de l’INAO : l’objectif du groupe de travail apiculture bio créé ce printemps (INAO –
organismes certificateurs) est de faire une synthèse des retours de terrain des organismes
certificateurs pour trouver adapter la réglementation aux problématique de terrain.
Pour le calendrier de remplacement des cires contaminées, il y a –t-il une notion de temps
dans la réglementation ?
Réponse de l’INAO : Non, une souplesse existe pour les apiculteurs. Pour le cheptel mieux
faut le faire dans les meilleurs délais.
Un apiculteur de Lozère se retrouve avec de la cire bio achetée, les analyses montrent une
contamination mais Le laboratoire ne connait pas les LMR des produits contaminants
trouvés, car cire n’est pas un produit alimentaire, les LMR sont fixés pour des produits
alimentaires.
Selon la DDPP : un produit doit être conforme à son usage selon le code de la
consommation. Logiquement l’apiculteur bio doit pouvoir se défendre car il peut se référer
au cahier des charges bio qui exige que la cire doit être exempte de produits contaminants.
Ceci n’est valable que pour l’apiculture biologique (car en conventionnel, la réglementation
générale classe la cire utilisée par les apiculteurs en tant qu’« intrant technique »). Le
problème est un problème d’environnement et pas de cirier spécifiquement, car les cires
autoproduites par les apiculteurs peuvent aussi être contaminées.
3. Réseau de surveillance des troubles et mortalités de l’ADARA
Ce qu’il faut retenir de ces résultats :
-
-
Les échantillons issus de cire présentant des symptômes sur couvain contiennent plus de
résidus de pesticides que les échantillons sans symptôme,
Les concentrations de résidus sont en moyenne plus importantes dans les échantillons avec
symptômes,
Certaines molécules sont largement présentes dans les échantillons qu’ils soient issus de cire
sans ou avec symptômes (tau fluvalinate, coumaphos, métabolite de l’amitraze, pour les
principaux),
Il existe des molécules interdites d’utilisation dans l’union européenne en usage agricole et
en usage apicole,
4
-
Les substances adultérantes peuvent être présentes en forte proportion dans les échantillons
avec symptômes (jusqu’à 29%).
Selon les laboratoires, l’analyse d’un même échantillon peut donner deux résultats
différents. Les sensibilités des méthodes utilisées, les modalités d’extraction des
contaminants, la réalisation de l’échantillonnage et le caractère lipophile de la cire
expliquent en partie ces différences.
5
4. Structuration de la filière cire, problématique et proposition d’actions – Agnès Schyre
Il est reconnu que la contamination de la cire est un facteur de risque pour la santé des colonies.
Problématiques majeures :
-
-
Absence d’agrément pour la quasi-totalité des ciriers (alors qu’il en existe un : 1069/2009).
Pratiques à risque : méthode de rotation des cadres de corps mal réalisée, certains
apiculteurs recyclent la cire de cadre de corps et non pas celle d’opercule, en terme
d’importation pas de différenciation entre cire destinée aux abeilles et celle destinée à
l’industrie (pas de nomenclature douanière dont plan de surveillance difficile à mettre en
place).
Absence d’outils et de moyens pour les acteurs de la filière : coûts des analyses et résultats
aléatoires, agent de blanchissement (adultération) permet de faire paraître la cire de
meilleure qualité, barème de stérilisation non connu pour détruire les spores de loque
américaine.
Focus apiculture biologique :
-
Problème : les cires de cadres de corps contaminées deviennent bio au bout d’un an de
conversion,
Pas de différence réglementaire entre une cire conventionnelle et cire biologique
Propositions d’actions filière bio : mieux réglementer la cire bio (notamment des seuils des
produits chimiques), permettant de différencier une cire bio d’une cire conventionnelle.
5. La qualité des cires : témoignage de Thomas Mis, entreprise REMUAUX (apiculteur bio N&P
et cirier)
La cire d’importation est utilisée prioritairement par les industriels, la cosmétique… L’apiculture
représente une faible partie de l’utilisation de ces cires d’importation de moindre qualité. Les cires
d’Asie sont très chargées en produits chimiques. L’adultération permet d’augmenter le point de
fusion notamment pour le transport, certaines en contiennent entre 10 et 15%. L’acceptation des
cires d’importation par les abeilles est parfois faible car les pollens sont différents de ceux de notre
pays. L’entreprise Remuaux a fait le choix de ne pas importer de cire.
Qualité de la cire :
-
-
Dépend de la fonte : température (à partir de 118° elle s’altère, car les pollens seront
endommagés), avec ou sans eau (eau permet de limiter la T° mais aussi de nettoyer la cire),
type de récipient (inox en priorité).
L’eau bouillante permet d’augmenter la surface de contact entre la cire et l’eau, les
molécules hydrosolubles passeront dans l’eau et la cire sera nettoyée. Un refroidissement
lent avec décantation permet d’évacuer un maximum de polluant. L’entreprise Rémuaux,
6
travaille sans fond de cuve car fond conique vers le haut, et seules les impuretés sont
éliminées.
Stérilisation de la cire : La cire est stérilisée à basse T°C, chauffage à 98° seulement. Le procédé utilisé
stérilise mais selon la loi il ne stérilise pas…
3 catégories de cire chez Remuaux :
-
Cire d’opercule : jaune, couleur dépend des miellées
Cire de second choix : beaucoup plus polluée, souillée par la vie de la colonie, couleurs dans
les marrons,
Cire biologique.
L’atelier de l’entreprise travaille avec de la cire locale pour limiter et cadrer au maximum les
potentiels polluants. Les achats se font auprès des apiculteurs dont les pratiques sont connues, ce
qui permet d’orienter les ventes aux apiculteurs qui ont des pratiques similaires. Il n’y a pas de
mélange de cire d’opercule et de cire de cadre, pas d’ajout de paraffine ni de colorant. Les cires de
couleur sombre sont évacuées du marché apicole, l’entreprise dispose de plusieurs débouchés pour
cela.
Traçabilité de l’entreprise : conservation des lots de cire avant et après gaufrage.
QUESTIONS / ECHANGES :
-
Quelle qualité de la cire fondue par cérificateur solaire ? C’est une cire propre car T°C basse,
les pollens sont préservés mais par contre la non utilisation de l’eau ne dépollue pas la cire.
Fonte cire dans eau : volume 1 pour 1.
Coulage ou laminage de la cire ? le laminage permet d’avoir une cire moins cassante.
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Des pistes d’action à engager
Suite à la journée technique, quelques pistes d’action ont été évoquées en réponse aux problèmes de contamination, pour
sécuriser son approvisionnement et développer son autonomie en cire. Elles sont listées dans le tableau suivant :
Thématiques
Pistes d’action
Réglementation
Définition de la cire en tant que produit technique, produit destiné à l’alimentation
animale.
Cahier des charges AB : réglementation cire (non réaliste sur le 0 pesticide)
Assurance
Contrat d’assurance (pas de prise en charge des préjudices subis dans le cadre de
responsabilité civile, option: pertes d’exploitation), protection juridique en cas de préjudice
Technique /
scientifique
Juridique
Transfert des contaminants cire, miel
Impacts sur les colonies (hivernage ?)
Indice toxicologique
Méthodes d’analyse des laboratoires
Responsabilités en chaîne (de l’exploitation jusqu’à la mise sur le marché)
Soutien des apiculteurs touchés
Approvisionnement
Guide pratique du gaufrage à façon (à construire),
Agrément des ciriers sur le volet toxicologique
Guide préconisations cire en AB (disponible – réseau FNAB)
Autocontrôle cirier
Traçabilité / Contractualisation du service du gaufrage à façon
Groupement de cire entre apiculteurs
Banque de cires
Bâtisse libre
Gaufrage sur l’exploitation
Gestion des cires sur
l’exploitation
Gestion des cires contaminées en saison (tri des cadres, transvasement…)
Recyclage des cires contaminées / Cire de corps
Analyses toxicologiques en auto contrôle
Echantillonnage systématique de sa cire d’opercule et de sa cire gaufrée
Communication
Repérer les symptômes sur les colonies
Diffusion d’informations sur la problématique de la contamination de la cire
Economique
Chiffrage des pertes liées à l’introduction de cire contaminée
Cette journée s’inscrit dans le cadre des journées techniques Apiculture biologique portées par le réseau
Fédération Nationale d’Agriculture Biologique et dans le cadre du Contrat Régional d’Objectif Filière et
l’Assistance Technique en Région porté par l’ADARA.
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«La cire en apiculture :
réglementations, contaminations, recherche d’autonomie»
Mardi 15 novembre 2016
Valence Rovaltain
Introduction :
Assez chroniquement les apiculteurs font état de problèmes de viabilité du couvain sur des
lots de cire gaufrée en Belgique, en France, en Italie, en Pologne,…un peu partout à travers la
planète, en fait !
Le regain d’intérêt pour l’apiculture professionnelle et l’apiculture de loisir au regard des
faibles productions de ces 10 dernières années ne permettent pas d’être autosuffisant en cire. Les
prix élevés rendent le marché attractif et ouvert à toutes solutions pour combler la demande. Durant
ces 2 dernières saisons, les apiculteurs de la région Rhône alpes Auvergne, entre autre, ont été à leur
tour très concernés non seulement par des importations de cires chargées en produits chimiques
toxiques pour l’abeille mais aussi directement concernés par des « tromperies » sur le gaufrage à
façon.
Suite à l’observation de symptômes sur couvain lors de l’introduction de nouvelles cires,
certains apiculteurs ont alertés le réseau de surveillance des troubles et mortalités de l’ADARA. Des
analyses sur des échantillons de cire pour la recherche de produits chimiques et de produits
pétroliers ont permis d’identifier l’origine des troubles constatés. La vigilance est donc de mise sur
l’origine, la qualité et la traçabilité des approvisionnements en cire. Ces cires contaminées
contiennent de nombreux produits insecticides, dont certains sont interdits en Europe, et des
produits pétroliers en quantité plus ou moins importante. Il faut donc être très attentif sur l’origine,
la qualité et la traçabilité.
Cette journée technique organisée en Rhône-Alpes fait également écho au travail mené par
la Fédération nationale d’Agriculture biologique (FNAB). En effet, en octobre 2015, un apiculteur
breton alertait la FNAB suite à l’achat d’un lot de « cire utilisable » en bio contaminé. Le réseau FNAB
s’est alors fortement mobilisé autour de cette problématique de contamination des cires. Une
enquête a été lancée auprès des apiculteurs bio français afin d’identifier les achats de cire de même
origine. En parallèle, le réseau FNAB a élaboré un guide de préconisation sur la gestion des cires en
bio. En 2016, le réseau bio régional Corabio a été alerté de nouveau par des apiculteurs de RhôneAlpes ayant des problèmes de contamination sur de la cire achetée mais également suite à une
prestation de gaufrage à façon.
1
Après un échange entre l’ADARA et Corabio, nous avons décidé de vous proposer en commun
cette journée technique «La cire en apiculture : règlementations, contaminations, recherche
d’autonomie», afin de brosser ensemble les sujets autour de la cire et construire des pistes d’actions
pour la suite.
Les présentations exhaustives des différents intervenants sont disponibles en ligne sur les sites
de l’ADARA http://adara.adafrance.org et de CORABIO http://www.corabio.org/index.php/quisommes-nous/agribiodrome.
Ce document ne reprend que les éléments non cités dans les présentations, des éléments
synthétiques ainsi que les questions et échanges avec les apiculteurs présents ce jour-là.
1. La réglementation sur la cire vis-à-vis des produits phytosanitaires, biocides et
médicaments – ADARA
La trace de produits dans la cire est raisonnée en LMR (Limite Maximale de Résidu).
En terme réglementaire, la cire est classée selon son usage :
-
Produit alimentaire (cire + miel)
Additif alimentaire E901
Produit cosmétique
Intrant technique -> pas de réglementation vis-à-vis des contaminants (Limites Maximales de
Résidus). Il y a des normes vétérinaires dans le cas d’import par exemple.
Ce qu’il faut retenir :
-
La cire en tant que produit alimentaire et additif alimentaire est soumise au Limites
Maximales de Résidus définies pour les produits de la ruche (miel, pollen, gelée royale),
La cire en tant qu’usage technique n’est pas soumise à une réglementation spécifique vis-àvis de la teneur en contaminants chimiques -> insuffisance réglementaire.
Les cires utilisées en AB ne doivent pas contenir de substances chimiques. Par défaut, la cire
utilisable en bio devrait se référer à la réglementation générale des produits alimentaires.
QUESTIONS / ECHANGES :
-
Il y a-t-il une définition de la cire d’abeille en tant que composition intrinsèque ? Pas de
définition à ce jour.
- Dans les cires des apiculteurs il se retrouve des produits vétérinaires utilisés par les
apiculteurs (par l’apiculteur lui-même mais aussi des produits de la filière apicole en général
du fait de l’achat de cire) mais aussi des produits non utilisés par les apiculteurs : pesticides
utilisés par les agriculteurs, métaux lourds…
 Les apiculteurs ont donc peu de marge de manœuvre pour limiter les traces de produits
présents dans leur cire.
- La cire en tant que produit alimentaire a une LMR fixée par défaut à la limite de détection
des laboratoires les plus performants du moment.
2
 Ces LMR sur la cire sont fixées par rapport à l’alimentation humaine mais pas sur les limites
qui peuvent rendre les abeilles malades.
 En terme réglementaire, il faudrait que la cire devienne par exemple « un produit pour
l’alimentation animale » et non pas « intrant technique ».
- On parle de résidus, mais pourquoi ne parle-t-on pas de métabolites que l’on ne cherche
jamais ? Tous ne sont pas connus mais par exemple les métabolites de l’Amitraze sont
connus, dont certains sont cancérigènes pour l’homme.
 Réponse de la DDPP de l’Isère : la réglementation européenne recherche tout produit de
dégradation ou molécule active elle-même. Si un métabolite est reconnu pour être
dangereux, il sera considéré comme un résidu.
2. La cire en apiculture biologique - Gisèle LARRIEU –INAO, responsable agriculture biologique
La cire est un produit « utilisable en agriculture biologique » ce n’est pas un produit biologique ->
impact au niveau réglementaire. La réglementation européenne de l’agriculture biologique est
complétée et précisée par le guide de lecture de l’INAO. Sur la cire notamment, toutes les opérations
de préparation des cires doivent être soumises à un contrôle.
Liste de dérogations pour l’utilisation de cire conventionnelle :
-
Non disponibilité de cire bio sur le marché
Cire conventionnelle qui ne contient pas de produits contaminants non utilisables en bio
(c'est-à-dire 0 résidus).
Exemple de gestion de crise (notamment suite à un problème de cire contaminée dans la filière) :
Une cellule de crise se met en place entre l’INAO, les organismes certificateurs, le ministère de
l’agriculture, la DGAL, la DGCCRF. L’objectif de la cellule de crise est de prendre des décisions en
pénalisant le moins possible les opérateurs, mais en retirant au maximum du marché les produits
contaminés. Sur l’affaire en cours de la cire contaminée d’un cirier de Rhône-Alpes qui a entrainé de
nombreux préjudices auprès des apiculteurs, voici les décisions prises par la cellule de crise :
-
La bonne foi de l’opérateur doit être établie (la contamination de la cire n’était pas connue) –
en cours.
Mesures à prendre : interdiction d’utilisation des stocks contaminés, remplacement des cires
contaminées dans la mesure du possible. L’INAO a demandé de ne pas remettre en
conversion les ruches bio contaminées pour ne pas pénaliser l’opérateur (apiculteurs ayant
achetés la cire contaminée), mais le miel bio a été déclassé en miel conventionnel.
QUESTIONS / ECHANGES :
- Il y a-t-il une transmission des contaminants de la cire au miel ?
 Les contaminants migrent peu vers la cire, mais pour chaque molécule cela va se passer
différemment. Les écotoxicologues peuvent donner quelques éléments de réponses. Il a été
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observé qu’il y a une migration verticale des contaminants au sein de la ruche : les molécules
dans le corps peuvent se retrouver dans les hausses et inversement.
La cire de corps peut-elle est utilisée en agriculture biologique ? N’est-ce pas que la cire
d’opercule qui doit être utilisée ?
Réponse de l’INAO : C’est uniquement dans le cadre de la dérogation (utilisation de cire
conventionnelle « 0 résidus ») qu’il est demandé d’utiliser de la cire d’opercule. Dans les
autres cas, la cire de corps peut être utilisée.
Est-ce que de la cire à « 0 résidu » existe ? Souvent les résultats montrent des produits issus
de contaminants extérieurs, même si la cire produit d’opercule de son propre cheptel en bio.
Alors comment fait-on en AB pour avoir de la cire propre pour rester dans les clous de la
réglementation ?
Réponse de l’INAO : l’objectif du groupe de travail apiculture bio créé ce printemps (INAO –
organismes certificateurs) est de faire une synthèse des retours de terrain des organismes
certificateurs pour trouver adapter la réglementation aux problématique de terrain.
Pour le calendrier de remplacement des cires contaminées, il y a –t-il une notion de temps
dans la réglementation ?
Réponse de l’INAO : Non, une souplesse existe pour les apiculteurs. Pour le cheptel mieux
faut le faire dans les meilleurs délais.
Un apiculteur de Lozère se retrouve avec de la cire bio achetée, les analyses montrent une
contamination mais Le laboratoire ne connait pas les LMR des produits contaminants
trouvés, car cire n’est pas un produit alimentaire, les LMR sont fixés pour des produits
alimentaires.
Selon la DDPP : un produit doit être conforme à son usage selon le code de la
consommation. Logiquement l’apiculteur bio doit pouvoir se défendre car il peut se référer
au cahier des charges bio qui exige que la cire doit être exempte de produits contaminants.
Ceci n’est valable que pour l’apiculture biologique (car en conventionnel, la réglementation
générale classe la cire utilisée par les apiculteurs en tant qu’« intrant technique »). Le
problème est un problème d’environnement et pas de cirier spécifiquement, car les cires
autoproduites par les apiculteurs peuvent aussi être contaminées.
3. Réseau de surveillance des troubles et mortalités de l’ADARA
Ce qu’il faut retenir de ces résultats :
-
-
Les échantillons issus de cire présentant des symptômes sur couvain contiennent plus de
résidus de pesticides que les échantillons sans symptôme,
Les concentrations de résidus sont en moyenne plus importantes dans les échantillons avec
symptômes,
Certaines molécules sont largement présentes dans les échantillons qu’ils soient issus de cire
sans ou avec symptômes (tau fluvalinate, coumaphos, métabolite de l’amitraze, pour les
principaux),
Il existe des molécules interdites d’utilisation dans l’union européenne en usage agricole et
en usage apicole,
4
-
Les substances adultérantes peuvent être présentes en forte proportion dans les échantillons
avec symptômes (jusqu’à 29%).
Selon les laboratoires, l’analyse d’un même échantillon peut donner deux résultats
différents. Les sensibilités des méthodes utilisées, les modalités d’extraction des
contaminants, la réalisation de l’échantillonnage et le caractère lipophile de la cire
expliquent en partie ces différences.
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4. Structuration de la filière cire, problématique et proposition d’actions – Agnès Schyre
Il est reconnu que la contamination de la cire est un facteur de risque pour la santé des colonies.
Problématiques majeures :
-
-
Absence d’agrément pour la quasi-totalité des ciriers (alors qu’il en existe un : 1069/2009).
Pratiques à risque : méthode de rotation des cadres de corps mal réalisée, certains
apiculteurs recyclent la cire de cadre de corps et non pas celle d’opercule, en terme
d’importation pas de différenciation entre cire destinée aux abeilles et celle destinée à
l’industrie (pas de nomenclature douanière dont plan de surveillance difficile à mettre en
place).
Absence d’outils et de moyens pour les acteurs de la filière : coûts des analyses et résultats
aléatoires, agent de blanchissement (adultération) permet de faire paraître la cire de
meilleure qualité, barème de stérilisation non connu pour détruire les spores de loque
américaine.
Focus apiculture biologique :
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Problème : les cires de cadres de corps contaminées deviennent bio au bout d’un an de
conversion,
Pas de différence réglementaire entre une cire conventionnelle et cire biologique
Propositions d’actions filière bio : mieux réglementer la cire bio (notamment des seuils des
produits chimiques), permettant de différencier une cire bio d’une cire conventionnelle.
5. La qualité des cires : témoignage de Thomas Mis, entreprise REMUAUX (apiculteur bio N&P
et cirier)
La cire d’importation est utilisée prioritairement par les industriels, la cosmétique… L’apiculture
représente une faible partie de l’utilisation de ces cires d’importation de moindre qualité. Les cires
d’Asie sont très chargées en produits chimiques. L’adultération permet d’augmenter le point de
fusion notamment pour le transport, certaines en contiennent entre 10 et 15%. L’acceptation des
cires d’importation par les abeilles est parfois faible car les pollens sont différents de ceux de notre
pays. L’entreprise Remuaux a fait le choix de ne pas importer de cire.
Qualité de la cire :
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Dépend de la fonte : température (à partir de 118° elle s’altère, car les pollens seront
endommagés), avec ou sans eau (eau permet de limiter la T° mais aussi de nettoyer la cire),
type de récipient (inox en priorité).
L’eau bouillante permet d’augmenter la surface de contact entre la cire et l’eau, les
molécules hydrosolubles passeront dans l’eau et la cire sera nettoyée. Un refroidissement
lent avec décantation permet d’évacuer un maximum de polluant. L’entreprise Rémuaux,
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travaille sans fond de cuve car fond conique vers le haut, et seules les impuretés sont
éliminées.
Stérilisation de la cire : La cire est stérilisée à basse T°C, chauffage à 98° seulement. Le procédé utilisé
stérilise mais selon la loi il ne stérilise pas…
3 catégories de cire chez Remuaux :
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Cire d’opercule : jaune, couleur dépend des miellées
Cire de second choix : beaucoup plus polluée, souillée par la vie de la colonie, couleurs dans
les marrons,
Cire biologique.
L’atelier de l’entreprise travaille avec de la cire locale pour limiter et cadrer au maximum les
potentiels polluants. Les achats se font auprès des apiculteurs dont les pratiques sont connues, ce
qui permet d’orienter les ventes aux apiculteurs qui ont des pratiques similaires. Il n’y a pas de
mélange de cire d’opercule et de cire de cadre, pas d’ajout de paraffine ni de colorant. Les cires de
couleur sombre sont évacuées du marché apicole, l’entreprise dispose de plusieurs débouchés pour
cela.
Traçabilité de l’entreprise : conservation des lots de cire avant et après gaufrage.
QUESTIONS / ECHANGES :
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Quelle qualité de la cire fondue par cérificateur solaire ? C’est une cire propre car T°C basse,
les pollens sont préservés mais par contre la non utilisation de l’eau ne dépollue pas la cire.
Fonte cire dans eau : volume 1 pour 1.
Coulage ou laminage de la cire ? le laminage permet d’avoir une cire moins cassante.
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Des pistes d’action à engager
Suite à la journée technique, quelques pistes d’action ont été évoquées en réponse aux problèmes de contamination, pour
sécuriser son approvisionnement et développer son autonomie en cire. Elles sont listées dans le tableau suivant :
Thématiques
Pistes d’action
Réglementation
Définition de la cire en tant que produit technique, produit destiné à l’alimentation
animale.
Cahier des charges AB : réglementation cire (non réaliste sur le 0 pesticide)
Assurance
Contrat d’assurance (pas de prise en charge des préjudices subis dans le cadre de
responsabilité civile, option: pertes d’exploitation), protection juridique en cas de préjudice
Technique /
scientifique
Juridique
Transfert des contaminants cire, miel
Impacts sur les colonies (hivernage ?)
Indice toxicologique
Méthodes d’analyse des laboratoires
Responsabilités en chaîne (de l’exploitation jusqu’à la mise sur le marché)
Soutien des apiculteurs touchés
Approvisionnement
Guide pratique du gaufrage à façon (à construire),
Agrément des ciriers sur le volet toxicologique
Guide préconisations cire en AB (disponible – réseau FNAB)
Autocontrôle cirier
Traçabilité / Contractualisation du service du gaufrage à façon
Groupement de cire entre apiculteurs
Banque de cires
Bâtisse libre
Gaufrage sur l’exploitation
Gestion des cires sur
l’exploitation
Gestion des cires contaminées en saison (tri des cadres, transvasement…)
Recyclage des cires contaminées / Cire de corps
Analyses toxicologiques en auto contrôle
Echantillonnage systématique de sa cire d’opercule et de sa cire gaufrée
Communication
Repérer les symptômes sur les colonies
Diffusion d’informations sur la problématique de la contamination de la cire
Economique
Chiffrage des pertes liées à l’introduction de cire contaminée
Cette journée s’inscrit dans le cadre des journées techniques Apiculture biologique portées par le réseau
Fédération Nationale d’Agriculture Biologique et dans le cadre du Contrat Régional d’Objectif Filière et
l’Assistance Technique en Région porté par l’ADARA.
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