"Il ne faut jurer de rien" : Après les préjugés, l`amour

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"Il ne faut jurer de rien" : Après les préjugés, l`amour
"Il ne faut jurer de rien" :
Après les préjugés, l’amour
CAMILLE DE MARCILLY, WWW.LALIBRE.BE
Publié le jeudi 05 mars 2015 à 16h03 - Mis à jour le lundi 09 mars 2015 à 15h30
VIDÉO
SCÈNES
En 1836, Alfred de Musset est un homme blessé. Il n’a que 26 ans et a déjà connu les affres du
désespoir amoureux aux côtés de Georges Sand avec qui il a vécu quelques courtes années intenses
et tumultueuses. L’amour, principal sujet de ses tourments, constitue aussi le cœur de son œuvre
lyrique et romantique. En 1836, il publie "Il ne faut jurer de rien", pièce en trois actes autour d’un
proverbe. Le dandy parisien a choisi de publier ses pièces en recueils depuis l’échec cuisant de son
premier spectacle "La Nuit vénitienne"; il avait alors promis de ne plus remettre les pieds au théâtre.
Le metteur en scène Yves Beaunesne connaît à merveille l’œuvre de Musset, il a déjà monté "On ne
badine pas avec l’amour" et son chef-d’œuvre, "Lorenzaccio" de manière impressionnante. Avec "Il ne
faut jurer de rien", au Théâtre Le Public, il réussit avec habileté le mariage entre esthétisme du décor
épuré, des mouvements et des lumières et la direction des comédiens.
Ballet amoureux
Tout comme Camille dans "On ne badine pas avec l’amour", Valentin refuse le mariage dans "Il ne
faut jurer de rien", l’une par endoctrinement après des années de couvent et par orgueil, l’autre par
crainte de souffrir et… par orgueil. Valentin a 25 ans et mène une vie insouciante entre les femmes, le
jeu et l’alcool, grâce à l’argent de son oncle qui décide pourtant un jour d’arrêter de payer ses dettes
s’il ne se marie pas. Mais le jeune homme craint les amours éphémères, à ses yeux, se marier, c’est
prendre le risque d’être trompé, de souffrir à la fois de la honte et de l’amour blessé. L’oncle, Von
Buck, décide pourtant d’aller rendre hommage à la baronne de Mantes; il espérait obtenir la main de
sa fille, Cécile, pour son neveu. Valentin manigance alors un "piège" : tenter de séduire en huit jours la
jeune fille, si elle succombe à ses charmes, il ne l’épousera pas puisque cela démontrerait sa frivolité.
Comment avoir la garantie qu’un galant ne pourrait pas la conquérir aussi facilement après le mariage
? Bien entendu, la suite illustrera le proverbe "Il ne faut jurer de rien", il ne faut jamais être trop sûr de
soi et hâter son jugement car tout peut se révéler bien différent.
Sur la scène habillée de bois, des formes épurées, des courbes, une économie qui permettent de
concentrer l’attention sur le drame amoureux. Olivier Massart incarne l’oncle tout en retenue et en
finesse face à Florence Crick en baronne intraitable. La jeune Olivia Smets est une Cécile romantique
mais lucide tandis que Fabian Finkels déploie une grande énergie pour Valentin. Au centre de ces
duos, Alexandre Von Sivers en abbé dépassé, la touche comique de ce huis clos amoureux.
Tout est esthétiquement beau dans cette mise en scène, jusqu’à la grâce de quelques mouvements
chorégraphiés. Des préjugés jusqu’à l’amour sincère, tout en élégance.