Tamango - Magnard

Transcription

Tamango - Magnard
Classiques
& Contemporains
Collection animée par
Jean-Paul Brighelli et Michel Dobransky
PROSPER MÉRIMÉE
Tamango
LIVRET DU PROFESSEUR
établi par
L AURENCE S UDRET
professeur de Lettres
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SOMMAIRE
DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE
L’esclavage autour de la Méditerranée ..........................................3
Le commerce atlantique : la traite des Noirs ............................4
Le statut de l’esclave et le Code noir ...............................................5
Vers la fin de l’esclavage ...........................................................................6
POUR COMPRENDRE :
quelques questions, quelques commentaires
Étape 1
Étape 2
Étape 3
Étape 4
Étape 5
Étape 6
Étape 7
Étape 8
Étape 9
Étape 10
Le capitaine Ledoux ........................................................9
Vers l’Afrique.........................................................................9
La rencontre ...........................................................................9
Le marché...............................................................................10
Tamango esclave ..............................................................11
En mer .......................................................................................12
Une révolte ...........................................................................12
Seuls sur l’eau ...................................................................14
Un projet insensé ............................................................14
Deux rencontres incroyables ................................15
Conception : PAO Magnard, Barbara Tamadonpour
Réalisation : Nord Compo
DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE
L’esclavage autour de la Méditerranée
Les premières traces écrites évoquant l’esclavage remontent à quatre millénaires. Pendant toute cette période, deux pics importants se remarquent dans
le commerce des hommes : le premier dans le Bassin méditerranéen date de
l’Antiquité, le second sur les rives de l’océan Atlantique apparaît après la
découverte du continent américain.
Dans l’Antiquité, on note une évolution du statut des esclaves : il existe les
« non-libres absolus », étrangers au pays, que l’on peut acheter et vendre sur
les lieux prévus à cet effet et qui sont en fait comme en droit la propriété de
leur maître. Il existe également les « non-libres relatifs » qui sont de la même
race et parlent la même langue que les hommes libres. Ils bénéficient de certains droits civiques et politiques. Il y a donc une différence très nette entre
ces statuts. En outre, pendant plusieurs siècles, on pouvait devenir esclave si
l’on était dans l’incapacité de rembourser ses dettes. C’était alors la personne
elle-même qui servait à payer le prêteur.
En Grèce, vers le VIIIe siècle avant Jésus-Christ, une forme de gouvernement voit le jour ; il prône la participation de chacun et implique que
citoyenneté et liberté sont inséparables. Il était donc logique de rendre libres
tous ceux qui étaient sous le joug de l’esclavage. Il a alors fallu remplacer tous
ces anciens esclaves en utilisant soit des ouvriers rémunérés, soit en se tournant vers ce que l’on appelait les « esclaves-cheptel », c’est-à-dire les prisonniers de guerre ou de piraterie. On peut rapprocher leur statut de celui des
esclaves « non-libres absolus ».
À Rome, on utilise le même mot pour désigner à la fois l’étranger et l’esclave. Dès le IVe siècle avant Jésus-Christ, l’esclave affranchi peut devenir un
citoyen à part entière, avec les mêmes droits que les autres hommes. Le
nombre d’esclaves augmente sensiblement à Rome et dans l’ensemble de
l’Italie à partir du IIe siècle avant Jésus-Christ avec des maxima au Ier siècle
avant et après Jésus-Christ. L’accroissement de cette population s’explique par
le grand nombre de conquêtes des Romains vers les contrées barbares.
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Les esclaves étaient si nombreux qu’il n’est pas surprenant que certains
groupes aient essayé de se révolter. Relevons deux rébellions importantes en
Sicile en 136-133 et en 106 avant Jésus-Christ et deux soulèvements en Italie,
en 194 et en 73 avant Jésus-Christ ; cette dernière fut la plus violente et la
plus impressionnante : Spartacus réunit autour de lui 70 000 fugitifs et forma
ainsi une véritable armée. Les raisons de ces révoltes pouvaient être multiples :
cruauté du maître, conditions de travail épouvantables, horreur du spectacle
gladiatorien, désir de rentrer chez soi…
L’esclavage s’est poursuivi dans le Bassin méditerranéen sans disparaître
jusqu’au Moyen Âge. Alors, sous l’influence de l’Église et des grands seigneurs,
on a distribué de petits lopins de terre à d’anciens esclaves. Ils se sont alors
transformés progressivement en serfs.
Le commerce atlantique : la traite des Noirs
Ce trafic d’esclaves concernait les rives de l’Atlantique. Il a débuté au
XVe siècle lorsque les Espagnols commencèrent à envahir le continent américain. Ils avaient sur place besoin de beaucoup de bras pour exploiter le plus
possible les nouveaux espaces. Ils utilisèrent naturellement la population
indigène, mais celle-ci ne suffit pas et un grand nombre de natifs périt soit
sous le fardeau qui leur était imposé, soit à cause des maladies nouvelles
apportées par les conquérants. Il fallut alors faire venir des hommes
d’ailleurs. Les Portugais se sont alors chargés de fournir aux Espagnols ces
bras dont ils avaient tant besoin. Pour cela, ils partirent vers l’Afrique, les
côtes n’étant pas très éloignées et la population y étant suffisamment importante. Suivant un modèle apparemment lucratif, les autres pays d’Europe
ont commencé à s’intéresser à cette traite : la Hollande, l’Angleterre et surtout la France se lancèrent dans ces voyages. Ce commerce était si rentable
qu’il fut même reconnu officiellement par les monarchies européennes au
XVIIe siècle.
Le circuit par lequel s’organisait la traite des Noirs s’exécutait en trois
étapes différentes :
– Aller sur les côtes de Guinée (le plus souvent) et échanger des produits
de faible valeur contre des prisonniers africains.
– Entasser ces hommes dans les cales de navires et voyager outre-mer.
– Vendre les esclaves sur place ou bien les échanger contre des produits
exotiques que l’on ne trouvait pas en France.
On réduit souvent ce commerce aux États-Unis, pourtant les endroits où
l’on déportait ces captifs étaient divers : outre-Atlantique, ils étaient vendus à
Cayenne, en Guyane, dans les Antilles et dans le Sud des États-Unis. Dans
l’océan Indien, ils étaient débarqués sur l’île de France et l’île Bourbon. Les
hommes étaient alors considérés comme des marchandises et on se souciait
peu de laisser les membres d’une même famille ensemble : on séparait sans
scrupule les maris de leur femme et les mères de leurs enfants. Ils étaient achetés, parfois revendus et traités comme du bétail.
Le statut de l’esclave et le Code noir
Le Code noir est la première « protection légale » offerte aux esclaves par
l’ordonnance de mars 1685 prise par Louis XIV. Il a pour sous-titre : « Édit
du Roi servant de règlement pour le gouvernement et l’administration de Justice
et la police des îles françaises de l’Amérique, et pour la discipline et le commerce
de Nègres et esclaves dans les dits pays ». Ce texte veut ainsi donner un semblant
de règlement afin de gérer la vie des esclaves. Il est apparu à l’époque comme
un progrès et une avancée considérable pour la reconnaissance des « droits »
des esclaves. Il a d’ailleurs déclenché la colère de certains maîtres tyranniques,
furieux de ne plus pouvoir agir à leur guise. Notons, toutefois, que l’application de ce texte n’était ni vérifiée ni surveillée et que, dans le fond, il n’a pas
changé grand-chose pour les esclaves. Aujourd’hui, il ne semble pas y avoir
beaucoup de différences entre cette ordonnance et certaines coutumes barbares qui nous font frémir d’horreur. Il est néanmoins intéressant d’en donner quelques articles afin de faire comprendre comment étaient vraiment
considérés les esclaves :
Article XV. Défendons aux esclaves de porter aucune arme offensive, ni de
gros bâtons, à peine du fouet et de la confiscation des armes au profit de celui
qui les en trouvera saisis, à l’exception seulement de ceux qui seront envoyés
à la chasse et qui seront porteurs de leurs billets ou marques connues.
Article XVI. Défendons pareillement aux esclaves appartenant à différents
maîtres de s’attrouper soit le jour ou la nuit, sous prétexte de noces, ou autrement, soit chez un de leurs maîtres ou ailleurs, et encore moins dans les
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grands chemins ou lieux écartés, à peine de punition corporelle, qui ne
pourra être moindre que du fouet et de la fleur de lys, et en cas de fréquentes
récidives et autres circonstances aggravantes, pourront être punis de mort : ce
que nous laissons à l’arbitrage des juges. Enjoignons à tous nos sujets de courir sur les contrevenants, de les arrêter et conduire en prison, bien qu’ils ne
soient officiers, et qu’il n’y ait contre eux encore aucun décret.
Article XXXIII. L’esclave qui aura frappé son maître, ou la femme de son
maître, sa maîtresse ou leurs enfants, avec contusion de sang ou au visage, sera
puni de mort.
Article XXXIV. Et quant aux excès et voies de fait qui seront commis par
les esclaves contre les personnes libres, voulons qu’ils soient sévèrement punis,
même de mort s’il y échet.
Article XXXV. Les vols qualifiés, même ceux des chevaux, cavales, mulets,
bœufs et vaches, qui auront été faits par les esclaves, ou par ceux affranchis,
seront punis de peines afflictives, même de mort si le cas le requiert.
Article XXXVI. Les vols de moutons, chèvres, cochons, volailles, cannes
de sucre, pois, magnoc ou autres légumes faits par les esclaves, seront punis
selon la qualité du vol, par les juges qui pourront, s’il y échet, les condamner
à être battus de verges par l’exécuteur de la Haute-Justice et marqués à
l’épaule d’une fleur de lys.
Article XXXVIII. L’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois
à compter du jour que son maître l’aura dénoncé en Justice, aura les oreilles
coupées, et sera marqué d’une fleur de lys sur une épaule, et s’il récidive un
autre mois à compter pareillement du jour de la dénonciation, aura le jarret
coupé et sera marqué d’une fleur de lys sur l’autre épaule, et la troisième fois,
il sera puni de mort.
Vers la fin de l’esclavage
Les premiers abolitionnistes furent des membres d’une secte protestante,
les Quakers, qui déclarèrent dès le XVIIe siècle l’esclavage contraire au christianisme. C’est en Angleterre que commence donc la longue lutte qui mènera à
la fin de l’esclavage. En 1807 est votée une loi qui interdit la traite des Noirs
sur les navires anglais. Cependant, si le commerce est d’abord interdit, l’esclavage subsiste et ne sera supprimé qu’en 1833 (les planteurs anglais des
Caraïbes recevront une indemnité de 20 millions de livres). Il faut saluer l’action de l’Angleterre qui incite les pays européens à signer des traités d’abolition
qui assimilent la traite à un acte de piraterie (traité de Vienne, 1815) et qui fait
patrouiller ses navires dans l’Atlantique pour arraisonner les navires négriers.
En France, la Déclaration des droits de l’homme reconnaît l’identité et la
valeur de chaque homme. Ainsi, le 26 août 1789, les représentants du peuple
français, constitués en assemblée nationale, précisent les droits de chaque
individu. C’est un profond besoin de justice et d’équité qui a fait naître ce
texte dont le premier article, si célèbre, est : « Article premier. Les hommes
naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne
peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Cette déclaration n’évoque
pas le problème de l’esclavage, mais pose déjà le problème de la liberté, ce qui
est un jalon précieux pour la suite. En effet, l’article 4 est le suivant : « La
liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces
bornes ne peuvent être déterminées que par la loi ».
Cette déclaration a été retravaillée en 1793 et comprend alors 35 articles
et non plus 17 seulement comme dans le premier texte. Un article très important a été ajouté : « Article 18. Tout homme peut engager ses services, son
temps, mais il ne peut se vendre ni être vendu. Sa personne n’est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut exister
qu’un engagement de soins et de reconnaissance entre l’homme qui travaille
et celui qui l’emploie ». Dans cet article, l’esclavage est donc très clairement
condamné et interdit.
La France révolutionnaire supprime l’esclavage mais Napoléon Bonaparte
le rétablit en 1802. Grâce à l’action de Victor Schœlcher (secrétaire d’État à
la Marine), la France abolira définitivement l’esclavage en 1848.
Enfin, l’Assemblée générale des Nations unies proclame le 10 décembre
1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Article 4. Nul ne
sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont
interdits sous toutes leurs formes ».
Aux États-Unis, la guerre de Sécession était facile à prédire dès l’élection
en 1860 d’Abraham Lincoln qui était un anti-esclavagiste absolu. En effet, le
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Sud refusait de se séparer des esclaves qui récoltaient le coton et faisaient ainsi
vivre les plantations alors que le Nord voulait leur rendre leur liberté. La
guerre fut alors déclarée en 1861 entre les États confédérés du Sud et les États
fédérés du Nord. Pour la première fois, des armes vraiment destructrices
furent utilisées et cette guerre ravagea complètement une partie du pays : certaines batailles durèrent plusieurs jours sans interruption et certaines familles
se trouvèrent séparées et amenées à se battre dans les camps adverses. Si, pendant quelque temps, mené par le général Robert Lee, le Sud put espérer remporter la victoire, après la défaite de Gettysburg en 1863, tout le monde savait
que les États confédérés avaient perdu. Finalement, le général Ulysses Grant,
après avoir cerné Lee à Appomattox, le força ainsi que ses troupes à capituler.
En avril 1865, le conflit s’acheva et l’armistice fut signé. L’esclavage prit alors
fin officiellement aux États-Unis, mais le problème de la place des Noirs ne
fit alors que commencer.
Le Ku Klux Klan naquit à ce moment car les Sudistes étaient, malgré tout,
bien décidés à ne pas donner aux Noirs une place identique à celle qu’avaient
les Blancs. Des lynchages eurent lieu, on empêcha les Noirs de voter... Cette
haine raciale dure d’ailleurs encore aujourd’hui dans certains villages isolés du
Sud. Le président Lincoln ne put, quant à lui, ni se réjouir de l’un, ni se désoler de l’autre puisqu’il fut assassiné par un Sudiste cinq jours précisément
après la fin du conflit.
Sources : Encyclopaedia Universalis
http://www.france.diplomatie.fr/culture/france/biblio/folio/esclavage
POUR COMPRENDRE : quelques réponses,
quelques commentaires
Étape 1 [Le capitaine Ledoux, p. 46]
7 Les synonymes sont « négriers », « marchands d’esclaves », « trafiquants
d’esclaves ».
8 La traite des Noirs a débuté au XVe siècle et s’est achevée avec le traité
de Vienne en 1815. (Se référer aux articles « Le commerce atlantique : la traite
des Noirs », p. 4 et « Vers la fin de l’esclavage », p. 6)
Étape 2 [Vers l’Afrique, p. 47]
7 L’esclave est un bien dont le propriétaire dispose à son gré, séparant les
familles pour vendre au plus offrant, procédant à des mariages pour accroître
son capital. (Se référer page 3)
8 Nantes joua un rôle essentiel dans la traite des Noirs puisque c’était de
son port que partait la plupart des navires négriers se rendant en Afrique. Au
XVIIIe siècle, le port de Nantes était devenu le premier des ports français en
assurant plus du tiers de la traite des Noirs grâce aux voyages fréquents vers
le Nouveau Monde et au commerce entretenu avec les Antilles françaises. On
compte 1744 expéditions qui le quittèrent, ce qui représente 41,3 % des
expéditions totales menées. Les 18 autres ports (tels que ceux de Bordeaux,
La Rochelle et Le Havre) étaient beaucoup moins prospères et, si on dresse
un triste palmarès, se situaient loin derrière celui de Nantes. À la fin de la
Révolution française, ce commerce commença à décliner.
Étape 3 [La rencontre, p. 48]
7 Il s’agit du fameux « trafic triangulaire » qui représentait les trois étapes
des voyages des bateaux. Partant d’Europe, ils allaient chercher les esclaves en
Afrique, puis allaient ensuite les vendre aux Antilles ou aux États-Unis et
enfin ramenaient dans leurs cales des produits exotiques comme la canne à
sucre et le cacao, indisponibles en Europe.
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8 « Bigame » signifie « être marié à deux personnes en même temps ». Le
sens de ce mot est presque identique à celui de « polygame » mais le préfixe
(poly) ne donne pas d’informations aussi précises sur le nombre de conjoints :
un homme ou une femme polygame est marié(e) à plusieurs personnes en
même temps. La polyandrie, quant à elle, est plus précise en ce qui concerne
le sexe des personnes concernées car on parle de « femme polyandre » ; la
femme est alors mariée à plusieurs hommes en même temps.
En France, la polygamie n’est pas autorisée par la loi. L’article 174 du Code
civil précise en effet qu’ « on ne peut contracter un second mariage avant la
dissolution du premier », ce qui signifie que la bigamie est prohibée et par
conséquent la polygamie également.
Étape 4 [Le marché, pp. 49-50]
1 3 Certaines personnes utilisaient la magie noire pour produire des effets
surnaturels en faisant intervenir des esprits, le plus souvent des démons. Cette
dernière caractéristique a d’ailleurs donné au mot une connotation négative
qu’il n’avait pas à l’origine car les phénomènes surnaturels concernés n’étaient
pas obligatoirement maléfiques. C’est pourquoi, aujourd’hui, on rapproche
souvent le mot avec celui de sorcellerie.
La magie blanche joue sur l’apparence et les phénomènes d’optique. Le
magicien donne l’impression de produire des phénomènes merveilleux, mais
ils ont, en réalité, une cause et une explication tout à fait naturelles.
Le vaudou est un culte très important chez les Noirs des Antilles et
d’Haïti. Il mélange un peu la sorcellerie et la magie. Certains éléments de la
religion chrétienne sont même venus se greffer sur ces rites.
1 4 La pièce à laquelle a assisté Ledoux s’appelle Les Vêpres siciliennes.
Cette pièce a été inspirée par un événement historique célèbre : le massacre
de Français perpétré en Sicile, en 1282. En 1266, le pape avait donné la Sicile
à Charles Ier d’Anjou. Les Siciliens se soulevèrent contre l’autorité du souverain et protestèrent contre ses demandes financières qu’ils jugeaient trop
lourdes. Grâce à l’appui de Pierre III, roi d’Aragon, et de Michel VIII, empereur d’Orient, les Siciliens renversèrent Charles Ier et le remplacèrent par
Pierre III. Ce soulèvement eut lieu le lundi de Pâques à l’heure précisément
où l’on sonnait les vêpres.
1 5 Le mot « verroterie » est un diminutif du mot « verre » ou peut-être une
création sur le modèle de « bimbeloterie » créé sur « bibelot ». C’est en général
un mot collectif qui désigne un ensemble de menus objets de verre. Ces objets
souvent travaillés et décorés formaient des bijoux ou des décorations sans valeur
réelle. L’insignifiance de ces objets par rapport à la vie des hommes achetés grâce
à eux a sans doute contribué à donner un sens un peu péjoratif à ce mot.
Étape 5 [Tamango esclave, pp. 51-52]
1 2 Cette phrase rappelle les proverbes ou les maximes utilisés communément dans la vie de tous les jours. Il indique ainsi qu’un bien est définitif et
que l’on ne peut plus réclamer un cadeau qui a été fait.
D’autres proverbes sont assez facilement utilisés :
– « Qui vole un œuf vole un bœuf » : qui est capable de voler une petite
chose est capable de voler une chose plus importante.
– « À quelque chose malheur est bon » : il y a toujours quelque chose de
bon à retirer même d’un événement malheureux.
– « Bien mal acquis ne profite jamais » : on ne peut pas profiter de ce que
l’on a obtenu malhonnêtement.
– « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » : c’est à force de s’exercer à
faire une chose que l’on peut la faire bien.
– « Pierre qui roule n’amasse pas mousse » : on ne peut rien construire de
solide dans la vie (métier, famille...) lorsque l’on est toujours en mouvement.
1 3 Le mot « héros » a trois sens différents ; il désigne un :
1. Personnage mi-homme, mi-dieu de la mythologie.
2. Personnage exceptionnel tant par sa force, que par son courage ou
son intelligence.
3. Personnage principal d’une histoire.
L’adjectif qualificatif peut faire, quant à lui, référence aux temps reculés de
l’Antiquité, époque à laquelle les exploits étaient monnaie courante et les
hommes toujours prêts à surmonter leur peur et le danger. Dans le texte, le
mot insiste surtout sur le courage peu commun de Tamango qui lutte seul
contre le reste de l’équipage et qui réussit à le tenir à distance quelque temps,
faisant ainsi preuve d’une force herculéenne.
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Tamango répond donc aux deux dernières définitions du mot « héros » qui
sont données page 11. On peut également jouer sur la crainte qu’il inspire
aux autres Noirs pour lui prêter une dimension surnaturelle presque divine
(et la fin le confirmera) vis-à-vis de ses semblables. On peut alors le rapprocher également de la première acception.
1 4 « Furieux » vient du latin furiosus, qui signifie « fou », « en proie au
délire ». Le premier sens désigne donc une personne sous l’emprise d’une
sorte de folie violente. Aujourd’hui, le sens s’est atténué et on l’utilise pour
parler d’une personne très en colère. C’est le premier sens qui correspond le
mieux au comportement de Tamango dans le texte car il peut paraître insensé
aux yeux du lecteur d’oser s’en prendre ainsi à tout un équipage : il n’est plus
capable de se raisonner à ce moment-là de l’histoire.
Étape 6 [En mer, pp. 53-54]
9 La figure de l’esclave traverse la littérature et le cinéma, apparaissant
tour à tour sous les traits du serviteur fidèle (La Case de l’oncle Tom) ou sous
celle de l’esclave révolté (Spartacus). (Se référer à la filmographie dans le livre
de l’élève (p. 75))
Étape 7 [Une révolte, p. 55]
7 Les sciences occultes comprennent principalement :
– l’alchimie : au Moyen Âge, fusion de techniques chimiques secrètes et
de spéculations mystiques.
– l’astrologie : art prétendant prédire l’avenir grâce à l’observation des
astres.
– la cartomancie : art prétendant prédire l’avenir grâce aux cartes.
– la chiromancie : art prétendant prédire l’avenir grâce à l’observation des
signes de la main.
– la divination : art prétendant prédire l’avenir grâce à des moyens surnaturels.
– la télépathie : sentiment de communication à distance par la pensée...
Deux attitudes opposées sont sensibles en France aujourd’hui : certains
sont prêts à croire à quelques-unes de ces sciences et d’autres appellent l’ensemble des personnes proposant ces services des « charlatans ». Quoi qu’il en
soit, une grande tolérance est notoire de nos jours car chacun a le droit de
croire ce qu’il veut et d’exercer ses croyances dans la mesure où il ne s’en
prend pas aux autres (sectes, abus de confiance...). Il n’en a pas toujours été
ainsi. Au Moyen Âge, toutes les personnes susceptibles de pratiquer ces
sciences étaient considérées comme des sorciers ou des sorcières ; on les associait à Satan et après leur avoir fait avouer, grâce à la torture, leur commerce
avec les puissances diaboliques, on les brûlait.
8 Il s’agit de Spartacus (mort en 71 avant Jésus-Christ). Cet homme originaire de Thrace n’est pas né esclave. Il l’est devenu et a été sélectionné pour
être gladiateur. En 73 avant Jésus-Christ, il s’est enfui et a été vite rejoint par
d’autres esclaves.
La révolte de Spartacus s’est déroulée du sud au nord de l'Italie, menaçant
Rome. Le nombre de révoltés était considérable : le noyau de gladiateurs fut
rejoint par des bandes d'esclaves gaulois dirigés par Crixus et des esclaves
cimbres dirigés par Hoenomanus, ce qui porte à 150 000 le nombre de soldats ! Ils occupèrent le cratère du Vésuve, bon site défensif, et battirent à plate
couture le préteur chargé de les mater. Des bergers apennins se joignirent alors
à eux. Les esclaves se divisèrent en deux bandes, l'une dirigée par Crixus,
l'autre par Spartacus. Ils occupèrent l'année à piller le Sud de l'Italie. Crixus
était d'avis de saigner le pays, Spartacus, quant à lui, voulait ramener chez eux
les esclaves. En 72, Rome envoya contre les esclaves deux consuls. Crixus fut
tué ; Spartacus remonta le pays et vaincut le gouverneur de la Gaule Cisalpine
à Modène. Le sénat de Rome envoya alors l'armée dirigée par Licinius Crassus.
Il leva 6 légions (36 000 hommes) ; il bloqua Spartacus dans le Bruttium, mais
ce dernier passa à travers au cours de l'hiver (72-71). Pourtant, celui-ci mourut au champ de bataille après avoir défendu chèrement sa vie. Ses compagnons ne connurent pas une fin aussi rapide : à titre d'exemple, Crassus crucifia le long de la via appia 6 000 esclaves. Les restes de l'armée furent écrasés
par Pompée de retour d'Espagne. C'est la dernière grande révolte servile.
La révolte de Spartacus n'engagea pas de nouvelles législations. À partir de
ce moment, à chaque velléité insurrectionnelle, les Romains répondirent par
la répression. Cette révolte n’a donc pas permis à la condition des esclaves de
s’améliorer, au contraire. (Se référer également à l’article « L’esclavage autour
de la Méditerranée », p. 3)
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Étape 8 [Seuls sur l’eau, pp. 56-57]
1 5 Cette expression signifie « engagé par », « invité avec insistance par ».
Les autres Noirs insistent pour qu’il prenne la direction du navire. On pourrait également écrire : « Poussé par cent voix confuses à diriger la course du
vaisseau… »
1 6 Auguste Rodin, sculpteur français (1840-1917), est surtout célèbre
grâce à sa sculpture Le Penseur. Ce bronze a été présenté dans sa version
définitive en 1904. Il est haut de 2 mètres, long de 1,30 mètre et large de
1,40 mètre. Il est désormais exposé au musée Rodin, à Paris.
1 7 Le verbe « se gorger de » signifie « se remplir totalement de » et vient
naturellement du mot « gorge ». L’utilisation de ce verbe donne l’impression
que les hommes se comportent comme des éponges qui s’imbiberaient
d’alcool. Ils boivent jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus rien avaler.
1 8 La forme est celle du subjonctif plus-que-parfait ou du conditionnel
passé deuxième forme. C’est ce dernier qui est utilisé ici. On peut donc le
remplacer par un conditionnel passé première forme : « Une heure après, on
les aurait vus sauter et rire sur le pont, se livrant à toutes les extravagances de
l’ivresse la plus brutale. »
Étape 9 [Un projet insensé, p. 58]
8 Théodore Géricault est un peintre français (1791-1824). Il exécute le
Radeau de la Méduse en 1819. Le tableau est exposé au Louvre. La frégate
La Méduse – faisant d’une partie d’une expédition navale chargée de
reprendre possession du Sénégal, restitué à la France par l’Angleterre – est
tristement célèbre à cause de son naufrage du 2 juillet 1816. Cent cinquante
hommes, survivant au naufrage, se sont réfugiés sur un radeau et ont vécu
des heures atroces.
9 Jules Verne, romancier (1828-1905), est l’un des plus prolifiques
auteurs de la littérature française. Dans Le Chancellor (1874-1875), il raconte
le naufrage d’un navire et les souffrances endurées par les quelques rescapés,
réfugiés sur un radeau dérivant au gré des flots. Il n’écarte aucun sujet douloureux : la maladie, la faim et donc l’anthropophagie, la trahison...
Étape 10 [Deux rencontres incroyables, pp. 59-60]
1 5 Le thème de héros échoués sur une île a été très longtemps source
d’inspiration pour les écrivains :
– Robinson Crusoé, Daniel Defoe (1719)
– Robinson suisse, Johann David Wyss (1812)
– Les Enfants du capitaine Grant, Jules Verne (1865-1868)
– L’Île mystérieuse, Jules Verne (1874)
– Deux ans de vacances, Jules Verne (1888)
– Vendredi ou les Limbes du Pacifique (version pour lecteurs adultes),
Michel Tournier (1967)
– Vendredi ou la Vie sauvage (version pour lecteurs jeunes), Michel
Tournier (1971)
On retrouve Robinson Crusoé, dans les deux livres cités ci-dessus.
Si Michel Tournier est un auteur contemporain, on peut néanmoins
considérer qu’aucun de ces ouvrages n’est vraiment contemporain puisque
Vendredi ou les Limbes du Pacifique et Vendredi ou la Vie sauvage reprennent
le héros du roman de Defoe. Ce phénomène s’explique par la parfaite
connaissance que nous avons de notre planète actuellement. Il n’y a plus d’île
déserte inconnue.
1 6 Richard Wagner est un compositeur allemand (1813-1883). Il a composé Le Vaisseau fantôme en 1841. Pour avoir blasphémé, le Hollandais, capitaine d’un navire, est condamné à errer éternellement sur les flots tant qu’il
n’aura pas trouvé l’amour pur et absolu.
1 7 La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789
entérine les droits arrachés par la nuit du 4 août. Consulter à ce propos le site
Internet : http://www.liberte.ch/histoire/ddhc/index.html
1 8 Le 9 avril 1865, le général Lee se rend à Appomattox (Virginie) : la
guerre de Sécession est terminée. (Se référer à l’article « Vers la fin de l’esclavage », p. 6)
1 9 On peut citer, par exemple, le film Autant en emporte le vent. (Se référer à la page 75 du livre de l’élève)
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© Éditions Magnard, 2001 – Paris
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9
782210 050143

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