Rapport de mission n°1

Transcription

Rapport de mission n°1
Cédric et Anne-Cécile COUËTTE
Responsable de chantier / catéchiste / animateur
Responsable de couture / catéchiste / animatrice
Placetas -CUBA
91 boulevard Auguste Blanqui
75013 Paris - France
Tél.: +33 (0)1 58 10 74 80
Courriel : [email protected]
Date : novembre 2015
www.fidesco.fr
Rapport de mission numéro 1
Catéchisme auprès des enfants de San José (Anne-Cécile) et du Reparto Amador à Placetas (Cédric)
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Chers parrains,
Chère famille,
Chers amis,
Tout d’abord, un grand merci de nous permettre de vivre cette aventure, grâce à votre aide financière et
spirituelle. Nous réalisons la chance que nous avons, et cela grâce à vous ! Par ce rapport de mission et par tous
les autres qui suivront tous les trois mois, nous espérons vous faire partager ce que nous vivons dans nos
missions afin que vous puissiez vous y associer et nous porter également dans vos prières ! Soyez également
assurés des nôtres !
Nous voici bien arrivés à Cuba depuis le 5 septembre, où nous avons été accueillis par Don Jean-Yves, le
responsable de la Communauté Saint Martin à Cuba, et notre partenaire pour la mission. Après deux jours de
visite de la Havane, passés à attendre le quatrième prêtre de la communauté, nous voici à Placetas, le lieu de
notre mission, le lieu où est installée la communauté. Placetas est approximativement en plein milieu de l’île.
Nous découvrons notre maison, nous installons, et après une bonne nuit, la mission peut commencer, il n’y a pas
de temps à perdre ! Enfin, c’est ce que nous pensons… Heureusement, Don Jean-Yves est plus raisonnable, et
nous avons la surprise de constater qu’au cours des trois premières semaines, nous n’avons rien ou presque à
faire. Et c’est la même chose pour les quatre autres volontaires de la communauté – quatre filles arrivées peu de
temps après nous à Placetas, ce qui fait que nous sommes six missionnaires français, en plus des quatre prêtres.
En fait, la mission commençait déjà, avec la fameuse adaptation. En effet, il nous fallait faire connaissance avec
les prêtres et avec les gens de la paroisse, connaître Placetas, découvrir les multiples petits magasins (ou plutôt
échoppes…) vendant chacun quelques denrées ou ingrédients alimentaires, percevoir les bicyclettes, nous
confronter à la langue espagnole, prendre nos repères… Finalement ces trois semaines passent assez
rapidement, avec pour sommet … la visite du Pape – visite qui fait l’objet de pages spéciales dans ce rapport.
A la fin de la troisième semaine, nous commençons la mission de manière un peu plus concrète, avec le
catéchisme. Cette mission – qui est une mission majeure de la paroisse – consiste pour tous les prêtres et
missionnaires, à aller donner des cours de catéchisme dans les différents quartiers de Placetas et des environs.
Nous sommes aussi aidés dans cette tâche par des catéchistes cubains, de la paroisse. Assez vite, nous
percevons l’ampleur du travail à effectuer. Nous nous rassurons en nous disant que nous avons le temps, et en
même temps, nous aimerions porter des fruits – concrètement – rapidement.
Les deux semaines qui suivent sont un peu spéciales : la bonne connaissance de la langue est une condition
majeure de la réussite de la mission qui nous est confiée. Par conséquent, la communauté a imaginé un moyen
radical pour nous faire progresser avec efficacité : chacun des six volontaires va passer deux semaines – weekend non compris – dans une famille cubaine différente : c’est la méthode de l’immersion totale. Nous nous
trouvons donc séparés, Anne-Cécile dans une famille du village de San José (à 10 minutes de Placetas), et Cédric
dans une famille complètement rurale de Falero, à 50 minutes de Placetas au milieu de nulle part. Cette
méthode devait porter des fruits, et nous en revenons avec une aisance améliorée en espagnol. Anne-Cécile y a
appris à cuisiner tous les fruits et racines de Cuba, et Cédric le nom de toutes les parties du cochon… Et de plus
nous nous sommes faits des amis que nous pourrons revoir dans le cadre de nos missions pastorales !
De retour à Placetas, c’est le début de la vraie vie missionnaire, celle qui doit durer deux ans et que nous
attendons avec impatience. En fait, tout ne se met pas en place tout de suite. Nous commençons par des
activités pastorales essentiellement, tandis que la couture et les chantiers doivent encore attendre. Cela est
finalement conforme à l’enseignement préparatoire de FIDESCO : alors que nous brûlons de commencer et de
porter du fruit, il nous faut réaliser que la mission a son temps propre, qui n’est pas le nôtre, mais dans lequel
nous devons nous fondre. Il nous faut en outre oublier la notion de résultat et simplement être au rendez-vous
quotidien de la mission, d’une certaine manière sans trop nous poser de questions. Nous sommes là, et c’est le
bon Dieu qui va travailler, et peut-être aurons-nous la chance de voir l’effet de ce qu’Il fait à travers nous ; mais
c’est une grâce, et nous ne savons pas si elle nous sera donnée.
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La paroisse San Atanasio, lieu principal de nos missions
Nous avons la chance de vivre notre mission au service d’une communauté que nous connaissons bien, et que
nous aimons beaucoup : la Communauté Saint Martin.
Quatre prêtres de cette communauté ont la charge de la paroisse San Atanasio : Don Jean-Yves Urvoy, présent
depuis 9 ans, curé et responsable de communauté, Don Jean Pichon, présent depuis 7 ans, Don Thibault
Lambert, présent depuis 5 ans, et Don Arnaud Amayon, arrivé en même temps que nous.
Don Jean-Yves
Don Jean
Don Arnaud
Don Thibault
La paroisse est très étendue, puisque Placetas comprend – avec les villages
desservis alentour – environ 70 000 habitants. Chaque prêtre a des
missions et des lieux propres qui lui sont attribués : lieux d’apostolat, lieux
de catéchisme et lieux de célébration de messe.
La paroisse a de nombreuses missions, dont certaines vont nous concerner
de près : le catéchisme, les visites de malades, l’évangélisation de la
jeunesse par le jeu et le sport, l’éducation par des cours de soutien scolaire
et grâce à un internat de douze élèves. La paroisse développe de
nombreux moyens pour attirer la jeunesse, dont les servants de messe
(environ 35 le dimanche, 10 pour une messe de semaine ainsi que pour les
vêpres et complies du dimanche), le club de bicyclette (dont
l’appartenance est conditionnée à une aide à la paroisse), le ramassage
dominical des jeunes pour la grand-messe, etc.
Tous les jours matin et soir, il y a la messe – en latin le matin et en
espagnol le soir – et les offices en grégorien. Chaque jeudi et chaque
L'église San Atanasio à Placetas, avec
dimanche, il y a une heure d’adoration, avec confessions possibles. Les
une façade et des cloches neuves !
vêpres du dimanche soir sont un peu plus solennelles, avec de l’orgue…
Quel bonheur d’entendre chanter du grégorien, discrètement accompagné à l’orgue par Cédric – pour la plus
grande joie des prêtres !
Tous les moyens nous sont vraiment offerts pour mener une belle vie spirituelle au cours de nos deux années de
mission. A nous de savoir bien en profiter.
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Nos missions
Une mise en route progressive et des nouvelles missions !
Fidesco nous avait bien prévenus : il ne faut pas s’attendre à ce que la mission décrite en France avant le départ
soit exactement celle que nous aurons à accomplir sur place. Cet aspect avait été appuyé par Pierre-François
Graffin (le directeur de Fidesco) qui avait senti venir le coup : « la description officielle de votre mission sera très
sibylline ».
Au départ la mission consistait pour Cédric à suivre les chantiers de la paroisse et pour Anne-Cécile à animer un
atelier de couture pour les jeunes filles.
Mais notre profil de catholiques pratiquants a donné des idées à Don Jean-Yves : « La technique aux cubains et la
pastorale aux missionnaires ». C’est ainsi que nous avons tous les deux récupéré trois missions supplémentaires
principales :
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Être les témoins de la beauté du mariage chrétien, dans une société qui ne croit pas au mariage : pour
cela, participation au groupe de formation Alpha Couples, avec un rôle d’observateurs au début, et sans
doute d’animateurs à terme.
Faire chacun le catéchisme dans deux endroits différents, chaque week-end.
Etre animateurs de quartiers en jouant avec les enfants et en visitant les malades, dans le but d’amener
tout ce petit monde au catéchisme et à la messe.
A cela s’ajoute une multitude de petites choses, non moins intéressantes :
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Participer au groupe des jeunes professionnels.
Participer au groupe des Hommes Catholiques.
Aller chercher les enfants chez eux chaque dimanche pour la messe, à l’aide du camion-benne (digne de
la Grande Vadrouille !) de la paroisse qui effectue le tour de la ville. On se plante devant leur maison, et
on hurle leur prénom pour leur demander de venir. On doit presque les vider de leur lit pour les faire
sortir !
Pour Cédric : jouer de l’orgue pour les vêpres grégoriennes du dimanche et les jours de fêtes.
Et donc, ce qui devait être nos missions principales (le suivi de travaux de la paroisse pour Cédric et l’animation
d’un atelier de couture pour Anne-Cécile) est juste en train de commencer, près de deux mois après notre
arrivée. Nous vous en parlerons donc plus amplement dans notre prochain rapport de mission… !
Mais le plus important, c’est d’être, plutôt que d’agir1, et nous essayons de rester dans un esprit de disponibilité.
Ce n’est pas facile, car nous sommes très conditionnés par les réflexes occidentaux de performance et de culture
du résultat. S’a-ban-don-ner.
1
Copyright Fidesco.
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Notre vie
 Placetas
Placetas est une petite ville de 45 000 habitants, bien plus tranquille que La Havane, avec très peu de voitures et
des rues très larges. Les gens se déplacent donc en vélos ou en carrioles à cheval, qui font office de taxi dans la
ville ! En bref, on se croirait dans un western !
Notre moyen de déplacement habituel est la bicyclette : les vélos nous servent à nous rendre sur nos lieux de
mission, proches (quelques minutes) ou plus éloignés (une heure). Ce sont des outils indispensables, qui font des
envieux parmi les cubains : nous devons donc les surveiller avec vigilance (une de nos bicyclettes été volée un
soir dans notre maison car la porte était restée ouverte quelques minutes, mais heureusement elle a retrouvée
suite à un dépôt de plainte auprès de la police !).
 Notre maison
Notre maison est agréable, elle est divisée en deux parties, rejointes
par un patio. Nous occupons une partie, et les quatre autres
volontaires occupent l’autre partie. Nous disposons ainsi de trois
pièces agréables. La cuisine est équipée, nous avons l’eau courante
(grâce à un système composé d’un réserve d’eau haut perchée, d’une
pompe et d’un puits). Il y a même l’eau chaude dans la douche, un
grand luxe pour une mission Fidesco ! Nous sommes vraiment bien
installés, la paroisse fait bien les choses, merci Don Jean-Yves.
 Notre quotidien
Le quotidien de la vie à Cuba est un peu lourd, parce que tout prend du temps. Il faut faire les courses dans huit
magasins différents pour espérer pouvoir cuisiner un repas complet, puis la cuisine prend des heures : nous
apprenons à trier le riz et les haricots noir qui sont la base de la nourriture ici (tout se trie à Cuba, même le sable
de construction !), à éplucher des légumes-racines inconnus en France, et à concocter des sauces à base d’ail,
oignons et huile pour que l’ensemble soit mangeable… !
Du côté du linge, nous avons la chance d’avoir un lave-linge, mais d’une efficacité toute relative… ce qui nous
oblige à prélaver le linge à la main avant de le laver quand il a des tâches ! Il faut ensuite rincer le linge à la main,
et enfin la machine se charge de l’essorage – qu’elle fait plutôt bien, ouf !! Bref, il ne faut surtout pas comparer
le bilan d’une journée en France avec le bilan d’une journée ici… !
 Vie chrétienne
La paroisse étant toute proche de notre maison (nous entendons sonner les cloches récemment installées, fierté
de Don Jean-Yves), nous pouvons aller à la messe facilement : chaque soir, à 20 heures, après le diner. Nous
allons généralement à l’adoration chaque jeudi et chaque dimanche, ainsi qu’aux vêpres du dimanche. Ainsi
avons-nous fréquemment l’occasion de remettre nos missions dans les mains de Dieu, et déjà nous sentons
l’importance de ces moments de prière dans nos semaines. Nous avons presque l’occasion de faire une retraite
(dans les faits, c’en est une, de deux ans). Nous réalisons que nous menons une vie toute particulière, comme
peu de gens ont la chance de pouvoir le faire. Nous réalisons aussi que cela nous fera un drôle d’effet, à notre
retour en France, quand la vie redeviendra un peu plus normale… !
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Chaque dimanche, après la messe, a lieu le repas de communauté. C’est un repas qui réunit les quatre prêtres et
les six volontaires : c’est toujours un moment agréable et attendu. De plus c’est un moyen important pour la
cohésion de l’équipe que nous formons. De plus, la nourriture est bonne et change souvent de celle du reste de
la semaine ! Bref, c’est un bon moment !
 Le climat
Quand nous sommes arrivés, c’était encore la saison chaude et humide. La chaleur était vraiment accablante
(plus de trente degrés, dès le matin). A présent, nous sommes dans la transition vers la saison plus fraiche et
plus sèche, qui est plus agréable. Travailler dans ces conditions demande une certaine adaptation, et nous avons
été contents, au cours des premières semaines, de pouvoir faire une sieste après le déjeuner.
 Les moyens de communication
Nous disposons enfin d’une adresse mail cubaine, accessible depuis chez nous (c’est l’adresse commune
voluntariosfidesco qui est dans l’entête du rapport). En revanche, nous n’avons pas internet depuis chez
nous : pour cela, il faut aller dans un centre spécial, faire une heure de queue (cinq postes pour toute la ville et
ses environs, soit 70 000 habitants), et payer deux CUC (deux EUROS) pour une heure d’accès à internet ; bref,
de quoi nous décourager d’aller souvent sur internet ! Nous avons mis en place un suivi de courrier sur nos
adresses gmail, que vous pouvez donc continuer à utiliser.
Toujours dans les communications : l’adresse postale mise en entête de ce rapport fonctionne bien depuis la
France, ce qui nous permet aisément de recevoir les Camembert, saucissons, bouteilles de Bourgogne et
Chamallow que vous rêvez de nous envoyer2. Il faut juste tenir compte du fait que le courrier met entre trois et
quatre semaines pour arriver.
2
Devinez qui a écrit ça …
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Le temps fort du trimestre
La visite du pape à La Havane, comme « missionnaire de la miséricorde »
Nous avons vécu des jours intenses avec la venue du Pape François à La
Havane samedi et dimanche 19-20 septembre, comme missionnaire de la
miséricorde. Cette visite était très attendue par les Cubains, car le pape
François est de culture latino-américaine comme eux.
Ainsi, de nombreuses maisons de Placetas portaient sur leur porte
d’entrée une affiche « Bienvenido » avec la photo du pape François.
« Le saviez-vous ? »
Cuba a eu la chance d’avoir la visite successive des papes Jean-Paul II en 1998, Benoît XVI en 2012 et
enfin François en 2015. La visite du pape Jean-Paul II a été suivie d’un renouveau de l’église catholique à
Cuba, le régime ayant assoupli sa position sur la liberté de culte.
La veille de la rencontre avec le Pape
Nous sommes partis avec une partie des paroissiens de Placetas dès le vendredi après-midi, formant ainsi une
« caravane dissidente » de deux cars... Pourquoi « caravane dissidente » ? Car le gouvernement cubain avait
organisé lui-même des départs vers La Havane le samedi soir, en affrétant des bus très vieux destinés à la base
au transport scolaire. Les gens devaient donc tous s’y soumettre, et ainsi vivre un voyage de nuit long et
éprouvant pour arriver dimanche au petit matin pour la messe (depuis Placetas, le voyage a duré 14h, pour
seulement 350 km !!). Notre curé avait donc organisé un départ un jour plus tôt, afin de faire vivre une petite
récollection à ses paroissiens avant le dimanche à La Havane avec le Pape. Ceci faisant, il enfreignait
l’interdiction du gouvernement…
Nous sommes donc arrivés le vendredi soir dans un camping à 50 km de La Havane, au bord de la mer. Au
programme, temps de causerie pour se préparer à la rencontre du Pape et temps libre avec la possibilité de se
baigner. Bref, ce temps de camping s’annonçait très bien !
Mais c’est alors que nous avons découvert que nous étions dans un camping réservé aux Cubains, ce qui signifie
un confort qui n’a rien à voir avec ce que connaissent les touristes à Cuba ! Musique à fond toute la journée
jusque tard dans la nuit, déchets partout sur le sol, et surtout des bungalows d’une saleté et vétusté
impressionnantes… ! Deux cafards couraient dans le nôtre – que nous partagions avec 2 cubaines, tous logés
dans 2 lits superposés – pas de matelas sur les lits, et pas d’eau dans les tuyaux !! Au bout d’une heure d’attente,
nous avons fini par pouvoir récupérer des vieux matelas, mais pour l’eau, nous avons compris qu’il faudrait
attendre jusqu’au lendemain matin… Au final, l’eau – ou plutôt un filet d’eau arrivant par un robinet rouillé
tenant lieu de douche – était disponible le matin et en début de soirée seulement, et entre les deux nous avons
fait comme les cubains : remplir des seaux d’eau, destinés à la fois à servir de chasse d’eau et de douche… !!
Tout ceci ne nous a pas empêchés de profiter de la messe et des topos préparés par les pères de St Martin. Au
programme, présentation des 2 dernières encycliques du Pape François, explication de la divine miséricorde,
adoration eucharistique.
La messe avec le Pape
Dimanche matin, nous nous levons à 3h45 du matin pour rejoindre le lieu de la messe à La Havane avec le Pape,
sur l’immense place de la Révolution (servant pour tous les grands meetings du parti…). Quelle joie de voir une
grande foule parcourir avec nous à pied le dernier km nous séparant du lieu de la messe ! Lorsque le Pape est
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arrivé, les cubains se sont révélés être bien plus expressifs dans la manifestation de leur joie que les Français : ils
couraient vers les barrières quand ils voyaient le pape s’approcher en papamobile !!
La rencontre du Pape avec les jeunes
Après la messe, nous avons pu rester à La Havane avec
la paroisse pour attendre la rencontre du Pape avec les
jeunes, prévue à 18h le même jour – ceci grâce au fait
que nous faisions partie d’une caravane indépendante
(tous les autres Cubains ont dû repartir après la messe
dans les bus affrétés par le gouvernement…).
En nous promenant dans le quartier historique de La
Havane, nous avons pu voir tout ce qui avait changé par
rapport à notre passage 2 semaines avant, juste à notre
arrivée à Cuba : façades repeintes, palmiers plantés le
long des routes… que de la gueule !!
Ce fut une belle rencontre, très attendue des jeunes et
des catholiques du pays ; en effet c’était la première
fois qu’un Pape s’adressait aux jeunes à Cuba ! Le Pape
François s’est adressé aux jeunes avec un ton très paternel et bienveillant, et leur a beaucoup parlé de
l’espérance et de la richesse qu’ils représentaient pour leur pays. Malheureusement, nous n’avons pas compris
les détails de son discours, ce fut très frustrant !
Nous avons quitté La Havane en début de soirée, heureux de ces moments uniques vécus avec le peuple cubain.
A notre arrivée à Placetas à 1h du matin, nous avons vu avec stupeur que les personnes qui étaient parties à
12h30 en caravane organisée par le gouvernement, venaient seulement d’arriver, très peu de temps avant
nous… ! Incroyable mais vrai…
Le lieu de la rencontre du Pape avec les jeunes
« Les paroles du Pape aux jeunes cubains »
L’espérance est difficile. L’espérance fait souffrir pour mener à bien un projet, elle sait se sacrifier. Es-tu
capable de te sacrifier pour l’avenir ou veux-tu simplement vivre le présent et que ceux qui suivront
s’arrangent ? L’espérance est féconde. L’espérance donne vie. Es-tu capable de donner la vie, ou
deviendras-tu un garçon ou une fille spirituellement stérile, incapable de créer de la vie pour les autres,
incapable de créer de l’amitié sociale, incapable de créer la patrie, incapable de créer de la grandeur ?
L’espérance est féconde. L’espérance se donne dans le travail. […]
Le chemin de l’espérance n’est pas facile et on ne peut pas le parcourir seul. Il y a un proverbe africain
qui dit : « Si tu veux arriver vite, pars tout seul ; mais si tu veux aller loin, pars accompagné. » Et je veux
que vous, jeunes Cubains, même si vous pensez différemment, même si vous avez des points de vue
différents, vous marchiez en compagnie, ensemble, en cherchant l’espérance, en cherchant l’avenir et la
noblesse de votre patrie. […]
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La culture cubaine
La vie à Cuba est très particulière, puisque le régime vit sous une dictature communiste, et subit le poids d’un
embargo. En deux mois de présence, nous avons déjà pu identifier quelques difficultés auxquelles sont
confrontés les Cubains.
Aspects économiques
 Les salaires
Les Cubains ont toutes les peines du monde à vivre décemment de leur travail, les salaires étant très bas par
rapport aux prix des biens de première nécessité (alimentation, hygiène, habits, chaussures). Ainsi, pour la
majorité des Cubains, tout le salaire passe dans la nourriture et les autres biens de première nécessité, sans
possibilité d’acheter d’autres choses également nécessaires. Nous ne parlons même pas de partir en vacances,
ce qui est inconcevable ici…
Les maisons sont hors de prix pour les cubains, alors la plupart vivent chez leur parents (avec mari et enfants).
Cela pose beaucoup de problèmes, et tout le monde le déplore, mais c’est ainsi, il n’y a pas d’autres solutions.
Finalement, pour pouvoir vivre dignement à Cuba, c’est-à-dire pouvoir acheter les habits nécessaires à ses
enfants et pouvoir avoir le minimum de matériel dans la maison (lave-linge, machine à café, mixeur, télévision,
ordinateur), il faut avoir de la famille émigrée aux Etats-Unis qui envoie de l’argent ou des cadeaux
régulièrement (frères, oncles, cousins, parents…). Une dame de la paroisse nous a dit un jour : « je vous inviterai
à diner quand j’aurai plus d’argent » ; cela montre quand-même un grand dénuement.
 L’alimentation
Il y a un marché noir important, sur lequel les autorités ont l’air de fermer les yeux (tant qu’il n’est pas fait en
plein jour) : ainsi, on peut trouver tout un tas de produits de la vie quotidienne à des prix plus abordables, et
même de l’essence ! Mais pour cela, il faut bien connaître la ville, et avoir du temps devant soi… !
Il y a par ailleurs des interdits qui sont étonnants. Nous avons ainsi découvert que la culture de la pomme de
terre est interdite. De même, l’abattage de vaches pour manger leur viande est interdit, car Fidel Castro a
décrété que les vaches ne doivent servir qu’à donner du bon lait aux enfants de la nation ! Ceux qui désobéissent
peuvent aller en prison plusieurs années pour cela.
A cause de cela, la nourriture cubaine n’est pas variée : les cubains mangent du riz et des haricots noirs tous les
jours, généralement avec des œufs ou de la viande de porc. Anne-Cécile fait tout son possible pour varier un
peu, mais cela demande beaucoup de travail et d’imagination.
 Les jeunes
L’avenir n’est pas attrayant pour la jeunesse : les jeunes qui ont fait des études n’ont pas d’avenir à Cuba, car il
n’y a pas de travail dans la branche dans laquelle ils ont étudié – ou un travail très mal payé. C’est pourquoi les
jeunes veulent partir à l’étranger pour pouvoir travailler et vivre dignement des fruits de leur travail.
Beaucoup de jeunes veulent devenir médecins, car d’une part ils sont déjà un peu mieux payés que les autres
métiers. Mais surtout être médecin donne l’espoir de décrocher une mission à l’étranger, en particulier au
Venezuela, qui a un partenariat fort avec Cuba : envoi de médecins en échange de livraison de pétrole. Cette
mission leur permet d’être bien payés pendant deux ans, et de revenir ensuite à Cuba avec des économies et du
matériel neuf pour la maison (réfrigérateur, téléphones portables, ordinateurs, etc.). De plus, les médecins
revenant de mission ont l’autorisation de se faire construire une maison, ainsi que d’avoir un accès à internet
chez eux.
Ces conditions de vie difficiles font qu’il y a beaucoup d’émigration illégale des jeunes vers les Etats-Unis :
environ cent personnes par jour, ce qui est assez important. Et nous le voyons concrètement : à la paroisse, un
jour, nous demandions des nouvelles d’un jeune, et on nous a répondu : « ah, mais vous n’êtes pas au courant, il
vient de partir, il est aux Etats-Unis ! ».
Aspects familiaux
La famille cubaine est sinistrée. Beaucoup de foyers sont séparés, les pères sont très souvent inexistants : sans
autorité aucune, et d’aucune aide pour la maison. A l’inverse, les mères sont omniprésentes, mais dans une
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mesure excessive. Dans les familles, il est assez fréquent que tous les enfants soient nés d’un père différent.
L’avortement est banalisé à l’extrême, puisqu’une petite de neuf ans nous disait récemment : « je n’ai pas de
petite sœur, parce que ma mère l’a avortée. » Les jeunes ne se marient presque pas. Nous comptons sur les
doigts d’une main les couples chrétiens que nous connaissons. A l’inverse la majorité des gens que nous
connaissons sont séparés.
Une des raisons pour laquelle les jeunes ne se marient pas est le fait que les Cubains ne semble pas avoir la
culture de l’engagement et de la parole donnée, ce qui complique aussi singulièrement toute relation ou
entreprise ou engagement bénévole dans la paroisse – nous avons vite appris à repérer le verbe
« comprometerse » (qui veut dire s’engager) dans les discours et sermons de nos prêtres (il revient très très
souvent, mais c’est une idée qui a du mal à passer !).
Cuba et perspectives de changement ?
Depuis le début de l’année, en France, il a souvent été question de Cuba, pour trois évènements majeurs : aux
Etats Unis, la sortie de Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme, la venue du Président de la République
Française, et la réouverture de l’ambassade des Etats-Unis à Cuba (et réciproquement). Cela peut donner, vu de
l’occident, l’impression que les choses changent à Cuba. En réalité, tous ces évènements sont des évènements
de politique extérieure, et ne concernent pas directement la vie des Cubains (ce sera différent si l’embargo
américain est un jour levé). La vie à Cuba continue d’être pénible et difficile dans bien des domaines.
Néanmoins, la perspective d’un changement (toutefois présente) permet de se poser une question : que faut-il
souhaiter aujourd’hui, pour Cuba ? Souhaitons-nous, nous les occidentaux, que les Cubains nous ressemblent ?
Les Cubains gagneraient-ils à faire partie d’une véritable société de consommation à l’occidentale ?
Il faut à la fois souhaiter à tout peuple une liberté de pensée, d’expression, d’action, d’entreprise, de pratique
religieuse, etc. … ; et en même temps souhaiter à tout peuple de ne pas tomber dans les pièges de la liberté tous
azimuts : c’est là que l’Eglise peut et doit avoir un rôle crucial, par l’éducation. C’est ce que font les prêtres de la
paroisse : éducation à l’amour, à la fidélité, à l’engagement, à la profondeur de la réflexion, à la prière, à
l’écologie3,… afin de permettre de discerner ce qui est essentiel pour le salut et pour le bonheur ; afin aussi de
savoir reconnaître ce qui est superflu ou franchement mauvais.
Quelques changements ces dernières années à Cuba…
 Depuis quelques années, les Cubains peuvent ouvrir des petits commerces indépendants
(réparateurs, restaurateurs, matériel de cuisine, habits…). Cependant, les charges dues à l’état sont
importantes.
 Le marché des ordinateurs et téléphones portables s’est aussi libéralisé depuis peu, mais il n’est
accessible qu’aux Cubains riches.
 Depuis un an, les Cubains peuvent avoir accès à internet depuis les centres de communication.
Malheureusement l’accès très cher pour eux, ce qui réserve internet à une minorité. L’accès à
internet est encore interdit dans les maisons.
 Depuis 4 ans, les Cubains peuvent accéder aux infrastructures touristiques (hôtels et plages), mais
là encore à des prix astronomiques (une nuit d’hôtel coûte entre deux et quatre fois plus cher que
le salaire cubain moyen).
3
Avec l’encyclique du Pape François, Laudato Si, comme support.
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L’apprentissage de l’espagnol
On dit souvent qu’il n’y a rien de tel que l’immersion dans un pays pour apprendre rapidement une langue. On
en serait presque à affirmer que cela en devient facile… en réalité il n’en est rien. Débarquer dans un pays sans
en connaître la langue est difficile et demande énormément de travail. Il faut se promener avec un dictionnaire,
faire répéter les gens, éventuellement leur demander de nous montrer les mots dans le dictionnaire, répéter les
mots le soir… accepter humblement de ne rien comprendre, de devoir parler sans aucune nuance au risque
d’avoir un parler franchement sec… Fidesco a raison d’insister sur l’importance de la préparation linguistique
avant la mission, et nous ne regrettons pas les 65 leçons de la méthode Assimil faites avant le départ. Malgré la
difficulté, nous sentons que tout ce travail est d’un précieux secours.
Les Cubains parlent – très rapidement – un espagnol très proche de celui de l’Espagne. Cependant, ils n’utilisent
pas la deuxième personne du pluriel (mais la troisième). Par ailleurs, un certain nombre de mots qu’ils emploient
ne sont pas dans le dictionnaire. Les Cubains ne parlent pas du tout l’anglais.
Les difficultés sont : les conjugaisons avec un grand nombre de verbes irréguliers, la prononciation difficile à
comprendre ; et puis il y a les mots que l’on oublie tout le temps, ceux qui nous manquent quand on en a besoin
(mais que l’on sait sinon), ceux que l’on maîtrise depuis longtemps mais qu’on ne comprend plus quand on est
fatigué, … et puis, il y a tant de mots à connaître !
La progression se fait ainsi :




Au début, on ne comprend rien du tout : on ne sort jamais sans un dictionnaire, même s’il n’est pas
encore utile (faute de connaître l’orthographe du mot à partir du son entendu).
Puis, on parvient à détacher les mots dans les phrases, et à en identifier quelques-uns.
Puis, plus tard, on comprend comment la phrase est montée, on repère les mots que l’on ne connaît
pas ; on sait se faire expliquer les mots inconnus et comprendre plus ou moins l’explication : cette une
étape décisive, puisqu’elle permet de sortir sans le dictionnaire.
Plus tard encore, on sort en oubliant d’emporter son dictionnaire, mais en se disant que ça devrait aller :
il y a un début de confiance, ça avance !
Avant de nous quitter…
Merci de nous avoir lus jusqu’au bout. Nous avons eu beaucoup de joie à écrire ce rapport, qui nous permet de
prendre un peu de hauteur sur la mission, et qui nous permet de réaliser la chance que nous avons.
Encore merci pour vos prières, pour votre soutien précieux. Comptez bien sur nous pour vous porter depuis
Cuba.
Nous vous donnons rendez-vous pour notre rapport numéro deux.
Cédric et Anne-Cécile.
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