La mise en place d`un système d`innovation sociétale en
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La mise en place d`un système d`innovation sociétale en
Business School WORKING PAPER SERIES Working Paper 2014-379 La mise en place d’un système d’innovation sociétale en région PACA PETIT Isabelle http://www.ipag.fr/fr/accueil/la-recherche/publications-WP.html IPAG Business School 184, Boulevard Saint-Germain 75006 Paris France IPAG working papers are circulated for discussion and comments only. They have not been peer-reviewed and may not be reproduced without permission of the authors. La mise en place d’un système d’innovation sociétale en région PACA PETIT Isabelle IPAG LAB Professeur à l'IPAG (Ecole Supérieure de Commerce), centre de Nice 4, Bd Carabacel – 06000 Nice 04 93 13 39 24 [email protected] Résumé La région PACA annonce que sa stratégie régionale d’innovation se situe dans une perspective d’innovation sociétale. Ce type d’innovation est encore mal définie, la notion d’innovation sociale est mieux délimitée. Pourtant, on assiste dans le monde académique principalement nord américain à une redéfinition d’une innovation qui dépasserait le monde de l’économie sociale pour réunir des entreprises et d’autres types d’organisation à l’origine d’innovations dont la performance serait évaluée avec des critères d’apports sociétaux plutôt que strictement financier. Après avoir présenté le débat en cours autour d’innovation social et sociétale, nous étudierons si la politique de la région PACA correspond aux critères identifiés par les chercheurs américains. Mots clés: innovation sociale, innovations sociétale, territoire, cluster, réseau Abstract The PACA region has announced that its regional innovation strategy is the perspective of societal innovation. This type of innovation is still unclear; the concept of social innovation is better defined. Yet, there is, in the academic world mainly North American, a redefinition of social innovation. This innovation goes beyond the world of social economy, to gather enterprises and other types of organization behind innovations whose performance would evaluated with criteria of societal contributions rather than strictly financial. After presenting the current debate about social and societal innovation, we will consider whether the policy of the PACA region meets the criteria identified by U.S. researchers. Keywords: social innovation, cluster 1 Introduction La région PACA en présentant sa politique d'innovation en 2009 a annoncé qu'elle s'inscrivait dans une perspective d'innovation sociétale1. Cette expression est encore peu utilisée, la notion d'innovation sociale est en débat depuis les années 1990, mais cette formulation voisine est encore rare. Comment la comprendre? L'Europe a demandé aux régions de définir leur stratégie d'innovation qui doit répondre, depuis la stratégie de Lisbonne, à des enjeux sociaux et environnementaux. La politique menée en région PACA cherche des solutions à apporter aux grands défis sociétaux, tels que l'efficacité des ressources, le changement climatique, et la santé et le vieillissement, et vers la réalisation d'un avantage concurrentiel découlant de ces nouvelles solutions2. Elle propose donc bien de trouver de nouvelles solutions, comme toute innovation, que ce soit des améliorations des processus ou des changements organisationnels, solutions qui trouveraient leur place dans un marché concurrentiel. En revanche, selon l'expression employée la spécificité ne serait pas technologique comme l'est le plus souvent l'innovation mais sur un nouveau dispositif sociétal. Cette apparition de cette notion d’innovation sociétale n’est pas isolée, elle apparaît ici dans le cadre de management public mais elle commence à être en discussion dans des contextes gestionnaires aussi. Pour essayer de mieux comprendre ce que serait cette nouvelle forme d'innovation, il paraît intéressant tout d'abord de situer cette innovation par rapport à une catégorie d’innovation qui parait voisine : l'innovation sociale. Comment les deux notions peuvent elles se distinguer ou se recouvrir ? Pour approfondir la réflexion sur l’innovation, il paraît particulièrement utile de rappeler quelques concepts définis par la sociologie de l’innovation, en particulier sur les réseaux d'innovation. Avec ces éléments théoriques, nous essaierons d'étudier comment la région PACA présente sa politique d'innovation sociétale et la place donnée aux différents acteurs en particulier l'entreprise. Cette étude nous permettra de vérifier si cette innovation sociétale annoncée correspond à la conception que l’on voit émerger actuellement dans le monde de l’entreprise. 1 De l’innovation sociale à l’innovation sociétale L’expression innovation sociétale est encore peu employée. Elle apparait depuis peu comme la traduction de l’expression Social Innovation. Le contexte français donne une définition réduite du terme social, à ce qui concerne les relations humaines. Or, la réflexion sur le social aujourd’hui demande d’envisager d’avantages d’aspects sur les conséquences sur la société de tout phénomène. C’est ainsi que le terme sociétal est apparu pour qualifier la responsabilité ou l’engagement des entreprises. Ce terme plus général permet ainsi d’évoquer aussi bien les dimensions environnementale, économique que proprement humaines. En anglais, Social Innovation est plus large que la traduction littérale française d’innovation sociale. L’expression française, d’innovation sociale qui elle est un domaine de recherche mieux identifié, renvoie à l’innovation au profit des questions sociales pris en charge par les structures associatives et l’entreprenariat social. C’est ainsi que pour le moment, elle intéressait peu l’entreprise traditionnelle. Elle ne prend pas en charge, des conséquences plus 1 2 Discours du Président Vauzelle à la conférence du 9/7/2009 Stratégie Régionale d’Innovation, p. 2. 2 larges pour la société auxquelles fait référence le terme anglo-saxon. C’est ainsi qu’est apparue la nécessité d’avoir recours à une expression distincte en langue française. Cette nouvelle traduction apparait dans les textes de l’Europe et depuis peu dans certaines traductions des travaux de la Stanford Social Innovation Review. Cette ambigüité lexicale soulève une difficulté, aujourd’hui nous devons nous référer à la littérature qui parle d’innovation sociale mais en tenant compte des deux définitions surtout pour la littérature anglo-saxonne. Il parait donc nécessaire d’étudier au préalable la définition de l’innovation sociale pour ensuite étudier comment nous sommes en train d’élargir ce concept à celui d’innovation sociétale. 1.1 Innovation sociale L’impact social d’une innovation a été pris en compte par les théoriciens de l’innovation dès l’origine de la réflexion sur ce sujet. Schumpeter déjà prenait en compte l’aspect social d’une innovation pour garantir sa réussite (Schumpeter, 1942). L’importance de la réflexion sociale sur les processus d’innovations s’est développée pour donner naissance à une sociologie de l’innovation3. Désormais que se soit en amont dans le processus de création, qu’en aval dans sa diffusion, toute innovation apparaît comme « sociale » (Bouchard, 2007). Toutefois, la réflexion sur l’innovation sociale elle-même se développe surtout depuis les années 1990. Moulaert identifie 4 domaines dans lesquels cette notion apparaît selon une acceptation distincte (Hillier et alii, 2004). Dans le cadre des sciences de gestion, elle apparaît pour améliorer le fonctionnement des organisations et s’étend au secteur non lucratif. Les recherches de la Stanford Social Innovation Review s’intéressent à cette dimension de l’innovation sociale en l’appliquant notamment au secteur philanthropique. Le domaine suivant réunit autour d’une approche pluridisciplinaire les rapports entre « business success » et progrès social et environnemental. L’Aspen Institute est un exemple de cet effort d’intégrer les objectifs commerciaux et financiers aux ambitions sociales et environnementales. Le troisième domaine s’intéresse au lien établit avec les arts et la créativité pour permettre des créations intellectuelles et sociales (Mumford, 2002). Le quatrième s’intéresse au développement territorial : développement des zones urbaines selon principe structurant de l’innovation sociale (Moulaert et alii , 1990 2002). C’est une question aussi en débat dans le monde canadien depuis 1989 (Goldenberg, 2009). L’innovation sociale est l’objet de réseaux de chercheurs importants comme le CRISES4 et de programme de recherches transdisciplinaires. Ce centre québécois propose comme définition : « Une innovation sociale est une intervention initiée par des acteurs sociaux pour répondre à une aspiration, subvenir à un besoin, apporter une solution ou profiter d’une opportunité d’action afin de modifier des relations sociales, de transformer un cadre d’action ou de proposer de nouvelles orientations culturelles. En se combinant, les innovations peuvent avoir à long terme une efficacité sociale qui dépasse le cadre du projet initial (entreprises, associations, etc.) et représenter un enjeu qui questionne les grands équilibres sociétaux. Elles deviennent alors une source de transformations sociales et peuvent contribuer à l’émergence de nouveaux modèles de développement » Cette définition montre que la nouveauté de la solution proposée, peut contenir une dimension sociale aussi bien dans les acteurs qui la porte comme toute innovation au demeurant, dans la nouvelle relation qu’elle propose et dans ses conséquences elle peut mettre en cause des enjeux sociétaux. 3 Cf. travaux du Centre de sociologie de l’innovation de l’Ecole des Mines de Paris : M.Callon, B.Latour, M.Akrich 4 Centre de Recherche sur les Innovations Sociales, www.crises.uqam.ca. 3 Dans un état de la question récent, Goldenberg propose comme définition : “the development and application of new or improved activities, initiatives, services, processes, or products designed to address social and economic challenges faced by individuals and communities.”(Goldenberg, 200ç, p.3) Cet état des lieux identifie différents domaines d’intervention pour l’innovation sociale : le secteur non lucratif avec l’entreprenariat social et l’économie sociale, mais aussi un secteur privé lucratif en développement. Ainsi, on remarque que même si les études sont principalement centrées sur le secteur des associations, une évolution est en cours, désormais les organisations concernées sont aussi bien celles du secteur privé que du secteur public ou du secteur non lucratif : “the three spheres, government, private sector, and voluntary sector, should interact productively and in appropriate equilibrium to engender and sustain a healthy and sustainable economy, social system, and physical environment” (Goldenberg, 2004: 18). C’est ainsi que l’on peut considérer qu’après une première phase pendant laquelle l’innovation sociale était principalement à l’initiative du secteur non-lucratif et dans l’économie sociale, celle-ci prend de plus en plus d’importance dans le secteur privé. Pourtant dans certaines définitions, l’entreprise semble exclue du périmètre de l’innovation sociale, elle serait réservée aux organisations non lucratives et l’entreprise ne s’intéresserait qu’à l’innovation technologique (Tremblay, 2007). Cette limite semble dépassée actuellement. Cette évolution dans la réflexion sur l’innovation sociale est marquée par l’adoption d’une nouvelle définition parmi les nombreuses définitions proposées de l’innovation sociale, un consensus est en cours de constitution autour de la nouvelle définition (Goldenberg, alii 2009) du Social Stanford Review en 2008 qui propose de redécouvrir l’innovation sociale en posant une nouvelle définition. C’est cette nouvelle définition qui est traduite en français par innovation sociétale. 1.2 Innovation sociétale L’équipe de Stanford de la Social Innovation Review travaille sur ce sujet depuis 2003, en 2008 il a paru important de « redécouvrir » l’innovation sociale avec une nouvelle définition qui paraît s’imposer (« Rediscovering Social Innovation » Phills et alii, 2008). Cette définition a été traduite en français par l'expression d'innovation sociétale «Une solution nouvelle à un problème social, plus efficace, efficiente, durable ou juste que les solutions existantes et dont la valeur ajoutée concerne en premier lieu la société dans son ensemble plus que les individus.»(Phills, 2008, p. 38– traduction de Jacques Delmoly, Institut des 2 Rives). Cette adoption du terme sociétal, nous paraît pertinente pour distinguer cette nouvelle acceptation de ce concept dans une vision plus large qui intègre aussi bien le secteur pionnier du monde de l’économie sociale, que le secteur privé qui découvre le « social business ». C’est ainsi que cette expression a déjà été utilisée en français dans le monde de l’entreprise. IMS-Entreprendre pour la Cité, réseau d’entreprises qui se propose d’aider ses membres dans leurs démarches d’engagement sociétal a créé un pôle d’expertise sur l’innovation sociétale. Cet engagement se traduit par des initiatives « qui contribuent à la cohésion sociale et au développement des territoires où elles sont implantées »5 Les 200 entreprises adhérentes d’IMS sont représentatives des grandes entreprises française (Air France, Axa, Carrefour, Michelin, PSA Peugeot, Renault…) De même, on observe qu’une entreprise comme Danone dispose d’une direction de l’innovation sociétale. Elle a créé un fonds « Danone Communities » dont « l’ambition est de promouvoir l’innovation sociétale en soutenant le développement d’entreprises ayant un impact social fort qui soit en cohérence avec la mission de Danone. Le Fonds 5 http://www.imsentreprendre.com/). 4 Danone.Communities encourage des projets qui permettent de créer de l’emploi, de préserver l’environnement, ou encore qui proposent aux enfants souffrant de carences nutritionnelles un produit alimentaire adapté à leurs besoins à un prix très bas. » (Rapport Développement Durable, Danone 2009). Ce Fonds a aussi donné naissance à un incubateur d’entreprises à vocation sociale. Pour Danone aussi, l’innovation sociétale doit concilier économie, environnement et gain pour la société dans laquelle elle s’inscrit qui apparait bien avec le terme Communities. Cette politique a été élaborée en collaboration avec Muhamed Yunus dans le cadre du développement du « social business ». Ce nouveau type d’entreprise doit avoir comme priorité le bénéfice qu’elle génère pour la société, le retour pour les investisseurs devant être limité à leur apport sans plus value (Yunus, 2008, 2011). Ainsi, cette expression apparaît dans le monde des entreprises françaises pionnières dans le domaine de l’engagement sociétal. Cet usage du terme sociétal semble correspondre aux initiatives étudiées par la Stanford Social Innovation Review. Pour développer l’analyse des de ces auteurs, ils remarquent que pour que les changements sociaux touchent la société dans son ensemble, ils ne peuvent se limiter à une sphère et qu’il faut donc sortir des barrières traditionnelles entre secteur lucratif et non lucratif ou public et privé. Le chantier en cours concerne toutes les organisations et ne se limite pas à l’entreprenariat social. Cette innovation sociétale s’inscrit dans l’analyse de l’innovation qui distingue : le processus d’innovation ; l’innovation elle-même en tant que résultat (une nouvelle méthode, un nouveau produit) ; la diffusion de l’innovation, avec la problématique de l’appropriation qui est apparu comme critique ; la valeur créée par la nouvelle solution, l’innovation devant permettre une amélioration, un progrès. Pour ce qui est la caractérisation de la dimension social que nous traduisons par sociétale, les auteurs insistent sur la création de valeur sociale et non simplement économique. Pour eux générer de la valeur sociale est : « création de bénéfice ou de réduction de coût pour la société, à travers des efforts pour répondre à des besoins et des problèmes sociaux, de telle sortes d’aller au-delà des gains privés et intérêts de l’activité du marché » (Phils, 2008, p.38) L’exemple emblématique de cette innovation se retrouvant dans le micro-crédit ou le commerce équitable. Ce sont de nouveaux modèles qui ont principalement des impacts sociaux positifs tout en ayant une valeur économique. Les mécanismes de diffusions de l’innovation sociétale se caractérisent par une remise en cause des modes de fonctionnement habituel, pour ces auteurs elle se distingue par trois conditions. La première est de créer des échanges d’idées et de valeurs entre milieux associatifs, privé et publics. Ces innovations naissent du dialogue de sphères traditionnellement fermées. Pourtant le modèle de gestion de l’entreprise est en train de se diffuser dans le secteur public ou dans le monde associatif, signe de la perméabilité de ces milieux, ces innovations naissent des échanges des différentes organisations composant la société que sont les entreprises, les associations et le secteur public. La seconde condition est qu’elle donne lieu à une modification des rôles et des relations des différents partis dans de nouvelles relations partenariales. Elles donnent souvent lieu à des formules originales dans lesquels ce n’est pas nécessairement l’entreprise à l’origine de l’innovation qui va l’exploiter ou selon des formes nouvelles. Enfin, la troisième condition, est qu’elles sont le résultat de financement diversifié intégrant des capitaux privés, publics et des fonds philanthropiques. Précédemment les fonds publics ou philanthropiques se substituaient au marché pour intervenir dans des domaines où le résultat économique était peu certain. Désormais dans le cadre de la recherche de nouveau marché, on identifie l’apparition d’un marché s’il est soutenable à défaut d’être profitable. Dans la mesure, où le marché s’autofinance le secteur privé participe aussi. Le changement lié à l’innovation sociétale réclame donc un changement des points de vue de chaque sphère qui ne peut avoir lieu que dans l’échange et la collaboration entre chacune 5 d’elles. La réflexion du S.S.R.I. se prolonge dans le travail de Porter et Kramer sur la valeur partagée (Shared value) (Kramer, Porter, 2011). La collaboration de M. Porter à cette équipe de chercheur s’est concentrée sur le développement de la dimension stratégique de la responsabilité sociétale de l’entreprise. En 2011, un article paru dans la Harvard Business Review se consacre à la création de valeur aussi pour la société pas seulement pour les actionnaires. Cette valeur partagée s’appuie sur de la création de valeur sociétale génératrice de valeur économique. En prenant en compte les impacts sociétaux, l’entreprise génère des économies importantes, elle réalise des synergies et elle recrée des liens avec les communautés dans lesquelles elle s’inscrit. Le rôle du territoire est aussi important avec le développement de cluster permettant de démultiplier l’efficacité de l’innovation ainsi générée. Le lien établi entre innovation et territoire apparaît comme central dans cette innovation, elle s'ancre dans les communautés dont elle fait partie et tire sa dynamique des échanges des réseaux permettant à l'innovation d'émerger. Nous retrouvons bien les « communities » de Danone. Nous retiendrons donc que la spécificité de cette innovation est de s’intéresser à la dimension sociétale quelque soit l’axe par lequel on aborde l’innovation et d’être lié à la création de réseaux d’échanges, en cela elle rejoint la réflexion sur l’innovation en générale le plus souvent appliquée à l’innovation technologique avec la notion de réseau d’innovation. 1. 3 Réseau d’innovation La sociologie de l’innovation a montré que la réussite d’une innovation tenait principalement dans sa capacité à créer un réseau et à le mobiliser (Akrich, Callon, Latour, 1988 ). Dans les différentes phases d’une innovation, les phases critiques étaient liées davantage à sa diffusion et son appropriation qu’à sa conception. La théorie de l’acteur-réseau a mis en valeur comment créer une démarche collective s’appuyant sur des mécanismes d’intéressements permettant l’appropriation (Akrich et al. (1988). C’est en se constituant des alliés qu’une innovation pourra se développer, ce n’est pas la qualité intrinsèque de l’innovation qui prime. Ce sont donc les acteurs concernés « les partis intéressés » les share holders qui vont se constituer qui permettront sa diffusion. Il convient donc de tisser un réseau d’acteurs intéressés. Pour cela, il est important de participer à l’élaboration de l’innovation. Cet intéressement ne peut pas venir qu’in fine pour la diffusion de l’innovation, il faut qu’elle intervienne dans le processus d’élaboration pour que l’investissement soit meilleur. L’implication dans le processus de co-construction garantit le soutien des membres du réseau ainsi constitué. Dans ce processus elle doit se créer des relais des « porte-paroles ». La théorie de l’intéressement décrit comment l’adaptation rend possible l’adoption de l’innovation. Cette démarche s’appuie sur l’enrôlement des utilisateurs c'est-àdire de les associer activement à la définition de l’innovation. C’est ainsi que le rôle des réseaux d’innovation est autant de créer un contexte permettant des échanges suscitant des innovations, que de créer un réseau d’acteurs qui vont être « intéressés » par sa diffusion. C'est pourquoi, créer un contexte propice revient par conséquent à créer des espaces d’actions collectives qui permettront aux acteurs d’être mobilisés. Parmi ces espaces permettant des démarches collectives on peut citer le développement de réseaux professionnels. Dans le monde des entrepreneurs, il a été montré que l’appartenance à des réseaux professionnels est importante pour diffuser de nouvelles pratiques (Chabaud et Ngijol, 2005 ; Bonneveux , 2010). Ce mécanisme a été étudié en particulier pour la promotion de la RSE (Capron et Quairel, 2004). Dans la structuration d’un réseau territorial le rôle d'un acteur local (CCI, Conseil régional…) est important. Sa mission vise bien souvent, à travers des actions de sensibilisation, à dynamiser un tissu régional pour le rendre plus attractif. Etudié dans le cadre de la diffusion 6 des démarches de la RSE, le réseau apparaît comme un catalyseur en PME (Berger-Douce, 2006 ; Bonneveux, 2010). Le processus d’innovation et la construction d’un réseau sont les deux aspects étudiés actuellement pour observer l’innovation sociale au Québec par l’équipe du CRISES déjà évoquée. Un axe de recherche se concentre sur le lien avec le développement du territoire. En effet, comme toute innovation dans sa phase d’institutionnalisation elle est liée à un contexte spécifique qui permettra une transformation sociale. Ils s’intéressent donc au système social d’innovation (Klein alii, 2007, 2010), c’est la constitution d’un tel réseau qui permet à la fois de co-construire une innovation et d’obtenir des transformations sociétales. Cette équipe a pu mettre en valeur à travers l’étude du cas du Québec que les réseaux d’innovation se sont constitués grâce à la mobilisation des acteurs sociaux et grâce à un système de gouvernance qui se caractérise par des formes originales de concertation et de partenariat permettant une co-construction des politiques publiques. C’est ainsi qu’ils observent qu’un système d’innovation territorialisé se caractérise par une multitude d’acteurs (entreprises, organismes publics, universités, organismes de financement…) reliés par des réseaux d’échanges permettant un apprentissage (Tremblay, 2004). Les travaux du Crises sont en particulier centrés l’étude des réseaux permettant ces nouvelles formes de territorialités. En France, comme le dernier rapport « Créativité et innovation dans les territoires » l'étudie, la créativité par l'innovation est la solution préconisée pour sortir de la crise. La dimension de l'innovation s'ouvre à d'autres dimensions que technologiques mais l'innovation sociale reste à peine évoquée. En revanche, l'importance de développer au niveau territorial un éco-système favorable est au centre du rapport. L’importance du réseau d’innovation mis en valeur par la sociologie de l’innovation prend toute son importance quand il s’agit d’une innovation devant générer des transformations sociétales. La dynamique sociale mise en œuvre est encore plus déterminante. 2 L’innovation sociétale en PACA La notion d’innovation sociétale est à peine émergente, sa définition académique est l’objet de discussion. Pourtant, elle apparaît comme la thématique principale de la région PACA pour présenter sa politique régionale. Il parait intéressant d'examiner la représentation qu’en ont ses promoteurs. Notre étude empirique va donc s’appuyer sur la l’étude de la proposition de la région PACA autour de ce thème. Cette étude va analyser des documents élaborés pour guider les politiques régionales d’innovation comme le « Référentiel d’évaluation de l’innovation sociétale et territoriale » ainsi que ceux dans laquelle la région va expliciter sa politique « Stratégie Régionale d’Innovation » (S.R.I.). Nous nous intéresserons aussi aux modalités d’organisation de la mise en œuvre de cette politique pour observer si un réseau d’innovation se constitue. La politique d'innovation au niveau régionale part principalement de l'initiative européenne. C'est la stratégie de Lisbonne proposant le plan d'action de 2000 à 2010 qui se proposait de développer une Economie de la connaissance grâce à l'innovation qui devait permettre une meilleure cohésion sociale en incluant le développement durable. Elle se déploie dans les régions à travers les Fonds Européens de Développement Régional (FEDER). A la demande de la Commission Européenne, cette politique est définie au niveau régional dans une Stratégie Régionale d'Innovation (S.R.I.). Celle qui a été définie en PACA en 7 septembre 2009 présente l'originalité de « s’inscrire dans une perspective d’innovation sociétale »6 . 2.1 La notion d'innovation sociétale pour les promoteurs de la SRI La définition européenne de l'innovation s'appuie principalement sur le manuel d'Oslo qui prend en compte principalement l'innovation technologique. La dernière édition de 2005 a commencé une ouverture sur l'innovation organisationnelle. Mais l'évolution en cours sur l’innovation sociétale n'a pas été intégrée. On assiste pourtant à des débats dans le milieu de l’action publique pour élargir cette définition qui a pu influencer les acteurs de PACA. Ainsi, un document élaboré par EDATER un cabinet de conseil en management public et financé par des fonds européens, permet d'étudier la définition qui sert de référence à l'élaboration des différentes politiques régionales d'innovation. Le « Référentiel d’évaluation de l’innovation sociétale et territoriale » d'EDATER paru en avril 2009 précise la notion d'innovation sociétale et territoriale. Cette définition a été construite à partir d'études documentaires et de réunions avec des acteurs des politiques régionales d'innovation. Cette définition est donc principalement issue du monde du management public. Pour les acteurs, elle émerge pour ne pas limiter l'innovation à la technologie principalement dans des territoires ruraux. D'autres insistent sur le fait que toute innovation, a des conséquences sociales et territoriales en s'inscrivant dans une société et un territoire donné avec comme définition proposée: « Une innovation sociétale est une construction originale (avec prise de risque), située dans le temps et dans l’espace, enchâssée dans l’individuel et dans le collectif (donc relative à une société donnée) dont la production et les effets dépendent du contexte culturel, économique, technique, social, institutionnel……. » (EDATER, p. 4) Cette définition insiste donc sur l’encastrement de l’innovation dans une société donnée. Ces débats distinguent les innovations ayant une valorisation économique que sont les innovations technologiques, organisationnelles et de marketing, des innovations sociales qui se caractérisent par un processus original impliquant la participation des acteurs. Il semblerait que ce soient des innovations de natures différentes. Pour d'autres acteurs régionaux, elle n'est qu'un processus du développement durable. Ainsi, la plupart des projets s'inscrivent dans des financements du Fonds Social Européen. Les rédacteurs de ce référentiel, s’écartent des résultats de leurs observations en s’appuyant sur la littérature. Ils démontrent que la définition de l'innovation dans le manuel d'Oslo est principalement l'innovation technologique mais que la réflexion des sociologues sur le développement local ne limite plus l’innovation aux entreprises (Moulaert, 2007). Cette ouverture permet d’évaluer comme innovant de nouveaux types de projets. Pour les politiques régionales d’innovation cet élargissement de la définition de l’innovation est intéressant car elle permet de faire appel à des financements européens qui ne s’arrêtent pas aux FSE mais aussi aux Fonds pour l’innovation avec la proposition de nouveaux critères d’évaluation. Ce document permet de mieux comprendre la diffusion du modèle d’innovation sociétale dans le monde des politiques régionales d’innovation. Pour autant, la région PACA est originale en mettant au centre de sa stratégie l’innovation sociétale. Ainsi, dans la plupart des régions l'innovation tend à s'élargir mais sans évoquer ce nouveau modèle d'innovation comme la région Languedoc pourtant créatrice d'un incubateur d'innovation sociale, mais qui ne développe pas ce thème. Revenons donc sur la S.R.I. de la région PACA. Celle-ci propose le cadre de la politique régionale pour 2010-2013. La méthode adoptée a été d'élaborer un diagnostic par une Agence, celui-ci a servi de base aux discussions avec 18 réunions de travail pour se terminer pas une conférence régionale en juillet 2009 pour permettre une concertation des acteurs et par là 6 Discours du Président Vauzelle à la conférence du 9/7/2009 présentant le projet de S.R.I. 8 préparer son appropriation. L'étude de ce document nous permet de mieux comprendre cette élaboration. Celle ci est le fruit d'une réflexion de 18 mois, lancée en avril 2008 elle va être menée dans un contexte marqué pas la crise de 2008. Elle se propose de répondre aux défis sociétaux : « changement climatique, raréfaction des ressources, naturelles, gestion de l’espace mais aussi vieillissement de la population, santé, cohésion sociale…»7 par l'innovation. Celle-ci n'est pas strictement technologique mais aussi organisationnelle, ou sociale elle a l'ambition de proposer « une approche plus large de l’innovation qui ne se limite pas à la seule innovation technologique ». Comment est présentée ce qu'est une l’innovation sociétale ? « l’innovation doit être resituée dans une approche globale qui intègre son impact en terme d’utilité sociale ». C'est la première des orientations stratégiques données par le président de la Région. Il s'agit de se concentrer sur une nouvelle forme d'innovation qui doit répondre aux défis sociétaux. Celle-ci est à la charge de la société dans son ensemble pas seulement des entreprises. Pour celles-ci, l’innovation sociétale doit s'appuyer sur la RSE « levier pour l'innovation » (SRI p.44) celle ci comprise comme permettant une performance globale de l'entreprise, en particulier: « l’amélioration de la qualité environnementale des produits et des processus de production et de commercialisation, à l’amélioration de la qualité des emplois et des conditions de travail, à l’évolution professionnelle des salariés en termes de compétences et de rémunération, à la protection de l’environnement et de la cohésion sociale du territoire dans lequel elle intervient. » Pour les pouvoirs publics c'est la mise en place d'une politique de développement durable avec 2 priorités : l'environnement et la responsabilité sociétale. Cette dernière se manifeste dans « les innovations pour la limitation des inégalités et le développement des solidarités » notamment en soutenant, l'économie sociale qui est une « source d'innovation sociale ». Nous voyons que dans un document qui utilise les deux expressions voisines, l'innovation sociale est bien réservée au domaine de l'économie sociale et solidaire alors que l’innovation sociétale l’inclut mais qualifie les initiatives des entreprises traditionnelles aussi. L’initiative de cette politique reste aux politiques publiques en s’appuyant sur le territoire. Son rôle est de développer des conditions propices à l’innovation. Cette mise en place d’un éco-système favorable est le Réseau Régional d'Innovation. 2.2 La politique régionale d'innovation Constituter un éco-système propre à l'innovation est la mission assignée à ces politiques territoriales. Comment l'éco-système de la région PACA peut il aider l'émergence d'innovation sociétale? Pour observer ces conditions favorables nous rechercherons si les dispositions évoquées par les chercheurs de la SSIR ont été réunies? C'est à dire existe- il des échanges dans des collectifs réunissant milieux associatifs et entrepreneurs? De nouveaux projets permettent ils des relations partenariales entre ces acteurs issus de sphères différentes? Les projets sont ils financés par des capitaux mixtes à la fois privés, publics et relevant du monde de la philanthropie? La politique régionale est organisée par un Réseau Régional d'Innovation qui regroupe les acteurs de l'innovation et de l'accompagnement à l'innovation. Il est structuré en collèges regroupant les différents métiers. Celui-ci est piloté par un comité qui réunit les financements publics et les représentants des différents collèges, dont l'organisateur est une association Méditerranée Technologie. Pour favoriser les échanges et la constitution de réseau d'innovation le dispositif traditionnel en France est celui des Pôles de compétitivités de la politique industrielle nationale. La Région PACA réunit 9 pôles, ceci facilite les rapprochements entre recherche et industrie. Cette structure nationale a été complétée par un dispositif original tourné vers une innovation 7 Région PACA, S.R.I., p.2 9 différente les PRIDES. Les Pôles Régionaux d'Innovation et de Développement Économiques Solidaires ou PRIDES sont des réseaux d'entreprises lancés depuis 2006 qui avaient pour ambition de promouvoir une nouvelle forme d'innovation autre que technologique. 20 pôles se sont ainsi constitués en complément des pôles de compétitivité. Ils ont pour vocation de réunir des entreprises pour mutualiser leurs moyens et savoir faire, et bénéficient d'aides particulières. Le tissu local d'entreprises se caractérise par beaucoup de PME et de TPE, leur permettre de rejoindre des réseaux permet de développer des synergies. Parmi ces projets on peut citer: la mutualisation de plan de formation, le partage de service de veille ou de service à l'étranger, la mise en place de commande groupée ou d'organisation de collecte de déchets. L'innovation mise en place recherche donc des solutions non seulement technologiques mais aussi sur des questions sociales et écologiques. Le soutien que donne la région à ces projets prend en compte dans ces critères la valeur ajoutée dans sa dimension sociétale. 29 PRIDES on été labellisés et le dispositif réunit aujourd’hui 3600 membres dont 3000 entreprises. 600 structures représentent donc les laboratoires et instituts de formation et autres structures associatives. Des espaces sociaux d'échange ont bien été une priorité pour la région PACA, ils sont caractéristiques de la politiques régionale antérieure à la définition de la dernière stratégie. Chaque PRIDES a donné lieu à la création d'une association porteuse du projet de fédération ou bien s'est inscrit dans une association représentative. Ces réseaux s'appuient sur des groupements préexistants comme par exemple le syndicat des libraires du Sud pour le PRIDES des industries culturelles. Cette organisation en réseau a permis de structurer des filières économiques régionales comme les industries culturelles ou la filière du bois. Elle a permis ainsi l'éclosion de Cluster dans des domaines très variées: la logistique, la finance, la chimie, les industries culturelles... cf. liste en annexe. Toutefois ces regroupements renvoient à des réalités très différentes et peu comparables, comme les pôles industriels nationaux et certains regroupements plus confidentiels. En revanche, la volonté de rapprocher les acteurs pouvant partager des informations propres à un domaine pour favoriser l'émergence de solutions nouvelles est présente. L'objectif du rapprochement prend en compte des projets générant une utilité sociale plus large que l'activité économique: énergie alternative, chimie verte, tourisme solidaire, construction durable. Les nouvelles perspectives du développement Durable sont des priorités. Le second point est le financement. Est ce que le financement permet de rapprocher: financement public, privé et philanthropique? Le diagnostic de l'innovation pour ce qui est du financement constate que la part du PIB consacrée à la R & D est légèrement supérieur à la moyenne des région françaises (1,9% en 2003 pour 1,5% moyenne française). Pourtant cette concentration de l'aide en R & D ne permet pas de financer le reste du processus d'innovation ou les innovations non technologiques. Ainsi le financement d'autres projets que technologiques se trouve difficilement. Le financement de l'amorçage en particulier est faible et les entreprises innovantes rencontrent des difficultés à cette étape de leur développement. Les acteurs sont principalement publics avec environ 100 M€ pour les fonds Etat et Région, les banques, les sociétés de capital risque et les associations de Business Angels. Il y a donc différents partenaires pour financer. Cependant, on ne voit pas l'intervention de fonds selon une tradition philanthropique. Il est vrai que le modèle français du financement de l'intérêt général par des dons reste très prudent dans un investissement qui pourrait être assimilé à une activité lucrative par les services fiscaux et limite ses investissements à des services sociaux. Même si l'innovation est considérée comme une cause d'intérêt général, il ne semble pas que l'on note la participation de fondations à des projets innovants s'inscrivant dans les PRIDES. La dernière spécificité de cette innovation est de donner lieu à des partenariats originaux. Elle repose sur la notion d'innovation ouverte, permettant de partager des risques d'innovation entre différents acteurs avec des formules originales comme l'essaimage ou la cession de licence de telle sorte que l'exploitation ne soit pas nécessairement assurée par le concepteur. 10 Le diagnostic de l'innovation dressé remarque que malgré le contexte de réseau favorable à cette innovation, des résistances liées à la protection intellectuelle ne permettent pas encore l'essor de ces partenariats. 2.3 Discussion Peut-on considérer que la politique d'innovation sociétale annoncée correspond à la définition donnée par les chercheurs américains ? Est- ce que l'on peut dire que les conditions propices à l’innovation sociétale sont réunies dans le Système Régional d'Innovation ? La création de réseaux d'échanges d'idées, d'informations et de pratiques est réelle. Un effort a été réalisé depuis la création des PRIDES pour ce rapprochement des acteurs et la création de milieux porteurs pour dynamiser l'émergence de nouvelles solutions et faciliter leur diffusion grâce à la mobilisation d'un réseau d'acteurs. Le contenu de certaines innovations est orienté vers la recherche de solutions à des défis sociétaux importants que ce soit énergétique ou pour faire face au vieillissement de la population. Enfin, la prise en compte de la valeur sociétale paraît importante au moins dans un souci de légitimation pour obtenir des aides financières. Si l’on revient sur le concept d’utilité sociale évoqué par le président de la région, il renvoie à une réflexion actuelle des chercheurs en sciences sociales qui s’interrogent sur la reconfiguration de l’action publique et proposent la notion d’utilité sociale pour se substituer à celle d’intérêt général (Engels, alii 2006). Cette proposition s’appuie sur la constatation que les pouvoirs publics pour rendre leurs actions plus efficaces encouragent la délégation de la prise en charge de l’intérêt général à des structures privées. L’utilité sociale recouvrent ce qui n’est pris en compte ni par l’Etat, ni par le marché. Ces chercheurs observent que ce concept est mobilisé selon plusieurs modalités d'interprétation. Dans une perspective identitaire, le principe d'utilité sociale est mobilisé par des organisations comme mode de légitimation. Il peut aussi être convoqué comme convention pour établir des compromis entre des intérêts hétérogènes dans le cadre d'un processus d'action collective (Boltanski, Thevenot; 1991 ; Enjolras 1999). Nous voyons qu’effectivement dans le cadre de la politique mise en place, le souci de légitimation est présent et surtout la mobilisation des acteurs autour d’un projet qui se rapproche de la notion de convention. Par ailleurs, une des réserves qui peut être faite est que la perspective sociétale donnée peut s'inscrire dans une politique contingente lié à l’après crise 2008 où il semble important de donner de nouveaux modèles d’organisation surtout dans le cadre de la préparation des élections régionales de mars 2010. Ce positionnement correspond aussi à un besoin d’élargissement de la définition de l’innovation de la stricte définition européenne du manuel d’Oslo pour élargir les projets que les fonds européen pourraient aider dans les programmes d’innovation. Au demeurant, cette interprétation était cohérente dans la perspective du processus de Lisbonne qui élargissait la dimension de l’innovation. L'analyse de l'innovation reste marquée par le modèle de l'innovation technologique traditionnelle. Elle s'inscrit dans une politique d'aide à l'innovation plus globale qui privilégie ces modèles que ce soit la politique industrielle nationale ou européenne. En effet, la commission européenne paraît revenir sur une interprétation plus traditionnelle de l'innovation. Au terme de la décade de la stratégie de Lisbonne, la nouvelle stratégie Europe 2020 conserve l'innovation au cœur de la stratégie européenne, mais la dimension sociale n'est plus aussi prioritaire. La dynamique publique semble sur le point de se ralentir alors même que l’innovation dans une dimension sociétale est en train de gagner le monde de l’entreprise. Dans une perspective institutionnaliste on peut considérer que la première étape coercitive sous la pression de la gouvernance territoriale a été initiée, la phase mimétique est en cours de constitution avec la fédération de réseaux, la phase normative est encore à venir. La phase de lancement est initiée, des réseaux ont été constitués. Mais il convient de se demander si ces 11 réseaux « s’intéressent » réellement à des innovations au sens de la sociologie de l'acteur réseau. C'est-à-dire des réseaux permettant intéressement, implication, adhésion et diffusion. Les clusters ont été constitués désormais il convient de suivre s'ils donnent naissance à de nouvelles solutions dans toutes les dimensions sociétales évoquées. En effet, ces réseaux sont plutôt réunis autour d’une spécialité, d’un secteur d’activité qu’autour d’un nouveau projet. L’élément fédérateur n’est pas nécessairement la nouvelle solution qu’il faut développer. Il est nécessaire d’étudier les innovations auxquelles ils ont donné naissance pour vérifier si effectivement ils permettent l’émergence d’innovation sociétale. On ne note pas non plus l’existence de catalyseurs que sont les incubateurs dédiés à ce type d’innovation comme il en existe en région Languedoc Roussillon et l’incubateur Alter’incub étudié par Nadine Richez Battesti (2009). La région PACA a plusieurs incubateurs mais ceuxci restent dans la tradition de transfert de technologie des laboratoires centrés sur l’innovation technologique. Il paraît nécessaire après la phase d’incitation des pouvoirs publics d’étudier comment se développe la phase de mimétisme et de voir dans quelles mesures les innovations auxquelles ont donné lieu ces Cluster sont réellement sociétales. Conclusion La réflexion sur l’innovation sociétale est initiée. Il paraît opportun de distinguer l’innovation sociale liée à des activités du secteur social qui se développe depuis les années 1990, d’une innovation qui touche tous les domaines d’activité. Sa dimension sociétale serait davantage dans les critères permettant de mesurer son apport, qui ne serait pas strictement économique mais principalement sociaux. Ce type d’innovation est le fruit comme l’innovation traditionnelle de la constitution de réseau d’innovation et l’encastrement dans un territoire particulier serait encore plus important puisque la mesure de l’apport à une communauté est plus naturellement lié à une société ancrée sur un territoire. La politique annoncée de la région PACA de s’inscrire dans cette perspective, s’est effectivement traduite par l’encouragement de créer des réseaux d’innovation mobilisés par un projet plus large que l’innovation technologique traditionnelle. La phase de création de réseau a bien été réalisée. Au demeurant, il paraît nécessaire d’étudier plus attentivement les résultats de ces clusters pour vérifier s’ils ont bien donné lieu à des innovations à la fois permettant de susciter assez de valeur économique pour se maintenir et de valeurs en termes d’utilité sociale. Bibliographie : Akrich M., Callon M. et Latour B. 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Construction durable Promotion du bois dans la construction Toutes énergies non génératrices de gaz à effet de serre Tourisme solidaire Marché de l'eau, des déchets et de l'énergie Développement économique de l’ensemble de la filière fruits et légumes Coopération financière Euro-méditerranéenne Toutes activités liées aux bateaux de plus de 24 m (construction, maintenance, rénovation). Mode, textil, habillement Culture, technologie, Loisirs et Mode Cinéma, Audiovisuel, Animation, Multimédia, Edition, Distribution et Diffusion de programme Valorisation, diffusion, développement et innovation en matière de patrimoine et culture Industries culturelles: livre et disque Ensemble de la filière logisitque Sécurité et sûreté maritime,et développement durable appliquée au maritime "Chimie Verte" systèmes complexes à cœur optique et d'imagerie Parfum, Arôme et cosmétique L'aéronautique et spatial Cinq domaines d'activités composent le secteur : services à la famille, services associés à la promotion de la santé, services associés à la qualité de vie, services d'intermédiation. Gestion des risques et vulnérabilité des territoires Secteur des NTIC : logiciels, microélectronique, multimédia, télécommunications. Mécanique et maintenance dans des secteurs variés tels que l'aéronautique, la sidérurgie, le spatial, la pétrochimie, le naval ou encore la microélectronique les biotechnologies, la pharmacie, la chimie fine, les matériaux innovants, la bio-informatique, l'ingénierie bio-médicale. Tourisme d'affaire Ecotechnologie 15