Programme de restauration du Milan royal

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Programme de restauration du Milan royal
 Programme de restauration
du Milan royal
Bilan 2010
Programme de restauration
du Milan royal
Bilan 2010
Coordination et rédaction : Thomas MAURICE (EPOB) – Novembre 2010 Relecture : Joseph ABEL (LPO Côte d’Or) ‐ Hugues Baudvin (La Choue) ‐ François Bouzendorf (LPO Yonne) ‐ Anne‐Laure BROCHET (EPOB) Photos de couverture : Romain Riols (LPO Auvergne) 1 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 SOMMAIRE RESUME & MOTS‐CLES ......................................................................................................................... 4 REMERCIEMENTS ................................................................................................................................. 5 INTRODUCTION ................................................................................................................................... 6 1. RAPPEL DE LA PROBLEMATIQUE DU MILAN ROYAL DANS LE MONDE ET EN BOURGOGNE ............................... 6 1.1. Brève présentation de l’espèce (d’après le cahier technique Milan royal – LPO 2008) ....................... 6 1.2. La problématique du Milan royal en Bourgogne .................................................................................. 7 2. LE SUIVI DES POPULATIONS HIVERNANTES ET NICHEUSES EN BOURGOGNE ................................................. 8 2.1. Hivernage 2009‐2010 ............................................................................................................................ 8 2.2. Nidification 2010 ................................................................................................................................. 12 2.2.1. Méthodologie ....................................................................................................................... 12 2.2.2. Résultats des prospections nidification ................................................................................ 15 2.2.3. Marquage alaire et baguage ................................................................................................. 22 2.2.4. Bilan des suivis depuis 2007 ................................................................................................. 24 3. CONSERVATION ET RESTAURATION DE L’ESPECE EN BOURGOGNE .......................................................... 29 3.1. Les placettes d’alimentation ............................................................................................................... 29 3.2. Enjeu éolien ........................................................................................................................................ 31 3.3. Conservation des prairies permanentes naturelles ............................................................................ 32 4. ACTIONS DE COMMUNICATION / SENSIBILISATION ............................................................................. 33 4.1. Les conférences, sorties découvertes et animations scolaires ........................................................... 33 4.2. Quelques articles de presse ................................................................................................................ 36 CONCLUSION .................................................................................................................................... 41 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................. 43 2 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Bilan des suivis nidifications de 2007 à 2010 par site et selon les critères de reproduction ................... ...................................................................................................................................................................... 16 Tableau 2 : Oiseaux bagués et marqués en 2010 en Bourgogne .......................................................................... 23 Tableau 3 : Bilan des résultats de prospection nidification en Bourgogne depuis 2006 ....................................... 28 LISTE DES FIGURES Figure 1 : L’entité paysagère du Grand‐Auxois ....................................................................................................... 9 Figure 2 : Résultats du comptage national simultané des dortoirs de Milans royaux du 9 et 10/01/10 (RIOLS, LPO Auvergne) .............................................................................................................................................................. 11 Figure 3 : Zones échantillons en France pour les suivis nidification du Milan royal (LPO, 2008) .......................... 13 Figure 4 : Effort de prospection cumulé ................................................................................................................ 14 Figure 5 : Carte de la nidification 2010 en Bourgogne .......................................................................................... 17 Figure 6 : Compilation des données nidification de Milans royaux de 2004 à 2010 à la manière d’un atlas ........ 24 Figure 7 : Evolution du nombre de couples nicheurs localisés depuis 2006 .......................................................... 25 Figure 8 : Bilan2006‐2010 des suivis de nidification des Milans royaux ............................................................... 27 Figure 9 : Les actions de sensibilisation dans le Grand‐Auxois .............................................................................. 35 LISTE DES IMAGES Image 1 : Placette d’alimentation de Sauvigny‐le‐Bois (EPOB) ............................................................................. 10 Image 2 : Placette d’alimentation de Flavigny sur Ozerain utilisée par une buse variable (EPOB) ....................... 12 Image 3 : Jeune entaillé par un amas de ficelle (Véronique Voisin) ...................................................................... 15 Image 5 : Marquage des Milans royaux (Veronique Voisin et Thomas Maurice) ................................................. 22 Image 6 : Chantier de la placette de Commarin (Thomas Maurice) ..................................................................... 31 Image 7 : Milan royal migrateur victime de pales d’éolienne, trouvé par hasard par des chasseurs en plaine auboise en avril 2009 (Aymeric Mionnet et Stéphane Bellenoue) ......................................................................... 32 Image 8 : Conférence de Magny (Véronique Voisin) ............................................................................................. 33 Image 9 : Sortie bocage Auxois à Eringes (21‐ Alterre Bourgogne) ....................................................................... 34 3 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 RESUME & MOTS‐CLES Résumé : Le Milan royal est une espèce mondialement menacée. Nous comptons une dizaine à une vingtaine de couples nicheurs en Bourgogne, quasiment tous localisés dans le Grand‐Auxois, entité paysagère marquée par la polyculture‐élevage extensif et de fait riche en prairies permanentes naturelles indispensables à l’espèce. Un programme de restauration spécifique est coordonné en Bourgogne par l’EPOB depuis 2007. Ce programme est une déclinaison directe du plan national de restauration Milan royal coordonné par la LPO Mission rapace et initié par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable en 2002‐
2003. Ce programme régional est constitué de trois axes : suivi des populations, actions de sensibilisation / communication, actions de restauration / conservation. Si en Bourgogne l’hiver 2009‐2010 particulièrement rigoureux a une nouvelle fois abrité peu d’hivernants malgré la mise en service des deux premières placettes d’alimentation dont l’efficacité sera à évaluer sur plusieurs années, la saison de reproduction 2010 a été très bonne. Une à deux autres placettes d’alimentation seront construites d’ici la fin de l’année. Les suivis ont ainsi permis de localiser 12 couples nicheurs certains, 5 probables et 8 possibles, permettant pour la quatrième année consécutive d’améliorer les résultats de prospection. 15 jeunes oiseaux ont pu être marqués et bagués, ce qui constitue également une marque de progression. Il s’agira de continuer les suivis ces prochaines années puisqu’à présent les premiers oiseaux bagués en France et en Bourgogne devraient être matures et donc potentiellement nicheurs. Des conférences, sorties découvertes et autres animations scolaires ont été reconduites en 2010, dans le but de sensibiliser le grand public et les acteurs du Grand‐Auxois sur cette espèce emblématique de ce territoire. Des initiatives ont été apportées pour conserver durablement l’élevage extensif du territoire, initiatives qu’il faudrait à présent faire aboutir. Il s’agit aujourd’hui de tirer le bilan des quatre années consacrées à la conservation du Milan royal en Bourgogne pour définir l’ambition et le contenu de ce programme spécifique de conservation qui doit dans tous les cas et a minima se poursuivre encore plusieurs années. Mots‐clés : Milan royal / Milvus milvus / Plan national de restauration / Auxois / Bourgogne 4 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 REMERCIEMENTS L’EPOB souhaite remercier : ‐ l’ensemble des personnes et partenaires qui l’ont aidé de près comme de loin dans ce programme régional de restauration 2010 ; ‐ le Conseil Régional de Bourgogne, la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Bourgogne, l’Europe avec les fonds FEDER. ‐ les deux placettes d’alimentation concrétisées cette année ont été soutenues par la Fondation Nature & Découvertes et SITA‐Suez. ‐ l’ensemble des bénévoles ou salariés des associations naturalistes de la région qui ont pu s’investir dans ce programme. Merci également au réseau national Milan royal, animé par la LPO Mission Rapaces, et aux collègues européens qui s’investissent sur cette espèce. 5 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 INTRODUCTION Le programme de restauration du Milan royal est mené depuis 2006 en Bourgogne. Il a pris la forme de suivis de nidification en 2006 avec le CEOB‐L’Aile Brisée (aujourd’hui Ligue pour la Protection des Oiseaux ‐ LPO Côte d’Or) et d’un programme d’actions à partir du printemps 2007 avec l’EPOB. Ce programme s’intègre directement au plan national de restauration spécifique piloté par la LPO Mission rapaces. Ce rapport décrit l’ensemble des actions entreprises en 2010 à travers le programme régional de restauration du Milan royal. Après un petit rappel sur l’écologie et le statut de l’espèce, nous détaillerons dans ce document les résultats 2010 des prospections lors de l’hivernage et surtout lors de la nidification en Bourgogne. La troisième partie s’attache à présenter les actions et enjeux en lien avec la dimension restauration de l’espèce. Les actions de sensibilisation en faveur du programme et de la conservation de l’espèce sont présentées dans une quatrième partie. La conclusion s’attachera à établir un bilan des quatre années d’action sur cette espèce en Bourgogne et précisera les perspectives d’avenir. 1. RAPPEL DE LA PROBLEMATIQUE DU MILAN ROYAL DANS LE MONDE ET EN BOURGOGNE 1.1. Brève présentation de l’espèce (d’après le cahier technique Milan royal – LPO 2008) Le Milan royal Milvus milvus est un rapace diurne de grande taille. Il se reconnaît à sa longue queue rousse triangulaire et profondément échancrée, typique de l’espèce. Sa tête blanchâtre, son plumage brun roux sur la face supérieure et roux rayé de brun, à l’exception de deux taches blanches situées au niveau des poignets, sur la face inférieure, sont caractéristiques de l’espèce. Ses longues ailes et sa grande queue lui donnent une silhouette élancée et lui confèrent une allure en vol aisée et élégante. Le Milan royal est typiquement une espèce des zones agricoles ouvertes associant l’élevage extensif et la polyculture. Les surfaces en herbage sont toutefois généralement majoritaires. L’espèce niche des plaines jusqu’aux étages collinéen et montagnard (jusqu’à 1400 mètres). Le Milan royal est une espèce très opportuniste. Son régime alimentaire est très varié et dépend des conditions locales. Si les micromammifères (Campagnol des champs, Campagnol terrestre et Taupe) constituent la base de son alimentation, le Milan royal peut également se nourrir d’oiseaux. Les invertébrés (lombrics, insectes terrestres et aériens) représentent une part importante de son alimentation. Mais le Milan royal est également charognard : les restes d’animaux domestiques, récupérés à l’état de déchets sur les décharges, aux abords des élevages et de fermes ainsi que l’avifaune et les mammifères victimes du trafic routier, représentent aussi probablement une part 6 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 importante de son alimentation. Si le Milan royal est moins lié aux milieux d’étangs que le Milan noir, il ne dédaigne pas de s’alimenter de poisson ou même de parasiter d’autres espèces de rapaces. A la différence du Milan noir qui fouille à l’intérieur des décharges, le Milan royal préfère parasiter les Milans noirs ou les corvidés pour leur subtiliser leur butin. Le Milan royal est une espèce dont la distribution mondiale est européenne. On le rencontre dans une étroite bande reliant l’Espagne à la Biélorussie, l’Ukraine constituant sa limite orientale de répartition. Plus à l’ouest, une petite population récemment établie occupe une partie de l’Angleterre. Au total, cinq pays (Allemagne, France, Espagne, Suisse et Suède) abritent près de 90 % de la population mondiale. Le Milan royal est un migrateur partiel. Les populations les plus nordiques et les plus continentales traversent l’Europe, du nord‐est au sud‐ouest, pour aller hiverner en Espagne, en France et plus rarement en Afrique du Nord. Les populations les plus méridionales sont majoritairement sédentaires. Il y a encore vingt ans, le Milan royal était un rapace commun. Aujourd’hui, c’est une espèce gravement menacée. Ses effectifs ont chuté et son aire de répartition a considérablement diminué. Les causes de son déclin sont multiples : la progression des surfaces cultivées, les modes de cultures plus intensifs associés aux traitements phytosanitaires contribuent à dégrader son habitat et à réduire les populations de proies. A cela, s’ajoutent les morts accidentelles (empoisonnements lors de régulations des populations de campagnols avec des produits tels la bromadiolone, la chlorophacinone ou le difenacoum ; collisions avec des véhicules ou pales d’éoliennes, électrocutions) et les destructions volontaires (empoisonnements et tirs) pourtant illégales... Depuis 2005, et suite au fort déclin constaté entre 1990 et 2000, le statut européen du Milan royal a évolué : ‐ au niveau mondial : inscrit sur la liste rouge de l’IUCN en raison de son endémisme européen, le Milan royal est considéré depuis 2005 comme quasi‐menacé (IUCN 2010); ‐ au niveau européen : l’espèce figure désormais dans la catégorie SPEC1 2 (espèce à statut européen défavorable dont la majorité de la population mondiale se situe en Europe) et « en déclin » avec comme critère « déclin modéré et récent » ; ‐ à l’échelle nationale : le statut déterminé en 1998 d’ « espèce à surveiller » est devenu fin 2008 « vulnérable » (UICN France 2008). 1.2. La problématique du Milan royal en Bourgogne Alors que l’espèce a connu certaines fluctuations depuis la fin du XIXème siècle notamment en France (MAURICE & STRENNA, 2008), un nouveau déclin important des populations nicheuses de Milan royal concerne en Europe la plupart des bastions de l’espèce depuis le début des années 1990. En France, cette chute est particulièrement marquée dans le Nord‐est. La Bourgogne, historiquement occupée par l’espèce (MAURICE & STRENNA 2008), est concernée par cette inquiétante dynamique, tant pour ses populations hivernantes que nicheuses. Ces deux populations auraient ainsi respectivement chuté de plus de 80 % et de plus de 85 % sur ces quinze dernières années. 1
SPEC : Species of European Conservation Concern 7 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Un plan national de restauration a été lancé en France en 2003. La Bourgogne s’est intégrée à cet effort national de manière significative en 2006 à travers les engagements du CEOB‐L’Aile Brisée en 2006 puis de l’EPOB à partir de 2007, avec les soutiens financiers du Conseil Régional de Bourgogne et de la Direction Régionale de l’Environnement de Bourgogne. L’Europe soutient ce programme en complément des deux structures précédemment citées à travers les fonds FEDER, depuis 2009. Les actions du plan bourguignon sont des déclinaisons directes du plan national de restauration engagé pour cette espèce. Elles concernent essentiellement le Grand‐Auxois (Figure 1), territoire que nous définirons comme l’association des entités paysagères de l’Auxois et du Haut‐Auxois, considéré comme le bastion régional pour la nidification de l’espèce. Ces actions comprennent essentiellement du suivi de populations, des actions de restauration et de sensibilisation. Une attention particulière est apportée pour intégrer la problématique de l’espèce autant que possible dans la politique d’aménagement du Grand‐Auxois. La plupart des actions engagées en Bourgogne doivent être également considérées comme des contributions pour l’étude et la conservation de l’espèce aux échelles nationale et internationale. Enfin, l’expérience bourguignonne et celles obtenues dans d’autres régions sont mutualisées dans le cadre du réseau national. Le bulletin Milan info figure probablement comme l’un des meilleurs moyens d’évaluer l’apport régional pour le réseau national (références du dernier numéro : Milan info n°19 – 20 & 21, août 2010, LPO Mission rapaces). Dans la continuité directe du premier plan national de restauration officiellement achevé en 2008, un second plan de la même ampleur a été décidé. Il devrait se concrétiser courant 2011, après quelques retards. Un réseau Européen se met également progressivement en place depuis quelques mois pour davantage d’efficacité. Un plan d’action européen est d’ailleurs actuellement en cours de réflexion. 2. LE SUIVI DES POPULATIONS HIVERNANTES ET NICHEUSES EN BOURGOGNE 2.1. Hivernage 2009‐2010 L’hiver 2009‐2010 a été marqué par un nombre d’observations relativement important pour notre région. De décembre à février, une quinzaine de données ont été récoltées. Elles concernent très largement des individus isolés apparemment en migration vers le sud. Cet hiver a été très rude avec plusieurs périodes enneigées en Bourgogne et même en Europe, occasionnant parfois des mouvements de fuites d’oiseaux très probablement plus nordiques (RIOLS 2010). Ci‐dessous le détail de ces observations : ‐ 1 à Laives (71) le 20/12/09 ‐ 2 à Saint‐Bernard (21) le 25/12/09 ‐ 1 à Chailly‐sur‐Armançon (21) puis 3 à Châtellenot (21) le 28/12/09 ‐ 1 à Semur‐en‐Auxois (21) le 30/12/09 ‐ 1 à Bussy‐le‐Grand (21) le 03/01/10 ‐ 1 à Beurizot (21) le 04/01/10 ‐ 1 à Uchizy (71) le 08/01/10 ‐ 1 à Cosnes‐Cours‐sur‐Loire (58) le 11/01/10 ‐ 1 à Varennes‐le‐Grand (71) le 12/01/10 8 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Figure 1 : L’entité paysagère du Grand‐Auxois (EPOB) 9 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 ‐ 1 à Vitteaux (21) le 15/01/10 ‐ 1 à Semur‐en‐Auxois (21) le 17/01/10 ‐ 1 à Brianny (21) le 22/01/10 ‐ 1 à Précy‐sous‐Thil (21) puis à Jeux lès Bards (21) le 22/01/10 ‐ 1 à Soisson‐sur‐Nacey (21) le 27/01/10 En plus de ces observations ponctuelles, nous avons recensé quelques dortoirs dans la région, plus ou moins permanents et importants, au gré notamment des épisodes climatiques, comme d’ailleurs dans le reste de la France (RIOLS 2010). Ces sites ont fait l’objet d’un comptage spécifique lors du week‐end de comptage national simultané des dortoirs de l’espèce, qui s’est tenu les 9 et 10 janvier 2010. Exceptionnellement et compte‐tenu des conditions météorologiques très mauvaises ce week‐
end là (chutes de neige et circulation rendue dangereuse), des comptages ont débordé quelques jours avant et/ou après ce week‐end (Figure 2). Ainsi parmi les dortoirs recensés, nous pouvons relever ceux situés à proximité des Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND) de : ‐ Sauvigny‐le‐Bois (89): entre quelques oiseaux et une dizaine d’oiseaux ont été observés cet hiver, ce qui constitue la fourchette habituelle pour ce dortoir connu comme étant le plus régulier et le plus important en nombre d’individus pour la région. A noter que la placette d’alimentation (Image 1) mise en place en octobre 2009 a fonctionné et a été utilisée notamment par les Milans royaux du dortoir. Image 1 : Placette d’alimentation de Sauvigny‐le‐Bois (EPOB) ‐ Drambon (21): deux à trois individus ont été aperçus tout début janvier sur ce site qui n’avait pas abrité d’hivernants à notre connaissance lors de l’hiver 2008‐2009 au contraire des années précédentes. Un projet de placette d’alimentation se concrétisera en 2011. 10 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Figure 2 : Résultats du comptage national simultané des dortoirs de Milans royaux du 9 et 10/01/10 (RIOLS, LPO Auvergne) 11 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Les ISDND de Granges (71) et Monnéteau (89) ont été prospectées, sans que des Milans royaux ne soient notés. En revanche, deux individus ont été notés début‐février à l’ISDND de Saint‐Florentin (89), sans suite. Un dortoir régulier tout au long de l’hiver a été constaté dans le Grand‐Auxois, loin de toute ISDND mais avec la présence d’une exploitation agricole connue pour fournir toute l’année de la nourriture aux Milans royaux. Nul doute que ce point de nourriture a été l’élément fixateur déterminant pour ces deux à quatre individus hivernants. Sachant qu’un couple nicheur est localisé depuis au moins 2009 à moins de 4 kilomètres de cette ferme et compte‐tenu du fait qu’a minima deux individus étaient notés cet hiver, nous pouvons émettre l’hypothèse que ce couple nicheur est sédentaire. Cette forme de sédentarité était suspectée dans les années 1970‐1990 (MAURICE & STRENNA 2008). La placette d’alimentation de Flavigny‐sur‐Ozerain (21; Image 2), fonctionnelle depuis mi‐octobre 2009, n’a semble‐t‐il pas été utilisée par les Milans royaux. Certaines observations laisseraient penser que des oiseaux l’ont pourtant survolée, mais aucune image du piège photographique (suivi à 70 % du temps) ne permet d’affirmer qu’ils se soient nourris dessus. Il faudra de toute façon juger de l’intérêt de cette structure sur le long terme, comme le prouvent des expériences analogues dans d’autres régions. Nous aurons déjà davantage d’indications d’ici 2 ou 3 ans à ce sujet. Si la placette n’a semble‐t‐il donc pas été utilisée par les Milans royaux, des individus ont passé une partie de l’hiver sur la commune voisine de Pouillenay, près d’une exploitation agricole appréciée de ces oiseaux. Image 2 : Placette d’alimentation de Flavigny sur Ozerain utilisée par une buse variable (EPOB) 2.2. Nidification 2010 2.2.1. Méthodologie Comme chaque printemps depuis 2006, le Grand‐Auxois a bénéficié en Bourgogne de la très large majorité des efforts de prospection consacrés à la nidification de l’espèce. Cette zone représente environ 1700 Km² et est très vaste (la plus vaste de toutes les zones échantillons étudiées sur l’espèce en France – LPO 2008 ; Figure 3). Elle est considérée comme le bastion régional de l’espèce pour sa nidification (MAURICE & STRENNA 2008) et regroupe ainsi l’essentiel des enjeux. 12 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Cependant, toutes les observations de la région jugées intéressantes font bien sûr l’objet d’une attention particulière. A ce titre, l’EPOB a pu bénéficier des aides précieuses (prospections ponctuelles spécifiques, retours d’observations) d’ornithologues des différentes associations qui composent la fédération. La SOBA‐Nature Nièvre s’est occupée comme chaque année des prospections spécifiques pour l’espèce dans la Nièvre. Des prospections forestières ont été réalisées cet hiver dans les bois du Grand‐Auxois abritant ou suspectés d’abriter des nids de Milans royaux. Le Milan royal est une espèce assez fidèle à son site de nidification et connue pour s’installer le plus souvent sur des nids déjà existants. L’idée est ici de cartographier les nids susceptibles d’être occupés par l’espèce. Il est en effet parfois très difficile de localiser ces aires une fois les feuilles sorties des arbres. Une dizaine de boqueteaux ont ainsi été prospectés. Figure 3 : Zones échantillons en France pour les suivis nidification du Milan royal (LPO 2008) L’essentiel du travail de prospection dans le Grand‐Auxois (Figure 4) a été réalisé par le chargé d’étude. Des bénévoles et salariés d’associations de l’EPOB ont apporté leur aide ponctuellement, assurant notamment une « veille » régionale précieuse. 13 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Figure 4 : Effort de prospection cumulé Concernant l’interprétation de nos observations, nous nous sommes inspirés des critères d’appréciation suivis dans de nombreux ouvrages ornithologiques de référence (BRETAGNOLLE & THIOLLAY 2004). A ces critères et en retenant notamment ceux proposés pour le nouvel Atlas des Oiseaux Nicheurs de France Métropolitaine (ISSA 2009), nous avons rajouté quelques critères supplémentaires plus spécifiques à l’espèce, en italique:  Indices possibles de cantonnement : Un individu vu en période de nidification, près ou dans un milieu favorable ; Deux individus (un couple) vus en période de nidification, près ou dans un milieu favorable ;  Indices probables de nidification : Observations répétées d’adultes tout au long de la saison de reproduction et dans un habitat favorable ; Comportements territoriaux : vols et cris de parade nuptiale (1 individu), vols nuptiaux (2 individus), cris d’alarme lors du passage d’un prédateur éventuel (animal ou humain), attaques d’un autre rapace ou d’un corvidé (défense du territoire ou de la nichée) ; Indices d’occupation d’un territoire ou d’un nid : postes de plumées des proies régulièrement utilisés, plumes de mue ; Indices de fréquentation ou d’appropriation d’un nid : transport de matériaux, aire fraîchement rechargée, ou adulte posé sur un nid.  Indices certains de reproduction : Adulte fréquentant quotidiennement et durablement un site de nid connu mais invérifiable, avec des comportements territoriaux ; Transport de proie sur une grande distance et apport au nid ; Passage de proie entre mâle et femelle ; Nid avec œufs, poussins ou jeunes non ou mal volants. 14 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 2.2.2. Résultats des prospections nidification Cette année, 12 couples nicheurs certains, 5 probables et 8 possibles ont été recensés en Bourgogne (Tableau 1, Figure 5). Tous les couples certains et la large majorité des couples probables et possibles sont localisés dans le Grand‐Auxois. S’il est vrai que quasiment tous les efforts spécifiques de prospection se sont limités à ce vaste territoire et que certains territoires ou couples isolés en dehors de celui‐ci auraient peut‐être mérité davantage de recherches, le Grand‐Auxois n’en reste pas moins une nouvelle fois le bastion régional de l’espèce. A notre connaissance, sur ces 12 couples certains, trois ont échoué au cours du processus. 3 couples probables sur les 5 au total correspondent à des débuts d’installation (construction de nids) avortés très tôt sans que nous n’ayons pu nous assurer d’un début de couvaison. Nous estimons également à 8 le nombre de couples possibles, dont potentiellement un couple hybride suspect. Couples certains : Vic‐sous‐Thil : un adulte est repéré tout début‐mars posé sur un arbre proche de quelques mètres seulement de l’aire occupée en 2009. Fin‐mars, des comportements territoriaux révélateurs sont observés : défense de territoire, renforcement du nid 2009. La ponte et la couvaison suivront quelques jours après, pour donner naissance à au moins un jeune mi‐mai. Il a été bagué et marqué mi‐juin. Nous l’avons libéré à cette occasion d’un amas de ficelle qui lui tenaillait progressivement la patte gauche (Image 3). Le jeune n’a pas été revu lors de nos passages en juillet et août. Image 3 : Jeune entaillé par un amas de ficelle (Véronique VOISIN) Mâlain : deux adultes visiblement liés au site occupé à notre connaissance depuis 2008 sont régulièrement aperçus depuis début‐mars. L’aire étant invisible dans ce bois en large partie résineux et en raison de la sensibilité des oiseaux en début de nidification, nous nous sommes longtemps contentés d’observations à distance. La ponte et la couvaison sont estimées à mi‐avril, pour donner naissance à au moins deux jeunes mi‐mai. Le nid a été localisé début‐juin et les jeunes ont été bagués et marqués mi‐juin. Les deux jeunes ont été revus volants les semaines suivantes. Turcey : début‐mars, deux adultes sont aperçus sur le territoire communal, connu pour abriter depuis au moins 2009 un site de nidification. L’aire utilisée en 2009 reste pourtant inoccupée et c’est un autre bois situé à 300 mètres du précédent qui semble très vite intéresser les deux oiseaux, 15 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Tableau 1 : Bilan des suivis nidifications de 2007 à 2010 par site et selon les critères de reproduction 2007 2008 2009 2010 Nidification certaine *Grignon (21) *Bierry‐Les‐Bellefontaines (89) *Saint‐Martin‐de‐La‐
Mer (21) *Saint‐Ouen‐Sur‐Loire (58) *Villeberny (21) *Grosbois‐En‐Montagne (21) *Mâlain/Savigny‐Sous‐
Mâlain/ /Ancey/Baulme‐
La‐Roche/Blaisy (21) *Frôlois/Vaubuzin/ Blessey/ Saint‐Germain‐
Source‐Seine/ Courceau/Chanceau (21) *Grignon (21) *Bierry‐Les‐Bellefontaines (89) *La Fermeté (58) *Villeberny (21) *Grosbois‐En‐Montagne (21) *Commarin (21) *Clomot (21) *Malain (21) *Thoisy‐le‐Désert (21) *Villeberny (21) *Grignon (21) *Malain (21) *Grésigny‐Sainte‐Reine(21) *Villeberny (21) *Missery (21) *Thenissey (21) *Commarin (21) *Thoisy‐le‐Désert (21) *Turcey (21) *Vic‐Sous‐Thil (21) *Clomot (21) *Grignon (21) *Malain (21) *Grésigny‐Sainte‐Reine(21) *Chevannay (21) *Missery (21) *Thenissey (21) *Commarin (21) *Turcey (21) *Vic‐Sous‐Thil (21) *Vitteaux *Uncey‐le‐Franc *Hauteroche *Thenissey/Salmaise/ Verrey‐Sous‐Salmaise (21) *La Motte‐Ternant/ Chazelle l’Echo/ Fontangy/ Noidan (21) *Ivry en Montagne/Vauchignon/Santos
se/Cussy‐la‐Colonne/ Montceau‐et‐Echarnant (21) *Grosbois‐en‐
Montagne/Uncey‐le‐
Franc/Soussey‐sur‐Brionne/ Saffres/Boussey/Vesvres/ Massingy‐les‐Vitteaux/ Vitteaux/ Posanges/Marcilly‐
les‐Vitteaux (21) *Quincy‐le‐Vicomte/ Saint‐
Germain‐les‐Senailly/ Senailly/Fain‐les‐Moutiers/ Athie/Viserny/Vilaines‐les‐
Prévôtes (21) *Girolles/Etaule/Annay‐la‐
Côte (89) *Villeberny (21) *Clomot (21) *Montigny‐sur‐
Armançon/Brianny/Villeneuve‐
sous‐Charigny (21) *Bierry‐les‐
Bellefontaines/Quincy‐le‐
Vicomte/Senally/Fain‐les‐
Moutiers /Vilaines‐les‐
Prévôtes (21) *Girolles/Etaule/Annay‐la‐
Côte (89) *Pouillenay/Marigny‐le‐
Cahouët (21) *Verrey‐sous‐Salmaise/ Champrenault/Saint‐Hélier /Chevannay (21) *Thoisy‐la‐Berchère/Mont‐
Saint‐Jean/Ormancey/ Marcilly‐Ogny/Sussey (21) *Saint‐Léger‐sur‐Vauban (21) *Etalante (21)  Bussy‐le‐Grand  Pouillenay/Marigny‐le‐
Cahouët (21)  Etalante (21)  Villeferry / Arnay‐sous‐
Vitteaux / Posanges (21)  L'Isle‐sur‐Serein / Angely / Sainte‐Colombe (89)  Thoisy‐la‐Berchère/Mont‐
Saint‐Jean/Ormancey/ Marcilly‐Ogny/Sussey (21)  Thoisy‐la‐Berchère/Mont‐
Saint‐Jean/Ormancey/ Marcilly‐Ogny/Sussey (21)  Pougues‐les‐Eaux, La Charité‐sur‐Loire, Parigny les Vaux, Guérigny (89) Nidification probable *Dettey (71) Nidification possible *Saint‐Helier/ Champrenault (21) Marcilly‐les‐
Vitteaux/Vesvres/Granges‐
De‐Vevres/Soussey‐sur‐
Brionne /Bellenot‐Sous‐
Pouilly (21) *Lamarche‐Sur‐
Saône/Soisson‐Sur‐Nacey /Magny‐Montarlot (21) *Pouillenay (21) Arconcey/Marcheuseuil/ Musigny (21) *Montigny‐Sur‐Armançon /Flée/Roilly (21) *Nolay/Vauchignon /Dezize‐Les‐Maranges/ Santenay/Remigny /Chagny (21‐71) *Bissey‐Sous‐Cruchaud (71) *Sanvigne‐Etivey (89) *Girolles/Vassy/Sauvigny‐
le‐Bois (89) 16 *Nolay/La Rochepot/ Saint Aubin (21) *Blaisy‐Bas/Turcey/ Champrenault (21) *Précy‐Sous‐Thil/Vic‐Sous‐
Thil (21) *Montigny‐Sur‐
Armançon/Villeneuve‐Sous‐
Charigny (21) *Vitteaux (21) *Pouillenay (21) *Neuvy‐Sautour (89) *Girolles (89) Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Figure 5 : Carte de la nidification 2010 en Bourgogne (EPOB) 17 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 visiblement décidés à nicher : luttes de territoire, sifflements. La nidification est arrivée dans une nouvelle aire donc, bien plus tard, avec une ponte estimée fin‐avril. Les feuilles ont empêché dès le début de la couvaison d’observer une éventuelle aire dans ce bois, même si les indices observés (transports de proies au bois, sifflements et défenses de territoire) laissent peu de doutes. La naissance d’au moins deux jeunes est estimée à fin‐mai. Le nid a été localisé début‐juin et les jeunes ont été bagués et marqués mi‐juin. Au moins un jeune a été revu volant les semaines suivantes. Commarin : début‐mars un adulte, puis deux mi‐mars, sont observés autour du site déjà occupé en 2008 et en 2009. Ceux‐ci se sont installés pourtant plus tard puisque la ponte est estimée à mi‐avril dans l’aire 2009, pour donner naissance à au moins deux jeunes mi‐mai. Les jeunes ont été bagués et marqués mi‐juin. Les deux jeunes ont été revus volants les semaines suivantes. Missery : suite à la reproduction 2009, au moins deux adultes ont été observés tout l’hiver 2009‐
2010 en dortoir hivernal sur une commune voisine, près d’une ferme appréciée de ces oiseaux. Si nous ne pouvons le prouver, il se peut ainsi que ce couple ait été sédentaire. L’aire 2009 semble occupée dès début‐mars, la ponte et la couvaison étant estimées à début‐mai. Au moins deux jeunes sont nés début‐mai, ils ont été bagués et marqués mi‐juin. Au moins un jeune a été revu volant les semaines suivantes. Thenissey : début‐mars, les deux adultes sont observés près du site 2009. Mi‐mars, ils sont notés clairement liés à l’aire occupée en 2009, qu’ils défendent et sur laquelle ils se posent régulièrement. La ponte et la couvaison sur cette aire sont estimées à début‐avril, l’éclosion d’au moins un œuf à la mi‐mai. Le jeune a été bagué et marqué mi‐juin. Le jeune a été revu volant les semaines suivantes. Vitteaux (hameau de Cessey‐les‐Vitteaux) : cette commune, élargie aux quelques voisines, est suspectée d’abriter un couple possible depuis 2007, sans que nous ayons pu trouver davantage d’indices jusque‐là. Si dès début‐mars des adultes sont observés en chasse sur ce large secteur, des parades et une construction active de nid sont observées fin‐mars au dessus d’un bois du hameau. Il s’en est suivi d’une ponte et d’une couvaison début‐avril, donnant au moins deux jeunes mi‐mai. Ils ont été bagués et marqués mi‐juin. Au moins un jeune a été revu volant les semaines suivantes. Chevannay : cette commune, élargie aux quelques voisines, est suspectée d’abriter un couple possible depuis 2007, sans que nous ayons pu trouver davantage d’indices jusque‐là. Début‐avril sont observés deux adultes au comportement évocateur près d’un bois : défense de territoire, sifflements puis construction de nid. Quelques jours après, la couvaison est constatée. La couvaison donnera au moins deux jeunes, qui ont été bagués et marqués mi‐juin. Les deux jeunes ont été revus volants les semaines suivantes. Hauteroche : si des oiseaux sont régulièrement observés dans ce secteur, ce n’est que début‐mai que sont observés deux adultes cantonnés autour d’un petit bois : luttes de territoire, sifflements. Quelques jours après, le nid est trouvé avec un adulte couveur. Un jeune est ensuite observé, dont la date de naissance est estimée à début‐juin. Ceci confirme le fait que ce couple se soit installé très tard par rapport aux autres, fin‐avril ou tout début‐mai. Le jeune a été bagué et marqué début‐juillet. Il a été revu volant les semaines suivantes. 18 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Uncey‐le‐Franc : des individus sont observés à partir de mars le long de la vallée de la Brenne, entre Grosbois‐en‐Montagne et Vitteaux. Ce secteur est connu pour avoir abrité un couple certain (Grosbois‐en‐Montagne) en 2007 et 2008, probable (Uncey‐le‐Franc) en 2009. Mi‐mars, deux adultes sont repérés sur un bois d’Uncey‐le‐Franc, visiblement territoriaux : luttes de territoire, sifflements. Ils sont observés en construction active de nid quelques jours après et la couvaison est notée mi‐
avril. Le nid devient ensuite invisible en raison des feuilles, mais la nidification semble se poursuivre au moins jusqu’à mi‐mai (un seul individu observé à chaque fois, apport de proie en direction du nid). Ces certitudes ont laissé progressivement la place à des suspicions d’échec invérifiables jusqu’à mi‐
juin avec le passage d’un grimpeur, qui a constaté que le nid était vide. Le couple semble être resté cantonné au site jusqu’à l’été. Grésigny‐Sainte‐Reine : des adultes sont observés dès début‐mars autour du site occupé à notre connaissance depuis 2009. Ce n’est que fin‐mars que le comportement de deux oiseaux laisse entrevoir une nidification imminente : sifflements, défense de territoire, passages sur le nid. La ponte et la couvaison arrivent début‐avril. La couvaison est observée jusqu’à mi‐mai, période à partir de laquelle la nidification est considérée comme échouée puisque le nid est alors vide. Le couple est visiblement resté lié au site quelques semaines supplémentaires (alimentation près du nid, sifflements). Grignon (hameau des Granges‐sous‐Grignon) : des adultes sont observés dès fin‐février autour du site occupé à notre connaissance depuis 2007. Des observations évocatrices sont réalisées à partir de mi‐mars sur une nouvelle aire : défense de territoire, sifflements, accouplements et construction de nid. La couvaison est notée début‐avril. Début‐mai, la nidification est supposée échouée puisque le couple est observé en vol à plusieurs reprises, sans liens avec le nid supposé, devenu invisible depuis la pousse des feuilles. Cet échec est confirmé début‐juin suite à notre approche auprès du nid bel et bien vide. Le couple est visiblement resté lié au site quelques semaines supplémentaires. Couples probables : Clomot : un à trois oiseaux sont régulièrement observés près du site de nidification occupé à notre connaissance depuis 2008. Ce site est un parc privé, dont l’accès est très limité. Mi‐avril, alors que nous nous posions des questions quant à savoir si le couple était installé sur le site habituel (impossible d’observer l’intérieur du parc depuis l’extérieur), deux adultes ont été repérés en pleine construction de nid à moins d’un kilomètre de là, dans un secteur plus éloigné du village. Moins d’un mois plus tard, ce nid a été considéré comme abandonné. Le fait de voir de temps à autre un Milan royal à nouveau au‐dessus du site 2008‐2009 courant‐mai laisse espérer la possibilité d’une nidification dans ce parc, que nous n’avons pu pénétrer faute d’autorisation. S’il semble peu probable que deux couples aient niché à moins d’un kilomètre de l’autre compte‐tenu de la rareté de l’espèce, mais nous ne pouvons réfuter l’hypothèse. Trois hypothèses apparaissent plus plausibles : une ponte de remplacement suite à un échec très rapide de la nidification (la mauvaise période météorologique début‐mai pourrait‐être une raison de ce premier échec), un abandon direct du nid en construction pour une nidification sur le site habituel ou un erratisme sur le site familier suite à un échec. 19 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Villeberny : un adulte est observé début‐mars près du site de nidification occupé à notre connaissance depuis 2006. Fin‐mars, des comportements évocateurs sont observés dans le bois habituel, mais sur un secteur situé à 300 mètres environ des aires précédentes : transports de proies, sifflements, deux individus posés sur des branches. Quelques jours plus tard, une construction active de nid est observée sur ce même secteur. Ce nid devient rapidement invisible avec les feuilles et si par la suite un Milan royal est observé à quelques reprises en vol près de l’aire détectée suite à plusieurs longs postes d’observation, aucun indice réel d’activité n’est relevé. Nous nous sommes décidés d’approcher l’aire début‐mai de manière à savoir alors précisément ce qu’il en était : le nid était vide. Les observations de Milans royaux sont devenues alors très rares par la suite, ne laissant pas supposer de ponte de remplacement. La mauvaise période météorologique début‐mai pourrait‐
être une raison de cet échec. Secteur de Bierry‐les‐Bellefontaines (89) / Fain‐les‐Moutiers / Senailly / Quincy‐le‐Vicomte : début‐
mars, deux Milans royaux adultes sont observés en construction active de nid tout près de l’aire 2008. Malheureusement, ils n’ont plus jamais été revus sur la commune et ceci malgré des efforts de recherche marqués. Nous pouvons supposer que la très mauvaise période météorologique qui a suivi quelques jours après (froid et chutes de neige) a eu raison des velléités nicheuses plutôt précoces de ces deux oiseaux. Quelques observations de un à deux adultes en vol près de Senailly peuvent laisser penser à une possible nidification dans ce secteur, sans qu’aucun indice plus précis n’ait pu être apporté malgré nos recherches. Compte‐tenu de la configuration de ce secteur, il est aussi possible que ces observations soient le fait de deux couples distincts. Secteur de Montigny‐sur‐Armançon / Brianny / Villeneuve‐sous‐Charigny : ce secteur est suspecté d’abriter un couple possible depuis au moins 2007. Cette année encore, les efforts de prospection pourtant soutenus ont été vains (un bosquet a été un moment soupçonné d’abriter un nid mais les recherches n’ont rien permis de trouver) sur ce secteur difficile à prospecter, malgré quelques observations d’un adulte en chasse d’avril à juin sur la commune de Montigny‐sur‐Armançon. Secteur de Girolles / Etaule / Annay‐la‐Côte (89) : comme chaque année, quelques observations d’adultes en chasse tout au long de la saison de reproduction dans ce secteur favorable mais peu prospecté rendent probable la nidification de l’espèce. Couples possibles : Bussy‐le‐Grand : fin‐mars, des locaux nous ont informés du passage quotidien autour de leur village de milans, photographies à l’appui. Parmi ces photographies de Milans noirs figuraient quelques‐
unes de Milan royal. Cette commune se situant à moins de 2 Km du nid de Grésigny‐Sainte‐Reine alors en activité et compte‐tenu de la relative rareté des couples nicheurs dans la région, il était alors probable que cet individu ait été lié à ce nid là. Quelques jours plus tard, ces mêmes personnes nous informaient de l’installation de ces oiseaux dans un bois de la commune. A notre arrivée sur place pour constater cette information, début‐avril, un Milan noir fut immédiatement observé en alerte alors qu’un autre milan couvait sur un nid situé en plein coteau boisé. La configuration du site ne nous permit pas de voir à quelle espèce de milan appartenait ce rapace couveur, le risque de dérangement de cet oiseau étant alors particulièrement important. Les photographies réalisées à ce moment par les locaux représentaient deux Milans noirs, nous laissant pencher pour un couple 20 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 « pur » de Milans noirs. Quelques jours plus tard, nous n’avons pu que constater l’échec de la reproduction (site très fréquenté par les quads et motos) et aucun Milan royal n’a ensuite été revu. L’installation d’un couple mixte, comme nous l’avons déjà vu en 2007 dans un secteur proche de Bussy‐le‐Grand, reste toutefois possible faute d’éléments indiscutables dans un sens comme dans l’autre. Secteur de Pouillenay / Marigny‐le‐Cahouët : comme chaque année, beaucoup de Milans royaux sont observés en chasse tout au long de la saison à Pouillenay au lieu dit « les Prés Hauts ». Cette prairie est très attractive pour les deux espèces de milans et attire probablement entre autres des individus des deux couples connus aux alentours : Grignon, Grésigny‐Sainte‐Reine. Quelques observations éparses d’individus en provenance de la vallée de la Brenne et volant le long de la Lochère en direction de Marigny‐le‐Cahouët pourraient laisser penser qu’un couple niche dans cette vallée, même si nous n’y avons rien trouvé. Secteur de Villeferry / Arnay‐sous‐Vitteaux / Posanges : quelques observations d’un ou deux oiseaux tout au long de la saison rendent possible une nidification sur ce secteur. Peut‐être certaines observations peuvent‐elles être à rattacher avec le couple nicheur de Vitteaux, situé au plus près de la zone à trois kilomètres. Secteur de L'Isle‐sur‐Serein / Angely / Sainte‐Colombe (89) : un Milan royal adulte marqué en Bourgogne en 2007 a été observé fin‐avril sur la commune de L'Isle‐sur‐Serein. Le code couleur unique de cet oiseau, Noir‐Rouge / Vert‐Rouge, nous a ainsi permis de connaître l’identité de cet oiseau : il s’agit d’Arthur (Image 4), né en 2007 à Bierry‐les‐Bellefontaines (89), commune située à une dizaine de kilomètres du secteur où il a été observé. Cet oiseau avait été vu le même jour que deux autres adultes en chasse sur ce même territoire. L’oiseau marqué, potentiellement nicheur, n’a jamais été revu. Seule une observation d’un adulte a pu être réalisée les semaines suivantes malgré plusieurs passages. La nidification est donc considérée comme possible dans ce secteur favorable. Image 4 : Arthur, alors tout juste volant en aout 2007 (Luc STRENNA) Secteur de Thoisy‐la‐Berchère/Mont‐Saint‐Jean/Ormancey/ Marcilly‐Ogny/Sussey (21) : quelques observations de mars à avril de un à deux individus en chasse dans ce secteur favorable et déjà relevé en 2009 laissent conclure à un couple possible, même si les prospections y ont été importantes. 21 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Secteur d’Etalante : quelques observations très ponctuelles sur ce secteur déjà possible l’année précédente rendent une nouvelle fois possible une nidification. Un passage cet hiver dans le bois suspecté n’a pas permis de déceler l’éventuel nid 2009 de Milan royal. Secteur de Pougues‐les‐Eaux, La Charité‐sur‐Loire, Parigny‐les‐Vaux, Guérigny (58) : une observation en pleine période de nidification rend possible la nidification d’un couple sur ce secteur proche de zones bocagères favorables, ceci d’autant que l’effort de prospection a été très faible. Cette observation est la seule que nous connaissons pour le département en période de nidification. 2.2.3. Marquage alaire et baguage Comme chaque année, l’EPOB a participé au marquage des Milans royaux, dans le cadre d’un programme national coordonné par le CRBPO (Centre de Recherches par le Baguage des Populations d'Oiseaux). L’objectif de ce programme est de mieux connaître l’écologie de l’espèce et la vie des oiseaux nés dans nos régions, de manière à davantage cibler les enjeux de conservation de l’espèce. Cette année, quinze Milans royaux (Tableau 2) répartis sur neuf nids différents ont été bagués et marqués par Luc Strenna, bénévole LPO Côte d’Or (Image 5), ce qui laisse paraître de petites nichées : de 1 à 2 jeunes par nid, aucune nichée de 3 jeunes pour la première fois depuis que l’EPOB suit ce programme. De manière à optimiser l’organisation, des grimpeurs professionnels se sont chargés de récupérer les jeunes oiseaux dans les nids. La société Ethic’Nature a ainsi été sous‐traitante pour cette tâche. L’ONF (Office National des Forêts) a également mis à disposition un grimpeur professionnel durant trois journées, dans le cadre des actions qu’il engage au niveau national pour le Milan royal et certaines espèces d’oiseaux forestières ou semi‐forestières considérées comme à enjeux. Le suivi des jeunes oiseaux volants a été assuré jusqu’en août, période à laquelle les oiseaux quittent définitivement leur site de naissance. Image 5 : Marquage des Milans royaux (Véronique VOISIN et Thomas MAURICE) 22 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Tableau 2 : Oiseaux bagués et marqués en 2010 en Bourgogne Aile gauche Aile droite Surnom Commune de naissance Noir Rouge Bleu Blanc
Corentin
Malain
Noir Rouge Bleu Bleu
Lauraine
Malain
Noir Rouge Bleu Jaune Nerveux
Turcey
Noir Rouge Bleu Noir
Grincheux Turcey
Noir Rouge Bleu Vert
Frikie
Commarin
Noir Rouge Rouge Rose
Cheb
Commarin
Noir Rouge Jaune Blanc
Barbari
Missery
Noir Rouge Rouge Noir
Peugeot
Missery
Noir Rouge Jaune Bleu
Pedalou
Chevannay
Noir Rouge Rouge Vert
Looping
Chevannay
Noir Rouge Jaune Noir
Fanny
Thenissey
Noir Rouge Jaune Vert
Ficelle
Vic‐sous‐Thil
Jaune Jaune Noir Rouge Transi
Vitteaux
Noir Rouge Rouge Jaune Préo
Vitteaux
Noir Rouge Bleu Hauteroche
Rouge JM
Le 29/04/10, un Milan royal porteur de marques alaires Noir‐Rouge / Vert‐Rouge a été observé dans le Sud‐est du département de l’Yonne. Il s’agit d’Arthur, né, marqué et bagué en Bourgogne en 2007 dans un secteur très proche de ce même département. Il s’agit du premier oiseau bourguignon porteur de marques alaires revu suite à son envol. Depuis 2007, une trentaine d’oiseaux ont été bagués et marqués en Bourgogne. Cette observation donne beaucoup d'espoir quant à la possibilité de revoir d’autres oiseaux bourguignons : en effet, cet oiseau n’avait jamais été revu nulle‐part jusqu’à sa quatrième année de vie. Nous pouvons donc imaginer que d’autres oiseaux bagués depuis 2007 en Bourgogne et jamais revus jusque‐là pourraient être observés ces prochaines années. Ce constat prouve en tout cas que malgré un réseau européen d’observateurs solide et croissant, beaucoup d’oiseaux marqués passent encore inaperçus. Le comptage simultané d’hivernants en France étant quasi‐exhaustif, il est peu probable qu’Arthur ait passé ses hivers dans notre pays mais plutôt en Espagne, là où 60 à 80 % des effectifs mondiaux de l’espèce hivernent mais où les prospections sont bien plus lâches. S’il serait malvenu de porter des conclusions hâtives à ce stade et sur un seul individu, il reste intéressant de relever qu'Arthur, à présent mature et peut‐être même nicheur (il n’a pas été revu lors des prospections suivantes), a été revu à une dizaine de Km de son lieu de naissance, ce qui semble aller dans le sens d’une philopatrie supposée chez cette espèce (CARTER 2007). 23 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 2.2.4. Bilan des suivis depuis 2007 L’EPOB mène depuis 2007 des suivis importants pour la nidification de l’espèce en Bourgogne. Nous pouvons également rappeler que des prospections moindres mais malgré tout significatives ont été menées depuis 2004 pour la nidification de l’espèce, notamment à travers le CEOB‐L’Aile Brisée. Le Grand‐Auxois ayant toujours été considéré comme le bastion de l’espèce et le dernier territoire réellement susceptible d’abriter une population nicheuse significative de l’espèce dans la région depuis la fin des années 1990, la très large majorité des efforts de prospection l’ont concerné. L’expérience maintenant acquise depuis ces 4 à 6 années consécutives de suivis, la mobilisation du réseau régional d’ornithologues et quelques journées de prospection spécifiques et ponctuelles permettent toutefois d’assurer une réelle vigilance sur cette espèce à l’échelle régionale. Nous revendiquons ainsi une vision assez proche de la réalité quant à la répartition l’espèce en Bourgogne en période de nidification, à l’image de la Figure 6. Le Grand‐Auxois apparaît indiscutablement comme le territoire stratégique pour la conservation régionale de l’espèce. Figure 6 : Compilation des données nidification de Milans royaux de 2004 à 2010 à la manière d’un atlas (EPOB) 24 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Si nous avons à présent une image assez précise de l’état actuel de la population nicheuse de l’espèce dans la région, il reste délicat d’évaluer pour cette population des tendances d’évolution depuis le début des années 2000. L’expérience acquise depuis ces 4 à 6 années de suivis contribue aux meilleurs résultats de suivis année après année (Tableau 3, Figures 7 & 8). Par exemple, le fait que le Milan royal soit très fidèle à son site de reproduction nous facilite indiscutablement les recherches année après année, nous permettant ainsi de progressivement compiler nos résultats et de passer plus vite à d’autres secteurs ou couples encore méconnus. Figure 7 : Evolution du nombre de couples nicheurs localisés depuis 2006 Les cycles interannuels des populations proies et notamment des populations de campagnols ont également une influence sur la population nicheuse, même si les bons résultats 2009 démontreraient une moindre influence pour cette espèce au régime alimentaire éclectique que pour des rapaces spécialisés (MAURICE 2009a). Les conditions météorologiques présentent également des incidences, comme nous le supposons par exemple cette année 2010 avec des périodes défavorables (épisode neigeux mi‐mars, pluie et froid début mai) à la suite desquelles des échecs ont été relevés. De même, le fait qu’aucune nichée de plus de deux jeunes n’ait été trouvée cette année et pour la première fois alors que les rongeurs ont été bien présents irait également dans ce sens. Malgré ces variabilités, nous pouvons supposer a minima que la population nicheuse a cessé de diminuer depuis le début des années 2000. Cette évaluation est à remettre en perspective à l’échelle nationale (suivis du réseau national Milan royal, Observatoire Rapaces). Les résultats de l’Observatoire Rapace dénotent d’une dégradation de l’état de la population de l’espèce en France entre 2000‐2002 et 2008 (moins 21% ; BRETAGNOLLE & PINAUD 2009), même si ce résultat est en partie critiqué. Des biais méthodologiques lors de l’enquête 2000‐2002 auraient en effet alors conduit à surestimer certaines populations nicheuses, faussant ainsi potentiellement les estimations des tendances d’évolution (MAURICE & STRENNA 2008). Chaque année et dans le cadre du plan national, les jeunes oiseaux localisés sont bagués et marqués. La LPO Côte‐d’Or et l’ONF participent activement à cette action. Malgré l’observation du premier jeune marqué en Bourgogne lors de sa quatrième année de vie et compte‐tenu de la philopatrie 25 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 supposée chez cette espèce, il peut paraître inquiétant de ne pas observer davantage de Milans royaux marqués en Bourgogne. Si ces oiseaux sont censés se reproduire à partir de 3 ans et plus exceptionnellement de 2 ans (CRAMP 1994), les premiers résultats du programme de marquage national, démarré en 2005, semblent plutôt indiquer que les Milans royaux seraient en France nicheurs à partir de leur quatrième année (MIONNET & RIOLS 2009). Maintenant que les premiers individus marqués sont matures, ces prochaines années devraient être très instructives sur la survie des oiseaux nés dans notre région et le renouvellement de la population régionale. Ainsi, la population nicheuse du Grand‐Auxois est‐elle une population « source » pour l’ensemble de la région ? Auquel cas de plus en plus d’oiseaux bourguignons marqués devraient être localisés nicheurs a minima dans le Grand‐Auxois. La population étant aujourd’hui considérée comme résiduelle et à la vue des évolutions de la répartition nationale et régionale de l’espèce au cours du XXème siècle (MAURICE & STRENNA 2008), il est peu probable que ces oiseaux s’éloignent du noyau « source » tant que celui‐ci n’est pas saturé. Ou cette population est‐elle une population « puits » alimentée par d’autres populations « sources » ? Dans ce cas, nous pourrions nous attendre à recevoir des individus nicheurs marqués dans d’autres régions et très peu d’oiseaux bourguignons. Quant à la population hivernante, nous ne pouvons que relever le fait que celle‐ci ait à présent très faible chaque hiver, avec toutefois quelques variabilités chaque année, peu significatives et essentiellement liées à la rigueur ou à la douceur des hivers en France et en Europe de l’Est. A l’image de l’Est de la France, la Bourgogne n’est visiblement plus une zone favorable à l’hivernage pour cette espèce (MAURICE & STRENNA 2008). Notons toutefois un soupçon de sédentarité cet hiver près d’une ferme de l’Auxois laissant visiblement à disposition des déchets organiques, qui laisse supposer l’importance des sources de nourriture d’origine anthropique à une période de l’année pauvre en proies. Ce cas, qui se distingue des dortoirs habituels près de certaines ISDND de notre région, rappelle que les nombreuses décharges communales et/ou sauvages encore présentes dans les années 1980 étaient probablement déterminantes pour les hivernants de l’époque. Les placettes d’alimentation disposées dans la région ont notamment pour objectif de compenser ce manque et d’inciter les oiseaux locaux et migrateurs à hiverner en Bourgogne et plus largement en France plutôt qu’en Espagne, le temps que les conditions redeviennent clémentes dans ce pays très stratégique puisqu’il abrite en hiver l’essentiel de la population mondiale (MAURICE & STRENNA 2008). 26 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Figure 8 : Bilan2006‐2010 des suivis de nidification des Milans royaux 27 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Tableau 3 : Bilan des résultats de prospection nidification en Bourgogne depuis 2006 N° Certain Probable 1 2 3 4 5 2007 2008 2009 2010 2007 6 7 8 9 Commune
Canton 2006 2008 2007 2009 2010 2006 Girolles, Tharot, Annay la Côte
Avallon L'Isle sur Serein, Angely, Montréal
Corsaint
Grignon
L'Isle sur Serein
Semur en Auxois
Venarey les Laumes
2009 Bierry les Bellefontaines, Quincy le Guillon, Montbard
Vicomte, Fain les Moutiers, Senailly 2006 Venarey les Laumes
Venarey les Laumes
Venarey les Laumes
2008 Venarey les Laumes
Vitteaux 12 13 2009 2010 2010 2006 2007 2008 2009 2010 2010 Bussy le Grand
Darcey
2006 2007 Pouillenay
2008 2009 2010 Thenissey
2010 Villeferry, Arnay sous Vitteaux
Vitteaux 2007 2008 Vitteaux (Cessey), Vesvres, Massingy, Vitteaux 2009 Marcilly et Dracy, Posanges 14 15 2010 2010 Villeberny
Vitteaux 2006 2007 Montigny sur Armançon, Flée, Villeneuve Semur en Auxois
2008 2009 sous Charigny, Brianny 16 17 2007 2009 2010 2009 2010 2006 2008 Frolois, Chanceau
Vic sous Thil
2008 2007 2008 2010 Missery, Fontangy, Chazelle l'Echo, Précy sous Thil
Noidan Bierry les Bellefontaines, Quincy le Guillon, Montbard
Vicomte, Fain les Moutiers, Senailly 2010 2007 2008 2008 2009 2008 2009 2010 2009 2009 2010 2009 2009 2009 Uncey le Franc Grosbois en Montagne
Vitteaux Sombernon Thoisy le Désert (Cercey)
Pouilly en Auxois
Commarin
Pouilly en Auxois
Malain
Sombernon 2010 Chazilly
Clomot
Pouilly en Auxois
Arnay le Duc 10 11 18 19 20 21 22 23 24 25 26 28 Possible Hauteroche
Villeberny
Venarey les Laumes
Venarey les Laumes
Précy sous Thil
Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 27 28 29 30 31 2007 2010 2009 2009 2010
2006 2009 2006 2008
Clomot
Thoisy la Berchère, Marcilly Ogny
Saint Martin de la Mer, Liernais
Saint Léger Vauban
Ivry en Montagne, Nolay, Santenay, Saint Aubin Arnay le Duc Pouilly en Auxois
Liernais Quarré les Tombes
Nolay 32 Grésigny Sainte Reine
Venarey les Laumes
2009 2010
Etalantes
Turcey
Aignay le Duc
Saint Seine L'Abbaye
35 2009 2010 2009 2010 2010 2007 2008 Chevannay, Saint Hélier, Verrey sous Vitteaux 2009 Salmaise 36 2007 37 38 2007 2006 2007
39 40 41 42 43 44 45 2006 2006 2007 2007 2006 2006 2010 33 34 Saint Ouen sur Loire, La Fermeté
Saint Pierre Moutier Dettey
Mesvres Lamarche sur Saône, Soisson sur Nacey, Auxonne Magny Montarlot Messey sur Grosne
Davayé
Eringes
Sanvigne Etivey
Saint Florentin
Pierre Perthuis
Pougues les Eaux, La Charité sur Loire, Parigny les Vaux, Guérigny le Buxy Macon sud Montbard Noyers Saint Florentin
Vézelay Pougues les Eaux, la Charité sur Loire 3. CONSERVATION ET RESTAURATION DE L’ESPECE EN BOURGOGNE 3.1. Les placettes d’alimentation La création de plusieurs placettes d’alimentation spécifiques, assimilables à de petits charniers contrôlés, a été le premier objectif de restauration en Bourgogne, conformément au plan national en vigueur. Deux placettes fonctionnent à Sauvigny‐le‐Bois (89) et Flavigny‐sur‐Ozerain (21) depuis l’automne 2009, une supplémentaire à Commarin (21) depuis cet automne 2010. Une dernière sera mise en place en Côte‐d’Or en 2011. Ces actions de nourrissage démarrées en Bourgogne et dans d’autres régions françaises sont considérées comme des mesures d’urgence temporaires, installées dans l’espoir d’un avenir plus favorable où elles deviendraient alors caduques. Ces structures, si elles sont suffisamment nombreuses et bien situées, pourront certainement permettre une amélioration notable, à court ou moyen terme, des populations locales et de la population mondiale. Toutes deux sont en effet notamment fragilisées par des problèmes mis en évidence lors de l’hivernage ibérique, ces problèmes s’ajoutant à un contexte global déjà défavorable. Ces placettes sont censées améliorer les conditions d’hivernage pour les Milans royaux dans certaines régions françaises stratégiques qui ont 29 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 vu en quelques dizaines d’années leurs potentialités d’accueil diminuer ou chuter pour différentes raisons : fermetures massives de décharges communales et sauvages, agriculture intensive aux conséquences négatives multiples (simplification des paysages et disparition des prairies permanentes, utilisation importante de produits phytosanitaires, équarrissage systématique). En incitant davantage de Milans royaux de toute l’Europe à hiverner dans nos régions, nous leur évitons l’hivernage ibérique, rendu périlleux en raison de destructions volontaires et involontaires. Ces installations pourront en Bourgogne peut‐être profiter à certains hivernants nés ou nicheurs dans notre région, participant ainsi alors directement à la conservation de la population nicheuse régionale. Mais elles s’intègrent surtout à une échelle plus vaste, concernant des oiseaux aux origines diverses. Elles participent ainsi à la restauration de la population mondiale, qui profitera indirectement à la population nicheuse bourguignonne (MAURICE & STRENNA 2008). Flavigny‐sur‐Ozerain (21) : la placette d’alimentation de Flavigny‐sur‐Ozerain a été approvisionnée de manière hebdomadaire à partir d’octobre 2009 jusqu’en mars 2010. L’EPOB se charge de l’approvisionnement de cette structure en partie financée par la fondation Nature & Découvertes et localisée sur un terrain gracieusement mis à disposition par la commune. Les sous‐produits animaux nous ont été gracieusement donnés par l’abattoir Bigard de Venarey‐les‐Laumes. Un appareil piège‐
photographique a été installé : il n’a pas permis de prouver l’utilisation de la placette par des Milans royaux durant cette période. Fonctionnant à peu près 70% du temps, il reste toutefois possible que des individus aient profité très ponctuellement de la nourriture déposée. Des Milans royaux ont été aperçus à quelques reprises durant cette période sur des communes voisines. D’autres ont été aperçus par des locaux survolant la placette durant les migrations. Cette placette étant fixée pour une dizaine d’années et compte‐tenu des expériences analogues dans d’autres régions, il s’agit d’être patient pour juger de l’efficacité de cette structure, comme des autres. Sauvigny‐le‐Bois (89) : la placette d’alimentation de Sauvigny‐le‐Bois a été approvisionnée à partir d’octobre 2009 jusqu’en mars 2010. Prise en charge et construite à l’intérieur de l’ISDND gérée par la SITA‐Suez, elle est approvisionnée par les gestionnaires du centre. Le supermarché Auchan est partenaire de ce projet puisqu’il fournit à des prix minimes les déchets pour animaux. S’il a fallu attendre quelques semaines après les premiers dépôts pour que les morceaux carnés soient consommés, les Milans royaux en dortoir à l’ISDND ont ensuite profité de cet apport complémentaire, confortant ainsi certainement le dortoir au long de l’hiver. L’approvisionnement devra être renouvelé chaque hiver pendant plusieurs années. Commarin (21) : la placette d’alimentation de Commarin a été mise en place fin septembre 2010 (Image 6) et est approvisionnée de manière hebdomadaire depuis cette période. L’EPOB se charge de l’approvisionnement de cette structure située sur un terrain gracieusement mis à disposition par la commune. Les sous‐produits animaux sont gracieusement fournis par le supermarché Atac de Pouilly‐en‐Auxois. Un appareil piège‐photographique vient d’être installé. 30 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Image 6 : Chantier de la placette de Commarin (Thomas MAURICE) Drambon (21) : suite à un nouvel appel à projet lancé par SITA Suez et la LPO, un dossier de demande d’autorisation de placette d’alimentation est en cours de constitution à l’ISDND de Drambon, géré par SITA FD. Cette structure soutenue par les gestionnaires et la commune devrait se concrétiser à l’automne 2011. 3.2. Enjeu éolien Le 12 décembre 2009 était étudié par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) de Bourgogne le document « Le Milan royal dans le Grand Auxois : pour une prise en compte de l’espèce dans l’aménagement éolien » (MAURICE 2009b). Ce document, réalisé avec la collaboration de la DIREN Bourgogne (désormais DREAL Bourgogne) et du réseau Milan royal national, a été validé suite à cette session. Il est à présent librement accessible sur le site internet de la DREAL Bourgogne, rubrique éolien. Cet outil mise sur la prévention et n’a pas de portée réglementaire. Il s’appuie sur le sens de la responsabilité des acteurs concernés par l’éolien. Il leur apporte ainsi, dans une démarche constructive et un esprit de compromis, les moyens et les connaissances nécessaires à la meilleure intégration possible de leurs projets sur ce territoire remarquable, stratégique pour la conservation régionale et nationale du Milan royal. Ce document s’inscrit en complément du document intitulé « Définition et cartographie des enjeux avifaunistiques vis‐à‐vis du développement de l’énergie éolienne en Bourgogne, EPOB 2009 », validé par le CSRPN, réalisé sur demande de la DREAL Bourgogne et accessible sur internet à la même adresse que le document précédemment évoqué. Actuellement, deux parcs éoliens fonctionnent en Côte d’Or : un grand de 25 éoliennes en limite de l’Auxois et un petit de 6 éoliennes. Plusieurs autres projets sont en cours, mais aucun n’a débuté sur le terrain. Cette perspective laisse présager d’un avenir très incertain pour le Milan royal et remet en cause l’intérêt des efforts menés pour sa conservation dans notre région. Des inquiétudes peuvent également être exprimées concernant d’autres espèces nicheuses sensibles (Cigogne noire ?, Aigle botté, Faucon pèlerin, Hibou Grand‐Duc) ou migratrices traversant ce territoire (Grue cendrée, Balbuzard pêcheur, Milan royal, Milan noir, Aigle botté, Cigogne noire…). Un premier Milan royal victime d’une pale d’éolienne a été retrouvé par hasard en France en 2009 en Champagne‐Ardenne 31 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 (Image 7), mais très peu de parcs font à notre connaissance l’objet en France de suivis mortalité. Ce cas est l’unique relevé en France dans l’état actuel de nos connaissances, mais de nombreux cas ont été relevés en Allemagne, notamment dans le Land de Saxe‐Anhalt où la densité de reproduction est la plus importante en Europe (Mammen et al. 2009). Notons cependant que depuis deux ans un couple de milan royal se reproduit avec succès à environ un kilomètre du grand parc éolien côte d’orien, sans dommages… pour l’instant ! Outre cette cause de mortalité possible, il faut également noter que ce sont des dizaines de Milans royaux victimes en France chaque année de tir, d’électrocution, de prédation, d’empoisonnement, de collisions diverses. Image 7 : Milan royal migrateur victime de pales d’éolienne, trouvé par hasard par des chasseurs en plaine auboise en avril 2009 (Aymeric MIONNET et Stéphane BELLENOUE) 3.3. Conservation des prairies permanentes naturelles La conservation des prairies permanentes naturelles dans le Grand‐Auxois est indissociable de celle du Milan royal (MAURICE 2009a). Suite à ce constat, deux initiatives ont été prises : ‐ un courrier a été envoyé à la DIREN Bourgogne en décembre 2009 à propos d’une demande de renseignements relative à une éventuelle zone Natura 2000 Milan royal dans le Grand‐
Auxois. ‐ des premières discussions ont été engagées en décembre 2009 pour associer le programme de conservation du Milan royal à la charte de qualité « Auxois Naturellement » (MAURICE 2009a) qui se met progressivement en place et menée par le Pays Auxois. D’autres programmes de conservation pourraient être associés. 32 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 4. ACTIONS DE COMMUNICATION / SENSIBILISATION 4.1. Les conférences, sorties découvertes et animations scolaires Deux conférences destinées au grand‐public sur le thème de la conservation du Milan royal en Bourgogne s’ajoutent en 2010 aux huit conférences déjà menées par l’EPOB sur cette même thématique depuis 2008 (Figure 9). La première s’est tenue le 18 février 2010 à Magny (89 ; Image 8), vers Avallon et donc proche de l’ISDND où se situe l’une des deux placettes d’alimentation. Cette conférence a été réalisée en partenariat avec la LPO Yonne. La seconde s’est tenue le 4 mars 2010 à Précy‐sous‐Thil (21), en plein Grand‐Auxois. Image 8 : Conférence de Magny (Véronique VOISIN)) Le 13 février 2010 s’est déroulée une visite grand‐public de la placette d’alimentation de Flavigny‐
sur‐Ozerain (21), en partenariat avec le Conservatoire des Espaces Naturels Bourguignons (CSNB) et la Société Naturaliste du Montbardois (SNM). Pour mémoire, une première sortie avait été organisée la fin d’année précédente. Une dizaine de personnes ont bien voulu braver les conditions météorologiques compliquées (chutes de neige) de cette journée. De plus, l’EPOB a participé à la visite « bocage » organisée par Alterre Bourgogne sur la commune d’Eringes, le 20 mai 2010 (Image 9). Il s’agissait ici de présenter de manière concrète le rôle des paysages bocagers pour la biodiversité. Une cinquantaine de personnes environ, aux profils très différents, ont assisté à cet atelier. 33 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Image 9 : Sortie bocage Auxois à Eringes (21‐ Alterre Bourgogne) Comme chaque année, une sortie grand public « prospections pour la nidification du Milan royal dans l’Auxois » a été organisée en partenariat avec la LPO Côte d’Or et le CSNB (Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons) le 26 mai 2010 autour de Montigny‐sur‐Armançon (21). Une dizaine de personnes ont participé à cette sortie « découverte », qui a notamment permis de prospecter à plusieurs un secteur suspecté d’abriter un couple. Par ailleurs, une dizaine d’animations scolaires (en classe ou sur le terrain) auront été réalisées à la fin de l’année 2010 auprès des écoles primaires publiques du Grand‐Auxois. Celles‐ci sont sous‐
traitées à la LPO Côte d’Or qui emploie un animateur nature. Différents articles dans des revues ornithologiques locales ont été rédigés. Un point régional a également été rédigé dans le dernier Milan info (n°19_20_21, août 2010). Enfin, une émission radio a été consacrée au Milan royal. Cette émission intitulée « Le son d’une heure…Leçon d’une vie », programmée sur France Bleu Bourgogne, a été diffusée le 19 avril 2010. Un espace internet dédié à cette émission est accessible sur le site internet suivant : http://sites.radiofrance.fr 34 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Figure 9 : Les actions de sensibilisation dans le Grand‐Auxois 35 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 4.2. Quelques articles de presse Les coupures de presse ont été enlevées pour alléger la version internet de ce rapport. Elles sont disponibles sur demande à la Fédération 36 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 CONCLUSION Le programme 2010 de conservation du Milan royal s’est déroulé en Bourgogne dans la continuité des années précédentes, avec des actions de suivis des populations, de communication/sensibilisation et de restauration/conservation. Le nombre croissant de couples nicheurs certains et probables depuis 2007 est encourageant, mais probablement plus à attribuer à une capitalisation de l’expérience accumulée qu’à une réelle augmentation des couples nicheurs. La tendance en France serait d’ailleurs à la baisse depuis le début des années 2000, même si nous pouvons émettre quelques critiques sur l’étude qui l’indique. Si le marquage des juvéniles concerne peu d’oiseaux en Bourgogne depuis 2007, nous pouvons à présent nous inquiéter du fait de ne pas revoir d’oiseaux marqués nicheurs ou même erratiques dans le Grand‐Auxois, à l’exception d’Arthur revu cette année. Ces prochaines années seront importantes pour localiser d’éventuels individus marqués devenus matures et ainsi davantage comprendre le fonctionnement de cette population. La mise en route de deux premières placettes d’alimentation dans le Grand‐Auxois et celle imminente d’une troisième rendent de toute façon les prospections inévitables durant encore plusieurs années, de manière à juger de l’utilité de ces structures « d’urgence » qui s’inscrivent sur une dizaine d’années. L’approvisionnement de ces structures pourrait peut‐être être réalisé assez vite en tout ou partie sous forme bénévole une fois l’organisation éprouvée, pour alléger le programme. La concrétisation effective ou annoncée de plusieurs projets éoliens dans le Grand‐Auxois, potentiellement à risques pour les Milans royaux nicheurs, constitue un autre argument justifiant de l’intérêt de poursuivre les suivis encore plusieurs années. Il est aujourd’hui regrettable que ce développement ne tienne visiblement pas davantage compte de la présence de l’espèce et des informations fournies par l’EPOB à la demande de l’ex‐DIREN (aujourd’hui DREAL) Bourgogne à ce sujet. La multiplication des parcs sur ce territoire remarquable et stratégique pour le Milan royal ne peut légitimement qu’être source d’inquiétudes et de questionnements quant à la conservation significative et durable de cette espèce. Les initiatives apportées par l’EPOB fin 2009 pour soutenir l’activité agricole dominante du Grand‐
Auxois « polyculture‐élevage extensif », si elles n’ont pas échoué, n’ont aujourd’hui malheureusement pas concrètement avancé. Cette agriculture, que nous pouvons plutôt qualifier de traditionnelle, est à la base de ce paysage remarquable qui caractérise le Grand‐Auxois et qui permet aujourd’hui au Milan royal et à d’autres espèces bocagères d’y exister, alors qu’elles ont disparu d’autres territoires aujourd’hui dégradés. Faute de réellement pouvoir être acteurs de cette conservation ou évolution et face aux grands enjeux sociétaux qui détermineront de l’avenir de ce territoire et donc de sa biodiversité, nous ne pouvons aujourd’hui qu’espérer que le Grand‐Auxois puisse malgré tout garder encore longtemps une certaine authenticité paysagère et cette « spécialisation agricole » qui en est à l’origine. 41 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 Ces trois à quatre années d’efforts ont lancé les bases de la conservation de l’espèce en Bourgogne. Nous savons qu’il existe une population significative de 10 à 20 couples nicheurs dont la conservation dépend de l’Auxois. Les enjeux de conservation de l’espèce et donc de ce territoire sont aujourd’hui clairement établis. Des premières mesures ont été prises, à l’image des placettes d’alimentation, qui permettront indirectement d’accompagner une tendance plutôt encourageante en Bourgogne en terme de couples nicheurs. Les habitants du Grand‐Auxois sont aujourd’hui bien informés de la présence de cette espèce emblématique de leur territoire et de sa problématique de conservation. Beaucoup de clés étant à présent entre nos mains suite à ces quatre premières années d’action et compte‐tenu du fait que ce programme doit impérativement continuer, il s’agit aujourd’hui de décider clairement de son orientation pour ces prochaines années : souhaitons‐nous prendre en main une réelle et durable conservation de l’espèce en Bourgogne et dans le Grand‐Auxois, impliquant une réflexion et des engagements forts pour une gestion intégrée du territoire et de ses habitats, au bénéfice de nombre d’espèces liées aux habitats du Milan royal ? Ou souhaitons nous plutôt entrer dans une démarche plus limitée et peut‐être réaliste d’observation et d’accompagnement de l’espèce au gré de l’évolution économique normale du territoire ? L’année 2010 étant celle de la biodiversité, il paraît difficile de limiter les actions concrètes de restauration en Bourgogne pour une espèce européenne devenue emblématique et qui pourrait faire l’objet d’ici quelques années du premier programme de conservation européen. La « biodiversité » doit sortir des sentiers battus et devenir partie prenante de l’aménagement du territoire. A partir de ces premières réalisations, il convient d’intensifier le projet Milan royal : ‐ en continuant les actions entreprises : suivi des couples nicheurs et cantonnés, marquage des jeunes, recherche de dortoirs hivernaux, alimentation des placettes, conférence et animations, intensification des recherches hivernales d’aires de rapaces ; ‐ en ajoutant d’autres aspects : suivi d’autres rapaces pour mesurer l’impact du régime alimentaire et des conditions météorologiques, recherche des causes de mortalité (prédation, électrocution, empoisement,…), étude des types d’occupation des sols et leur évolution depuis 50 ans, échange avec des collègues étudiant le Milan royal dans d’autres régions de France et dans d’autres pays. 42 Programme de restauration du Milan royal – Bilan 2010 BIBLIOGRAPHIE BRETAGNOLLE, V. & PINAUD, D. 2009. L’enquête Milan royal : premiers résultats de l’enquête nationale spécifique Milan royal. Observatoire rapaces, 5‐6 : 8‐9. BRETAGNOLLE, V. & THIOLLAY, JM. 2004. 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