CoMpTES RENDuS - Revue militaire canadienne
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CoMpTES RENDuS - Revue militaire canadienne
COMPTES RENDUS NAMED BY THE ENEMY: A HISTORY OF THE ROYAL WINNIPEG RIFLES par Brian A. Reid Kingston, ON : Robin Brass Studio, 2005 300 pages, 69,95 $ Critique de Bernd Horn L’ ouvrage en question fait mentir le proverbe « il ne faut pas juger un livre à sa couverture ». En effet, il est exactement ce qu’il paraît être : un livre de grande qualité et très raffiné sur l’histoire d’un régiment. Ce livre est d’une incroyable beauté, exactement le type de publication que l’on attend de Robin Brass. Le titre de l’ouvrage renvoit au fait que le Royal Winnipeg Rifles a été surnommé « Little Black Devils » par les Métis durant la Rebellion du Nord-Ouest, en 1885. Les Métis savaient qui étaient les « hommes en serge rouge », mais ne connaissaient pas les troupes portant des tuniques foncées, qu’ils appelaient « little black devils » (petits diables noirs). Ils faisaient bien sûr référence aux troupes du Royal Winnipeg Rifles. Ce livre a été écrit par Brian Reid, ancien officier d’artillerie et auteur assez connu d’ouvrages sur l’histoire militaire, qui l’a produit expressément pour la Winnipeg Rifles Association. L’ouvrage est de la qualité d’un livre de prestige, tout en fournissant une histoire régimentaire respectable. Il est bien rédigé, divertissant, trépidant, et appuyé sur des recherches fondées. Toutefois, si vous cherchez un livre qui présente une histoire ou une analyse très détaillée du contexte plus vaste dans lequel s’inscrivent les périodes respectives ou les conflits dont il est question, vous risquez être quelque peu déçu. Il s’agit, et c’est compréhensible, d’un pur récit de l’histoire des « Little Black Devils ». Néanmoins, c’est un excellent survol de l’histoire du régiment, relatée en seulement 300 pages. L’auteur a créé un portrait concis du régiment, parsemé de témoignages de divers participants. Ainsi, il parvient à brosser un large tableau des événements et des réalisations clés, et offre une compréhension globale de la participation des « Little Black Devils » dans les conflits, tant au pays qu’à l’étranger. Le texte commence tout naturellement par les organisations et les personnes à l’origine du régiment, ainsi que les circonstances entourant sa fondation dans l’Ouest canadien, tel qu’il était en 1883, vibrant, mais volatile. Un passage particulièrement intéressant est l’explication de militaires qui ont participé en tant que lamaneurs sur le Nil à la tentative de libération du Général « Chinese » Gordon, qui était assiégé, menée par Sir Garnet Wolseley à Khartoum, au Soudan, en 1884 et 1885. 68 L’auteur passe ensuite rapidement en revue la participation du régiment à la Rébellion du Nord-Ouest et à la Guerre des Boers. Puis, sans grand étonnement, il s’attarde principalement à la Première Guerre mondiale et à la Seconde Guerre mondiale. En fait, des 248 pages de texte retraçant l’histoire du régiment, 54 et 111 pages, respectivement, soit 67 p. 100 du livre, sont consacrées à ces deux conflits. Il fallait toutefois s’y attendre, puisque le régiment a joué un rôle important et particulier au cours de ces deux conflits majeurs. À cet égard, la deuxième bataille d’Ypres, en 1915, fournit un exemple instructif. Durant cette bataille épique, le Royal Winnipeg Rifles a perdu les deux tiers des hommes qui se sont livrés au combat. Au total, 570 des 900 hommes que comptait la force ont été tués, blessés ou portés disparus à la fin du combat. D’un point de vue semblable, l’ouvrage relate également la contribution du régiment à la Seconde Guerre mondiale. L’auteur décrit les principales campagnes, telles que les débarquements du jour J et les ruptures subséquentes, ainsi que la libération des Pays-Bas, d’une façon intime qui est un mélange de récits de bataille et de témoignages dramatiques à la première personne. C’est la technique qu’utilise efficacement Brian Reid dans l’ensemble du livre. L’ouvrage se termine par les nécessités d’après-guerre que sont la démobilisation, le service de temps de paix, et les réalités des unités de milice au sein du concept de la défense canadienne. Encore une fois, c’est un excellent récit qui permet de mieux comprendre le régiment et sa contribution à la défense nationale, au pays et à l’étranger. En outre, le livre comporte un vaste éventail de photographies en noir et blanc qui donnent vie au texte et viennent compléter les récits. Bon nombre n’ont pas été largement diffusées, et apportent intérêt et originalité à la présentation. L’ouvrage compte également d’excellentes cartes qui permettent au lecteur de situer précisément les nombreux champs de bataille qui ont façonné l’histoire du régiment. De surcroît, le livre comporte une note en fin d’ouvrage, un index et une bibliographie détaillés, qui ensemble offrent un excellent point de départ pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur l’histoire de cette grande unité de combat. Pour conclure, Named by the Enemy est une remarquable histoire régimentaire, et elle enrichit grandement la littérature sur l’histoire militaire canadienne. Je recommande vivement cet ouvrage à toute personne qui s’intéresse au Royal Winnipeg Rifles ou à l’histoire militaire canadienne en général. Le Colonel Bernd Horn, OMM, MSM, CD, Ph.D., est Chef d’état-major des Programmes d’instruction et d’éducation stratégiques à l’Académie canadienne de la défense. Il est également professeur auxiliaire d’histoire au Collège militaire royal du Canada. Revue militaire canadienne • Vol. 11, N o. 1, hiver 2010