Épitaphe de la famille d`Ennetières Bruxelles, cathédrale

Wendy Frère et Géraldine Patigny, Jan Van Delen (ca. 1635-1703). Catalogue raisonné
(projet de recherche, KIK-IRPA, 2014-2015)
Épitaphe de la famille d’Ennetières
Bruxelles, cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule
Attribution :
Ancienne attribution :
Date de production :
Jan Van Delen
/
1675/1676 - 1690
Marbre (blanc et noir) ; bois doré
H. 1000 cm,
Daté et signé
Le 27 avril 1675 Jacques d’Ennetières (1596-1677), baron de la Berlière, commande à Van Delen son épitaphe à placer sur le
mur nord de la Chapelle Notre-Dame de la Délivrance. Le contrat, conservé aux archives de Courtrai, indique que le maître
reçoit au total 1050 florins pour son travail. Le texte mentionne également les aspirations du commanditaire et est muni
d’un des modèles de conception. Quinze années plus tard, Van Delen reprend en sous-œuvre le monument afin de
construire celui de Philippe-François d’Ennetières (1626-1697), fils du baron. Tout comme l’édifice de son père, celui de
Philippe-François peut être attribué avec certitude au sculpteur et daté de 1690 grâce à la mention présente à gauche sur la
table de la terrasse du sarcophage. Ces deux monuments superposés commémorent deux individus d’une même lignée. La
jonction entre les deux se fait au niveau de l’entablement cintré.
Le mémorial de Jacques d’Ennetières est composé d’une table de marbre blanc sur laquelle est apposée l’inscription
funéraire. Cette table de marbre est entourée d’un cadre mouluré en bois doré, de huit quarts d’armes de familles nobles
(d’Ennetières, Villain, de Cordes, Morel, Van den Berghe, Colonne, de la Woestine et Paisschaut) et de deux allégories
féminines : la Vigilance et la Prudence. Elle est surmontée du buste du baron, lui-même inséré dans une niche. Des motifs
décoratifs tels que des festons, des volutes sont disposés aux alentours du buste afin de souligner l’architecture. Au
sommet, le blason couronné avec les armes de la famille authentifie son haut rang social. Jacques d’Ennetières est
représenté avec un air soucieux, des rides au coin des yeux, un nez empâté, des cheveux mi-longs ondulés retombant sur
les épaules. Il est vêtu d’une chemise à boutons par-dessus laquelle sont posés un col ample et un manteau drapé en plis
arrondis. À l’inverse, les allégories de la Vigilance et de la Prudence sont idéalisées. La première, à gauche, tient dans ses
mains une palme et à ses pieds se tient un coq. À droite, la Prudence tient un miroir dans la main gauche, celui-ci a
aujourd’hui disparu. Les deux figures ont le regard dirigé vers l’épitaphe. Elles sont de compositions fort similaires :
représentées dans une attitude sereine, des robes aux drapés amples qui cachent leur corps, une lourdeur dans l’exécution
des articulations et des coiffures sophistiquées faites de tresses tirées en arrière et regroupées pour former un chignon.
Le mémorial de Philippe-François d’Ennetières se présente sous la forme d’un arc de triomphe délimité sur les côtés par de
larges pilastres. Au centre de l’édifice est disposée horizontalement l’épitaphe du défunt en marbre blanc encadrée de
marbre noir et d’une série de seize quarts d’armes (d’Ennetières, de Cordes, de Van den Berghe, de la Woestine, de
Baudequin, de Zomberghe, de la Rivière, d’Ablin, de Obert, de Le Prevost, de Le François, de Lefier, de Landas, des
Espringalle, de Cambray et de Fervaques). L’inscription est surmontée d’un fronton lui-même coiffé des armoiries du défunt
et de son épouse, Marie Obert. L’ensemble est soutenu par deux chiens hybrides. Sous l’épitaphe, le défunt est sculpté en
bas-relief, inséré dans un médaillon créé par un cadre en bois doré orné de feuilles de laurier. Le défunt est représenté en
buste, tourné de trois quarts vers la droite. Il porte une perruque dont les boucles tombent le long de ses épaules. Il est
vêtu d’une chemise sur laquelle sont posés un jabot ajouré en fine dentelle et un manteau. La partie supérieure du
médaillon est couverte d’un drap blanc à double floche soutenu par deux anges. Celui de gauche, debout, soulève le drap
de sa main gauche et présente le défunt de sa main droite. Le tissu blanc s’enroule autour de son corps. L’ange de droite est
assis, le corps de face et le visage de profil, le regard dirigé vers le buste. Un tissu blanc recouvre sa tête et ses épaules. Il se
confond facilement avec le drapé posé sur la partie supérieure du médaillon. Dans la main gauche, le putto tient un crâne.
Avec l’autre main et son avant-bras, il s’appuie sur une torche.
Inscriptions
Épitaphe de Jacques : D.O.M. JACOBUS DENNETIERES BARO DE LA BERLIERE ETC. PRAESES CAMERAE RATIONUM THESAURARIUS GENERALIS
CONSILIARIUS STATUS H.S.E. SUAM IN RATIONIBUS IUSTITIAM, IN THESAURI CURA FIDEM IN STATU RECTITUDINEM VIGILANTIAM ET PRUDENTIAM IN
OMNIBUS PER ANNOS LX REGI PROBAVIT UT SE DEO PROBET PRECARE. MARIAM DE BAUDEQUIN CONIUM UNICM TORNACI, DUM REGI PARERET, IN
MAIORUM SEPULCHRO DEPOSUIT IPSE A° M.D.C. LXXVII. OCT. IX. AETATIS LXXXI DEFUNCTUS HIC CONDI VOLUIT MALENS AB UXORE & SUIS QUAM À REGE,
VEL SOLO CORPORE, SE IUNGI. PHILIPPUS FRANC. DENNETIERES MARCHIO DE MOTTES ETC. PARENTI OPTIMO FILIUS IAM UNICUS.
http://balat.kikirpa.be/object/20014767
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Wendy Frère et Géraldine Patigny, Jan Van Delen (ca. 1635-1703). Catalogue raisonné
(projet de recherche, KIK-IRPA, 2014-2015)
En l’honneur du Seigneur très bon et très grand. Jacques d’Ennetières, baron de la Berlière etc. établi comme président de la
Chambre des Comptes, conseiller général du Trésor a été enseveli ici. Il a prouvé au roi sa rectitude dans les comptes, sa
loyauté dans le souci du Trésor, sa droiture, sa vigilance et sa prudence à son poste durant soixante ans, montrant aussi sa
piété à Dieu. Sur ordre du roi, il déposa Marie de Baudequin, son unique épouse, à Tournai, dans le caveau de ses ancêtres.
Lui-même mourut le neuf octobre 1671 à l’âge de quatre-vingt-un ans. Il voulut être enterré ici préférant être rejoint par sa
femme et les siens plutôt que par le roi, si ce n’est par son corps. Philippe-François d’Ennetières, marquis des Mottes etc., fils
unique, à son excellent père.
Épitaphe de Philippe-François : D.O.M. PHILIPPUS FRANC. DENNETIERES, MARCHIO DE MOTTES, BARO DE LA BERLIERE, PATRIS IN SUPREMA
BELGICI AERARII QUAESTURA ET IN CONSILII STATUS DIGNITATE SUCCESSOR, HIC JACET CUM MARIA OBERT, DILECT.CONIUGE SUA DNA DE MASINGHIEN,
FONTENES ET QUAM CUM MORS MARITO RAPUISSET DIE IX FEB. A. M.DC.LXXXVIII HOC SOLUTUS VINCULO, SACERDOTALI SE ADSTRINXIT, IN CLAUSTRO
BRUXEL. PP. CARMEL. DISCAL. UM UT SOLITUDINIS LATIBULO TENACIUS CHRO SPONSO SUO INTIME AGGLUTINARE TURQUO MUNERE NOVEN. CIRCITER
FUNCTUS, MOX ALITATA DEO SALUTIS HOSTIA, REPENTINE VITÂ DE FUNCTUS EST DIE X. APRILIS A. M.D.C. LXXXXVII. UT COMMORTUUS CHRO. EIDEM ET
CONVIVAT CUM CHAR. PATRE DILECT. UXORE ET FRATRE SUO TRIB. EQUIT. MORTUO, XXVI. SEPT.BRIS A. M.DC.LXXVII HOC TUMULO CONIACENTIBUS, TU
LECTOR APPRECARE, R.I.P. QUARTERIA
En l’honneur du Seigneur très bon et très grand. Philippe-François d’Ennetières, marquis des Mottes, baron de la Berlière,
successeur de son père dans la charge suprême du trésor belge et dans la dignité du rôle de conseil, repose ici avec Marie
Obert, sa chère épouse, dame de Masinghien, Fontenes. Alors que la mort l’avait ravie à son mari le neuf février 1688, celuici, délivré de ce lien, entra dans le sacerdoce au couvent bruxellois des pères Carmélites pour s’unir plus intimement au
Christ son bien aimé dans la retraite solitaire. Il s’acquitta environ neuf fois d’un don récurrent. Il quitta inopinément une vie
bien nourrie par Dieu grâce à l’hostie du Salut le dix avril 1697. Il mourut en communion avec le Christ et vit auprès de son
cher père, de son épouse chérie et de son frère, mort le vingt-six septembre 1677 qui repose ensemble dans cet édifice. Toi
qui lis, prie pour eux qu’ils reposent en paix.
Signature : J.V. DELEN REGI. ARCHIT. & STAT : FECIT 1690. / Caveau familial : MONUMENTUM FAMILIAE DENNETIERES.
Documentation IRPA
N° objet 20014767
N° dossier /
Photographie : 2014 : X075787-X075805, 1942 : B026919-B026920, 1941 : B024143-B024144
Sources
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