LA BALADE SUD – PARCOURS AUTOUR DU TRAMWAy T3A

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LA BALADE SUD – PARCOURS AUTOUR DU TRAMWAy T3A
l’art dans la ville > balades
>>> (15ème) >>> Porte
u n n o u v e a u r e g a r d s u r l e pat r i m o i n e pa r i s i e n
36 L’ART DANS LA VILLE
la balade sud
–
pa r c o u r s a u t o u r d u t r a m way t 3 a
DE LA PORTE DE VERSAILLES (15 ème ) A LA PORTE DE MONTEMPOIVRE (12 ème )
Les balades du patrimoine
>>> La Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris entretient,
à travers la capitale, monuments et statues du patrimoine municipal
ou étatique. La plupart de ces œuvres date des débuts de la Troisième
République, période active de commande artistique. Le xxe siècle
a longtemps été plus hésitant dans ce domaine, mais la Ville de Paris
a renoué depuis avec la tradition de la commande publique.
En 2003, elle a mis en place le Comité de l’Art dans la Ville, comité
consultatif qui rassemble élus, experts et directions sur les projets
envisagés. La Ville de Paris a ainsi réalisé des commandes d’œuvres
pérennes ou éphémères à découvrir dans 3 balades : nord, sud et est.
>>> La balade sud suit le parcours du tramway T3 sur le boulevard
des Maréchaux à travers les 15ème, 14ème, 13ème et 12ème arrondissements,
à la découverte des deux commandes artistiques d’envergure
qui ont accompagné le retour du tramway à Paris en 2006 et son
prolongement en 2012. Sous la direction artistique d’Ami Barak
puis de Christian Bernard, les artistes ont été invités à créer un récit
urbain qui rythme les aller-retours quotidiens et accompagne
le renouveau des quartiers traversés par le tram. Dix œuvres qui
témoignent de la volonté de la Ville d’installer l’art au cœur
de la cité et de le rendre accessible à tous.
de Versailles
Dan Graham,
From Boullée to Eternity, 2006
Singulière « salle d’attente » située à quelques
mètres de la station de tramway, From Boullée
to Eternity est composée de deux arcs de
cercle imbriqués. Sa structure en verre
réfléchissant permet au passant de se refléter sur les parois, et de devenir ainsi partie
intégrante de l’œuvre. L’artiste joue des
oppositions intérieur/extérieur, public/privé,
opaque/transparent, observateur/observé.
La forme et le choix des matériaux font écho
à l’architecture moderniste en verre des
grandes villes occidentales et aux constructions environnantes, en particulier la voûte
hémisphérique du Palais des sports situé
à proximité.
Né en 1942 à Urbana (Etats-Unis), Dan Graham
vit et travaille à New-York. Depuis le milieu
des années 1960, sa pratique artistique se
caractérise par la mobilisation de différents
champs culturels, notamment l’architecture
et la culture rock. Attentif aux systèmes
sociaux, tels qu’ils façonnent les comportements dans les sphères publique et privée,
il engage ses performances, ses installations
vidéo et/ou architecturales dans une relation
de dépendance au spectateur-participant.
du patrimoine
>>> (14ème) >>> À
l’angle du boulevard Jourdan
et de l’avenue David Weill
Claude Lévêque,
Tchaïkovski, 2006
L’artiste coiffe un modeste bâtiment en
pierre des années 1930 d’une sorte de diadème, composé de grands panneaux d’inox
poli comme un miroir froissé. Le métal ondulé crée une image inversée qui se joue
des lois de la pesanteur : un bassin se retrouve suspendu au-dessus de nos têtes
et se confond avec le ciel. Le miroitement
de ce « lac aérien » change sans cesse au gré
des déplacements du tramway, des piétons
ou de la course des nuages. En troublant
de la sorte l’image du monde réel, Claude
Lévêque se livre à une interrogation sur
les apparences, mouvantes et insaisissables,
et nous donne à voir autrement notre environnement.
Né en 1953 à Nevers, Claude Lévêque vit et
travaille à Montreuil. Son travail est caractérisé par une approche à la fois sensorielle
et mentale, dans laquelle le corps n’est plus
l’instrument ou le véhicule de la forme, mais
son récepteur privilégié. Il entraîne le visiteur dans une expérience toujours sensible
du monde où chaque élément contribue
à la mise en scène d’une atmosphère, à une
évocation poétique qui rend le visiteur acteur
lui-même de l’histoire qui s’y joue. Sa matière première demeure l’environnement
quotidien. Ses œuvres laissent toujours place
au vide, à l’espace à investir, à l’imagination. C’est un récit elliptique où l’artiste crée
une œuvre libre, offerte et toujours à remplir.
l’art dans la ville > balades
>>> (14ème) >>> 11
ter rue d’Alésia
Anne Frémy,
Balles et Ballons, 2005
La construction du gymnase Alice Milliat a été
accompagnée d’une intervention de l’artiste
Anne Frémy au titre du 1% artistique. Son
projet s’est appuyé sur les éléments vitrés,
hall d’entrée et bow-windows éclairant les
vestiaires, afin de mettre en valeur le gymnase
dissimulé derrière un remblai. Conformément
à l’orientation sportive du bâtiment, elle a
imaginé des ballons de plusieurs dimensions
venant se coller aléatoirement sur les vitres,
« échappés d’une iconographie qui révèle
l’universalité de cet objet à la fois banal et
éternellement magique ».
Née en 1955 à Paris, Anne Frémy y vit et travaille. Iconographe, architecte, conceptrice
d’exposition, vidéaste et maître nageuse,
elle est une artiste inclassable et heureuse
de l’être ; même s’il n’est pas impossible de
l’identifier comme une artiste-archiviste de
la planification et de l’architecture urbaine.
du patrimoine
offre une image de monde « en creux » et
s’inscrit dans une conception anti-monumentale de la sculpture publique. Plutôt que
d’être « squattée a posteriori », l’œuvre anticipe et intègre sa possible appropriation en
s’élaborant comme un équipement sportif.
Sa forme incurvée et son traitement spécifique en font une aire de jeu idéale pour
les amateurs de skate-board, de rollers et
de BMX. Skate Park pose ainsi la question
de la mobilité en milieu urbain.
Né en 1959 à Innsbruck (Autriche), Peter
Kogler vit et travaille à Vienne. Depuis les
années 1980, il est devenu célèbre pour
sa passion du motif et notamment la figure
de la fourmi. Ce goût pour la sérialité et la
répétition est un héritage du minimalisme
et du pop art. Dans des installations en milieu
urbain, l’artiste, tout en reprenant les données
fonctionnelles et architecturales du lieu, crée
des décalages souvent empreints d’humour
et d’ironie grâce à des papiers peints ou
à des vidéo-projections hypnotiques.
Une autre œuvre de Peter Kogler est installée
à la Porte de Pantin dans le 19 ème arrondissement (cf. Balade est n°41).
>>> (13ème) >>> Porte
d’Ivry
Didier Fiuza Faustino,
1SQMH, 2006
>>> (13ème) >>> Square
Robert Bajac
Peter Kogler,
Skate Park, 2006
Avec ce fragment de globe terrestre inversé,
incrusté dans le sol et non érigé, Peter Kogler
Didier Fiuza Faustino propose un totem
contemporain de 17 mètres de haut constitué de divers modules géométriques empilés
à la manière d’un jeu de construction. Cet
objet hybride oscille entre sculpture et architecture. On devine par transparence une
cuisine, une chambre, un salon, des toilettes
et même une échelle qui distribue les différents étages. La superficie de chaque pièce
reprend précisément l’emprise au sol du bâtiment, sa « surface hors œuvre nette » (SHON)
de 1 m2. Didier Fiuza Faustino fait sienne l’idée
d’une œuvre à habiter, de manière quasi
littérale. 1SQMH évoque à la fois l’architecture
alentour et une architecture de sciencefiction, dont l’élan vertical apparaît comme un
modèle futuriste de développement urbain.
Né en 1968, Didier Fiuza Faustino vit et travaille à Paris et Lisbonne. Il se définit comme
un alchimiste, à la fois architecte, artiste et
rédacteur de revue. Privilégiant le travail
en équipe, il s’adjoint les collaborations de
designers, de mécaniciens, d’ingénieurs, de
graphistes, et œuvre au sein d’un cabinet
d’architectes qu’il a lui-même fondé, le
Bureau des Mésarchitectures.
Son approche de l’architecture, résolument
multiforme, va de l’expérimentation à l’installation et s’ancre dans une réflexion sur le
corps humain et ses déplacements. L’habitat
y est envisagé comme une extension de soi,
à la fois physique et mentale.
>>> (13ème) >>> Porte
de Vitry
Les Lanternes
Porte de Vitry, deux vitrines sont glissées
sous le nouveau pont de la Petite Ceinture.
Ce sont des galeries mobiles qui, la nuit, font
des lanternes veillant à l’entrée de Paris. Elles
présentent des œuvres d’art, des interventions d’artistes, des informations sur l’activité
artistique. Elles sont confiées à des institu-
tions d’île-de-France. Elles s’adressent à tous
et invitent chacun à découvrir l’art vivant et
les lieux qui le montrent.
Depuis leur inauguration en décembre 2012,
les Lanternes accueillent une programmation du MAC/VAL (Musée d’art contemporain
du Val-de-Marne) pour l’une, et du FMAC
(Fonds municipal d’art contemporain de la
Ville de Paris) pour l’autre.
>>> (13ème) >>> Avenue
de France
Didier Marcel,
Les Rochers dans le ciel, 2012
Débouchant sur le boulevard Masséna, l’avenue de France forme une patte d’oie où
un square est planté d’arbres et de mâts
surmontés de rochers qui semblent paradoxalement flotter comme des nuages dans
le ciel. Le sculpteur Didier Marcel s’est en
effet souvenu d’un ciel charriant de lourds
nuages minéraux comme ceux d’un tableau
de Magritte. Ce ciel réel lui avait rappelé
l’image inventée par le peintre surréaliste. À
son tour, Didier Marcel transpose cette vision
impossible dans les trois dimensions de ce
nouveau paysage urbain. C’est l’idée d’une
hallucination factice et vraie, d’une situation inquiétante et familière, ou simplement
le rêve d’un jongleur en apesanteur.
Né en 1961 à Besançon, Didier Marcel vit et
travaille à Dijon. Il interroge les liens entre
nature et culture et explore ceux qui unissent
l’homme à son environnement.
l’art dans la ville > balades
Vidal-Naquet
Nancy Rubins,
Monochrome for Paris, 2013
À quelques pas de la Seine, se dresse un
étonnant bouquet qui semble exploser sous
nos yeux. Ses fleurs sont en réalité des barques,
des canoës, des kayaks, qui fusent en tous
sens comme un feu d’artifice. Tous ces bateaux sont en métal. L’unité chromatique
de l’ensemble met l’accent sur leur forme
plutôt que sur leur fonction. Elle efface aussi
les traces d’usage ou les couleurs d’origine,
donc toute anecdote. Elle donne à l’assemblage hétéroclite l’apparence abstraite d’une
sculpture en métal. L’aspect gris et froid de
ce signal urbain contraste avec l’énergie
de sa dynamique multidirectionnelle.
Nancy Rubins, née en 1952 au Texas, vit et
travaille en Californie. Son œuvre procède
toujours d’assemblages d’objets manufacturés qu’elle détourne de leur usage et dont
elle valorise les qualités plastiques.
>>> (12ème) >>> Boulevard
Poniatowski et
belvédère Montempoivre
Sylvie Auvray,
Les Complots, 2012
Sylvie Auvray a choisi le lapin comme motif
pour intervenir sur les grilles qui lui ont été
confiées, entre le Pont National et la Porte
de Charenton ou sur la passerelle de la Porte
de Montempoivre. Tantôt ces lapins ébouriffés gambadent sur le métal déployé, tantôt
ils semblent comploter contre les chasseurs,
ou bien ce sont les chasseurs qui viennent
de les fusiller.
Sylvie Auvray est née en 1974 à Paris où elle
vit et travaille. Dans ses peintures et ses sculptures, elle allie humour et fantaisie, tendresse
et cruauté. Les dessins animés, les cultures
populaires, l’univers ambigu de l’enfance
nourrissent son œuvre.
toutes les balades sont disponibles sur le site
www.paris.fr
:
Le dialogue entre l’art et la ville se poursuit sur la ligne T3b
(cf. Balade est n°41) ainsi que dans les rames et stations du T3a.
>>> (12ème) >>> Porte
de Charenton
Michel Corajoud
et Yannick Salliot,
Jardin des diversités végétales,
2012
À l’angle du boulevard Poniatowski et de
l’avenue de la Porte de Charenton, une petite
place triangulaire longe le cimetière Valmy.
Pointant au-dessus du mur du cimetière,
des arbres taillés géométriquement veillent
sur l’ordre des tombes. La place elle-même
était classiquement plantée de platanes.
Les paysagistes Michel Corajoud et Yannick
Salliot y ont mêlé des pins qui semblent avoir
migré depuis le bois de Vincennes voisin.
Tout comme les palmiers de la Porte Dorée,
ces épineux ne sont pas familiers des places
de Paris. Avec ces essences exilées des villes,
le paysage arboré des boulevards gagne
en variété et en suggestion poétique.
Michel Corajoud (1937) et Yannick Salliot
(1963) vivent et travaillent à Paris.
Rodolphe Burger,
Les Voix du monde, 2012
La voix qui annonce la prochaine station n’est pas celle qui annonçait la précédente.
Hier, c’étaient d’autres voix que l’on entendait. Tout se passe comme si,
à chaque fois, c’était une autre personne qui s’adressait à nous en particulier :
homme ou femme, enfant, jeune ou vieillard, à la voix inconnue ou bien familière,
aussitôt identifiée, à l’accent parisien, provincial ou étranger, d’Europe ou
d’ailleurs. Et chaque station est singularisée par une micro-séquence musicale.
Ce sont des centaines de voix que Rodolphe Burger et Yves Dormoy ont enregistrées.
Elles apparaissent dans les rames de façon aléatoire, ménageant un effet
de surprise. Elles ont la couleur du monde, les couleurs de Paris ville-monde.
Patrick Corillon,
Autour de Paris, 2006-2012
Les dessins de Patrick Corillon sur les parois vitrées des stations de tramway
mettent l’accent sur le fait que le tramway ne ceinture pas la ville mais au contraire
ouvre des points de passage. Paris et sa banlieue n’apparaissent plus dans
une forme de hiérarchie (ce qui est dans le centre ou hors du centre), mais sont
unis dans une même croissance ; la croissance d’une fleur ou d’un arbre.
Ils sont unis par une même « histoire ». Par ce projet, le tramway est présenté
comme le terreau dans lequel peuvent germer ces histoires.
Découvrez également les Promenades du Tram, des visites commentées
par un conférencier et enrichies de contenus multimédia :
informations sur www.dedale.info et www.paris.fr
Retrouvez tous les points Vélib’
sur www.velib.paris.fr
Mairie de Paris / Direction des affaires culturelles – Conception graphique :
, www.montag-design.com – septembre 2013 –
Crédits photographiques : Marc Domage, sauf étapes 1 et 4 : Christophe Noël / Mairie de Paris ; 2 : Mairie de Paris ; 3 : Anne Frémy ;
5 : Christophe Fouin / Mairie de Paris ; 8 : Catherine Daël / Mairie de Paris. Plan : Mairie de Paris / Direction de l’urbanisme – Auteur : étapes
6 à 10 : Christian Bernard.
>>> (13ème) >>> Esplanade
du patrimoine