Stéphane Blanquet

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Stéphane Blanquet
Stéphane Blanquet
Né en 1973, il vit et travaille en banlieue parisienne. Il est aujourd’hui un des fers de lance de l’édition underground en France et dans le monde. Dessinateur précoce, entre illustration et bande dessinée, il sera
d’abord édité dans la revue Lilloise « Sortez la chienne » organisée par Jean-Jacques Tachdjian. Bénéficiant assez vite d’une belle renommée pour son travail, il va créer son propre fanzine graphique « ChacalPuant » dans lequel il présenta de nombreux dessinateurs et illustrateurs singuliers. À l’image d’autres
graphzines comme ceux de Bon Goût ou du Dernier Cri, il participe à l’émergence d’un nouveau milieu underground international du dessin au début du XXI° siècle.
Stéphane Blanquet est un boulimique d’images, il collectionne, épluche et revisite les univers qui
l’intéressent. Son travail explore le sombre et l’organique. Il trace des enchevêtrements graphiques complexes dans lesquels se mélangent des images de l’enfance, la mort, les entrailles et les désirs. À l’image
des traditions fétichistes asiatiques, chez lui douleur et plaisir se mêlent dans un brouillard poétique.
Le rapport entre l’artiste et le Japon marche dans les deux sens : le Japon a accueilli une grande exposition de l’artiste il y a quelques années et Stéphane Blanquet a tissé des liens forts avec des artistes japonais tels que Daisuke Ichiba (dessin d’un modernisme technologique apocalyptique), Namio Harukawa (pape
du face-sitting) et Yoshikazu Ebisu (auteur de bien étranges bandes dessinées) qu’il édite régulièrement et
qu’il a aidé à faire connaitre en France.
Ses livres aux noms tels que « Viande froide et cie », « La nouvelle aux pis », « La vénéneuse aux deux
éperons » ou « Sur l’épiderme » développent un graphisme torturé mais élégant qui explorent la peau du papier comme la peau tout court (photographiée par Gilles Berquet). La surface, l’épiderme du dessin est au
centre du travail. Stéphane Blanquet joue autour de cette surface, la transgressant pour en faire un lieu frontière entre l’image extérieure du personnage (et ses codes sociaux) et les tourments intérieurs organiques
(rêves, fantasmes, peurs et désirs).
Depuis quelques années, et en particulier après une collaboration avec Jean Lambert-Wild sur la pièce
de théâtre Sade Songs à Caen, Stéphane Blanquet s’attaque à la mise en espace de son univers graphique. Il
a produit de nombreuses installations mêlant jeux de lumières (lumière noire etc…) sculptures (papier, tissu…),
impressions graphiques tapissant les murs et cimaises en bois découpé qui ouvrent des fenêtres entre les différents espaces. Il a récemment proposé une installation Train Fantôme. Aujourd’hui l’on peut dire qu’il est scénographe, metteur en scène et costumier, depuis que son travail graphique est sorti de la page pour nous
immerger dans son univers de monstres et de chimères, où cerveaux et viscères se mélangent pour nous présenter les humiliations et exclusions que notre monde en pleine mutation produit.
Avec sa nouvelle maison d’édition, United Dead Artists (U.D.A.), Stéphane Blanquet continue son incessante production et diffusion de pratiques graphiques singulières et originales. En noir ou en couleur ils y
déploient de nouvelles visions graphiques pour enrichir le monde des images populaires. Au travers les journaux grand-format « La tranchée racine » (à 3 euros !), les « Muscle carabine » revues collectives, et les nombreux ouvrages monographiques, U.D.A. développe des images populaires et bon-marché qui font le bonheur
des jeunes générations (mais pas seulement) qui s’y reconnaissent et s’en inspirent. Avec l’arrivée des imprimantes 3D, U.D.A vient de lancer des objets d’artistes en volume, dont une série de soldats sodomites de Tom
de Pékin, qui donnent de nouvelles perspectives aux travaux graphiques des artistes.
Le dernier opus de Stéphane Blanquet se propose comme le fac-similé de carnet de dessin (Moi en toi
– carnet de jour, carnet de nuit) se présentant comme un ouvrage plus classique ou l’artiste rejoue graphiquement des images qui l’ont marqué. Dans cet ouvrage, à gauche la reproduction de l’image qu’il reprend et
à droite son dessin, la sérigraphie, ici présente, est extraite de ce travail, nous vous invitons à découvrir les autres. Pour plus d’information : http://www.uniteddeadartists.com/
David Ritzinger

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