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Transcription

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Page 8
Nécrologie
Françoise Foning
et Mambou Deffo
quittent la scène
Yaoundé
Pages 4 & 9
Faste et solennité pour les noces
d’or de la paroisse de Ndzong Melen
400 F CFA
www.journalintegration.net
LA TRIBUNE DES COMMUNAUTÉS
Cameroun - Chine
Hebdo
N° 172 DU LUNDI 26 JANVIER 2015 - DIRECTEUR DE PUBLICATION : THIERRY NDONG
Page 11
Le scandale Huawei
Depuis une dizaine d’années, l’essentiel des
marchés publics dans le secteur des télécoms
est attribué, sans appel à concurrence, au
constructeur high‐tech chinois pour un
montant cumulé de plus de 500 milliards de
francs CFA. En violation flagrante de la
réglementation sur les marchés publics. En
plus, la qualité des travaux exécutés laisse à
désirer.
Révélations inédites dans notre enquête.
CAN 2015
Pages 5 - 7
De faux billets
de stade en
circulation
Dans le supplément «La Can de l’intégration», lire aussi
nos reportages à Kye Ossi, la zone des trois frontières
RÉCEPISSÉ DE DÉCLARATION N°010
/ RDDP/ J12 /SAAJP *** TÉL : +237 676 20 37 09 / 699 93 10 42 / +241 03 10 97 41
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Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
Intégration
N°172
LES SEPT JOURS D’INTÉGRATION/ AMBASSADES
EN
Déviance.
CHRONIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES (CRI)
Lutte contre le terrorisme: le travail de Sisyphe
es analystes ne croyaient
pas si bien dire en affir‐
mant que l’année 2015
risque fort de constituer un
tournant dans les activités mon‐
diales du terrorisme. L’année a
démarré en trombe avec les at‐
tentats de Paris qui ont coûté la
vie à 17 personnes dont des
journalistes. La riposte a été à la
mesure de l’attaque et avec des
mots et des actes. La France a
réagi. Durcissant les textes pour
contrer les terroristes, traînant en
justice ceux qui ne maîtrisent pas
leurs propos. Mais manifeste‐
ment, cet arsenal n’a pas suffi.
Même dans des écoles, des bam‐
bins ont refusé de respecter la
minute de silence décrétée à la
suite des attentats de Paris.
Preuve que la belle unanimité a
commencé à se fissurer. Et les
enquêtes, toujours en cours,
montrent que les terroristes ont
plus de complices qu’il n’y pa‐
raît. Les complices les plus dan‐
gereux étant ceux qui ne disent
rien et qu’on ne peut soupçon‐
ner de quoi que ce soit. On leur
D
COMPÉTITIVITÉ
donnerait même le bon Dieu
sans confession.
A vrai dire, il faut craindre une
recrudescence des actes terro‐
ristes. En Belgique, des djiha‐
distes ont même échangé des
coups de feu avec les forces de
l’ordre près d’Anvers et la pré‐
sence d’individus troubles était
soupçonnée dans plusieurs
villes. Même chose en Alle‐
magne où on risque le clash.
Une organisation «Pegida» com‐
bat ouvertement les musulmans
accusés d’être de mèche avec les
terroristes. Le mimétisme ai‐
dant, il faut craindre que ce soit
le début d’une vaste campagne
de terreur. «La peur doit changer
de camp», affirme le Premier mi‐
nistre belge M. Michel. Mais
pour l’instant, l’éventualité
d’actes terroristes aveugles fait
froid au dos. Les terroristes,
eux, n’ont peur de rien et ne res‐
pectent aucune vie à commencer
par la leur. La perspective d’al‐
ler au paradis et d’y retrouver
plusieurs vierges est sans doute
plus attrayante que la soif de vi‐
vre. On remarquera d’ailleurs
cette curieuse manie d’aller cher‐
cher des vierges au ciel. N’est‐ce
pas plus simple de les chercher
ici sur terre au besoin, dès la ma‐
ternelle même si le crime de pé‐
dophile est aussi odieux.
Tel que c’est parti, la mobilisa‐
tion doit être générale contre le
terrorisme parce qu’un seul in‐
dividu peut semer la panique
dans toute une ville. Les terro‐
ristes le savent, en jouent même.
Y compris en Israël où on a un
savoir‐faire certain pour lutter
contre les gens‐là.
On a entendu des responsables
occidentaux se vanter de pou‐
voir terroriser les terroristes.
Plus facile à dire qu’à faire en
réalité. On a calculé que pour te‐
nir à l’œil tout le temps un seul
terroriste, il faut mobiliser une
bonne vingtaine de policiers.
En plus, il faut surveiller ses
contacts et cela relève de la mis‐
sion impossible. Il faut toujours
plus de policiers, toujours plus
d’argent pour un résultat pas ga‐
ranti du tout. Les terroristes ont
depuis longtemps appris à jouer
avec les frontières, les réseaux
sociaux comme on s’en rend
compte avec les campagnes de
recrutement des djihadistes.
En ce moment, l’Europe est en
alerte générale contre le terro‐
risme. Les complices supposés
ou réels des terroristes tombent
comme des mouches alors que
d’autres restent encore bien au
chaud. Mais il faudra être plus
vigilant que jamais.
Les terroristes utilisent toutes
sortes de moyens. Les avions ci‐
vils comme pour les tours du
World Trade Center, des fusils
d’assaut, des voitures piégées,
des bombes humaines y compris
des enfants, des prises d’otages.
Et ils ont aujourd’hui un endroit
idéal où se cacher en Syrie ou en
Irak, dans les zones contrôlées
par l’Etat islamique. Qui plus est
un terroriste passe totalement
inaperçu jusqu’à ce qu’il révèle
son vrai visage. La lutte contre
le terrorisme risque donc d’être
un éternel recommencement.
Gilbert Tsala Ekani
DE L’ÉCONOMIE CAMEROUNAISE
GOUVERNANCE
AU CAMEROUN
L’Union européenne cible les exportations
Le oui… Mais…
de l’UE
S.E. Françoise Collet ambassadeur et chef de délégation de lʹUnion européenne (UE) au
Cameroun a lancé l’Atelier national sur lʹélaboration de la Stratégie nationale des
exportations du Cameroun. C’était à Yaoundé, le 22 janvier 2015.
D’une manière globale,
«tisfaite
l’Union européenne est sa‐
des avancées du Ca‐
ls étaient une bonne bro‐
chette de membres du gou‐
vernement ou leurs repré‐
sentants. Pour la plupart,
c’était des officiels camerou‐
nais en charge des questions
liées aux flux des exportations
(ministère de l’Economie, de la
Planification, et de l’Aména‐
gement du Territoire,
ministère du Commerce, mi‐
nistre des Petites et moyennes
enterprises, de lʹEconomie so‐
ciale et de lʹArtisanat, minis‐
tère de l’Industrie, des Mines
et du Développement techno‐
logique, ministère des Fi‐
nances. A la cérémonie de lan‐
cement de l’étude sur lʹélabo‐
ration de la Stratégie natio‐
nale des exportations du Ca‐
meroun, il y avait aussi des re‐
présentants des organisations
professionnelles et du secteur
privé.
I
Soutien
Prenant la parole, Françoise
Collet a indiqué que c’est à
travers cette initiative financée
par le Fonds européen de dé‐
veloppement (FED) dans le ca‐
dre des activités du Pro‐
gramme dʹappui à la compéti‐
tivité de lʹéconomie camerou‐
naise (Pacom) en cours, que
lʹUE manifeste encore une fois
son soutien au Gouvernement
du Cameroun. Ceci pour en‐
gager et accompagner un pro‐
cessus qui nʹa pas pour seul
objectif la conquête des mar‐
chés internationaux. Une stra‐
tégie dʹexportation étant, es‐
time Françoise Collet, lʹune
des clés de voûte du dévelop‐
pement du pays et donc de
ses citoyens.
Selon l’ambassadeur et chef
de délégation de lʹUE, l’étude
vient combler un vide. Car
malgré le volume significatif
dʹétudes et rapports sur les fi‐
lières porteuses et les "clusters"
préparés au cours de dernières
années, le Cameroun ne dis‐
pose pas encore dʹune stratégie
nationale des exportations. Du
moins celle qui reflète la vision
et les choix stratégiques du
pays afin de relancer le com‐
merce dans la perspective de
lʹaccord de partenariat écono‐
mique qu’il a récemment rati‐
fié.
Le développement dʹun sec‐
teur privé dynamique dans un
tel contexte de diversification
relève dʹune importance cru‐
ciale pour le développement
économique du pays. D’où
l’urgence d’une diversification
des produits et des partenaires,
ainsi que leur positionnement
dans les marchés nationaux,
régionaux et internationaux.
A en croire l’UE, le contexte ac‐
tuel caractérisé par des chaines
mondiales dʹapprovisionne‐
ment de produits manufactu‐
rés et des services associés
rend indispensable lʹadoption
dʹune stratégie des exporta‐
tions adaptées et de qualité.
«Le Cameroun dispose du poten‐
tiel pour saisir les opportunités
offertes par le commerce interna‐
tional», s’est félicitée Françoise
Collet.
Dans ce sens, il existe une co‐
hérence et un lien direct entre
la stratégie dʹexportations du
Cameroun, ses choix écono‐
miques et les politiques et pro‐
grammes financés par lʹUE en
faveur de lʹamélioration de la
compétitivité, du développe‐
ment du secteur privé et du
renforcement des capacités
productives et dʹexportation
des entreprises.
Il est à rappeler qu’au travers
de lʹAccord de partenariat éco‐
nomique (APE) ratifié par le
Cameroun en juillet dernier,
lʹUe sʹest engagée à garantir le
libre accès de son marché pour
tous les produits dʹexporta‐
tion camerounais sans aucune
restriction quantitative ou ta‐
rifaire. Le Cameroun sʹétant
engagé à libéraliser progressi‐
vement 80% de ses importa‐
tions en provenance de l’Ue.
Celles‐ci concernent principa‐
lement des biens qui ne sont
pas produits localement et no‐
tamment des intrants utilisés
par les industries locales. L’éli‐
mination progressive des
droits d’importation réduira
ainsi les coûts de production
des entreprises locales, en amé‐
liorant leur compétitivité.
Jean‐René Meva’a Amougou
meroun ; mais nous conti‐
nuerons d’être vigilants sur
quelques aspects concernant
les droits de l’Homme, la lutte
contre la corruption, l’exploi‐
tation forestière…». Face à la
presse camerounaise, S.E.
Françoise Collet donnait
ainsi le point de vue de la
mission diplomatique
qu’elle dirige. C’était le 16
janvier 2015, lors de la 2e
session du dialogue poli‐
tique structuré entre les
ambassadeurs des pays
membres de l’UE et une
partie du gouvernement
camerounais placée sous
la conduite de Pierre Mou‐
koko Mbonjo, le ministre
des Relations extérieures.
Pour l’ambassadeur et chef
de délégation de lʹUE , en
dépit des progrès constatés
à divers niveaux, les chan‐
tiers de la bonne gouver‐
nance demeurent non seu‐
lement nombreux mais
aussi urgents. Sur les plan
politique et économique,
Françoise Collet a révélé
que pour émettre un quel‐
conque avis, l’UE s’est ins‐
pirée d’un document
confectionné avec les auto‐
rités camerounaises. Sur
cette base, des poches de ré‐
sistances à la bonne gou‐
vernance continuent d’exis‐
ter au Cameroun. Françoise
Collet a constaté pour s’en
féliciter que chaque année,
le pays déploie de grands
efforts pour en sortir.
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
3
BREF
ne partie importante de l’aide hu‐
U
manitaire accordée par l’Union
européenne (UE) aux réfugiés sah‐
raouis des camps de Tindouf est dé‐
tournée de façon organisée depuis
des années, selon un rapport de l’Of‐
fice anti‐fraude (Olaf) révélé, ce jeudi
22 janvier, par l’agence l’AFP. Le rap‐
port porte de lourdes accusations et
cite les noms des personnes soup‐
çonnées d’être les organisateurs de
ces détournements, qui commen‐
cent dans le port d’Oran où est
opéré le tri entre «ce qui doit arriver et
ce qui peut être détourné», selon l’AFP.
En dépit de ce dossier noir, l’Union
européenne, principal bailleur de
fonds, n’a pas suspendu son aide es‐
timée à 10 millions d’euros par an.
Alliance
ne mission de l’Union africaine
U
(UA) a été reçue du 13 au 15 jan‐
vier 2015 au secrétariat général de la
Communauté économique des Etats
de l’Afrique centrale (CEEAC). L’ob‐
jet de la mission était d’évaluer l’opé‐
rationnalisation de l’Architecture
africaine de paix et de sécurité
(APSA) au sein de la CEEAC. Il était
donc question pour la délégation
de l’Ua de «s’enquérir auprès de la CEEAC
de ce qui a marché et de ce qui n’a pas mar‐
ché dans l’opérationnalisation de l’APSA de‐
puis la dernière évaluation en 2010 ainsi que
les contraintes rencontrées», d’une part, et
recueillir les recommandations sus‐
ceptibles d’améliorer la situation
pour le prochain programme d’appui
à l’APSA.
Alliance 2
ierre Reteno N’diaye, le prési‐
P
dent de l’Association des raffi‐
neurs africains (Ara) a été reçu le 22
janvier 2015 par S.E.Ahmad Allam‐
Mi, le secrétaire général de la Com‐
munauté économique des Etats de
l’Afrique centrale (CEEAC). Pierre
Reteno N’diaye est venu présenter
son association à son illustre inter‐
locuteur. L’Ara, a‐t‐il déclaré, a été
créée en 2006 et est rapidement de‐
venue la voix du raffinage et de
l’aval pétrolier en Afrique. Regrou‐
pant 37 raffineries africaines sur une
quarantaine que compte le conti‐
nent, son objectif est de constituer un
creuset de synergie et de solidarité du
secteur aval pétrolier africain en fa‐
vorisant, entre ses membres, des dé‐
bats et des échanges d’idées et d’ex‐
périences dans tous les domaines du
raffinage, de l’approvisionnement
et de la distribution du pétrole.
Alliance 3
e secrétaire général de la Com‐
L
munauté économique des Etats
de l’Afrique centrale (CEEAC), l’am‐
bassadeur Allam‐Mi Ahmad a reçu
en audience le 20 janvier dernier
une délégation de la Banque africaine
de développement (Bad) conduite
par Mouldi Ayachi, le chargé de
programmes La délégation de la
Bad est venue s’imprégner du fonc‐
tionnement de leur dispositif insti‐
tutionnel au sein de la CEEAC, no‐
tamment du Projet d’appui au ren‐
forcement des capacités institution‐
nelles (Parci). Il s’agissait pour les dé‐
légués de la Bad de voir avec la
CEEAC les mécanismes institution‐
nels de décaissement et des contre‐
parties jusque là utilisés pour la
mise en œuvre des projets financés
par la Bad, ainsi que les dispositions
prises en interne pour la durabilité
des investissements de la Bad à la
CEEAC.
4
Melen fait
un triomphe
à Mgr Mbarga
L’archevêque métropolitain de
Yaoundé s’y est rendu dans le
cadre des cérémonies de clôture
du cinquantenaire de la paroisse.
ombien étaient‐ils, les fidèles
qui, ce 25 janvier 2015, se
bousculaient dans l’enceinte de
la paroisse Saint Paul de Ndzong
Melen? Peut‐être 2.000 ou 3.000,
en tout cas, très nombreux pour
saluer Mgr Jean Mbarga. L’ar‐
chevêque de Yaoundé venait clô‐
turer la célébration du cinquan‐
tenaire de la paroisse. Pour l’une
de ses premières sorties offi‐
cielles depuis son installation,
Mgr Mbarga a reçu un accueil
triomphal. Le président du
Conseil paroissial et un pa‐
triarche Mvog‐Atemengue (les
autochtones) ont relayé la joie
des fidèles d’accueillir l’homme
de Dieu. Plus que les présents of‐
ferts à Mgr l’archevêque, ce qui
a dû lui faire le plus plaisir, c’est
l’engagement des fidèles à
construire très vite un presbytère
moderne. Pour accélérer les
choses, les Mvog‐Atemengue,
qui ont donné déjà le terrain, ont
en plus offert du gravier, du ci‐
ment en numéraire «afin d’inciter
les autres à faire de même.»
Dans son homélie, Mgr Mbarga
a magnifié l’histoire de la pa‐
roisse de Ndzong‐Melen, pré‐
curseur de l’inculturation et «fait
l’expérience du rassemblement des
communautés linguistiques». Il
s’est félicité de la publication
d’un livre du Cinquantenaire.
«Ce qui restera quand tout sera
passé». L’archevêque a raconté
l’histoire de Saint Paul, qui au dé‐
part a persécuté les chrétiens
«mais de bonne foi», avant de se
convertir lui‐même à la religion
du Christ. Sa vie basculera sur le
«chemin de Damas» où il fera le
«saut qualificatif de la foi». Il met‐
tra le même zèle à défendre et
propager la foi. Mgr Mbarga a
alors invité les fidèles à se ras‐
sembler autour des nouvelles
missions de Melen: une parois‐
siale intense, un laboratoire pour
l’emploi des jeunes, un endroit
pour aider ceux qui souffrent
dans leur chair et diminuent
leur dignité. L’archevêque a as‐
suré les fidèles que l’archidiocèse
de Yaoundé se joint à eux pour
rêver d’un Melen meilleur, ayant
un visage rayonnant, tournant le
dos au provisoire. D’où la né‐
cessité de construire un presby‐
tère digne de ce nom.
Remerciant les autochtones qui
ont offert l’espace, Mgr Mbarga
a invité les fidèles à se redécou‐
vrir comme un lieu multipo‐
laire ouvert au «monde». Conclu‐
sion du prélat: Que Melen soit
l’image du Cameroun de de‐
main, où il n’y aura pas de dis‐
tinctions axées sur les tribus.
Pendant la messe, 161 chrétiens
ont reçu le sacrement de confir‐
mation, «alliance forte qui renou‐
velle l’engagement derrière le
Christ». Les cérémonies du Cin‐
quantenaire de Melen se sont
achevées en beauté, au son d’une
chorale aux rythmes diversifiés,
en présence de nombreuses per‐
sonnalités dont le ministre Helé
Pierre, un fidèle, Dama Mvondo,
le sous‐préfet de Yaoundé VI et
le maire Dr Lolo.
Gilbert Tsala Ekani
C
LES SEPT JOURS D’INTÉGRATION/ CAMEROUN
Intégration
N°172
Mgr Joseph Djida, post-scriptum d’un prélat atypique
L’évêque de Ngaoundéré repose désormais auprès de Mgr Yves Plumey, son père spirituel.
écédé le 06 janvier 2015,
l’évêque du diocèse de
Ngaoundéré a été conduit
à sa dernière demeure mercredi 21
janvier 2015 en la cathédrale No‐
tre Dame des Apôtres de la ville.
Des milliers de fidèles catholiques
et autres, venus des quatre coins
du Cameroun, lui ont rendu un
dernier hommage. Les obsèques
avaient débuté la veille mardi par
la mise en bière à la morgue de
l’hôpital régional. La messe de re‐
quiem d’inhumation fut dite en
présence des membres de la
Conférence épiscopale et du re‐
présentant personnel du prési‐
dent de la République, Paul Biya.
D
Un ministère pastoral plein
Mgr Joseph Djida est né le 8 avril
1945 à Mayo‐Darlé dans la ré‐
gion de l’Adamaoua. Premier gar‐
çon d’une famille musulmane, il
choisit la religion catholique
comme confession. Troisième prê‐
tre originaire du Grand Nord
après les pères Mfouakouet Victor
et Claude Marie Dawai, Mgr Jo‐
seph Djida est ordonné prêtre le 5
décembre 1976 par Mgr Yves Plu‐
Modèle de vie pastorale
Imminent membre de la Congré‐
gation des Oblats de Marie‐Im‐
maculée, Mgr Joseph Djida était
considéré comme le gardien du
temple de l’Eglise catholique à
Ngaoundéré, voire dans le Grand
Nord. L’Evêque incarnait le sym‐
bole du syncrétisme religieux et
du dialogue des religions. Ce pré‐
lat tire sa révérence à l’âge de 70
ans, laissant des fidèles éplorés,
une famille inconsolable et une
œuvre inachevée. Avec sa dispa‐
rition, c’est une génération de
missionnaires nés et établis dans
le Grand Nord qui disparaît.
La messe de requiem d’inhuma‐
tion de Mgr Joseph Djida a été of‐
ficiée par Mgr André Ntalou, l’ar‐
chevêque de Garoua. L’officiant a
demandé aux fidèles d’accompa‐
gner le défunt dans la prière pour
que son âme repose en paix. Le
parterre de personnes venu d’ici et
Polycarpe
Abah
Abah:
la
fin
du
calvaire
n’est
pas
pour
demain
mey, son «père spirituel». Il ac‐ nent membre de la Congrégation d’ailleurs ayant pris part à ces
cède à la charge épiscopale le 25 fé‐ des Oblats de Marie‐Immaculée obsèques témoigne la grandeur de
vrier 2001. L’ancien recteur du fut le deuxième évêque de l’homme d’Eglise disparu.
Grand séminaire Saint Augustin Ngaoundéré après Mgr Jean‐Ma‐
de Maroua succédait ainsi à Mgr rie Pasquier, qui avait renoncé à
Rodrigue Tapeo
Jean Pasquier qui avait renoncé à ses charges pour limite d’âge.
sa charge en octobre 2000. Cet émi‐
CHRONIQUE DE SOCIÉTÉ
LES
POINTS SUR LES I
AFFAIRE MBALLA MBALLA
Noir désir
n reconnaît les outrances
verbales de Mballa Mballa,
l’humoriste franco‐came‐
rounais plus connu sous le pré‐
nom de Dieudonné. Ce gars‐là ne
résiste devant aucun trait d’hu‐
mour, tournant souvent en déri‐
sion des peuples comme les Juifs.
Mballa Mballa n’a pas d’autre
emploi que faire rire les gens. Par‐
fois au détriment de sa propre
personne ou de la race ‐noire‐
d’un de ses parents. Dieudonné
ne recule devant aucun coup
d’éclat verbal, c’est une espèce de
Charlie Hebdo version un peu ba‐
sanée. Et malgré cela, il a trouvé
le moyen un jour de s’afficher aux
côtés du Front national qui n’est
pas le parti politique où on aime
le plus les étrangers, surtout noirs
ou demi‐noirs. Souvenez‐vous
de Jean Marie Le Pen qui trouvait
qu’il y avait trop de Noirs dans
l’équipe de France de football. Le
pauvre, il ne sait sans doute pas
que si on enlevait les Thuram,
Henry et tous les «Négros», la
France n’aurait peut‐être pas ga‐
gné la coupe du monde 1998.
Mballa Mballa sait que ses amis
du Front national aiment modé‐
rément, très modérément les Juifs,
les Nègres et les Arabes. Ce qui ne
l’empêche pas de fricoter quand
même avec eux. L’homme n’est
pas à une contradiction près. Il ne
pouvait pas ne pas s’inviter dans
le dossier Charlie Hebdo. Et il s’y
est invité à sa façon. Se bombar‐
dant Charlie… Coulibaly. Oui,
Coulibaly, le gars qui a tué une
policière et quatre juifs à Paris.
O
Des gens qui ont eu simplement
le malheur de croiser sa route.
Dieudonné a donc fait de l’hu‐
mour avec un tel sujet. Un hu‐
mour noir peu apprécié par les
autorités françaises. On a arrêté
vite fait Dieudonné pour apolo‐
gie du terrorisme. On espère seu‐
lement qu’il n’y aura pas un com‐
mando un de ces jours, genre fous
de la liberté ou de la laïcité, pour
aller envoyer Dieudonné très vite
en enfer. Là où doivent aller des
gens comme lui qui osent plai‐
santer avec des sujets graves.
L’ennui, c’est que le même jour où
on arrêtait Dieudonné, Charlie
Hebdo récidivait en publiant à
nouveau la caricature de Maho‐
met. Cela a décuplé la colère des
musulmans, même ceux modérés
qui avaient condamné le massa‐
cre à Charlie Hebdo.
L’arrestation de Dieudonné, la re‐
publication de la caricature du
prophète, voilà deux actions qui
vont fissurer la presque unani‐
mité de ces derniers jours. Pour
Dieudonné, c’est du pain béni.
Une belle occasion de se faire de
la publicité. De passer pour une
victime, ce qui est un peu vrai.
Parce que même si on ne peut pas
ne pas soutenir la liberté de
presse, elle ne peut excuser toutes
les dérives, tous les excès. Même
un Pape modéré comme François
n’a pu s’empêcher de le recon‐
naître.
Dans une situation où il y a mort
d’homme, est‐ce sérieux de ver‐
ser de l’huile sur le feu? Le com‐
ble c’est que le numéro de Char‐
lie Hebdo tiré à 7 millions d’exem‐
plaires s’affiche comme un «jour‐
nal irresponsable». Dieudonné, lui
au moins, n’a pas l’outrecuidance
de se qualifier ainsi. Mais soyez
certains d’une chose, personne ne
marchera pour Dieudonné
quoiqu’il lui arrive, c’est pourtant
un écrivain français qui affir‐
mait: «je ne suis pas d’accord avec ce
que vous dites mais je me battrai pour
que vous puissiez le dire».
Dieudonné a eu tort d’y croire. Et
il doit se demander s’il doit tou‐
jours croire à la devise de la
France «liberté, égalité, fraternité».
La liberté sans doute, l’égalité et
encore moins la fraternité, hum…
Il aurait dû ne jamais oublier ces
fortes paroles de l’écrivain fran‐
çais Jean de La Fontaine, «selon
que vous serez puissant ou miséra‐
ble, les jugements de la cour vous ren‐
dront blanc ou noir». Dieudonné,
lui, est déjà un peu noir. Et un
Noir un peu agité, pas le genre à
se cacher. Il est habitué à faire par‐
ler de lui. Pas toujours en bien. On
nous dit qu’il risque d’être frappé
fort par la justice. 7 ans de prison.
Peut‐être un peu moins ou un
peu plus. Peu importe. Sûr, s’il y
avait encore la peine de mort en
France, des gens la réclameraient
contre Dieudonné. Pour être sûr
qu’on ne l’entendra plus clamer
des «inepties». Personne ne se
réunira sous la bannière portant
ces inscriptions «je suis Dieu‐
donné».
La tolérance a des limites, n’est‐
ce pas? Et c’est bien cela qui est
dommage. Même les Américains
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
qui, en matière de lutte contre le
terrorisme en connaissent un
rayon (Guantanamo et Patriot
Act), se sont étonnés qu’on veuille
empêcher Dieudonné de faire ce
que fait impunément ‐en France
au moins‐ Charlie Hebdo: rire de
quelque chose. Des organisations
de droits de l’homme ont même
épinglé la France. Un vrai sacri‐
lège au pays des… droits de
l’homme. Un responsable français
explique sans rire: Dieudonné
rit avec les terroristes, Charlie rit
des terroristes. Mais tous rient
quand même, n’est‐ce pas?
Dieudonné Mballa a eu le tort de
croire que le fameux slogan de
mai 1968 «il est interdit d’interdire»
était à nouveau de sortie. Peut‐
être, l’est‐il en effet mais pas
pour tout le monde. Il faudra bien
qu’un jour, on nous explique si on
peut rire de la religion d’autrui
sans pouvoir moquer un gars
ou une garce qui fait des choses
différemment et sans qu’on soit
taxé d’homophobe. Après tout,
chacun a des choses qui l’amusent
dans la vie. Si on en arrive à rire
de Dieu, il n’y a plus de limites.
Nietzsche disait par la bouche
d’un de ses personnages «Dieu est
mort». Mais les humains eux, res‐
tent bien vivants avec leurs lois
qui ne vont pas louper Dieu‐
donné. Ce dernier a eu tort de
penser sans doute à Dostoïevski:
«Si Dieu n’existe pas, tout est per‐
mis». Dommage, mille fois dom‐
mage.
GTE
Intégration
N°172
LA CAN DE L’INTÉGRATION/ SUR LE TERRAIN
IMAGES DE LA CAN
À lʼitalienne
La 30ème Coupe d’Afrique des nations qui se joue actuellement en Guinée Équatoriale Par J.J. Ewong
est une compétition très serrée. Les scores les plus fréquents ici sont 0-0 ou 1-1, ou encore
1-0 comme au bon vieux temps du catenacio italien.
Une phase du match Gabon ‑ Burkina
part l’Algérie, aucune équipe n’a
jusqu’ici réussi à marquer trois Faillite des vedettes
buts au cours d’un match. La plu- Cette Coupe d’Afrique manquait déjà de
part des rencontres sont d’un niveau super stars avec le retrait international
moyen à l’instar de la Guinée Équato- des monstres sacrés comme Eto’o et
riale-Burkina Faso (0-0) qui a laissé de Drogba. On attendait beaucoup d’un
nombreux spectateurs et téléspecta- Yaya Touré qui, depuis quatre ans, a
teurs sur leur faim. On relève des pres- confisqué le titre de footballeur africain
tations moyennes voire carrément mé- de l’année. Mais l’Ivoirien de Mandiocres de certains pays comme le Cap chester City traverse la compétition
vert, sélection fort limitée, malgré une comme un fantôme. Exactement comme
combativité de tous les instants. Aucune Bonaventure Kalou ou Wilfried Bonny
équipe ne se détache vraiment du lot apparemment pas encore remis de son
avant la dernière journée des matchs de contrat en or avec Chelsea. Parmi les
poule. Même le Sénégal, avec ses qua- stars ivoiriennes, seul Kouassi Gervais dit
tre points en deux matchs, n’est encore Gervinho semblait justifier son statut.
sûr de rien et les deux dernières ren- Mais il a gâché sa prestation en se transcontres de ce groupe (Sénégal-Algérie et formant un instant en boxeur, se faisant
Ghana-Afrique du Sud) vaudront le dé- expulser logiquement. L’Algérien Yacine
placement. L’Afrique du Sud au football Brahimi du FC Porto a dû bien décevoir
pétillant mais naïf, peut encore se qua- ses fans qui attendaient monts et merlifier. Tous les Bafana Bafana doivent bien veilles de lui. Deux sorties en deux presregretter aujourd’hui d’avoir «offert» à tations plutôt moyennes, tellement
l’Algérie une victoire dans un match qui moyennes que son entraîneur l’a fait
semblait à leur portée. Les Sud Africains remplacer lors du match contre le
se sont même offert le luxe de manquer Ghana. Le Gabonais Aubameyang a
un pénalty qui aurait pu leur permettre fait illusion lors du match contre le Burde mener 2 à 0. Pas sûr que l’Algérie se- kina Faso. Après, plus rien. À sa dérait alors revenue dans la partie. Le gar- charge, il évolue dans une équipe assez
dien de buts des Bafana Bafana a dû mal limitée et en dépit des déclarations fradormir ce soir-là. Il a fait cadeau de 2 cassantes, on la voit difficilement rembuts au camp adverse et son entraîneur porter cette Coupe d’Afrique. Le Sénél’a fort justement écarté du match gal compte une foule d’attaquants mais
d’après.
il faut craindre que ce beau monde se
À
marche finalement sur les pieds. On ne
peut pas aligner trois avants centres
(Mame, Mane, Sow) sans compromettre l’équilibre global de l’équipe. Le
Congolais de la RDC, Dieu Merci Mvokani avant-centre dont on attendait
beaucoup, a du mal à se montrer à la
hauteur. Même s’il est combatif, cela
masque mal une maladresse surprenante de la part d’un professionnel. Fautil reparler ici des stars du Burkina Pitroipa
et les frères Traoré maladroits et (ou)
malchanceux. Leur bilan, 0 but en deux
matchs, est suffisamment évocateur
d’une véritable faillite offensive. Sauf, incroyable retournement de situation,
on peut dire que le Burkina Faso est déjà
éliminé de cette Coupe d’Afrique des nations. Il en va autrement du Ghana
d’Asamoah Gyan, capitaine courage et
auteur du but assassin qui a permis à son
pays de vaincre une bien frileuse Algérie. Même chose du Zambien Mayuka
qui, blessé, va sans doute manquer à son
équipe pour la suite de la compétition.
La compétition est vraiment serrée mais
d’aucuns parlent d’un nivellement par
le bas. Toujours est-il que les derniers
matchs de poule promettent un incroyable suspense. Ainsi, en est-il de la
Guinée Équatoriale-Gabon, Congo-Burkina Faso, Tunisie-Congo démocratique,
Zambie-Cap Vert, sans oublier les matchs
du groupe de la mort Sénégal-Algérie et
Ghana-Afrique du Sud. La Guinée Équatoriale elle, a déjà remporté au moins un
trophée. Les anciens internationaux africains conduits par Joseph Antoine Bell
et Roger Milla ont remis un trophée au
président équato-guinéen Obiang
Nguema Mbazogo. Ils entendaient ainsi
le féliciter d’avoir «sauvé» la CAN après
le lâchage du Maroc. Un trophée que
personne ne pouvait lui contester.
Gilbert Tsala Ekani
LIONS INDOMPTABLES
Les expérimentations hasardeuses de M. Finke
aut-il que les Lions encaissent un
carton pour qu’on consente enfin à
écarter M. Finke de l’équipe nationale où il n’a rien prouvé? Ce monsieur
est allé en Coupe d’Afrique pour faire
des expériences. Quelques joueurs alignés en Guinée Équatoriale doivent
être surpris eux-mêmes de se retrouver
là. Les Kom, Guihiota, Salli, Loe, Etoundi
ne sont guère des habitués dans les rangs
des Lions indomptables. On peut se demander à quoi servaient les matchs amicaux si les essais doivent se faire durant
les rencontres de compétition. M. Finke
est brouillon et tatillon comme il l’a assez démontré à la coupe du monde brésilienne ou ailleurs. Certes à décharge,
notre équipe manque cruellement de talents mais d’où vient-il qu’il se prive d’un
Njie Clinton, feu follet particulièrement précieux lors des éliminatoires?
Comment comprendre qu’il reconduise
une ligue d’attaque aux dents de lait
avec Aboubakar prince de la maladresse qui a le culot d’arborer le maillot
numéro 10! Et Choupo Moting si effacé
et se perdant dans des dribbles stériles?
Contre la Guinée, une équipe qu’on
croyait à notre portée, les Lions ont fait
illusion pendant 20 minutes. Le temps
de m arquer par Moukandjo, un but assez chanceux. Après, cela a été du
hourra football. Les Guinéens ont eu les
occasions de but les plus franches et on
doit une fière chandelle au jeune gardien
de buts Ondoua. Et à l’arbitre qui a
fermé les yeux sur penalty évident
contre les Lions. Lors du prochain match
F
contre la Côte d’Ivoire, il ne faudra pas
se louper. C’est pile ou face. On ne
pourra plus se satisfaire d’un match nul.
Cameroun-Côte d’Ivoire et GuinéeMali sont deux véritables finales. Les
Lions devront éviter le péché de la suffisance en pensant au score de 4 buts à
1 infligé à la Côte d’Ivoire lors des matchs
éliminatoires. La Côte d’Ivoire sait
qu’elle n’aura pas une autre chance.
Deux fois déjà elle a été menée au score
pendant cette CAN égalisant de justesse.
Cette fois, un simple match nul risque de
ne pas suffire à la qualifier pour le second
tour.
Cameroun et Côte d’Ivoire, un des
deux géants sera sans doute éliminé. Si
les lions devraient se retrouver dans cette
funeste perspective, certains vous diraient que ce n’est qu’une équipe en reconstruction. Mais personne ne nous empêchera de croire que malgré tout,
cette CAN semblait bien à la portée des
Lions.
GTE
Algèbre et arithmétique
uelqu’un l’a peut-être vite com- que si le Cameroun est auréolé 04 sacres
pris. Lui qui suggéra de rester opti- continentaux, le pays de Ouattara, lui
Q
mistes, car même les pires travers du foot- n’en a qu’un seul. Alors seuls les Lions et
ball ont leur avantage. En prenant un des
cauchemars du moment, la série de
matches nuls, aux scores identiques (1-1) dans la poule D, celle du Cameroun, il
y a quelque chose à craindre. Parait-il que
ça commence à virer au film d’horreur
dans ce groupe.Vous ouvrez n’importe
quel média, allez hop…Vous êtes dur de
tomber sur un cours d’algèbre et/ ou
d’arithmétique. Soit c’est le Cameroun
des Lions indomptables avec -2+2, soit
c’est la Guinée de Ibrahima avec -2 + 2,
soit c’est le Mali, parce que les gros oiseaux de ce pays ont aussi -2+ 2, soit c’est
les pachydermes de Ouattara avec 2+2.Ça donne le tournis. Il est vrai que
depuis qu’il ya eu déflation de buts dans
cette satanée poule D, les formules ont
eu bien envie de changer elles-aussi. Parce
les Eléphants sont favoris. Mais si le Mali
et la Guinée sont en relation avec la
Côte d’Ivoire, parce que frères d’Afrique
de l’ouest, alors ça va mal se passer pour
la bande à Volker Vinke. Cela s’appelle
la transitivité la théorie des relations
d’équivalence. On dit aussi que le Mali
et la Guinée ne vont plus jouer à Malabo. On raconte déjà que 560 journalistes sur les 850 accrédités pour la Can
2015 sont déjà prêts à couvrir la rencontre entre le Cameroun et la Côte
d’ivoire. Donc : en posant 850- 560, il
nous reste 190 hommes de médias pour
toutes les autres rencontres de la troisième journée. Soit 07 matches avec une
moyenne de 17 journalistes par matches.
Jean
René Meva’a Amougou
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
5
6
LA CAN DE L’INTÉGRATION/ MAIN COURANTE
Intégration
N°172
MÉSENTENTE
Charters : classe
tous risques ? Chaud effroi à la frontière
Un accident de la circulation
sur
l’axe
transnational
Bitam-Kyé Ossi repose le
problème de la sécurité des
voyageurs désireux de suivre
leurs équipes sur les lieux de
compétitions en Afrique.
Une rumeur de détention d’un jeune camerounais par la police d’immigration équato-guinéenne a
servi de détonateur d’une colère chez les supporters des Lions indomptables.
n infâme fatras de tôles
rouillées, des gamins camerounais en haillons
pataugeant dans tous les sens,
tandis que leurs aînés sont déçus,
fâchés. Tristes, aussi. Ambiance
surchauffée et surtout assourdie
par le vent de fronde qui balaie
depuis deux semaines les rangs
des supporters camerounais. C’est
que, bâties sur les braises mal
éteintes du ressentiment né du refus des autorités de laisser passer
le flux de supporters de l’équipe
du Cameroun de football, les relations entre les Camerounais et
la police équato-guinéenne ont
violemment été secouées au
check-point séparant Kyé Ossi
(Cameroun) d’Ebébéyin (Guinée Equatoriale). En mi-journée
du jeudi 22 janvier 2015, les fans
des Lions indomptables ont accueilli plutôt négativement la
nouvelle de l’arrestation de l’un
des leurs au poste frontalier entre les deux pays. « Coffrer un camerounais du cru est un mélange
de folie et d’abus », claironne un
caïd camerounais. « On finit avec
çà aujourd’hui », lance un autre
qui embouche la trompette du
complot contre les inconditionnels de l’équipe camerounaise.
Un groupe d’environ trois cents
personnes, régenté par des gros
bras armés de gourdins fonce
vers le poste frontalier, « l’ultime
bastion de la haine entre deux
tête desquelles se trouvait le
sous-préfet.
U
Radiotrottoir
On a frôlé le pire !
peuples », selon eux. C’est le terminus de la marche débutée à
l’entrée de la ville en venant
d’Ambam. Ici, trois quarts
d’heures pour manifester. Surtout
que les policiers « équato », précisent les uns et les autres, viennent d’empocher sur le seuil du
bureau de douanes une lourde
somme pour faire passer un citoyen gabonais. On a ainsi vu
une cohorte de mécontents donner l’assaut à la barrière, la défonçant au gourdin. Dans leur sillage, un local de police dévasté.
A en croire un homme, « il faut
que ça cesse ». Que cessent les «
errements de la police équato bricolée voilà un mois après la désignation de la Guinée Equatoriale pour recevoir la Can 2015
». Bien évidemment, dans ce
méli-mélo, côté équato-guinéen,
les forces de sécurité ont pris sur
elles « d’astreindre les délinquants aux seules rigueurs de la
loi ». Un commissaire affirme
qu’un tel spectacle, imaginé par
un chef de bande occupé à raviver les anciennes blessures, fait
honte à tout un continent. Reclus
dans sa voiture, le frêle prêcheur s’obstine à invoquer des
valeurs dévoyées désormais usées
dans ce brasier permanent. La
concertation, le dialogue, la dignité. On l’entend répéter à
l’envi que la violence est « inacceptable ». Et, puisque la magie
du verbe s’étiole, puisque le charisme d’hier ne rassasie plus la
longue lignée de manifestants, les
chants patriotiques camerounais
ont même fini par affaiblir les
douces paroles des autorités administratives de.Kyé Ossi, à la
Et pourtant, il ne s’agissait que
d’une rumeur. Au poste frontalier
de Kyé Ossi, la seule ressource
inépuisable c’est la rumeur. Depuis le début de la Can, des
groupes venus d’horizons divers
ont amplifié leurs travers mentaux alimentés par « radio trottoir ». Dans l’arène de la proximité entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, on s’empare
très souvent des ragots venus des
deux côtés. Plus que son caractère hétéroclite, un péril guette
cet espace transformé au fil du
temps en forum au sein duquel
le diplômé côtoie le paysan, le
faussaire ou la star de musique.
Il y a en ce lieu l’envie de franchir coûte que coûte les contrôles
de polices et de douanes. C’est la
niche de fonctionnaires médiocres, assujettis à la corruption, au
mensonge et aux combines. Et
pour le chaud effroi du 22 janvier 2015, des sources dignes de
foi rapportent qu’il s’agit d’une
histoire tissée par deux agents en
poste à cet endroit. L’un camerounais et l’autre équato-guinéen. Le duo, affirme-t-on, n’est
pas à son premier coup.
Jean
René Meva’a Amougou,
envoyé spécial à Kyé Ossi
CONTREFAÇON
Quand j’ai vu la salopette gluante de
d’un jeune homme, j’ai pensé
«qu’ilsang
aurait pu être mon fils ou mon neveu ». C’est particulièrement émue que
Jean- Jacques Zam est revenu de Miya
mi Ze (08 kilomètres du Cameroun), où
l’a dépêché la nouvelle d’un accident
mortel de la circulation. Sur le carreau,
deux morts et de nombreux blessés, tous
de nationalité gabonaise. Le drame s’est
produit le 21 janvier 2015 aux environs
de 01 heure 45 minutes. De sources
concordantes, on apprend qu’un car de
marque Coaster en provenance de Bitam
(nord du Gabon) et en route pour Kyé
Ossi (Cameroun), immatriculé RG 024
KL, ayant à son bord 30 membres du fan
club Pierre-Emerick Aubaeyang (le capitaine des Panthères du Gabon), est entré en collision avec un camion roulant
en sens inverse. Les victimes, rapidement
identifiées, ont été conduites vers Bitam.
Les deux décédés revendiquaient respectivement 26 et 31 ans. Ils étaient tous
commerçants au marché de la même
ville.Au registre des causes, la gendarmerie de Bitam évoque des défaillances
du système automatique des vitesses de
du car. Par cet accident, c’est la communauté sportive de la Can 2015 qui a
été touchée, celle des charters à des prix
accessibles. Voyager à bon marché doitil être synonyme de voyager risqué ? De
même, les escrocs de tous bords se recrutent dans l’organisation des charters.
Ils se font, dit-on beaucoup de beurre.
Les gouvernements savent que le débat
va désormais porter sur la sécurité des
charters.
JRMA
De faux tickets en circulation à Kyé Ossi
L’un des hommes la chaîne de fabrication de ces documents contrefaits a été mis aux arrêts à
Ebolowa la semaine dernière.
eyo Kyé, à une vingtaine de kilomètres de
Kyé Ossi, dans la Vallée
du Ntem, 12 heures 20. Ce 21
janvier 2014, une quinzaine de
gendarmes investissent l’artère
principale pour un contrôle des
pièces personnelles des passagers
d’un car en provenance de
Yaoundé. Des badauds sortis
d’une buvette au bord de la
route commentent la scène du
coin de l’œil : « Ils viennent se
remplir les poches avant la tombée de la nuit ». A observer de
près, on est à mille lieues de cela.
Longtemps occultée, la vraie raison de la descente des pandores
dans la localité est abordée subrepticement avec un passager
suspect. « Du haut de mon expérience, votre visage ne me
semble pas étranger », mentionne un officier. Affolé, le passager proteste : « Il n’y a ni indice
ni preuve que j’aie commis un
délit », lance-t-il avec son accent
ensoleillé, son élocution hésitante et douce. Problème : « La
gendarmerie n’a aucun intérêt à
vexer votre personnalité. Mais le
postulat qui fonde sa démarche
est que vous votre faciès est familier de nos fichiers. Qu’en
M
Ici a été capturé lʼun des suspects
dites-vous ? » Réponse évasive :
« Peut-être à Ebolowa où j’ai été
injustement accusé d’être l’un des
maillons d’une chaîne de fabrication de vignettes automobiles
en 2012 ». Véritable aveu discret
pour un suspect qui ne cherche
pas à l’être. Sommation faite à
l’intéressé de dévoiler le contenu
de la mallette posée sur ses genoux. Dans les annales policières
de la région du sud, c’est une saisie record de documents contrefaits : des tickets de la rencontre
Côte d’Ivoire-Mali du samedi
24 janvier 2015. Le tout, estimé
à au moins 25 millions de francs
cfa. Dans la chronique ambiancée
de la Can 2015 à Kyé Ossi, c’est
un casse-tête de plus. Il faut remonter jusqu’au fabricant desdits
faux tickets d’entrée au stade.
Parce qu’en tout état de cause,
l’homme les avait transportés de
Yaoundé pour la ville frontalière
où il devait les écouler.
Portrait- robot
Selon nos informations puisées à
bonne source, cette opération a
nécessité dix jours de filature et
un incessant ballet de gendarmes
à Kyé Ossi. Ces informations
font état d’un entrepôt fictif au
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
marché mondial à Abang Minko.
C’est là qu’un homme d’affaires
controversé et playboy de nationalité camerounaise tient ses
bureaux de faux. Plus délicat
encore : cet homme aurait des
entrées dans le sérail équato-guinéen. Ancien employé municipal
dans la région du nord-ouest, il
ferait office de mage pour ceux
qui, nombreux en Guinée Equatoriale, lui confient leurs soucis,
leurs chagrins et surtout leurs services. Ce sont ces amis qui lui auraient conseillé de cibler la poule
D de la Can 2015 localisée à Malabo dans la partie insulaire du
pays. De source très proche de
l’enquête, il disposerait d’un
contact direct dans les services de
renseignements gabonais. La
même source tente de nous expliquer que son imprimeur est
basé à Essos, un quartier de la capitale camerounaise. Encore en
exploitation dans la capitale régionale du sud, le présumé suspect qui avait trouvé en la Can
2015 un filon juteux, ne la suivra
plus certainement en toute sérénité.
JRMA,
envoyé spécial à Kyé Ossi
Intégration
N°172
LA CAN DE L’INTÉGRATION/ COUP FRANC
KYÉ OSSI
EBOLOWA
La Can en clair et... en obscur
Pour contourner la férocité et la drôlerie de l’absence de courant et pouvoir vivre le tournoi,
la ville a recours aux groupes électrogènes.
Le bon Dieu a eu une bonne idée en
créant Kyé Ossi. Mais il s’est empressé
de garder cette localité dans le noir »,
dit dans un sourire, Sa Majesté Hans Endomo Nguema. Le chef de deuxième degré du quartier Ezébio sait de quoi il parle.
Depuis toujours, il ne s’est jamais réjouit
de ce que sa ville natale soit de tous temps
privée de courant électrique. « 51 semaines
sur les 52 que compte une année, nous
sommes vautrés dans le noir ici », révèle
le dignitaire traditionnel. Suffisant pour
nier le charme de la contrée frontalière et
de lui préférer l’éclat lumineux de Ebébéyin, sa voisine équato-guinéenne, juste
à un jet de pierre. « Voyez-vous, le panorama est remarquable là-bas parce
qu’ils ont le courant chaque jour », frissonne d’envie le pauvre chef. Non sans
ajouter que depuis plus de trente ans, ses
sujets et lui-même chantent cela à tue-tête
au gouvernement camerounais. « Mais,
toujours rien. Nous sommes obligés de
chercher nous-mêmes nos propres moyens
pour conserver nos produits alimentaires
et nous informer », conclut-il. C’est devenu
la règle ici. La ligne de courant qui passe
par Ebolowa pour alimenter Kyé Ossi est
désormais aux oubliettes. Au point où la
plupart des personnes déclarent le plus naturellement possible qu’elles n’aiment
pas ce sujet. Bien plus, c’est un sujet tabou.
« Un vide se fait immédiatement autour
de vous si vous osez en parler. Encore que
là, on vous prendra pour un provocateur
ou pour quelqu’un qui cherche désespérément le suicide », souligne Félix Georges
Evina, un notable de la chefferie de Ezébio. Et pour visionner un match de la Can
en cours, c’est la croix et la bannière. Du
coup, les populations ont un autre reflexe
: l’usage du groupe électrogène.
tricité ici sont appréhendés autrement.
Rien n’est plus faux que de voir dans les
quartiers des collections d’individus obsédés par le manque de courant électrique.
Cette préoccupation est désormais à mille
lieues de leur sensibilité et de leur pensée.
« Courant, qu’il en y ait ou pas, ça nous
laisse à 37 », entend-on. Pour vivre les
grands moments du football continental
ou mondial, Kyé Ossi a toujours résolu sobrement l’équation de l’électricité. Au
temps jadis, il se disait qu’ici « on se plie
en mille pour cela ». Façon pittoresque
d’évoquer l’ingéniosité des amoureux du
ballon rond, qui, loin des centres de décisions de la République, devaient se débrouiller pour visionner la moindre image
ou le moindre son diffusés via la radiotélévision locale. Parce que, comme l’explique Hans Endomo Nguema, « l’essentiel de la dialectique des masses à Kyé Ossi
ne se développe que sur les conditions à
remplir pour voir jouer son équipe favorite ». Aujourd’hui, plus que jamais, les
nombreux accrocs du football d’ici ont
transformé la ville en une enclave réjouissante. « Chaque fois qu’il y a match,
nous nous dirigeons vers ceux qui disposent un groupe électrogène. Quand c’est
d’autres pays qui jouent, nous ne payons
rien. Mais lors des matches du Cameroun,
les propriétaires des lieux nous somment
de débourser 500 francs cfa ». Bien évidemment, l’intérêt pour les Lions indomptables s’apprécie à cette aune et la
coquette rente ne tient pas compte du format du téléviseur. Grand ou petit écran,
la tendance n’est jamais contredite. «
Nous payons comme çà et nous nous taisons obstinément », dit Aissatou Pemfoura.
Au-delà, tout dans le propos de cette jeune
institutrice indique qu’à Kyé Ossi, on est
passé d’une pratique clandestine à une exigence entretenue sur fond de volonta« Ça laisse à 37 »
Depuis que la compétition a démarré en risme. Pour Sa Majesté Hans Endomo
Guinée Equatoriale, les besoins en élec- Nguema, on peut chuchoter que les pro-
«
Chez nous, le supporter a plusieurs moyens
à ses fins. Et au mot fin, je pense
«qued’arriver
nous y sommes ». Dixit Abdelbari Atouan,
Des pylônes en direction de kyé Ossi :
Juste pour le décor
priétaires des groupes électrogènes s’enrichissent lors d’une compétition comme
la Can. Mais, reconnaît-il, les populations
sont punies par où ont péché les pouvoirs
publics.
Jean
René Meva’a Amougou,
envoyé spécial à Kyé Ossi.
Le projet reste lui‑même
Capitalisant sur ses objectifs, le comité d’organisation de la foire aux vivres de Kyé Ossi
participe à la Can. A sa manière.
S
Nzelan
Ici, commence le village. «C’est partie noble en langue Fang, celle où beaucoup de
commerçants ont aménagé des espaces de
ventes ou de promotions de leurs produits», soutient un proche du promoteur.
Bien évidemment, tout le monde re-
garde d’abord ce construit artistique et déluré. Pour de nombreux visiteurs en effet,
Nzelan reste un autre monde..à cause de
son écran géant. Pas surprenant qu’au-delà
de l’esprit commercial, l’esprit communautaire soit resté plus vif, plus créatif, plus
agréable aussi. Dans une esthétique rétro,
truffée de galeries, de stands et de lieux
confidentiels, beaucoup viennent faire
leurs courses. Ils sont gabonais, congolais,
camerounais et surtout équato-guinéens.
« Nous venons acheter les macabos, les bâtons de manioc et les condiments verts ici
pour nourrir les étrangers qui sont chez
nous pour la Can », confesse une hôtelière
dans un français teinté d’accents hispanisants. Le marché va bien, pour tous les vivres frais. Les chiffres sont là. Galvanisants
pour la centaine de bayam sellam qui n’y
est pas allée de main morte. Pour Léonie
Avouzoa, leur porte-parole dans le village,
une chose est sûre : « La Can ne va pas
nous décevoir. Nous comptons sur les premiers signes observés dans le marché »,
souligne-t-elle. La fréquence des visites des
équato-guinéens, c’est finalement le meilleur baromètre pour ces revendeuses (qui
Les Algériens jouent
la prudence
Dans cette communauté de
supporters venus d’Afrique du
nord, les excès de zèle sont
proscrits en terre camerounaise.
A
Mongomo,
en
Guinée
Equatoriale, tous montrent les
visages d’une Algérie qui aime
le football
VILLAGE DE LA CAN
ouvenez-vous, c’était au mois de juin
2014. En ce temps-là, la foire transfrontalière d’Afrique centrale (Fotrac)
avait animé Kyé Ossi. Deux semaines durant, toute la ville offrait un visage riant
et cossu. Cette année, c’est la Can qui se
joue en Guinée Equatoriale qui occasionne un « village ». «Le village de la Can»,
l’idée suit sa propre ligne. Et voici quelques
jours, le col sud-ouest de Kyé Ossi fait le
plein de spectateurs, sinon mieux que les
autres manifestations surfant sur le même
esprit. Parce qu’ici, il se passe toujours
quelque chose. Du moins pas toujours où
l’on croit. Une semaine après le démarrage
de la Can 2015 l’atmosphère n’est pas à
l’indifférence. Le village se réjouit d’afficher un esprit d’avant-garde et sa «
friendly attitude ».
7
par ailleurs sont aussi les fanatiques de
football). On comprend pourquoi une dizaine d’entre elles a choisi de revendre des
gadgets des équipes nationales gabonais,
congolaise et camerounaise.
Initiative
Mais par quel miracle les organisateurs ont
réussi à faire venir du monde dans ce « village ». Grâce à une idée aussi simple que
lumineuse : ils sont allés demander à des
artistes, et non des moindres, de les accompagner. Enthousiasme total : Ainsi, à
Kyé Ossi, beaucoup d’entre eux ont accepté de donner des titres inédits, ou d’en
proposer d’autres sous des formats variés
et qui ne sont disponibles qu’au site du «village de la Can». Bien sûr, le premier but
des organisateurs est de réactiver par
cette initiative le lien entre les peuples de
la sous région Afrique centrale. Et en
quelques jours d’existence, le projet l’a largement démontré : il ne ressemble qu’à
lui-même jusque-là.
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
JRMA
comédien et porte-parole des supporters des
Fenek d’Algérie. Ils sont 19 au total. Ils sont
dans la capitale régionale du sud voici bientôt une semaine. Après avoir séjourné à
Yaoundé, ils ont choisi un motel coincé à Ebolowa-Si, près du consulat général de Guinée
Equatoriale. La raison, Abdelbari Atouan
l’évoque sans détour : « Avec le relief d’ici,
nous sommes à l’abri des fâcheuses combinaisons de températures…Ici le climat assure
au corps la température idéale. Par la route,
nous sommes partis à Mongomo où nous
avons laminé les sud-africains et nous sommes
rentrés le lendemain car nous ne voulions pas
les voyages de nuit et cela par respect aux directives de notre ambassadeur au Cameroun. ». Attention : enthousiasme limité malgré le talent des uns et des autres. On ne
chante pas très fort, mais on danse avec des
pas athlétiques, dans une mise en scène minimale. Le vrai intérêt de ce choix est ailleurs.
« Il faut rester prudent ici, mais au stade, c’est
plus haut ».
Univers mental
Ce matin du 23 janvier 2015, Abdelbari
Atouan a présidé une réunion fraternelle. «
C’est dans l’ordre des choses de la prudence
», souligne-t-il. De fait, un ordre du jour taillé
à la juste mesure de cette exigence. Il porte sur
« la sécurité des membres de la délégation ».
Dans ce cadre, le chef de délégation, rigolo de
fonction, montre à ses compatriotes combien
il est utile de se « frotter au public populaire
d’Ebolowa ». D’après lui, le groupe acquis à
la cause de l’équipe nationale d’Algérie ne devrait pas oublier une évidence. Celle selon laquelle « tout public a un esprit paradoxal. Il
invoque toujours les fantômes. Et cette invocation oscille sans cesse entre l’hospitalité
affichée et l’ambigüité malsaine des belles de
nuit. Cela bien que les autorités d’ici veillent
sur nous ». Juste des mots voilés. A les décrypter en tout cas, les algériens ne se sont pas
acheté une conduite. Ils l’ont intégrée depuis
leur départ d’Alger il y a deux semaines. Pour
tout comprendre, ils savent que le Cameroun
est la terre qui a accueilli pour l’éternité Albert
Ebossé, sémillant avant-centre camerounais assassiné l’année dernière en Algérie. Abdelbari
Atouan, seul élément du groupe qui accepte
de parler, ne défriche pas cet aspect. A l’aide
d’une brassée de souvenirs et d’anecdotes qu’il
distille, le plus vieux supporter d’Algérie (72
ans) a réussi à fabriquer un univers mental
pour lui et ses compatriotes. « Je crois aux vérités intérieures des gens. Je sais que quelque
part les algériens sont tenus prisonniers dans
les cœurs des camerounais depuis que cet incident est survenu », confesse-t-il. On apprend
de ce fait des choses utiles de l’humoriste : «
Si minous et médors se sont mordus pour un
morceau de viande, ils finissent par devenir
amis l’un de l’autre ». Peut-être pour justifier
que le mécanisme implacable dans cette option calculée les met durablement en sécurité.
Sans rancune.
JRMA
8
Intégration
N°172
SPÉCIAL/ NÉCROLOGIE
Foning chantera désormais dans l’au-delà
DERNIÈRE HEURE
On la croyait inoxydable, solide, mais Françoise Foning n’était qu’un être humain, fragile, simple mortel. La terrible nouvelle de sa mort a surgi dans l’ac‐
tualité nationale ce vendredi 23 janvier 2015. Suite à un accident de la circulation. Portrait d’une femme qui aura marqué son époque.
rançoise Foning est un per‐
sonnage de roman. Il y a sur ce
personnage ce qu’on dit, ce
qu’on ne dit pas, ce qu’on invente.
On ne sait plus depuis quand elle
arpente la scène politique came‐
rounaise. Elle a toujours été là. Im‐
possible de ne pas la voir ou de ne
pas l’entendre. Foning savait occu‐
per la place. Pourtant, il y a bien eu
un début. On raconte qu’il y a une
cinquantaine d’années, dame Fo‐
ning a décidé de militer au sein de
l’UC (Union Camerounaise) qui se
muera en UNC (Union nationale
Camerounaise) avant de se trans‐
former en RDPC. Foning, de son vi‐
vant, est restée assez évasive sur son
parcours de simple militante. Tout
juste, sait‐on qu’elle a été prési‐
dente de cellule de l’OFUNC, puis
responsable à l’OFRDPC. Sur sa
carte de visite, on pouvait lire
comme profession, opératrice éco‐
nomique. En fait, il est difficile de ci‐
bler un seul secteur. Foning touchait
à tout. Elle aurait d’abord ouvert un
restaurant puis créé une société de
transport urbain par taxis. On l’a en‐
suite retrouvée dans des secteurs
aussi divers que l’import‐export,
l’extraction du gravier, la fabrication
des meubles, les bâtiments et tra‐
vaux publics et même l’enseigne‐
ment et la médecine. Ses détracteurs
affirmaient qu’on avait beaucoup de
mal à localiser ses sociétés. Bali‐
vernes, fulminaient ses supporters
heureux d’annoncer sans rien prou‐
ver que dame Foning réalisait un
chiffre d’affaires annuel de 2 mil‐
liards de francs Cfa. En matière de
lobbying, dame Foning, apparem‐
ment, se débrouillait très bien. Au
point de se faire admettre dans le
saint des saints des femmes chefs
F
d’entreprises dans le monde. Elle en
sera même présidente après avoir
créé le Groupement des femmes
d’affaires du Cameroun.
Mais quoi qu’on dise, sa réputation,
Françoise Foning la doit surtout à
son activité politique. Elle y mani‐
festait une présence envahissante,
disent quelques‐uns, une vraie bou‐
limie. Elle a longtemps dirigé la
puissante section OFRDPC du
Wouri à Douala où elle vivait. Elle
a, par la suite, franchi le pas deve‐
nant l’une des premières femmes à
présider une section RDPC. Dé‐
puté‐maire par la suite, elle aura
tout connu. Depuis plus de 10 ans,
elle dirigeait la commune de Douala
5ème, y montrant une gestion assez
personnalisée, pour ne pas dire
plus, de la chose publique. Ses dé‐
tracteurs allaient même jusqu’à
parler de «cafouillage managérial». Ja‐
loux, on leur aurait sans doute
lancé à la figure Mme Foning. Dans
son for intérieur, elle se savait dé‐
testée par quelques‐uns et a dû su‐
bir quelques trahisons. On lui at‐
tribue ces propos d’une grande lu‐
cidité: «je suis la femme la plus com‐
battue du Cameroun». Sans doute.
Mais l’adversité décuplait sa com‐
bativité.
Dieu, Biya et la chanson
Mme Foning semblait très pieuse.
On raconte qu’un jour, alors que son
poste de présidente de section
RDPC était en jeu, elle a publique‐
ment invoqué le Seigneur avant
d’entonner une chanson. Pas ques‐
tion pour elle de présenter un quel‐
conque plan d’action. Elle a seule‐
ment cité Paul Biya et cela a suffi.
Foning était l’une des rares femmes
qui osait interrompre Biya lui‐même
par une chanson. Il est vrai, à la
gloire du président. On moquait un
peu son français peu académique,
mais elle se faisait comprendre. Sa
phrase fétiche: «il faut le soutenir».
Soutenir Paul Biya évidemment.
Les mauvaises langues disent que
ses sociétés étaient gérées avec un
certain amateurisme qui sidérait
les services fiscaux. On a relayé ces
derniers temps l’information selon
laquelle elle devait plein de millions
aux impôts. Il y a quelques jours, le
Tribunal Criminel Spécial se serait
intéressé à la gestion de Mme le
Maire de Douala 5eme. On parle
d’une somme de 5 milliards de
francs à justifier. Le passage de
Mme Foning devant les magistrats
a dû constituer un grand moment
parce que la «mère des maires» savait
se défendre en mettant les rieurs de
son côté.
Veuve, mère de 9 enfants, grand‐
mère, Françoise Foning a marqué
son temps. Son côté quelque peu
théâtral par moments, ne peut faire
oublier qu’elle a été un redoutable
animal politique, écrasant ou ama‐
douant tous ses adversaires de l’in‐
térieur comme de l’extérieur. Celle
qu’on appelait aussi Dalida s’en va
donc au moment où son étoile com‐
mençait à pâlir. Sa mort lui permet
d’échapper au redoutable rapace
qu’on appelle Épervier. Elle laisse
un vide au RDPC où on aura du
mal à trouver quelqu’un ayant son
culot et sa truculence. On se sou‐
vient que lors des «villes mortes»
dans les années 1990‐1992, ma‐
dame Foning fit preuve d’un cou‐
rage incroyable défiant l’opposi‐
tion qui entendait interdire aux mi‐
litants du RDPC de défiler. Elle a
pris elle‐même la tête de ses troupes
et on l’a vue dame courage.
Gilbert Tsala Ekani
Programme des obsèques de Javis Nana
Depuis le 17‐01‐2015 Veillée tous les soirs à la Cité verte
Jeudi 29‐01‐2015:
‐15h: mise en bière à la morgue du CHU
‐17 h: installation de la dépouille et messe à la paroisse Christ Roi de Tsinga
‐20h messe suivie dʹune veillée à la paroisse Christ Roi de Tsinga
Vendredi 30‐01‐2015:
‐06h: départ pour le village Baloumgou (bangou)
arrivée et installation de la dépouille
veillée
Samedi 31‐01‐2015
‐07h: acceuil et mise en place
‐09h30: début de la messe
Témoignages
Inhumation
Collation
Funérailles
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
Mambou Deffo
passe son
arme à gauche
’armée camerounaise
L
est en deuil. Elle vient
en effet de perdre l’un de
ses plus hauts gradés en la
personne du général de di‐
vision Esaie Mambou
Deffo. Ce qui se murmurait
plutôt comme une rumeur
vivante dans la capitale a
été confirmé le 25 janvier
2015 sur les ondes de la
CRTV, la radio nationale
camerounaise. Jusqu’à son
décès survenu à Paris
(France) des suites de ma‐
ladie, Esaie Mambou Deffo,
76 ans, était inspecteur gé‐
néral de la Gendarmerie
nationale au Ministère de la
Défense. Brillant stratège
moulé dans plusieurs ins‐
titutions (Ecole Militaire
de Strabourg (1959), Ecole
Militaire Interarmes de
Saint‐Cyr‐Coëquindam,
Ecole des Officiers de la
Gendarmerie Nationale à
Melun en France (1962‐
1963), diplômé d’Etat‐ma‐
jor (1975), Ecole supérieure
de Guerre de Paris 90ème
promotion (1976‐1978).
Promu au grade de général
de Brigade le 05 février
1993; il devient Général de
division le 25 septembre
2001. Le 26 février 1993, il
est Directeur Central de la
Coordination à a Gendar‐
merie Nationale. L’un de
ses hauts faits d’armes reste
sa contribution à la dé‐
route des mutins lors du
putsch manqué au Came‐
roun le 06 avril 1984.
JRMA
Intégration
N°172
PAROISSE SAINT PAUL
DE MELEN
PANORAMA/ PORTRAIT-DÉCOUVERTE
Kisito Balla Onana: la passion de Dieu
l est l’aîné d’une fratrie de 8 enfants. La
trentaine rayonnante, il aurait pu rêver de
postes importants, de luxe comme les
jeunes de son âge. Mais lui rêvait de Dieu.
Il voulait aller au séminaire comme son frère
La semaine dernière, la paroisse Saint cadet. Alors qu’il fait ses études au collège
Paul de Ndzong Melen a fêté son cin‐ Vogt en classe de première, il pose son pro‐
quantenaire. Les festivités ont duré une blème à M. l’abbé Lucien Nama qui l’incite
semaine avec pour point d’orgue la jour‐ à sauter le pas. Voilà comment quelques an‐
plus tard, en 2005, deux frères sont or‐
née du 25 janvier 2015 qui a vu la pa‐ nées
donnés prêtres par l’Archevêque de Yaoundé
roisse accueillir l’Archevêque de Yaoundé d’alors, Mgr Victor Tonye Bakot. Le père des
Mgr Jean Mbarga.
deux prêtres, Ambroise Onana Balla qui
a paroisse Saint Paul de Ndzong vient de nous quitter, semble avoir scellé dès
Melen est l’une des plus anciennes la naissance, la vie de ses deux enfants dans
de la capitale politique du Cameroun. le respect de Dieu. Il leur donne les prénoms
Que de chemin parcouru depuis ces an‐ des martyrs ougandais Kisito et Mougaga.
nées post‐indépendances où le couple Tous deux sont curés, l’aîné Balla Onana à
Mani Atangana a accepté de donner un Melen, le cadet Onana Onana à Kondengui.
lopin de terre aux missionnaires ca‐ Ils doivent bien faire la fierté de leur village
tholiques pour construire une église. La Nnom Nnam près d’Olama.
petite église d’hier s’est agrandie et va Parlant du cinquantenaire qu’il a organisé,
probablement encore s’agrandir. En le curé de Ndzong Melen affirme ne pas
plus d’une école primaire à cycle com‐ avoir cédé à un effet de mode. C’était un «de‐
de mémoire, de vérité, d’honnêteté» dit‐il.
plet déjà fonctionnelle, la mission ca‐ voir
Pour lui, il était question non seulement de
tholique de Ndzong Melen entend revisiter le chemin parcouru, mais aussi de
mieux s’implanter. Un architecte a été reconnaître «le génie, le talent, l’engagement des
sollicité pour dessiner un plan avec des générations de prêtres et de fidèles à la suite de
constructions avoisinant 500 millions de Jésus Christ». Il estime qu’un tel engagement
francs Cfa. Avant de donner corps à ce mérite de servir d’exemple aux jeunes d’au‐
projet, la paroisse se souvient avec dé‐ jourd’hui. A travers un tel cheminement, ils
lectation du temps passé, quand la peuvent voir comment leurs parents, leurs
chorale de l’abbé Pie Claude Ngumu at‐ aînés, ont marché sur les traces de Jésus et
tirait les foules. Des gens qui venaient cela peut aider à ne pas être «détourné» du
sans doute écouter la bonne parole de
Dieu, mais qui venaient aussi apprécier
les balafons de la chorale. La réputation
de cette dernière a même franchi les
frontières nationales au point d’aller re‐
présenter le Cameroun au festival des
arts et de la culture d’Alger en 1969.
La paroisse a, depuis, vu défiler des prê‐
tres avec des noms prestigieux comme
Jean Marc Ella, Barthélémy Tsila, Pros‐
per Abéga. Deux évêques y ont servi
comme curé. C’est le cas de Mgr Benoît
Balla, évêque de Bafia et de Mgr Chris‐
tophe Zoa, évêque de Sangmélima.
L’actuel curé, Kisito Balla Onana, nour‐
rit de grandes ambitions pour sa pa‐
roisse. Il compte sur l’appui de ses fi‐
dèles dont il sait reconnaître les mérites.
Et il y a de tout dans les rangs de ces fi‐
dèles: de hauts cadres civils et militaires,
des gens ordinaires. Mais c’est bien
connu, aux yeux de Dieu, toutes ces dif‐
férences n’existent pas. La fête du cin‐
quantenaire de la paroisse de Melen a
été une belle occasion de célébrer
l’homme, créature de Dieu.
Gilbert Tsala Ekani
50 ans et toutes
ses dents
9
I
L
bon, du vrai chemin. L’abbé Kisito martèle:
«Dieu est le seul chemin, Jésus est le seul repère».
Quoique située au départ en plein pays Beti,
la paroisse de Melen compte aujourd’hui des
chrétiens de diverses origines (grand Nord,
Bassa, Bamiléké, Banen…).
A tous ses paroissiens, le curé demande de
ne jamais oublier qu’ils constituent un seul
peuple, le peuple de Dieu. Il ajoute que l’in‐
culturation se «perfectionne sans cesse».
Pour l’organisation du cinquantenaire de sa
paroisse, le curé avoue n’avoir vraiment ja‐
mais douté. «Je savais que Dieu, à travers les
fidèles et les amis de bonne volonté, nous aide‐
rait». Et c’est ce qui s’est passé. Lui, le curé
y a cru dès le départ. Et croire est justement
le maître mot dans la religion catholique.
L’abbé Balla Onana semble habité par la pas‐
sion de Dieu. On a l’impression que chaque
fois qu’il a une minute libre, il réfléchit à la
meilleure manière de mieux mener son sa‐
cerdoce. Un de ses fidèles me souffle: «M. le
curé sait se montrer rigoureux sans être cassant,
avenant sans être laxiste, respectueux des aînés
sans rien lâcher de ses prérogatives».
C’est en tout cas un prêtre qui marquera l’his‐
toire de la mission catholique de Ndzong
Melen. Il rêve de la rebâtir complètement.
Une maquette somptueuse est visible. Peut‐
être n’en aura‐t‐il pas le temps, mais il aura
lancé l’idée. Et qui sait, peut‐être un jour, on
parlera de Balla Onana comme deux de ses
prédécesseurs Christophe Zoa, évêque de
Sangmélima et Benoît Balla, évêque de Ba‐
fia. Jamais deux sans trois, dit la maxime.
L’abbé Balla Onana a sans doute d’autres
vrais sujets de préoccupation. Lui qui a pour
devise: «je suis au milieu de vous comme celui
qui sert».
GTE
Le mythe Pie Claude Ngumu
Ils ont servi à Ndzong
Melen comme curés
M. l’Abbé Pie Claude Ngumu 1961‐
1971
M. l’abbé Théophile Awana 1971‐1972
M. l’abbé Barthélémy Tsila 1972‐1975
M. l’abbé Henri Eveng 1975‐1976
M. l’abbé Aloys Tsala 1976‐1979
M. l’abbé Jean Pierre Ombolo 1979‐1990
M. l’abbé Benoît Balla 1990‐1991
M. l’abbé Albert Ottou Owona 1991‐
1995
M. l’abbé Jean Christophe Zoa 1995‐
1999
M. l’abbé Jean Claude Ekobena 1999‐
2003
M. l’abbé Etienne Etoundi Essama
2003‐2004
M. l’abbé Bonaventure Omgba 2004‐
2005
M. l’abbé Louis Claude Mbarga 2008‐
2009
M. l’abbé Kisito Balla Onana depuis
2009.
N.B: l’abbé Prosper Abega a été vicaire
de 1967 à 1975 et l’abbé Jean Marc Ella
a occupé les mêmes fonctions de 1990
à 1994
’il y a un prêtre qui a profondément
marqué l’histoire de la paroisse de
Ndzong Melen, c’est bien l’abbé Pie
Claude Ngumu. En cette année 1964, l’ar‐
chevêque de Yaoundé, Mgr Jean Zoa, le
charge de fonder la nouvelle paroisse. Me‐
len, simple bourgade, sort petit à petit de son
statut de village pour endosser le manteau
de quartier latin. La zone est alors couverte
de nombreux bosquets et même de nom‐
breux palmiers aux alentours, d’où le nom
de «ndzong melen», littéralement la route ou
le chemin des palmiers.
Le jeune abbé Ngumu, 33 ans, a auparavant
officié à Tala et à Mokolo comme vicaire. Il
mène la vie dure des pionniers, célébrant la
messe en plein air au début. Très vite, il ob‐
tient d’un autochtone, M. Etienne Mani
Atangana, un lopin de terre juste en face de
l’actuelle faculté de médecine. Le généreux
donateur souhaite même que la paroisse
s’appelle Saint‐Etienne, mais c’est Mgr Jean
Zoa qui l’en dissuadera. Il s’attèle donc à
construire la paroisse. On se rend compte
que M. l’abbé aime la musique religieuse,
passion qu’il entend transmettre à ses fidèles.
On se souvient alors que bien avant son ar‐
rivée à la paroisse de Melen, il s’était fait un
nom comme secrétaire de la commission li‐
turgie de la conférence épiscopale du Ca‐
S
meroun. Cette commission créée à Rome en
novembre 1962 compte des noms prestigieux
comme Mgr Jean Zoa, Mgr Lambert Van
Heygen pour ne citer qu’eux. L’abbé Ngumu
forme donc une chorale, «la chorale des chan‐
teur à la croix d’ébène» qui devient rapidement
une attraction. On y chante en latin mais sur‐
tout en ewondo au rythme des balafons. M.
l’abbé est une sorte de précurseur de l’in‐
culturation. Sa chorale attire les foules; et le
dimanche, on ne sait pas si tout le monde qui
se bouscule sur les bancs de l’église vient
écouter la parole de Dieu ou assister à un
concert de musique. La réputation de la cho‐
rale grandit à telle enseigne qu’elle va à Al‐
ger représenter le Cameroun au festival afri‐
cain des arts et de la culture en 1969. Ceux
qui ont connu l’abbé Pie Claude Ngumu af‐
firment qu’il avait la rigueur musicale che‐
villée au corps. Il traquait les fausses notes
et passait des heures à essayer d’obtenir de
sa chorale le son juste. Quand il réussissait,
un sourire illuminait alors son visage et cela
valait toutes les félicitations du monde. Il
était à la fois un musicien, homme de talent
et un musicologue, un savant. Un bon mo‐
ment, de 1967 à 1971, il formera un formi‐
dable duo avec un autre savant, l’abbé
Prosper Abéga, professeur de linguistique
à la toute jeune université de Yaoundé qui
occupera les fonctions de vicaire. Il faut
croire qu’à la paroisse de Melen, on avait une
prédilection pour les têtes bien faites. Le so‐
ciologue Jean Marc Ella y a occupé les
fonctions de vicaire de 1990 à 1994. Sans ou‐
blier les docteurs en théologie Aloys Tsala
ou Jean Pierre Ombolo pour ne citer que
ceux‐là.
Pie Claude Ngumu a fait de la musique re‐
ligieuse la marque de fabrique de la paroisse
de Ndzong Melen. Mais n’allez pas croire
qu’il a relégué au second plan son travail
premier, celui de prêtre. Encore qu’on dit que
chanter c’est prier deux fois. Certains des
plus anciens paroissiens se souviennent de
l’abbé Pie Claude comme un immense pré‐
dicateur, habile orateur. Une dame d’un cer‐
tain âge se souvient que c’est cet abbé qui a
célébré son mariage religieux. De lui, elle
garde l’image d’un prêtre «rigoureux mais pas
méchant». Le journaliste Kume Talé l’a connu
comme membre d’un jury à l’école de jour‐
nalisme de Yaoundé. «Il était pointilleux
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
mais pas cassant» avoue le confrère qui se dit
frappé par la modestie de ce savant.
Ngumu un incompris?
Anthropologue et musicologue, il a formé
plusieurs générations de chercheurs et avec
quelques autres prêtres (Lucien Betene, Fran‐
çois Xavier Amara, Engelbert Mveng). Il a ou‐
vert la voie à une forme nouvelle d’adoration
de Dieu. Il a introduit la couleur locale avec
des balafons et des tam‐tams. On ne lui a pas
toujours déroulé le tapis rouge. Certains re‐
ligieux l’ont même sermonné en affirmant
qu’on «ne loue pas Dieu en vociférant». D’au‐
tres ont dénoncé les manières jugées un peu
folkloriques de louer le Seigneur. L’abbé
Ngumu lui y a cru et s’est même défendu. Se‐
lon lui, si le christianisme a apporté à
l’Afrique, ce continent a aussi quelque chose
à donner. Croyant, sans doute, mais toujours
lucide, l’abbé Ngumu dans sa thèse de doc‐
torat en philosophie, relève que le catholi‐
cisme a «agressé les traditions de ses ancêtres».
Un homme de cette trempe, innovateur et
s’exprimant librement ne pouvait que susciter
envies et controverses, même dans l’Église.
On peut se demander si c’est cela qui a fait
craquer l’abbé Ngumu au point de l’obliger
à quitter les ordres et prendre femme. Le fait
qu’il ait été presque brutalement relevé de ses
fonctions de curé de Ndzong Melen en
1971, ses tiraillements incessants avec sa hié‐
rarchie et certains de ses collègues inquiets
d’une africanisation affirmée de l’Église,
tout cela a dû gêner le prêtre savant. La pa‐
roisse de Melen restera malgré tout un la‐
boratoire de l’indigénisation de l’Église où
l’orgue et l’harmonium sont remplacés par
les «mendzang» (balafons). Aujourd’hui en‐
core, c’est un débat actuel. On a apparemment
mis la pédale douce à Melen, mais la paroisse
garde les séquelles de l’époque Ngumu.
40 ans après son passage à Melen, on se sou‐
vient encore de l’abbé musicien et musico‐
logue qui a quitté déjà ce monde. Je ne sais
pas comment s’organise l’au‐delà, mais on ne
serait pas surpris de voir l’abbé Ngumu di‐
riger une chorale là‐bas. Parce qu’il avait la
musique dans la peau. Comme sa paroisse
aujourd’hui encore. La chorale de Ndzong
Melen est l’une des meilleures du pays,
une des plus riches aussi, utilisant les langues
de sept communautés du pays.
GTE
10
Intégration
N°172
AFRIQUE CENTRALE/ INSTITUTIONS
La Cemac et la Surveillance multilatérale au Cameroun
Une mission de la Commission de la Cemac sur la surveillance multilatérale a séjourné au Cameroun du 12 au 19 janvier 2015. Evaluation
croisée d’un séjour de travail intense avec le ministre camerounais des Finances et le chef de cabinet du commissaire de la Cemac en charge
des politiques économiques, monétaires et financières
ALAMINE OUSMANE MEY,
MINISTRE DES
FINANCES
JEAN CLAUDE NGUEMENI,
CHEF DE MISSION CEMAC
Des perspectives économiques dans un
contexte de réduction du prix du baril de pétrole La mission recommande de
donner une perspective aux
opérateurs économiques
Que retenir de la restitution par la Cemac de sa choses qui retiennent l’attention du ministère des
mission sur la surveillance multilatérale au Finances. Nous veillerons à ce que ces mesures
d’accompagnement de la Sonara puissent être
Cameroun?
La Cemac est une organisation sous‐régionale
qui assure la surveillance multilatérale. Elle
consiste en la vérification du respect d’un cer‐
tain nombre de critères de convergences. Elle est
un indicateur de la qualité et de l’harmonisation
de la gestion tel que souhaité par les instances
dirigeantes de notre sous‐région. Bien entendu,
il est question de regarder si le solde budgétaire
est positif, si l’inflation est en deçà de 3%, si l’en‐
dettement est inferieure à 70% et si les arriérés
ont été constatés ou pas. Nous pensons que pour
le Cameroun, à ce stade, comme cela a pu être
enregistré depuis 2012, les informations sont tout
à fait favorables au Cameroun, en respect de ces
conditions. Nous voulons produire des infor‐
mations au 31 décembre qui ont été confirmées.
En ce qui concerne l’inflation et le solde bud‐
gétaire, la Cemac vient également s’interroger
sur les perspectives économiques en matière de
projection et la situation d’évolution et de coût
du baril de pétrole qui est une préoccupation,
pas seulement pour le Cameroun mais aussi l’en‐
semble des économies. L’avantage du Cameroun
est que 20% de notre ressource provient de la
recette pétrolière. En même temps que nous
avons comptabilisé pour 2015 de recettes pé‐
trolières, nous avons aussi comptabilisé des dé‐
penses liées au manque à gagner qu’on pour‐
rait constater aux subventions de l’Etat dédiées
à la pompe. Ces deux éléments pour l’instant,
permettent un équilibre mais nous voulons sui‐
vre l’évolution pour justifier le cas échéant, la
soumission d’un collectif budgétaire ou d’une
loi rectificative à l’Assemblée nationale. Pour
l’instant, nos prévisionnistes, nos différents
acteurs en charge de la surveillance de notre éco‐
nomie, suivent l’évolution du prix du baril qui
n’a pas encore fini de se stabiliser. Et à la suite
de ces éléments, nous pourrions donc valable‐
ment, et de manière pertinente et objective, re‐
venir vers les instances qui déterminent les dif‐
férentes politiques macroéconomiques pour
proposer d’éventuelles rectifications. Voilà en
sorte ce que nous avons pu discuter. Et nous
pouvons aussi dire au public que la situation de
la Sonara a été également un élément d’analyse
approfondie de cette mission. Ceci pour véri‐
tablement s’assurer de sa viabilité financière et
des mesures qui doivent être prises. Le but est
de redonner à cette société toute la lucidité né‐
cessaire du fait de la titrisation réalisée dans le
passé et du fait du manque à gagner. Autant de
véritablement constatées sur le terrain. Certai‐
nement, cela n’échappera à personne. Les
contraintes sécuritaires sont des aspects qui font
qu’aujourd’hui dans notre sous‐région, le Ca‐
meroun avec plusieurs pays voisins, est engagé
dans la lutte contre les différents phénomènes
tels que Boko Haram. Les mesures pour ac‐
compagner le plan budgétaire vont vers la ré‐
duction du train de vie de l’Etat, l’allocation
beaucoup plus vers l’investissement public, l’al‐
location des ressources pour soutenir l’effort de
guerre. Nous pensons que notre économie
tient le coup pour l’instant et il continuera avec
les mesures qui sont envisagées pour accom‐
pagner l’action des forces de maintien de l’or‐
dre pour préserver la paix, la stabilité et la sé‐
curité. Sans la paix, il est difficile d’envisager des
programmes économiques ou de développe‐
ment pour améliorer les conditions de vie des
populations.
Concernant les perspectives économiques en
2015, avez-vous abordé la question avec la
Cemac?
Les perspectives économiques s’inscrivent dans
un contexte de réduction du prix du baril du pé‐
trole. Mais, nous restons positifs puisque pour
2014, la Cemac prévoit une augmentation de
5,7%. En 2013, nous avons eu 5,3%. Nous vou‐
lons maintenir les efforts pour atteindre 6,3% en
2015. Ce qui demande des efforts importants à
faire dans le sens de l’investissement, de la pro‐
duction, de l’assainissement du climat des af‐
faires au Cameroun. Ceci va attirer davantage
les investisseurs étrangers et susciter à l’intérieur
des investissements, plus d’emplois. Nous
sommes conscients des défis auxquels nous
sommes tous confrontés. Ce n’est pas seulement
le Cameroun, c’est l’ensemble des économies à
l’échelle mondiale dans un contexte peu favo‐
rable. Ces économies font face aux différents dé‐
fis et nous voulons poursuivre les actions de re‐
forme engagées par le Cameroun. Elles sont en‐
tre autres l’assainissement de la dépense pu‐
blique, les actions de la maîtrise des dépenses
publiques, les actions de renforcement de l’in‐
vestissement public au profit des populations
bénéficiaires. Tout ceci est de nature à faire du
Cameroun, véritablement inscrit dans une dy‐
namique de croissance forte, un pays qui va vers
l’émergence.
En quoi a consisté votre mission au
Cameroun?
Nous sommes là dans le cadre d’une
mission de la Cemac sur la surveil‐
lance multilatérale dont la mission a
débuté depuis l’année dernière. On a
eu à rencontrer les administrations
concernées. Notamment les services
techniques des ministères en charge de
l’économie et des finances. Égale‐
ment le comité technique de suivi des
programmes économiques. Nous
avons également rencontré le secteur
privé. Notamment la représentation
du Gicam à Yaoundé, les acteurs du
secteur pétrolier à l’instar de la Caisse
de stabilisation des prix des hydro‐
carbures et la Sonara. Tout ceci a
pour but d’examiner la situation ma‐
croéconomique de 2014 et les pers‐
pectives de 2015, de s’assurer du res‐
pect des critères de convergences de
la surveillance multilatérale par le
Cameroun et de faire une revue des re‐
formes structurelles mises en œuvre
pour l’amélioration du climat des af‐
faires.
Quelles sont les recommandations
principales que vous avez faites?
Au niveau de la situation et des pers‐
pectives macroéconomiques pour
2015, malgré un contexte international
peu favorable marqué par la chute du
coût du pétrole et les tensions sécuri‐
taires observées dans une partie de
l’Extrême‐nord et de l’Est Cameroun,
la croissance de l’économie du Ca‐
meroun se consoliderait en 2014 avec
un taux de croissance de 5,3% et est es‐
timée en 2015 à 5,7%. Maintenant au
niveau des reformes structurelles
mises en œuvre en vue de l’amélio‐
ration du climat des affaires, la mission
salue les récentes initiatives mises en
place par le gouvernement camerou‐
nais. Notamment la création en 2014
de trois centres de formalité pour les
entreprises, la mise en place depuis
juillet 2013 de la télé déclaration et éga‐
lement de la convention signée avec
les opérateurs mobiles pour la «mobile
taxe» en vue du paiement de la taxe
foncière. Sans oublier la loi de 2013 sur
l’incitation d’investissement privé.
Nous exhortons le gouvernement ca‐
merounais à mettre en place des struc‐
tures qui vont accompagner cette loi.
Pour ce qui est de l’impact budgétaire
et économique lié à la baisse du coût
du baril de pétrole, la mission a ob‐
servé depuis quelque temps, qu’il y a
un flux perçu au niveau du prix réel
et du prix actuellement pratiqué à la
pompe. La mission recommande en
vue de stabiliser l’inflation, de mieux
maîtriser l’inflation et de donner une
perspective aux opérateurs pour la
maîtrise de leur coût de production:
maintenir le mécanisme de stabilisa‐
tion du prix des produits pétroliers ac‐
tuellement à la pompe et de définir
une fourchette au‐delà de laquelle le
prix actuellement pratiqué à la pompe
pourrait être revu ou redressé. Pour ce
qui est de la revue financière vis‐à‐vis
de la Sonara, au vue de la dette pu‐
blique de cette société et l’ampleur des
manques à gagner dûs par l’Etat af‐
fectant sa trésorerie, sans oublier le
problème de rentabilité que connait ce
type d’entreprises depuis 2012, la
mission recommande qu’en vue de
contribuer à éponger la dette de l’Etat
vis‐à‐vis de la Sonara et vue la situa‐
tion sécuritaire observée dans cer‐
taines parties du territoire camerou‐
nais, que la majeure partie autant
que possible de la plus value perçue
actuellement observée au niveau du
prix du super et du gasoil, soit rever‐
sée à la Sonara. En vue de lui per‐
mettre de financer le plan d’extension
et de modernisation des actions de la
Sonara qui viendra accroître de ma‐
nière substantielle ses capacités pro‐
ductives et qui diminuerait considé‐
rablement les importations des pro‐
duits raffinés.
COMMUNIQUE
Alain Blaise BATONGUE et NGALIM Eugine Nyuydine
au Conseil économique et social de l’Union Africaine
ans le cadre de la 2ème Assemblée Générale per‐
D
manente du Conseil économique, social et culturel
de lʹUnion africaine (ECOSOCC), qui a eu lieu à Nairobi,
au Kenya, du 18 au 22 décembre 2014, MM. Alain Blaise
BATONGUE, Secrétaire exécutif du GICAM et NGALIM
Eugine Nyuydine, Directeur exécutif de la Cameroon
Youths and Students Forum for Peace (CAMYOSFOP),
ont été élus en tant que représentants du Cameroun.
Les personnalités nouvellement élues de l’ensemble des
pays membres ont prêté serment mardi le 22 décembre,
2014 lors d’une cérémonie présidée par SE Erastus JO
Mwencha, Vice‐président de lʹUA et S.E. Amina Moha‐
med, ministre kenyan des Affaires étrangères et du Com‐
merce international.
Organe au sein de lʹUnion Africaine axé sur lʹêtre humain,
lʹECOSOCC sert de cadre de réflexion permettant à la so‐
ciété civile dʹapporter ses contributions aux politiques de
lʹUA. Chaque Etat membre de lʹUA est représenté par
deux personnes pour un mandat de quatre ans.
La structure de l’ECOSOCC comprend : Une Assemblée
générale ; Un Comité permanent ; Des groupes sectoriels;
et un Comité de vérification des pouvoirs.
Les groupes sectoriels, dix au total, créés en tant que mé‐
canismes opérationnels clés de l’ECOSOCC, visent à four‐
nir des conseils et apporter des contributions aux poli‐
tiques et programmes de l’Union Africaine. Il s’agit de :
Paix et sécurité ; Affaires politiques ; Infrastructure et éner‐
gie ; Affaires sociales et santé ; Ressources humaines,
science et technologie ; Commerce et industrie ; Econo‐
mie rurale et agriculture ; Affaires économiques ; Genre
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
et questions connexes ; Programmes intersectoriels.
Messieurs Alain Blaise BATONGUE et Eugine Nyuydine
NGALIM remplacent, comme représentants du Came‐
roun, Me AKERE MUNA le Président sortant d’ECO‐
SOCC ; Me Charles NGUINI et M. Gabriel ONDOUA
ABAH, membres de l’Assemblée générale d’ECOSOCC.
Pour informations complémentaires, merci de contacter:
‐ NGALIM Eugine Nyuydine, Executive Director
CAMYOSFOP;Tel: 677 32 93 61
Email: [email protected]; [email protected]
‐ Alain Blaise BATONGUE, Secrétaire Exécutif
‐GICAM;Email: [email protected]
Intégration
N°172
PANORAMA/ CONTRE-ENQUÊTE
11
Cameroun : le scandale Huawei
AU SUD SOUDAN
Depuis une dizaine d’années, l’essentiel des marchés publics dans le secteur des télécoms est attribué, sans
appel à concurrence, au constructeur high‐tech chinois en violation de la réglementation sur les marchés
publics. En plus, la qualité des travaux exécutés laisse souvent à désirer.
Huawei pointé
du doigt
a multinationale Huawei
opère en quasi monopole
dans le secteur des télécoms
au Cameroun. Installé dans le
pays depuis pratiquement 10 ans,
l’équipementier télécom se voit at‐
tribuer, sans appel à concurrence,
l’essentiel des marchés publics
dans le secteur pour un montant
cumulé dépassant les 500 mil‐
liards de francs CFA. Parmi les
projets les plus connus du grand
public, il y a la réalisation des ré‐
seaux CT phones et l’implémen‐
tation de la technologie CDMA
utilisée par les CT phones (coût
non révélé); la pose de la fibre op‐
tique (60 milliards de francs CFA);
et plus récemment, l’exécution du
marché de mise en place d’un
système de vidéo surveillance ur‐
baine (coût non dévoilé).
Les montants d’autres marchés
mal connus du public donnent le
tournis. Il s’agit notamment du
projet NBN (National Broadband
Network), dont les phases I et II
auraient coûté aux contribuables
camerounais respectivement 100 et
200 milliards de francs CFA. A l’is‐
sue du conseil de cabinet du mois
de juillet 2014, on a encore appris
que «Camtel a été autorisée à signer
avec son partenaire technique Huawei
Technologies un Memorandum of
Understanding (MoU) pour la pose
d’environ 4000 Km de fibre optique
supplémentaires». Coût du mar‐
ché: 50 milliards de francs CFA;
une fois de plus sans appel à
concurrence! Alors que la régle‐
mentation sur les marchés pu‐
blics oblige l’appel à concurrence
dès que le marché dépasse 50
millions de francs CFA.
Ces projets ont également pour
point commun qu’ils ont pour
maître d’ouvrage Cameroon Te‐
lecommunications (Camtel), la so‐
ciété publique de télécoms. Tous
ces projets sont financés par un en‐
dettement du Cameroun auprès
d’Exim‐Bank Chine et ont une
rentabilité très mitigée. Au minis‐
L
tère des Postes et Télécommuni‐
cations, tutelle de Camtel et pilote
du dossier Huawei, c’est l’omerta.
Un haut responsable proche du
dossier accepte néanmoins de par‐
ler sous le couvert de l’anony‐
mat. Il explique: «Si vous essayiez
de voir, vous allez remarquer que tous
les travaux que Huawei fait au Ca‐
meroun résultent de la signature des
conventions entre le Cameroun et la
Chine. Cʹest ce qui peut expliquer
aussi que tous les marchés opérés par
Huawei se fassent selon la procédure
de gré à gré». Approché, Huawei a
refusé de répondre à notre ques‐
tionnaire. (Voir encadré)
Tonneau de Danaïde
Ainsi consolidée dans son mono‐
pole, l’entreprise chinoise n’a pas
obligation de résultats. Et cela se
ressent dans la qualité des travaux
qu’elle réalise. Des experts poin‐
tent nombre de problèmes tant sur
la construction du réseau porteur
du pays que sur le projet de mise
en place d’un système de vidéo
surveillance urbaine à Yaoundé
(voir article ci‐dessous). A Camtel,
on parle pourtant de Huawei
comme d’un «partenaire straté‐
gique». Ce qui n’empêche pas la
Banque mondiale (BM) d’émettre
des réserves sur la capacité de
l’opérateur historique des télé‐
coms à pouvoir rentabiliser la
technologie 3G qu’elle exploitera
dès 2015, grâce à la licence que lui
a délivrée le gouvernement ca‐
merounais l’année dernière.
Le rapport de la Banque mondiale
daté de novembre 2014, dont des
extraits ont été révélés par l’heb‐
domadaire camerounais «Repères»
édition du 3 décembre 2014, est
davantage plus tranché en ce qui
concerne l’exploitation de la tech‐
nologie CDMA conduite par Hua‐
wei: «Camtel se contente d’offres
minimum et de mauvaise qualité.
L’entreprise n’a pas su exploiter la
technologie CDMA qui est équiva‐
lente à la technologie 3G», dénonce
l’institution de Bretton Woods.
Normal que Camtel, l’opérateur
public des télécoms au Came‐
roun, se comporte comme un ton‐
neau de Danaïde. En effet, malgré
les investissements de l’Etat en fa‐
veur de Camtel, la situation fi‐
nancière de cette entreprise pu‐
blique est caractérisée par «une
structure financière fragile, des cash‐
flows insuffisants» et, surtout, un
«déficit chronique de trésorerie né d’un
besoin en fonds de roulement impor‐
tant, accentuant la flexibilité et la dé‐
pendance financière» de l’entreprise,
constatait en octobre dernier
l’agence de notation financière
panafricaine Bloomfield Invest‐
ment.
Aboudi Ottou
CHEZ HUAWEI CAMEROUN
Interrogatoire et refus de communiquer
uawei n’a pas donné suite à notre demande d’interview.
H
Rendu ce vendredi 23 janvier 2015 au siège de la multinationale
chinoise, sis à la rue 1794 au quartier Bastos à Yaoundé, Selina Wang
Xin, la chargée des relations publiques en poste se montre très mé‐
fiante. «Depuis combien de temps votre journal existe‐t‐il? Travaillez‐vous
souvent avec l’ambassade de Chineau Cameroun? Vous voulez dire des choses
positives ou négatives sur Huawei? Qui avez‐vous d’abord rencontré avant
de venir ici? …» mitraille‐t‐elle, avant de nous exiger un protocole
d’interview. Nous nous exécutons. Nos questions portent en gros
sur la situation de monopole dont jouit Huawei au Cameroun. Nous
souhaitons aussi une réaction de l’entreprise sur les critiques de la
Banque mondiale, notamment concernant la mauvaise exploitation
de la technologie CDMA implémentée par Huawei au Cameroun.
Mais au lieu d’une réponse à nos questions, nous recevrons plus tard
un coup de fil disant que si nous ne dévoilons pas les personnes avec
lesquelles nous avons échangé avant de nous rendre à Huawei, nous
n’aurons pas d’information de l’entreprise chinoise. Il en sera
ainsi.
Les défauts en images
La mise en place d’un système de vidéo surveillance urbaine récemment réalisés par Huawei a été examiné par
des experts à Yaoundé. Voici quelques anomalies décelées.
La Fondation n'a pas prévu des réservations pour le passage des câL’armoire de batterie et d‘accumu- bles. Il devient donc inévitable de
lateur travaille en température détruire ladite fondation ce qui afquasi-ambiante, ce qui est dange- fecte le poteau de sécurité et l’inreux pour leur durée de vie.
tégrité même du système.
Les boulons exposés à l'extérieur,
n’ont aucune protection. Ils peuvent facilement rouiller et se détruire, affectant de facto la
sécurité publique.
L’armoire de batteries solaires
installées dans la rue trop près de
la route. Pourtant si un véhicule
s’y écrase, il y a un risque d’explosion.
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
En octobre 2014, le ministre sou‐
danais de l’Information et de Ra‐
diodiffusion a dénoncé des
pratiques mafieuses de l’entre‐
prise privée chinoise pour retarder
la migration numérique TV dans
son pays.
’est un ministre soudanais de
l’Information et Radiodiffu‐
sion courroucé qui saisit son
collègue des Affaires étrangères
en octobre dernier. Le ton est
grave et les accusations contre
l’entreprise chinoise Huawei sont
gravissimes. Dans une corres‐
pondance datée du 14 octobre
2014 en effet, Michael Makuei
Lueth, membre du gouverne‐
ment en charge de l’Information,
raconte une histoire hallucinante
à Barnaba Martial Benjamin son
collègue des Affaires étrangères.
«Camarade, nous avons récemment
découvert une faute lourde commise par
l’entreprise privée chinoise (Huawei).
Huawei a essayé d’envoyer, en mon nom,
un faux document à l’Honorable Li
Ruogo, président d’Eximbank Import‐
Export de Chine. Le but de cette lettre était
l’ajournement du financement du pro‐
jet de migration numérique TV», écrit
Michael Makuei Lueth.
Le ministre de l’Information
poursuit: «Le 3 octobre 2014 à 10h 48,
nous avons reçu un e‐mail de M. Suli‐
van Chen de l’entreprise Huawei. Cet e‐
mail a été envoyé au directeur général de
l’Information, M. Paul Jacob Kumbo.
Après que M. Paul ait reçu le document,
il m’a fait un rapport. C’est difficile de ti‐
rer des conclusions, mais je suis
convaincu que la raison pour laquelle le
document a été envoyé au ministère était
d’être imprimé avec l’entête du ministère,
y compris la signature et le cachet pour
qu’après, il soit envoyé en Chine.» Pour
Makuei Lueth, il s’agit là, ni plus
ni moins, de faux et usage de
faux de la part de Huawei dans
le but de «créer la confusion» en‐
tre le gouvernement sud‐sou‐
danais et son partenaire financier
chinois. De plus, ce ministre sus‐
pecte Huawei d’être coutumier
du fait. Pour lui, il ne fait aucun
doute que l’entreprise «a coutume
de pirater les e‐mails d’autres membres
de gouvernement et de falsifier des do‐
cuments au nom des membres du gou‐
vernement haut placés».
Makuei Lueth explique à son col‐
lègue qu’à la date du jeudi 9 oc‐
tobre 2014, il a convoqué le di‐
recteur exécutif de l’entreprise
chinoise pour obtenir des expli‐
cations. Mais, sa convocation est
restée lettre morte. Ce jeudi‐là,
c’est le directeur de l’Information
lui‐même qui avait appelé au té‐
léphone «un certain Chen» afin
qu’il se présente au ministère le
lendemain. Sans succès. «Ceci,
conclut le ministre de l’Information, est
révélateur des mauvaises intentions de
cette entreprise vis‐à‐vis de notre gou‐
vernement et des populations du Sud
Soudan». Raison pour laquelle, il
suggère au ministre des affaires
étrangères qu’une «investigation
sérieuse» soit menée contre Hua‐
wei pour établir «ses sales actes
malicieux». Bien plus, «M. Sulliven
Chen doit être exploité et être jugé; dé‐
porté du Sud Soudan en Chine». Enfin,
«l’ambassade de Chine doit être informée
des agissements de Huawei contre le Sud
Soudan et son peuple».
C
Bobo Ousmanou
12
PANORAMA/ LIBRES PROPOS
RDPC: la mafia torpille l’opération «Placement
des cartes de membres»
Bienvenu Bitom Tjomb jette un regard froid sur le processus en cours au sein du parti de Paul
Biya. Le président de la sous‐section RDPC de Yabi I, ancien 1er Adjoint au maire de Messondo,
ancien membre du bureau national OJRDPC et actuellement conseiller municipal à la Commune
de Messondo (région du Centre, Département du Nyong‐et‐Kelle), parle aussi d’autres aspects de
la vie au sein de cette formation politique.
Mon militantisme au sein du RDPC
Nous sommes de la Section du Nyong
et Kellé Ouest qui a éclaté en deux Sec‐
tions (Ouest 1 et Ouest 2); vu les résul‐
tats de la dernière présidentielle de
2011 et du double scrutin de 2013, nous
sommes classés première sous‐section
dans l’arrondissement de Messondo.
Nous sommes toujours la sous‐section
qui donne plus de voix au RDPC que les
autres. Statistiquement, nous avons eu
81,17% à la présidentielle de 2011, 76,26
% double scrutin du 2013 et aucun de
nos bureaux de vote n’a été en‐deçà de
ce score. Donc, la sous‐section se porte
très bien de façon générale. Dans le ca‐
dre de l’opération de placement des
cartes du parti dans notre sous‐section,
nous sommes à la seconde phase qui a
débuté le 18 janvier 2015 par une tour‐
née dans les comités de bases. La pre‐
mière phase ayant eu lieu le 27 décem‐
bre 2014 en présence du président de la
section, premier jour de la réception des
cartes. Il faut mentionner qu’à Yabi I,
nous avons des couches défavorisées qui
militent dans le Parti. La sous‐section re‐
gorge des pygmées qui constituent
pourtant un électorat important. Il y a un
problème au niveau de la normalisation
de leur adhésion puisque ce sont des
gens qui n’ont pas de moyens financiers.
C’est un problème sérieux pour notre
Parti.
sition reconnus de la majorité prési‐
dentielle. En plus, dire que le montant
à débourser est passé de 200 francs Cfa
de cotisation annuellement à 1 000
francs Cfa c’est très exagéré. Je le dis sur
la base de la réalité sur le terrain. Il y a
des gens dont les revenus sont franche‐
ment modestes et cet état de choses sug‐
gère que, forcément, il y aura des mili‐
tants qui ne pourront pas acquérir des
cartes du Parti eu égard à la taille de
L’opération de mise à jour du fichier leurs revenus or ce sont des militants qui
des militants dans votre parti nous votent régulièrement.
lever le doigt et si à la fin c’est ceux‐là qui
constituent la majorité, cette option est
validée même si c’est contre les lois de
la république. Cela amène à penser que
si ceux qui sont pour la mise à mort de
tel ou de tel sont majoritaires, alors on
est exécuté. Mais j’estime que le SG et le
Président National ont pris acte de tout
cela, raison pour laquelle nous conti‐
nuons de travailler pour la vie de notre
Parti et la Paix si chère aux Camerounais.
opération. Seulement, dans la rubrique
de répartition des tâches, la circulaire du
Secrétaire Général du Parti a ignoré les
présidents des sous‐sections, l’élite mi‐
litante et les coordinations départe‐
mentales. Certains présidents de Section
ont pensé que nous sommes à la veille
du renouvellement des organes de base
au point où ils se sont accaparés du pro‐
cessus en mettant en marge même leur
membres de bureau, l’élite militante et
les présidents de sous‐sections, ce n’est
pas normal, on ne doit pas être juge et
partie. Et pourtant, une opération de
cette envergure nécessite un déploiement
total de toutes les intelligences du Parti.
Personnellement, j’ai eu la chance d’être
impliqué par mon président de sec‐
tion, mais qu’en est‐il des autres prési‐
dents de sous‐sections? Autres choses: les
délais impartis pour conduire la mise à
jour du fichier militant. J’estime qu’il est
très court parce que deux mois sont lar‐
gement insuffisants. C’est dans ce cadre
qu’il faut examiner la possibilité de cal‐
quer le modèle des inscriptions sur les
listes électorales pour permettre que
tous les militants puissent s’inscrire.
Parce que si on boucle le processus au 31
janvier 2015, ce serait comme si on
s’employait à exclure plusieurs mili‐
tants qui n’auraient pas eu le temps et les
moyens financiers de normaliser leur
adhésion. Et en cela, d’aucuns pourrait
objecter que le Parti est incapable de re‐
faire un fichier de trois millions d’adhé‐
rents sur les 05 millions qui ont élu le
président national en 2011à la prési‐
dentielle. Or ce dernier a été élu par les
suffrages qui reflètent les chiffres conte‐
nus dans les registres du Parti, malgré
le soutien de certains Partis de l’oppo‐
En tant que camarade du parti RDPC, en
même temps que je n’accuse pas ceux qui
lui ont confié cette charge, je me dois de
lui adresser mes félicitations. Mais si
j’avais été là, je n’aurais pas voté pour lui
pour quatre raisons. La première est que
le camarade a transformé les CVUC en
une association des maires alors que c’est
d’abord une association des communes.
Deuxièmement, pendant ses deux pre‐
miers mandats, il a opté pour le trans‐
fert des marchés aux communes en
mettant en arrière‐plan le transfert des
compétences. Or dans les communes,
c’est d’abord cet aspect qui est important.
Troisième chose, on n’a pas senti ce ca‐
marade bagarrer pour le salaire des
maires. Parce que parmi les élus du peu‐
ple de notre pays, seul le maire n’a pas
de salaire. La réalité montre qu’il n’y a
pas un seul maire au Cameroun qui a
100 000 francs Cfa d’indemnités men‐
suelle. Alors que contrairement aux dé‐
putés et sénateurs, le maire est travail
tous les jours ouvrables et mêmes les
week‐ends, ils sont obligés de créer des
rubriques de dépenses insensées voire
fictives. Et vous entendrez qu’un maire
a 10 millions de carburant pour combler
les trous des nombreuses sollicitations
dont ils sont l’objet. J’avais 26 800 francs
Cfa d’indemnités.
Je ne pourrais finir mon propos sans pré‐
senter mes vœux les meilleurs à Son Ex‐
cellence Paul Biya ainsi à tous ceux qui
lui sont Chers, à tout le canton Yabi qui
attend impatiemment la création de
son Unité Administrative et à ma famille
qui fait des énormes sacrifices par rap‐
port à mon engagement politique dans
le RDPC.
Bienvenu Bitom Tjomb
M. Emile Andzé Andzé, le maire de
la commune de Yaoundé 1er a été
Personnellement, je dois dire que je Nos propositions pour décoincer réélu à la présidence des communes
suis pour une conduite équitable de cette l’opération
et ville unies du Cameroun (CVUC)
politique
Tout en étant d’accord sur le principe de
l’opération actuellement en cours, je
pense que le SG de notre Parti doit prê‐
ter une oreille attentive à la base. Et puis,
pourquoi ne pas consacrer toute l’année
2015 à refaire le fichier des militants et
puis enchaîner l’année suivante avec le
renouvellement des organes de base? De
plus, exclure les élites comme on l’a fait
revient à ignorer la vérité du RDPC qui
est que c’est l’élite qui soutient la base de
notre Parti. Je pense qu’il faut reconsi‐
dérer tout cela.
Vous avez été sanctionné par la
hiérarchie de votre parti tout
récemment. Un mot sur le régime de
sanctions au sein de la formation
politique dans laquelle vous
continuez de militer…
J’ai effectivement été sanctionné par un
blâme et je m’abstiens d’interpréter ce qui
est arrivé à beaucoup d’autres cama‐
rades. Mais, par rapport à ces sanctions,
je dois dire que les délégués du Comité
Central n’ont pas fait leur travail. Car
comment expliquer qu’un délégué
puisse sanctionner un militant parce que
ce dernier n’a pas été en phase avec l’hu‐
meur de l’arbitraire? Figurez‐vous que
pour mon cas, mon délégué du Comité
Central a refusé le respect de la loi. Moi,
j’ai dit tout haut que le maire doit être élu
au scrutin majoritaire à deux tours. Et
c’est juste cela qui m’a valu une sanction.
Par ailleurs, je pense que lorsque ces dé‐
légués du arrivent à la base, ils roulent
selon leurs humeurs et non selon les
textes et les instructions du président Na‐
tional, en demandant par exemple à ceux
qui sont d’accord sur tel ou tel point de
Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net
Intégration
N°172
Aux artistes camerounais
Malheur à celui qui prend ses sandales lorsque la
belligérance et le scandale tourmentent le grand
Nord agité.
2015» frappe à la porte du grand Nord habillé
«
en couleur rouge vif du sang de pauvres in‐
nocents qui n’ont jamais demandé à naître mais
qui soudain, deviennent la cible de la maladresse
de quelques meurtriers. Le sang coule et Satan, le
malin, sourit. Les munitions noir‐sombre trans‐
percent les chairs, la mélancolie colonise les
cœurs, les enfants regardent papa, chevalier du Ba‐
taillon d’intervention rapide (Bir), soldat marty‐
risé en guerre, qui ne reviendra plus, sinon dans
un linceul estampillé vert‐rouge‐jaune pour re‐
tourner poussière…
Et lorsque les bruits sinistres des kalachnikovs ru‐
gissent dans le grand Nord, les compatriotes du
grand Sud jouent parfois au sourd‐muet. Qui sont
ces concitoyens insensibles et glaciaux aux cris de
larme de leurs compatriotes qui gémissent le châ‐
timent satanique? Qui sont ces Africains qui sou‐
dain, deviennent «Charly» pour une douzaine de
morts de l’outre‐mer mais qui sont non‐voyants
aux milliers de têtes rendues poussière dans les ré‐
publiques bananières? Peut‐être faudrait‐il com‐
patir du fait de l’humanité et de l’humanisme, mais
il ne faudrait tout de même pas oublier que la ca‐
lamité guette les voyageurs qui font tellement le
tour du monde au point d’oublier de faire le tour
d’eux‐mêmes. Qui sont ces esclaves qui n’ont plus
rien, qui ont perdu leurs libertés et même leur pro‐
pre servitude? Qui sont ces captifs qui s’adonnent
incessamment à leur maîtresse, madame igno‐
rance, qui ne deviendra jamais bonne?
Où sont nos artistes musiciens?
La course affolée vers les canaux d’or et le canal
d’or les a‐t‐il rendus insensibles aux complications
et aux tourments du maintenant et de la circons‐
tance? Charles Maurras ne disait‐il pas que les ar‐
tistes apportent au monde une liste de doléances
et un plan de reconstruction? En ces moments mo‐
roses et d’agonie, la musique camerounaise ne
pourrait‐elle pas se passer du vide pour crier ne
serait ce qu’une seule fois l’angoisse, pour entonner
le chant de l’espoir et pour aspirer à la liberté
comme ce fut le cas dans les Antilles ou encore
dans Harlem ségrégationniste et conflictuelle? Le
livre saint n’est‐il pas assez lucide pour expliciter
la parabole des talents?
Qui sont ces compositeurs et ces arrangeurs ma‐
nifestes qui soudain, deviennent inféconds et
stériles lorsqu’il est question de penser une seule
seconde à des chants de ralliement, des cris
d’union et des appels de compassion pour ceux
qui ressentent la douleur de la colombe blessée?
Malheur à qui prend ses sandales, lorsque la bel‐
ligérance et le scandale tourmentent le grand Nord
agité, honte au chanteur qui se mutile et s’en va,
chanteur inutile par la porte de la cité…
Où sont les artistes acteurs de cinéma
et de théâtre?
Les voilà qui s’en vont, acteurs déboussolés, en
quête de scènes horribles de fornications abon‐
dantes. Les voilà isolés, humoristes individualistes
qui s’accaparent maladroitement des scènes de cha‐
grin pour se faire propriétaire de fric. Ne sont‐ils
pas embarqués dans la même douleur que ceux
du septentrion qui dorment un œil ouvert par
crainte de l’ennemi qui surgit? Le film sacrificateur
et attristant qui prend les peuples du grand
Nord comme des figurants sacrifiés, n’est‐il pas une
source d’inspiration pour produire? Ne sont‐ils pas
comme Paul Dakeyo, les inlassables rebelles, les
amis, les frères et les amants des hommes qui meu‐
rent dans les brousses (septentrionales)? Où sont
nos artistes de cinéma et de théâtre? Ne savent‐ils
pas qu’ils sont des artistes et que l’art (comme chez
André Gide) n’aspire qu’à la liberté que dans des
périodes malades?
Où sont‐ils? Seraient‐ils dans l’aisance et dans la
suffisance, sceptiques face à la masse endolorie qui
ne demande plus qu’à écouter la chanson à
l’unisson des voix de la commisération? Ne savent‐
ils pas que la colombe, symbole de la paix, est ago‐
nisante et n’attend plus qu’à être ravivée par les
chants en cœur des compatriotes qui compatissent?
L’art permet le désarmement, parce qu’avant de
porter une arme, les hommes sont des hommes,
dans la condition humaine.
Hector Flandrin Nombo

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