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Page 8 Nécrologie Françoise Foning et Mambou Deffo quittent la scène Yaoundé Pages 4 & 9 Faste et solennité pour les noces d’or de la paroisse de Ndzong Melen 400 F CFA www.journalintegration.net LA TRIBUNE DES COMMUNAUTÉS Cameroun - Chine Hebdo N° 172 DU LUNDI 26 JANVIER 2015 - DIRECTEUR DE PUBLICATION : THIERRY NDONG Page 11 Le scandale Huawei Depuis une dizaine d’années, l’essentiel des marchés publics dans le secteur des télécoms est attribué, sans appel à concurrence, au constructeur high‐tech chinois pour un montant cumulé de plus de 500 milliards de francs CFA. En violation flagrante de la réglementation sur les marchés publics. En plus, la qualité des travaux exécutés laisse à désirer. Révélations inédites dans notre enquête. CAN 2015 Pages 5 - 7 De faux billets de stade en circulation Dans le supplément «La Can de l’intégration», lire aussi nos reportages à Kye Ossi, la zone des trois frontières RÉCEPISSÉ DE DÉCLARATION N°010 / RDDP/ J12 /SAAJP *** TÉL : +237 676 20 37 09 / 699 93 10 42 / +241 03 10 97 41 ANNONCE 2 Intégration N°172 Souscription d’un abonnement annuel à l’hebdomadaire Intégration Abonnement Bronze Abonnement Argent Abonnement Or Personne physique Personne physique n 500 000 F CFA n 65 000 FCFA / 12mois Newsletter hebdomadaire Newsletter hebdomadaire Cinq (5) exemplaires Trois (3) exemplaires chaque semaine Version électronique chaque semaine. (PDF) du journal ---------------------------Trois (3) exemplaires hors Personne morale séries chaque trimestre. n 150 000 FCFA / 12mois --------------------------- Newsletter hebdomadaire Personne morale Sept (7) exemplaires n 500 000 FCFA / 12mois et chaque semaine 1 000 000 FCFA / 12mois Journal INTEGRATION, Cinq (5) exemplaires hors- Dix (10) ou quinze (15) séries chaque trimestre. Immeuble Diane, exemplaires chaque semaine ---------------------------face Total Nkomkana, Newsletter hebdomadaire Version électronique (PDF) BP : 33266 Yaoundé - Centre administratif. du journal Intégration Tél. : (+237) 222 73 03 10 / 699 93 10 42 Dix (10) exemplaires hors/ 676 20 37 09 E-mail: [email protected], séries chaque trimestre. [email protected] ---------------------------- Personne physique n 35 000 FCFA / 12mois Deux (2) exemplaires chaque semaine. ---------------------------Personne morale n 100 000 FCFA / 12mois Cinq (5) exemplaires chaque semaine. ---------------------------- Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net Intégration N°172 LES SEPT JOURS D’INTÉGRATION/ AMBASSADES EN Déviance. CHRONIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES (CRI) Lutte contre le terrorisme: le travail de Sisyphe es analystes ne croyaient pas si bien dire en affir‐ mant que l’année 2015 risque fort de constituer un tournant dans les activités mon‐ diales du terrorisme. L’année a démarré en trombe avec les at‐ tentats de Paris qui ont coûté la vie à 17 personnes dont des journalistes. La riposte a été à la mesure de l’attaque et avec des mots et des actes. La France a réagi. Durcissant les textes pour contrer les terroristes, traînant en justice ceux qui ne maîtrisent pas leurs propos. Mais manifeste‐ ment, cet arsenal n’a pas suffi. Même dans des écoles, des bam‐ bins ont refusé de respecter la minute de silence décrétée à la suite des attentats de Paris. Preuve que la belle unanimité a commencé à se fissurer. Et les enquêtes, toujours en cours, montrent que les terroristes ont plus de complices qu’il n’y pa‐ raît. Les complices les plus dan‐ gereux étant ceux qui ne disent rien et qu’on ne peut soupçon‐ ner de quoi que ce soit. On leur D COMPÉTITIVITÉ donnerait même le bon Dieu sans confession. A vrai dire, il faut craindre une recrudescence des actes terro‐ ristes. En Belgique, des djiha‐ distes ont même échangé des coups de feu avec les forces de l’ordre près d’Anvers et la pré‐ sence d’individus troubles était soupçonnée dans plusieurs villes. Même chose en Alle‐ magne où on risque le clash. Une organisation «Pegida» com‐ bat ouvertement les musulmans accusés d’être de mèche avec les terroristes. Le mimétisme ai‐ dant, il faut craindre que ce soit le début d’une vaste campagne de terreur. «La peur doit changer de camp», affirme le Premier mi‐ nistre belge M. Michel. Mais pour l’instant, l’éventualité d’actes terroristes aveugles fait froid au dos. Les terroristes, eux, n’ont peur de rien et ne res‐ pectent aucune vie à commencer par la leur. La perspective d’al‐ ler au paradis et d’y retrouver plusieurs vierges est sans doute plus attrayante que la soif de vi‐ vre. On remarquera d’ailleurs cette curieuse manie d’aller cher‐ cher des vierges au ciel. N’est‐ce pas plus simple de les chercher ici sur terre au besoin, dès la ma‐ ternelle même si le crime de pé‐ dophile est aussi odieux. Tel que c’est parti, la mobilisa‐ tion doit être générale contre le terrorisme parce qu’un seul in‐ dividu peut semer la panique dans toute une ville. Les terro‐ ristes le savent, en jouent même. Y compris en Israël où on a un savoir‐faire certain pour lutter contre les gens‐là. On a entendu des responsables occidentaux se vanter de pou‐ voir terroriser les terroristes. Plus facile à dire qu’à faire en réalité. On a calculé que pour te‐ nir à l’œil tout le temps un seul terroriste, il faut mobiliser une bonne vingtaine de policiers. En plus, il faut surveiller ses contacts et cela relève de la mis‐ sion impossible. Il faut toujours plus de policiers, toujours plus d’argent pour un résultat pas ga‐ ranti du tout. Les terroristes ont depuis longtemps appris à jouer avec les frontières, les réseaux sociaux comme on s’en rend compte avec les campagnes de recrutement des djihadistes. En ce moment, l’Europe est en alerte générale contre le terro‐ risme. Les complices supposés ou réels des terroristes tombent comme des mouches alors que d’autres restent encore bien au chaud. Mais il faudra être plus vigilant que jamais. Les terroristes utilisent toutes sortes de moyens. Les avions ci‐ vils comme pour les tours du World Trade Center, des fusils d’assaut, des voitures piégées, des bombes humaines y compris des enfants, des prises d’otages. Et ils ont aujourd’hui un endroit idéal où se cacher en Syrie ou en Irak, dans les zones contrôlées par l’Etat islamique. Qui plus est un terroriste passe totalement inaperçu jusqu’à ce qu’il révèle son vrai visage. La lutte contre le terrorisme risque donc d’être un éternel recommencement. Gilbert Tsala Ekani DE L’ÉCONOMIE CAMEROUNAISE GOUVERNANCE AU CAMEROUN L’Union européenne cible les exportations Le oui… Mais… de l’UE S.E. Françoise Collet ambassadeur et chef de délégation de lʹUnion européenne (UE) au Cameroun a lancé l’Atelier national sur lʹélaboration de la Stratégie nationale des exportations du Cameroun. C’était à Yaoundé, le 22 janvier 2015. D’une manière globale, «tisfaite l’Union européenne est sa‐ des avancées du Ca‐ ls étaient une bonne bro‐ chette de membres du gou‐ vernement ou leurs repré‐ sentants. Pour la plupart, c’était des officiels camerou‐ nais en charge des questions liées aux flux des exportations (ministère de l’Economie, de la Planification, et de l’Aména‐ gement du Territoire, ministère du Commerce, mi‐ nistre des Petites et moyennes enterprises, de lʹEconomie so‐ ciale et de lʹArtisanat, minis‐ tère de l’Industrie, des Mines et du Développement techno‐ logique, ministère des Fi‐ nances. A la cérémonie de lan‐ cement de l’étude sur lʹélabo‐ ration de la Stratégie natio‐ nale des exportations du Ca‐ meroun, il y avait aussi des re‐ présentants des organisations professionnelles et du secteur privé. I Soutien Prenant la parole, Françoise Collet a indiqué que c’est à travers cette initiative financée par le Fonds européen de dé‐ veloppement (FED) dans le ca‐ dre des activités du Pro‐ gramme dʹappui à la compéti‐ tivité de lʹéconomie camerou‐ naise (Pacom) en cours, que lʹUE manifeste encore une fois son soutien au Gouvernement du Cameroun. Ceci pour en‐ gager et accompagner un pro‐ cessus qui nʹa pas pour seul objectif la conquête des mar‐ chés internationaux. Une stra‐ tégie dʹexportation étant, es‐ time Françoise Collet, lʹune des clés de voûte du dévelop‐ pement du pays et donc de ses citoyens. Selon l’ambassadeur et chef de délégation de lʹUE, l’étude vient combler un vide. Car malgré le volume significatif dʹétudes et rapports sur les fi‐ lières porteuses et les "clusters" préparés au cours de dernières années, le Cameroun ne dis‐ pose pas encore dʹune stratégie nationale des exportations. Du moins celle qui reflète la vision et les choix stratégiques du pays afin de relancer le com‐ merce dans la perspective de lʹaccord de partenariat écono‐ mique qu’il a récemment rati‐ fié. Le développement dʹun sec‐ teur privé dynamique dans un tel contexte de diversification relève dʹune importance cru‐ ciale pour le développement économique du pays. D’où l’urgence d’une diversification des produits et des partenaires, ainsi que leur positionnement dans les marchés nationaux, régionaux et internationaux. A en croire l’UE, le contexte ac‐ tuel caractérisé par des chaines mondiales dʹapprovisionne‐ ment de produits manufactu‐ rés et des services associés rend indispensable lʹadoption dʹune stratégie des exporta‐ tions adaptées et de qualité. «Le Cameroun dispose du poten‐ tiel pour saisir les opportunités offertes par le commerce interna‐ tional», s’est félicitée Françoise Collet. Dans ce sens, il existe une co‐ hérence et un lien direct entre la stratégie dʹexportations du Cameroun, ses choix écono‐ miques et les politiques et pro‐ grammes financés par lʹUE en faveur de lʹamélioration de la compétitivité, du développe‐ ment du secteur privé et du renforcement des capacités productives et dʹexportation des entreprises. Il est à rappeler qu’au travers de lʹAccord de partenariat éco‐ nomique (APE) ratifié par le Cameroun en juillet dernier, lʹUe sʹest engagée à garantir le libre accès de son marché pour tous les produits dʹexporta‐ tion camerounais sans aucune restriction quantitative ou ta‐ rifaire. Le Cameroun sʹétant engagé à libéraliser progressi‐ vement 80% de ses importa‐ tions en provenance de l’Ue. Celles‐ci concernent principa‐ lement des biens qui ne sont pas produits localement et no‐ tamment des intrants utilisés par les industries locales. L’éli‐ mination progressive des droits d’importation réduira ainsi les coûts de production des entreprises locales, en amé‐ liorant leur compétitivité. Jean‐René Meva’a Amougou meroun ; mais nous conti‐ nuerons d’être vigilants sur quelques aspects concernant les droits de l’Homme, la lutte contre la corruption, l’exploi‐ tation forestière…». Face à la presse camerounaise, S.E. Françoise Collet donnait ainsi le point de vue de la mission diplomatique qu’elle dirige. C’était le 16 janvier 2015, lors de la 2e session du dialogue poli‐ tique structuré entre les ambassadeurs des pays membres de l’UE et une partie du gouvernement camerounais placée sous la conduite de Pierre Mou‐ koko Mbonjo, le ministre des Relations extérieures. Pour l’ambassadeur et chef de délégation de lʹUE , en dépit des progrès constatés à divers niveaux, les chan‐ tiers de la bonne gouver‐ nance demeurent non seu‐ lement nombreux mais aussi urgents. Sur les plan politique et économique, Françoise Collet a révélé que pour émettre un quel‐ conque avis, l’UE s’est ins‐ pirée d’un document confectionné avec les auto‐ rités camerounaises. Sur cette base, des poches de ré‐ sistances à la bonne gou‐ vernance continuent d’exis‐ ter au Cameroun. Françoise Collet a constaté pour s’en féliciter que chaque année, le pays déploie de grands efforts pour en sortir. Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net 3 BREF ne partie importante de l’aide hu‐ U manitaire accordée par l’Union européenne (UE) aux réfugiés sah‐ raouis des camps de Tindouf est dé‐ tournée de façon organisée depuis des années, selon un rapport de l’Of‐ fice anti‐fraude (Olaf) révélé, ce jeudi 22 janvier, par l’agence l’AFP. Le rap‐ port porte de lourdes accusations et cite les noms des personnes soup‐ çonnées d’être les organisateurs de ces détournements, qui commen‐ cent dans le port d’Oran où est opéré le tri entre «ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné», selon l’AFP. En dépit de ce dossier noir, l’Union européenne, principal bailleur de fonds, n’a pas suspendu son aide es‐ timée à 10 millions d’euros par an. Alliance ne mission de l’Union africaine U (UA) a été reçue du 13 au 15 jan‐ vier 2015 au secrétariat général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). L’ob‐ jet de la mission était d’évaluer l’opé‐ rationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) au sein de la CEEAC. Il était donc question pour la délégation de l’Ua de «s’enquérir auprès de la CEEAC de ce qui a marché et de ce qui n’a pas mar‐ ché dans l’opérationnalisation de l’APSA de‐ puis la dernière évaluation en 2010 ainsi que les contraintes rencontrées», d’une part, et recueillir les recommandations sus‐ ceptibles d’améliorer la situation pour le prochain programme d’appui à l’APSA. Alliance 2 ierre Reteno N’diaye, le prési‐ P dent de l’Association des raffi‐ neurs africains (Ara) a été reçu le 22 janvier 2015 par S.E.Ahmad Allam‐ Mi, le secrétaire général de la Com‐ munauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Pierre Reteno N’diaye est venu présenter son association à son illustre inter‐ locuteur. L’Ara, a‐t‐il déclaré, a été créée en 2006 et est rapidement de‐ venue la voix du raffinage et de l’aval pétrolier en Afrique. Regrou‐ pant 37 raffineries africaines sur une quarantaine que compte le conti‐ nent, son objectif est de constituer un creuset de synergie et de solidarité du secteur aval pétrolier africain en fa‐ vorisant, entre ses membres, des dé‐ bats et des échanges d’idées et d’ex‐ périences dans tous les domaines du raffinage, de l’approvisionnement et de la distribution du pétrole. Alliance 3 e secrétaire général de la Com‐ L munauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), l’am‐ bassadeur Allam‐Mi Ahmad a reçu en audience le 20 janvier dernier une délégation de la Banque africaine de développement (Bad) conduite par Mouldi Ayachi, le chargé de programmes La délégation de la Bad est venue s’imprégner du fonc‐ tionnement de leur dispositif insti‐ tutionnel au sein de la CEEAC, no‐ tamment du Projet d’appui au ren‐ forcement des capacités institution‐ nelles (Parci). Il s’agissait pour les dé‐ légués de la Bad de voir avec la CEEAC les mécanismes institution‐ nels de décaissement et des contre‐ parties jusque là utilisés pour la mise en œuvre des projets financés par la Bad, ainsi que les dispositions prises en interne pour la durabilité des investissements de la Bad à la CEEAC. 4 Melen fait un triomphe à Mgr Mbarga L’archevêque métropolitain de Yaoundé s’y est rendu dans le cadre des cérémonies de clôture du cinquantenaire de la paroisse. ombien étaient‐ils, les fidèles qui, ce 25 janvier 2015, se bousculaient dans l’enceinte de la paroisse Saint Paul de Ndzong Melen? Peut‐être 2.000 ou 3.000, en tout cas, très nombreux pour saluer Mgr Jean Mbarga. L’ar‐ chevêque de Yaoundé venait clô‐ turer la célébration du cinquan‐ tenaire de la paroisse. Pour l’une de ses premières sorties offi‐ cielles depuis son installation, Mgr Mbarga a reçu un accueil triomphal. Le président du Conseil paroissial et un pa‐ triarche Mvog‐Atemengue (les autochtones) ont relayé la joie des fidèles d’accueillir l’homme de Dieu. Plus que les présents of‐ ferts à Mgr l’archevêque, ce qui a dû lui faire le plus plaisir, c’est l’engagement des fidèles à construire très vite un presbytère moderne. Pour accélérer les choses, les Mvog‐Atemengue, qui ont donné déjà le terrain, ont en plus offert du gravier, du ci‐ ment en numéraire «afin d’inciter les autres à faire de même.» Dans son homélie, Mgr Mbarga a magnifié l’histoire de la pa‐ roisse de Ndzong‐Melen, pré‐ curseur de l’inculturation et «fait l’expérience du rassemblement des communautés linguistiques». Il s’est félicité de la publication d’un livre du Cinquantenaire. «Ce qui restera quand tout sera passé». L’archevêque a raconté l’histoire de Saint Paul, qui au dé‐ part a persécuté les chrétiens «mais de bonne foi», avant de se convertir lui‐même à la religion du Christ. Sa vie basculera sur le «chemin de Damas» où il fera le «saut qualificatif de la foi». Il met‐ tra le même zèle à défendre et propager la foi. Mgr Mbarga a alors invité les fidèles à se ras‐ sembler autour des nouvelles missions de Melen: une parois‐ siale intense, un laboratoire pour l’emploi des jeunes, un endroit pour aider ceux qui souffrent dans leur chair et diminuent leur dignité. L’archevêque a as‐ suré les fidèles que l’archidiocèse de Yaoundé se joint à eux pour rêver d’un Melen meilleur, ayant un visage rayonnant, tournant le dos au provisoire. D’où la né‐ cessité de construire un presby‐ tère digne de ce nom. Remerciant les autochtones qui ont offert l’espace, Mgr Mbarga a invité les fidèles à se redécou‐ vrir comme un lieu multipo‐ laire ouvert au «monde». Conclu‐ sion du prélat: Que Melen soit l’image du Cameroun de de‐ main, où il n’y aura pas de dis‐ tinctions axées sur les tribus. Pendant la messe, 161 chrétiens ont reçu le sacrement de confir‐ mation, «alliance forte qui renou‐ velle l’engagement derrière le Christ». Les cérémonies du Cin‐ quantenaire de Melen se sont achevées en beauté, au son d’une chorale aux rythmes diversifiés, en présence de nombreuses per‐ sonnalités dont le ministre Helé Pierre, un fidèle, Dama Mvondo, le sous‐préfet de Yaoundé VI et le maire Dr Lolo. Gilbert Tsala Ekani C LES SEPT JOURS D’INTÉGRATION/ CAMEROUN Intégration N°172 Mgr Joseph Djida, post-scriptum d’un prélat atypique L’évêque de Ngaoundéré repose désormais auprès de Mgr Yves Plumey, son père spirituel. écédé le 06 janvier 2015, l’évêque du diocèse de Ngaoundéré a été conduit à sa dernière demeure mercredi 21 janvier 2015 en la cathédrale No‐ tre Dame des Apôtres de la ville. Des milliers de fidèles catholiques et autres, venus des quatre coins du Cameroun, lui ont rendu un dernier hommage. Les obsèques avaient débuté la veille mardi par la mise en bière à la morgue de l’hôpital régional. La messe de re‐ quiem d’inhumation fut dite en présence des membres de la Conférence épiscopale et du re‐ présentant personnel du prési‐ dent de la République, Paul Biya. D Un ministère pastoral plein Mgr Joseph Djida est né le 8 avril 1945 à Mayo‐Darlé dans la ré‐ gion de l’Adamaoua. Premier gar‐ çon d’une famille musulmane, il choisit la religion catholique comme confession. Troisième prê‐ tre originaire du Grand Nord après les pères Mfouakouet Victor et Claude Marie Dawai, Mgr Jo‐ seph Djida est ordonné prêtre le 5 décembre 1976 par Mgr Yves Plu‐ Modèle de vie pastorale Imminent membre de la Congré‐ gation des Oblats de Marie‐Im‐ maculée, Mgr Joseph Djida était considéré comme le gardien du temple de l’Eglise catholique à Ngaoundéré, voire dans le Grand Nord. L’Evêque incarnait le sym‐ bole du syncrétisme religieux et du dialogue des religions. Ce pré‐ lat tire sa révérence à l’âge de 70 ans, laissant des fidèles éplorés, une famille inconsolable et une œuvre inachevée. Avec sa dispa‐ rition, c’est une génération de missionnaires nés et établis dans le Grand Nord qui disparaît. La messe de requiem d’inhuma‐ tion de Mgr Joseph Djida a été of‐ ficiée par Mgr André Ntalou, l’ar‐ chevêque de Garoua. L’officiant a demandé aux fidèles d’accompa‐ gner le défunt dans la prière pour que son âme repose en paix. Le parterre de personnes venu d’ici et Polycarpe Abah Abah: la fin du calvaire n’est pas pour demain mey, son «père spirituel». Il ac‐ nent membre de la Congrégation d’ailleurs ayant pris part à ces cède à la charge épiscopale le 25 fé‐ des Oblats de Marie‐Immaculée obsèques témoigne la grandeur de vrier 2001. L’ancien recteur du fut le deuxième évêque de l’homme d’Eglise disparu. Grand séminaire Saint Augustin Ngaoundéré après Mgr Jean‐Ma‐ de Maroua succédait ainsi à Mgr rie Pasquier, qui avait renoncé à Rodrigue Tapeo Jean Pasquier qui avait renoncé à ses charges pour limite d’âge. sa charge en octobre 2000. Cet émi‐ CHRONIQUE DE SOCIÉTÉ LES POINTS SUR LES I AFFAIRE MBALLA MBALLA Noir désir n reconnaît les outrances verbales de Mballa Mballa, l’humoriste franco‐came‐ rounais plus connu sous le pré‐ nom de Dieudonné. Ce gars‐là ne résiste devant aucun trait d’hu‐ mour, tournant souvent en déri‐ sion des peuples comme les Juifs. Mballa Mballa n’a pas d’autre emploi que faire rire les gens. Par‐ fois au détriment de sa propre personne ou de la race ‐noire‐ d’un de ses parents. Dieudonné ne recule devant aucun coup d’éclat verbal, c’est une espèce de Charlie Hebdo version un peu ba‐ sanée. Et malgré cela, il a trouvé le moyen un jour de s’afficher aux côtés du Front national qui n’est pas le parti politique où on aime le plus les étrangers, surtout noirs ou demi‐noirs. Souvenez‐vous de Jean Marie Le Pen qui trouvait qu’il y avait trop de Noirs dans l’équipe de France de football. Le pauvre, il ne sait sans doute pas que si on enlevait les Thuram, Henry et tous les «Négros», la France n’aurait peut‐être pas ga‐ gné la coupe du monde 1998. Mballa Mballa sait que ses amis du Front national aiment modé‐ rément, très modérément les Juifs, les Nègres et les Arabes. Ce qui ne l’empêche pas de fricoter quand même avec eux. L’homme n’est pas à une contradiction près. Il ne pouvait pas ne pas s’inviter dans le dossier Charlie Hebdo. Et il s’y est invité à sa façon. Se bombar‐ dant Charlie… Coulibaly. Oui, Coulibaly, le gars qui a tué une policière et quatre juifs à Paris. O Des gens qui ont eu simplement le malheur de croiser sa route. Dieudonné a donc fait de l’hu‐ mour avec un tel sujet. Un hu‐ mour noir peu apprécié par les autorités françaises. On a arrêté vite fait Dieudonné pour apolo‐ gie du terrorisme. On espère seu‐ lement qu’il n’y aura pas un com‐ mando un de ces jours, genre fous de la liberté ou de la laïcité, pour aller envoyer Dieudonné très vite en enfer. Là où doivent aller des gens comme lui qui osent plai‐ santer avec des sujets graves. L’ennui, c’est que le même jour où on arrêtait Dieudonné, Charlie Hebdo récidivait en publiant à nouveau la caricature de Maho‐ met. Cela a décuplé la colère des musulmans, même ceux modérés qui avaient condamné le massa‐ cre à Charlie Hebdo. L’arrestation de Dieudonné, la re‐ publication de la caricature du prophète, voilà deux actions qui vont fissurer la presque unani‐ mité de ces derniers jours. Pour Dieudonné, c’est du pain béni. Une belle occasion de se faire de la publicité. De passer pour une victime, ce qui est un peu vrai. Parce que même si on ne peut pas ne pas soutenir la liberté de presse, elle ne peut excuser toutes les dérives, tous les excès. Même un Pape modéré comme François n’a pu s’empêcher de le recon‐ naître. Dans une situation où il y a mort d’homme, est‐ce sérieux de ver‐ ser de l’huile sur le feu? Le com‐ ble c’est que le numéro de Char‐ lie Hebdo tiré à 7 millions d’exem‐ plaires s’affiche comme un «jour‐ nal irresponsable». Dieudonné, lui au moins, n’a pas l’outrecuidance de se qualifier ainsi. Mais soyez certains d’une chose, personne ne marchera pour Dieudonné quoiqu’il lui arrive, c’est pourtant un écrivain français qui affir‐ mait: «je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire». Dieudonné a eu tort d’y croire. Et il doit se demander s’il doit tou‐ jours croire à la devise de la France «liberté, égalité, fraternité». La liberté sans doute, l’égalité et encore moins la fraternité, hum… Il aurait dû ne jamais oublier ces fortes paroles de l’écrivain fran‐ çais Jean de La Fontaine, «selon que vous serez puissant ou miséra‐ ble, les jugements de la cour vous ren‐ dront blanc ou noir». Dieudonné, lui, est déjà un peu noir. Et un Noir un peu agité, pas le genre à se cacher. Il est habitué à faire par‐ ler de lui. Pas toujours en bien. On nous dit qu’il risque d’être frappé fort par la justice. 7 ans de prison. Peut‐être un peu moins ou un peu plus. Peu importe. Sûr, s’il y avait encore la peine de mort en France, des gens la réclameraient contre Dieudonné. Pour être sûr qu’on ne l’entendra plus clamer des «inepties». Personne ne se réunira sous la bannière portant ces inscriptions «je suis Dieu‐ donné». La tolérance a des limites, n’est‐ ce pas? Et c’est bien cela qui est dommage. Même les Américains Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net qui, en matière de lutte contre le terrorisme en connaissent un rayon (Guantanamo et Patriot Act), se sont étonnés qu’on veuille empêcher Dieudonné de faire ce que fait impunément ‐en France au moins‐ Charlie Hebdo: rire de quelque chose. Des organisations de droits de l’homme ont même épinglé la France. Un vrai sacri‐ lège au pays des… droits de l’homme. Un responsable français explique sans rire: Dieudonné rit avec les terroristes, Charlie rit des terroristes. Mais tous rient quand même, n’est‐ce pas? Dieudonné Mballa a eu le tort de croire que le fameux slogan de mai 1968 «il est interdit d’interdire» était à nouveau de sortie. Peut‐ être, l’est‐il en effet mais pas pour tout le monde. Il faudra bien qu’un jour, on nous explique si on peut rire de la religion d’autrui sans pouvoir moquer un gars ou une garce qui fait des choses différemment et sans qu’on soit taxé d’homophobe. Après tout, chacun a des choses qui l’amusent dans la vie. Si on en arrive à rire de Dieu, il n’y a plus de limites. Nietzsche disait par la bouche d’un de ses personnages «Dieu est mort». Mais les humains eux, res‐ tent bien vivants avec leurs lois qui ne vont pas louper Dieu‐ donné. Ce dernier a eu tort de penser sans doute à Dostoïevski: «Si Dieu n’existe pas, tout est per‐ mis». Dommage, mille fois dom‐ mage. GTE Intégration N°172 LA CAN DE L’INTÉGRATION/ SUR LE TERRAIN IMAGES DE LA CAN À lʼitalienne La 30ème Coupe d’Afrique des nations qui se joue actuellement en Guinée Équatoriale Par J.J. Ewong est une compétition très serrée. Les scores les plus fréquents ici sont 0-0 ou 1-1, ou encore 1-0 comme au bon vieux temps du catenacio italien. Une phase du match Gabon ‑ Burkina part l’Algérie, aucune équipe n’a jusqu’ici réussi à marquer trois Faillite des vedettes buts au cours d’un match. La plu- Cette Coupe d’Afrique manquait déjà de part des rencontres sont d’un niveau super stars avec le retrait international moyen à l’instar de la Guinée Équato- des monstres sacrés comme Eto’o et riale-Burkina Faso (0-0) qui a laissé de Drogba. On attendait beaucoup d’un nombreux spectateurs et téléspecta- Yaya Touré qui, depuis quatre ans, a teurs sur leur faim. On relève des pres- confisqué le titre de footballeur africain tations moyennes voire carrément mé- de l’année. Mais l’Ivoirien de Mandiocres de certains pays comme le Cap chester City traverse la compétition vert, sélection fort limitée, malgré une comme un fantôme. Exactement comme combativité de tous les instants. Aucune Bonaventure Kalou ou Wilfried Bonny équipe ne se détache vraiment du lot apparemment pas encore remis de son avant la dernière journée des matchs de contrat en or avec Chelsea. Parmi les poule. Même le Sénégal, avec ses qua- stars ivoiriennes, seul Kouassi Gervais dit tre points en deux matchs, n’est encore Gervinho semblait justifier son statut. sûr de rien et les deux dernières ren- Mais il a gâché sa prestation en se transcontres de ce groupe (Sénégal-Algérie et formant un instant en boxeur, se faisant Ghana-Afrique du Sud) vaudront le dé- expulser logiquement. L’Algérien Yacine placement. L’Afrique du Sud au football Brahimi du FC Porto a dû bien décevoir pétillant mais naïf, peut encore se qua- ses fans qui attendaient monts et merlifier. Tous les Bafana Bafana doivent bien veilles de lui. Deux sorties en deux presregretter aujourd’hui d’avoir «offert» à tations plutôt moyennes, tellement l’Algérie une victoire dans un match qui moyennes que son entraîneur l’a fait semblait à leur portée. Les Sud Africains remplacer lors du match contre le se sont même offert le luxe de manquer Ghana. Le Gabonais Aubameyang a un pénalty qui aurait pu leur permettre fait illusion lors du match contre le Burde mener 2 à 0. Pas sûr que l’Algérie se- kina Faso. Après, plus rien. À sa dérait alors revenue dans la partie. Le gar- charge, il évolue dans une équipe assez dien de buts des Bafana Bafana a dû mal limitée et en dépit des déclarations fradormir ce soir-là. Il a fait cadeau de 2 cassantes, on la voit difficilement rembuts au camp adverse et son entraîneur porter cette Coupe d’Afrique. Le Sénél’a fort justement écarté du match gal compte une foule d’attaquants mais d’après. il faut craindre que ce beau monde se À marche finalement sur les pieds. On ne peut pas aligner trois avants centres (Mame, Mane, Sow) sans compromettre l’équilibre global de l’équipe. Le Congolais de la RDC, Dieu Merci Mvokani avant-centre dont on attendait beaucoup, a du mal à se montrer à la hauteur. Même s’il est combatif, cela masque mal une maladresse surprenante de la part d’un professionnel. Fautil reparler ici des stars du Burkina Pitroipa et les frères Traoré maladroits et (ou) malchanceux. Leur bilan, 0 but en deux matchs, est suffisamment évocateur d’une véritable faillite offensive. Sauf, incroyable retournement de situation, on peut dire que le Burkina Faso est déjà éliminé de cette Coupe d’Afrique des nations. Il en va autrement du Ghana d’Asamoah Gyan, capitaine courage et auteur du but assassin qui a permis à son pays de vaincre une bien frileuse Algérie. Même chose du Zambien Mayuka qui, blessé, va sans doute manquer à son équipe pour la suite de la compétition. La compétition est vraiment serrée mais d’aucuns parlent d’un nivellement par le bas. Toujours est-il que les derniers matchs de poule promettent un incroyable suspense. Ainsi, en est-il de la Guinée Équatoriale-Gabon, Congo-Burkina Faso, Tunisie-Congo démocratique, Zambie-Cap Vert, sans oublier les matchs du groupe de la mort Sénégal-Algérie et Ghana-Afrique du Sud. La Guinée Équatoriale elle, a déjà remporté au moins un trophée. Les anciens internationaux africains conduits par Joseph Antoine Bell et Roger Milla ont remis un trophée au président équato-guinéen Obiang Nguema Mbazogo. Ils entendaient ainsi le féliciter d’avoir «sauvé» la CAN après le lâchage du Maroc. Un trophée que personne ne pouvait lui contester. Gilbert Tsala Ekani LIONS INDOMPTABLES Les expérimentations hasardeuses de M. Finke aut-il que les Lions encaissent un carton pour qu’on consente enfin à écarter M. Finke de l’équipe nationale où il n’a rien prouvé? Ce monsieur est allé en Coupe d’Afrique pour faire des expériences. Quelques joueurs alignés en Guinée Équatoriale doivent être surpris eux-mêmes de se retrouver là. Les Kom, Guihiota, Salli, Loe, Etoundi ne sont guère des habitués dans les rangs des Lions indomptables. On peut se demander à quoi servaient les matchs amicaux si les essais doivent se faire durant les rencontres de compétition. M. Finke est brouillon et tatillon comme il l’a assez démontré à la coupe du monde brésilienne ou ailleurs. Certes à décharge, notre équipe manque cruellement de talents mais d’où vient-il qu’il se prive d’un Njie Clinton, feu follet particulièrement précieux lors des éliminatoires? Comment comprendre qu’il reconduise une ligue d’attaque aux dents de lait avec Aboubakar prince de la maladresse qui a le culot d’arborer le maillot numéro 10! Et Choupo Moting si effacé et se perdant dans des dribbles stériles? Contre la Guinée, une équipe qu’on croyait à notre portée, les Lions ont fait illusion pendant 20 minutes. Le temps de m arquer par Moukandjo, un but assez chanceux. Après, cela a été du hourra football. Les Guinéens ont eu les occasions de but les plus franches et on doit une fière chandelle au jeune gardien de buts Ondoua. Et à l’arbitre qui a fermé les yeux sur penalty évident contre les Lions. Lors du prochain match F contre la Côte d’Ivoire, il ne faudra pas se louper. C’est pile ou face. On ne pourra plus se satisfaire d’un match nul. Cameroun-Côte d’Ivoire et GuinéeMali sont deux véritables finales. Les Lions devront éviter le péché de la suffisance en pensant au score de 4 buts à 1 infligé à la Côte d’Ivoire lors des matchs éliminatoires. La Côte d’Ivoire sait qu’elle n’aura pas une autre chance. Deux fois déjà elle a été menée au score pendant cette CAN égalisant de justesse. Cette fois, un simple match nul risque de ne pas suffire à la qualifier pour le second tour. Cameroun et Côte d’Ivoire, un des deux géants sera sans doute éliminé. Si les lions devraient se retrouver dans cette funeste perspective, certains vous diraient que ce n’est qu’une équipe en reconstruction. Mais personne ne nous empêchera de croire que malgré tout, cette CAN semblait bien à la portée des Lions. GTE Algèbre et arithmétique uelqu’un l’a peut-être vite com- que si le Cameroun est auréolé 04 sacres pris. Lui qui suggéra de rester opti- continentaux, le pays de Ouattara, lui Q mistes, car même les pires travers du foot- n’en a qu’un seul. Alors seuls les Lions et ball ont leur avantage. En prenant un des cauchemars du moment, la série de matches nuls, aux scores identiques (1-1) dans la poule D, celle du Cameroun, il y a quelque chose à craindre. Parait-il que ça commence à virer au film d’horreur dans ce groupe.Vous ouvrez n’importe quel média, allez hop…Vous êtes dur de tomber sur un cours d’algèbre et/ ou d’arithmétique. Soit c’est le Cameroun des Lions indomptables avec -2+2, soit c’est la Guinée de Ibrahima avec -2 + 2, soit c’est le Mali, parce que les gros oiseaux de ce pays ont aussi -2+ 2, soit c’est les pachydermes de Ouattara avec 2+2.Ça donne le tournis. Il est vrai que depuis qu’il ya eu déflation de buts dans cette satanée poule D, les formules ont eu bien envie de changer elles-aussi. Parce les Eléphants sont favoris. Mais si le Mali et la Guinée sont en relation avec la Côte d’Ivoire, parce que frères d’Afrique de l’ouest, alors ça va mal se passer pour la bande à Volker Vinke. Cela s’appelle la transitivité la théorie des relations d’équivalence. On dit aussi que le Mali et la Guinée ne vont plus jouer à Malabo. On raconte déjà que 560 journalistes sur les 850 accrédités pour la Can 2015 sont déjà prêts à couvrir la rencontre entre le Cameroun et la Côte d’ivoire. Donc : en posant 850- 560, il nous reste 190 hommes de médias pour toutes les autres rencontres de la troisième journée. Soit 07 matches avec une moyenne de 17 journalistes par matches. Jean René Meva’a Amougou Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net 5 6 LA CAN DE L’INTÉGRATION/ MAIN COURANTE Intégration N°172 MÉSENTENTE Charters : classe tous risques ? Chaud effroi à la frontière Un accident de la circulation sur l’axe transnational Bitam-Kyé Ossi repose le problème de la sécurité des voyageurs désireux de suivre leurs équipes sur les lieux de compétitions en Afrique. Une rumeur de détention d’un jeune camerounais par la police d’immigration équato-guinéenne a servi de détonateur d’une colère chez les supporters des Lions indomptables. n infâme fatras de tôles rouillées, des gamins camerounais en haillons pataugeant dans tous les sens, tandis que leurs aînés sont déçus, fâchés. Tristes, aussi. Ambiance surchauffée et surtout assourdie par le vent de fronde qui balaie depuis deux semaines les rangs des supporters camerounais. C’est que, bâties sur les braises mal éteintes du ressentiment né du refus des autorités de laisser passer le flux de supporters de l’équipe du Cameroun de football, les relations entre les Camerounais et la police équato-guinéenne ont violemment été secouées au check-point séparant Kyé Ossi (Cameroun) d’Ebébéyin (Guinée Equatoriale). En mi-journée du jeudi 22 janvier 2015, les fans des Lions indomptables ont accueilli plutôt négativement la nouvelle de l’arrestation de l’un des leurs au poste frontalier entre les deux pays. « Coffrer un camerounais du cru est un mélange de folie et d’abus », claironne un caïd camerounais. « On finit avec çà aujourd’hui », lance un autre qui embouche la trompette du complot contre les inconditionnels de l’équipe camerounaise. Un groupe d’environ trois cents personnes, régenté par des gros bras armés de gourdins fonce vers le poste frontalier, « l’ultime bastion de la haine entre deux tête desquelles se trouvait le sous-préfet. U Radiotrottoir On a frôlé le pire ! peuples », selon eux. C’est le terminus de la marche débutée à l’entrée de la ville en venant d’Ambam. Ici, trois quarts d’heures pour manifester. Surtout que les policiers « équato », précisent les uns et les autres, viennent d’empocher sur le seuil du bureau de douanes une lourde somme pour faire passer un citoyen gabonais. On a ainsi vu une cohorte de mécontents donner l’assaut à la barrière, la défonçant au gourdin. Dans leur sillage, un local de police dévasté. A en croire un homme, « il faut que ça cesse ». Que cessent les « errements de la police équato bricolée voilà un mois après la désignation de la Guinée Equatoriale pour recevoir la Can 2015 ». Bien évidemment, dans ce méli-mélo, côté équato-guinéen, les forces de sécurité ont pris sur elles « d’astreindre les délinquants aux seules rigueurs de la loi ». Un commissaire affirme qu’un tel spectacle, imaginé par un chef de bande occupé à raviver les anciennes blessures, fait honte à tout un continent. Reclus dans sa voiture, le frêle prêcheur s’obstine à invoquer des valeurs dévoyées désormais usées dans ce brasier permanent. La concertation, le dialogue, la dignité. On l’entend répéter à l’envi que la violence est « inacceptable ». Et, puisque la magie du verbe s’étiole, puisque le charisme d’hier ne rassasie plus la longue lignée de manifestants, les chants patriotiques camerounais ont même fini par affaiblir les douces paroles des autorités administratives de.Kyé Ossi, à la Et pourtant, il ne s’agissait que d’une rumeur. Au poste frontalier de Kyé Ossi, la seule ressource inépuisable c’est la rumeur. Depuis le début de la Can, des groupes venus d’horizons divers ont amplifié leurs travers mentaux alimentés par « radio trottoir ». Dans l’arène de la proximité entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, on s’empare très souvent des ragots venus des deux côtés. Plus que son caractère hétéroclite, un péril guette cet espace transformé au fil du temps en forum au sein duquel le diplômé côtoie le paysan, le faussaire ou la star de musique. Il y a en ce lieu l’envie de franchir coûte que coûte les contrôles de polices et de douanes. C’est la niche de fonctionnaires médiocres, assujettis à la corruption, au mensonge et aux combines. Et pour le chaud effroi du 22 janvier 2015, des sources dignes de foi rapportent qu’il s’agit d’une histoire tissée par deux agents en poste à cet endroit. L’un camerounais et l’autre équato-guinéen. Le duo, affirme-t-on, n’est pas à son premier coup. Jean René Meva’a Amougou, envoyé spécial à Kyé Ossi CONTREFAÇON Quand j’ai vu la salopette gluante de d’un jeune homme, j’ai pensé «qu’ilsang aurait pu être mon fils ou mon neveu ». C’est particulièrement émue que Jean- Jacques Zam est revenu de Miya mi Ze (08 kilomètres du Cameroun), où l’a dépêché la nouvelle d’un accident mortel de la circulation. Sur le carreau, deux morts et de nombreux blessés, tous de nationalité gabonaise. Le drame s’est produit le 21 janvier 2015 aux environs de 01 heure 45 minutes. De sources concordantes, on apprend qu’un car de marque Coaster en provenance de Bitam (nord du Gabon) et en route pour Kyé Ossi (Cameroun), immatriculé RG 024 KL, ayant à son bord 30 membres du fan club Pierre-Emerick Aubaeyang (le capitaine des Panthères du Gabon), est entré en collision avec un camion roulant en sens inverse. Les victimes, rapidement identifiées, ont été conduites vers Bitam. Les deux décédés revendiquaient respectivement 26 et 31 ans. Ils étaient tous commerçants au marché de la même ville.Au registre des causes, la gendarmerie de Bitam évoque des défaillances du système automatique des vitesses de du car. Par cet accident, c’est la communauté sportive de la Can 2015 qui a été touchée, celle des charters à des prix accessibles. Voyager à bon marché doitil être synonyme de voyager risqué ? De même, les escrocs de tous bords se recrutent dans l’organisation des charters. Ils se font, dit-on beaucoup de beurre. Les gouvernements savent que le débat va désormais porter sur la sécurité des charters. JRMA De faux tickets en circulation à Kyé Ossi L’un des hommes la chaîne de fabrication de ces documents contrefaits a été mis aux arrêts à Ebolowa la semaine dernière. eyo Kyé, à une vingtaine de kilomètres de Kyé Ossi, dans la Vallée du Ntem, 12 heures 20. Ce 21 janvier 2014, une quinzaine de gendarmes investissent l’artère principale pour un contrôle des pièces personnelles des passagers d’un car en provenance de Yaoundé. Des badauds sortis d’une buvette au bord de la route commentent la scène du coin de l’œil : « Ils viennent se remplir les poches avant la tombée de la nuit ». A observer de près, on est à mille lieues de cela. Longtemps occultée, la vraie raison de la descente des pandores dans la localité est abordée subrepticement avec un passager suspect. « Du haut de mon expérience, votre visage ne me semble pas étranger », mentionne un officier. Affolé, le passager proteste : « Il n’y a ni indice ni preuve que j’aie commis un délit », lance-t-il avec son accent ensoleillé, son élocution hésitante et douce. Problème : « La gendarmerie n’a aucun intérêt à vexer votre personnalité. Mais le postulat qui fonde sa démarche est que vous votre faciès est familier de nos fichiers. Qu’en M Ici a été capturé lʼun des suspects dites-vous ? » Réponse évasive : « Peut-être à Ebolowa où j’ai été injustement accusé d’être l’un des maillons d’une chaîne de fabrication de vignettes automobiles en 2012 ». Véritable aveu discret pour un suspect qui ne cherche pas à l’être. Sommation faite à l’intéressé de dévoiler le contenu de la mallette posée sur ses genoux. Dans les annales policières de la région du sud, c’est une saisie record de documents contrefaits : des tickets de la rencontre Côte d’Ivoire-Mali du samedi 24 janvier 2015. Le tout, estimé à au moins 25 millions de francs cfa. Dans la chronique ambiancée de la Can 2015 à Kyé Ossi, c’est un casse-tête de plus. Il faut remonter jusqu’au fabricant desdits faux tickets d’entrée au stade. Parce qu’en tout état de cause, l’homme les avait transportés de Yaoundé pour la ville frontalière où il devait les écouler. Portrait- robot Selon nos informations puisées à bonne source, cette opération a nécessité dix jours de filature et un incessant ballet de gendarmes à Kyé Ossi. Ces informations font état d’un entrepôt fictif au Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net marché mondial à Abang Minko. C’est là qu’un homme d’affaires controversé et playboy de nationalité camerounaise tient ses bureaux de faux. Plus délicat encore : cet homme aurait des entrées dans le sérail équato-guinéen. Ancien employé municipal dans la région du nord-ouest, il ferait office de mage pour ceux qui, nombreux en Guinée Equatoriale, lui confient leurs soucis, leurs chagrins et surtout leurs services. Ce sont ces amis qui lui auraient conseillé de cibler la poule D de la Can 2015 localisée à Malabo dans la partie insulaire du pays. De source très proche de l’enquête, il disposerait d’un contact direct dans les services de renseignements gabonais. La même source tente de nous expliquer que son imprimeur est basé à Essos, un quartier de la capitale camerounaise. Encore en exploitation dans la capitale régionale du sud, le présumé suspect qui avait trouvé en la Can 2015 un filon juteux, ne la suivra plus certainement en toute sérénité. JRMA, envoyé spécial à Kyé Ossi Intégration N°172 LA CAN DE L’INTÉGRATION/ COUP FRANC KYÉ OSSI EBOLOWA La Can en clair et... en obscur Pour contourner la férocité et la drôlerie de l’absence de courant et pouvoir vivre le tournoi, la ville a recours aux groupes électrogènes. Le bon Dieu a eu une bonne idée en créant Kyé Ossi. Mais il s’est empressé de garder cette localité dans le noir », dit dans un sourire, Sa Majesté Hans Endomo Nguema. Le chef de deuxième degré du quartier Ezébio sait de quoi il parle. Depuis toujours, il ne s’est jamais réjouit de ce que sa ville natale soit de tous temps privée de courant électrique. « 51 semaines sur les 52 que compte une année, nous sommes vautrés dans le noir ici », révèle le dignitaire traditionnel. Suffisant pour nier le charme de la contrée frontalière et de lui préférer l’éclat lumineux de Ebébéyin, sa voisine équato-guinéenne, juste à un jet de pierre. « Voyez-vous, le panorama est remarquable là-bas parce qu’ils ont le courant chaque jour », frissonne d’envie le pauvre chef. Non sans ajouter que depuis plus de trente ans, ses sujets et lui-même chantent cela à tue-tête au gouvernement camerounais. « Mais, toujours rien. Nous sommes obligés de chercher nous-mêmes nos propres moyens pour conserver nos produits alimentaires et nous informer », conclut-il. C’est devenu la règle ici. La ligne de courant qui passe par Ebolowa pour alimenter Kyé Ossi est désormais aux oubliettes. Au point où la plupart des personnes déclarent le plus naturellement possible qu’elles n’aiment pas ce sujet. Bien plus, c’est un sujet tabou. « Un vide se fait immédiatement autour de vous si vous osez en parler. Encore que là, on vous prendra pour un provocateur ou pour quelqu’un qui cherche désespérément le suicide », souligne Félix Georges Evina, un notable de la chefferie de Ezébio. Et pour visionner un match de la Can en cours, c’est la croix et la bannière. Du coup, les populations ont un autre reflexe : l’usage du groupe électrogène. tricité ici sont appréhendés autrement. Rien n’est plus faux que de voir dans les quartiers des collections d’individus obsédés par le manque de courant électrique. Cette préoccupation est désormais à mille lieues de leur sensibilité et de leur pensée. « Courant, qu’il en y ait ou pas, ça nous laisse à 37 », entend-on. Pour vivre les grands moments du football continental ou mondial, Kyé Ossi a toujours résolu sobrement l’équation de l’électricité. Au temps jadis, il se disait qu’ici « on se plie en mille pour cela ». Façon pittoresque d’évoquer l’ingéniosité des amoureux du ballon rond, qui, loin des centres de décisions de la République, devaient se débrouiller pour visionner la moindre image ou le moindre son diffusés via la radiotélévision locale. Parce que, comme l’explique Hans Endomo Nguema, « l’essentiel de la dialectique des masses à Kyé Ossi ne se développe que sur les conditions à remplir pour voir jouer son équipe favorite ». Aujourd’hui, plus que jamais, les nombreux accrocs du football d’ici ont transformé la ville en une enclave réjouissante. « Chaque fois qu’il y a match, nous nous dirigeons vers ceux qui disposent un groupe électrogène. Quand c’est d’autres pays qui jouent, nous ne payons rien. Mais lors des matches du Cameroun, les propriétaires des lieux nous somment de débourser 500 francs cfa ». Bien évidemment, l’intérêt pour les Lions indomptables s’apprécie à cette aune et la coquette rente ne tient pas compte du format du téléviseur. Grand ou petit écran, la tendance n’est jamais contredite. « Nous payons comme çà et nous nous taisons obstinément », dit Aissatou Pemfoura. Au-delà, tout dans le propos de cette jeune institutrice indique qu’à Kyé Ossi, on est passé d’une pratique clandestine à une exigence entretenue sur fond de volonta« Ça laisse à 37 » Depuis que la compétition a démarré en risme. Pour Sa Majesté Hans Endomo Guinée Equatoriale, les besoins en élec- Nguema, on peut chuchoter que les pro- « Chez nous, le supporter a plusieurs moyens à ses fins. Et au mot fin, je pense «qued’arriver nous y sommes ». Dixit Abdelbari Atouan, Des pylônes en direction de kyé Ossi : Juste pour le décor priétaires des groupes électrogènes s’enrichissent lors d’une compétition comme la Can. Mais, reconnaît-il, les populations sont punies par où ont péché les pouvoirs publics. Jean René Meva’a Amougou, envoyé spécial à Kyé Ossi. Le projet reste lui‑même Capitalisant sur ses objectifs, le comité d’organisation de la foire aux vivres de Kyé Ossi participe à la Can. A sa manière. S Nzelan Ici, commence le village. «C’est partie noble en langue Fang, celle où beaucoup de commerçants ont aménagé des espaces de ventes ou de promotions de leurs produits», soutient un proche du promoteur. Bien évidemment, tout le monde re- garde d’abord ce construit artistique et déluré. Pour de nombreux visiteurs en effet, Nzelan reste un autre monde..à cause de son écran géant. Pas surprenant qu’au-delà de l’esprit commercial, l’esprit communautaire soit resté plus vif, plus créatif, plus agréable aussi. Dans une esthétique rétro, truffée de galeries, de stands et de lieux confidentiels, beaucoup viennent faire leurs courses. Ils sont gabonais, congolais, camerounais et surtout équato-guinéens. « Nous venons acheter les macabos, les bâtons de manioc et les condiments verts ici pour nourrir les étrangers qui sont chez nous pour la Can », confesse une hôtelière dans un français teinté d’accents hispanisants. Le marché va bien, pour tous les vivres frais. Les chiffres sont là. Galvanisants pour la centaine de bayam sellam qui n’y est pas allée de main morte. Pour Léonie Avouzoa, leur porte-parole dans le village, une chose est sûre : « La Can ne va pas nous décevoir. Nous comptons sur les premiers signes observés dans le marché », souligne-t-elle. La fréquence des visites des équato-guinéens, c’est finalement le meilleur baromètre pour ces revendeuses (qui Les Algériens jouent la prudence Dans cette communauté de supporters venus d’Afrique du nord, les excès de zèle sont proscrits en terre camerounaise. A Mongomo, en Guinée Equatoriale, tous montrent les visages d’une Algérie qui aime le football VILLAGE DE LA CAN ouvenez-vous, c’était au mois de juin 2014. En ce temps-là, la foire transfrontalière d’Afrique centrale (Fotrac) avait animé Kyé Ossi. Deux semaines durant, toute la ville offrait un visage riant et cossu. Cette année, c’est la Can qui se joue en Guinée Equatoriale qui occasionne un « village ». «Le village de la Can», l’idée suit sa propre ligne. Et voici quelques jours, le col sud-ouest de Kyé Ossi fait le plein de spectateurs, sinon mieux que les autres manifestations surfant sur le même esprit. Parce qu’ici, il se passe toujours quelque chose. Du moins pas toujours où l’on croit. Une semaine après le démarrage de la Can 2015 l’atmosphère n’est pas à l’indifférence. Le village se réjouit d’afficher un esprit d’avant-garde et sa « friendly attitude ». 7 par ailleurs sont aussi les fanatiques de football). On comprend pourquoi une dizaine d’entre elles a choisi de revendre des gadgets des équipes nationales gabonais, congolaise et camerounaise. Initiative Mais par quel miracle les organisateurs ont réussi à faire venir du monde dans ce « village ». Grâce à une idée aussi simple que lumineuse : ils sont allés demander à des artistes, et non des moindres, de les accompagner. Enthousiasme total : Ainsi, à Kyé Ossi, beaucoup d’entre eux ont accepté de donner des titres inédits, ou d’en proposer d’autres sous des formats variés et qui ne sont disponibles qu’au site du «village de la Can». Bien sûr, le premier but des organisateurs est de réactiver par cette initiative le lien entre les peuples de la sous région Afrique centrale. Et en quelques jours d’existence, le projet l’a largement démontré : il ne ressemble qu’à lui-même jusque-là. Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net JRMA comédien et porte-parole des supporters des Fenek d’Algérie. Ils sont 19 au total. Ils sont dans la capitale régionale du sud voici bientôt une semaine. Après avoir séjourné à Yaoundé, ils ont choisi un motel coincé à Ebolowa-Si, près du consulat général de Guinée Equatoriale. La raison, Abdelbari Atouan l’évoque sans détour : « Avec le relief d’ici, nous sommes à l’abri des fâcheuses combinaisons de températures…Ici le climat assure au corps la température idéale. Par la route, nous sommes partis à Mongomo où nous avons laminé les sud-africains et nous sommes rentrés le lendemain car nous ne voulions pas les voyages de nuit et cela par respect aux directives de notre ambassadeur au Cameroun. ». Attention : enthousiasme limité malgré le talent des uns et des autres. On ne chante pas très fort, mais on danse avec des pas athlétiques, dans une mise en scène minimale. Le vrai intérêt de ce choix est ailleurs. « Il faut rester prudent ici, mais au stade, c’est plus haut ». Univers mental Ce matin du 23 janvier 2015, Abdelbari Atouan a présidé une réunion fraternelle. « C’est dans l’ordre des choses de la prudence », souligne-t-il. De fait, un ordre du jour taillé à la juste mesure de cette exigence. Il porte sur « la sécurité des membres de la délégation ». Dans ce cadre, le chef de délégation, rigolo de fonction, montre à ses compatriotes combien il est utile de se « frotter au public populaire d’Ebolowa ». D’après lui, le groupe acquis à la cause de l’équipe nationale d’Algérie ne devrait pas oublier une évidence. Celle selon laquelle « tout public a un esprit paradoxal. Il invoque toujours les fantômes. Et cette invocation oscille sans cesse entre l’hospitalité affichée et l’ambigüité malsaine des belles de nuit. Cela bien que les autorités d’ici veillent sur nous ». Juste des mots voilés. A les décrypter en tout cas, les algériens ne se sont pas acheté une conduite. Ils l’ont intégrée depuis leur départ d’Alger il y a deux semaines. Pour tout comprendre, ils savent que le Cameroun est la terre qui a accueilli pour l’éternité Albert Ebossé, sémillant avant-centre camerounais assassiné l’année dernière en Algérie. Abdelbari Atouan, seul élément du groupe qui accepte de parler, ne défriche pas cet aspect. A l’aide d’une brassée de souvenirs et d’anecdotes qu’il distille, le plus vieux supporter d’Algérie (72 ans) a réussi à fabriquer un univers mental pour lui et ses compatriotes. « Je crois aux vérités intérieures des gens. Je sais que quelque part les algériens sont tenus prisonniers dans les cœurs des camerounais depuis que cet incident est survenu », confesse-t-il. On apprend de ce fait des choses utiles de l’humoriste : « Si minous et médors se sont mordus pour un morceau de viande, ils finissent par devenir amis l’un de l’autre ». Peut-être pour justifier que le mécanisme implacable dans cette option calculée les met durablement en sécurité. Sans rancune. JRMA 8 Intégration N°172 SPÉCIAL/ NÉCROLOGIE Foning chantera désormais dans l’au-delà DERNIÈRE HEURE On la croyait inoxydable, solide, mais Françoise Foning n’était qu’un être humain, fragile, simple mortel. La terrible nouvelle de sa mort a surgi dans l’ac‐ tualité nationale ce vendredi 23 janvier 2015. Suite à un accident de la circulation. Portrait d’une femme qui aura marqué son époque. rançoise Foning est un per‐ sonnage de roman. Il y a sur ce personnage ce qu’on dit, ce qu’on ne dit pas, ce qu’on invente. On ne sait plus depuis quand elle arpente la scène politique came‐ rounaise. Elle a toujours été là. Im‐ possible de ne pas la voir ou de ne pas l’entendre. Foning savait occu‐ per la place. Pourtant, il y a bien eu un début. On raconte qu’il y a une cinquantaine d’années, dame Fo‐ ning a décidé de militer au sein de l’UC (Union Camerounaise) qui se muera en UNC (Union nationale Camerounaise) avant de se trans‐ former en RDPC. Foning, de son vi‐ vant, est restée assez évasive sur son parcours de simple militante. Tout juste, sait‐on qu’elle a été prési‐ dente de cellule de l’OFUNC, puis responsable à l’OFRDPC. Sur sa carte de visite, on pouvait lire comme profession, opératrice éco‐ nomique. En fait, il est difficile de ci‐ bler un seul secteur. Foning touchait à tout. Elle aurait d’abord ouvert un restaurant puis créé une société de transport urbain par taxis. On l’a en‐ suite retrouvée dans des secteurs aussi divers que l’import‐export, l’extraction du gravier, la fabrication des meubles, les bâtiments et tra‐ vaux publics et même l’enseigne‐ ment et la médecine. Ses détracteurs affirmaient qu’on avait beaucoup de mal à localiser ses sociétés. Bali‐ vernes, fulminaient ses supporters heureux d’annoncer sans rien prou‐ ver que dame Foning réalisait un chiffre d’affaires annuel de 2 mil‐ liards de francs Cfa. En matière de lobbying, dame Foning, apparem‐ ment, se débrouillait très bien. Au point de se faire admettre dans le saint des saints des femmes chefs F d’entreprises dans le monde. Elle en sera même présidente après avoir créé le Groupement des femmes d’affaires du Cameroun. Mais quoi qu’on dise, sa réputation, Françoise Foning la doit surtout à son activité politique. Elle y mani‐ festait une présence envahissante, disent quelques‐uns, une vraie bou‐ limie. Elle a longtemps dirigé la puissante section OFRDPC du Wouri à Douala où elle vivait. Elle a, par la suite, franchi le pas deve‐ nant l’une des premières femmes à présider une section RDPC. Dé‐ puté‐maire par la suite, elle aura tout connu. Depuis plus de 10 ans, elle dirigeait la commune de Douala 5ème, y montrant une gestion assez personnalisée, pour ne pas dire plus, de la chose publique. Ses dé‐ tracteurs allaient même jusqu’à parler de «cafouillage managérial». Ja‐ loux, on leur aurait sans doute lancé à la figure Mme Foning. Dans son for intérieur, elle se savait dé‐ testée par quelques‐uns et a dû su‐ bir quelques trahisons. On lui at‐ tribue ces propos d’une grande lu‐ cidité: «je suis la femme la plus com‐ battue du Cameroun». Sans doute. Mais l’adversité décuplait sa com‐ bativité. Dieu, Biya et la chanson Mme Foning semblait très pieuse. On raconte qu’un jour, alors que son poste de présidente de section RDPC était en jeu, elle a publique‐ ment invoqué le Seigneur avant d’entonner une chanson. Pas ques‐ tion pour elle de présenter un quel‐ conque plan d’action. Elle a seule‐ ment cité Paul Biya et cela a suffi. Foning était l’une des rares femmes qui osait interrompre Biya lui‐même par une chanson. Il est vrai, à la gloire du président. On moquait un peu son français peu académique, mais elle se faisait comprendre. Sa phrase fétiche: «il faut le soutenir». Soutenir Paul Biya évidemment. Les mauvaises langues disent que ses sociétés étaient gérées avec un certain amateurisme qui sidérait les services fiscaux. On a relayé ces derniers temps l’information selon laquelle elle devait plein de millions aux impôts. Il y a quelques jours, le Tribunal Criminel Spécial se serait intéressé à la gestion de Mme le Maire de Douala 5eme. On parle d’une somme de 5 milliards de francs à justifier. Le passage de Mme Foning devant les magistrats a dû constituer un grand moment parce que la «mère des maires» savait se défendre en mettant les rieurs de son côté. Veuve, mère de 9 enfants, grand‐ mère, Françoise Foning a marqué son temps. Son côté quelque peu théâtral par moments, ne peut faire oublier qu’elle a été un redoutable animal politique, écrasant ou ama‐ douant tous ses adversaires de l’in‐ térieur comme de l’extérieur. Celle qu’on appelait aussi Dalida s’en va donc au moment où son étoile com‐ mençait à pâlir. Sa mort lui permet d’échapper au redoutable rapace qu’on appelle Épervier. Elle laisse un vide au RDPC où on aura du mal à trouver quelqu’un ayant son culot et sa truculence. On se sou‐ vient que lors des «villes mortes» dans les années 1990‐1992, ma‐ dame Foning fit preuve d’un cou‐ rage incroyable défiant l’opposi‐ tion qui entendait interdire aux mi‐ litants du RDPC de défiler. Elle a pris elle‐même la tête de ses troupes et on l’a vue dame courage. Gilbert Tsala Ekani Programme des obsèques de Javis Nana Depuis le 17‐01‐2015 Veillée tous les soirs à la Cité verte Jeudi 29‐01‐2015: ‐15h: mise en bière à la morgue du CHU ‐17 h: installation de la dépouille et messe à la paroisse Christ Roi de Tsinga ‐20h messe suivie dʹune veillée à la paroisse Christ Roi de Tsinga Vendredi 30‐01‐2015: ‐06h: départ pour le village Baloumgou (bangou) arrivée et installation de la dépouille veillée Samedi 31‐01‐2015 ‐07h: acceuil et mise en place ‐09h30: début de la messe Témoignages Inhumation Collation Funérailles Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net Mambou Deffo passe son arme à gauche ’armée camerounaise L est en deuil. Elle vient en effet de perdre l’un de ses plus hauts gradés en la personne du général de di‐ vision Esaie Mambou Deffo. Ce qui se murmurait plutôt comme une rumeur vivante dans la capitale a été confirmé le 25 janvier 2015 sur les ondes de la CRTV, la radio nationale camerounaise. Jusqu’à son décès survenu à Paris (France) des suites de ma‐ ladie, Esaie Mambou Deffo, 76 ans, était inspecteur gé‐ néral de la Gendarmerie nationale au Ministère de la Défense. Brillant stratège moulé dans plusieurs ins‐ titutions (Ecole Militaire de Strabourg (1959), Ecole Militaire Interarmes de Saint‐Cyr‐Coëquindam, Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale à Melun en France (1962‐ 1963), diplômé d’Etat‐ma‐ jor (1975), Ecole supérieure de Guerre de Paris 90ème promotion (1976‐1978). Promu au grade de général de Brigade le 05 février 1993; il devient Général de division le 25 septembre 2001. Le 26 février 1993, il est Directeur Central de la Coordination à a Gendar‐ merie Nationale. L’un de ses hauts faits d’armes reste sa contribution à la dé‐ route des mutins lors du putsch manqué au Came‐ roun le 06 avril 1984. JRMA Intégration N°172 PAROISSE SAINT PAUL DE MELEN PANORAMA/ PORTRAIT-DÉCOUVERTE Kisito Balla Onana: la passion de Dieu l est l’aîné d’une fratrie de 8 enfants. La trentaine rayonnante, il aurait pu rêver de postes importants, de luxe comme les jeunes de son âge. Mais lui rêvait de Dieu. Il voulait aller au séminaire comme son frère La semaine dernière, la paroisse Saint cadet. Alors qu’il fait ses études au collège Paul de Ndzong Melen a fêté son cin‐ Vogt en classe de première, il pose son pro‐ quantenaire. Les festivités ont duré une blème à M. l’abbé Lucien Nama qui l’incite semaine avec pour point d’orgue la jour‐ à sauter le pas. Voilà comment quelques an‐ plus tard, en 2005, deux frères sont or‐ née du 25 janvier 2015 qui a vu la pa‐ nées donnés prêtres par l’Archevêque de Yaoundé roisse accueillir l’Archevêque de Yaoundé d’alors, Mgr Victor Tonye Bakot. Le père des Mgr Jean Mbarga. deux prêtres, Ambroise Onana Balla qui a paroisse Saint Paul de Ndzong vient de nous quitter, semble avoir scellé dès Melen est l’une des plus anciennes la naissance, la vie de ses deux enfants dans de la capitale politique du Cameroun. le respect de Dieu. Il leur donne les prénoms Que de chemin parcouru depuis ces an‐ des martyrs ougandais Kisito et Mougaga. nées post‐indépendances où le couple Tous deux sont curés, l’aîné Balla Onana à Mani Atangana a accepté de donner un Melen, le cadet Onana Onana à Kondengui. lopin de terre aux missionnaires ca‐ Ils doivent bien faire la fierté de leur village tholiques pour construire une église. La Nnom Nnam près d’Olama. petite église d’hier s’est agrandie et va Parlant du cinquantenaire qu’il a organisé, probablement encore s’agrandir. En le curé de Ndzong Melen affirme ne pas plus d’une école primaire à cycle com‐ avoir cédé à un effet de mode. C’était un «de‐ de mémoire, de vérité, d’honnêteté» dit‐il. plet déjà fonctionnelle, la mission ca‐ voir Pour lui, il était question non seulement de tholique de Ndzong Melen entend revisiter le chemin parcouru, mais aussi de mieux s’implanter. Un architecte a été reconnaître «le génie, le talent, l’engagement des sollicité pour dessiner un plan avec des générations de prêtres et de fidèles à la suite de constructions avoisinant 500 millions de Jésus Christ». Il estime qu’un tel engagement francs Cfa. Avant de donner corps à ce mérite de servir d’exemple aux jeunes d’au‐ projet, la paroisse se souvient avec dé‐ jourd’hui. A travers un tel cheminement, ils lectation du temps passé, quand la peuvent voir comment leurs parents, leurs chorale de l’abbé Pie Claude Ngumu at‐ aînés, ont marché sur les traces de Jésus et tirait les foules. Des gens qui venaient cela peut aider à ne pas être «détourné» du sans doute écouter la bonne parole de Dieu, mais qui venaient aussi apprécier les balafons de la chorale. La réputation de cette dernière a même franchi les frontières nationales au point d’aller re‐ présenter le Cameroun au festival des arts et de la culture d’Alger en 1969. La paroisse a, depuis, vu défiler des prê‐ tres avec des noms prestigieux comme Jean Marc Ella, Barthélémy Tsila, Pros‐ per Abéga. Deux évêques y ont servi comme curé. C’est le cas de Mgr Benoît Balla, évêque de Bafia et de Mgr Chris‐ tophe Zoa, évêque de Sangmélima. L’actuel curé, Kisito Balla Onana, nour‐ rit de grandes ambitions pour sa pa‐ roisse. Il compte sur l’appui de ses fi‐ dèles dont il sait reconnaître les mérites. Et il y a de tout dans les rangs de ces fi‐ dèles: de hauts cadres civils et militaires, des gens ordinaires. Mais c’est bien connu, aux yeux de Dieu, toutes ces dif‐ férences n’existent pas. La fête du cin‐ quantenaire de la paroisse de Melen a été une belle occasion de célébrer l’homme, créature de Dieu. Gilbert Tsala Ekani 50 ans et toutes ses dents 9 I L bon, du vrai chemin. L’abbé Kisito martèle: «Dieu est le seul chemin, Jésus est le seul repère». Quoique située au départ en plein pays Beti, la paroisse de Melen compte aujourd’hui des chrétiens de diverses origines (grand Nord, Bassa, Bamiléké, Banen…). A tous ses paroissiens, le curé demande de ne jamais oublier qu’ils constituent un seul peuple, le peuple de Dieu. Il ajoute que l’in‐ culturation se «perfectionne sans cesse». Pour l’organisation du cinquantenaire de sa paroisse, le curé avoue n’avoir vraiment ja‐ mais douté. «Je savais que Dieu, à travers les fidèles et les amis de bonne volonté, nous aide‐ rait». Et c’est ce qui s’est passé. Lui, le curé y a cru dès le départ. Et croire est justement le maître mot dans la religion catholique. L’abbé Balla Onana semble habité par la pas‐ sion de Dieu. On a l’impression que chaque fois qu’il a une minute libre, il réfléchit à la meilleure manière de mieux mener son sa‐ cerdoce. Un de ses fidèles me souffle: «M. le curé sait se montrer rigoureux sans être cassant, avenant sans être laxiste, respectueux des aînés sans rien lâcher de ses prérogatives». C’est en tout cas un prêtre qui marquera l’his‐ toire de la mission catholique de Ndzong Melen. Il rêve de la rebâtir complètement. Une maquette somptueuse est visible. Peut‐ être n’en aura‐t‐il pas le temps, mais il aura lancé l’idée. Et qui sait, peut‐être un jour, on parlera de Balla Onana comme deux de ses prédécesseurs Christophe Zoa, évêque de Sangmélima et Benoît Balla, évêque de Ba‐ fia. Jamais deux sans trois, dit la maxime. L’abbé Balla Onana a sans doute d’autres vrais sujets de préoccupation. Lui qui a pour devise: «je suis au milieu de vous comme celui qui sert». GTE Le mythe Pie Claude Ngumu Ils ont servi à Ndzong Melen comme curés M. l’Abbé Pie Claude Ngumu 1961‐ 1971 M. l’abbé Théophile Awana 1971‐1972 M. l’abbé Barthélémy Tsila 1972‐1975 M. l’abbé Henri Eveng 1975‐1976 M. l’abbé Aloys Tsala 1976‐1979 M. l’abbé Jean Pierre Ombolo 1979‐1990 M. l’abbé Benoît Balla 1990‐1991 M. l’abbé Albert Ottou Owona 1991‐ 1995 M. l’abbé Jean Christophe Zoa 1995‐ 1999 M. l’abbé Jean Claude Ekobena 1999‐ 2003 M. l’abbé Etienne Etoundi Essama 2003‐2004 M. l’abbé Bonaventure Omgba 2004‐ 2005 M. l’abbé Louis Claude Mbarga 2008‐ 2009 M. l’abbé Kisito Balla Onana depuis 2009. N.B: l’abbé Prosper Abega a été vicaire de 1967 à 1975 et l’abbé Jean Marc Ella a occupé les mêmes fonctions de 1990 à 1994 ’il y a un prêtre qui a profondément marqué l’histoire de la paroisse de Ndzong Melen, c’est bien l’abbé Pie Claude Ngumu. En cette année 1964, l’ar‐ chevêque de Yaoundé, Mgr Jean Zoa, le charge de fonder la nouvelle paroisse. Me‐ len, simple bourgade, sort petit à petit de son statut de village pour endosser le manteau de quartier latin. La zone est alors couverte de nombreux bosquets et même de nom‐ breux palmiers aux alentours, d’où le nom de «ndzong melen», littéralement la route ou le chemin des palmiers. Le jeune abbé Ngumu, 33 ans, a auparavant officié à Tala et à Mokolo comme vicaire. Il mène la vie dure des pionniers, célébrant la messe en plein air au début. Très vite, il ob‐ tient d’un autochtone, M. Etienne Mani Atangana, un lopin de terre juste en face de l’actuelle faculté de médecine. Le généreux donateur souhaite même que la paroisse s’appelle Saint‐Etienne, mais c’est Mgr Jean Zoa qui l’en dissuadera. Il s’attèle donc à construire la paroisse. On se rend compte que M. l’abbé aime la musique religieuse, passion qu’il entend transmettre à ses fidèles. On se souvient alors que bien avant son ar‐ rivée à la paroisse de Melen, il s’était fait un nom comme secrétaire de la commission li‐ turgie de la conférence épiscopale du Ca‐ S meroun. Cette commission créée à Rome en novembre 1962 compte des noms prestigieux comme Mgr Jean Zoa, Mgr Lambert Van Heygen pour ne citer qu’eux. L’abbé Ngumu forme donc une chorale, «la chorale des chan‐ teur à la croix d’ébène» qui devient rapidement une attraction. On y chante en latin mais sur‐ tout en ewondo au rythme des balafons. M. l’abbé est une sorte de précurseur de l’in‐ culturation. Sa chorale attire les foules; et le dimanche, on ne sait pas si tout le monde qui se bouscule sur les bancs de l’église vient écouter la parole de Dieu ou assister à un concert de musique. La réputation de la cho‐ rale grandit à telle enseigne qu’elle va à Al‐ ger représenter le Cameroun au festival afri‐ cain des arts et de la culture en 1969. Ceux qui ont connu l’abbé Pie Claude Ngumu af‐ firment qu’il avait la rigueur musicale che‐ villée au corps. Il traquait les fausses notes et passait des heures à essayer d’obtenir de sa chorale le son juste. Quand il réussissait, un sourire illuminait alors son visage et cela valait toutes les félicitations du monde. Il était à la fois un musicien, homme de talent et un musicologue, un savant. Un bon mo‐ ment, de 1967 à 1971, il formera un formi‐ dable duo avec un autre savant, l’abbé Prosper Abéga, professeur de linguistique à la toute jeune université de Yaoundé qui occupera les fonctions de vicaire. Il faut croire qu’à la paroisse de Melen, on avait une prédilection pour les têtes bien faites. Le so‐ ciologue Jean Marc Ella y a occupé les fonctions de vicaire de 1990 à 1994. Sans ou‐ blier les docteurs en théologie Aloys Tsala ou Jean Pierre Ombolo pour ne citer que ceux‐là. Pie Claude Ngumu a fait de la musique re‐ ligieuse la marque de fabrique de la paroisse de Ndzong Melen. Mais n’allez pas croire qu’il a relégué au second plan son travail premier, celui de prêtre. Encore qu’on dit que chanter c’est prier deux fois. Certains des plus anciens paroissiens se souviennent de l’abbé Pie Claude comme un immense pré‐ dicateur, habile orateur. Une dame d’un cer‐ tain âge se souvient que c’est cet abbé qui a célébré son mariage religieux. De lui, elle garde l’image d’un prêtre «rigoureux mais pas méchant». Le journaliste Kume Talé l’a connu comme membre d’un jury à l’école de jour‐ nalisme de Yaoundé. «Il était pointilleux Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net mais pas cassant» avoue le confrère qui se dit frappé par la modestie de ce savant. Ngumu un incompris? Anthropologue et musicologue, il a formé plusieurs générations de chercheurs et avec quelques autres prêtres (Lucien Betene, Fran‐ çois Xavier Amara, Engelbert Mveng). Il a ou‐ vert la voie à une forme nouvelle d’adoration de Dieu. Il a introduit la couleur locale avec des balafons et des tam‐tams. On ne lui a pas toujours déroulé le tapis rouge. Certains re‐ ligieux l’ont même sermonné en affirmant qu’on «ne loue pas Dieu en vociférant». D’au‐ tres ont dénoncé les manières jugées un peu folkloriques de louer le Seigneur. L’abbé Ngumu lui y a cru et s’est même défendu. Se‐ lon lui, si le christianisme a apporté à l’Afrique, ce continent a aussi quelque chose à donner. Croyant, sans doute, mais toujours lucide, l’abbé Ngumu dans sa thèse de doc‐ torat en philosophie, relève que le catholi‐ cisme a «agressé les traditions de ses ancêtres». Un homme de cette trempe, innovateur et s’exprimant librement ne pouvait que susciter envies et controverses, même dans l’Église. On peut se demander si c’est cela qui a fait craquer l’abbé Ngumu au point de l’obliger à quitter les ordres et prendre femme. Le fait qu’il ait été presque brutalement relevé de ses fonctions de curé de Ndzong Melen en 1971, ses tiraillements incessants avec sa hié‐ rarchie et certains de ses collègues inquiets d’une africanisation affirmée de l’Église, tout cela a dû gêner le prêtre savant. La pa‐ roisse de Melen restera malgré tout un la‐ boratoire de l’indigénisation de l’Église où l’orgue et l’harmonium sont remplacés par les «mendzang» (balafons). Aujourd’hui en‐ core, c’est un débat actuel. On a apparemment mis la pédale douce à Melen, mais la paroisse garde les séquelles de l’époque Ngumu. 40 ans après son passage à Melen, on se sou‐ vient encore de l’abbé musicien et musico‐ logue qui a quitté déjà ce monde. Je ne sais pas comment s’organise l’au‐delà, mais on ne serait pas surpris de voir l’abbé Ngumu di‐ riger une chorale là‐bas. Parce qu’il avait la musique dans la peau. Comme sa paroisse aujourd’hui encore. La chorale de Ndzong Melen est l’une des meilleures du pays, une des plus riches aussi, utilisant les langues de sept communautés du pays. GTE 10 Intégration N°172 AFRIQUE CENTRALE/ INSTITUTIONS La Cemac et la Surveillance multilatérale au Cameroun Une mission de la Commission de la Cemac sur la surveillance multilatérale a séjourné au Cameroun du 12 au 19 janvier 2015. Evaluation croisée d’un séjour de travail intense avec le ministre camerounais des Finances et le chef de cabinet du commissaire de la Cemac en charge des politiques économiques, monétaires et financières ALAMINE OUSMANE MEY, MINISTRE DES FINANCES JEAN CLAUDE NGUEMENI, CHEF DE MISSION CEMAC Des perspectives économiques dans un contexte de réduction du prix du baril de pétrole La mission recommande de donner une perspective aux opérateurs économiques Que retenir de la restitution par la Cemac de sa choses qui retiennent l’attention du ministère des mission sur la surveillance multilatérale au Finances. Nous veillerons à ce que ces mesures d’accompagnement de la Sonara puissent être Cameroun? La Cemac est une organisation sous‐régionale qui assure la surveillance multilatérale. Elle consiste en la vérification du respect d’un cer‐ tain nombre de critères de convergences. Elle est un indicateur de la qualité et de l’harmonisation de la gestion tel que souhaité par les instances dirigeantes de notre sous‐région. Bien entendu, il est question de regarder si le solde budgétaire est positif, si l’inflation est en deçà de 3%, si l’en‐ dettement est inferieure à 70% et si les arriérés ont été constatés ou pas. Nous pensons que pour le Cameroun, à ce stade, comme cela a pu être enregistré depuis 2012, les informations sont tout à fait favorables au Cameroun, en respect de ces conditions. Nous voulons produire des infor‐ mations au 31 décembre qui ont été confirmées. En ce qui concerne l’inflation et le solde bud‐ gétaire, la Cemac vient également s’interroger sur les perspectives économiques en matière de projection et la situation d’évolution et de coût du baril de pétrole qui est une préoccupation, pas seulement pour le Cameroun mais aussi l’en‐ semble des économies. L’avantage du Cameroun est que 20% de notre ressource provient de la recette pétrolière. En même temps que nous avons comptabilisé pour 2015 de recettes pé‐ trolières, nous avons aussi comptabilisé des dé‐ penses liées au manque à gagner qu’on pour‐ rait constater aux subventions de l’Etat dédiées à la pompe. Ces deux éléments pour l’instant, permettent un équilibre mais nous voulons sui‐ vre l’évolution pour justifier le cas échéant, la soumission d’un collectif budgétaire ou d’une loi rectificative à l’Assemblée nationale. Pour l’instant, nos prévisionnistes, nos différents acteurs en charge de la surveillance de notre éco‐ nomie, suivent l’évolution du prix du baril qui n’a pas encore fini de se stabiliser. Et à la suite de ces éléments, nous pourrions donc valable‐ ment, et de manière pertinente et objective, re‐ venir vers les instances qui déterminent les dif‐ férentes politiques macroéconomiques pour proposer d’éventuelles rectifications. Voilà en sorte ce que nous avons pu discuter. Et nous pouvons aussi dire au public que la situation de la Sonara a été également un élément d’analyse approfondie de cette mission. Ceci pour véri‐ tablement s’assurer de sa viabilité financière et des mesures qui doivent être prises. Le but est de redonner à cette société toute la lucidité né‐ cessaire du fait de la titrisation réalisée dans le passé et du fait du manque à gagner. Autant de véritablement constatées sur le terrain. Certai‐ nement, cela n’échappera à personne. Les contraintes sécuritaires sont des aspects qui font qu’aujourd’hui dans notre sous‐région, le Ca‐ meroun avec plusieurs pays voisins, est engagé dans la lutte contre les différents phénomènes tels que Boko Haram. Les mesures pour ac‐ compagner le plan budgétaire vont vers la ré‐ duction du train de vie de l’Etat, l’allocation beaucoup plus vers l’investissement public, l’al‐ location des ressources pour soutenir l’effort de guerre. Nous pensons que notre économie tient le coup pour l’instant et il continuera avec les mesures qui sont envisagées pour accom‐ pagner l’action des forces de maintien de l’or‐ dre pour préserver la paix, la stabilité et la sé‐ curité. Sans la paix, il est difficile d’envisager des programmes économiques ou de développe‐ ment pour améliorer les conditions de vie des populations. Concernant les perspectives économiques en 2015, avez-vous abordé la question avec la Cemac? Les perspectives économiques s’inscrivent dans un contexte de réduction du prix du baril du pé‐ trole. Mais, nous restons positifs puisque pour 2014, la Cemac prévoit une augmentation de 5,7%. En 2013, nous avons eu 5,3%. Nous vou‐ lons maintenir les efforts pour atteindre 6,3% en 2015. Ce qui demande des efforts importants à faire dans le sens de l’investissement, de la pro‐ duction, de l’assainissement du climat des af‐ faires au Cameroun. Ceci va attirer davantage les investisseurs étrangers et susciter à l’intérieur des investissements, plus d’emplois. Nous sommes conscients des défis auxquels nous sommes tous confrontés. Ce n’est pas seulement le Cameroun, c’est l’ensemble des économies à l’échelle mondiale dans un contexte peu favo‐ rable. Ces économies font face aux différents dé‐ fis et nous voulons poursuivre les actions de re‐ forme engagées par le Cameroun. Elles sont en‐ tre autres l’assainissement de la dépense pu‐ blique, les actions de la maîtrise des dépenses publiques, les actions de renforcement de l’in‐ vestissement public au profit des populations bénéficiaires. Tout ceci est de nature à faire du Cameroun, véritablement inscrit dans une dy‐ namique de croissance forte, un pays qui va vers l’émergence. En quoi a consisté votre mission au Cameroun? Nous sommes là dans le cadre d’une mission de la Cemac sur la surveil‐ lance multilatérale dont la mission a débuté depuis l’année dernière. On a eu à rencontrer les administrations concernées. Notamment les services techniques des ministères en charge de l’économie et des finances. Égale‐ ment le comité technique de suivi des programmes économiques. Nous avons également rencontré le secteur privé. Notamment la représentation du Gicam à Yaoundé, les acteurs du secteur pétrolier à l’instar de la Caisse de stabilisation des prix des hydro‐ carbures et la Sonara. Tout ceci a pour but d’examiner la situation ma‐ croéconomique de 2014 et les pers‐ pectives de 2015, de s’assurer du res‐ pect des critères de convergences de la surveillance multilatérale par le Cameroun et de faire une revue des re‐ formes structurelles mises en œuvre pour l’amélioration du climat des af‐ faires. Quelles sont les recommandations principales que vous avez faites? Au niveau de la situation et des pers‐ pectives macroéconomiques pour 2015, malgré un contexte international peu favorable marqué par la chute du coût du pétrole et les tensions sécuri‐ taires observées dans une partie de l’Extrême‐nord et de l’Est Cameroun, la croissance de l’économie du Ca‐ meroun se consoliderait en 2014 avec un taux de croissance de 5,3% et est es‐ timée en 2015 à 5,7%. Maintenant au niveau des reformes structurelles mises en œuvre en vue de l’amélio‐ ration du climat des affaires, la mission salue les récentes initiatives mises en place par le gouvernement camerou‐ nais. Notamment la création en 2014 de trois centres de formalité pour les entreprises, la mise en place depuis juillet 2013 de la télé déclaration et éga‐ lement de la convention signée avec les opérateurs mobiles pour la «mobile taxe» en vue du paiement de la taxe foncière. Sans oublier la loi de 2013 sur l’incitation d’investissement privé. Nous exhortons le gouvernement ca‐ merounais à mettre en place des struc‐ tures qui vont accompagner cette loi. Pour ce qui est de l’impact budgétaire et économique lié à la baisse du coût du baril de pétrole, la mission a ob‐ servé depuis quelque temps, qu’il y a un flux perçu au niveau du prix réel et du prix actuellement pratiqué à la pompe. La mission recommande en vue de stabiliser l’inflation, de mieux maîtriser l’inflation et de donner une perspective aux opérateurs pour la maîtrise de leur coût de production: maintenir le mécanisme de stabilisa‐ tion du prix des produits pétroliers ac‐ tuellement à la pompe et de définir une fourchette au‐delà de laquelle le prix actuellement pratiqué à la pompe pourrait être revu ou redressé. Pour ce qui est de la revue financière vis‐à‐vis de la Sonara, au vue de la dette pu‐ blique de cette société et l’ampleur des manques à gagner dûs par l’Etat af‐ fectant sa trésorerie, sans oublier le problème de rentabilité que connait ce type d’entreprises depuis 2012, la mission recommande qu’en vue de contribuer à éponger la dette de l’Etat vis‐à‐vis de la Sonara et vue la situa‐ tion sécuritaire observée dans cer‐ taines parties du territoire camerou‐ nais, que la majeure partie autant que possible de la plus value perçue actuellement observée au niveau du prix du super et du gasoil, soit rever‐ sée à la Sonara. En vue de lui per‐ mettre de financer le plan d’extension et de modernisation des actions de la Sonara qui viendra accroître de ma‐ nière substantielle ses capacités pro‐ ductives et qui diminuerait considé‐ rablement les importations des pro‐ duits raffinés. COMMUNIQUE Alain Blaise BATONGUE et NGALIM Eugine Nyuydine au Conseil économique et social de l’Union Africaine ans le cadre de la 2ème Assemblée Générale per‐ D manente du Conseil économique, social et culturel de lʹUnion africaine (ECOSOCC), qui a eu lieu à Nairobi, au Kenya, du 18 au 22 décembre 2014, MM. Alain Blaise BATONGUE, Secrétaire exécutif du GICAM et NGALIM Eugine Nyuydine, Directeur exécutif de la Cameroon Youths and Students Forum for Peace (CAMYOSFOP), ont été élus en tant que représentants du Cameroun. Les personnalités nouvellement élues de l’ensemble des pays membres ont prêté serment mardi le 22 décembre, 2014 lors d’une cérémonie présidée par SE Erastus JO Mwencha, Vice‐président de lʹUA et S.E. Amina Moha‐ med, ministre kenyan des Affaires étrangères et du Com‐ merce international. Organe au sein de lʹUnion Africaine axé sur lʹêtre humain, lʹECOSOCC sert de cadre de réflexion permettant à la so‐ ciété civile dʹapporter ses contributions aux politiques de lʹUA. Chaque Etat membre de lʹUA est représenté par deux personnes pour un mandat de quatre ans. La structure de l’ECOSOCC comprend : Une Assemblée générale ; Un Comité permanent ; Des groupes sectoriels; et un Comité de vérification des pouvoirs. Les groupes sectoriels, dix au total, créés en tant que mé‐ canismes opérationnels clés de l’ECOSOCC, visent à four‐ nir des conseils et apporter des contributions aux poli‐ tiques et programmes de l’Union Africaine. Il s’agit de : Paix et sécurité ; Affaires politiques ; Infrastructure et éner‐ gie ; Affaires sociales et santé ; Ressources humaines, science et technologie ; Commerce et industrie ; Econo‐ mie rurale et agriculture ; Affaires économiques ; Genre Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net et questions connexes ; Programmes intersectoriels. Messieurs Alain Blaise BATONGUE et Eugine Nyuydine NGALIM remplacent, comme représentants du Came‐ roun, Me AKERE MUNA le Président sortant d’ECO‐ SOCC ; Me Charles NGUINI et M. Gabriel ONDOUA ABAH, membres de l’Assemblée générale d’ECOSOCC. Pour informations complémentaires, merci de contacter: ‐ NGALIM Eugine Nyuydine, Executive Director CAMYOSFOP;Tel: 677 32 93 61 Email: [email protected]; [email protected] ‐ Alain Blaise BATONGUE, Secrétaire Exécutif ‐GICAM;Email: [email protected] Intégration N°172 PANORAMA/ CONTRE-ENQUÊTE 11 Cameroun : le scandale Huawei AU SUD SOUDAN Depuis une dizaine d’années, l’essentiel des marchés publics dans le secteur des télécoms est attribué, sans appel à concurrence, au constructeur high‐tech chinois en violation de la réglementation sur les marchés publics. En plus, la qualité des travaux exécutés laisse souvent à désirer. Huawei pointé du doigt a multinationale Huawei opère en quasi monopole dans le secteur des télécoms au Cameroun. Installé dans le pays depuis pratiquement 10 ans, l’équipementier télécom se voit at‐ tribuer, sans appel à concurrence, l’essentiel des marchés publics dans le secteur pour un montant cumulé dépassant les 500 mil‐ liards de francs CFA. Parmi les projets les plus connus du grand public, il y a la réalisation des ré‐ seaux CT phones et l’implémen‐ tation de la technologie CDMA utilisée par les CT phones (coût non révélé); la pose de la fibre op‐ tique (60 milliards de francs CFA); et plus récemment, l’exécution du marché de mise en place d’un système de vidéo surveillance ur‐ baine (coût non dévoilé). Les montants d’autres marchés mal connus du public donnent le tournis. Il s’agit notamment du projet NBN (National Broadband Network), dont les phases I et II auraient coûté aux contribuables camerounais respectivement 100 et 200 milliards de francs CFA. A l’is‐ sue du conseil de cabinet du mois de juillet 2014, on a encore appris que «Camtel a été autorisée à signer avec son partenaire technique Huawei Technologies un Memorandum of Understanding (MoU) pour la pose d’environ 4000 Km de fibre optique supplémentaires». Coût du mar‐ ché: 50 milliards de francs CFA; une fois de plus sans appel à concurrence! Alors que la régle‐ mentation sur les marchés pu‐ blics oblige l’appel à concurrence dès que le marché dépasse 50 millions de francs CFA. Ces projets ont également pour point commun qu’ils ont pour maître d’ouvrage Cameroon Te‐ lecommunications (Camtel), la so‐ ciété publique de télécoms. Tous ces projets sont financés par un en‐ dettement du Cameroun auprès d’Exim‐Bank Chine et ont une rentabilité très mitigée. Au minis‐ L tère des Postes et Télécommuni‐ cations, tutelle de Camtel et pilote du dossier Huawei, c’est l’omerta. Un haut responsable proche du dossier accepte néanmoins de par‐ ler sous le couvert de l’anony‐ mat. Il explique: «Si vous essayiez de voir, vous allez remarquer que tous les travaux que Huawei fait au Ca‐ meroun résultent de la signature des conventions entre le Cameroun et la Chine. Cʹest ce qui peut expliquer aussi que tous les marchés opérés par Huawei se fassent selon la procédure de gré à gré». Approché, Huawei a refusé de répondre à notre ques‐ tionnaire. (Voir encadré) Tonneau de Danaïde Ainsi consolidée dans son mono‐ pole, l’entreprise chinoise n’a pas obligation de résultats. Et cela se ressent dans la qualité des travaux qu’elle réalise. Des experts poin‐ tent nombre de problèmes tant sur la construction du réseau porteur du pays que sur le projet de mise en place d’un système de vidéo surveillance urbaine à Yaoundé (voir article ci‐dessous). A Camtel, on parle pourtant de Huawei comme d’un «partenaire straté‐ gique». Ce qui n’empêche pas la Banque mondiale (BM) d’émettre des réserves sur la capacité de l’opérateur historique des télé‐ coms à pouvoir rentabiliser la technologie 3G qu’elle exploitera dès 2015, grâce à la licence que lui a délivrée le gouvernement ca‐ merounais l’année dernière. Le rapport de la Banque mondiale daté de novembre 2014, dont des extraits ont été révélés par l’heb‐ domadaire camerounais «Repères» édition du 3 décembre 2014, est davantage plus tranché en ce qui concerne l’exploitation de la tech‐ nologie CDMA conduite par Hua‐ wei: «Camtel se contente d’offres minimum et de mauvaise qualité. L’entreprise n’a pas su exploiter la technologie CDMA qui est équiva‐ lente à la technologie 3G», dénonce l’institution de Bretton Woods. Normal que Camtel, l’opérateur public des télécoms au Came‐ roun, se comporte comme un ton‐ neau de Danaïde. En effet, malgré les investissements de l’Etat en fa‐ veur de Camtel, la situation fi‐ nancière de cette entreprise pu‐ blique est caractérisée par «une structure financière fragile, des cash‐ flows insuffisants» et, surtout, un «déficit chronique de trésorerie né d’un besoin en fonds de roulement impor‐ tant, accentuant la flexibilité et la dé‐ pendance financière» de l’entreprise, constatait en octobre dernier l’agence de notation financière panafricaine Bloomfield Invest‐ ment. Aboudi Ottou CHEZ HUAWEI CAMEROUN Interrogatoire et refus de communiquer uawei n’a pas donné suite à notre demande d’interview. H Rendu ce vendredi 23 janvier 2015 au siège de la multinationale chinoise, sis à la rue 1794 au quartier Bastos à Yaoundé, Selina Wang Xin, la chargée des relations publiques en poste se montre très mé‐ fiante. «Depuis combien de temps votre journal existe‐t‐il? Travaillez‐vous souvent avec l’ambassade de Chineau Cameroun? Vous voulez dire des choses positives ou négatives sur Huawei? Qui avez‐vous d’abord rencontré avant de venir ici? …» mitraille‐t‐elle, avant de nous exiger un protocole d’interview. Nous nous exécutons. Nos questions portent en gros sur la situation de monopole dont jouit Huawei au Cameroun. Nous souhaitons aussi une réaction de l’entreprise sur les critiques de la Banque mondiale, notamment concernant la mauvaise exploitation de la technologie CDMA implémentée par Huawei au Cameroun. Mais au lieu d’une réponse à nos questions, nous recevrons plus tard un coup de fil disant que si nous ne dévoilons pas les personnes avec lesquelles nous avons échangé avant de nous rendre à Huawei, nous n’aurons pas d’information de l’entreprise chinoise. Il en sera ainsi. Les défauts en images La mise en place d’un système de vidéo surveillance urbaine récemment réalisés par Huawei a été examiné par des experts à Yaoundé. Voici quelques anomalies décelées. La Fondation n'a pas prévu des réservations pour le passage des câL’armoire de batterie et d‘accumu- bles. Il devient donc inévitable de lateur travaille en température détruire ladite fondation ce qui afquasi-ambiante, ce qui est dange- fecte le poteau de sécurité et l’inreux pour leur durée de vie. tégrité même du système. Les boulons exposés à l'extérieur, n’ont aucune protection. Ils peuvent facilement rouiller et se détruire, affectant de facto la sécurité publique. L’armoire de batteries solaires installées dans la rue trop près de la route. Pourtant si un véhicule s’y écrase, il y a un risque d’explosion. Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net En octobre 2014, le ministre sou‐ danais de l’Information et de Ra‐ diodiffusion a dénoncé des pratiques mafieuses de l’entre‐ prise privée chinoise pour retarder la migration numérique TV dans son pays. ’est un ministre soudanais de l’Information et Radiodiffu‐ sion courroucé qui saisit son collègue des Affaires étrangères en octobre dernier. Le ton est grave et les accusations contre l’entreprise chinoise Huawei sont gravissimes. Dans une corres‐ pondance datée du 14 octobre 2014 en effet, Michael Makuei Lueth, membre du gouverne‐ ment en charge de l’Information, raconte une histoire hallucinante à Barnaba Martial Benjamin son collègue des Affaires étrangères. «Camarade, nous avons récemment découvert une faute lourde commise par l’entreprise privée chinoise (Huawei). Huawei a essayé d’envoyer, en mon nom, un faux document à l’Honorable Li Ruogo, président d’Eximbank Import‐ Export de Chine. Le but de cette lettre était l’ajournement du financement du pro‐ jet de migration numérique TV», écrit Michael Makuei Lueth. Le ministre de l’Information poursuit: «Le 3 octobre 2014 à 10h 48, nous avons reçu un e‐mail de M. Suli‐ van Chen de l’entreprise Huawei. Cet e‐ mail a été envoyé au directeur général de l’Information, M. Paul Jacob Kumbo. Après que M. Paul ait reçu le document, il m’a fait un rapport. C’est difficile de ti‐ rer des conclusions, mais je suis convaincu que la raison pour laquelle le document a été envoyé au ministère était d’être imprimé avec l’entête du ministère, y compris la signature et le cachet pour qu’après, il soit envoyé en Chine.» Pour Makuei Lueth, il s’agit là, ni plus ni moins, de faux et usage de faux de la part de Huawei dans le but de «créer la confusion» en‐ tre le gouvernement sud‐sou‐ danais et son partenaire financier chinois. De plus, ce ministre sus‐ pecte Huawei d’être coutumier du fait. Pour lui, il ne fait aucun doute que l’entreprise «a coutume de pirater les e‐mails d’autres membres de gouvernement et de falsifier des do‐ cuments au nom des membres du gou‐ vernement haut placés». Makuei Lueth explique à son col‐ lègue qu’à la date du jeudi 9 oc‐ tobre 2014, il a convoqué le di‐ recteur exécutif de l’entreprise chinoise pour obtenir des expli‐ cations. Mais, sa convocation est restée lettre morte. Ce jeudi‐là, c’est le directeur de l’Information lui‐même qui avait appelé au té‐ léphone «un certain Chen» afin qu’il se présente au ministère le lendemain. Sans succès. «Ceci, conclut le ministre de l’Information, est révélateur des mauvaises intentions de cette entreprise vis‐à‐vis de notre gou‐ vernement et des populations du Sud Soudan». Raison pour laquelle, il suggère au ministre des affaires étrangères qu’une «investigation sérieuse» soit menée contre Hua‐ wei pour établir «ses sales actes malicieux». Bien plus, «M. Sulliven Chen doit être exploité et être jugé; dé‐ porté du Sud Soudan en Chine». Enfin, «l’ambassade de Chine doit être informée des agissements de Huawei contre le Sud Soudan et son peuple». C Bobo Ousmanou 12 PANORAMA/ LIBRES PROPOS RDPC: la mafia torpille l’opération «Placement des cartes de membres» Bienvenu Bitom Tjomb jette un regard froid sur le processus en cours au sein du parti de Paul Biya. Le président de la sous‐section RDPC de Yabi I, ancien 1er Adjoint au maire de Messondo, ancien membre du bureau national OJRDPC et actuellement conseiller municipal à la Commune de Messondo (région du Centre, Département du Nyong‐et‐Kelle), parle aussi d’autres aspects de la vie au sein de cette formation politique. Mon militantisme au sein du RDPC Nous sommes de la Section du Nyong et Kellé Ouest qui a éclaté en deux Sec‐ tions (Ouest 1 et Ouest 2); vu les résul‐ tats de la dernière présidentielle de 2011 et du double scrutin de 2013, nous sommes classés première sous‐section dans l’arrondissement de Messondo. Nous sommes toujours la sous‐section qui donne plus de voix au RDPC que les autres. Statistiquement, nous avons eu 81,17% à la présidentielle de 2011, 76,26 % double scrutin du 2013 et aucun de nos bureaux de vote n’a été en‐deçà de ce score. Donc, la sous‐section se porte très bien de façon générale. Dans le ca‐ dre de l’opération de placement des cartes du parti dans notre sous‐section, nous sommes à la seconde phase qui a débuté le 18 janvier 2015 par une tour‐ née dans les comités de bases. La pre‐ mière phase ayant eu lieu le 27 décem‐ bre 2014 en présence du président de la section, premier jour de la réception des cartes. Il faut mentionner qu’à Yabi I, nous avons des couches défavorisées qui militent dans le Parti. La sous‐section re‐ gorge des pygmées qui constituent pourtant un électorat important. Il y a un problème au niveau de la normalisation de leur adhésion puisque ce sont des gens qui n’ont pas de moyens financiers. C’est un problème sérieux pour notre Parti. sition reconnus de la majorité prési‐ dentielle. En plus, dire que le montant à débourser est passé de 200 francs Cfa de cotisation annuellement à 1 000 francs Cfa c’est très exagéré. Je le dis sur la base de la réalité sur le terrain. Il y a des gens dont les revenus sont franche‐ ment modestes et cet état de choses sug‐ gère que, forcément, il y aura des mili‐ tants qui ne pourront pas acquérir des cartes du Parti eu égard à la taille de L’opération de mise à jour du fichier leurs revenus or ce sont des militants qui des militants dans votre parti nous votent régulièrement. lever le doigt et si à la fin c’est ceux‐là qui constituent la majorité, cette option est validée même si c’est contre les lois de la république. Cela amène à penser que si ceux qui sont pour la mise à mort de tel ou de tel sont majoritaires, alors on est exécuté. Mais j’estime que le SG et le Président National ont pris acte de tout cela, raison pour laquelle nous conti‐ nuons de travailler pour la vie de notre Parti et la Paix si chère aux Camerounais. opération. Seulement, dans la rubrique de répartition des tâches, la circulaire du Secrétaire Général du Parti a ignoré les présidents des sous‐sections, l’élite mi‐ litante et les coordinations départe‐ mentales. Certains présidents de Section ont pensé que nous sommes à la veille du renouvellement des organes de base au point où ils se sont accaparés du pro‐ cessus en mettant en marge même leur membres de bureau, l’élite militante et les présidents de sous‐sections, ce n’est pas normal, on ne doit pas être juge et partie. Et pourtant, une opération de cette envergure nécessite un déploiement total de toutes les intelligences du Parti. Personnellement, j’ai eu la chance d’être impliqué par mon président de sec‐ tion, mais qu’en est‐il des autres prési‐ dents de sous‐sections? Autres choses: les délais impartis pour conduire la mise à jour du fichier militant. J’estime qu’il est très court parce que deux mois sont lar‐ gement insuffisants. C’est dans ce cadre qu’il faut examiner la possibilité de cal‐ quer le modèle des inscriptions sur les listes électorales pour permettre que tous les militants puissent s’inscrire. Parce que si on boucle le processus au 31 janvier 2015, ce serait comme si on s’employait à exclure plusieurs mili‐ tants qui n’auraient pas eu le temps et les moyens financiers de normaliser leur adhésion. Et en cela, d’aucuns pourrait objecter que le Parti est incapable de re‐ faire un fichier de trois millions d’adhé‐ rents sur les 05 millions qui ont élu le président national en 2011à la prési‐ dentielle. Or ce dernier a été élu par les suffrages qui reflètent les chiffres conte‐ nus dans les registres du Parti, malgré le soutien de certains Partis de l’oppo‐ En tant que camarade du parti RDPC, en même temps que je n’accuse pas ceux qui lui ont confié cette charge, je me dois de lui adresser mes félicitations. Mais si j’avais été là, je n’aurais pas voté pour lui pour quatre raisons. La première est que le camarade a transformé les CVUC en une association des maires alors que c’est d’abord une association des communes. Deuxièmement, pendant ses deux pre‐ miers mandats, il a opté pour le trans‐ fert des marchés aux communes en mettant en arrière‐plan le transfert des compétences. Or dans les communes, c’est d’abord cet aspect qui est important. Troisième chose, on n’a pas senti ce ca‐ marade bagarrer pour le salaire des maires. Parce que parmi les élus du peu‐ ple de notre pays, seul le maire n’a pas de salaire. La réalité montre qu’il n’y a pas un seul maire au Cameroun qui a 100 000 francs Cfa d’indemnités men‐ suelle. Alors que contrairement aux dé‐ putés et sénateurs, le maire est travail tous les jours ouvrables et mêmes les week‐ends, ils sont obligés de créer des rubriques de dépenses insensées voire fictives. Et vous entendrez qu’un maire a 10 millions de carburant pour combler les trous des nombreuses sollicitations dont ils sont l’objet. J’avais 26 800 francs Cfa d’indemnités. Je ne pourrais finir mon propos sans pré‐ senter mes vœux les meilleurs à Son Ex‐ cellence Paul Biya ainsi à tous ceux qui lui sont Chers, à tout le canton Yabi qui attend impatiemment la création de son Unité Administrative et à ma famille qui fait des énormes sacrifices par rap‐ port à mon engagement politique dans le RDPC. Bienvenu Bitom Tjomb M. Emile Andzé Andzé, le maire de la commune de Yaoundé 1er a été Personnellement, je dois dire que je Nos propositions pour décoincer réélu à la présidence des communes suis pour une conduite équitable de cette l’opération et ville unies du Cameroun (CVUC) politique Tout en étant d’accord sur le principe de l’opération actuellement en cours, je pense que le SG de notre Parti doit prê‐ ter une oreille attentive à la base. Et puis, pourquoi ne pas consacrer toute l’année 2015 à refaire le fichier des militants et puis enchaîner l’année suivante avec le renouvellement des organes de base? De plus, exclure les élites comme on l’a fait revient à ignorer la vérité du RDPC qui est que c’est l’élite qui soutient la base de notre Parti. Je pense qu’il faut reconsi‐ dérer tout cela. Vous avez été sanctionné par la hiérarchie de votre parti tout récemment. Un mot sur le régime de sanctions au sein de la formation politique dans laquelle vous continuez de militer… J’ai effectivement été sanctionné par un blâme et je m’abstiens d’interpréter ce qui est arrivé à beaucoup d’autres cama‐ rades. Mais, par rapport à ces sanctions, je dois dire que les délégués du Comité Central n’ont pas fait leur travail. Car comment expliquer qu’un délégué puisse sanctionner un militant parce que ce dernier n’a pas été en phase avec l’hu‐ meur de l’arbitraire? Figurez‐vous que pour mon cas, mon délégué du Comité Central a refusé le respect de la loi. Moi, j’ai dit tout haut que le maire doit être élu au scrutin majoritaire à deux tours. Et c’est juste cela qui m’a valu une sanction. Par ailleurs, je pense que lorsque ces dé‐ légués du arrivent à la base, ils roulent selon leurs humeurs et non selon les textes et les instructions du président Na‐ tional, en demandant par exemple à ceux qui sont d’accord sur tel ou tel point de Hebdomadaire n°172 du Lundi 26 Janvier 2015 / www.journalintegration.net Intégration N°172 Aux artistes camerounais Malheur à celui qui prend ses sandales lorsque la belligérance et le scandale tourmentent le grand Nord agité. 2015» frappe à la porte du grand Nord habillé « en couleur rouge vif du sang de pauvres in‐ nocents qui n’ont jamais demandé à naître mais qui soudain, deviennent la cible de la maladresse de quelques meurtriers. Le sang coule et Satan, le malin, sourit. Les munitions noir‐sombre trans‐ percent les chairs, la mélancolie colonise les cœurs, les enfants regardent papa, chevalier du Ba‐ taillon d’intervention rapide (Bir), soldat marty‐ risé en guerre, qui ne reviendra plus, sinon dans un linceul estampillé vert‐rouge‐jaune pour re‐ tourner poussière… Et lorsque les bruits sinistres des kalachnikovs ru‐ gissent dans le grand Nord, les compatriotes du grand Sud jouent parfois au sourd‐muet. Qui sont ces concitoyens insensibles et glaciaux aux cris de larme de leurs compatriotes qui gémissent le châ‐ timent satanique? Qui sont ces Africains qui sou‐ dain, deviennent «Charly» pour une douzaine de morts de l’outre‐mer mais qui sont non‐voyants aux milliers de têtes rendues poussière dans les ré‐ publiques bananières? Peut‐être faudrait‐il com‐ patir du fait de l’humanité et de l’humanisme, mais il ne faudrait tout de même pas oublier que la ca‐ lamité guette les voyageurs qui font tellement le tour du monde au point d’oublier de faire le tour d’eux‐mêmes. Qui sont ces esclaves qui n’ont plus rien, qui ont perdu leurs libertés et même leur pro‐ pre servitude? Qui sont ces captifs qui s’adonnent incessamment à leur maîtresse, madame igno‐ rance, qui ne deviendra jamais bonne? Où sont nos artistes musiciens? La course affolée vers les canaux d’or et le canal d’or les a‐t‐il rendus insensibles aux complications et aux tourments du maintenant et de la circons‐ tance? Charles Maurras ne disait‐il pas que les ar‐ tistes apportent au monde une liste de doléances et un plan de reconstruction? En ces moments mo‐ roses et d’agonie, la musique camerounaise ne pourrait‐elle pas se passer du vide pour crier ne serait ce qu’une seule fois l’angoisse, pour entonner le chant de l’espoir et pour aspirer à la liberté comme ce fut le cas dans les Antilles ou encore dans Harlem ségrégationniste et conflictuelle? Le livre saint n’est‐il pas assez lucide pour expliciter la parabole des talents? Qui sont ces compositeurs et ces arrangeurs ma‐ nifestes qui soudain, deviennent inféconds et stériles lorsqu’il est question de penser une seule seconde à des chants de ralliement, des cris d’union et des appels de compassion pour ceux qui ressentent la douleur de la colombe blessée? Malheur à qui prend ses sandales, lorsque la bel‐ ligérance et le scandale tourmentent le grand Nord agité, honte au chanteur qui se mutile et s’en va, chanteur inutile par la porte de la cité… Où sont les artistes acteurs de cinéma et de théâtre? Les voilà qui s’en vont, acteurs déboussolés, en quête de scènes horribles de fornications abon‐ dantes. Les voilà isolés, humoristes individualistes qui s’accaparent maladroitement des scènes de cha‐ grin pour se faire propriétaire de fric. Ne sont‐ils pas embarqués dans la même douleur que ceux du septentrion qui dorment un œil ouvert par crainte de l’ennemi qui surgit? Le film sacrificateur et attristant qui prend les peuples du grand Nord comme des figurants sacrifiés, n’est‐il pas une source d’inspiration pour produire? Ne sont‐ils pas comme Paul Dakeyo, les inlassables rebelles, les amis, les frères et les amants des hommes qui meu‐ rent dans les brousses (septentrionales)? Où sont nos artistes de cinéma et de théâtre? Ne savent‐ils pas qu’ils sont des artistes et que l’art (comme chez André Gide) n’aspire qu’à la liberté que dans des périodes malades? Où sont‐ils? Seraient‐ils dans l’aisance et dans la suffisance, sceptiques face à la masse endolorie qui ne demande plus qu’à écouter la chanson à l’unisson des voix de la commisération? Ne savent‐ ils pas que la colombe, symbole de la paix, est ago‐ nisante et n’attend plus qu’à être ravivée par les chants en cœur des compatriotes qui compatissent? L’art permet le désarmement, parce qu’avant de porter une arme, les hommes sont des hommes, dans la condition humaine. Hector Flandrin Nombo