Section britannique - Collège et Lycée International de Saint

Transcription

Section britannique - Collège et Lycée International de Saint
Saint-Germain, le lundi 26
mars 2012
SECTION BRITANNIQUE
«
Histoire
istoire des Arts
rts
DNB SESSION 2012
»
Le Cardinal de Richelieu par Philippe de Champaigne,
1636
Philippe de Champagne ou plutôt Champaigne est un peintre né à Bruxelles le 26 mai 1602,
mort à Paris le 12 août 1674. Bien que d'origine flamande, on peut le ranger et on l'a rangé
quelquefois dans l'école française, car il a passé en France la plus grande partie de sa vie, il
s'y est fait sa manière et y a laissé pour ainsi dire toutes ses oeuvres. Il commence par étudier
à Bruxelles sous deux maîtres obscurs, Jean Bouillon et Michel Bourdeaux; puis sous Jacques
Foucquier ou Fouquières, le paysagiste.
En 1621, à l'âge de dix-neuf ans, il vient à Paris, faisant route pour l'Italie, nous dit-on. Il travaille
quelque temps chez Georges Lallemand, peintre lorrain, qui avait alors une certaine
réputation, mais qu'il dut quitter bientôt pour pouvoir interroger librement la nature. Il avait
déjà du talent dans le portrait, comme dans le paysage. Un de ses premiers succès semble
avoir été le portrait du Général Mansfeld (vers 1624). A cette époque ou peu avant, il avait
eu occasion de faire connaissance avec Nicolas Poussin, logé ainsi que lui au collège de
Laon. Les deux amis furent employés ensemble par Duchesne, peintre en titre de la reine
mère, Marie de Médicis, aux travaux de décoration du palais du Luxembourg. Mais Poussin
s'en dégoûta vite. Philippe de Champaigne fit plusieurs tableaux dans les chambres de la
reine et y gagna la faveur de Maugis, abbé de Saint-Ambroise, l'intendant de ses bâtiments.
Il revint toutefois à Bruxelles en 1627, soit que Duchesne ait vu de mauvaise grâce ses succès,
soit plutôt que son père l'ait rappelé pour divers travaux. Mais l'absence ne fut pas longue;
car Duchesne étant mort, l'abbé de Saint-Ambroise lui écrit aussitôt de la part de la reine,
pour lui offrir cette place, avec logement au Luxembourg et 1200 livres de gages. Philippe de
Champaigne fut de retour à Paris le 10 janvier 1628, et vers la fin de l'année (30 novembre), il
épousa la fille, aînée de Duchesne, qu'il avait sans doute connue et aimée pendant son
premier séjour.
Sa situation de peintre officiel lui valut un très grand nombre de commandes. Non seulement
il continua la décoration du Luxembourg, mais il fut chargé de travaux pour divers couvents
que soutenait ou encourageait la reine mère. Une de ses premières entreprises en ce genre
fut une suite de six tableaux, dont quelques-uns seulement de sa main, pour l'église des
Carmélites du faubourg Saint-Jacques. La tâche n'était pas même terminée, qu'on le priait
d'en peindre d'autres au couvent des Filles du Calvaire, proche le Luxembourg; puis à celui
des Carmélites de la rue Chapon (1631). Philippe de Champaigne suffit à tout, travaillant très
vite ou faisant travailler sous ses ordres, et trouva même le temps, dans l'intervalle, de faire de
superbes portraits. L'exil de la reine mère n'arrêta pas le cours de ses travaux. Le roi Louis XIII le
prit à son service. En 1634, il lui demande un tableau commémoratif d'une Cérémonie de
l'ordre du Saint-Esprit tenue en 1683 et où il avait conféré l'ordre au duc de Longueville.
L'oeuvre placée aux Grands-Augustins fut trouvée parfaitement belle (c'était une réunion de
portraits), et deux des personnages representés, MM. de Ballion et Bouthillier, en voulurent
chacun une répétition. La même année, autre commande royale : tableau pour la chapelle
de la Vierge à Notre-Dame représentant Louis XIII, agenouillé devant la Vierge en Pietà au
pied de la croix. C'est le Voeu de Louis XIII, aujourd'hui au musée de Caen. Richelieu, qui
avait déjà dû employer le peintre à l'époque où il travaillait pour la reine mère, continua à
l'occuper à ses châteaux de Rueil, de Bois-le-Vicomte et surtout de Richelieu, où il aurait
voulu qu'il résidât. II lui confia également, en 1636, une partie de la décoration du PalaisCardinal. Philippe de Champaigne a fait plusieurs fois le portrait du cardinal de Richelieu,
particulièrement en 1640. C'est peut-être celui du Louvre, un chef-d'oeuvre. Le roi, la reine, le
dauphin qui allait être Louis XIV, ont aussi posé plusieurs fois devant lui, en 1642 notamment,
et à leur suite presque tous les personnages puissants du royaume. Quand Richelieu mourut,
en 1642, le peintre venait de recevoir de lui la commande des peintures du Dôme de la
Sorbonne tout récemment bâti.
Charles I Roi d’Angleterre à la chasse par Antoine Van
Dyck, 1635
Fils d’un riche marchand de textile, Antoine van Dyck est né à Anvers et est devenu peintre
indépendant en 1615. Après avoir été remarqué par son talent, il commença par être le
principal assistant de Pierre Paul Rubens entre 1610 et 1614. En 1620, il partit en Angleterre
pour la première fois mais ne réussit pas à se faire présenter au roi Jacques Ier d’Angleterre.
Quatre mois plus tard, il repartit en Flandres. Il séjourna ensuite en Italie où il étudia pendant
six ans les maîtres italiens tels que Titien et Véronèse et où il jeta les fondations de sa carrière
de portraitiste à succès. Il s’installa plus précisément à Gênes où il décora les palais
somptueux des nobles génois de tableaux religieux et de portraits dans lesquels il mettait
toujours en valeur la position sociale importante de ses modèles. En 1627, il retourna à Anvers
où il peignit une grande quantité de chefs-d’œuvre pendant plusieurs années. Sa réputation
parvint aux oreilles de Charles Ier d’Angleterre qui le rappela. En 1632, Van Dyck retourna à
Londres. Son succès en Angleterre fut rapide. Il réalisa des portraits du roi Charles, de son
épouse la reine Henriette de France et d’innombrables personnages de la cour en plus de
ses autoportraits et des portraits de sa maîtresse, Margaret Lemon. À la fin de sa vie, il se
contentait d’apporter la touche finale aux portraits peints pour la plus grande partie par ses
disciples selon ses esquisses. Il fut fait chevalier le 5 juillet 1632, et nommé premier peintre
ordinaire de Sa Majesté en 1633. Il recevait une forte pension et épousa la fille de Lord
Ruthven. Antoine van Dyck créa pour la cour d’Angleterre des œuvres dans lesquelles
s’affirme le pouvoir du roi en tant que monarque absolu. En 1634, il fit un court voyage à
Anvers et un autre en France en 1641. À sa mort, Antoine van Dyck fut inhumé à la
Cathédrale Saint-Paul de Londres. Il s'agit là d'un des chefs-d'oeuvre de l'artiste, de sa
période anglaise, à dater d'environ 1635. Il fut payé par le roi en 1638 en tant que portrait
dudit monarque "à la chasse", d'où son aspect plus aristocratique - et comme tel, infiniment
élégant et distingué - que proprement royal (on n'y trouve pas d'insignes monarchiques,
simplement une inscription). Une inoubliable leçon d'harmonie picturale entre figures
humaines (le roi et divers écuyers), animaux (cheval) et fond de paysage.
Un gentilhomme à la chasse
Comme il est écrit dans un mémoire du peintre rédigé en français vers 1638, Van Dyck peint
ici "le roi alla ciasse". Ce collaborateur de Rubens, qui s'inspira profondément dans ses
portraits équestres de l'art du Titien, invente ici une iconographie royale tout à fait novatrice.
En effet, il ne s'agit pas à proprement parler d'un portrait royal officiel.
Le roi Charles Ier vient sans doute de mettre pied à terre pour une courte halte alors que
deux pages s'occupent de son cheval. Il est donc représenté comme un gracieux
gentilhomme, un courtisan élégant tel que Baldassare Castiglione avait pu le décrire dans
son fameux traité.
Une assurance royale
Mais cet élégant portrait, malgré son apparente désinvolture, est également une image de
la grandeur royale. Comme le clame l'inscription latine Carolus.I.Rex Magnae Britanniae,
Charles Ier règne sur la Grande-Bretagne, donc sur le royaume d'Angleterre et le royaume
d'Écosse
réunis.
Le costume du roi est d'ailleurs par trop somptueux pour une simple partie de chasse :
chapeau à larges bords, bottes à revers et surtout magnifique pourpoint argenté dont le
peintre fait chatoyer l'étoffe par de savants jeux de lumière. La figure du roi est habilement
mise en valeur par le décentrement de la composition. Les serviteurs sont encore dans la
pénombre de la futaie alors que la silhouette de Charles Ier, bien éclairée, se découpe sur
l'ouverture du ciel. Le roi surplombe un paysage champêtre et maritime qui illustre la riche
diversité de son royaume. L'attitude générale est un subtil compromis entre la nonchalance
du gentilhomme et la fermeté royale. En témoignent la main fièrement posée sur la hanche
et l'autre campée sur une canne, noble attribut au même titre que l'épée qu'il porte à son
côté. La scène est vue en légère contre-plongée, accentuant le regard, mi-hautain micondescendant, du roi.
Le fondateur de l'école anglaise
On pense que ce portrait a été réalisé vers 1635, une dizaine d'années avant la fin tragique
du monarque. Van Dyck a alors quitté Anvers pour s'installer définitivement à Londres et
devenir le portraitiste officiel de la cour d'Angleterre. Ses brillants et nombreux portraits de la
noblesse britannique firent de lui le fondateur de l'école anglaise. Son art, oscillant entre
retenue aristocratique et somptuosité élégante, influença notamment Joshua Reynolds et
Thomas Gainsborough. On ne comprend pas exactement comment le tableau est arrivé en
France au XVIIe siècle. Tout du moins sait-on que la comtesse Du Barry l'avait acquis pour son
château de Louveciennes avant de le revendre à un monarque qui connut le même funeste
destin que Charles Ier, Louis XVI.