Dossier de presse Le Captif

Transcription

Dossier de presse Le Captif
présente
le scénario lauréat 2010
LE CAPTIF
de
Gwendal Quistrebert
d’après Asli Erdogan
écrit dans le cadre de
TRAVELLING ISTANBUL
5 rue de Loraine 35000 Rennes wwwclairobscu r.info
LE CAPTIF
un court-métrage de Gwendal Quistrebert
d'après une nouvelle d'Aslĭ Erdoğan
1. EXTÉRIEUR AUBE – PORT DE COMMERCE DE BREST
Un cargo est amarré au quai sous les grandes grues du port de commerce.
Un homme glisse le long de la passerelle. Il court se mettre dans l'ombre d'un
entrepôt, à l'abri des puissants projecteurs du bateau et des quais.
Tout en se cachant, il se faufile entre les containers, longe les grues du port.
C'est une ombre qui glisse jusqu'à un grillage qu'il escalade.
De l'autre côté, il emprunte le chemin caillouteux en bordure de la route qui
mène au centre de la ville.
Sous la lumière d'un lampadaire, on découvre l'homme, de taille moyenne,
vêtu d'un caban marine sur un tee-shirt vert où sont inscrites en majuscules
Q W X alternativement en rouge et jaune sur la poitrine. Il porte un sac de
toile à la main.
Il s'engage sur les grands escaliers qui montent du port vers la promenade de la
ville.
Il passe devant les grilles du palais de justice.
2. INTÉRIEUR NUIT – APPARTEMENT DE ASLI
Un studio sans fenêtre hormis un soupirail muni de barreaux à travers lequel
on distingue le pneu d'une voiture garée sur le trottoir. La pluie tambourine sur
l'unique vitre de l'appartement.
La pièce est éclairée au néon donnant une lumière crue et froide. Un lit, une
commode, une table et deux chaises, un frigo surmonté d'une radio à piles et
un buffet bas sur lequel est posé un réchaud à gaz constituent le mobilier de
l'appartement.
Tous les meubles et la moquette sont encombrés de vêtements, tissus,
couvertures et quelques piles de livres, romans et autres essais universitaires.
Une reproduction du tableau "Mélancolie" d'Edvard Munch - un homme brun
assis, pensif face à la mer – est punaisé au-dessus de la table. A côté, l'affiche
de 2001, l'Odyssée de l'Espace et les yeux grand ouverts du nouveau-né qui
nous regarde.
Aslı, la trentaine, un gros pull par-dessus un jean, les cheveux ramassés sous
une serviette de bain bleue marine, repasse un tailleur vert sur la table de
cuisine protégée d'une couverture orange.
Elle pose la veste sur le dossier d'une chaise, par dessus un chemisier vert clair
à col claudine. Sur le siège une jupe assortie au tailleur et au pied de la chaise
deux bottes marron à bout rond.
Aslı recule de quelques pas pour juger de l'effet produit par cet ensemble sur
ce mannequin improvisé.
Elle enlève la serviette de sa tête. Elle a les cheveux courts coupés à la
garçonne.
3. EXTÉRIEUR AUBE – RUE
L'homme marche le long d'un mur couvert d'affiches, le col relevé de sa veste
dissimulant son visage.
Il s'arrête devant une vitrine et détaille quelques instants le reflet de son visage
noyé dans les annonces immobilières. Agé d'une quarantaine d'année peut-être
moins, les cheveux très noirs, il a la peau mate et le visage buriné. Il sourit.
Il s'éloigne, jetant de temps à autre un regard aux vitrines des boutiques
éteintes.
4. INTÉRIEUR NUIT – APPARTEMENT DE ASLI
Blottie dans un vieux fauteuil élimé, les jambes repliées sous elle-même, Aslı
lit une lettre visiblement froissée de nombreuses lecture.
Elle la replie soigneusement dans son enveloppe bleue ciel barrée d'un tampon
rouge "CONTRÔLÉ". Elle range précisément l'enveloppe au milieu d'autres
enveloppes bleues ciel dans une boîte chinoise noire et rouge brodée de fil
d'or.
Songeuse, elle demeure immobile, les mains posées à plat sur le couvercle de
la boîte.
5. EXTÉRIEUR AUBE – RUE
Le jour se lève à l'horizon de la grande avenue commerçante.
Sous le porche d'un magasin, dos à la rue, l'homme dort recroquevillé dans son
manteau. Il sert son sac de toile contre lui.
6. INTÉRIEUR AUBE – APPARTEMENT DE ASLI
Aslı est allongée sur le dos dans son lit, immobile sous les draps tendus. Aux
aguets, seuls ses yeux bougent de droite à gauche, se fixent, repartent.
Des craquements, l'aboiement d'un chien au loin et à chaque bruit son corps se
tend sous le drap du lit. Elle tend l'oreille cherchant à deviner d'où vient le
bruit. Elle se redresse sur un coude.
Elle détaille chaque objet; leur silhouette dans la pénombre semble s'animer,
s'humaniser ou bien devenir un monstre fantastique: le fer à repasser resté
debout sur la table semble donner tête à l'ensemble vert avachi sur la chaise.
Elle ferme les yeux et les rouvre presque aussitôt.
Elle se tourne dans le lit et se recroqueville face au mur.
7. EXTÉRIEUR JOUR - RÊVE
Des herbes défilent à grande vitesse. Un dos trempé de sueur court au-dessus
des herbes.
L'homme court dans un marécage. Sa jambe s'enfonce jusqu'au genou dans la
boue. Il souffle un instant, retire son pied puis repart. Il fuit toujours, se
retourne et s'écroule face contre terre.
Par dessus la poitrine d'une femme démesurément grande, vêtue du tailleur
vert et de la chemise col claudine, nous découvrons l'homme étalé à ses pieds.
Elle s'accroupit et il disparaît dans sa jupe.
Noir.
8. INTÉRIEUR AUBE – APPARTEMENT DE ASLI
La chambre sort de la pénombre.
Dans son lit, Aslı, immobile sur le dos, a les yeux ouverts. Brusquement, elle
se dresse, assise, et se lève. Elle flotte dans le tee-shirt vert marqué des lettres
QWX.
Elle se dirige vers le coin cuisine, met de l'eau à chauffer sur le petit réchaud à
gaz. Elle allume la radio posée sur le frigo.
De dos, elle s'asperge le visage d'eau fraiche dans l'évier.
Aslı se sert un thé et allume une cigarette.
9. EXTÉRIEUR JOUR – PLACE DE LA MAIRIE
Aslı, les cheveux mi-longs, se promène au soleil au milieu de la place où
jaillissent les fontaines.
L'homme marche vers elle.
Aslı offre une cigarette et du feu à l'homme.
10. INTÉRIEUR AUBE – APPARTEMENT DE ASLI
Prise d'une nausée, Aslı écrase la cigarette dans le cendrier plein de la veille.
Elle se passe le visage sous l'eau.
Aussitôt après elle se rue dans le frigo; celui-ci est presque vide. Elle en tire un
pot de miel et une plaquette de beurre.
A table, face à l'affiche du film de Kubrick, elle engloutit des tartines au miel
trempées dans son thé.
Apaisée, elle passe la main sur son ventre que nous découvrons rebondi. Aslı
est enceinte de quelques mois.
11. EXTÉRIEUR JOUR – PROMENADE
Aslı et l'homme, Nuri, se promènent main dans la main sur la promenade audessus du port.
12. INTÉRIEUR MATIN – APPARTEMENT DE ASLI
Aslı est toujours assise devant son mug de thé.
ASLI
se redressant sur sa chaise
Je suis une femme qui attend un enfant.
Elle s'adresse au petit être de l'affiche de 2001, l'Odyssée de l'Espace puis au
jeune homme mélancolique de Munch.
ELLIPSE
Une chanson passe à la radio: Mes prisons de Bashung.
...
rendez-vous sur la lande
à l'endroit où l'on s'est épris
les gens sont des légendes
mais leurs âmes prennent le maquis
dans les herbes folles tu peux courir
c'est pas un jeu
mes prisons s'évanouissent
lorsque ta peau m'appelle
à mes moments perdus
...
Aslı est à présent vêtue de la jupe verte et de la chemise col claudine.
Elle s'épile les sourcils en prenant plaisir à se faire mal.
Elle se maquille face à la glace suspendue au-dessus de l'évier de la cuisine.
Elle donne les traits de crayon avec vivacité et détermination comme une
peinture de guerre.
Aslı attrape la grande serviette bleue marine qu'elle respire.
13. INTÉRIEUR MATIN – APPARTEMENT DE ASLI
Nuri enveloppe Aslı, nue et cheveux mouillés, dans la grande serviette bleue
marine.
14. INTÉRIEUR MATIN – APPARTEMENT DE ASLI
Elle dépose délicatement la serviette sur la chaise et passe la veste du tailleur.
Elle se coiffe d'un béret de laine bleu ciel, enfile un caban beige et sort de
l'appartement en claquant la porte.
15. INTÉRIEUR MATIN – ESCALIER CAVE/APPARTEMENT
Des bougies éteintes sur chaque marche bordent les pas d' Aslı qui monte à la
lumière du jour et sort de l'immeuble.
16. INTÉRIEUR NUIT – ESCALIER CAVE/APPARTEMENT
Nuri dispose et allume les bougies sur chaque marche de l'escalier.
Accroupie en haut des marches, Aslı le regarde.
17. EXTÉRIEUR MATIN - LOTISSEMENT EN CONSTRUCTION
La route défoncée est boueuse et pleine de flaques. Les engins de chantiers
sont encore en sommeil. Au loin, on distingue la ville où les lumières sont
encore allumées.
Aslı marche de façon mécanique et petit à petit rejoint des routes et des
trottoirs plus animés et récemment goudronnés. Elle traverse un lotissement où
les maisons sont tout juste achevées, pas encore peintes, les jardins encore
encombrés de monticules de terre et de gravats.
On entend de plus en plus les bruits de la ville: les premières voitures, klaxons
et autres camions arrivant sur les chantiers.
18. EXTÉRIEUR MATIN - LOTISSEMENT EN CONSTRUCTION
Nuri, en salopette de chantier, porte des parpaings à d'autres maçons qui
construisent la façade d'une maison à peine entamée.
19. EXTÉRIEUR MATIN – RUE VILLE
Aslı traverse un rond-point. Les voitures sont plus nombreuses. Les phares
s'éteignent petit à petit.
Elle se regarde dans une vitrine. Elle se dévisage et fait la moue.
20. INTÉRIEUR MATIN – APPARTEMENT DE ASLI
Aslı est assise à la table de cuisine devant son petit déjeuner. Nuri l'embrasse
avant de sortir de l'appartement en riant.
21. INTÉRIEUR JOUR – CAFÉ
Aslı entre dans un café désert. C'est une grande salle carrelée avec une
vingtaine de tables carrées en formica rouge et noir et un long zinc bordé de
cuivre. Dans un coin, en hauteur sur une tablette, une grande télévision diffuse
une chaîne d'information en continue. Le bruit de fond de la télévision crée
l'unique ambiance sonore de ce lieu.
Elle s'installe à une table près de l'entrée. Elle est comme exposée en vitrine.
En tenue noire et blanche, trois serveurs préparent la journée en essuyant les
verres, remplissant la machine à café tout en regardant par habitude les images
qui défilent: des soldats en armes, une manifestation...
Le plus jeune agrafe des nappes en papier bordeaux sur les tables tout en
surveillant du coin de l'oeil tour à tour le téléviseur et Aslı.
22. INTÉRIEUR JOUR – MÊME CAFÉ
Le café est rempli d'ouvriers. Certains attablés finissent leur déjeuner, d'autres
prennent leur café au comptoir. La télévision est en fond sonore.
Nuri, au bout du zinc, repose sa tasse de café. Il sort une cigarette et un briquet
de sa poche. De l'autre côté de la vitre, il fume sur le trottoir.
Soudain, il disparaît de l'encadrement de la vitrine où apparaît une voiture de
police.
21 (suite). INTÉRIEUR JOUR – CAFÉ
Aslı finit sa tasse de thé.
Elle se lève et s'éloigne vers le comptoir pour réclamer un autre thé. Elle en
profite pour attraper un quotidien posé sur le zinc. Elle revient s'asseoir.
Elle parcourt rapidement le journal rempli d'articles de guerres, de violences et
de mannequins de modes. Elle repousse le journal triste et désabusée. Elle
regarde sa montre.
Elle sort un paquet de biscuits secs de son sac et l'entame mécaniquement.
ASLI
sèchement
J'ai demandé un autre thé.
GARÇON
avec lassitude
Oui madame, dès que l'eau sera chaude.
Aslı ouvre un nouveau paquet de cigarettes. Elle sort en fumer une sur le
trottoir, de l'autre côté de la vitrine.
Elle rentre et reprend un biscuit.
Son regard se perd sur la décoration vieillotte du café et s'arrête plus
particulièrement sur l'aquarium verdâtre. Puis son regard accroche une
maquette de bateau.
23. INTÉRIEUR JOUR – APPARTEMENT DE ASLI
Des coups frappés à la porte. Aslı, emmitouflée dans un gilet de laine, ouvre
au concierge de l'immeuble qui lui tend quatre enveloppes bleues ciel barrées
du tampon CONTRÔLÉ.
21 (suite). INTÉRIEUR JOUR – CAFÉ
Des coups de feu. Elle sursaute. Il s'agit de la télévision.
GARÇON
Voici votre thé. Excusez-moi j'ai dû en refaire...
ASLI
levant brusquement la tête
Je n'en veux plus.
GARÇON
Pardon? Mais vous...
ASLI
Je n'en ai plus envie. L'addition s'il vous plaît.
Elle fixe le garçon dans les yeux, la tête légèrement inclinée, les mains posées
à plat sur la table.
Le jeune homme la considère un instant, hausse les épaules et tourne les
talons. Les mains toujours plaquées sur la table, Aslı tourne la tête vers la rue.
24. INTÉRIEUR JOUR – INTÉRIEUR APPARTEMENT ASLI
Les mains plaquées sur la table de cuisine, Aslı fixe la reproduction du tableau
de Munch.
21 (suite). INTÉRIEUR JOUR – CAFÉ
Le garçon vient poser l'addition sur la table. Aslı ne bronche pas, la tête
toujours tournée vers la rue.
Elle essuie rapidement des larmes sous ses yeux. Puis soudain, elle vérifie
l'heure sur sa montre, attrape son sac, en sort une enveloppe bleue ciel déjà
ouverte et jette un coup d'oeil rapide à la lettre. Elle ramasse le paquet de
biscuits, ses cigarettes et se lève.
Elle rajuste sa jupe et boutonne son manteau.
Les serveurs la regardent passer lentement la porte. Le béret de laine est resté
sur la table.
GARÇON
Elle a oublié son chapeau.
GARÇON 2
sans détourner la tête de la télévision
Qui?
GARÇON
Ben..., la femme à la fenêtre!
25. EXTÉRIEUR JOUR – PALAIS DE JUSTICE
Aslı se tient debout, immobile, son sac à main serré sur le ventre, sur le trottoir
de l'autre côté de la rue, en face du tribunal.
Soudain, Nuri menotté, encadré de deux policiers, descend le grand escalier.
Il voit Aslı. Le temps se fige. Tout est silencieux. Il la regarde.
Aslı baisse son sac, déboutonne son manteau, en écarte les pans et découvre
son ventre arrondi. Elle se tourne de profil, le menton redressé, fière, les
larmes au bord des yeux.
Nuri esquisse un sourire triste et fier.
Les policiers le pressent vers un fourgon de police et le poussent à l'intérieur.
Il se cogne le front.
Aslı regarde le fourgon s'éloigner. Elle se frotte le front puis se protège le
ventre de son manteau. Elle se met en route dans la direction opposée,
marchant au rythme de battements de coeur qui résonnent de plus en plus fort.
NOTE D'INTENTION
Adaptation d'une nouvelle...
Une adaptation c'est avant tout la rencontre d'un texte et d'un auteur, d'un
univers à un moment particulier. Une invitation à un voyage plus ou moins proche de
soi. On se projette, on s'identifie, on se confronte, on discute, on se reconnaît... Petit à
petit notre propre univers parvient à dénicher quelque interstice par où se glisser puis
on s'installe, on est chez soi, alors on accommode, on aménage, on arrange et on
invente un nouveau lieu.
A la première lecture, le texte d'Aslı Erdoğan m'a touché, me semblait à la
fois familier et très éloigné; proche par les thèmes - la liberté, l'amour, la vie, la mort
- et lointain par le quotidien de cette femme enceinte et unie à un prisonnier
condamné sans doute en Turquie. Mais j'ai d'abord été sensible à cette mélancolie qui
tend toute la nouvelle. C'est ce sentiment rendu tangible par la description précise du
quotidien de cette femme qui m'a attiré et donné envie de filmer son for intérieur.
A partir de ce sentiment, je me suis approprié cette histoire d'amour et je l'ai
transposée dans mon univers. L'action se déroule à Brest, un port, une ville sur
l'horizon. L'homme est un sans-papiers: il débarque clandestinement et commence
une nouvelle vie avant d'être renvoyé dans son pays. Nous ne connaissons pas son
histoire même s'il est vraisemblablement un réfugié kurde. Tout est suggéré
notamment par ce tee-shirt vert frappé des trois lettres de l'alphabet kurde interdites
par les autorités turques.
Enfin, je me suis concentré plus particulièrement sur l'histoire de ce couple à
la fois éphémère - quelques mois seulement de vie à deux - et éternel au regard de
leur amour et de l'enfant à naître. Là encore, les situations et les sentiments de
l'homme et de la femme sont esquissés à travers des tableaux dans un montage
alterné de flash-back afin de préserver la sensation impressionniste de la nouvelle.
Les flash-back ne seront pas appuyés, ni traités différemment du reste du film
pour demeurer dans le présent des pensées d'Aslı . Les repères de temps seront
indiqués par des détails tels que le tee-shirt vert ou les cheveux longs d'Aslı dans le
passé.
D'autre part, le montage en parallèle ou en miroir (séquences de la vitrine,
position de sommeil...) nous permettra de suivre la progession de la relation et la
naissance du couple, de pénétrer leur intimité, et de créer une tension jusqu'au
dénouement.
Le montage alterné tentera de nous faire sentir l'absence de Nuri mais aussi le
cheminement d'Aslı. Ses sentiments et son agitation intérieure seront également
figurés par les décors: l'intérieur encombré et fouillis de l'appartement opposé au
monde extérieur du café vaste et vide. Dans ce sens, la reproduction du tableau de
Munch traduira à la fois la mélancolie et son lien à Nuri, et l'affiche de 2001,
l'Odyssée de l'Espace concrétisera sa grossesse et sa relation à l'enfant qui va naître.
A l'image, nous serons au plus près d'Aslı, en plan serré et gros plan. Ses
actions seront détaillées. A plusieurs reprises, nous adopterons son point de vue,
isolant un élément du décor. Puis petit à petit, au cours de la séquence dans le café,
nous nous éloignons et devenons spectateur impuissant du dénouement jusqu'à
basculer du point de vue de Nuri.
Pour Nuri, le rapprochement sera progressif, le cadre se resserrant au fur et à
mesure que nous le découvrons. D'abord en plan large, de dos, il est dans l'ombre.
Puis il vient à la lumière et entre dans le cadre plus serré d'Aslı. Enfin c'est à travers
ses yeux que nous voyons Aslı lui montrer l'évolution de sa grossesse.
La lumière du film sera réaliste. L'appartement éclairé principalement au néon
sera froid. Seuls les moments passés avec Nuri seront réchauffés par la lumière
orangée d'une petite lampe de chevet. Le café et les extérieurs seront traités en
lumière du jour. Nous essaierons de privilégier une lumière hivernale (notamment
pour le trajet d'Aslı). Encore une fois, les moments partagés par le couple seront
filmés au soleil de midi (la rencontre, la promenade...). J'aimerais que la scène finale
se déroule sous un soleil éclatant.
A la fin du film, la présence de l'enfant assure la pérennité de l'histoire du
couple. Invisible, il vivra par le son des battements de son coeur qui progressivement
empliront la salle.
La bande sonore sera une donnée essentielle du film où les dialogues sont
quasi inexistants. La bande son nous donnera à voir l'état intérieur de chacun des
personnages. La séquence d'insomnie et d'angoisse d'Aslı en plan fixes et posés vivra
au son. De même, au café, l'univers intérieur d'Aslı bercé le bruit de fond assourdi de
la télévision sera agressé par les interventions ponctuelles du serveur.
Il n'y aura pas de musique OFF. La musique est présente par la radio chez
Aslı. Le choix de la chanson de Bashung me paraît évident tant au niveau du texte
que de la tonalité du morceau. D'autre part, la radio est allumée et diffuse des
informations le matin lorsqu'Aslı se prépare. L'extérieur la presse jusque chez elle
alors que la veille - lorsqu'elle relit les lettres - tout est calme et silencieux.
La durée envisagée pour le film est d'environ une douzaine de minutes.
Gwendal QUISTREBERT
2007-2009: opérateur vidéo fiction (Le + Produit de Gaël
Naizet) et documentaire (L’Homme de Saint Rion de Gaëlle
Douel) etc.
2003-2009: chef électricien sur une vingtaine de courts et
moyens métrage dont Marteau-Ciseaux de Christophe
Lemoine, La Femme Serpent et Les Princesses de la Piste de
Marie Hélia, Erémia Erèmia de Olivier Broudeur et Anthony
Quéré, Le Syndrôme du Carambar et Comptes pour Enfants
de Gaël Naizet, etc.
2003-2009: électricien sur une dizaine de longs métrage dont
Coco avant Chanel d'Anne Fontaine, King Guillaume de P.F.
Martin-Laval, Tout peut Arriver de Nancy Meyers, Chemins
de Traverse de Manuel Poirier, etc.