La Contribution de la diplomatie Marocaine au processus d

Transcription

La Contribution de la diplomatie Marocaine au processus d
Centre Africain de Formation et de
Recherche Administratives pour le
Développement
Ecole Nationale d’Administration
(Maroc)
Fondation pour le Renforcement des
Capacités en Afrique
Diplomatie africaine et diplomatie en Afrique
Comment la diplomatie peut-elle accompagner les dynamiques
d’intégration et renforcer le positionnement stratégique de l’Afrique
dans le concert des nations?
Forum Panafricain
« La Contribution de la diplomatie Marocaine au processus d’intégration Africaine »
Par
Mme Nadia BERNOUSSI
Directrice p.i. de l’ENA du Maroc
23-25 février 2015
Rabat (Maroc)
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Nadia Amal BERNOUSSI
Professeur de droit constitutionnel
Directrice de l’ENA
1-La diplomatie :
Quelques éclaircissements en guise d’introduction
Diplomatie secrète, clandestine, monarchique, adroite, belliqueuse, haute diplomatie, stratégie
l’ère du congrès de vienne est révolue, à la diplomatie secrète, il faut opposer la diplomatie
concrète


diplomatiquement
diplomatiste
Branche de la science politique qui concerne les relations internationales.
Action et manière de représenter son pays auprès d'une nation étrangère et dans les
négociations internationales.
Fonction, carrière de quelqu'un qui est employé à cette représentation ; corps constitué par ces
fonctionnaires.
Politique extérieure d'un pays, d'un gouvernement.
Politique extérieure d'un pays, d'un gouvernement.
Action et manière de représenter son pays auprès d'une nation...
Les acteurs de la diplomatie ont changé : les Etats, aujourd’hui, les OI, les ONG, les individus
en réseaux, les PP, le parlement, les firmes internationales
Les moyens ont changé : du hard power au soft power, de la contrainte à la persuasion, du
pouvoir à l’influence
Les enjeux ont changé : territoires, biens, gisements, aujourd’hui, le développement durable,
les DDH, l’environnement, la culture, la sécurité, la lutte contre le terrorisme, la paix, le
rapport à la religion
La coopération prend plusieurs formes, bilatérales, régionales et internationales
2- L’intégration :
Ne pas confondre coordination et intégration, la première est une coopération sur un ou deux
points particuliers, la seconde est un pas vers une union institutionnelle où sont en cause des
cessions de parcelles de souveraineté
1- Conférence de Casablanca :
Bien que le Maroc ait quitté l’Organisation de l’Unité Africaine en 1984 et n’est pas
membre de l’Union Africaine, qui lui a succédé, le Maroc est considéré comme l’un des pays
ayant contribué à la naissance du Panafricanisme. Ce mouvement idéologico-politique, qui a
tenté de porter un remède à la balkanisation des Etats nouvellement indépendants en prônant
leur regroupement des, est né dans le sillage de la conférence de Bandoeng de 1955, sous
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l’impulsion de leaders politiques africains. La première rencontre ayant regroupé les Etats
africains indépendants fut tenue en avril 1958 au Ghana avec la participation du Ghana, du
Maroc, de la Tunisie, de l’Egypte, de la Libye, du Soudan et de l’Ethiopie. Les participants
ont annoncé à l’issue de cette rencontre leur désir de mener une politique extérieure commune
visant à «sauvegarder l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale » (17) de leurs
Etats respectifs.
C’est dans ce contexte qu’est né le "groupe de Casablanca" dit "progressiste", crée au
terme de la réunion tenue dans la même ville du 03 au 7 janvier 1961. Cinq pays ou
mouvement de libération nationale ont répondu favorablement, à l’invitation du Roi du
Maroc, Mohamed V. D’autres pays comme le Nigéria, le Togo, le Libéria, l’Ethiopie, le
Soudan et la Somalie ont choisi participer à cette rencontre. Face à cette initiative du "groupe
de Casablanca", les Etats modérés de l’Afrique ont réagi quelque mois plus tard en organisant
une réunion à Manrovia du 08 au 12 mai 1961 avec la participation d’une vingtaine de pays
(18). Ces deux groupements politiques constituaient le prélude à un vaste rassemblement
continental.
Le groupe de Casablanca, fondé par les chefs d’Etat du Maroc, du Ghana, de la
Guinée et du Mali, est né après l’échec de l’union entre le Ghana, le Mali et la Guinée. La
Charte de Casablanca, qui est le fondement idéologique du groupe met l’accent sur
l’indépendance et l’unité.
Par indépendance, les fondateurs du groupe entendent la lutte contre toutes les formes
du néo-colonialisme et l’élimination de tous les liens inégalitaires. Dans ce même ordre
d’idées, la décolonisation débouche sur le plan externe sur le non-alignement, comme mode
d’action et comme doctrine politique (19).
Quant à l’unité, son inscription dans la charte a été retenue en raison de sa force
mobilisatrice et a été érigée en tant que principe et programme d’action. Dans l’esprit des
fondateurs du groupe de Casablanca, l’Afrique veut le dépassement du passé colonial qui a
érigé dans le continent, à partir du Congrès de Berlin, des frontières artificielles et une
balkanisation des territoires africains (20).
La Conférence de Casablanca qui a ouvert la voie à une coopération fructueuse a
adopté des positions et des résolutions pertinentes sur plusieurs questions, comme l’Algérie,
le Congo et la Palestine, la discrimination raciale, la Mauritanie et les essais nucléaires
français au Sahara. La charte voté au terme de cette réunion a mis en place une structure
institutionnelle du groupe et a inauguré une coopération multidimensionnelle entre ses
membres.
Ainsi sur le plan économique, la réunion des Ministres des Affaires Economique du
groupe tenue à Conakry a décidé de la création d’une union économique par l’abaissement
des barrières douanières, l’établissement de traitements préférentiels dans les échanges
commerciaux, l’augmentation de la part de l’Afrique en matière d’aide technique et
économique internationale et la création d’une "banque africaine de développement
économique". L’ambition de ce groupe était telle qu’à la réunion du Caire, les Etats membres
se sont mis d’accord sur la création d’un Conseil de l’Unité Economique Africaine, d’un
marché Commun Africain et sur l’élaboration d’une convention de coopération technique.
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2- L’intégration africaine dans les discours diplomatiques du Maroc :
L’intégration constitue une thématique qui revient de manière récurrente dans le discours
diplomatique du Roi Mohammed VI. Tirant les leçons des quatre premières décennies ayant
suivi la vague des indépendances en Afriques, considérées comme des années perdues pour le
développement de l’Afrique, le Roi exhorte les dirigeants africains à accorder la priorité à la
mise sur pied d'une stratégie de développement intégrée du continent dont l’objectif est
d’atteindre la complémentarité des économies africaines, le rassemblement de leurs capacités,
leurs ressources et leurs énergies.
Les projets d’intégration menés avec pragmatisme et ambition permettront aux pays
africains non seulement de favoriser « l'expression de vocations régionales et l'éclosion
d'espaces géo-économiques susceptibles de leur assurer un meilleur positionnement et une
compétitivité accrue dans l'économie mondiale » (Note Message du Roi Mohammed VI aux
participants à la 9ème session du Forum pour le développement de l’Afrique tenu à
Marrakech. Ce forum organisé par la Commission Economique pour l’Afrique a eu pour
thème d’étude ''Les modes de financement novateurs pour la transformation de l'Afrique''.
Ils donneront l’occasion à un pays comme le Maroc « d'investir dans les communautés
économiques régionales en tant que plateformes viables et compétitives » (Note Ibid) à
l’instar des politiques de rapprochement qu’il poursuit avec la Communauté Economique des
Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale (CEEAC), la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
(CEMAC) et l'Union Economique et Monétaire de l'Ouest Africain (UEMOA) avec lequel le
Maroc est parvenu, au terme de plusieurs round de négociations, à parapher un accord
commercial et d’investissement.
1Au-delà de ses efforts de rapprochements avec les groupements régionaux, le discours
africain du Maroc met l’accent sur la stratégie volontariste visant la réalisation conjointe par
le Maroc de projets phares structurants à vocation régionale, voire continentale dans les
domaines de l’accès à l’électricité et à l’eau potable, de promotion du commerce et de
l’investissement, mais également de la sécurité alimentaire. Un exemple de ces projets, réside
dans la signature, le 7 mars 2014 à Libreville d’un Accord Stratégique pour renforcer
durablement la sécurité alimentaire, ouvert aux pays frères africains et aux partenaires
européens.
2- L’espace Nord-Ouest Africain :
L’espace Nord-Ouest africain, qui s’étend du Maroc au Bénin, est caractérisé par une
certaine homogénéité et proximité géographique, historique et culturelle. Il recèle aujourd’hui
de grandes opportunités. L’idée consiste en la création d’un espace de concertation politique
et de coopération économique, dans un cadre de co-développement, dans la perspective d’une
co-émergence, au sein d’une structure ouverte, pour un dialogue stratégique sur les problèmes
majeurs.
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Le Maroc et la Côte d’Ivoire, deux pays forts de leur partenariat fructueux, doivent
constituer le socle d’une intégration sous régionale englobant le Maroc et l’Afrique de
l’Ouest. Conformément à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et de Son Excellence
Monsieur Alassane Ouattara, les deux pays peuvent initier ce processus en tant que
locomotive, pour porter ce projet auprès des autres pays de cet espace.
3- La Conférence Ministérielle des Etats africains riverains de l’Atlantique :
L’initiative marocaine de la création de la Conférence Ministérielle des Etats africains
riverains de l’Atlantique est née à la faveur des réflexions menées lors du Forum International
Tricontinental de Skhirat (29-30 mai 2009) et de la réunion Ministérielle informelle de
Lanzarote (12-13 juin 2009) sur le dialogue et la coopération entre les pays riverains de
l’Océan Atlantique.
Cette initiative vise, selon la Déclaration de Rabat, la création d’un espace de concertation
intra-africain dans l’objectif de concevoir une vision africaine commune sur cet espace et
élaborer une identité atlantique africaine et, ainsi, défendre d’une seule voix et en amont des
rencontres « tri-continentales », les intérêts du continent africain.
A ce jour, l’initiative marocaine a à son actif deux réunions des Ministres des Affaires
Etrangères des 22 pays participants ( août 2009) et ( novembre 2010), en plus de trois
réunions informelles des Ministres des Affaires Etrangères des Etats concernés qui se sont
tenues également, en marge des sessions de l’Assemblée Générale des Nations Unies, à New
York, en septembre 2010, 2011 et 2012, sanctionnées toutes par des conclusions et
recommandations.
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