AO-Leila-Rhiwi-ONU-Femmes

Transcription

AO-Leila-Rhiwi-ONU-Femmes
Allocution de Madame Leila Rhiwi
Représentante de l’ONU Femmes
Bureau multi-pays pour le Maghreb
Séminaire
« Une nouvelle perspective pour l’égalité de genre au Maroc :
quelle responsabilité pour les hommes ? »
30 juin 2015
Conseil Économique, Social et Environnemental
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Monsieur le Président du Conseil Économique, Social et Environnemental,
Mesdames et Messieurs les représentants du gouvernement,
Chers partenaires de la société civile, de l’université, de la coopération
internationale,
Chers collègues des agences des Nations Unies au Maroc,
C’est un grand honneur pour moi que de m’exprimer aujourd’hui devant vous,
au nom des Nations Unies au Maroc, à l’occasion de ce premier séminaire sur le
thème de la responsabilité des hommes dans l’égalité de genre.
Je tiens, tout particulièrement, à remercier le Conseil Économique, Social et
Environnemental, du dynamisme et de l’intérêt qu’il a porté à cette question et
de son partenariat dans l’organisation de ce séminaire.
Mesdames, Messieurs,
Si les agences des Nations Unies en partenariat avec le CESE, ont décidé
d’organiser la rencontre d’aujourd’hui, c’est en raison d’un constat clair : il
existe un écart frappant entre la position dominante des hommes dans les
sociétés patriarcales et leur marginalisation dans les recherches, actions et
initiatives visant à promouvoir l’égalité des sexes. Il nous appartient donc de
nous interroger sur les masculinités, cette forme culturellement idéalisée et
socialement construite avec laquelle les hommes se définissent et sont définis
par la société. Le genre en tant que rapport social hiérarchisé entre les hommes
et les femmes est par ailleurs perpétué par l’asymétrie entre les rôles sociaux
qu’occupent les hommes et les femmes. S’intéresser aux masculinités et à ses
enjeux revient alors à déconstruire le pilier du patriarcat pour construire une
histoire des hommes et des masculinités respectueuse de la diversité et des droits
humains, y compris les droits humains des femmes.
L’égalité des sexes n’est pas une problématique exclusivement féminine elle
concerne toutes et tous, hommes et femmes, filles et garçons. Il est alors
important de souligner que les hommes peuvent aussi subir ou rejeter la position
ou le rôle qui leur sont assignés. Si être un homme constitue une forme de
privilège dans les sociétés patriarcales, être un homme est aussi une contrainte
importante. Les attentes sociales, culturelles et communautaires d’une
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masculinité stéréotypée infligent en effet une pression réelle sur les hommes.
C’est donc également à partir de la prise en compte des vulnérabilités et besoins
propres des hommes, qu’il sera possible de les inclure dans la lutte pour l’égalité
des sexes et l’autonomisation des femmes et de leur permettre de s’affranchir
des rôles de domination que la société leur impose.
Mesdames, Messieurs,
Revoir la perception des masculinités constitue une priorité croissante des
Nations Unies à travers le monde. L’égalité des sexes, l’autonomisation des
femmes et l’élimination de la violence à l’égard des femmes se trouvent en effet
au cœur des priorités onusiennes.
Cependant, 20 ans après la conférence de Beijing en 1995, et malgré le
mouvement de solidarité des Nations Unies pour l’égalité des sexes, les efforts
dans ce domaine restent insuffisants alors même que nous ne pouvons faire
l’économie d’une approche inclusive et d’une vision commune de l’égalité des
sexes. L’année 2015 marque d’ailleurs les 20 ans de la conférence de Beijing, la
fin des Objectifs du Millénaire pour le développement et le début de l'agenda de
l'après-2015. Si nous souhaitons faire de cette année 2015 un tournant dans
notre mobilisation collective et mettre un terme définitif, à l’horizon 2030, aux
inégalités entre les hommes et les femmes, nous devons élaborer une nouvelle
perspective de l’égalité de genre. Nous devons également rappeler aux hommes
qui craignent de perdre leur autorité que l’égalité de genre n’est pas une
équation à somme nulle et qu’il s’agit là d’une nécessité plurielle et transversale
qui requiert une mobilisation collective.
Le Maroc constitue pour les Nations Unies un cadre approprié pour la réflexion
sur de nouvelles actions pour l’égalité des sexes. Le Maroc a en effet inscrit,
sans ambiguïté, l’égalité de genre dans sa Constitution. D’autre part, si la société
marocaine demeure encore patriarcale, force est de constater qu’elle connaît
aujourd’hui un débat public ouvert et propice à l’émergence d’une nouvelle
forme d’engagement des hommes et des garçons. Le cas du Maroc illustre alors
à la fois la nécessité et la complexité d’élaborer une nouvelle perspective de
l’égalité de genre.
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Mesdames, Messieurs,
En vous présentant les travaux académiques existants, ainsi que les bonnes
pratiques développées par les agences des Nations Unies et par la société civile,
nous espérons repenser les paradigmes de la masculinité et avancer vers de
nouvelles perspectives pour une meilleure implication des hommes comme
acteurs du changement. J’espère donc que la réflexion d’aujourd’hui nous
permettra d’ouvrir le débat tant sur les causes profondes que sur les solutions à
mettre en œuvre pour atteindre notre objectif commun de promotion de l’égalité
de genre.
Le séminaire se déroulera en deux sessions. La première portera sur le concept
de masculinité et ses outils méthodologiques. La deuxième permettra d’échanger
autour d’expériences sur le rôle des hommes dans l’égalité de genre.
Je réitère donc mes chaleureux remerciements au Conseil Économique, social et
environnemental et nous souhaite à toutes et tous des débats fructueux.
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