Noir Désir – Soyons Désinvoltes, n`ayons l`air de rien Désinvolte

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Noir Désir – Soyons Désinvoltes, n`ayons l`air de rien Désinvolte
Noir Désir – Soyons Désinvoltes, n'ayons l'air de rien
Désinvolte, Noir Désir ne le sera jamais. Une épopée de vingt ans, promise au Panthéon des
dramaturges, conclue par un coup de poing fatal un soir d’août 2003. La rage de toute une
génération incarnée par quatre insoumis, guides providentiels désespérés mais toujours optimistes.
Une spontanéité intarissable, même la corde au cou. Culte parmi les cultes, Noir Désir ne
correspond pas franchement à la désinvolture si souvent scandée par ses fans.
A l'annonce de la sortie de Soyons Désinvoltes, n'ayons l'air de rien, j'ai senti ma vessie proche de
l'explosion. Le froid, sans doute. Une colère froide, sans saveur, impuissante et forcément vaine.
Les Best-Of seraient l'apanage des Géants ? Difficile de s'y résigner, à moins d'y adjoindre une
nécessaire grande frite au fast-food du coin.
Et pourtant, il va bien falloir. Noir Désir, c'est fini. Un grand saut dans la fosse commune plus tard,
et voilà Bertrand Cantat et consorts jetés sur les écueils de la grande récupération systémique,
symptomatique du tout-recyclé cher au grand capital. Soyons Désinvoltes sera la dernière œuvre
estampillée Noir Des', qui ne méritait décidément pas ça.
Six ans après En Public, un double album live d'une rare intensité, la publication d'un album best-of
sent un peu la cure d’amaigrissement forcée. Au programme : une compilation un peu maladroite de
dix-huit titres majeurs du quatuor girondin, agrémenté dans la version « deluxe » (et sans salade) de
dix-huit raretés, duos, reprises et b-sides et d'un DVD live de 15 titres.
Régime du con
Bien sur, l'écoute de cette compilation ne fera honte en aucune manière ni à votre lecteur cd,
ni à votre entourage. Quoique bien trop linéaire et téléphonée, la compil-titre contient sa dose
réglementaire d'apports (musicaux) quotidiens recommandés. On y retrouve du « Un jour en
France », du « Tostaki », du « Ici Paris », « Marlène », « En route pour la Joie », « À ton étoile » et
autres clameurs aux retentissements demeurés intacts.
La sélection alternative proposée dans la version complète de Soyons désinvoltes, offre quant à elle
l'occasion de se plonger dans les influences pléthoriques du groupe, et endossées corps et âme par
Noir Des' tout au long de sa carrière. Reprises de Jacques Brel (« Ces gens-là »), Léo Ferré (« Des
armes »), des Beatles (le fracassant « Helter Skelter », « I want you (she's so heavy) », « Working
Class Hero »), King Crimson (« 21st Century Schizoid Man ») ou encore les duos avec Brigitte
Fontaine (« Bis baby boum boum »), les Têtes Raides et Alain Bashung : là-encore, la sélection
n'est pas dénuée d'intérêt, loin sans faut. Mais rien n’y fait : on reste sur sa faim, d’autant que tous
ces titres n’ont strictement rien d’inédits.
Certainement que Soyons Désinvoltes, n'ayons l'air de rien réussi un joli chiffre de vente,
notamment auprès de jeunes générations désireuses d'aborder l’œuvre de Noir Désir en toute
décontraction, justement. Mais ce Noir Désir amaigri et édulcoré, nul doute que les fans auront du
mal à le digérer. Pas la meilleure manière de faire son deuil.
Sortie le 28 novembre chez Barclay