Boucle Locale Radio \(BLR\) : de l`ère virtuelle à la réalité

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Boucle Locale Radio \(BLR\) : de l`ère virtuelle à la réalité
© Guy BOUHANICHE – Pour le Journal d’Internet – www.integrate-it.org
Dégroupage de la Boucle Locale.. Quand les monopôles s’étiolent
« Paris, le 24 juillet 2000
Monsieur le Directeur Général,
C’est avec plaisir que je vous adresse un exemplaire du dossier présentant les résultats des
appels à candidatures pour l’établissement et l’exploitation des licences de boucle locale
radio, résultats que l’Autorité de Régulation des Télécommunications a rendu publics le 11
juillet dernier. Vous le savez sans doute, l’Autorité devait choisir, parmi les 218 dossiers de
candidatures présentés par 28 sociétés, deux opérateurs métropolitains, deux opérateurs
par régions et deux opérateurs par département d’Outre Mer…
… Le marché de la « boucle locale », c’est à dire celui de l’accès direct à l’abonné est donc
désormais ouvert à la concurrence… »
Ainsi s’adressait, il y a plus d’un an, Jean-Michel HUBERT, Président de l’ART (Autorité de
Régulation des Télécommunications), aux directeurs généraux et autres responsables de
nos collectivités territoriales ; plus de 100 pages d’explications de texte et d’analyse par
dossier régional dans un seul but : informer sur les terrains locaux des enjeux de cette
révolution annoncée (une de plus) et effectuée: le dégroupage de la boucle locale en
l’occurrence, radio. L’ouverture à la concurrence de ce segment de marché qui représentait
en 1999, 54 milliards de francs de chiffre d’affaire, doit engendrer d’ici à 2004, 6400
créations d’emplois directs et 18 milliards d’investissements (source ART).
Qu’est ce que le dégroupage de la boucle locale ?
Nous avons tous entendu parlé de « l’opérateur historique » - Mais opérateur de quoi, et
pourquoi ne pas citer directement France Telecom ? – FT est l’opérateur initial en quasi
monopole (ancien service public) de communications téléphoniques et de services de
transferts de données. Depuis l’ouverture à la concurrence, c’est donc pour des raisons de
discrétion commerciale qu’il est maintenant cité comme opérateur historique. Dans ce
contexte, la boucle locale représente le segment du réseau de télécommunications compris
entre la prise placée chez l’abonné et le commutateur auquel il est raccordé. Il s’agit
principalement du réseau filaire en cuivre reliant la « prise de téléphone » à la première
« unité de commutation » qui prend en charge de manière logique la demande de connexion
(appel téléphonique ou accès Internet par modem..). Le Dégroupage permet aux nouveaux
opérateurs de coexister légalement et physiquement avec FT sur cette infrastructure.
Mais la boucle locale concerne par ailleurs d’autres technologies mises en œuvre par
d’autres opérateurs, indépendamment des infrastructures existantes : la fibre optique, pour
laquelle nous pouvons rendre hommage à Completel (www.completel.fr) qui depuis peu a su
relier à la vitesse de la lumière Aix et Marseille ! mais il s’agit également aujourd’hui de la
transmission herzienne, dite BLR (Boucle Locale Radio). Elle est opérationnelle dans notre
région et pour un certain nombre de régions Françaises grâce aux services de FirstMark
Communication France (www.firstmark.fr), l’un des deux uniques opérateurs BLR disposant
d’une licence nationale – A ce propos, la liste officielle de tous ceux ayant une licence
d’exploitation régionale ou nationale fournie par l’ART, se trouve à l’adresse du site :
www.art-telecom.fr/telecom/index.htm.
Dans ces deux cas, la boucle locale n’est donc plus constituée de cuivre, mais de fibre
optique ou de liaisons par antennes radio. Il faut noter que la concurrence n’est pas
seulement ouverte aux télécommunications et services d’accès à Internet ou entre sites
privés, elle concerne également les services plus traditionnels de téléphonie ; ainsi des
opérateurs comme Cegetel, Siris ou bien encore Colt ou 9 Telecom déploient également des
offres diversifiées susceptibles de nous « libérer du joug historique » du fameux opérateur.
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Prenons un exemple : un opérateur vous propose un service d’accès à Internet par ADSL
(nouvelle technologie utilisant la connexion téléphonique traditionnelle, mais en débits
asymétriques et à des vitesses de 5 à 40 fois supérieures). Cela implique que l’opérateur en
question puisse récupérer votre appel de connexion à Internet pour le prendre à sa charge et
le faire suivre sur son propre réseau d’accès (backbones à très hauts débits). Cela a pour
conséquence qu’il est obligé d’accéder directement aux paires de cuivres existantes en
installant son propre commutateur au sein de l’unité de France Telecom ; c’est le principe
acquis de dégroupage qui le lui permet – en fait, les opérateurs ont plusieurs possibilités
d’appropriation des services physiques ou logiques de FT ; ainsi vous croyez être sur un
réseau Internet XY et en fait, une partie plus ou moins étendue de ce réseau ou du service
offert peut correspondre à une location d’infrastructures à France Telecom. Il faut souligner
malgré tout que ces opérateurs, à grands coups d’investissements lourds, mettent en place
petit à petit leurs propres réseaux et technologies spécifiques pour offrir en toute
indépendance de nombreux services de télécommunication aux clients finaux.
Et l’UMTS dans tout ça ?
N’oublions pas que parallèlement à ce que l’on vient de décrire, trois autres opérateurs se
partagent un marché pour l’instant quelque peu différent : la téléphonie mobile ; ce dernier
s’appuie sur des réseaux privés mis en place pour relier entre eux les abonnés par SFR
(Cegetel), Orange (ex Itineris de FT) et Bouygues Telecom (Bouygues). Ces réseaux radio
téléphoniques sont dits cellulaires car ils sont organisés en ensemble de cellules
d’émission/réception plus ou moins efficaces ou présentes en fonction de la zone dans
laquelle on se trouve (d’où nos fameux soucis de captation du réseau). Les normes utilisées
sont actuellement le GSM (900 MHz) pour Orange et SFR - et le DCS 1800 (MHz) pour
Bouygues. En terme de capacité de transfert de données, ces normes ne permettent qu’une
vitesse très faible (9,6Kb/s) – autant dire rien. C’est la raison pour laquelle seules les
données à poids faibles (type messages au format texte SMS) représentent actuellement les
seules services effectivement utilisés en tout cas en Europe – Les Japonais ont à cet égard
une génération technologique d’avance sur nous, qui leur permet d’exploiter d’ores et déjà
de nombreux services multimédias sur leurs téléphones portables. En ce qui nous concerne,
cela explique également le désenchantement provisoire lié au faible développement du WAP
(L’Internet sur les mobiles). Les services multimédias du Web sont très consommateurs de
bande passante. Il faut donc des vitesses de transmission adaptées ; une 2ème génération de
norme – le GPRS (environ 100Kb/s) – et une 3ème – EDGE puis UMTS (de 384Kb/s à
2000Kb/s), permettrons d’ici 1 à 3 ans le transfert plus efficace de ces gros volumes de
données. Ainsi, ce n’est qu’à ce moment là que la téléphonie mobile deviendra une réelle
concurrente aux infrastructures d’accès individuels à Internet.
Boucle Locale Radio (BLR) : de l’air virtuel à une réalité opérationnelle
En effet ils sont bien là les opérateurs de la boucle locale version « radio ».
Economiquement attrayante, la BLR comporte différents avantages : elle permet à son
opérateur un déploiement progressif et rapide, avec des coût d’installation de réseau et de
génie civil de 30 à 40% inférieurs à ceux de la téléphonie fixe (source ART). Contribuant à
l’aménagement du territoire (nouvelles infrastructures et nouveaux services) elle autorise le
haut débit de 512 Kb/s (10 fois le RTC) à 2 Mb/s, ce qui est l’équivalent du meilleur de
l’ADSL ; mais contrairement à ce dernier, le débit est symétrique (identique en réception et
en émission) et garanti quelque soit l’offre. Ainsi, après de nombreuses expérimentations
effectuées et un triple appel à candidatures (en date du 30 novembre 1999), 2 opérateurs
disposent d’une licence pour la métropole dans les bandes radio de 3.5 et 26 GHz, 2
opérateurs pour chacune des 22 régions métropolitaines et 2 opérateurs dans chacun des 4
DOM.
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De manière souple et relativement rapide, vous voici raccordé au Réseau – par les airs –
avec en principe (c’est à vérifier au cas par cas) tous les services susceptibles d’être fournis
par les opérateurs Internet : l’attribution d’adresses IP publiques (votre site Web, sur votre
réseau local est directement accessible par Internet) – la gestion de noms de domaines – la
translation d’adresses (dite NAT - vos adresses IP privées, non visibles d’Internet, sont
protégées par les liens logiques avec les adresses publiques exploitées par votre opérateur)
– le relais de messagerie SMTP (il vous permet de continuer à utiliser votre messagerie
initiale, malgré le changement d’opérateur, c’est à dire d’adressage IP..). Nous ne pouvons
tous les citer ; il convient quelque soit l’opérateur et sa technologie, de comparer la gamme
de services, l’efficacité opérationnelle, la sécurité offerte et bien entendu les prix.
Bref, les autoroutes de l’information décollent et prennent l’air, en souhaitant que la pluie ne
viennent pas en l’occurrence trop diminuer les capacités du trafic (les intempéries peuvent
en effet être un facteur négatif pour le débit fourni par la BLR – au même titre que le coup
de pioche peut aussi détériorer un réseau fibre optique..) – Mais nous savons d’ores et déjà
que le risque 0 n’existe pas.
Schéma de synthèse des accès Internet au travers de la « Boucle
Locale dégroupée »
Offres 100 % FT
(France Telecom
& sa filiale Oleane)
Tr anspac - Fr ameRelay
Le Câble
Point d’accès
de l’abonné
MODEM
MODEM
ROUTEUR
pour
Réseau local
MODEM
Le RTC* « analogique »
Jusqu’à 56 Kb/s
RNIS : Le RTC « numérisé »
ADSL : Le RTC « haut débit »
De 512 à 2048 Kb/s en réception **
Jusqu’à 128 Kb/s
Dégroupage
Bouc le Loc ale
FT
& CONCURRENCE
Réseau Fibre Optique
Boucle Locale Radio
Réseaux 100% privés
CONCURRENCE
* Réseau Téléphonique Commuté ** Débit et continuité de service pas toujours garantis
Guy BOUHANICHE
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