Chers amis, J`ai la chance d`être bien au sec, à l`intérieur, alors que

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Chers amis, J`ai la chance d`être bien au sec, à l`intérieur, alors que
Chers amis,
J’ai la chance d’être bien au sec, à l’intérieur, alors que dehors un orage terrible gronde.
Une pluie torrentielle s’abat sur Kathmandu et je vous avoue que mon coeur est bien
lourd en pensant à toutes ces personnes qui vivent sous tente ou plutôt sous bâches.
J’en ai vu tellement ici à Kathmandu, (et pourtant je n’étais pas là tout au début, où il y
en avait nettement plus) mais c’est encore bien pire dans les districts.
Sous quelques bâches avec une telle pluie... ou même sans rien du tout parce que l’aide
n’est pas encore arrivée partout.
Quel sentiment d’impuissance vis à vis de cette nature qui se déchaîne encore et
encore….Qu’est ce que cela va être quand la mousson sera vraiment installée? Je n’ose
même pas y penser.
Autant le gouvernement est incapable de gérer la situation, autant le peuple népalais est
absolument formidable. L’entraide est magnifique, les initiatives prises par les jeunes
sont fabuleuses. Tout le monde met la main à la pâte et des convois s’organisent vers
les districts. Chacun a un ou des membres de sa famille dans les régions touchées et ce
sont ces initiatives locales et personnelles qui ont été les plus efficaces, surtout au
début.
Heureusement l’aide internationale semble maintenant bien en route et arrive à de
nombreux endroits, même si beaucoup de villages n’ont pas encore pu être aidés, deux
semaines après le séisme. Ils sont tout simplement inaccessibles ou en tout cas très
difficilement accessibles. Déjà en temps normal, encore plus maintenant qu’il y a eu
éboulements et glissements de terrain suite au tremblement de terre.
De notre côté :
Depuis quelques jours les filtres à eau sont arrivés d’Inde après avoir été bloqués à la
douane. Après les 50 premiers de la semaine dernière, il y en a maintenant 400 pour
des familles et 100 pour des communautés (écoles, dispensaires, communautés etc.)
Ces filtres donneront de l’eau potable pour plus de 12.500 personnes pendant plusieurs
années.
Les premiers cas de choléra sont déjà apparus dans le district de Dhading et
l’inquiétude est grande avec la mousson qui arrive.
Julia, mon « bras droit » au Népal, a
suivi une formation/démonstration pour
employer les filtres et a formé ces
derniers jours les personnes qui nous
aident à les distribuer et qui vont aussi
aller vérifier que le matériel est usé
correctement.
La majorité des filtres sont distribués avec Sajani de la Nepal Youth Foundation Nepal:
NYF Nepal travaille avec de très nombreuses écoles, women shelter (abris pour
femmes), orphelinats, centres de réhabilitation etc et cible vraiment bien les endroits qui
en ont le plus besoin, refusant ainsi d’en installer là où ils savent qu’ils ne seront pas
bien employés ou entretenus. Ces filtres étaient d’ailleurs une demande pressante de
leur part et nous sommes heureux d’aller les distribuer ensemble.
Hier nous avons ainsi été près de Bungamati, petit village à 20 min de Kathmandu,
terriblement ravagé par le tremblement de terre. C’était un ravissant village avec de
vieilles maisons newars traditionnelles. Malheureusement peu ont résisté et beaucoup
de familles se retrouvent à la rue. Une petite école, dont le bâtiment récent n’a
quasiment pas souffert, y a été transformée en centre d’accueil pour les enfants, ce que
nous allons d’ailleurs faire aussi avec nos petites nonnes. Julia leur a montré le
fonctionnement du filtre. Une petite centaine d’enfants en bénéficient …
Sher, avec lequel nous travaillons pour tout ce qui concerne Kharikhola, va en
emmener quelques uns dans cette région. Nous avons réfléchi ensemble aux endroits
où ils nous semblaient vraiment nécessaires, principalement des écoles.
Suresh (école près de Bhaktapur et projet avec les enfants différents) en a aussi
quelques uns à distribuer dans sa région et avec nos home visitors.
Nos petites nonnes en ont bien évidemment aussi reçu un, surtout que nous lançons
dès lundi un projet temporaire avec elles, dont je vous parlerai un peu plus loin.
Notre fondation n’est pas une grande ONG internationale spécialisée dans l’aide
d’urgence. Même si bien sûr nous amenons nourriture, vêtements, médicaments, tentes
etc autour de nous, nous ne sommes pas équipés pour le faire à grande échelle. Ce
n’est pas notre travail mais il n’est pas possible de rester là et de ne rien faire. La
demande de nos collaborateurs et amis népalais pour des filtres à eau a été immédiate
et extrêmement importante. L’occasion s’est tout de suite présentée grâce à Monsieur
Besso, membre du conseil de notre fondation, qui connaît très bien la société
Vestergaard, basée à Lausanne et vouée à l’amélioration de la santé des populations
les plus fragiles, en majorité dans les pays en voie de développement.
Jusqu’à présent nous avons donc principalement axé notre aide autour de ces filtres à
eau. Nous nous tournons maintenant plutôt vers l’aide temporaire à moyen terme et
surtout vers la reconstruction et l’aide à long terme, car c’est vraiment là qu’il faudra être
là pour eux.
.
Aarya Tara Preschool
Notre maison/école présente de nombreuses fissures et nos petites nonnes n’osaient
plus y vivre. Julia a pu faire venir un ingénieur spécialisé, expert recommandé par les
nations unies : Bonne nouvelle ! Il y a bien des fissures, mais elles ne présentent pas de
risque et nos petites nonnes peuvent immédiatement réintégrer la maison.
Ani Dolkar et Ani Kunzum ont organisé pour nos familles des distributions de nourriture
et d’un peu d’argent pour parer au plus pressé. Certaines mamans sont retournées dans
leur village, comme d’ailleurs un million de personnes qui ont quitté Kathmandu pour
aller retrouver leurs familles et par peur d’éventuelles maladies. Côté positif : pas
beaucoup de bouchons sur les routes ☺
Suite à notre visite à Bungamati et en voyant nos petites nonnes, Julia et moi leur avons
proposé un projet temporaire sur maximum 2-3 mois, tenant compte des éléments
suivants :
-La terre tremble toujours, légèrement. Pour moi, qui n’ai pas vécu le grand tremblement
de terre, cela passe presque inaperçu (généralement on m’informe le matin que cela a
un peu tremblé la nuit…. et moi j’ai juste dormi) mais je remarque combien tout le
monde ici a été - et est toujours - vraiment traumatisé. Que ce soient les adultes (nos
nonnes n’y échappent pas) ou les enfants. Ils sentent des tremblements à tout moment,
sursautent au moindre bruit. Beaucoup refusent de rentrer dans leurs maisons.
-Les écoles sont encore fermées pour quelque temps et les enfants trainent dans les
rues, dans les débris, parmi la poussière.
-Par chance peu de maisons de notre quartier ont vraiment souffert, sauf évidemment
celles des plus pauvres. Les ateliers de tapis, dans lesquels travaillent plusieurs de nos
mamans, sont fermés. Donc pas de revenu pour elles et les prix augmentent. Comment
acheter de la nourriture ?
Nous avons donc proposé à nos 5 nonnes (2 enseignantes et 3 en formation amchi
(médecine traditionnel tibétain)) d’ouvrir l’école temporairement en centre d’accueil pour
les enfants des environs, surtout ceux des familles les plus pauvres, mais sans exclure
les autres car TOUS les enfants sont traumatisés. Ils peuvent venir pendant la journée
tout simplement jouer ensemble et recevront un bon repas bien nutritif. Il n’y aura pas de
cours mais des jeux, des chansons, des histoires etc pour faire oublier le séisme.
Nos nonnes ont immédiatement réagi très positivement et Julia et moi nous nous
sommes rendues compte du bien que cela leur faisait à elles aussi. Elles ont
directement commencé à ranger la maison, mettre le matériel éducatif Montessori de
côté, nettoyer et réfléchir à ce qu’il nous faudrait pour commencer dès lundi.
Nous avons donc prévu une « virée shopping « demain pour acheter quelques balles,
craies, crayons, papiers etc etc.
Un grand filtre à eau a également été installé à la maison surtout qu’il semble que l’eau
des environs ne soit plus bonne. Les voisins se plaignent d’un mauvais goût .
Ils pourront venir s’approvisionner en eau potable chez nous.
Kharikhola
Le dispensaire, déjà en mauvais état, présente de nombreuses fissures et quelques
maisons du village ont été touchées mais il semble que ce ne soit pas trop grave….
pour le moment : la terre a fort bougé et tous craignent la mousson avec les glissements
de terrain qui seront encore bien plus importants que normalement.
Nous envoyons quelques filtres pour la région, là où d’expérience Sher sait qu’il y a
régulièrement des problèmes avec l’eau.
SGCP et les enfants différents
Bimal , CEO de Dhapakhel, a organisé des visites des enfants des régions touchées.
Les activités n’ont pas encore repris à Dhapakhel , mais dans les districts peu ou pas
touchés, les home visitor continuent leur travail et les centres d’accueil fonctionnent.
Surya Vinayak English School
Bhaktapur est malheureusement fort touché par le tremblement de terre.
Même s’il n’y a pas de victimes directes parmi les enfants et professeurs, nombreux
sont ceux qui ont de la famille et des connaissances touchées.
Nombreux sont aussi ceux dont les maisons sont affectées. Ainsi 4 professeurs n’ont
plus rien.
Nous sommes en train de voir avec Suresh et Bina comment les aider, sans non plus
tout donner juste comme ça. Une idée serait de mettre en place un système de crédit
sans intérêt, qui pourrait être géré par l’école et une fois remboursé, être réinvesti pour
quelqu’un d’autre. Mais tout d’abord nous allons demain à Bhaktapur voir les maisons
en questions. Il y a parfois une différence entre ce que l’on raconte et ce qu’il en est
réellement…..(ce que j’espère d’ailleurs pour eux )
Voilà pour le moment. Il est très tard ou plutôt très tôt, il y a encore tellement de choses
à dire mais je suis fatiguée. Je suis aussi heureuse de pouvoir faire quelque chose,
même si l’énormité de la tâche fait parfois peur. Et puis en fait doucement, on aide là où
on peut, une personne après l’autre …
Merci infiniment à vous tous pour vos messages et votre générosité. Cela nous donne ici
l’énergie pour aller de l’avant, un enfant après l’autre, une famille après l’autre.
Astrid