Une histoire incroyable
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Une histoire incroyable
Page 1 Année 28, Novembre/Décembre 2015, N° 4 Une histoire incroyable Seulement quelques coordonnées donnent à cet événement une dimension historique : C'était à l’époque de l'empereur César Auguste, et Quirinius fut gouverneur de Syrie, le mot maudit de cette année fut « recensement » et chacun devait donc se faire recenser dans sa ville natale ; pour Joseph c’était Bethléem, et Marie, sa fiancée – ils étaient presque comme des mariés – devait s’y rendre avec lui. Et puis l’événement : un enfant est né : il ne fut certainement pas le seul ce jour-là. Mais les circonstances ne furent nullement si extraordinaires qu’on puisse en parler aujourd’hui. Il est né dans une étable. Dans quel monde arrivent les enfants proprement dit – jadis et aujourd’hui ? Les coulisses par contre furent néanmoins extraordinaires : qui de nous entend des anges chanter lorsqu'un enfant est né ? Des pasteurs avec leurs troupeaux, des gens ordinaires ne figurant pas parmi les grands, reçurent cette grâce. Ils entendirent les anges chanter. Et nous ? Qu’ont t-il alors chanté ? : le Messie est né, le Sauveur, le Désiré, le Promis – une joie pour le peuple entier. Et le signe de reconnaissance ? Un enfant dans ses couches, placé dans une crèche. Et comme pour dissiper toute doute toute une armée céleste les rejoint : Gloire à Dieu et aux hommes la paix ! Une armée qui chante gloire à Dieu et annonce la paix aux hommes, doit être d’origine céleste – au moins d’un autre monde. Incroyable comment le quotidien se mêle à l’extraordinaire, se combine pour devenir ce que nous appelons Noël, la Sainte Nuit. Incroyable d’où nous trouvons le courage à croire que dans cette nuit la lumière est apparue, mais pas uniquement pour Bethléem, Marie et Joseph, les pasteurs, ni exclusivement pour Israël, non mais plutôt pour le monde entier, pour tous les hommes. Incroyable d’où nous tirons la foi que Dieu s’est fait homme dans cet enfant. Incroyable que des hommes peuvent réaliser qui se sont ouverts à cet enfant, ce Messie, ce Dieu. Mais incroyable aussi que des hommes furent capables de refuser cet enfant, de se sentir menacés par cet enfant ou d'abuser de cet enfant pour eux-mêmes ou pour leurs propres intérêts. Dieu s’est fait homme. L’Écriture Sainte est encore plus claire : « Dieu s’est fait chair ». De la chair – incroyable cela aussi. Touchez-vous vous-même, mais prudemment. Il y a bien des sentiments, il y a des nerfs. Dieu s’est fait homme – et il ressent bien comme nous. Oui, il s’est même rendu vulnérable, comme nous. Des maux de tête, le cancer, le sida, la maladie d’Alzheimer et la mort – incroyable. Jusqu’à ce moment-là les humains devaient tolérer un Dieu tout-puissant au-dessus d’euxmêmes. Lorsqu’il s’est fait chair, lorsqu’il s’est incarné ; il leur était maintenant possible de lui faire mal, de le tuer – comme ils le font avec leurs égaux, avec la chair de leur chair. Si un martien venait nous voir aujourd’hui, il devrait comprendre Noël comme une fête écologique, avec tout le vert et toutes ces fleurs. S’il regardait des commerces en ces jours, il devrait penser que Noël était une fête économique. S’il étudiait les yeux des enfants – certains au moins – il lui semblerait que Noël fût inventé seulement pour les enfants. Et il aurait toujours un peu raison, car la façon avec laquelle nous célébrons une fête révèle ce que nous fêtons lors de cette fête. Mais il y en a un peu plus : Si Noël n’était qu’une simple fête écologique nos espérances faneraient comme une rose de Noël et sécheraient comme des branches de sapins. S’il n’était qu’une fête économique, alors notre amour serait seulement éphémère comme notre argent. Si Noël n’était fait que pour les enfants, alors nous perdrions notre innocence avec l’adolescence. Noël serait donc devenue une fête que nous ne pourrions regarder que de l’extérieur ; avec un peu de mélancolie et un peu de nostalgie. Que signifie donc Noël pour moi, pour nous ? Posons-nous cette question tout doucement. Dieu se fait homme dans un enfant – « avec un tout petit visage ». Hadrian W. Koch OFM Centre CCFMC, Haugerring 9, D-97070 Würzburg, T. 0931 / 30 41 93 62, F. 0931 / 30 41 93 66 [email protected], http://www.ccfmc.net, Rédaction: Hedwig Maurer, VisdP: Andreas Müller OFM Année 28, Novembre/Décembre 2015, N° 4 Page 2 Afrique Kenya Dans son rapport global le coordinateur CCFMC pour l’Afrique anglophone, fr Hermann Borg ofm, nous parle du développement de la famille franciscaine dans cette région. L’année 2015 entrera dans l’histoire africaine comme l’année des rencontres. Inspirés par le thème « Réveillez-vous pour la vie », titre de l’«Année de la Vie Consacrée », des franciscaines et des franciscains ont contribué à une présentation vivante de l’Église. L’objectif de cette année ne fut pas le travail sur des contenus, des nouveaux domaines de travail et de l’engagement, ni des fardeaux ou des charges. Il s’agissait de se retrouver, de se rapprocher. Oui, on découvrit des nouveaux chemins pour être ensembles. Fin septembre environs 2000 religieux se réunirent à l’Université Catholique de Nairobi pour un séminaire de quatre jours. Participation et créativité furent impressionnantes. Le 5 septembre déjà 400 franciscaines et franciscains avaient célébré leur fête de la famille franciscaine. Chaque sœur et chaque frère furent touchés par l’esprit fraternel, qui régna ici. Le nonce apostolique de Kenya, l’archevêque Mgr. Karl Bakro, fut émerveillé par cette démonstration de l’unité franciscaine. Le nombre remarquable de 500 sœurs et frères participa le 3 octobre à la célébration du Transitus. Pour tous cela documenta à nouveau notre forte appartenance. Notre inspiration est notre père François. La célébration du Transitus, de la rentrée à la maison de Dieu de notre père spirituel, est souvent comprise et appréciée comme un point culminant de l’hospitalité franciscaine. Aux journées mensuelles de recueillement participèrent chaque fois entre 60 et 80 frères et sœurs. Ces succès bien saisissables résultent de la collaboration de longue date dans le cadre du CCFMC. Ce cours invite sans cesse de vivre cette appartenance mutuelle dans des manières très riches. Collaboration, engagements communs et sens commun font partie de la vocation des franciscaines et des franciscains. Un regard vers des autres pays montre que par exemple en Ouganda, en Tanzanie, au Cameroun, en Zambie, en Afrique du Sud, au Malawi, en Éthiopie, au Ruanda, au Burundi et au Congo la collaboration entre des communautés franciscaines s’est mise en place ou est en train de se réaliser. La jeunesse franciscaine enregistrée en Ouganda, et qui compte plus de 1000 membres, célèbre cet événement avec un séminaire de plusieurs jours. Il a eu lieu quelques semaines bien avant Noël dans une paroisse ou une école, qui accueille. La communication via email ainsi que des visites de beaucoup de sœurs et frères de l’Afrique septentrionale, qui ont lieu depuis bien des années, por- Année 28, Novembre/Décembre 2015, N° 4 Page 3 tent des fruits. Par notre collaboration nous sommes bien capables d’influencer le processus de l’inculturation des riches traditions et cultures en Afrique. L’institut franciscain « Saint Antoine de Padoue » en Afrique (SAPIA) est un fruit du cours fondamental CCFMC. Tout l’héritage de l’histoire franciscaine de 800 ans, la philosophie et la théologie doivent s’exprimer ici en Afrique. Le groupe d’enseignants franciscains avec ses professeurs formés s'accroît tous les ans. On envisage un journal franciscain trimestriel édité par le groupe d’enseignant dans le contexte de la culture et des traditions africaines. À Lusaka la faculté philosophique pour la formation des frères franciscains vient d’être reconnue par l'État comme université. Cela montre la forte reconnaissance de la vie franciscaine par la population. À Nairobi l’opportunité pourrait s’ouvrir d’installer une institution franciscaine basée sur le SAPIA avec jusqu’à 200 étudiants. Au cours des 30 ans passés le nombre de frères africains s’est multiplié par cinq. Il y a aujourd’hui 32 postulants et douze novices. On peut constater avec admiration, que nous sommes appréciés dans l’Église et dans le monde. Cette expérience nous fortifie dans nos projets. Nous agrandissons nos maisons pour les étudiants de philosophie à Lusaka et pour les étudiants de théologie à Nairobi. On peut envisager l’ouverture des communautés dans des pays où nous ne sommes pas encore présents actuellement. En ces semaines nous nous préparons à la visite du Pape François. Le « Mother Earth Network » (« réseau la terre notre mère »), qui est porté par l’inspiration franciscaine, suit l’invitation de planter un arbre au terrain des Nations Unis ensemble avec le Saint Père. A part le souci pour les enfants, les vieux, les malades, les handicapés et les sans-domiciles, il s’agit de protéger une qualité de vie fondamentale pour tous. Nous collaborons avec des hindous et des musulmans pour réparer ce monde blessé – surtout en faveur des pauvres. Asie du Sud-Est Philippines Sr. Dorothy Ortega nous informe sur la nouvelle équipe de coordination pour l’Asie du Sud-Est/ Océanie et les nouveau programmes Jeanne Luyun SFIC, qui avait été la coordinatrice du CCFMC pour la région Asie du Sud-Est/ Océanie, a transmis cette fonction à Mme. Renita Joy Fabic. Elle continuera cependant à jouer un rôle important au « Réseau CCFMC pour la Vie ». Beaucoup de gens garderont un très bon souvenir des activités de Jeanne dans l’organisation et animation des programmes internationaux et de sa précision dans des rapport finaux ainsi que son grand engagement d’accomplir ses autres charges pour l’Asie / Océanie. A part son appartenance au CCFMC qui continue, Jeanne Luyun s’engage maintenant dans des programmes d’études pour ces jeunes sœurs SFIC. Année 28, Novembre/Décembre 2015, N° 4 Page 4 Joy Fabic fut la coordinatrice nationale du CCFMC aux Philippines depuis 1998. Son mandat comme coordinatrice CCFMC pour l’Asie du Sud-Est / Océanie dure trois ans, elle peut pourtant être réélue pour une autre période. Elle anima des programmes nationaux CCFMC pendant presque deux décennies avec un très grand succès. Elle gagne sa vie comme professeur à une école catholique à Metro-Manila. Programme international du CCFMC 2016 Des programmes internationaux furent annulés pendant le changement du personnel au bureau de coordination du CCFMC. La nouvelle équipe de coordination présenta son plan pour un programme international prévu à Kota Kinabalu à Sabah / Malaysia pour le 19 au 30 octobre 2016. L’histoire et le développement de l’Ordre des Clarisses (OSC), du Tiers Ordre Régulier ainsi que du Tiers Ordre Séculier (OFS) devraient y trouver une attention particulière. Il s’agit de montrer et d’accentuer les effets de la dimension missionnaire de ces trois groupes de la famille franciscaine sur des communautés, l’Église et le monde. À la fin du programme les participants seront appelés à présenter des propositions comment ces trois groupes pourraient s’engager de façon durable et pleines de passion pour une réanimation du charisme franciscain-missionnaire dans notre monde en changement rapide. En plus, le programme CCFMC pour 2016 utilisera les leçons sur le marxisme et le capitalisme comme base et point de départ pour des études et du travail sur le thème « Mondialisation : Des paradigmes en train de changer, des conséquences et effets pour la vie des hommes en générale et des franciscains en particulier. » Programme national 2015-2016 Des programmes nationaux, surtout aux Philippines, se déroulent en trois parties et ont lieu habituellement durant les week-ends. La première partie comporte huit à neuf leçons ; il s’agit des notions de base sur le charisme missionnaire franciscain. La seconde partie contient neuf leçons dans lesquelles on parle de la dimension mystique et de la dynamique intérieure de la mission franciscaine. Partie trois du programme présente à travers les huit dernières leçons le défi franciscain d’être « parmi des hommes » et de rendre concrètes – audibles et visibles – comme « sel de la terre » et « lumière pour le monde » des valeurs présentées dans des leçons du CCFMC. Deux autres programmes nationaux seront reconduits aux Philippines en 2015-2016 ; un à Luzon et l’autre à Visayas et Mindanao. Luzon : La première partie avait lieu le 19/20 juin 2015 au collège St. Joseph ; la deuxième partie est prévue pour du 12 au 14 février, la date pour la partie trois sera terminée plus tard. Trente participants se sont déjà inscrits pour ce programme. À Mindanao ce programme en trois parties sera présenté aux franciscains de Visayas et Mindanao pour la première fois. Le lieu de conférence sera la maison de Madame Mae Salazar à General Santos dans le sud du Mindanao. Les dates : du 16 au 19 octobre 2015 ; du 24 au 26 juin 2016 et août 2016. Les cinquante participants bien engagés viennent de cinq îles à Visaya et de trois villes sur Mindanao. Tous veulent apprendre beaucoup plus sur la spiritualité franciscaine et le charisme missionnaire à l’aide du CCFMC, s’intéressent pourtant en même temps aux études académiques sur la vie de François et Claire. Des futurs professeurs et intervenants sont alors invités á participer au programme international, qui aura lieu en 2016 à Sabah / Malaysia. Madame Belinda Inao de Siquijor et Madame Mae Salazar de la ville General Santos furent choisies pour cela en tant que personnalités engagées. Le pacte des catacombes : pour une Église servante et pauvre Rencontre internationale à Rome du 11 au 17 novembre 2015 Une histoire presque oubliée du Concile du Vatican II reprend vie. Il y a 50 ans, le 16 novembre 1965, que 40 évêques se réunirent aux catacombes hors de la ville de Rome pour signer un pacte devenu célèbre comme « pacte des catacombes ». Peu avant le concile dans une allocution radiodiffusée le Année 28, Novembre/Décembre 2015, N° 4 Page 5 Pape Jean XXIII avait parlé d’une « Église des pauvres ». Au début ils ne furent que 40, mais peu à peu jusqu’à 500 évêques conciliaires, qui se laissèrent fasciner par ce rêve d’une Église renouvelée, parmi eux beaucoup de l’Amérique Latine. Il s’agît d’une Église crédible pour les pauvres, qui représentent la grande majorité du peuple de Dieu d’aujourd’hui. Ils promirent de vouloir changer quelque chose de fondamental après leur retour du Concile, qui se termina le 8 décembre 1965 : de mener une vie simple et de se libérer de tous les signes du pouvoir et de l’honneur, ainsi que de vouloir signer un pacte avec des pauvres. C’est-à-dire qu’ils voulurent désormais regarder le monde avec les yeux des pauvres, alors la grande majorité de la population mondiale, et d’agir ainsi. Les évêques se firent leur porte parole. Dom Helder Camara, l’archevêque de Recife / Brésil, fut leur animateur. Le groupe se réunît régulièrement, forgea des projets. Dom Helder appela François d’Assise « le Patron d’une Église des pauvres », voyagea lui-même à Assise pour y chercher des conseils et du support. Ils présentèrent aux pères du Concile des projets soigneusement réfléchis. Le groupe par contre dut rapidement se rendre compte que la majorité ne fut pas intéressée par ce thème. Ils ne furent pas encore « conquis par la grâce de l’amour de la pauvreté » comme disait Dom Helder. Une reconnaissance réelle ne connurent ces idées du pacte des catacombes qu’aux conciles continentaux latino-américaines de Medellín (1968), Puebla (1979) et Aparecida (2006). C’est là où des thèmes du pacte des catacombes devinrent partie de la doctrine du Magistère d’une Église locale continentale de l’Église catholique. Cela représenta un changement radical d’une position à côté des riches et puissants vers une position à côté des pauvres. Cela mena à une nouvelle forme d’Église, d’une Église libératrice à côté des pauvres, d’une Église hiérarchique vers une Église servante du peuple de Dieu. Le cardinal Evaristo Arns dit là-dessus que l’Amérique Latine ait découvert son âme franciscaine lors de ces rassemblements. C’est maintenant que le pacte des catacombes rentre à Rome par un pape venant de l’Amérique Latine. Le Pape François connaît et vit la « théologie du peuple », la forme argentine de la théologie de la libération. Il est bien marqué par des grands rassemblements généraux de l'Église latinoaméricaine de Medellín (1968), Puebla (1979) et Aparecida (2006). Il veut ranimer le Concile et continuer la mise en œuvre des décisions du Concile. Il pense et vit d’une façon franciscaine, mais avec l’intelligence jésuite. C’est qu’il ne cesse à montrer par son style de vie, ses gestes et ses rencontres, ainsi que par l’encyclique « Laudato si ». Le rêve des « évêques des catacombes » d’une « Église des pauvres pour les pauvres » reste encore loin après 50 ans. C’est que vient de rappeler une rencontre internationale à Rome du 11 au 17 novembre 2015. Elle avait comme objectif de ranimer le pacte des catacombes et de le célébrer avec une messe aux catacombes de Domitilla. Pour des hommes se sentant proche de François d’Assise, cela devrait leur tenir au cœur de s’engager pour que ce pacte ne tombe pas dans l’oubli. Andreas Müller OFM 50 après le « Pacte des catacombes » http://www.la-croix.com/Religion/Spiritualite/50-apres-le-Pacte-des-catacombes-2015-11-16-1380811