LA BALAGUA DE LA SIESTA / LAS HERMANAS CARONNI Elles
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LA BALAGUA DE LA SIESTA / LAS HERMANAS CARONNI Elles
www.sebastiengazeau.fr SÉBASTIEN GAZEAU : ACCOMPAGNEMENT RÉDACTIONNEL { Las Hermanas Caronni LA BALAGUA DE LA SIESTA / LAS HERMANAS CARONNI Elles sont Argentines, mais avant tout musiciennes, nées le même jour à 10 minutes d’intervalle dans une famille où tout le monde chante et joue à longueur de temps, comme on respire. Il y a la grand-mère, capable d’entonner dix tangos à partir d’un mot entendu entre deux portes ; le père avec ses chansons rapportées d’Italie ; les cousins qu’on retrouve autour du feu lors des guitarreadas. Et puis l’oncle, célèbre pianiste émigré à Rome, qui donna à Laura une bonne raison pour faire ce que tous les Argentins finissent par faire un jour ou l’autre : partir. Laura et Gianna Caronni ont posé leurs valises en Europe vers la fin des années 90, à quelques mois d’intervalle l’une de l’autre, pour poursuivre leurs études musicales entamées sur les bords du fleuve Paranà, dans leur ville natale de Rosario, avant de gagner Buenos Aires. C’est en France, sœur aimée de l’Argentine, qu’elles choisissent finalement de parfaire leur technique. Mais les médailles et les premiers prix ne leur suffisent pas. La vie de musicienne est affaire de rencontres et d’échange. Chacune de leur côté, elles intègrent bientôt divers ensembles au répertoire souvent moins classique que ne le laissait prévoir leur formation. Elles tournent un peu partout dans le monde, jouent pour le théâtre, avec des danseurs, des conteurs, des marionnettistes. Sans s’en rendre compte, elles sont en train de basculer de l’autre côté de la partition, commencent à écrire leurs premières mélodies, leurs premiers textes… Le duo Las Hermanas Caronni est apparu en 2004. Ce fut une surprise. Les deux sœurs n’ont pourtant jamais cessé de jouer ensemble depuis leur plus jeune âge, en privé ou en public. Mais pour la première fois, elles se reconnaissent un monde à elles qu’elles explorent de concert en concert jusqu’à ce premier enregistrement. C’est un album de famille, inévitablement, où se côtoient les figures tutélaires (Atahualpa Yupanqui, Alfredo Zitarrosa, Homero Exposito) et les aïeuls dont l’influence et la mémoire se perpétuent à travers le choix d’un tango ou les paroles d’une chanson. L’Argentine est omniprésente, terre de l’enfance et des souvenirs, port d’attache où l’on ne cesse de vouloir revenir, sans trop d’illusions. Car le temps a passé et « le ciel d’été lointain n’est plus ». Douceurs de la nostalgie… Mais c’est la vie qui l’emporte à la manière d’un fleuve se jetant dans un océan de promesses ! On devine mille voyages entre les notes de ces treize morceaux - des compositions originales pour la plupart - au chant gonflé comme une voile. Les rythmes traditionnels argentins croisent d’autres rythmes cueillis lors de séjours sur l’île de la Réunion, au Brésil, en Espagne ou en Afrique. Les sonorités du violoncelle et de la clarinette se répondent et s’enchevêtrent, les voix s’amplifient de modulations inédites, signes d’une liberté conquise sur la petite musique des origines, si lointaine et pourtant si proche. Comme l’Argentine.