en état d`urgence
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MAGAZINE DE MSF CANADA Volume 19 Numéro 2 Été 2014 DEPECHES SOUDAN DU SUD : EN ÉTAT D’URGENCE EN COUVERTURE : Une crise humanitaire complexe, pp. 02, 03, 06 | AFGHANISTAN : Ce qu’il reste de l’intervention internationale, p. 04 GUINÉE : Combattre Ebola, p. 05 | VACCINS : Éviter la surchauffe, p. 08 JORDANIE : Reconstruire une vie, p. 09 | SUR LE TERRAIN : L’histoire d’un pompier en République centrafricaine, p. 10 MSF AU CANADA : Retour sur nos débuts, et rencontre avec notre nouvelle présidente, pp. 13, 14 envoyé plus de travailleurs canadiens que pour toute autre situation d’urgence en cours. De plus, en prévision d’une éventuelle catastrophe humanitaire à grande échelle, nous sommes prêts à allouer à ces projets une plus grande partie des fonds que vous nous avez confiés. © Wairimu Gitau / MSF LETTRE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL SOUDAN DU SUD : Dépêches Vol.19, no2 UNE SITUATION D’URGENCE SUR PLUSIEURS FRONTS 02 V aste territoire enclavé, marqué par des besoins considérables et des ressources très restreintes, le Soudan du Sud est un pays en crise. Même avant sa séparation du Soudan en 2011, le dernier État-nation en date faisait déjà face à de nombreux défis. Cependant, au cours de ces derniers mois, ces défis ont augmenté de façon spectaculaire. Le Soudan du Sud fait partie d’une longue liste de pays qui requièrent urgemment que la communauté internationale y porte son attention. L’an dernier, Médecins Sans Frontières (MSF) a tiré la sonnette d’alarme sur des crises humanitaires dans des pays comme la Syrie, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo. Alors que les besoins de ces pays nous appellent à agir, nous demandons à nos sympathisants qu’ils nous aident encore une fois à relayer notre message sur la crise humanitaire à grande échelle et de plus en plus complexe qui se développe au Soudan du Sud. Les indicateurs y sont inquiétants. Depuis la fin de l’année dernière, au moment où la guerre civile a éclaté dans le pays, plus d’un million de personnes ont dû quitter leur domicile. Malgré l’accalmie du conflit, ces personnes continuent à souffrir cruellement du manque de nourriture, de sécurité et de soins. Même ceux qui ont trouvé la sécurité vivent souvent dans des conditions déplorables. En juin par exemple, dans un endroit désigné comme un site de protection des civils dans la ville de Bentiu, nous avons appris qu’en moyenne trois enfants de moins de cinq ans y mourraient chaque jour à cause de la malnutrition, de la diarrhée aiguë, de la pneumonie et d’autres maladies évitables. Ailleurs dans le pays, la situation nutritionnelle est également préoccupante : en seulement trois mois, entre mars et mai, MSF a soigné des milliers d’enfants touchés par la malnutrition, avant même le début de la période de soudure qui s’étend habituellement de juin à août. À mesure que le pays sort d’une guerre civile qui a détruit les stocks alimentaires, déplacé les fermiers et perturbé les cultures, une crise alimentaire pourrait venir s’ajouter à la situation de plus en plus complexe du Soudan du Sud. Si l’on ajoute à cela le nombre de réfugiés arrivant par le nord du pays après avoir fui la violence au Soudan voisin (plus d’informations en page 6 de ce magazine), ainsi que ceux touchés par une épidémie de choléra dans le sud, on se rend compte que l’ampleur des difficultés auxquelles le nouvel État doit faire face ne fait que s’accentuer. Au-delà des statistiques, il y a l’aspect humain : une mère arrivant épuisée dans une clinique de MSF, portant un enfant dans ses bras et un autre sur son dos, les deux enfants affaiblis et extrêmement déshydratés par le choléra; ou bien des familles qui fuient le conflit à pied ou en bateau afin de se mettre à l’abri dans un camp de déplacés. Certains arrivent complètement malnutris et malheureusement trop tard pour être sauvés par nos équipes. Ceci reflète la réalité quotidienne de tant de personnes, une réalité que nous souhaitons faire connaître et qui nous pousse à agir. Mais MSF ne se limite pas à un seul endroit, à un seul problème ou à une seule crise. Nous nous évertuons à offrir des services d’urgence aux populations du monde entier. À cet égard, les témoignages présentés dans ce numéro de Dépêches reflètent certains des nombreux domaines dans lesquels nous continuons à travailler en vue de fournir un accès à la santé, à la dignité et aux soins médicaux. En outre, MSF est plus qu’une simple organisation. Nous sommes un groupe de personnes qui répond avec compassion aux souffrances des autres et qui prodiguent des soins vitaux. Vous trouverez ici certains de leurs témoignages : celui d’un Canadien qui a participé à la lutte contre l’épidémie d’Ebola en Guinée (voir page 5); celui d’un chirurgien de MSF qui a aidé les victimes des conflits en Syrie et en Irak dans un projet que j’ai visité récemment en Jordanie (voir page 9); et enfin la contribution importante de ceux qui nous soutiennent en collectant des fonds pour rendre tout cela possible (voir page 12). Mais à l’heure actuelle, c’est sur la crise qui se déroule au Soudan du Sud que nous souhaitons focaliser notre attention, et nous espérons la vôtre aussi. Les Canadiens sont déjà au cœur de l’action pour empêcher que cette tragédie ne s’aggrave encore plus, et ce, soit en travaillant directement sur le terrain, soit en envoyant des dons, soit en s’informant de la situation ou encore en sensibilisant les autres, une démarche à laquelle vous pouvez contribuer en lisant et en partageant ce magazine. J’espère qu’au moment où vous lirez ces lignes, l’attention du monde se sera tournée vers le Soudan du Sud et ses besoins urgents. Mais dans le cas contraire, MSF, grâce à votre soutien, y sera présente. PRÊTS À AGIR Comme on peut s’y attendre, la réponse de MSF face à cette crise a été d’intensifier ses activités. Nous mobilisons davantage de personnes, de fonds et de ressources pour intervenir au Soudan du Sud, tout en nous appuyant sur notre vaste expérience et notre expertise pour y parvenir. Cette année, nous y avons déjà Stephen Cornish Directeur général de MSF Canada Twitter : @Stephen_Cornish APERÇU SOUDAN DU SUD : UNE CRISE EN PLEIN DÉVELOPPEMENT Soudan Melut Yida Le plus jeune pays du monde confronté à une situation explosive Dès le début des combats, MSF a renforcé sa capacité d’intervention pour faire rapidement face aux urgences médicales dans le pays. Dans neuf des 10 États du Soudan du Sud, les équipes de MSF opèrent maintenant plus de 22 programmes médicaux et non-médicaux, en plus des activités mobiles. Elle y fournit aussi des soins de base, un soutien nutritionnel, des chirurgies, des vaccins, et approvisionne en eau potable ceux qui ont été forcés de quitter leur domicile. MSF s’engage à sauver des vies en fournissant des soins médicaux d’urgence au Soudan du Sud, à venir en aide aux personnes touchées par la crise actuelle et à toutes les personnes vivant dans une situation de précarité à cause du Éthiopie Leer Gogrial Kuacjok Wau Nasir Lankien Pagak Letchuor Yuai Mayendit Itang Tiergol Warrap Nyal Jonglei Lacs Rumbek République centrafricaine Bor Awerial Dorain Pibor Gumuruk Equatoria-Occidental Yambio Torit Juba Equatoria-Central Projet MSF existant Barutuku Nyumanzi Nouveau projet MSF Camp de réfugiés République démocratique du Congo Violence dans les hôpitaux Nadapal Nimule Kenya Dzaipi Ayilo Ouganda Région directement touchée par la violence Région indirectement touchée par la violence Migrations de population manque d’accès aux soins. Au Kenya, en Éthiopie et en Ouganda, MSF a mis en place des projets d’urgence pour venir en aide aux milliers de réfugiés sud-soudanais qui s’y sont installés. Pendant le conflit, MSF a dû relocaliser dans d’autres structures médicales de nombreux services qu’elle offrait jusque-là. MSF a érigé des tentes pour y installer ses hôpitaux, travaille dans des constructions temporaires et même dans des cliniques gonflables. Avec plus de 3 500 employés locaux et internationaux qui travaillent dans le pays, MSF a pu mettre en place des projets d’urgence pouvant répondre aux besoins croissants des personnes directement touchées par la crise. 0 0 100 200 km 100 mi tion, MSF mène le plus d’interventions en matière de nutrition thérapeutique. Ainsi, le programme mis en place au Soudan du Sud en 2013 représentait le troisième programme nutritionnel en importance de MSF. À l’heure actuelle, après des mois de conflit et de déplacements massifs, les gens ne savent plus comment faire face à la situation, les marchés ont été détruits, les réserves alimentaires ont été pillées et, en raison des combats, il est devenu difficile de semer ou de récolter les cultures. Entre janvier et juin, MSF avait déjà accueilli plus de 9 000 enfants dans ses programmes nutritionnels ambulatoires et avait 1 500 enfants hospitalisés dans ses structures. CHOLÉRA INTERVENTIONS EN MATIÈRE DE NUTRITION Le Soudan du Sud présente toujours un certain taux de malnutrition durant la période de soudure, qui dure habituellement de juin à août et au cours de laquelle les principales cultures ont été semées sans toutefois pouvoir être encore récoltées. La plupart des années, le Soudan du Sud continue d’être l’un des pays où, en raison de la malnutri- © TBC Equatoria-Oriental En mai, le ministère de la Santé du Soudan du Sud a déclaré que Djouba était en proie à une épidémie de choléra. MSF a mis sur pied des centres de traitement du choléra et des points de réhydratation dans des zones clés de la ville. Elle continue de fournir une assistance technique à l’hôpital universitaire de Djouba, en renforçant les mesures d’hygiène et l’approvisionnement en eau en vue de maîtriser l’infection. © MSF Le 15 décembre 2013, cette violence a pris une nouvelle tournure quand des affrontements entre les groupes rivaux de la garde présidentielle ont éclaté à Djouba, la capitale du Soudan du Sud. Ces affrontements se sont rapidement répandus et ont pris une orientation clairement sectaire. Le conflit qui en a découlé a mené à la destruction de structures médicales et civiles, et causé le déplacement de plus d’un million de personnes à l’intérieur du Soudan du Sud, en plus des 300 000 autres qui ont cherché refuge dans les pays voisins. Par conséquent, la plupart des établissements de santé du pays sont hors d’état, ce qui prive la majorité des gens d’un accès aux soins. Maban Haut-Nil Bentiu Unité Aweil Bahr el Ghazal occidental Malakal Dispatches Vol. 19, Ed.2 E n 2011, la nouvelle république indépendante du Soudan du Sud a officiellement vu le jour suite à plus de 20 ans de guerre civile entre les forces séparatistes et le gouvernement du Soudan à Khartoum. Mais, au-delà des célébrations qui ont entouré la création de ce tout nouveau pays d’Afrique, une ombre semblait planer sur le pays. Depuis le jour où il a gagné son indépendance, le Soudan du Sud a été confronté à un certain nombre de défis humanitaires importants. Maladie, malnutrition et déplacements de population demeurent monnaie courante dans le pays, tandis que le système de santé est extrêmement faible et sous-financé. En outre, de nombreuses régions du Soudan du Sud sont encore en proie à des niveaux élevés de violence, un héritage de divisions qui remonte à avant même la fin de la guerre civile. Abyei Agok Pamat Bahr el Ghazal du Nord 03 CE QU’IL RESTE DE L’INTERVENTION INTERNATIONALE Dispatches Vol. 19, Ed.1 Malgré le départ des forces internationales, l’urgence médicale demeure 04 A près plus de 10 ans d’aide et d’investissements internationaux, les Afghans ont toujours du mal à obtenir des soins essentiels, et ce, en raison de l’insécurité, de la distance, des tarifs et du dysfonctionnement de nombreux centres de santé. C’est la triste conclusion d’un sondage mené auprès de 800 patients de Médecins Sans Frontières (MSF) dans quatre hôpitaux des provinces de Helmand, Kaboul, Khost et Kunduz où travaillent ses équipes médicales. L’année 2014 sera une année cruciale pour l’Afghanistan. La majorité des troupes internationales quittera le pays avant la fin de l’année, y compris celles du Canada qui, en mars dernier, a mis un terme à sa mission de 12 ans en Afghanistan. L’amélioration des services médicaux est souvent citée comme une des réussites de la communauté internationale dans le cadre de ses activités de renforcement de l’État afghan. Cependant, la situation médicale dans le pays est loin d’être une simple histoire à succès. L’intervention internationale qui a suivi l’invasion américaine de l’Afghanistan en 2001 a apporté au système de santé afghan son lot d’investissements et de progrès. Cependant, les taux de mortalité maternelle et infantile demeurent parmi les plus élevés au monde. De plus, le nombre de victimes de violence ne cesse de s’accroître, et les besoins médicaux et humanitaires demeurent criants. « Parmi tous les patients interrogés, un patient sur cinq a perdu l’an dernier un membre de sa famille ou un ami proche à cause du manque d’accès aux services médicaux », souligne Christophe Stokes, un directeur général de MSF. « ON NE PEUT PAS VOIR DE MÉDECIN » Selon les patients interrogés par le personnel de MSF, l’un des principaux obstacles était l’insécurité qui les empêchait de se rendre à un centre de santé. « Mon village vit constamment dans un climat de violence », a confié un directeur d’école de la province de Baghlan âgé de 25 ans au personnel humanitaire de MSF. « Les combats se poursuivent même s’il y a des blessés, alors il est souvent impossible de les amener voir un médecin. Même quand on est en mesure de se déplacer avec les victimes, il faut surmonter les barrages routiers, les points de contrôle, les interrogatoires et le harcèlement avant de pouvoir arriver à l’hôpital. » Le témoignage de ces patients révèle un écart important entre la théorie et la pratique en matière de soins de santé. Bien que le nombre de centres médicaux en Afghanistan ait augmenté au cours des 10 dernières années, les gens des quatre endroits où MSF a mené son enquête affirment qu’il y a encore trop peu de centres de santé dignes de confiance qui fonctionnent correctement ou qui sont abordables. « Les gens ont indiqué que les cliniques manquaient de médicaments, de personnel qualifié et d’électricité et qu’ils devaient s’endetter de plus en plus pour se faire soigner », souligne Christophe Stokes. La majorité des répondants disent qu’ils ne sont pas en mesure d’utiliser la structure de santé publique la plus près. Cela les oblige à parcourir de plus longues distances, engendrant des coûts et des risques importants, afin de recevoir des soins en cas de maladie. Ces 12 dernières années, les gouvernements internationaux ont basé un grand nombre de leurs décisions concernant l’aide à apporter en Afghanistan sur des considérations autres que les besoins des Afghans. Parmi ces décisions, on peut citer l’objectif de stabilisation, les stratégies visant à « gagner le cœur et l’esprit du peuple », ou celle visant à obtenir le soutien politique de la population des pays d’origine. De ce fait, la demande urgente engendrée par le conflit en cours est encore loin d’être comblée. Les gouvernements, les bailleurs de fonds, les acteurs humanitaires et les autorités afghanes doivent remédier d’urgence aux lacunes du système de santé et mettre de côté toutes les considérations qui ne relèvent pas des besoins du peuple. Claudia Blume Attachée de presse MSF travaille à l’hôpital d’Ahmed Shah Baba dans la partie est de Kaboul, et à l’hôpital de Boost à Lashkargah dans la province de Helmand. À Kunduz dans le nord de l’Afghanistan, MSF gère également un centre de chirurgie et de traumatologie. En outre, MSF dirige une maternité à Khost dans l’est du pays. © Mikhail Galustov AFGHANISTAN GUINÉE À LA RENCONTRE DE L’ÉPIDÉMIE Cependant, l’état des patients que Tim Jagatic a vus ce jour-là était plus grave qu’il n’y paraissait. Ils faisaient partie d’un groupe de personnes soupçonnées d’avoir contracté Ebola, une maladie grave, présentant un taux de mortalité élevé et ayant un lourd impact sur les malades. Le gouvernement de la Guinée avait annoncé une épidémie d’Ebola un peu plus d’une semaine avant l’arrivée du médecin canadien. En vue de contenir l’épidémie, MSF a travaillé avec le ministère guinéen de la Santé, et le service que Tim Jagatic a visité lors de son premier jour à Conakry illustrait l’intervention rapide mise en place par l’organisation. « Il y avait une foule d’activités en cours quand je suis arrivé », dit-il. « Nous construisions de nouvelles salles d’isolement, une zone pour les cas suspects, et nous mettions en place une unité de décontamination plus avancée. » UNE MALADIE FAISANT DES RAVAGES Le virus Ebola, dont il existe plusieurs souches, a été identifié en 1976 près de la rivière Ebola, dans ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo. Depuis lors, il y a eu un certain nombre de flambées sporadiques de la maladie, avec environ 2 200 cas enregistrés à ce jour, la majorité d’entre eux fatals. Le virus provoque des symptômes ravageurs, avec de la fièvre, des douleurs, des vomissements et la diarrhée. Souvent, au moment où l’organisme de la personne infectée réagit, le virus a déjà causé des caillots de sang bloquant les organes vitaux et provoquant des hémorragies majeures. Les saignements abondants et violents sont très courants, et le taux de mortalité est notoirement élevé. Il est difficile de traiter la maladie, et il faut donc s’attaquer aux symptômes avant qu’il ne soit trop tard. Grâce en partie au fait que MSF soit intervenue immédiatement lorsque la maladie s’est déclarée, Tim Jagatic et ses collègues ont réussi à soigner dès les premiers stades de la maladie un certain nombre de patients suspects, comme les patients qu’il a vus le premier jour. « En administrant des soins de base et un traitement de soutien, en donnant aux patients le temps que leur système immunitaire trouve le virus et le détruise, alors il est possible de guérir », explique le médecin canadien. « Nous avons déployé des efforts considérables pour faire en sorte de fournir le bon traitement. Dans la plupart des cas, il était vraiment efficace. » les travailleurs de la santé qui tentent de les aider – sont souvent victimes d’une stigmatisation de la part des membres de la communauté, qui s’inquiètent de sa propagation. En Guinée, MSF a collaboré avec des dirigeants communautaires et religieux pour expliquer à la population qu’une intervention précoce pouvait sauver des vies. D’après Tim Jagatic, cette approche a permis d’atténuer certains effets de l’épidémie. « Ma plus grande fierté est d’avoir été le premier à serrer la main du premier patient guéri après la fin de son traitement », dit-il. « Par ce geste, j’ai montré à toute la Guinée qu’il n’y avait aucune raison de rejeter cet homme. Lorsqu’il est sorti, je lui ai tendu ma main, volontairement sans gants, afin de lui souhaiter un bon retour dans la société. » « IL ÉTAIT IMPORTANT DE DÉTRUIRE LES PRÉJUGÉS. » POINT SUR LA CRISE : En juin, près de trois mois après le retour de Tim Jagatic de la Guinée, MSF a diffusé un message fort, disant que l’épidémie d’Ebola, qui s’étalait jusqu’en Sierra Leone et au Liberia, avait atteint un stade critique et que, sans un soutien accru, MSF allait atteindre les limites de ses capacités. « L’épidémie est hors de contrôle », a déclaré le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de MSF. « Il y a un risque réel de propagation à d’autres régions. » Pour connaître les derniers événements en rapport avec l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, visitez msf.ca. UNE STIGMATISATION TOUT AUSSI DÉVASTATRICE Ebola reste une maladie mortelle qui peut être terrifiante. Les victimes de la maladie – ainsi que Michael Lawson Agent des communications Dépêches Vol.19, no2 L a première rencontre de Tim Jagatic avec des patients suspectés d’avoir contracté Ebola en Guinée, au printemps dernier, ne s’est pas passée comme il s’y attendait. Ce médecin canadien de Windsor (Ontario) n’était arrivé à Conakry, la capitale guinéenne, que la veille, pour faire partie de l’équipe d’urgence de Médecins Sans Frontières (MSF), et devait maintenant se préparer à faire face à ce virus mortel. « Vous êtes équipé de la tête aux pieds, avec lunettes de protection et masque facial », se souvient Tim Jagatic. « Et vous vous dites : “Bon, il faut y aller!” Puis vous entrez dans la salle d’isolement, et en fait c’est un peu décevant. Parce que tout ce qu’on voit, c’est un groupe de patients qui se sentent juste un peu mal. » © Sam Taylor / MSF © Sylvain Cherkaoui / Cosmos Un médecin canadien se bat contre Ebola 05 06 NOUVEAU PAYS, DÉFIS IMMENSES Avril Benoît a suivi l’évolution du conflit au Soudan du Sud alors qu’elle participait à une autre intervention dans le nord du pays E n décembre dernier, lorsque j’ai accepté de retourner au camp de réfugiés de Doro, dans l’État du Haut-Nil au Soudan du Sud, comme chef de projet pour Médecins Sans Frontières (MSF), je pensais savoir ce qui m’attendait. J’avais déjà été témoin d’une intervention d’urgence de MSF en 2011 quand des réfugiés venant du Nil Bleu, un État du Soudan voisin, étaient arrivés dans le comté de Maban après avoir traversé la frontière pour échapper au conflit entre le gouvernement soudanais et les forces de l’opposition. À cette époque, MSF avait été parmi les premières organisations humanitaires sur le terrain à fournir des services d’urgence pour les personnes touchées par les combats. Elle avait donc mis sur pied des cliniques, des latrines et des puits et avait attiré l’attention du monde sur cette nouvelle crise, qui avait déjà déplacé 20 000 personnes en quelques semaines. Dans les mois qui ont suivi, le conflit armé et les bombardements aériens au Nil Bleu ont continué, et le nombre de réfugiés a grimpé à plus de 126 000 personnes réparties dans quatre camps, alors que Doro accueillait à lui seul 48 500 réfugiés. Je me suis engagée à diriger une équipe de 325 employés de MSF qui faisaient fonctionner un hôpital et quatre cliniques externes, une perspective intimidante quand la température avoisine les 45°C. Toutefois, à la mi-décembre 2013, un autre conflit a éclaté : une nouvelle guerre civile au Soudan du Sud a vu le jour, opposant avec violence des groupes fidèles à différentes factions du gouvernement central qui ap- partenaient à deux groupes ethniques dominants : les Dinka et les Nuer. Dans un climat d’insécurité grandissante, MSF a commencé à se préparer au cas où elle aurait à évacuer ses équipes. En parallèle, elle a fait venir dans le pays des équipes de spécialistes expérimentés dans les interventions d’urgence en vue de fournir une assistance dans les zones touchées par le conflit. Dans certaines parties du Soudan du Sud, des hôpitaux de MSF ont été pillés, le personnel a été menacé et certains patients ont même été tués dans leur lit. DES EFFETS DÉVASTATEURS À Maban, loin de la capitale de Djouba située dans le sud du pays, la population a cherché à © Carly Britz Dépêches Vol.19, no2 SUR LE TERRAIN : SOUDAN DU SUD DES URGENCES SUR PLUSIEURS FRONTS Presque toutes les organisations non-gouvernementales opérant à Doro ont vu leurs structures se faire attaquer par des voleurs armés, à l’exception, heureusement, de celles appartenant à MSF. Ils ont volé du sorgho, des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, des barres nutritives hypercaloriques et du sucre. D’autres malheurs ont accompagné les distributions alimentaires : hausse de la criminalité, tension entre les communautés locales et les réfugiés, absentéisme scolaire, malnutrition et maladies. Les interruptions dans les distributions de nourriture ont retardé d’autres activités à une période critique, juste avant la saison des pluies débutant en juin. En distribuant des articles de première nécessité, tels que des moustiquaires et des bâches, alors que les réfugiés étaient affamés, il fallait bien s’attendre à voir ceux-ci les troquer contre de la nourriture. Lancée dans le cadre d’une stratégie de subsistance et de développement durable à long terme, la distribution de semences de sorgho et de maïs était vouée à l’échec pour les familles, qui trop affamées, ont été contraintes de les manger plutôt que de les planter. Au début de 2014, l’étendue des besoins à l’échelle nationale engendrés par cette nouvelle crise dans le plus jeune pays au monde a occulté le sort des quelque 126 000 réfugiés soudanais qui vivent actuellement à Maban. Au cours des six premiers mois, la guerre civile au Soudan du Sud a chassé un million de personnes de leurs foyers, tandis que 370 000 ont été forcées de fuir vers l’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda et même vers le Soudan (chose impossible pour les rescapés du Nil Bleu vivant dans les camps de Maban qui ne sont pas autorisés à s’inscrire ailleurs comme réfugiés). Aucun de ces événements ne se profilait à l’horizon quand je suis retournée à Doro. Seule la fureur des éléments s’est matérialisée comme prévue lorsque le vent et les pluies sont enfin arrivés. La saison des pluies a rendu les routes boueuses, a déchiqueté les abris faits de bâches en plastique et a créé les conditions propices à la reproduction des moustiques porteurs de paludisme. À proprement parler, les réfugiés qui bénéficient de l’aide de MSF à Maban n’ont pas été directement touchés par le conflit au sud. Mais ils ont été touchés de toutes les façons indirectes qu’on peut l’imaginer. Ils sont victimes des conflits des deux côtés de la frontière, avec aucun endroit sûr où aller. Avril Benoît Chef de projet 07 À gauche : MSF fournit des soins aux milliers de réfugiés qui ont fui les combats et les attaques aériennes au Nil Bleu, un État du Soudan, et ont trouvé refuge dans le comté de Maban au Soudan du Sud. À droite : Avril Benoît (à gauche sur la photo) travaille comme chef de projet pour MSF dans le camp de réfugiés de Doro. © Tine Larsen La faim a contraint certains réfugiés de Maban à retraverser la frontière vers le Soudan – le même pays qu’ils avaient fui auparavant pour échapper à la mort – afin d’ensemencer leurs terres et de grappiller quelque chose à manger. D’autres sont entrés en conflit avec la population hôte. Des chèvres ont été volées et des huttes brûlées, provoquant ainsi un mouvement de représailles. Ces affrontements ont fait plus d’une dizaine de morts dans les deux camps. © Carly Britz Le conflit a également eu un effet dramatique sur les opérations de distribution de nourriture du Programme alimentaire mondial (PAM) : sur les seules routes menant vers les camps de réfugiés de Maban qui n’étaient pas bloquées par les combats, les convois de camions transportant les rations alimentaires ont dû faire face à des demandes de pots-devin tellement coûteuses que les chauffeurs indépendants se sont vus immobilisés sur place avec leurs cargaisons vitales. Le sentiment de protection et de sécurité dans les camps de Maban a disparu lorsque les distributions du PAM sont devenues irrégulières : en mars et en avril, les familles n’ont reçu que l’équivalent de 15 jours de rations, soit le quart des calories dont elles avaient besoin pour survivre. Les prises en charge dans nos programmes de traitement de la malnutrition sont montées en flèche. UNE CRISE ALIMENTAIRE EN PROGRESSION Dépêches Vol.19, no2 maintenir une certaine neutralité par rapport à ce qu’elle considérait être un conflit entre Nuer et Dinka et qui ne la concernait pas. Mais même Maban n’a pas échappé au conflit : un grand nombre de nos employés sud-soudanais craignaient que les marques traditionnelles sur leur front et leurs joues – signes d’une identité tribale dans de nombreuses régions du Soudan du Sud – fassent d’eux des cibles et qu’ils fassent l’objet de représailles pour les atrocités que des membres de leur communauté auraient soi-disant commises. Ils ont quitté leur emploi et sont retournés dans leurs villages contestés afin de protéger leurs familles, ou ont plutôt cherché refuge en Éthiopie, un pays voisin. Nous avons eu peur pour eux, étions désolés de les voir partir, et avons dû parer à la hâte au manque de personnel. ACCÈS AUX MÉDICAMENTS ou trop froides en cours de route. En zones rurales, les vaccins voyagent souvent dans des véhicules tout-terrain, et lorsque les routes sont impraticables, ils sont transportés à moto ou à pied. © Robin Meldrum UN SYSTÈME DÉLICAT Dépêches Vol.19, no2 Ci-dessus : Dans le village de Bebongo, en RDC, des marchandises sont livrées aux équipes mobiles de MSF par canoë artisanal. L’une des plus grandes difficultés de MSF est de maintenir la température des vaccins lorsqu’ils sont acheminés sur le terrain. 08 ÉVITER LA SURCHAUFFE Maintenir une température constante pour les vaccins d’ordre vital n’est pas tâche facile C haque année, un enfant sur cinq dans le monde ne reçoit pas une couverture vaccinale complète, ce qui représente plus de 22 millions de jeunes vies susceptibles de contracter des maladies telles que la rougeole ou la méningite. Les vaccins font partie des outils médicaux les plus importants pour protéger la santé infantile. Et chaque jour, le personnel médical de Médecins Sans Frontières (MSF) est directement témoin des répercussions lorsque ces outils ne sont pas facilement disponibles : plus d’enfants sont malades, dont beaucoup vont mourir de maladies évitables. pour la réfrigération, il est facile de transporter et de conserver les vaccins dans ces limites de température strictes. Mais dans les pays en développement, en particulier dans les pays chauds comme ceux de l’Afrique subsaharienne, cette tâche est souvent difficile voire impossible. Il arrive que le courant ne soit pas stable, et que la température dépasse la marge de sécurité. Pour conserver les vaccins à la bonne température, MSF doit maintenir une chaîne du froid à chaque étape de leur voyage, depuis l’usine jusqu’aux enfants qui les recevront. Et pourtant, avec tout le pouvoir que recèlent ces vaccins pour protéger les enfants, ceuxci sont aussi extrêmement difficiles à utiliser dans les pays en développement. La plupart doivent être conservés à des températures entre 2 et 8°C, au risque de voir leur qualité s’altérer. Leur conservation, leur transport et leur administration, dans les conditions dans lesquelles MSF travaille généralement, comptent parmi les plus grands défis logistiques de l’organisation. L’expédition des vaccins de MSF sur le terrain commence par leur chargement sur des camions, dans des réfrigérateurs givrés pour une protection supplémentaire contre les pannes de courant. Ils sont ensuite transférés dans des avions, plutôt que des navires-cargos. (Le transport aérien est plus rapide que par bateau, et il réduit ainsi le risque d’une rupture de la chaîne du froid.) RESPECTER LA CHAÎNE DU FROID Dans les pays riches, où l’on peut compter sur un approvisionnement électrique fiable Lorsque les vaccins atteignent leur pays de destination, ils sont assemblés pour les sites de vaccination, dans des glacières bordées de blocs réfrigérants et équipées de moniteurs de température spéciaux. À l’arrivée, ces moniteurs signalent si les vaccins ont été soumis à des températures trop chaudes La gestion de la chaîne du froid est coûteuse, et la finalité peut être difficile à contrôler. Si le système ne fonctionne pas comme prévu, les vaccins s’altèrent en raison de la surchauffe ou du gel. Et pour les cliniques des pays en développement, qui doivent stocker les vaccins pendant des semaines ou des mois jusqu’à leur utilisation, la chaîne du froid ne peut pas remplacer le manque de réfrigération. Il faut donc trouver une solution excluant l’accès à un réfrigérateur. MSF plaide pour une alternative à la chaîne du froid, en se concentrant sur les vaccins euxmêmes. Ainsi, l’organisation demande aux sociétés pharmaceutiques de concevoir des vaccins plus faciles à utiliser, ayant une plus grande tolérance à la chaleur, et pouvant être conservés sans réfrigération. UNE NOUVELLE APPROCHE Jusqu’à présent, un seul vaccin a été approuvé pour une utilisation en dehors de la chaîne du froid. Le vaccin appelé MenAfriVac, contre la méningite A, a été spécialement conçu pour la « ceinture de la méningite » en Afrique, région où la maladie est souvent présente et les températures élevées. Les études portant sur le vaccin dans son environnement réel ont constaté que le MenAfriVac est resté tout aussi efficace dans une chaîne du froid souple, c’est-à-dire sans réfrigération pendant de courtes périodes. Grâce à des vaccins résistant aux températures élevées, les ministères de la Santé et les organisations humanitaires comme MSF peuvent fournir une protection vitale à un plus grand nombre d’enfants, en particulier ceux qui sont les plus difficiles à atteindre. Ces initiatives pourraient permettre de sauver des millions de vies chaque année. Pour en savoir plus sur les activités de MSF pour améliorer l’accès aux médicaments vitaux – non seulement en améliorant l’efficacité de la chaîne du froid, mais aussi en faisant en sorte que les vaccins soient plus abordables, plus accessibles et mieux distribués là où ils sont les plus nécessaires – visitez le site msfaccess.org/ bestshot (en anglais). RECONSTRUIRE UNE VIE Un chirurgien de MSF en Jordanie donne aux victimes la chance de guérir L es conflits qui font rage en Irak et en Syrie ont bouleversé la vie des gens dans les deux pays. En plus des perturbations dans le système de santé vécues par les personnes déplacées par la violence, la nature des combats dans les deux pays a engendré des besoins médicaux particuliers. © Robin Meldrum / MSF De nombreuses victimes de la violence requièrent une chirurgie reconstructive, mais n’ont pas accès aux soins nécessaires. Compte tenu des grands défis posés par l’insécurité en Irak, le personnel de Médecins Sans Frontières (MSF) offre des soins chirurgicaux aux victimes du conflit dans le cadre de son projet de chirurgie reconstructive à Amman, en Jordanie. Le projet d’Amman permet d’offrir aux patients une chirurgie orthopédique, plastique et faciale et de prendre en charge des cas complexes. MSF offre également des services de physiothérapie et de soutien psychologique. Et depuis le début du projet en 2006, plus de 2 000 patients y ont été soignés. Chirurgien orthopédique originaire d’Irak, Ali Al-Ani s’est installé en Jordanie en 2005 afin d’échapper aux conditions oppressives dans son pays d’origine. En 2007, il a commencé à travailler dans le projet de chirurgie reconstructive de MSF à Amman. Il nous décrit en quoi consiste son travail et parle de certaines personnes qu’il a soignées. Quels types de patients recevez-vous? Ali Al-Ani : Nos patients sont des victimes du conflit qui touche toute la région. Au cours des deux premières années du programme, nous n’avons reçu que des patients irakiens. En 2008, le programme a étendu sa portée, et nous avons commencé à accepter des patients d’autres pays affectés par la violence dans la région. Depuis lors, nous avons accueilli des patients de Gaza, du Yémen et de la Syrie. La majorité des cas que nous devons prendre en charge sont complexes. Quels types de cas peuvent être pris en charge au sein du programme? AA : Nos critères de sélection couvrent trois spécialités : la chirurgie orthopédique, maxillo-faciale et plastique. Nombre de nos patients présentent des infections osseuses qui nécessitent des procédures thérapeutiques à long terme. Nous recevons également des patients dont les os cassés ne se sont pas ressoudés correctement, ainsi que des patients présentant une perte osseuse, des lésions nerveuses et des déformations physiques à long terme causés par un traumatisme non traité. En raison de la nature des blessures liées au conflit, chaque nouveau patient présente un défi, et chaque blessé est unique par rapport aux autres cas. Comment votre travail vous affecte-t-il personnellement? AA : Je suis chirurgien, mais aussi un être humain, et je suis affecté par ce que je vois dans le cadre de mes fonctions. Cela me fait de la peine quand je suis en face d’enfants innocents, d’hommes et de femmes âgés dont la vie a été bouleversée à jamais à cause du conflit. Mais, en tant que chirurgien, je suis en mesure de soigner ces personnes vulnérables et de faire en sorte qu’elles retrouvent le sourire et un certain sentiment d’autonomie. Je suis fier de savoir que ce programme a permis de soulager les souffrances de nombreux patients en reconstruisant leurs corps blessés et de récupérer certaines fonctions qu’ils avaient perdues. Et ceci, d’autant plus qu’il s’agit de personnes qui n’ont pas forcément les moyens de s’offrir de tels soins. Chaque patient possède sa propre histoire relatant la façon dont la guerre a affecté sa vie. L’histoire qui m’a le plus marqué est celle d’un garçon irakien de sept ans, pris en charge dans le programme en 2009. Wael se rendait chez ses grands-parents lorsqu’une bombe en bord de route a explosé. Sa mère a été tuée et Wael a été gravement blessé. Il a perdu sa jambe droite et sa jambe gauche a été gravement touchée. Malgré une procédure chirurgicale complexe et en plusieurs étapes, les chirurgiens ont été en mesure de reconstruire sa jambe endommagée afin qu’elle puisse supporter son poids et accueillir une prothèse afin de lui permettre de remarcher. © J.B. Russell Dépêches Vol.19, no2 © J.B. Russell © J.B. Russell SYRIE / IRAK 09 Photo offerte par Richard Mommersteeg TRAVAILLER POUR MSF Dépêches Vol.19, no2 INTERVENTION D’URGENCE 10 Une première mission tout feu tout flamme pour cet ancien pompier R ichard Mommersteeg n’a pas tardé à faire ce qu’il maîtrisait le mieux lors de sa toute première mission pour MSF en République centrafricaine (RCA). Quelques secondes après qu’une projection de braises ait enflammé une grande tente de stockage, il était sur les lieux, un extincteur à la main. Les trente années passées à la caserne de London, en Ontario, ont été bien utiles à ce moment-là, et ont permis de conserver intactes les précieuses marchandises entreposées sous la tente. Éteindre les flammes faisait partie intégrante de la routine de ce pompier professionnel. Cela lui a d’ailleurs bien servi en RCA, lorsqu’il a œuvré comme logisticien pour deux projets différents de MSF. Anciennement à la tête d’une brigade de sapeurs-pompiers, Richard avait encadré des équipes entières, expérience qui s’est révélée très utile des années plus tard en RCA, où il a dû gérer une équipe de 40 employés nationaux, engagés comme conducteurs, agents de sécurité ou maçons pour MSF. Travailler dans des environnements très éprouvants n’avait rien de bien nouveau pour Richard, habitué pendant des années à rénover des maisons, donc tout à fait à l’aise dans des tâches techniques comme de faire fonctionner des génératrices électriques et de gérer l’approvisionnement en carburant. Mais l’atout le plus important qu’il a apporté en RCA a été sa capacité naturelle à savoir se détendre. « Ma formation initiale de sapeur-pompier m’a appris à savoir comment retrouver un certain calme », dit-il. Pour se forcer à débrancher, Richard a décidé de se lancer dans ses “projets dominicaux”, comme il les appelle. En exploitant ses quelques rudiments de menuiserie, il concevait et construisait de toutes pièces du mobilier pour l’hôpital, dont un lit confortable pour les femmes enceintes en plein travail, ainsi qu’une attelle pour un jeune garçon blessé par balle à la hanche. Pour aider ses collègues, et lui-même, à décompresser, il a aussi installé un filet de volleyball et suspendu des carillons à vent dans la base de MSF. GÉRER LA PRESSION Cette capacité naturelle à savoir décompresser s’est révélée fort utile lorsque Richard a quitté Zemio, ville dans le sud-est de la RCA où il avait passé ses sept premiers mois avec MSF, pour s’installer à Bossangoa, dans le nordouest du pays. Les combats entre les forces rebelles de la Séléka à dominante musulmane et les milices anti-Balaka majoritairement chrétiennes – les groupes rivaux à l’origine de la guerre civile qui plonge la RCA dans une spirale destructrice de violences depuis l’an dernier – s’étaient intensifiés, et Bossangoa était au cœur de terribles affrontements intercommunautaires. L’objectif de MSF dans cette zone tourmentée était donc de venir en aide autant aux chrétiens qu’aux musulmans qui s’étaient réfugiés dans les églises et les cours d’écoles avoisinantes. « Un jour à l’hôpital, je suis tombé sur un groupe qui cherchait à s’en prendre aux musulmans », se rappelle-t-il. « J’ai pu les contenir en dehors des murs de l’hôpital. J’ai retiré les pierres de leurs mains et les ai convaincus de s’affronter ailleurs qu’ici. » L’expérience la plus désagréable de Richard a été lorsque l’équipe a dû se retirer dans une “pièce sécurisée” de la base à cause de l’intensité des combats. « Nous étions 30 expatriés et employés nationaux dans cette pièce », se souvient-il. « J’avoue ne pas avoir du tout aimé entendre les balles ricocher sur le toit ni voir la peur dans les yeux de ceux qui m’entouraient, tous très tendus par la situation. » Paradoxalement, certains des meilleurs souvenirs de Richard sont aussi directement liés à ces moments d’extrême tension. « Nous avons commencé à sauver des gens 15 minutes seulement après l’arrêt des coups de feu », se rappelle-t-il. « Pendant ce mois de total chaos, toutes les autres ONG restaient confinées et ne se déplaçaient nulle part sans la présence de gardes armés; tout le contraire de MSF dont les équipes continuaient de se rendre à l’hôpital et de travailler sans interruption. » Christina Campbell Attachée de presse Questions Questions à Richard Mommersteeg Richard Mommersteeg : J’étais déjà très engagé socialement : j’ai fait du bénévolat pour Habitat pour l’humanité et dans des orphelinats, et j’ai parrainé des enfants. Je cherchais sur Internet de nouvelles occasions en me concentrant sur des organisations non gouvernementales qui viennent en aide à un grand nombre de personnes, comme MSF. En assistant à une séance d’information de MSF, j’ai appris que la moitié des personnes recrutées était du personnel de soutien. Avant d’y aller, je pensais que l’organisation recherchait principalement des médecins et des infirmiers. et le processus a commencé deux jours après. Les délais étaient serrés, et il y avait beaucoup de choses à faire. J’ai dû prévoir du temps pour les entretiens, penser aux vaccins et suivre deux semaines de cours de français à Rimouski. Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu pendant le processus de recrutement? RM : De me préparer au risque de vivre cloîtré pour des raisons de sécurité. On m’a expliqué que je vivrais dans une base de MSF avec un espace restreint et que je devais m’habituer à l’idée que je n’aurais pas beaucoup d’espace personnel. Qu’est-ce qui a été le plus difficile pendant le processus de recrutement? Quelles sont les responsabilités d’un logisticien technique? RM : La rapidité avec laquelle tout s’est mis en marche. Comme j’étais à la retraite et disponible immédiatement, cela a facilité la tâche de MSF pour traiter ma demande. J’ai postulé en janvier RM : Un logisticien doit gérer le personnel local, y compris les conducteurs et les gardes, et embaucher les journaliers en construction. Certains jours, 40 personnes travaillaient pour moi. Je devais m’assurer que les génératrices de la base et de l’hôpital fonctionnaient correctement et de façon sécuritaire. J’étais responsable de l’approvisionnement et de l’alimentation en eau de la base et de l’hôpital. J’étais également chargé de commander l’huile de vidange et les pièces de rechange pour les véhicules et en effectuer le suivi. Finalement, je devais commander des fournitures au niveau national et international pour six à huit mois et gérer les budgets. Comment votre expérience de pompier vous a-t-elle aidé à vous préparer à travailler en République centrafricaine? RM : J’ai côtoyé la mort, la destruction et la misère. J’ai acquis la capacité à travailler vite et à avoir une poussée d’adrénaline en situation de crise, puis à relaxer lorsque les choses vont mieux. Beaucoup d’expatriés ne prenaient pas de temps pour eux, n’arrivaient pas à lâcher prise. Certains ont dû partir plus tôt à cause d’un épuisement général. Dispatches Vol. 19, Ed.1 Qu’est-ce qui vous a incité à postuler auprès de MSF? © Nicole Tung et si c’était11 vous NOUS RECHERCHONS : des spécialistes en chaîne d’approvisionnement, CHIRURGIENS, spécialistes en eau et en assainissement, MÉDECINS, infirmiers, SAGES-FEMMES, épidémiologistes, spécialistes en santé mentale, ANESTHÉSISTES, administrateurs, GYNÉCOLOGUES, nutritionnistes, pharmaciens, LOGISTICIENS TECHNIQUES, coordonnateurs des ressources humaines, spécialistes de laboratoire , SPÉCIALISTES FINANCIERS ACTIVITÉS DE RECRUTEMENT MSF DANS VOTRE RÉGION msf.ca/fr/évènements-de-recrutement Pour plus de renseignements : Numéro sans frais : 1 800 982-7903 Courriel : [email protected] VOTRE SOUTIEN TOUS EN MARCHE POUR MSF Chaussez vos souliers et participez au défi Marche Sans Frontières de MSF M erci pour toutes les façons dont vous soutenez Médecins Sans Frontières (MSF) Canada. Depuis des années, vous avez non seulement fait des dons à MSF, mais un grand nombre d’entre vous ont aussi collecté des fonds pour nous. L’imagination et l’enthousiasme des personnes qui nous appuient ne cesseront jamais de nous impressionner. 12 Nous sommes infiniment reconnaissants à tous ceux qui organisent des levées de fonds pour MSF. L’argent que vous recueillez permet à MSF de réaliser notre objectif commun : celui d’offrir des soins médicaux vitaux dans plus de 70 pays. En outre, les avantages de ces collectes de fonds ne sont pas que financiers : elles permettent aussi de faire connaître l’organisation et sa mission humanitaire dans tout le Canada. Le dévouement et les initiatives de nos sympathisants envoient un message fort à tous ceux qui ne connaissent pas forcément MSF. Lorsque les gens veulent récolter des fonds pour MSF, ils nous demandent souvent quel type d’activités ils peuvent organiser. Généralement, nous leur disons de choisir une activité qu’ils aiment faire et d’en faire une levée de fonds. Ainsi, si vous aimez tricoter, vous pourriez rassembler d’autres passionnés de tricot et tricoter pour MSF! Par ailleurs, nous espérons que tous ceux et celles qui nous appuient aiment marcher car, en septembre prochain, nous ferons appel à leur participation afin de nous aider à fournir des soins aux gens en détresse dans le cadre du défi Marche Sans Frontières. En prenant part à cette campagne, vous ferez preuve de solidarité envers les patients de MSF du monde entier. En effet, au cours du mois prochain, vous pourrez marcher la distance moyenne parcourue par ces patients pour obtenir des soins médicaux vitaux. Ce défi peut être réalisé à titre individuel ou au sein d’une équipe. Votre mission sera de recueillir des promesses de dons en ligne auprès de votre entourage. Famille, amis et collègues pourront suivre vos progrès sur votre page web personnelle sur le site de la campagne. Le défi Marche Sans Frontières est un défi plaisant et facile à relever et vous donne un aperçu direct de la vie de ceux que vous aidez. Vous pourrez aussi lire le témoignage de vrais patients de MSF ayant dû parcourir de longues distances à pied pour obtenir des soins. Enfin sur votre page web personnelle, vous serez en mesure de choisir l’histoire de l’un des patients que vous incarnerez pendant le défi. Il s’agit d’une première expérience de ce type pour MSF Canada. Nous espérons que nos sympathisants y prendront part activement. Consultez régulièrement vos courriels, car nous communiquerons bientôt avec vous pour vous indiquer comment participer à cette campagne. Rebecca Davies Directrice de la collecte de fonds [email protected] | 416-642-3466 Twitter: @RebsD Le manifeste contre la tuberculose résistante M erci à tous ceux qui ont soutenu notre campagne pour faire de la lutte contre la tuberculose résistante (TB-R) une priorité internationale. Nous remercions aussi ceux qui ont pris le temps de signer le Manifeste contre la TB-R qui demandait une amélioration de l’accès et de la qualité des traitements pour les patients souffrant de cette maladie qui fait tant de ravages dans le monde. En mai dernier a eu lieu l’Assemblée mondiale de la Santé dont l’objectif était d’adopter un programme ambitieux de 20 ans pour lutter contre la tuberculose. Phumeza Tisile, une ancienne patiente de MSF atteinte de TB-R (et ayant vaincu la maladie), qui a contribué à mettre cette campagne sur pied, © MSF Dépêches Vol.19, no2 Les activités visant à rassembler des fonds pour MSF ont pris la forme de concerts-bénéfices, de ventes de pâtisseries, de tournois de golf et de clubs de lecture. Dans le dernier numéro de Dépêches, nous vous avons présenté Eden Martin, un élève du secondaire à Toronto, qui organise des collectes de fonds pour MSF depuis l’âge de cinq ans, et représente un véritable exemple de dévouement pour nous. Alors, merci de contribuer à élargir la portée de l’organisation, à éveiller les consciences et à collecter de précieux fonds qui permettent de sauver des vies et de redonner santé et dignité à des millions de personnes dans le monde entier. a remis le Manifeste et ses milliers de si-gnatures aux délégués de l’Assemblée. Malgré le succès qu’a rencontré le Manifeste, la lutte se poursuit : MSF continue de se faire le porte-parole des patients et des médecins affectés par cette maladie et de plaider auprès des gouvernements, des bailleurs de fonds, des chercheurs et des compagnies pharmaceutiques. Notre action ne prendra fin que lorsque nous verrons une amélioration radicale dans le taux de survie des personnes souffrant de TB-R. Pour en savoir plus et voir les résultats que votre soutien a permis d’obtenir, visitez : www.msfaccess.org/TBmanifesto/index_fr.php Photo offerte par Richard Heinzl Photo offerte par Richard Heinzl MSF AU CANADA À gauche : l’une des premières réunions des « associés de MSF Pays-Bas au Canada ». De gauche à droite, Marilyn McHarg, Georgina Carson, Jim Lane et Richard Heinzl. À droite : Richard Heinzl, le premier représentant de MSF Canada à entreprendre une mission sur le terrain, au Cambodge en 1991. TOUJOURS DÉTERMINÉS À CHANGER LE MONDE 25 ANS PLUS TARD Bien avant ses débuts officiels en 1991, MSF Canada a dû se battre pour exister C’est en 1985 que Richard Heinzl, un jeune étudiant en médecine de Hamilton, en Ontario, a été témoin du travail de MSF lors d’un stage en Ouganda, un pays alors dévasté par la guerre civile. Il est frappé par le dévouement du personnel humanitaire de MSF qu’il rencontre et par sa capacité à apporter des soins médicaux aux personnes en détresse. Persuadé que le travail de MSF toucherait les Canadiens, il décide d’ouvrir un bureau de MSF au Canada. UNE ORGANISATION SANS FRONTIÈRES Richard se met en contact avec Jacques de Milliano, alors président de MSF Pays-Bas, qui est le premier au sein de MSF à permettre qu’un bureau voit le jour en dehors de l’Europe. Pour concrétiser son idée, Richard fait appel à deux amis proches : Jim Lane, un camarade du lycée et nouvel avocat, et Marilyn McHarg, une infirmière avec qui Richard avait travaillé dans un hôpital de Hamilton. Peu de temps après, les trois amis décident de tout laisser tomber pour se consacrer à leur nouvelle cause. Ils choisissent d’appeler leur organisation « Les associés de MSF Pays-Bas au Canada », un nom provisoire jusqu’à ce que les bureaux de MSF en Europe reconnaissent leur statut officiel au Canada. En dépit de ce compromis, la vague MSF arrivait doucement au Canada. « Nous n’avions pas d’argent et peu d’expérience, mais nous croyions fortement en ce que nous faisions », se rappelle Richard. « Nous avons fait avec les moyens du bord. Le premier bureau de MSF Canada se trouvait dans le cabinet d’avocats de Jim où il était stagiaire en droit; rien de plus qu’un poste de téléphone et un petit bureau. Nous n’avions pas d’argent pour faire de la publicité et parlions donc à tous ceux qui voulaient bien nous écouter. Et puis les médias ont aimé l’histoire de ces jeunes gens qui voulaient changer le monde. Nous savions alors que nous tenions quelque chose. » Les gens ont commencé à appeler de tout le Canada. Certains voulaient faire un don, d’autres souhaitaient aller sur le terrain, et tous désiraient mieux connaître les principes humanitaires de MSF. En 1990, une nouvelle vague de volontaires canadiens s’est fait le porte-parole de MSF Canada tant au pays qu’à l’étranger. UN IMPACT IMMÉDIAT Richard a été le premier représentant de MSF Canada à entreprendre une mission sur le terrain pour MSF. Il s’est rendu au Cambodge pour aider les victimes de la violence et du génocide. Peu de temps après, Marilyn est partie elle aussi en mission à travers l’Afrique. Pendant les premières années, Jim a lui porté le flambeau au Canada. Tous les trois continuent de soutenir la cause de MSF. Tandis que Marilyn a occupé le poste de directrice générale de MSF Canada de 2006 à 2012, Richard s’exprime à de nombreuses occasions à propos du rôle essentiel de MSF en réponse aux événements mondiaux. Jim siège depuis six ans au Conseil d’administration, où il œuvre à titre de conseiller juridique. Dépêches Vol.19, no2 C ette année marque le 25e anniversaire d’un événement important dans l’histoire de MSF Canada. Bien que l’incorporation officielle n’ait eu lieu qu’en 1991, c’est en 1989 que la vague MSF a commencé à déferler au Canada. Les débuts ont été marqués par un état d’esprit et une détermination qui perdurent encore aujourd’hui chez MSF Canada. 13 « 25 ans plus tard, nous aurions aimé que notre travail ne soit plus nécessaire », dit Marilyn. « Nous aurions aimé que les choses aillent mieux dans le monde. » Mais alors que le travail de MSF est loin d’être terminé, c’est grâce aux efforts de Marilyn et de ses collègues il y a 25 ans que les Canadiens continuent d’incarner ses principes et d’offrir des soins là où ils sont les plus nécessaires dans le monde. VOS MILLES FONT TOUTE LA DIFFÉRENCE. Faites don de vos Milles Aéroplan à MSF et aidez-nous à aller plus loin. msf.ca/fr/donnez-vos-milles-aéroplan MSF AU CANADA BIENVENUE À NOTRE NOUVELLE PRÉSIDENTE © little siddall studios nous devons continuer à y travailler. Il est crucial de continuer à envoyer de nouvelles recrues en mission, mais nous devons aussi retenir notre personnel humanitaire actuel et y consacrer tous nos efforts. Nous voulons que le personnel considère MSF comme un bon employeur et qu’il revienne travailler pour nous. Il faut également créer des réseaux afin que les expatriés qui reviennent du terrain puissent s’impliquer et participer à une vie associative riche au Canada. Dépêches Vol.19, no2 Dre Heather Culbert prend les rênes du Conseil d’administration de MSF Canada 14 E n juin dernier, juste avant l’Assemblée générale annuelle de MSF à Toronto, le président sortant du Conseil d’administration (CA) de MSF Canada, Bruce Lampard, a annoncé que Heather Culbert lui succéderait. Médecin de famille ayant travaillé dans des milieux ruraux et nordiques ainsi que dans des cliniques de grands centres urbains au Canada, Heather Culbert s’est engagée pour la première fois avec MSF en 2004 pour une mission en République démocratique du Congo (RDC). Elle a grandement contribué au lancement de programmes de traitement du VIH et de la tuberculose au sein de MSF. Elle a été élue au CA de MSF Canada pour la première fois en 2012. Notre attachée de presse Christina Campbell s’est entretenue avec elle peu après sa nomination. Qu’est-ce qui vous a amenée à travailler pour MSF? Heather Culbert : Comme beaucoup de jeunes médecins, je m’enthousiasmais à l’idée d’aller dans des endroits présentant d’importants besoins médicaux, des endroits où la population n’a pas accès au même genre de services que nous, au Canada. conflit armé se déroulait dans cette région, implanter et maintenir le programme était un défi constant. Ensuite, je suis allée travailler pour MSF au Royaume-Uni avec l’équipe de recherche médicale de l’unité Manson. Cette unité avait été créée pour mettre en œuvre des programmes de traitements antirétroviraux dans de nombreux projets n’ayant que peu de connaissance de ce genre de traitements médicaux complexes. Pendant que j’y travaillais, l’unité s’est focalisée davantage sur la tuberculose, et mon travail a surtout consisté à participer à la mise en œuvre des programmes de traitement de cette maladie. Quelle incidence votre expérience de médecin de famille au Canada aura-t-elle sur votre rôle de présidente? HC : En tant que médecin, il est important pour moi que les questions médicales demeurent à l’ordre du jour. Certains se demandent pourquoi il est nécessaire qu’au moins 50 pour cent des membres du CA appartiennent au domaine médical : je crois qu’il est important de s’assurer que ce qui prime, c’est la qualité des programmes médicaux et la recherche de solutions novatrices, et non de se focaliser uniquement sur le fonctionnement des opérations. Comment décririez-vous votre parcours avec MSF? HC : J’ai passé un an dans l’est de la RDC à travailler dans un projet de lutte contre le VIH. C’était l’un des premiers projets ayant recours aux traitements antirétroviraux. Comme un À titre de présidente du CA, quelles seront vos priorités? HC : Je crois que nous faisons du bon travail pour envoyer des expatriés sur le terrain, mais En tant que membres du conseil, nous devons aussi être conscients du rôle que joue MSF dans la sphère humanitaire. Nous sommes tous très préoccupés par la sécurité et l’accès aux populations. Quel est le message que vous aimeriez envoyer aux donateurs canadiens? HC : Tout d’abord : merci. MSF dépend énormément des dons privés. Dans le but de préserver notre indépendance, seul un faible pourcentage de nos revenus provient des gouvernements ou des bailleurs de fonds. Ce sont les dons des particuliers, quel qu’en soit le montant, qui nous permettent de fonctionner dans des endroits où d’autres organismes ne peuvent pas aller. DÉPÊCHES Médecins Sans Frontières (MSF) 720, av. Spadina, bureau 402 Toronto (Ontario) M5S 2T9 Tél. : (416) 964-0619 Téléc. : (416) 963-8707 Sans frais : 1 800 982-7903 Courriel : [email protected] www.msf.ca Rédacteur : Michael Lawson Rédactrice en chef : Claudia Blume Équipe de traduction : Jennifer Ocquidant Collaborateurs : Avril Benoît, Claudia Blume, Christina Campbell, Stephen Cornish, Rebecca Davies, Richard Heinzl, Michael Lawson Photo de la couverture : © Anna Surinyach / MSF Tirage : 125 000 Graphisme : Tenzing Communications Impression : Warren’s Waterless Printing Été 2014 ISSN 1484-9372 *À compter de juillet 2014 PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE Gordon Hatt Darthmouth, N.-É. Logisticien Pierre Labranche Montmagny, QC Coordonnateur de la logistique Nila Somaia Vancouver, C.-B. Superviseure en santé mentale RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Philippe Cottereau Montréal, QC Coordonnateur des finances Joseph Davidson Toronto, ON Gestionnaire de vol Fabien Dehors Vancouver, C.-B. Administrateur de terrain Ollou Edouard Domagni Québec, QC Anesthésiste Delphine Michelle Yvette Ferry Montréal, QC Coordonnatrice des ressources humaines Magloire Mpembi Nkosi Charlesbourg, QC Psychiatre Amy Nyland Montréal, QC Infirmière Nicola Kim Parry Toronto, ON Administratrice de terrain Hamda Vidéhoun Saloufou Montréal, QC Anesthésiste Jérôme Sess Montréal, QC Médecin RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Eboukele Aka Mississauga, ON Pharmacien Stephanie Bamforth Vancouver, C.-B. Infirmière Monique Beauchemin Lévis, QC Sage-femme Patrice Beaulieu Montréal, QC Logisticien Patrick Boucher Québec, QC Coordonnateur de la logistique Lisa Carroll Toronto, ON Administratrice de terrain Oonagh Curry Montréal, QC Chef de mission adjointe Jean-Martin Desmarais Montréal, QC Coordonnateur de la logistique Abdelhamid Echihabi Montréal, QC Logisticien Sébastien Gay Montréal, QC Coordonnateur de la logistique Nicholas Gildersleeve Frelighsburg, QC Coordonnateur de la logistique Nathalia Guerrero Velez Montréal, QC Coordonnateur des ressources humaines Orsolya Kizer Québec, QC Agente chargée des affaires humanitaires Sarah Lamb Kanata, ON Chef de mission X Mbuko Montréal, QC Chirurgien Patrick Mcconnell Ottawa, ON Logisticien Richard Mommersteeg London, ON Logisticien Cynthia Thi Dong Phuong Nguyen Saint-Jean-sur-Richelieu, QC Responsable de la comptabilité Marilyse Nguyen Saint-Hubert, QC Infirmière Kim Danielle Noiseux Québec, QC Infirmière Gabriel Paradis-Bélanger Montréal, QC Coordonnateur des finances Todd Phillips Winnipeg, MB Coordonnateur de la logistique Katiana Rivette Québec, QC Infirmière Letitia Rose Vancouver, C.-B. Infirmière Gregory Scott Delta, C.-B. Logisticien Julia Sohn Toronto, ON Administratrice de terrain Jason Van Dyke Brockville, ON Logisticien Catherine Venne Gatineau, QC Analyste biomédicale Raghu Venugopal Toronto, ON Médecin Andrew James Willis Sarnia, ON Épidémiologiste RUSSIE Ian Wrohan Victoria, C.-B. Logisticien SIERRA LEONE Sharla Bonneville Toronto, ON Coordonnatrice de la logistique SOUDAN DU SUD Mohammed Jabbar Kadhum Thi Al-Tememi Montreal, QC Médecin Heather Baniulis Sherwood Park, AB Infirmière Avril Benoît Ottawa, ON Chef de projet Myriam Berry Vancouver, C.-B. Coordonnatrice des ressources humaines Sophie Bonnet Montréal, QC Spécialiste en eau et assainissement Carol Gira Bottger Garcia Montreal, QC Médecin Lori Demontigny Erickson, MB Infirmière Mariam Entz Winnipeg, MB Infirmière Sébastien Gaudette Montréal, QC Administrateur de terrain Juniper Gordon Whistler, C.-B. Infirmière Ravi Jaipaul Ponoka, AB Infirmier Elizabeth Kavouris Vancouver, C.-B. Médecin Judith Letellier Montréal, QC Chef de projet Marisa Litster Abbotsford, C.-B. Infirmière Harry MacNeil Toronto, ON Spécialiste en eau et assainissement Frédérik Matte Montreal, QC Promoteur de la santé Isaac Mbugua Mississauga, ON Promoteur de la santé Diana Nicholson Winnipeg, MB Spécialiste en eau et assainissement Andrew Player Toronto, ON Logisticien Keith Powell Vancouver, C.-B. Médecin Patrick Robitaille Montréal, QC Chef de projet Sandra Stepien Vancouver, C.-B. Coordonnatrice des finances Stephanie Taylor Whistler, C.-B. Médecin Edison Miguel Tejada Calgary, AB Médecin Léo Lysandre Tremblay, QC Spécialiste en eau et assainissement SWAZILAND Ahmad Haj Bakri Montréal, QC Épidémiologiste Serge Kaboré Quebec, QC Coordonnateur médical Beverley Taylor Vancouver, C.-B. Administratrice de terrain SYRIE He Hu Winnipeg, MB Sage-femme TCHAD Collins Mbah Acho Montréal, QC Logisticien Ignace Adah Montréal, QC Médecin Laélia Bilodeau Beloeil, QC Infirmière Alexandre Burt Montréal, QC Logisticien Katherine Clark Toronto, ON Administratrice de terrain Kanadi Ibrahim Ottawa ON Coordonnateur de la logistique TERRITOIRES PALESTINIENS Srijeeta Verma Calgary, AB Chef de projet TURQUIE Ryan MacIver Stouffville, ON Électricien YÉMEN Edgar Escalante New Westminster, C.-B. Chirurgien Sally Sabra Toronto, ON Gynécologue Michael Talotti Bowmanville, ON Logisticien ZIMBABWE Dorly Lucien Legrand Montréal, QC Médecin Dépêches Vol.19, no2 AFGHANISTAN Sunita Swaminathan Toronto, ON Médecin ESPAGNE Eva Lam Scarborough, ON Épidémiologiste ÉTHIOPIE John Lindsay (J.L.) Crosbie Toronto, ON Chef de projet Nicole Desi Toronto, ON Infirmière Reza Eshaghian Calgary, AB Médecin Nicolas Marcotte Montréal, QC Logisticien Dominika Wanczyk Calgary, AB Infirmière GUINÉE Tomislav Jagatic Tecumseh, ON Médecin HAÏTI Jean-François Brassard Montréal, QC Coordonnateur des finances Lindsay Bryson Beaconsfield, QC Coordonnatrice médicale Sophie Majeau-Chiasson Montréal, QC Administratrice de terrain Yasser Samhan North York, ON Anesthésiste Oliver Sven Schulz Beaconsfield, QC Chef de mission INDE Éric Beauséjour Ste-Thérèse, QC Chef de projet François David Ottawa, ON Logisticien Caroline Harvey-Blouin Montréal, QC Infirmière JORDANIE Suleiman Asaad North York, ON Médecin KENYA Christina Cepuch Fonthill, ON Coordonnatrice médicale KIRGHIZISTAN Alexandra Vanessa Ascorra Torres Quebec, QC Analyste biomédicale LIBAN Michael Minielly Belleville, ON Logisticien MALAWI Oren Jalon Thornhill, ON Épidémiologiste Mauro Nogueira Cardoso Montréal, QC Épidémiologiste Alia Tayea Mississauga, ON Épidémiologiste MALI Zéphirin Feruzi Kyango Montréal, QC Chirurgienne MEXIQUE Alonso Alberto Forero Sanchez Gatineau, QC Médecin MYANMAR Étienne Blais Montréal, QC Logisticien NIGER Comlan Paulin Amoussou Mont-Tremblant, QC Médecin Danny Kadima Kanyiki Ottawa, ON Logisticien NIGERIA Mariam Kone Montréal, QC Coordonnatrice médicale Omer Alain Stéphane Sissoko Montréal, QC Médecin OUGANDA Ima Essien Markham, ON Coordonnateur médical OUZBÉKISTAN Jenny Maisonneuve Dollard-des-Ormeaux, QC Épidémiologiste Cornelia Wicki Cowichan Bay, C.-B. Spécialiste en santé mentale PAKISTAN Lisa Crellin Toronto, ON Infirmière Alexandra Marcil Winnipeg, MB Pharmacienne Abdullah Shah Oakville, ON Logisticien Dharma Datta Subedi Toronto, ON Médecin Cameron Wrigley Nanaimo, C.-B. Coordonnateur des ressources humaines PAYS-BAS Stephanie Mayronne Vancouver, C.-B. Infirmière LES CANADIENNES ET CANADIENS EN MISSION * 15 FAITES UN LEGS À MSF DANS VOTRE TESTAMENT Faire un don testamentaire à Médecins Sans Frontières témoigne d’une extraordinaire volonté de sauver des vies. Votre legs nous permettra de continuer à fournir une aide médicale à ceux qui en ont besoin, peu importe qui ils sont et où ils se trouvent. Pour en savoir plus, contactez Trizana Parillo : 1-800-982-7903 poste 4994 [email protected] msf.ca/monlegs Lauréat du prix Nobel de la paix 1999 © Isabel Corthier / MSF UN LEGS QUI NE CONNAÎT PAS DE FRONTIÈRES