L`élevage contribue à la production durable de

Transcription

L`élevage contribue à la production durable de
L’élevage contribue à la production durable de protéines
J.L. Peyraud Contexte : perspective pour la production animale en 2050
Viande : + 70% (465 Mt)
Lait : + 60% (1045 Mt)
Œufs : + 60% (110 Mt)
Contexte : l’élevage est mis en accusation pour sa consommation de ressources (1)
• L’élevage utilise beaucoup de surfaces : • 75% des surfaces agricoles
• 2/3 des terres agricoles sont en prairies • Dans le tiers restant, un tiers sert à la production de grains utilisés en élevage
Contexte : l’élevage est mis en accusation pour sa consommation de ressources (2)
• L’intensification des systèmes a entrainé un accroissement de la consommation de grains pour l’élevage • Favorisé par l’accroissement des rendements et un prix bas des céréales • Une dépendance accrue aux importations de soja
Bilan des matières premières riches en protéines en alimentation animale (cas de la France) Contexte : l’élevage est mis en accusation pour sa consommation de ressources (3)
• Avec l’accroissement de la population, la surface disponible
pour nourrir chaque humain va diminuer
• L’élevage peut donc être en forte compétition avec l’homme pour l’accès aux ressources au niveau planétaire Contexte : l’élevage a aussi des atouts (1)
• Valorise des résidus de récoltes et des coproduits des filières végétales non utilisables par l’homme • 12 Mt de coproduits et résidus de récoltes (en France)
• C’est aussi le cas au niveau mondial
Sons, tourteaux,
pulpes, drèches,
mélasses
Contexte : l’élevage a aussi des atouts (2)
• Valorise des surfaces non utilisables pour d’autres productions alimentaires
• 11,5 M ha de prairies permanentes en France • 73 M ha en Europe (40% SAU EU‐27)
• Avec la production de services écosystémiques associés
•
•
•
•
•
•
Stockage C
Activité biologique des sols
Réduction de l’usage des pesticides
Recharge en eau des nappes
Lutte contre l’érosion
…..
Contexte : l’élevage a aussi des atouts (3)
• Complémentarité entre élevage et culture pour maximiser l’utilisation de la biomasse
Surface nécessaire pour nourrir la population
160
150
140
130
120
110
100
90
80
70
60
(Van Kernebeck et al., 2014)
0
20
40
60
80
Protéine d’origine animale (% protéines de la ration)
Contexte : l’élevage a aussi des atouts (4)
• Mais, la réduction du nombre de ruminants (associé à l’intensification de cet élevage) s’accompagne inexorablement d’une diminution des surfaces en prairies
Millions d’ha (et de vaches) dans l’UE‐9
Prairies permanentes
vaches
‐ 8 M VL, + 2 M VA
Questions
• Les productions animales sont décriées pour leur inefficience à convertir les protéines végétales mais • Les approches globales ne sont‐elles pas trop simplistes ?
• Quelle est la contribution réelle des productions animales à la sécurité alimentaire ?
• Quelles sont les pistes de progrès ?
Valeur nutritionnelle des protéines animales
• Une valeur nutritionnelle élevée
•
•
•
•
Teneur élevée en protéines
Digestibilité très élevée
Teneur élevée en AAI Profil en AA équilibré par rapport aux besoins de l’homme (AFSSA, 2007)
• Il faut manger 25 à 30% de protéines végétales en plus pour couvrir nos besoins
FAO (2013)
DIAAS
Premier AA limitant
Viande
Lait
Œuf
134
139
128
Leucine
AA soufrés
Soja
102
Lysine
Blé
Pois
65
82
Lysine
Histidine
AA soufrés
• Apports de micronutriments : Vit B12 ; Fe, Ca… ; AG spécifiques
Efficience de conversion des protéines végétales en protéines animales Porc
Poulet
Poulet bio
Vaches en lactation
Bovin intensif (JB)
Bovin extensif Taux de rétention Kg Protéines végétales pour 1 kg de protéines animales
30 à 35 %
40 à 45 %
29 %
22 à 30 %
20 %
10 %
2,8 à 3,0
2,5 à 2,2
3,4
3,3 à 4,5 5,0
10,0
Peyraud et al (2012)
• Les ruminants sont alimentés avec des produits végétaux moins
digestibles que ceux utilisés pour les monogastriques car beaucoup plus
riches en constituants pariétaux.
Des progrès permis par la génétique et l’alimentation chez les monogastriques (volailles)
Evolution de l’indice de consommation en volaille (ITAVI)
Mais il faut des aliments riches en protéines (Tx Soja) pour
extérioriser le potentiel de croissance des souches actuelles
Des progrès permis par l’alimentation chez les monogastriques (porcs)
Evolution relative (base 100) de l’efficience de conversion
des protéines végétales en élevage porcin
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
17,5
13,5
17,5‐ 18,0‐
15,0 13,5
Aliment unique Bi‐Phase
17,5‐ 15,0‐
14,0 12,0
Multi‐phase
Bourdon et al (1995)
Comment poser la question de l’efficience?
Végétal
Animal
- Animal peu efficient,
particulièrement les
ruminants
- Convient pour évaluer
les rejets
• La compétition entre alimentation animale et humaine ne porte que sur les protéines consommées par les animaux et qui pourraient l’être directement en alimentation humaine,
Comment poser la question de l’efficience?
Végétal
Animal
- Animal peu efficient,
particulièrement les
ruminants
- Convient pour évaluer
les rejets
Végétal
consommable
Non
consommable
• C’est la quantité de protéines animales comestibles produites par kg de protéines végétales comestibles par l’homme et consommées par les animaux qui doit être utilisée pour avoir une vision non biaisée de la contribution de l’élevage,
Comment poser la question de l’efficience?
Végétal
Animal
- Animal peu efficient,
particulièrement les
ruminants
- Convient pour évaluer
les rejets
Végétal
consommable
Non
consommable
Végétal
consommable
Non
consommable
- Permet d’évaluer la
contribution de l’élevage
à la sécurité alimentaire
- Méthodes non encore
stabilisée : forte
Viande et autre
variabilité des
consommable
estimations
Un nouveau regard sur l’efficience de l’élevage (1)
• Au niveau mondial Millions tonnes
Consommation par l’élevage de protéines
végétales consommables par l’homme
Production de protéines animales
74
54
Steinfeld et al (1997)
Les productions animales seraient donc moins impactantes
qu’il n’est souvent rapporté : en moyenne il faudrait 1,4 kg de
protéines végétales à priori consommables par l’homme pour
faire 1 kg de protéines animales
Un nouveau regard sur l’efficience de l’élevage (2)
Quantité de protéines animales produites pour 1 kg de protéines végétales consommées : quelques systèmes au niveau mondial
Poulet
POULET
Bovins Viande
Protéines Protéines
totales consommables
Protéines Protéines
totales consommables
Argentine
Kenya
0,33
0,39
0,71
2,27
0,02
0,01
6,25
‐
USA
0,31
0,63
0,08
1,19
Adapté de Bradford et al, (1999)
Un nouveau regard sur l’efficience de l’élevage (3)
Quantité de protéines animales produites pour 1 kg de protéines végétales consommées : systèmes anglais
Protéines totales
Protéines consommables
Porc
Poulet
Bovin intensif
0,33
0,46
0,20
0,38
0,48
0,33
Bovin extensif
0,11
1,0
Lait
0,31
1,42
Adapté de Wilkinson (2011)
Evaluation de la proportion des protéines végétales consommables par l’homme (1)
Wilkinson (2001)
Herbe
Ens Maïs
Blé
Orge
Son blé
Pois
Tx Soja Tx Colza
Drèches, CGF, pulpes
0
0
80
‐
20
80
80
20
‐
Ertl et al (2015)
Bas Haut
0 19
60
40
0
70
50
30
0
GIS Elevages Demain
Actuel potentiel
0
45
100
80
20
90
87
87
0
Forte variabilité des estimations : technologies courantes, variabilité des utilisations entre pays, habitudes alimentaires, évolution des technologies…. Evaluation de la proportion des protéines végétales consommables par l’homme (2)
• Une évaluation complexe compte tenu de la diversité des filières : cas de la filière blé en France (Laisse Redoux et al, GIS Elevages Demain)
Evaluation de la proportion des protéines végétales consommables par l’homme (3)
•
Une évaluation complexe compte tenu de la diversité des filières : cas de la filière blé en France (Laisse Redoux et al, GIS Elevages Demain)
Wilkinson (2001)
Herbe
Ens Maïs
Blé
Orge
Son blé
Pois
Tx Soja Tx Colza
Drèches, CGF, pulpes
0
0
80
‐
20
80
80
20
‐
Ertl et al (2015)
Bas Haut
0 19
60
40
0
70
50
30
0
0
45
100
80
20
90
87
87
0
GIS Elevages Demain
Actuel Potentiel
0
23
65
86
98
71
60
0
0
0
23
76
91
98
88
90
55
0
Efficience de l’élevage laitier en France
Quantité de protéines animales produites pour 1 kg de protéines végétale utilisée : systèmes laitiers français
Efficience nette
Efficience
brute
Aujourd’hui
Demain
maïs
Spécialisé Lait
maïs ‐ herbe
Plaine
herbe
Spécialisé Lait maïs ‐ herbe
Montagne‐
herbe
Piémont
0,28
0,28
0,25
0,29
1,03
1,35
2,32
1,15
0,63
0,81
1,52
0,68
0,24
2,01
1,22
Données GIS Elevages Demain (Laisse Redoux et al, 2016)
Efficience de l’élevage de monogastrique en France
Quantité de protéines animales produites pour 1 kg de protéines végétale utilisée : systèmes monogastriques français
Efficience nette
Efficience
brute
Aujourd’hui Demain
Poulet label / bio (Itavi, 2014)
Poulet standard Pondeuse (Itavi, 2014)
Porc charcutiers
Porc FAF
Porc FAF + achat coproduits
0,22
0,34
0,28
0,38
0,38
0,35
1,00
1,10
0,70
1,02
1,02
1,44
0,48
0,55
0,39
0,58
0,58
0,77
Données GIS Elevages Demain – (Laisse Redoux et al, non publié)
Aptitude des ruminants à valoriser l’herbe (1)
Efficience de la production de viande dans les systèmes de rangelands en Australie (Wiedemann et al., 2016)
Kg viande désossée par kg de protéines végétales consommables utilisées
Engraissement à l’herbe
Engraissement avec des concentrés
Bovins
Ovins
7,9
0,5
2,9
0,3
Un argument commercial pour l’exportation vers les USA !
Aptitude des ruminants à valoriser l’herbe (2)
• L’intensification laitière n’accroit pas la contribution de l’élevage à la fourniture de protéines (Peyraud, 2016)
2 exploitations avec 400 000 L lait
Surface Herbe‐Mais‐Céréales (ha)
Effectif VL (UGB totaux avec Génisses)
Lait (kg/vache/an)
Protéines lait et viande (kg/an)
Protéines* culture vente (kg/an)
Protéines* consommées (kg/an)
Production nette de protéines (kg/an)
* Protéines consommables par l’homme
Système Mais
Système Herbe
12,9 ‐35,5 ‐26,6
72,1 – 0 ‐ 2,9
50 (83,3)
8 700
12 930
17 900
23 152
7 678
63 (98,9)
6 900
13 163
2 088
6 676
8 575
La question de la productivité des surfaces
Protéines comestibles par ha mobilisé pour la production
Poulet standard, porc
Oeuf
Lait
Viande bovine
0,5 ha Blé + 0,5 ha pois
De Vries et de Boer (2010)
Ermgassen et al (2016)
180 – 220
300
210 – 280
‐
200 – 250
‐
30 ‐ 80
‐
660 (500)
Produire des protéines animales sans utiliser de ressources consommables par l’homme!
Analyse de deux scenarii d’utilisation de la biomasse pour produire des protéines animales (Schader et al., 2015 – FAO)
Actuel
Protéines animales (%protéines)
Effectifs (milliards) Bovins
Buffles
Ovins
Porcins
Poulets
Terres arables utilisées (milliard ha)
34
1,39
0,18
1,10
0,92
17,6
1,54
tendanciel Co‐produits
et herbe
38
1,85
0,27
1,60
1,17
33,9
1,63
11
1,45
0,26
1,34
0,11
5,2
1,20
Conclusion (1)
• La contribution des productions animales à la sécurité alimentaire • ne peut s’évaluer simplement à l’aulne de la consommation totale de protéines par les animaux
• doit être évaluée à travers la quantité de protéines végétales consommables par l’homme et utilisées en élevage
• La compétition entre alimentation animale et humaine est plus nuancée qu’il n’est souvent dit • L’élevage peut être contributeur net à la production protéique
• Les ruminants doivent valoriser de l’herbe et de la cellulose
• Tension entre la nécessaire production intensive de porc et volaille pour satisfaire la demande et la nécessité de limiter la compétition pour l’accès aux ressources protéiques
Conclusion (2)
• Deux stratégies pour accroitre la contribution de l’élevage à la sécurité alimentaire
• Accroitre l’efficience : • amélioration de l’alimentation, • sélection d’animaux plus efficients et robustes • Réduire l’utilisation d’aliments consommables par l’homme :
• valorisation des coproduits (diversité, technologie), • valorisation de la prairie, • nouvelles sources de protéines produites à des couts compétitifs (insectes….)
• Ne pas opposer animal et végétal mais rechercher les meilleures voies pour optimiser les complémentarités selon les régions en intégrant l’ensemble des services et impacts de l’élevage