Rêve d`hier, rêve d`aujourd`hui

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Rêve d`hier, rêve d`aujourd`hui
Rêve d’hier, rêve d’aujourd’hui
---pour aller plus loin--Tomoko OBATA
Jusqu’à l’âge de 19 ans, j’ai toujours gardé un rêve: celui d’aller à l’
étranger. Quand j’ étais écolière, j’ai entendu, un jour par hasard, un chant
anglais. C’était ma première rencontre avec ce qui est de l’ étranger. Bien sûr,
à ce moment-là, je n’ai pu comprendre les paroles, mais j’ai été frappée par la
beauté de ce chant. Ça a été une révélation pour moi.
À partir de ce jour, mon rêve n’a cessé de grandir. Devenue
collégienne, puis lycéenne, j’ai appris l’anglais avec enthousiasme. Et j’aimais
beaucoup les émissions de voyages à la télé, parce qu’elles me permettaient
de m’imaginer comme une sorte de «cosmopolite» qui voyage un peu partout
dans le monde.
C’est en hiver 2003 que j’ai pu réaliser mon rêve. C’est la France que
j’ai choisie comme premier pays étranger à visiter. Car à l’université, j’avais
commencé à apprendre le français, et je voulais participer à un stage
linguistique en France que proposait mon université.
Cependant, le premier jour de mon séjour en France, j’ai été
terriblement déçue. À la caisse d’un supermarché, une employée m’a dit
quelque chose d’un ton maussade, mais trop rapide pour moi. Sur le moment,
je n’ai pu entendre que cette phrase : « Je suis pressée de rentrer ! » Et ce fut
après coup que j’ai compris qu’elle m’avait demandé de payer avec de la
monnaie. L’attitude désagréable de cette femme d’un certain âge ne
correspondait pas à l’image que j’avais alors de la France.
Depuis, à travers diverses expériences qui se sont succédé l’une
après l’autre, j’ai en quelque sorte reçu le baptême de la France réelle. Des
gens qui se disent : « Bonjour ! » même s’ils ne se connaissent pas, des bises
qu’ils se font partout, et des voitures poussiéreuses et laissées dans la rue.
Tout cela dépassait le «cadre» de ma vie qui restait malgré moi le Japon. En
parlant avec des Français et en découvrant leur gaieté et leur gentillesse, je me
suis rendu compte que j’ étais un peu ligotée par ce qui est considéré comme
normal au Japon.
Mais, un jour, un étudiant français qui apprenait le japonais m’a
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dit : « C’est bien que les Japonais se comportent à la japonaise, parce que je
m’intéresse au Japon et que j’aime beaucoup les Japonais. Mais, moi, je suis
français. Alors je me comporte à la française. »
Qu’en pensez-vous ? Pensez-vous qu’il a raison ? Personnellement,
je crois que les véritables échanges culturels se font entre les personnes et non
entre les pays. Aucun d’entre nous n’est un pays, nous sommes des individus.
Il ne faut pas confondre individu et pays. Les échanges culturels nous apportent
de nouvelles perspectives lorsqu’ils nous permettent de relativiser les cadres
nationaux.
Je suis consciente d’avoir un peu changé dans ma façon de penser et
de sentir grâce aux expériences que j’ai eues en France. Mon cas n’est qu’un
exemple. La découverte de la différence met en cause ce qu’on croit a priopri
évident et nous offre une occasion de nous transformer. Car, en effet, nous
pouvons nous transformer tout en restant nous-mêmes. Nous sommes des
êtres perfectibles.
Depuis mon séjour en France, j’ai un nouveau rêve. Je voudrais
dépasser le cadre de ma culture d’origine. Avant, je m’efforçais de devenir
«cosmopolite» à l’aide d’informations prises sur Internet, de la télé, et des
journaux. Mais je n’avais pas encore d’expériences vécues à l’étranger. Or,
bien que ce fût seulement quatre semaines, j’ai vécu en France, à l’étranger.
Je ne pourrai jamais oublier la sensation de liberté que j’y ai alors éprouvée.
Désormais, l’essentiel n’est plus d’aller simplement à l’étranger, mais, justement,
d’aller plus loin.
Mais... aller plus loin, cela consiste à faire quoi concrètement ? Cela
consiste à m’ouvrir au monde riche de sa diversité. Autrement dit, Il s’agit de
prendre contacte avec les gens différents qui vivent sur cette terre de façon
différentes, et d’essayer de les comprendre. Bien sûr, dans l’avenir, je
voudrais moi aussi m’engager dans une action pour le monde, mais ce que je
crois pouvoir commencer dès maintement, c’est essayer d’enrichier ma
connaissance, ma sensibilité, et surtout ma vision du monde. C’est le préalable,
je crois, de toute action tant soit peu judicieuse qu’on puisse concevoir pour le
monde.
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