EL BOLA

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EL BOLA
EL BOLA
Écrit et réalisé par Achero MANAS - 4 Goyas (l’équivalent de nos Césars) en 2001, dont meilleur film Espagne - 2000 - 1h24mn - VOSTF - avec Juan José Ballesta, Pablo Galan, Alberto Jimenez, Manuel
Moron, Nieve de Medina, Gloria Munos... - 1,03Go résolution DVD - Les Films du Whippet
Il a 12 ans et s’appelle Pablo. Pour l’état civil, pour
sa famille. Parce qu’au dehors, dans la vraie vie, il
est pour tout le monde « El Bola » : la boule. Ça lui
vient de la bille d’acier qui plombe en permanence
sa poche, qu’il fait tourner sans sa paume sans
relâche, qu’il caresse sans même s’en apercevoir.
Comme si le contact répété de cette surface lisse et
familière le rassurait, l’aider à affronter le monde
extérieur, beaucoup moins poli, beaucoup plus rude,
rêche, tout d’aspérités et de fractures.
Il s’appelle Pablo, alias El Bola, et c’est un des
personnages de gamin les plus attachants, les plus
émouvants qu’on ait pu voir à l’écran. Pas une
caricature, pas un prétexte à mots d’enfant ou à
attendrissement dégoulinant. Non, un vrai
personnage, un authentique être humain, riche et
complexe, avec sa part de lumière et ses zones
d’ombre, ses élans et son secret… Un frère en
cinéma de l’Antoine Doinel des 400 coups ou du Billy
de Kes. C’est dire si on vous recommande
chaleureusement ce très sensible, ce très juste film
espagnol, couvert de récompenses dans son pays,
ne le ratez pas.
Il a une bonne bouille, Pablo. Aussi ronde que son
surnom. Avec ses cheveux coupés court, ses
vêtements toujours propres, son petit air réservé et
poli, il a tout du gamin ordinaire, bien élevé, bien
intégré. Mais il y a ce regard qui vous perfore, cet
œil dur de celui qui a grandi trop vite, qui a été trop
tôt confronté à certaines réalités. Il y a ces jeux
dangereux sur la voie ferrée, ces défis trompe-lamort qui l’opposent à des jeunes coqs vantards. Il y
a sa figure résignée lorsqu’il rentre chez lui, la façon
dont il semble se recroqueviller, rentrer dans sa
coquille lorsqu’il va retrouver ses parents… Autant
de signes d’une face cachée, d’une face de
souffrance chez ce gamin qu’on aimerait croire
insouciant et heureux…
Un beau matin arrive dans la classe un nouveau.
Alfredo, un brun taciturne et pas commode, un petit
mec qui ne fait pas d’effort pour être populaire
auprès des autres élèves, qui ne cherche pas non
plus à s’attirer les faveurs des adultes. Pour un peu
on le prendrait pour un « cas social », un «
caractériel », un « enfant difficile »… Mais Pablo
sent instinctivement que ce n’est pas ça, qu’Alfredo
est comme il est parce qu’il ne ressent pas le besoin
de faire semblant d’être autrement, parce qu’il est
bien dans sa peau, dans sa tête, dans sa vie de
garçon de 12 ans.
Très vite El Bola va s’attacher à ce nouveau venu, et
ce sera réciproque. Et La Boule va découvrir une
autre façon de vivre, et en particulier de vivre en
famille : Alfredo entretient avec son père et sa mère
une relation de vraie chaleur, de profonde complicité,
d’indéfectible compréhension. Ils se parlent, se
touchent, s’embrassent. Ils font des choses
ensemble, voient des gens très différents. La réalité
est aussi dure et compliquée pour eux que pour
Pablo et les siens mais ils l’affrontent ensemble, ils
partagent… Pour Pablo, c’est une révélation, la
découverte d’un nouveau rapport au monde. Son
lien avec Alfredo, et au-delà avec les parents
d’Alfredo, va lui donner assez de force pour affronter
la vérité de ses rapports avec sa propre famille…
C’est le récit d’une prise de conscience, d’une
renaissance, le cheminement d’un môme vers
l’acceptation de sa souffrance, vers l’acceptation de
dire sa souffrance. C’est très beau parce que digne,
tenu, retenu. C’est émouvant parce que d’une
justesse sans pathos, d’une authenticité jamais prise
en défaut.

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