Rétro-ajustement des brise-lames de la plage d`Hammam
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Rétro-ajustement des brise-lames de la plage d`Hammam
Rétro-ajustement des brise-lames de la plage d’Hammam-Lif et scénarii de leur modification I. Introduction L’érosion marine est un risque naturel qui menace la plupart des littoraux dans le monde. Les côtes du golfe de Tunis, situées au nord-est de la Tunisie n’échappent pas à ce phénomène. L’érosion est essentiellement due aux diverses actions anthropiques (destruction des dunes bordières, piégeage des apports solides par les barrages, aménagements côtiers sans études d’impact, etc.). En outre, le golfe de Tunis a été affecté par des tempêtes violentes en 1981 qui ont provoqué une perte considérable de sables de plages notamment au niveau de la côte de Hammam-Lif. Pour assurer la protection de la côte de Hammam-Lif, une batterie de huit brise-lames émergés et successifs (de HL1 à HL8) a été construite entre 1985 et 1986. Les brise-lames permettent de limiter, en dissipant l’énergie de la houle, l’érosion d’un tronçon de plage. Les brises lames présentent l’intérêt de créer des zones abritées qui constituent une protection contre l’attaque des houles. Ils peuvent être émergents ou submersibles, agir quelles que soient les caractéristiques des houles ou n’avoir qu’une action limitée aux plus fortes houles, isolés au large ou reliés à la cote... Le présent travail présente l’effet de ces huit brise-lames sur le comportement du trait de côte et leur impact sur l’hydrodynamique de la zone de baignade et la qualité de ses eaux. Nous effectuerons un rétro-ajustement de leur dimensionnement pour diagnostiquer les anomalies de leur construction afin d’apporter les corrections nécessaires pour assurer une meilleure circulation de l’eau dans la zone de baignade en évitant la formation de tombolos au niveau des brise-lames. II. Rappel sur les notions d’onde, de vague et de houle II.1 Notions d’onde II.1.1 Définition, typologie et représentation mathématique Les ondes correspondent à des déformations périodiques d'une interface. En océanographie, les ondes de surface se matérialisent par une déformation de la surface de la mer, c'est-à-dire de l'interface entre l'atmosphère et l'océan. II.1.2 Caractéristiques Une onde se caractérise par : - sa période T ou sa fréquence 2 / T sa longueur d'onde : sa vitesse de propagation (ou vitesse de phase) : c = / T son amplitude : A son rapport d'aspect : d = 2A / Fig1. Caractéristiques d’une onde avec exagération de l’amplitude par rapport à la profondeur de la mer II.2 Notions de vague II.2.1 Définition, typologie et représentation mathématique Une vague est une déformation de la surface d'une masse d'eau le plus souvent sous l'effet du vent. À l'interface des deux fluides principaux de la Terre, l'agitation de l'atmosphère engendre sur les océans, mers et lacs, des mouvements de surface sous la forme de successions de vagues, de même allure mais différentes. Les trains de vagues provoqués par le vent se propagent en se dispersant, les vagues les plus cambrées peuvent déferler en créant des turbulences et des courants marins. Il s'agit d'ondes de gravité, la force de rappel étant la pesanteur : leur évolution est déterminée par les propriétés communes aux ondes comme la réflexion, la réfraction et la diffraction. La hauteur des vagues varie de quelques centimètres à 32,3 m pour la plus haute enregistrée par un instrument, voire plus de 34 m pour la plus haute vague observée visuellement 2,3 et 36 m de maximum extrapolés d'une moyenne de 20,1 m lors de la tempête Quirin en février 2011. La tendance à parler de houle pour désigner tous les types de vague, vagues régulières et vagues irrégulières, est un abus de langage. L'astronome et mathématicien George Biddell Airy a fourni la théorie la plus simple pour des vagues régulières (périodiques). L'onde d'Airy possède une surface libre de forme sinusoïdale. Il s'agit d'une représentation très simplifiée de la réalité, valable en principe pour des vagues régulières de faible cambrure. La cambrure est définie comme le rapport de la hauteur sur la longueur d'onde. Si on regarde avec attention les vagues en mer, nous constatons que la plupart d'entre elles ne sont pas sinusoïdales : les crêtes sont plus pointues, les creux plus aplatis. Cet aspect est pris en compte en remplaçant l'approximation d'Airy, au premier ordre, par des approximations périodiques d'ordre supérieur généralement attribuées à Stokes. II.1.2 Propagation des vagues Comme toutes les ondes, en particulier les ondes lumineuses décrites par l'optique, les vagues peuvent se réfléchir, se diffracter et se réfracter. Ces phénomènes, faciles à caractériser pour des vagues régulières, se compliquent pour les vagues naturelles tout en restant qualitativement analogues. Réflexion : La réflexion se produit sur un ouvrage de hauteur immergée importante par rapport à la profondeur et de largeur importante par rapport à la longueur d'onde. Lorsque des vagues arrivent parallèlement à une digue verticale il se produit une réflexion totale, phénomène d'onde stationnaire. Sur la paroi et à des distances proportionnelles à la demi-longueur d'onde on observe des ventres où l'amplitude est le double de l'amplitude incidente. Entre deux ventres successifs il y a un nœud où l'agitation semble disparaître. Devant une digue à talus se produit une réflexion partielle avec des ventres dont l'amplitude est inférieure au double de l'amplitude incidente tandis que les nœuds n'ont plus une amplitude nulle. Si les vagues arrivent obliquement la superposition d’ondes incidentes et réfléchies produit une mer gaufrée. Diffraction : Les phénomènes se compliquent au voisinage d'un obstacle de dimensions relativement petites vis-à-vis des longueurs d'onde, comme un navire, ou de l'extrémité d'une jetée. Face à un obstacle, l'approximation de l'optique géométrique décrit le comportement de la lumière aux échelles supérieures aux longueurs d'onde, ce qui fait apparaître une zone d'ombre derrière l'obstacle. Les obstacles rencontrés par les vagues ayant toujours des dimensions de l'ordre des longueurs d'onde, il faut faire appel à la notion de diffraction selon laquelle il se produit toujours une agitation dans l'ombre géométrique. Réfraction : La diminution de la célérité avec la profondeur conduit à des phénomènes de réfraction qui s'interprètent simplement en remarquant que la longueur d'onde varie proportionnellement à la célérité. Un élément de crête arrivant obliquement par rapport aux isobathes (lignes d'égale profondeur) possède une extrémité qui se trouve sur une profondeur inférieure à celle de l'autre extrémité. Les longueurs d'onde étant différentes la crête bascule de manière à se rapprocher de la direction de l'isobathe. De manière imagée on dit que les hauts fonds freinent les vagues. Sur une plage, les crêtes se rapprochent donc de la ligne de rivage jusqu'à ce que la profondeur soit assez faible pour que s'amorce le déferlement. Sur une pointe il y a concentration des orthogonales (analogues aux rayons lumineux), donc augmentation de l'agitation et une atténuation liée à l'épanouissement dans une baie. Le contournement d'un îlot peut créer dans l'« ombre géométrique » une augmentation de l'agitation par superposition des vagues provenant des deux côtés. Les courants modifient aussi la vitesse de phase et la relation de dispersion. Ils induisent donc aussi une réfraction. III. Etat de l’art sur les brise-lames II.2 Rôle des brise-lames L’effet de ces brise-lames sur l’allure de la côte et la sédimentation dépend directement de leurs paramètres géométriques (longueurs et angles) et des paramètres de houles (hauteurs, périodes, et angles). Les brise-lames peuvent être construits sous forme d’une seule structure ou en séries. Une seule structure est généralement utilisée pour protégé une zone localisée, tandis qu’un système de multiple segments (série supérieure à 2) est conçu pour protéger un tronçon étendue de côte. Les distances entre ces segments (brise-lame) sont spécifiques aux conditions hydrosédimentaires locales. Un seul brise-lames une série de brise-lames II.2 dimensionnement des brise-lames Le dimensionnement des brises lames est difficile. Il est fonction du but recherché et nécessite de trouver un compromis acceptable entre coût et efficacité. Indépendamment de l’aspect structure, les paramètres rattachés au brise-lames, plus au moins interdépendants, peuvent être classés en trois catégories (J. Bougis, 2000 et Birben A.R et al., 2007): 1-Les caractéristiques liées au site: - Climat d’agitation, durée d’action des houles (longueur d’onde de la houle, direction de la houle, hauteur des lames) - mer à marée (moyenne à forte), mer sans marée (ou à très faible marnage) - bathymétrie, pente des fonds - transit littoral - granulométrie des sédiments 2-Les paramètres d’implantation: - distance à la cote (D), profondeur d’implantation - postions respectives, espacement dans le cas de batterie d’ouvrages (E) - positionnement et orientation par rapport à la cote. 3-Les caractéristiques propres au brise-lames: - Longueur (LB) - hauteur /cote d’arase - largeur en crête - pente des talus - rugosité et perméabilité du brise-lames Il n’existe pas, actuellement de critères bien définis quant aux caractéristiques optimales des brise- lames, mais un certain nombre de règles de dimensionnement basées sur la théorie (aspect diffraction de la houle notamment), sur des recherches expérimentales en modèle réduit (aspect transmission de la houle par dessus un brise-lames immergé, étude des possibilités de formation de tombolo, analyse des profils de plage à l’abri du tombolo...) et sur l’examen des sites existants et des réalisations in situ, se trouvent dans la littérature, nous allons en rappeler l’essentiel. La formation des saillants et tombolos dépendent (D’après VAN RIJN L. C..2013) : - La longueur de brise lame (LB) Distance à la plage du brise-lame (D) Espacement entre deux brises lames (Lg) Un tombolo permanent : « LB/D>3 » L doit être plus grande que Lg pour former un tombolo : LB/Lg>1. Aucune érosion sur la plage de chaque côte du brise lame est observée pour Lg/D<0.08. Un tombolo derrière une structure de LB=200m et LB=200m avec une profondeur de 3m peut se former en une à trois années. Le tombolo sera formé si la structure est placée tout proche de la zone de déferlement ou si le transport littoral est important. Le tombolo fonctionnera comme un épi bloquant le transport littoral. Le tombolo poussera les courants de retour entre les brise-lames à emporter le sable vers les eaux de profondeur. Le tombolo engendrera une grave érosion de la côte avale dans les conditions d’attaque par houles dominantes obliques. Tombolo permanent ou périodique : « 2<LB/D<3 » Un tombolo périodique disparaitra durant les tempêtes (si la profondeur inférieur à 3m). Formation d’un saillant si la profondeur est supérieur à 3m. Un saillant bien développé « 1<LB/D<2 » : Le saillant crée moins d’érosion en zone aval. La formation d’un saillant peut être favorisée par une énergie suffisante de la houle dans la zone aval. Un saillant moyennement développé : 0.5< LB/D<1 Un saillant peu prononcé : 0.2< LB/D<0.5 Aucun effet : LB/D< 0.2 IV. Matériel et Méthodes III.1 Description de la zone d’étude La côte d’Hammam-Lif est située au nord-est de la Tunisie. Il s’agit d’une côte oblique direction NW-SE qui s’étend sur une longueur d’environ 20 km (figure1). Le régime est micro tidal et le marnage est de l’ordre de 0,35 m. Les houles dominantes viennent, généralement, du secteur Nord-Est. Les brise-lames édifiés pour protéger la côte ont des longueurs allant de 84 m à 184 m. Brise-lames au niveau de la côte d’Hammam-Lif V. Résultats et Discussion Application : En appliquant ce dimensionnement au niveau des brise-lames d’Hammam-Lif, nous obtenons comme résultat : Brises Longueur Distance par rapport Espacement entre Lames (LB) à la côte (D) brises lames (Lg) Google APAL Google APAL Google APAL 1 90,2 100 52 52 2 106,5 115 68 68 88,5 3 84 90 72 72 72 4 95 100 57 57 81 5 184,5 185 60 60 55 6 138,3 143 29 29 31 7 140 140 58 58 22,5 8 115 120 46 46 35,8 LB/D LB/Lg Lg/D Google APAL Google APAL Google 1,73 1,92 1,02 1,19 1,70 1,57 1,69 1,48 1,72 1,06 1,17 1,25 1,04 1,13 1,13 1,67 1,75 1,73 2,00 0,96 3,08 3,08 5,95 6,17 0,52 4,77 4,93 6,15 5,72 0,78 2,41 2,41 3,91 4,00 0,62 2,50 2,61 APAL 1,62 0,99 1,11 0,88 0,50 0,86 0,60 Largeur du tombolo (Lt) Google 84 67 80 50 30 25 35 41 6,74 33,76 22,48 118,42 101,76 85,07 74,98 Condition LB/D>3 2<LB/D<3 1<LB/D<2 formation Un tombolo permanent Tombolo permanent ou periodique Un Saillant bien développé Un Saillant moyennement développé Briselames satisfaisant la condition 5,6 7,8 1,2,3,4 aucun Brise 0,5<LB/D<1 Lames aucun Un Saillant Brise 0,2<LB/D<0,5 peu prononcé Lames aucun Brise LB/D<0,2 Aucun effet Lames pas d'érosion côtière entre les brises Lg/D<0,8 Lames faible érosion côtière entre les brises 0,8<Lg/D<1,3 Lames forte érosion côtière entre les brises Lg/D>1,3 Lames L<ou= Lg <ou= LB 5_6,7_8 2_3, 3_4, 4_5, 6_7 1_2 1_2 2_3 3_4 4_5 5_6 6_7 Beaufort 12_période6 Beaufort 11_période6 Beaufort 12_période6 Beaufort 9_période6 Beaufort 5_période6 Beaufort 5_période5 7_8 condition de tombolo Beaufort 6_période6 LB/D=1,5 D’après notre mesure on a un tombolo permanent au niveau de brise-lames numéro 5 et 6 : Brise-lames,Hammam Lif On a un tombolo permanent ou périodique au niveau de brise-lames 7 et 8 : Brise-lames, Hammam Lif Et au niveau des brise-lames numéro 1,2,3,4 on a un saillant bien développé : Brise-lames, Hammam Lif En ce qui concerne l’érosion côtière entre les brise-lames, nous aurons pour : - Lg/D<0.8 : pas d’érosion côtière entre les brise-lames 0.8<Lg/D<1.3 : faible érosion côtière entre les brise-lames Lg/D>1.3 : forte érosion côtière entre les brise-lames. On a obtenir donc une forte érosion côtière entre les brise-lames (1/2), une faible érosion côtière entre les brise-lames (2/3, 3/4, 4/5), et pas d’érosion côtière entre les brise-lames (5/6, 6/7, 7/8). Longueur (LB)t=1,5*D Google Longueur (LB)s=0,125*D Google 78 102 108 Longueur (LB)s=0,5*D Lg pour(LB)s/Lg=0,5 (LB)s/LB Google APAL 7 26 52 4 9 34 68 3 9 36 72 3 85,5 90 43,5 87 69 7 8 4 7 6 29 30 15 29 23 57 60 29 58 46 Les variables typiques inconnues, lors de la conception d’un tombolo sont la langueur de la côte affectée par le brise-lames « 2B₁ », et la largeur d’attachement au briselames «2BK ». B Bk Bk/B en pourcent Google APAL Google Google APAL 45,10 50,00 20,50 45,45 41,00 53,25 57,50 3,37 8,02 5,86 42,00 45,00 16,88 40,19 37,51 47,50 50,00 11,24 23,66 22,48 92,25 92,50 59,21 64,18 64,01 69,15 71,50 50,88 73,58 71,16 70,00 70,00 42,54 60,76 60,76 57,50 60,00 37,49 65,20 62,48 Degré de Beaufort 5 6 7 8 9 10 11 12 hauteur de la houle 2 3 4 5,5 7 9 11,5 14 célérité Période 4,43 6 5,42 6 6,26 6 7,35 6 8,29 6 9,40 6 10,62 6 11,72 6 Calcul de largeur d’attachement eu brise-lames par rapport à longueur de la côte affectée par le brise-lames. Longueur d'ondes 26,58 32,55 37,59 44,07 49,72 56,38 63,73 70,32 Calcul de la célérité et la longueur d’ondes selon le degré de Beaufort. 4 6 10 5 5 Bk/B 80 70 60 50 40 30 20 10 0 y = 32ln(x) + 9,996 R² = 0,931 Bk/B Log. (Bk/B) 21 45 50 60 70 71,5 92,5 Evolution de rapport de largeur d’attachement par longueur de la côte affectée par le brise-lames. Esquisse de définition d’un tombolo. On a obtenir donc une forte érosion côtière entre les brise-lames (1/2), une faible érosion côtière entre les brise-lames (2/3, 3/4, 4/5), et pas d’érosion côtière entre les brise-lames (5/6, 6/7, 7/8). Expérience de la brèche : La technique de brèche est utilisée en 2014 au niveau de brise-lame numéro 2 de la série de Hammam Lif, comme une solution pour évacuer le tombolo et les posidonies et pour laisser l’eau circule entre le brise-lame et la côte. 13/82013 1/7/2015 La brèche de brise-lame lame donne encore une formation d’un tombolo permanent et un tombolo périodique et alors une accumulation de la posidonie autour de la côte. Tableau d’évolution des tombolo et des saillant avant et après la brèche de brise brise-lame numéro 2 : Année Longueur Largeur de supérieur tombolo de tombolo (Lt)s Largeur inférieur de tombolo (Lt)i Bk Distance par rapport à la cote D 2004 88 2006 88 2008 81 2010 81 2012 93 Brèche de la brise 2014 45 2015 30 122 15 88 22 128 144 141 140 11 14 21 24 88 81 81 93 28 42 48 45(d’un saillant LSs) 9 120(d’un saillant LSi) 75 60 Le tombolo au niveau de brise-lame numéro 2 a une langueur très grande qui varie entre 81 et 93 m, après la brèche de brise-lame il y a une apparition d’un saillant de 45 m au lieu de tombolo. La largeur de la côte varie selon le temps et encore selon la forme et la langueur de la brèche, avant la technique de brèche la distance par rapport à la côte a une valeur varie entre 81 et 93 alors sa valeur est diminué après la brèche pour être varie entre 60 et 75 m. Scénario et solution proposée : L’influence de la longueur du brise-lame sur la houle et la contrainte de frottement et comme représente cette schéma. Plus que la longueur du brise-lame est petit et court plus la chance de disparition de tombolo est plus grande. La solution d'élimination des tombolos est la diminution de longueur des brise-lames de manière qu’elle soit la moitié de celle des espacements entre brise-lames.