Femmes peintres et femmes peintes. Femmes

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Femmes peintres et femmes peintes. Femmes
25/11/2012
Femmes peintres et femmes peintes.
par Maryse Lavocat, historienne de l’art.
Sommaire
Femmes peintres et femmes peintes. .................................................................................................................................................................. 1
I.
Les femmes à l’origine de l’art ? : ........................................................................................................................................................... 1
II.
Des hommes peu admiratifs:.............................................................................................................................................................. 2
III.
Les ateliers familiaux :....................................................................................................................................................................... 2
IV.
Artiste ou artisane ? ........................................................................................................................................................................... 3
V.
Les premières artistes européennes : .................................................................................................................................................. 3
VI.
Un statut discriminatoire :.................................................................................................................................................................. 4
VII.
Les nouveaux salons et les académies : ............................................................................................................................................. 6
VIII.
Existe-t-il un type de création au feminin ?: ................................................................................................................................. 7
A.
Les sujets...................................................................................................................................................................................... 7
1.
Souffrance et sensualité ................................................................................................................................................................ 7
2.
Madones et maternités.................................................................................................................................................................. 7
IX.
Représentation de la femme :............................................................................................................................................................. 7
X.
Le nu et les femmes ; comment les femmes regardent-elles les hommes ?: ....................................................................................... 9
A.
Le nu et le corps ........................................................................................................................................................................... 9
B.
Dire le masculin ........................................................................................................................................................................... 9
XI.
Androgynie, mysoginie : ................................................................................................................................................................... 9
XII.
Comment les femmes regardent-elles les hommes ?: ....................................................................................................................... 10
XIII.
Femmes androgynes : ................................................................................................................................................................. 11
XIV.
Le corps entre fantasme et désir : ............................................................................................................................................... 11
XV.
Singularité et femme de l’ombre :.................................................................................................................................................... 12
XVI.
Conclusion : ............................................................................................................................................................................... 12
XVII.
Bibliographie conseillée ............................................................................................................................................................. 13
Existe t-il une peinture féminine, du moins de femme ? Seule la Chine, distinguera les thèmes
féminins et masculins, le monde de l’art ne cherchant pas à faire une distinction…
Si la peinture de femmes a été autant oubliée, alors que les textes l’ont moins été, c’est que la
peinture est peut-être plus provocante, plus violente que le texte. Une peinture de femme est, par
définition un viol du code social, mettant en scène une aventure du corps qui devrait être tue.
Le rapport du corps à la peinture est tel que la peinture dévoile à sa manière, l’histoire du
corps et le rapport de l’individu au temps, à la culture, à la société.
Propriété de l’époux, de l’amant, de Jésus ou de Dieu, le corps féminin s’invente une liberté
dans cette mise en scène qu’est la représentation picturale.
D’Hélène d’Alexandrie à Rosa Bonheur, quelles stratégies furent utilisées par les femmes pour
exprimer des talents créateurs ?
Comment les artistes, au masculin, représentent-ils laideur et beautés féminines ? Existe-t-il
une singularité de la création ?
L’histoire des femmes peintres et l’analyse des mécanismes créatifs peut livrer quelques
réponses ?
I.
Les femmes à l’origine de l’art ? :
Saint Jérôme, l’auteur de la Vulgate1, a déclaré que les femmes n’avaient pas d’âme. À cette
époque, on considérait que seuls les hommes étaient des créateurs.
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Traduction de l’ancien et du nouveau testament à partir des textes en hébreu.
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En 1996, le professeur ROY MAC DERMOTT, spécialiste de la psychologie et de la
perception visuelle, examine les représentations des « Vénus » du paléolithique (VENUS DE
LESPUGUE, VENUS DE WILLENDORF, DE GRIMALDI), et avance l’hypothèse que ces statuettes
seraient les premiers autoportraits de la création humaine.
Les femmes, enceintes, au corps enflé, portant une jeune vie, aux seins lourds et épanouis,
auraient reproduit leur image. ;
Cette remarque permettrait donc de dire que le premier acte créateur est féminin
Vénus de Lespugne
Vénus de Villendorf
II. Des hommes peu admiratifs:
Dans le domaine artistique, elles sont souvent cantonnées dans des fonctions mineures.
Au XVème siècle, Christine de Pisan2 est la première qui va oser montrer qu’elle se
livre à l’art et à l’écriture. Elle écrit dans « la cité des Dames » que seul, Anastaise
1er a loué les talents des femmes qui travaillent dans les ateliers d’enluminure.
Cette remarque montre à quel point la création féminine est médiocrement
considérée .
Cependant, le monde religieux va permettre aux moniales de s’affirmer en
tant que peintres !
La première à s’illustrer se nomme ENDE, moniale en Espagne, à la fin du
ème
X siècle. Elle illustre, en effet, un manuscrit traitant de l’Apocalypse, le BEATUS LIEBANA, sur
lequel elle signe fièrement : PINTRIX DEI ADJUTRIX
Cette signature ne doit pas cependant faire croire que toutes les femmes ont cette possibilité
d’affirmer leur travail.
III. Les ateliers familiaux :
La plupart du temps, elles peignent au sein des ateliers familiaux.
Ainsi, au XIVeme siècle, BOURGOT, fille de JEAN LE NOIR, célèbre enlumineur, et
MARGUERITE VAN EYCK, sœur des frères VAN EYCK, travaillent dans l’ombre familiale, sans
signer ni faire figurer aucun signe témoignant de leur participation.
On ne leur confie d’ailleurs que la bordure des lettres, l’image principale étant peinte par le
Maître.
Au Moyen Age, sur les registres figureront 229 noms, mentionnant seulement 11 femmes
qualifiées d’ « YMAGIERES ET ENLUMINERESSES »…
En 1470, cependant, une femme obtient le statut de « Maître-Franc » à Anvers. Ce cas, isolé,
figure parmi les 12% de femmes ainsi élevées à cette dignité !
Les femmes absentes de l’histoire de l’art : le rapport à Dieu
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Poétesse et philosophe française (1364-1430), de naissance italienne.
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Cette absence des femmes au sein de l’art s’explique dans le rapport que les hommes
entretiennent avec le Divin.
On peut comparer un autoportrait de MARTIN VAN HEEMSKERK
et une représentation contemporaine de SOPHONISBA ANGUISOLA.
MARTIN se représente sous les traits de St Luc, peignant la Vierge.
St Luc, patron des peintres et artisans, crée donc un lien « divin » qui fait de la
création au masculin un acte béni ;
En revanche, SOPHONISBA ANGISSOLA, se représente à côté d’une
vierge de tendresse ; elle ose se confronter à l’interdit, mais avec un rapport
nouveau. Elle peint une Vierge à l’Enfant, indiquant, là, un rapport à la création
très « humain » et humble.
IV. Artiste ou artisane ?
L’approche de l’art, pour les femmes, est aussi conditionnée par le droit.
Jusqu’au XVIIIème siècle, elles se verront interdire la représentation du nu et le travail en
atelier avec des modèles vivants dénudés. La pudeur ainsi préservée, montre un cadre strict où la
Religion exerce une double hiérarchie : Sexes d’un côté et Noblesse, Clergé, Tiers Etat de l’autre.
Par ailleurs, une différence sensible existe entre les artisans, pour qui le beau et bon travail est
le travail bien fait et les artistes qui rentrent dans le cercle religieux et aristocratique.
Les artisans doivent produire et vendre, attirer une clientèle, tandis que les artistes sont logés,
rémunérés par les mécènes religieux ou nobles.
Les artistes évoluent dans un cadre monarchique, élitiste qui reconnaît le don artistique.
L’artiste se situe dans la hiérarchie des genres : le GRAND GENRE : la peinture d’histoire,
puis l’Allégorie, le Portrait, la Nature morte et enfin la Scène de genre.
Les femmes se retrouvent ainsi insérées dans une logique économique : travailler dans un
atelier d’artisan où évoluent leurs pères, leurs frères, sans jamais pouvoir accéder au « grand genre ».
V. Les premières artistes européennes :
Les Flandres et l’Italie du XVème siècle, voient émerger des artistes qui se répartissent les
« genres secondaires, portrait, allégorie et nature morte.
KATHARINA VAN HEMESSEN (1528-1587) , SOPHONISBA ANGUISOLA (1532-1625),
originaire de Crémone, LAVINIA FONTANA (1522-1614), ARTEMISIA GENTILESCHI (15931652) ANGELICA KAUFFMAN (1741-1807) s’illustreront par l’art du portrait, intime ou plus
officiel, KATHARINA peignant un des premiers autoportraits où elle
montre une grande dextérité artistique et rivalise avec les hommes.
Seule, Lavinia Fontana (1552-1614), fille d’un peintre de Bologne, puis épouse d’un peintre
qui va devenir son assistant, put peindre des nus masculins ou féminins, après avoir peint des scènes
religieuses, mythologiques pour des retables, quelquefois en perdant un peu de puissance.
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FEDE GALIZIA, LOUISE MOILLON, créeront de remarquables natures mortes. Louise
Moillon (1610 – 1685), protestante, va devoir abjurer sa foi, embrasser la religion catholique, pour être
autorisée à peindre des natures mortes.
JUDITH LEYSTER (1609-1660) fidèle à la verve de la peinture du Nord, donnera joyeuses scènes de
genre, buveurs, fumeurs et plaisirs de vivre.
Les autres femmes vont se tourner vers les natures mortes. Comme cela, elles pourront être
admises dans les ateliers de peintre de leurs mari ou frères. Elles vont s’inspirer de Caravage.
L’Académie royale de peinture et de sculpture fut fondée en France en 1648, sous la régence
d’Anne d’Autriche. Les prétendants devaient présenter des « morceaux d’agréments » ; beaucoup
d’artistes choisissaient entre autres, des sujets de nus, sujets qui étaient généralement interdits aux
femmes, ce qui leur compliquait sérieusement la tâche.
VI. Un statut discriminatoire :
Les guerres de religion, puis la politique artistique du XVIIème siècle vont accentuer la
différence statutaire.
Les femmes, souvent cantonnées dans les ateliers familiaux, vont subir en 1663, l’ouverture de
l’ACADEMIE où 30 à 40 brevetaires évoluent.
Dans ce contexte, trois artistes vont s’illustrer :
En 1672, ELISABETH SOPHIE CHERON (1648-1711), portraitiste et LOUISE MOILLON,
spécialiste des natures mortes, protestantes, attirent sur elles les foudres de l’Eglise.
Lors de la première fermeture de l’Académie, bien que converties de force, elles sont ainsi
considérées comme rivales et hérétiques !
Le XVIIIème , siècle des Lumières, va cependant faire naître un autre type d’artistes ; portées
par la fermeture de l’Académie qui met fin à la hiérarchie des genres, par la création de l’Académie de
St Luc, concurrente de l’Académie, par la suppression, enfin, des corporations, les belles artistes osent
et s’affirment !
ADELAÏDE LABILLE-GUIARD ouvre son atelier aux jeunes filles, elle transmet ainsi son
savoir, transgressant l’interdit d’enseigner
DOROTHEA LEICIENSKA (1728 1782) est enfin admise à l’Académie.
La révolution est en marche et MADAME BENOIST, face à la libération du monde noir,
donnera une réponse singulière !
Face à GIRODET qui représente J.Baptiste Belley , conventionnel noir à « l’égal du monde
blanc », elle choisit de peindre une « négresse », nonchalamment assise, un peu dévêtue.
En privilégiant ainsi simplement la sensibilité d’un peuple, en s’éloignant des thèses anti-esclavagistes
qui ont cours.
Elisabeth Sirani (1638 –1665), fille du peintre Giovan Andrea, s’initia dans l’atelier de son
père, au dessin, à la peinture et à la gravure. Outre l’apprentissage manuel, Elisabeth
reçut un enseignement théorique et une culture littéraire grâce à la bibliothèque
familiale à usage professionnel. À l'époque, les filles d’artiste désireuses de mener
une carrière artistique, n’avaient d’autre possibilité que celle de s’instruire par ellesmêmes, les portes de l’université étant closes pour les femmes et la pratique du nu
formellement interdite pour le "sexe faible". Grâce aux œuvres de son père,
Elisabeth Sirani s’enrichit d’une culture littéraire, artistique et scientifique. Elle
dessine ici, une Marie-Madeleine un peu osée.
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Artémisia Gentileschi (1593 – 1652) va être violée par un compagnon de son père ; elle fera
de la peinture un exutoire.
Elle est également l'une
des premières femmes à
peindre
des
sujets
historiques et religieux.
Ses peintures expriment
souvent le point de vue
féminin.
Son
dessin,
influencé par l’œuvre du
Caravage, contribuera à la
diffusion de caravagisme.
Rosalba Carriera (1675 – 1757) est une pastelliste. C’est grâce à elle que le pastel vénitien et
féminin a été reconnu, notamment en France où elle a pu faire connaître son art lors d’un de ses
séjours.
La Suissesse Angélica Kauffmann (1741 – 1807) est l’une des plus fameuses femmes peintres
et portraitistes du XVIIIème siècle ; elle travailla à Milan puis à Londres où elle fut
l’un des membres fondateur de la « Royal Academy ».
Anne Vallayer (1744 – 1818), dans l’œuvre qu’elle présente pour entrer à l’académie, flatte
l’Antiquité (le buste), le calcul (règle, compas, rapporteur), le dessin.
Fin XVIIIème, de nouveaux salons s’ouvrent où l’on peut y exercer son talent et admirer le
travail des autres. Elisabeth Vigée Le Brun (1755 – 1842) y expose.
Adélaïde Labille-Guiard (1749 – 1803) ouvre un atelier pour les femmes. Dans l’œuvre cicontre, on peut voir comme une sorte de contrat social : une femme du peuple et
une aristocrate, ses élèves, se tiennent derrière elle.
Marie Guillemine Benoist (1768 – 1826) va, elle, travailler sur des idées plus progressistes.
Elle représente une beauté noire dans sa plénitude, et non comme une esclave.
C’est la façon qu’a choisie l’artiste pour parler de l’abolition de l’esclavage.
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Jeanne Elisabeth Chaudet (1767 – 1832) choisit de peindre des
sujets un peu mièvres.
VII. Les nouveaux salons et les académies :
Le XIXème siècle voit l’avancée des artistes dans un monde pourtant conservateur !
Les artistes s’organisent.
En 1848, ROSA BONHEUR, peintre d’animaux, travaillant dans la nature, « sur le motif »,
dans la forêt de Barbizon, reçoit une médaille par le jury du Salon
A l’Académie Julian, en 1873, 9 femmes sont présentes et peuvent enfin peindre d’après
modèle.
HELENE BERTAUX, (1825 – 1909) est une sculptrice et une militante des droits des
femmes, de la deuxième moitié du XIXème siècle. Devant les difficultés que rencontrent les femmes
qui veulent se destiner à la sculpture, elle décide d'ouvrir un atelier de modelage en 1873, puis une
école de sculpture réservée aux femmes en 1880. Elle ira jusqu'à créer l'Union des femmes Peintres et
Sculpteurs (UPS) en décembre 1881, association bientôt reconnue d'utilité publique, et dont elle sera la
première présidente jusqu'en 1894.
MARIE BASHKITSEFF (1858-1884) ouvre des ateliers et peint le monde de la rue.
Peut-on penser que le siècle des Impressionnistes soit celui de la femme ?
Rien n’est moins sûr !
BERTHE MORISOT vendra un seul tableau à l’Etat, et en 1804, les femmes mariées sont
mineures et incapables !
Elles sont donc épouses ou filles de peintres, ADRIENNE GRANDPIERRE, son élève devient
la femme de ABEL DE PUJOL, BERTHE MORISOT épouse le frère de MANET, EVA
GONZALES, le graveur HENRI GUERARD, ROSA BONHEUR est fille de peintre
Certaines restent « filles », telle MARY CASSAT dont la fortune assure un revenu
confortable.
On voit bien que HORS DU MARIAGE, POINT DE SALUT !
La seule qui va refuser ce fait, c’est Rosa Bonheur (1822 – 1899) (école de Barbizon) ; elle est
allée dresser le portrait de Buffalo Bill. Elle a démontré qu’une vache
pouvait être l’objet d’un tableau.
L’académie Julian a été fondée à Paris en 1867. Très célèbre, elle était au début réservée aux
hommes. Il faudra attendre 1885 pour qu’elle accueille des femmes.
Les femmes sont toujours soumises au code Napoléon qui les
garde dans un rôle subalterne.
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Marie Bashkirtseff (1858 – 1884), d’origine ukrainienne, refuse la
mièvrerie et peint souvent une peinture violente.
VIII.
Existe-t-il un type de création au féminin ?:
A. Les sujets
1. Souffrance et sensualité
ARTEMISIA GENTILESCHI, violée, humiliée va représenter de manière obsessionnelle la
« Décollation de Holopherne ». Cherche-t-elle à exorciser cette souffrance en représentant la défaite et
la mort de l’homme ?
Elle se représente également en Madeleine, pénitente, en martyre, tenant la palme, en allégorie
de la peinture
A l’inverse, ELISABETH SIRANI, exalte douceur et sensualité dans ses nombreuses
représentations de La Vierge ou les autoportraits
2. Madones et maternités
Les Madones et maternités sont autant d’occasions pour représenter, flatter et aimer le corps
féminin
Les hommes, artistes, représentent souvent une Annonciation, une Vierge à l’Enfant au corps
non sexué, parfois en souffrance (pietà). C’est le corps d’une vierge (parthenos), la douleur d’une
mère, qui donne trace d’une femme effacée, impuissante, donc tout à fait opposée à la puissance
créatrice des premières déesses-mères.
Les femmes vont donc se faire le porte parole ou porte image de la Maternité.
Tendresse, maternelle sollicitude, fille aimante, deviennent ainsi les sujets de prédilection.
Le code civil de 1804, de nombreux traités sur l’allaitement créent également un climat
propice.
MARGUERITE GERARD, MARY CASSAT, BERTHE MORISOT (Le berceau), illustrent
ce courant ; la Maternité symbolique, la souffrance de l’absence maternelle sont en revanche des
thèmes repris par FRIDA KAHLO et NIKI DE ST PHALLE.
IX. Représentation de la femme :
On représente souvent la Vierge ; un moine peintre s’était inspiré du visage de sa femme pour
peindre une vierge.
On représente aussi souvent une femme qui souffre.
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En Bretagne, on trouve quelques Vierges ouvrantes (sujet rarement traité en général) qui porte
dans son ventre Dieu et son fils. Les religieux ont trouvé que c’était une représentation transgressante ;
ils finiront par l’interdire.
Judith Leister entre dans la peinture truculente
inspirée des flamands, influencée elle aussi par Caravage.
Vigée Le Brun s’abandonne à cette nature de mère, à la tendresse.
Elle a été moins appréciée comme peintre officiel, en peignant MarieAntoinette d’Autriche.
Marguerite Gérard (1761 – 1837) va se spécialiser aussi dans la tendresse, témoignant d’une
grande qualité artistique, même si certaines fois le sujet est un peu mièvre et la dessert.
Avec le Berceau, Berthe Marisot (1841 – 1895) dessine la femme dans toute sa féminité, grâce
à l’impressionnisme. Son jeu de noirs et de blancs est vibrant ; il exprime une
grande poésie.
Mary Cassatt (1844 – 1926) originaire de Pennsylvanie, mais passant une grande partie de sa
vie en France, exprime aussi une grande liberté poétique. Elle utilise
l’impressionnisme en le magnifiant et dépasse par là même le travail d’artistes
masculins de l’époque.
Frida Kahlo (1907 – 1954) est une artiste peintre mexicaine. Femme bafouée, trahie, elle ne
pourra avoir d’enfant, sera trompée par son mari. La peinture sera aussi pour elle
un exutoire, mais qu’elle saura complètement dépasser.
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X. Le nu et les femmes ; comment les femmes regardentelles les hommes ?
A. Le nu et le corps
Exclues des ateliers et de l’étude du nu, base de la statuaire antique, comment progresser ?
DOROTHEA THERBOUCHE, au XVIIIème siècle sera la première femme à oser représenter
le nu (Jupiter et Antiope, sujet mythologique). Bien qu’académicienne, son tableau sera refusé en
1767 ! Elle aura cependant ouvert la voie à CAMILLE CLAUDEL, qui elle aussi, subira la censure et
le rejet.
Mais le XIXème siècle est pourtant le temps du nu !
Qu’il soit académique (BOUGUEREAU), provocateur (COURBET), porteur de modernité
(MANET), il reste en peinture, le sujet des hommes.
Les femmes se réfugient, semble-t-il dans la sculpture, GERMAINE RICHIER, LOUISE
BOURGEOIS, LOUISE NEVELSON succèdent ainsi à CAMILLE CLAUDEL, faisant souffler un
vent de liberté sur des corps qui traversent l’espace, souffrent, enflent, marchent.
B. Dire le masculin
Le masculin est partout affirment la plupart des artistes. S’attaquer au masculin, c’est
s’attaquer aux formes qui modèlent notre cadre.
La peinture est une mise à distance, une sculpture, une ronde de bosse3 par exemple, on peut la
toucher, tourner autour.
ADELAIDE LABILLE GUIARD ou ELISABRTH VIFEE-LEBRUN, lorsqu’elles
représenteront le sculpteur PAJOU et le peintre HUBERT ROBERT ne chercheront pas à rivaliser ou
ternir une image. La première se mettra symboliquement sous la protection du sculpteur et la seconde
donnera une présence charnelle à son modèle.
Il faut attendre Camille Claudel (1864 – 1943) et la sculpture, pour que les choses changent.
Le modelage a permis l’accès à la sensualité. Il y a plus de sensualité, d’abandon dans les
œuvres de Camille Claudel que dans Auguste Rodin ; elle sait saisir la seconde juste,
avant le contact.
PAUL CLAUDEL louera également le talent de sa sœur, comparant
l’Abandon, où « l’esprit est tout » au Baiser de RODIN, plus dense et charnel
XI. Androgynie, misogynie :
Quelques artistes ont basculé du côté des attitudes viriles, de la peinture « virile ».
SUZANNE VALADON, « la terrible Marie » bien que menant une vie affective bien remplie,
excelle dans l’art de la provocation.. TAMARA DE LEMPICKA, ROMANE BROOKS illustrent le
courant de la femme garçonne, faisant de cette période un sujet.
Les artistes contemporaines, vont gommer cette radicalité et ce système binaire.
3
Sculpture sur un socle, autour de laquelle on peut tourner.
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Les violons de REBECCA HORN, les boîtes de ANNETTE MESSAGER, les photos de
SOPHIE CALLE OU VANESSA BEECROFT, montrent des préoccupations artistiques propres à l’art
d’aujourd’hui (société, l’Homme, le regard de l’artiste témoin de son temps, l’exploitation, etc.).
Certaines, dans les années 70, feront cependant preuve d’une plus grande audace : GINA
PANE et surtout ORLAN qui n’hésite pas à faire de son corps un support permanent des
transformations de ce monde (opérations de chirurgie, etc.)
Suzanne Valadon a choisi le style femme-homme. Les codes sont un peu trahis. Dans son
Adam et Eve, la femme est plus solide que l’homme. Chez
Valadon, l’image représente un sens.
Suzanne au bain n’est pas victime, mais une femme qui
s’affirme.
Germaine Richier (1902 – 1959) sculpte la souffrance à
l’état pur.
XII. Comment les femmes regardent-elles les hommes ?:
Delacroix représente des femmes qui souffrent comme dans la mort de Sardanapale.
Si on compare deux tableaux de femmes : Adélaïde Labille Guiard avec le portait du sculpteur
Augustin à gauche, et Elisabeth Vigée Le Brun qui a dessiné le peintre Hubert, à droite.
Adélaïde Labille s’est comme mise sous la
coupe du maître, alors qu’à droite l’homme a la
main posée, il réfléchit avant d’agir. Il est moins
stylisé, mais plus humain.
Gustave Courbet représente aussi les femmes ; dans le sommeil, il peint la sensualité de la
femme.
Alberto Giacometti représente la femme écorchée. Ici, tout n’est que violence.
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Hans Bellmer est influencé par le genre sado-maso.
Meret Oppenheim dessine une tasse de fourrure
(1936).
L’art contemporain va prendre, à la fin des années 1970, le contre-pied de la femme
traditionnelle : mère, souffrante…
Ana Mendieta a travaillé sur l’apparence qui influence encore actuellement la façon dont on
considère les femmes.
XIII.
Femmes androgynes :
Tamara de Lempicka (1898 – 1980) dans le Rêve, peint la femme fatale ; l’éclairage est
saturé. Dans Adam et Ève, les personnages n’on presque pas de
visage ; il se dégage du tableau quelque chose d’immatériel.
Romaine Brooks (1874 – 1970), américaine, s’est spécialisée dans le portrait. Chez elle, les
femmes hésitent entre poésie et réalisme.
Rebecca Horn (née en 1944) est une artiste
allemande.
XIV.
Le corps entre fantasme et désir :
La physiognomonie est une méthode fondée sur l'idée que l'observation de l'apparence
physique d'une personne, et principalement les traits de son visage, peut donner un aperçu de son
caractère ou de sa personnalité. Ces traits sont souvent empruntés aux animaux.
La femme, représentée par les hommes, évoque souvent le plaisir.
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Dans le tableau en bas, à droite, un homme passe sa
dernière nuit avec une femme avant de se suicider.
Gina Pane (1939 – 1990) va faire de son corps, une œuvre d’art.
Orlan, née en 1947, transforme son corps à l’aide de la chirurgie esthétique.
Cindy Sherma est une artiste et photographe américaine, née en 1954.
Elle va singer tous les archétypes à partir de faits divers, en faisant
abstraction de toute spiritualité.
XV. Singularité et femme de l’ombre :
Lee Krasner et J. Pollock sont deux artistes qui se marient en 1945. Ils ont autant de talent,
mais l’homme sera beaucoup mieux connu de la postérité.
Max Ernst est marié à Dorothéa Thanning, artiste elle aussi. Il sera beaucoup plus connu
qu’elle.
XVI.
Conclusion :
Existe-t-il une peinture de femmes ?
La peinture de femme, la sculpture de femme est sans doute plus violente !
Orlan sculpte son corps à l’aide d’opérations de chirurgie esthétique ; certaines femmes
resteront dans la dépendance. D’autres exprimeront la bivalence de la femme.
Violence de la souffrance, obligation de devoir faire plus pour émerger, pour être visible,
sinon reconnue.
La différence est identique en littérature ou dans tout domaine artistique où une discrimination
subsiste ; moins bien rémunérées, leurs tableaux atteignant des prix moindres dans les cotations.
Elles sont pourtant souvent novatrices et même éclaireuses.
Qui se souvient que ROSALBA CARRIERA, cette belle Italienne, qui apporta en France le
pastel, dont s’emparèrent les artistes au XVIIIème siècle ?
Elles traversent parfois la vie où se mêlent amour et folie et l’on évoque trop souvent la
relation de Camille Claudel à Rodin en oubliant la singularité et la liberté de son œuvre.
La femme peinte, quand à elle, vêtue ou nue, mère ou amante, jeune ou vieillissante, s’ancre
dans un monde où elle incarne un idéal. Seul GOYA osera représenter les « vieilles », ridées et
grimaçantes et quelques artistes, tel GEORGES DE LA TOUR, suggéreront la duplicité ou la ruse
féminine ; Chagal également leur reconnaîtra une vraie force, un vrai talent (Séraphine de Senlis).
Baudelaire a écrit : « Elle est belle, elle est plus que belle, elle est surprenante ».
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Féminin fragile ou féminin au pouvoir inquiétant, éternelle question que l’art ne cesse
d’interroger…
XVII.
Bibliographie conseillée
Une histoire des femmes peintres, Clarisse Nicoïdski, Editions J.C. Lattes, 1994
Les femmes dans la peinture, Henri Alexis Batsch , Editions Hazan , 1997
Les femmes dans l’art, Marie Jo Fontaine, Editions de La Martinière, 2004
Femmes artistes, Nancy. G . Heller, Editions Herscher, 1991
L’Art au féminin, Edith Krull, Editions Leipzig, 1986 et le site internet : women in art
2012-11-13-Femmes-peintres
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