Bulletin n° 7

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Bulletin n° 7
Bulletin de liaison n° 7
REGLEMENT DU CONCOURS DE POESIE
- PRIX JOSEPH BERCHOUX -
Ce prix récompensera la meilleure production mettant en valeur un
aspect positif de la gastronomie comme art de vivre et, si possible, dans la
région du Brionnais.
Les productions seront versées dans deux catégories :
- Auteurs de moins de 15 ans (autorisation parentale exigée)
- Auteurs de plus de 15 ans.
Le jury sera composé de 3 personnes, toutes étrangères à l’association.
Ses choix seront sans appel.
Les coordonnées de l’auteur ne doivent pas apparaître sur la même page
que la production.
Le montant de la participation est fixé à 0 euro.
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Le poème du Père Perrychon sur le thème des fleurs
Mon coquelicot joli
Il est pour toi, venu trop tard, parti trop tôt ;
Je te l’envoie dans sa délicate douceur.
Il était blanc, un peu chétif mais très, très beau,
Je l’avais remarqué parmi ses frères, ses sœurs.
Je l’ai bien surveillé, protégé des frimas,
J’ai préparé palette, pinceau et trois couleurs ;
J’ai voulu le faire beau, très beau, rien que pour toi,
Je sais que cette fleur, elle va ravir ton cœur.
Aujourd’hui il est triste : il a plu tout le jour.
Je viens de le cueillir avec délicatesse.
Demain le posterais avec tout mon amour,
Tu m’enverras peut-être un bouquet de tendresses…
Le repas de noces de Gustave Flaubert sur le thème
des desserts
……et il apporta lui-même, au dessert, une pièce montée qui fit pousser des cris. A la
base, d’abord, c’était un carré de carton bleu figurant un temple avec portiques,
colonnades et statuettes en stuc tout autour, dans des niches constellées d’étoiles en
papier doré ; puis se tenait, au second étage, un donjon en gâteau de Savoie, entouré de
menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d’orange ; et enfin,
sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte où il avait mis des rochers avec
des lacs de confitures et des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se
balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par
deux boutons de rose naturelle, en guise de boules, au sommet.
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Les fruits d’Emile Zola sur le même thème
La Sarriette était adorable au milieu de ses fruits…
…et , dans l’étroite boutique autour d’elle, les fruits s’entassaient. Derrière, le
long des étagères, il y avait des files de melons, des cantaloups couturés de verrues, des
maraîchers aux guipures grises, des cul-de-singe avec leurs bosses nues. A l’étalage, les
beaux fruits délicatement parés dans des paniers, avaient des rondeurs de joues qui se
cachent, des faces de belles enfants entrevues à demi sous un rideau de feuilles ; les
pêches surtout, les Montreuil rougissantes, de peau fine et claire comme des filles du
Nord et les pêches du Midi, jaunes et brûlées, ayant le hâle des filles de Provence. Les
abricots prenaient sur la mousse des tons d’ambre, ces chaleurs de couchers de soleil qui
chauffent la nuque des brunes, à l’endroit où frisent de petits cheveux. Les cerises,
rangées une à une, ressemblaient à des lèvres trop étroites de Chinoises qui souriaient :
les Montmorency, lèvres trapues de femmes grasses ; les Anglaises, plus allongées et plus
graves ; les guignes, chair commune, noire, meurtrie de baisers ; les bigarreaux, tachés
de blanc et de rose, au rire à la fois joyeux et fâché…
Dans cet extrait, Zola brosse, par métonymie, un portrait positif de la
« Sarriette », jeune fille pulpeuse, appétissante, qui tient une boutique aux Halles, dans le
pavillon aux fruits.
La grosse dame chez le pâtissier d’Henri Duvernois
Quand elle s’aperçoit de l’endroit où ses pas l’ont menée, il est trop tard
pour reculer. Tant pis. Elle passera devant la boutique du pâtissier…
Elle commence par un petit gâteau sec. Mais on les fait vraiment trop secs et trop
petits. Voici un turban de marrons glacés couronné de crème fraîche. On n’en meurt
pas. Ensuite, par exemple, un baba classique. C’est très léger et il y a peu de rhum.
O poésie ! Les premières fraises !
…Maintenant la grosse dame est déchaînée. Elle jure que ce goûter sera son
dernier goûter. Autant en profiter. ... Elle dévore un éclair au café, souvenir de jeunesse.
Elle déguste un ice-cream soda à la framboise. Elle éteint ses remords cuisants avec un
verre d’eau glacée qui lui semble pour la minute une pénitence suffisante, puis elle sort,
assez fière d’elle, car on peut être vaincu sans déshonneur quand on a la sensation très
nette d’avoir lutté de son mieux.
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Nationale 7, par ici la bonne bouffe, par Jean-Robert Pitte
(suite)
La Bourgogne, Dumaine, l’inventeur de Saulieu
Dali et pâté en croûte
Ce ne sont pas seulement les touristes parisiens qui ont porté l’excellence
bourguignonne au sommet mais aussi, dans les années d’après-guerre, les officiers
américains en garnison à Fontainebleau. Ce sont eux qui ont permis au Chablis
d’acquérir une notoriété internationale. Saulieu, situé en Morvan, à quelques heures de
Paris, constituait une étape commode. Le bourg comptait plusieurs auberges.
Dans l’une d’elles, en 1932, s’installa Alexandre Dumaine qui possédait
toutes les bases de la grande cuisine et les utilisa pour magnifier les produits
bourguignons : bœuf charolais, gibiers, escargots, poissons de Saône, volailles de Bresse,
vins de la Côte d'Or.
Il connut son heure de gloire dans les années 1950 – 1960. Le Tout-Paris
faisait étape chez lui. Salvador Dali était fou de cette maison et se délectait
particulièrement du pâté en croûte. Alexandre Dumas a été un des premiers provinciaux
à bénéficier de la même aura que des chefs de la capitale comme Carême ou officiant
dans les palaces européens comme Escoffier.
La vallée du Rhône, Point, le colosse de Vienne
Gratin dauphinois et truffe
Une fois passé Lyon, la première étape est Vienne. C’est ici que
s’installent, en 1925, Fernand et Mado Point. Ce colosse mythique qui considérait que
l’on n’utilisait jamais assez de beurre en cuisine, se rend célèbre par son gratin de
queues d’écrevisses, sa sole aux nouilles, ses poissons en croûte, son exceptionnel gratin
dauphinois. Il est un des premiers à avoir fait entrer une humble recette à base de
pomme de terre au panthéon culinaire. Puis vient Pont-d’Isère, où officie Michel
Chabran, Valence, fief depuis trois générations de la famille Pic. On y sert encore les
gloires de la cuisine lyonnaise, mais déjà l’Agneau des Alpilles et les fromages du
Dauphiné ( saint-marcelin, picodon ) se font une place.
Depuis le 18e siècle, il n’est pas de haute cuisine sans truffes. Escoffier
recommandait d’en utiliser 800g pour farcir son dindonneau ! Les grands restaurants de
la Nationale 7 en font aussi un large usage, surtout lorsqu’on s’approche de l’un de ses
terroirs de prédilection : les terroirs calcaires du Tricastin et de la Haute-Provence.
Suite dans le bulletin de liaison n° 8
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AU SECOURS LE GOUT
A vous de juger…
Il y a une vingtaine d’années, Jean-Pierre Coffe a écrit un livre
intitulé «Au secours le goût ». La quatrième de couverture comporte le texte suivant :
Le boulanger ne fabrique plus son pain, il presse le bouton d’un terminal de
cuisson ; le charcutier revend des « cochonneries » industrielles et laisse croire qu’il
fabrique maison ; le fromager s’est laissé envahir par les fromages ( doit-on encore
appeler « ça » ainsi ? ) pasteurisés des groupes agroalimentaires ; le marchand de fruits
et légumes ne sait plus à qui acheter des fruits à maturité et des légumes de pleine terre
et de saison ; le boucher vend des viandes sans maturité, sous vide et congelées,
d’origines lointaines ; le poissonnier « fait son beurre » avec du surimi et des poissons
exotiques décongelés depuis plusieurs jours. Envahis par le sous-vide, les produits
allégés sous film plastique, … il ne nous reste plus qu’à crier « Au secours », avant qu’il
ne soit trop tard.
QU’EN PENSEZ-VOUS ?
RAPPEL : Vous pouvez envoyer vos poésies à :
Gérard Pronchery Les Etournalières 71110 Marcigny
ou à : [email protected]
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