pièce d`howard barker traduite par mike sens
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pièce d`howard barker traduite par mike sens
LES SUPPLIANTES / TRILOGIE TRAGIQUE DEUXIÈME ÉPISODE PIÈCE D’HOWARD BARKER TRADUITE PAR MIKE SENS URSULE URSULE, LA PEUR DE L’ESTUAIRE est une pièce d’Howard Barker, auteur contemporain anglais. Cette pièce constitue le second volet de la trilogie LES SUPPLIANTES. Le texte français, encore inédit, vient d’être traduit de l’anglais par Mike Sens pour ce projet. Ursule a été créée en résidence de création à L’ÉCHANGEUR - scène conventionnée de Fère-en-Tardenois et au THÉÂTRE MASSALIA – La Friche La Belle de Mai à Marseille, en août et septembre 2008. La pièce est présentée du 3 au 5 octobre 2008 dans le cadre du festival C’EST COMME ÇA ! à Château-Thierry, du 20 au 31 janvier 2009 à Marseille, au THÉÂTRE MASSALIA – La Friche La Belle de Mai, les 22 (sous la forme d’une conférence-spectacle) et 24 mars 2009, dans le cadre du festival [TRAFIK] à Bergerac, les 15 et 16 mai 2009, dans le cadre du festival IMPATIENCE à l’ODÉON – THÉÂTRE DE L’EUROPE, à Paris. TEXTE : Howard Barker TEXTE FRANÇAIS : Mike Sens MISE EN SCÈNE : Nathalie Garraud et Olivier Saccomano ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE : Omar Abi Azar SCÉNOGRAPHIE : Jean-François Garraud CRÉATION COSTUMES : Sarah Leterrier, assistée de Sabrina Noiraux CRÉATION LUMIÈRE : Erika Sauerbronn CRÉATION SON : Philippe Gorge ASSISTANTS : Elie Chapus et Pierrick Bonjean ACTEURS : Heidi Becker Babel, Julien Bonnet, Laurence Claoué, Virginie Colemyn, Hugo Dillon, Valérie Diome, Mitsou Doudeau, Rama Grinberg, Conchita Paz, Aurélie Pitrat ou Clara Guipont (en alternance) AUTRES MEMBRES DU GROUPE DE RECHERCHE : Félix Jousserand, Valérie Mitteaux et Anna Pitoun PRODUCTION : DU ZIEU DANS LES BLEUS COPRODUCTION : L’ÉCHANGEUR - scène conventionnée de Fère-en-Tardenois, à Bergerac, le THÉÂTRE MASSALIA - Friche La Belle de Mai, à Marseille. la GARE MONDIALE DU ZIEU DANS LES BLEUS reçoit le soutien du MINISTÈRE DE LA CULTURE - DRAC PICARDIE, CONSEIL RÉGIONAL DE PICARDIE, du CONSEIL GÉNÉRAL DE L’AISNE et de l’ADAMI. du Pour le troisième volet du projet Les Suppliantes, DU ZIEU DANS LES BLEUS reçoit le soutien du MINISTÈRE DE LA CULTURE - DMDTS au titre du compagnonnage d’auteur. DU ZIEU DANS LES BLEUS LES SUPPLIANTES est parrainé par le groupe ALIS. 01 LES SUPPLIANTES (TRILOGIE TRAGIQUE) La trilogie LES SUPPLIANTES est conçue comme un cycle de recherche sur l’expérimentation des formes tragiques. Ce cycle comprend la mise en place d’un laboratoire permanent (réunissant un auteur, des traducteurs, des metteurs en scène, des acteurs et des plasticiens), l’organisation d’ateliers de recherche et de pratique à destination d’amateurs et/ou de professionnels, et la création de trois pièces qui formeront la trilogie : — LA PREMIÈRE PIÈCE, ISMÈNE, est composé à partir de deux tragédies grecques : Les sept contre Thèbes d’Eschyle (nouvelle traduction : Pierre Judet de La Combe) et Antigone de Sophocle (traduction : Jean et Mayotte Bollack). (Création 2007-2008) — LA DEUXIÈME PIÈCE, URSULE, est une pièce d’Howard Barker, inspirée de la légende de Sainte Ursule et des Onze Mille Vierges (traduction : Mike Sens). (Création 2008-2009) — LA TROISIÈME PIÈCE, VICTORIA est la pièce manquante vers laquelle nous cheminons, pièce pour laquelle nous inventons figure, forme et langage… C’est un jeune auteur, Félix Jousserand, qui écrira cette “tragédie manquante” (Création 2009-2010) Les trois textes que nous avons choisi de travailler sont bâtis à partir d’exigences contemporaines : ISMÈNE n’est pas une tragédie grecque, c’est une composition à partir d’un texte d’Eschyle (datant de -467) et d’un texte de Sophocle (datant de -442), dans des traductions datant de 1999 et 2006. Howard Barker a écrit URSULE en 2001 à partir d’une légende moyenâgeuse relatant un épisode datant vraisemblablement du Vème siècle. VICTORIA s’écrit le long de ce chemin, nous ne savons pas quels en seront les détours… Notre démarche ne relève donc pas d’une entreprise archéologique (de la tragédie antique à la tragédie contemporaine) dont la rigueur supposée nous permettrait d’aboutir à une nouvelle forme théâtrale, qui serait en quelque sorte un équivalent contemporain à des modèles textuels historiques. Au contraire, chaque texte nous offre un terrain d’expérimentation propre, à partir duquel mettre en acte des nécessités contemporaines. Pour construire ce cycle de recherche, notre choix a été de nous confronter à des textes issus d’une certaine tradition théâtrale et de confronter un auteur d’aujourd’hui à ces formes, non pour lui fixer des impératifs ou des modèles à suivre, mais pour le questionner lui aussi sur la forme de l’écriture théâtrale aujourd’hui, à la lumière d’une possible mise en acte de ces textes. À une époque, la nôtre, souvent engoncée dans la triste alternative post-moderne / réactionnaire, il nous semblait important de travailler, au théâtre et par le théâtre, à établir un rapport à l’Histoire et à l’art dégagé de cette ornière. LES SUPPLIANTES 02 ARGUMENTS POUR LA TRAGÉDIE En préambule, pour définir le projet, voici les arguments qui en sont à la fois les fondations et les questions centrales : 1. UNE TRAGÉDIE EST UN TEXTE DE THÉÂTRE Ce qui nous tient, dans la tragédie, c’est d’abord la consistance d’une forme textuelle. Depuis quelques années, sous la bannière du «texte-matériau», le combat avec la consistance du texte n’a plus souvent lieu : on s’intéresse plus à une «matière tragique» malléable, recyclable à volonté (réduite à deux éléments : la grandeur et la violence, la «grande violence» qui ouvre en général la voie à un théâtre compassionnel, néo-romantique), qu’à la forme de la tragédie. Or, aucun sujet, aucun fait, aucune image, aucun accident, aucune atmosphère, aucun récit ne sont par eux-mêmes tragiques. La tragédie opère par sa forme, qui livre une situation à un affrontement de paroles contradictoires. Elle recueille dans le dialogue l’impossibilité d’un consensus. La tragédie est discordante. 2. UNE TRAGÉDIE TRAVAILLE AUX CHARNIÈRES DE L’HISTOIRE La tragédie n’agite pas des éléments éternels (le destin, la mort, l’amour, la condition humaine, qu’il faudrait écrire avec les majuscules qui conviennent à l’absolu), mais articule éternellement le passé au présent. Elle a toujours procédé par un détour historique : les tragédies grecques mettaient en question les catégories de la démocratie naissante à partir des héros mythiques, les tragédies françaises celles de la monarchie à partir des héros antiques, etc. Ce détour est la condition nécessaire pour que l’Histoire soit posée comme un problème, comme une construction. Si ce détour nous semble essentiel aujourd’hui, c’est que nous sommes en train de sortir d’une longue période d’après-guerre, et que de nouvelles catégories se sont formées (terrorisme, liberté individuelle, droit de la personne…) sur lesquelles le présent médiatique se règle et cherche son confort de lecture, par-delà la complexité historique des situations. Le temps de la tragédie n’est pas le passé simple, ni le présent simple, mais le présent compliqué par un passé. La tragédie est embarrassante. 3. UNE TRAGÉDIE EST UNE FORME CRITIQUE Les tragédies ressemblent à des bombes à retardement. Les personnages s’y attardent à dire, à déplier, à argumenter, à programmer leurs actes. La tragédie n’est donc pas l’explosion spontanée et immédiate des émotions et des actions. Dans la tragédie, il n’y a pas de grande passion sans grande raison, elle fait éclater cette opposition simpliste. Les émotions et les actions y sont tressées dans une grille de parole, dans une logique rigoureuse. Ici, le lyrisme est en même temps analyse, la beauté est en même temps démonstration. Cet attardement est le temps de la critique : les actes et les émotions mûrissent dans les paroles, et s’exposent aux contradictions que les catégories de chaque personnage mettent en jeu. La tragédie ne reflète pas une contradiction, mais elle la force à faire retour sur elle-même. C’est une forme réflexive. La tragédie est pensante. LES SUPPLIANTES 03 LA TRAGÉDIE D’URSULE Dans les pièces du Théâtre de la Catastrophe, Howard Barker prend appui sur des faits historiques, des mythes ou légendes, opérant quasi systématiquement un détour historique ou mythique pour servir sa recherche d’une forme tragique contemporaine. Il place ses personnages dans des situations - qu’il nomme lui-même «post-catastrophiques» - où la vérité ne peut plus être une évidence collective, mais devient par force l’objet d’une quête individuelle. L’individu et son rapport à une règle commune, déterminée par telle ou telle collectivité humaine, s’y trouvent mis en question. Barker reconstruit ici une situation de ce type, s’inspirant d’un tableau de Cranach, «Le massacre des vierges martyres» représentant le dernier épisode de la légende de «Sainte Ursule et des Onze Mille Vierges». Un fleuve coule entre deux rives : sur l’une d’elles, un couvent où dix jeunes novices, promises au seigneur Jésus-Christ, suivent l’enseignement d’une Mère supérieure à la voix irrésistible. Parmi, elles, Ursule, à l’irrésistible chevelure. Sur l’autre rive, un château où Lucas, seigneur de l’estuaire, jeune prince païen fatigué de lui-même, règne en maître. Au commencement de la pièce, on apprend que Lucas a demandé Ursule en mariage. Dès lors, tout devient question : qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce qu’un amour sans acte physique ? Qu’est-ce que le mariage ? Qu’est-ce que la tentation ? Qu’est-ce qu’un seigneur ? Qu’est-ce qu’une vierge ? Qu’est-ce qu’un homme ? Qu’est-ce qu’une femme ? Le prince et les vierges vont se trouver dans l’obligation de remettre en cause l’idée qu’ils avaient d’eux-mêmes et sur laquelle ils avaient construit leur existence. Emportés par ce jeu de miroir qui trouble leurs identités, les protagonistes basculent dans l’inconnu. À l’arrivée, les vierges seront mises à mort par la Mère supérieure, devenue l’amante du jeune prince. Des deux côtés du fleuve, les silhouettes furtives et silencieuses des paysannes et d’un ouvrier accompagnent ce cortège sanglant. «(…) si je parle de sacrifice ou de choses semblables, ce n’est pas parce que le problème de la religion m’intéresse. C’est le problème de la mort qui m’intéresse. Mon sentiment religieux ne porte pas sur Dieu, mais sur la génération d’hommes qui a vécu avant nous. La religion c’est l’histoire de la souffrance humaine. Je ne situe pas la souffrance en Jésus-Christ, mais dans le corps de l’individu historique. Cette histoire détermine notre avenir.» HOWARD BARKER LES SUPPLIANTES 04 LE POÈME TRAGIQUE Howard Barker met en œuvre des catégories de pensée qui travaillent de grandes oppositions (christianisme/paganisme, homme/femme, virginité/sexualité, seigneurs/paysans) mais le mode sur lequel elles se présentent ne permet justement pas de les résoudre dans une opposition objective. Il ne nous offre pas un mode de résolution, il nous place littéralement - comme il place ses personnages d’ailleurs - face à un problème, ce qui est le propre de la forme tragique. Car la tragédie n’articule pas des concepts, mais confronte des hommes à des situations qui mettent en jeu ces concepts. En termes de mise en scène, il ne s’agit donc pas de résoudre la tragédie, d’en donner une lecture personnelle à partir d’options prises sur ces oppositions, mais bien de travailler à la mise en actes d’un texte articulant des éléments hétérogènes, des nécessités divergentes. Le texte, à la lettre, ce sont les mots, ce à quoi ils renvoient (y compris historiquement), la manière dont ils sont reliés ou opposés, le mouvement selon lequel ils s’inscrivent pour former une parole. Articulant des mots et des actes, la scène tragique est avant tout un lieu d’échanges parlés : les personnages y sont définis par leur discours, et par le programme d’action qui en résulte. Chez Barker, la versification, les variations typographiques, la radicalité de la ponctuation alternant les suspensions et les flots de parole, offrent à l’acteur une expérience de diction dont il a, peu à peu, à construire la nécessité et la crédibilité. En disant, l’acteur se confronte à un mode d’énonciation qui n’est pas le sien, et, avec son intelligence, sa sensibilité, son histoire, il réagit. Ses confrontations successives et ses réactions à la contrainte produisent dans l’espace scénique des mouvements, des rapports, des affects possibles. Nous pensons que c’est à partir du dire, c’est-à-dire de l’énoncé conditionné par un mode d’énonciation, que se déploient des actions, des rapports, des images. En termes de mise en scène et de direction d’acteurs, cela implique une recherche dont la visée est le « dire en tant qu’acte ». Seule cette expérience totale du DIRE EN TANT QU’ACTE, tant sur le plan du jeu, que du dispositif scénique, peut nous permettre de déployer et de maintenir une polysémie, une complexité. Ce que nous affirmons ici, c’est la croyance en une possibilité d’EXPÉRIENCE POÉTIQUE DU MONDE, DE L’HISTOIRE. LES SUPPLIANTES 05 UNE TRAGÉDIE DE L’IMAGE Il y a dans cette pièce un personnage dont tout le monde parle et que l’on ne voit jamais. C’est un peintre. Il a peint le portrait de Lucas qu’a vu Ursule, et le portrait d’Ursule qu’a vu Lucas. En les peignant, le peintre a inventé Lucas et Ursule. Les images ont traversé le fleuve avant les corps. Et la séduction est née des images du peintre, inventées. Mais il y a d’autres images que celles du peintre. Il y a les images à la surface du miroir. L’image de soi de chaque personnage. Inventée elle aussi. Dans cette pièce, chaque personnage est un peintre. Il porte son propre portrait en guise de masque. Et essaie de changer de masque, à l’occasion, ce qui ne se fait pas sans douleur. La peau et le masque à la longue ne font qu’un. Des images sur les os. L’anéantissement de soi est toujours promis. Dans l’amour d’un autre. Un seigneur ou le Seigneur. Mais toujours au loin. Comme un mirage. Vrai et faux. On peut toujours traverser le miroir. Ou l’estuaire. Passer de l’autre côté. Franchir le seuil. Mais l’image de soi ne disparaît pas. Elle s’inverse. Et la fausse aveugle devient une vraie aveugle. La jeune mariée du Prince devient la jeune mariée du Christ. La Mère Supérieure perd sa virginité pour devenir mère. Ce que nous voulons : Des acteurs qui jouent comme au poker. Parce que les mots sont distribués comme des cartes. Ils peuvent passer d’une bouche à l’autre à chaque tour. Et personne ne sait ce que l’autre a dans son jeu. Alors les joueurs se regardent tout le temps. S’observent. Contrôlent l’image qu’ils donnent d’eux. Mentent et disent vrai. Des espaces qui se décomposent et se recomposent. Dans lesquels les éléments se déplacent et se rappellent les uns les autres. Dans un infini jeu de motifs. En écho. Et des ombres qui sont les échos des éléments présents. Ou absents. Car au bout du compte, l’ombre est aussi réelle que ce dont elle est la projection. LES SUPPLIANTES 06 (Photos : Agnès Mellon) LES SUPPLIANTES 07 L’AUTEUR ET LE TRADUCTEUR HOWARD BARKER est né à Londres en 1946. Il étudie l’Histoire et crée sa première pièce «Cheek» en 1970. Peintre, poète, metteur en scène, Howard Barker, est l’auteur d’une cinquantaine de pièces. Un temps associé à l’activité de création du Royal Court de Londres, il fonde en 1987, sa propre compagnie nommée «The Wrestling School». Metteur en scène de ses propres pièces au sein de cette compagnie, il est un des auteurs les plus importants et les plus contestés d’Angleterre. La dramaturgie de Barker s’attache à fonder une conception moderne de la tragédie où s’exprime la façon dont les hommes se débattent avec l’Histoire et avec les valeurs dominantes. Les situations, dans les pièces de Barker, se situent toujours au lendemain des catastrophes, dans les périodes post-révolutionnaires, les immédiates après-guerres. Il a également écrit une série d’essais sur le théâtre (réunis dans le recueil «Arguments pour un théâtre») dans lesquels il développe sa théorie du «Théâtre de la Catastrophe», et plusieurs recueils de poèmes. MIKE SENS, nom de plume de Michael Warren Tijssens, né le 27 mars 1961 à Amersfoort aux Pays-Bas dans une famille de comédiens d'origine anglaise, il vit en France depuis vingt ans. Après des études théâtrales à Londres (Royal Academy of Dramatic Art) et à Paris (Institut d'Etudes Théâtrales et Cinématographiques - Sorbonne Nouvelle), il se consacre avant tout à l'écriture dramatique, la dramaturgie et la traduction littéraire, théâtrale et cinématographique. Il est le fondateur et gérant de l'agence artistique d'auteurs et de traducteurs Media Writers & Translators. Il traduit notamment et assidûment Werner Schwab (Editions l’Arche) et Howard Barker (Editions Lansmann / Editions Théâtrales). Il est chargé des systèmes de traduction pour les tournées des spectacles français dans le monde par l'A.F.A.A. - Ministère des Affaires Étrangères entre 1998 et 2006. Il mène des ateliers d'écriture et de traduction (C.N.E.S., les Ecoles d'Art Dramatique du TNS et du TNB), écrit des articles pour la presse spécialisée (Théâtre Public, Traduire, Cahiers de Prospero, Ubu, Alternatives Théâtrales, Cahiers de la Maison Antoine Vitez, Arts de la Piste, TheaterMaker...). Il collabore avec la compagnie DU ZIEU DANS LES BLEUS depuis 2005. LES SUPPLIANTES 08 LA COMPAGNIE DU ZIEU DANS LES BLEUS La compagnie DU ZIEU DANS LES BLEUS a été créée à Paris en 1998. Il s’agit dans un premier temps d’un groupe de recherche sur les écritures contemporaines, réunissant de jeunes auteurs, acteurs, architectes et plasticiens. La compagnie devient professionnelle en 2003 avec la création d’une pièce d’Howard Barker mise en scène par Nathalie Garraud, Les Européens, reprise en 2005. Entre 2003 et 2005, la compagnie développe également un travail de recherche et de création entre la France et le Liban, en collaboration avec de jeunes artistes palestiniens et libanais (Les Enfants d’Edward Bond, Traces de Nathalie Garraud, Dans le dos des villes surprises d’après des poèmes d’Aimé Césaire). En 2005, Nathalie Garraud et Olivier Saccomano mettent en place un cycle de recherche sur les formes tragiques, intitulé Les Suppliantes (trilogie tragique). La première pièce de la trilogie, Ismène d’après Eschyle et Sophocle, est créée en octobre 2007 ; la deuxième pièce, Ursule d’Howard Barker, en octobre 2008. La troisième pièce de la trilogie, Victoria de Félix Jousserand, sera créée en 2009-2010. Depuis 2006, DU ZIEU DANS LES BLEUS est installée à Fère-en-Tardenois (Picardie) sous le parrainage du groupe ALIS, avec lequel elle développe des projets comme LE LABO, (laboratoire de recherche sur la machine théâtrale et l’écriture scénique), ou Les Rencontres du Caire (rencontres entre artistes de France et du Monde Arabe, 2008). NATHALIE GARRAUD, metteur en scène Nathalie Garraud est née en 1977. Après une formation de comédienne, elle crée la compagnie DU ZIEU DANS LES BLEUS. Entre 2001 et 2003, elle travaille régulièrement au Liban dans des camps de réfugiés palestiniens avec l’association ASILES (Actions et Solidarités Interculturelles), où elle crée notamment Les Enfants d’Edward Bond. Cette expérience la conduit à mettre en scène, en France en 2003, Les Européens d’Howard Barker, spectacle repris en 2005. Entre 2003 et 2005, elle poursuit également un travail au Liban sur des projets plus personnels, issus de rencontres avec des artistes libanais et palestiniens : Traces, dont elle écrit le texte, Dans le dos des villes surprises d’après des poèmes d’Aimé Césaire. En 2004, elle rencontre en Jordanie Pierre Fourny du groupe ALIS, avec lequel elle met en place un laboratoire de recherche sur la machine théâtrale et l’écriture scénique, LE LABO. Depuis 2005, elle travaille avec Olivier Saccomano à la conception d’un cycle de recherche sur les formes tragiques, intitulé Les Suppliantes (trilogie tragique), dont les deux premiers volets ont été créés : Ismène d’après Eschyle et Sophocle (2007), puis Ursule d’Howard Barker (2008). OLIVIER SACCOMANO, metteur en scène Olivier Saccomano est né en 1972. Après des études de philosophie, il crée à Marseille la compagnie Théâtre de la Peste. Entre 1998 et 2003, il met en scène C’est bien, c’est mal (d’après des textes de Bernanos, Brecht, Duras), Monk alone / Étude n°1, Le bruit de la mer / Étude n°2 (d’après Aurélia Steiner de Duras), Le poème de Beyrouth / Étude n°3 (Mahmoud Darwich), Évocation / Étude n°4 (à partir de l’œuvre de John Cage), Le monde était-il renversé ? (d’après trois monologues d’animaux de Franz Kafka), Thèbes et ailleurs (d’après Œdipe roi, Les sept contre Thèbes, Antigone, de Sophocle et Eschyle), Confession de Stavroguine (d’après Les démons de Dostoïevski). Enseignant au Département Théâtre de l’Université de Provence, il coordonne en 2003 et 2004 les Ateliers de Recherche Théâtrale, et y rencontre Nathalie Garraud avec laquelle il collabore désormais au sein de la compagnie DU ZIEU DANS LES BLEUS, d’abord comme dramaturge (Ismène d’après Eschyle et Sophocle en 2007), puis comme co-metteur en scène (Ursule d’Howard Barker en 2008). LES SUPPLIANTES 10 PRESSE NATHALIE GARRAUD, LARGES HORIZONS Sous le titre général Les Suppliantes, un premier épisode, Ismène, lie Les Sept contre Thèbes et Antigone de Sophocle. Le deuxième épisode est une pièce d’Howard Barker : Ursule la peur de l’estuaire, inspirée de l’histoire de Sainte Ursule et des onze mille vierges. Manque… le troisième volet, la pièce manquante. L’équipe se met au travail. “Une écriture pour notre temps”. Nathalie Garraud voit loin, croit à la recherche. Elle entreprend. Elle a raison. Mais voilà des artistes à défendre. Le Figaro – juin 2006 ISMÈNE, PLUS ANTIGONE QU’ANTIGONE Au Théâtre Massalia, à la Friche Belle de Mai à Marseille, la compagnie du zieu dans les bleus a présenté fin octobre un spectacle intransigeant, qui s’empare de la langue tragique comme d’une lame, reflet d’un monde qui ne transige pas. Un univers fort et entier, pas du tout contemporain, en ce qu’il semble loin de nous. Si loin de nos “tragédies”. Au tout début, le plateau est lourd d’un temps sacré. Lent et circulaire. Un temps que rien ne devrait venir déchirer. Et puis les mots commencent à venir s’y déverser, comme du sable, à faire gripper la machine. Les mots annoncent la guerre, le fratricide, les mots préfacent le cliquetis des armes, les mots préfigurent le grondement des hordes guerrières. Description clinique d’un siège. Une description méticuleuse, et qui dure. D’une guerre gagnée et perdue, tout à la fois. (…) Un monde au crépuscule. Soudain illuminé d’un trait vif : le fiancé d’Ismène, incandescente parole de celui qui suit celle qui suit Ismène. Un enchaînement, sans fin. Mais un cri d’amour. Mouvement – octobre 2007 FOI, SANG ET VOLUPTÉ Le Théâtre Massalia nous a proposé un spectacle époustouflant de rigoureuse beauté avec Ursule, pièce de l'auteur anglais Howard Barker écrite en 2001 et monté par Nathalie Garraud et Olivier Saccomano. (…) Dernière image inoubliable de la robe de Placide baignant dans le sang et dessinant au sol le trait final de la tragédie ! La scénographie remarquablement sobre et efficace joue sur les clairs-obscurs et les reflets, faisant appel à des réminiscences picturales, notamment aux portraits de Cranach. La traduction de Mike Sens et le langage décalé des personnages sont généreusement servis par des acteurs magnifiques : luminosité d'Ursule (Rama Grinberg), raucité de Placide (Virginie Colemyn), nudité assumée de Lucas (Hugo Dillon), ambiguïté de Léonore, voyante aveugle (ou l'inverse !) dont le rôle est tenu par Julien Bonnet. Zibeline – janvier 2009 LE THÉÂTRE DONT ON NE REVIENT PAS La compagnie du zieu dans les bleus continue à déployer une intrigante trilogie tragique. Après l’assise grecque (Ismène), c’est au tour du dramaturge contemporain Howard Barker de nous renvoyer à notre condition d’irréconciliables. Ursule est une pièce saturée de spasmes et de cris d’amour, qui n’épargnent pas le Christ, grande obsession restant sans réponse de l’écrivain. Comme toujours dans son théâtre de la catastrophe, on ressort en se disant qu’on est aussi fait de ce bois-là et qu’on n’en revient toujours pas. Mouvement – janvier 2009 LA TRAGÉDIE DU MIROIR BRISÉ Avec Ursule, pièce inédite d’Howard Barker, Nathalie Garraud et Olivier Saccomano poursuivent leur exploration des formes théâtrales tragiques. La posture est, de fait, éminemment subversive. La mise en scène de Nathalie Garraud et d’Olivier Saccomano ouvre une parenthèse à l’intérieur de laquelle les actes des protagonistes peuvent se déployer de façon autonome, dans le rythme de la fiction. Cette dernière ne prétend pas empiéter sur l’espace politique et social réel du spectateur. Les correspondances existent, mais elles ne sont pas formulables. Pour Barker, la réconciliation s’annonce même impossible. L’enjeu du spectacle se noue à l’endroit même d’une aporie : la virginité est inconciliable avec l’expérience de la vie ; s’engager dans le monde implique forcément la perte de sa “pureté”. Pourtant, sans absolu, l’idée de dépassement devient impossible. Sur scène, l’ombre et la lumière, l’objet et sa projection, l’acteur et son personnage, travaillent à donner forme à cette ambiguïté. Un entre-deux, un clair-obscur, source d’images puissantes, elles-mêmes garantes de la cohérence et de l’unité du spectacle. (…) Avec cette première adaptation en France, Nathalie Garraud et son équipe posent un éclairage sur de multiples zones d’ombre qui autrement, nous resteraient inaccessibles. Mouvement – mars 2009 LES SUPPLIANTES 11 c/o ALIS Route de Dormans 02130 Fère-en-Tardenois WWW.DUZIEU.NET Nathalie Garraud [email protected] 06 03 12 22 50 Olivier Saccomano [email protected] 06 14 29 96 04 la PRODUCTION : DU ZIEU DANS LES BLEUS COPRODUCTION : L’ÉCHANGEUR - scène conventionnée de Fère-en-Tardenois, GARE MONDIALE à Bergerac, le THÉÂTRE MASSALIA - LA FRICHE LA BELLE DE MAI à Marseille. DU ZIEU DANS LES BLEUS reçoit le soutien du MINISTÈRE DE LA CULTURE - DRAC PICARDIE, du CONSEIL RÉGIONAL DE PICARDIE, du CONSEIL GÉNÉRAL DE L’AISNE et de l’ADAMI. Pour le troisième volet du projet LES SUPPLIANTES, DU ZIEU DANS LES BLEUS reçoit le soutien du MINISTÈRE DE LA CULTURE - DMDTS au titre du compagnonnage d’auteur. DU ZIEU DANS LES BLEUS est parrainé par le groupe ALIS.