Quelques réflexions sur l`approche de la maltraitance de l`enfant Le

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Quelques réflexions sur l`approche de la maltraitance de l`enfant Le
Quelques réflexions sur l’approche de la maltraitance de l’enfant
Le fruit d’une expérience
Léon FIASSE, Hadelin HAINAUT, Jacques DECLEIRE
Ce document s’inscrit dans le suivi qu’il fut convenu de réserver à la réunion du 8 mai 2009
«Quelle place pour la Formation en matière de Maltraitance, de Négligences Graves
et d’Abus Sexuels (F.M.N.G.A.S)»
A. INTRODUCTION
Toutes les personnes appelées par leurs activités professionnelles à s'occuper d'enfants ont une
responsabilité personnelle particulière dans la prévention des maltraitances et dans leur détection.
Le type de profession exercée exige dans ce domaine une connaissance suffisante pour pouvoir
jouer un rôle efficace.
Mais en dehors de connaissances générales et de l'apprentissage des attitudes correctes à avoir, il
est bien évident que certaines professions ont une responsabilité plus particulière que d'autres : les
médecins et paramédicaux, les psychologues se doivent de posséder des connaissances plus
précises
Ce document tente donc de fournir à tous ceux qui ont ou auront des contacts professionnels avec
des enfants, les éléments de base qui permettront de leur être réellement utiles.
Pourquoi, alors que la presse et les médias en ont abondamment parlé, il y a quelques années,
revenir sur ce thème de l'enfance maltraitée ?
1) Malgré tous les efforts d'information et les dispositions prises par les autorités fédérales,
régionales et communautaires, des situations de maltraitances continuent à survenir dans nos
régions. Ce phénomène est reconnu dans d’autres pays ou continents, là où l’on possède des
statistiques dignes d’une certaine confiance.
2) Constat, soutenu par une enquête initiée en 2008 par l'AMADE Belgique avec l'aide de la
ministre de l'enseignement supérieur Madame Simonet ,que dans beaucoup de lieux d'enseignement
- tous réseaux d'enseignements confondus – universités et écoles supérieures, la formation dans ce
domaine est peu ou pas développée.
3) Les informations fournies par les médias l'ont souvent été dans le cadre d'affaires tragiques et
horribles. Cette médiatisation a focalisé les auditeurs et lecteurs sur certains aspects les plus
spectaculaires aux dépends d'autres situations de maltraitance, moins sensationnelles, mais
beaucoup plus fréquentes. L’information du public concernant la violence aux enfants a dès lors été
biaisée.
Ce document n'a nullement l'intention de fournir sur ce thème, une information exhaustive.
Il veut simplement favoriser une bonne prise de conscience de la problématique de la maltraitance
envers les enfants et adolescents et aider les professionnels de première ligne à avoir, vis-à-vis
d’eux, une attitude adéquate et toujours bienveillante.
Ce document donnera aussi des informations aux lecteurs concernant les organismes pouvant servir
de recours tant pour les professionnels inquiets, que pour les enfants maltraités ou risquant de le
devenir.
B. BREF RAPPEL HISTORIQUE
La maltraitance d’enfants a toujours existé.
C’est seulement vers la fin du 2e millénaire qu’elle a été étudiée de façon précise par des pédiatres
américains. Ceux-ci avaient été sensibilisés par un radiologue américain, nommé CAFFEY. Il avait
en effet publié des cas où les fractures multiples de certains enfants étaient associées à des
hématomes intracrâniens.
C’est à SILVERMAN, pédiatre aux USA, que l’on doit la notion de fractures chez des enfants, dues
à des traumatismes méconnus.
H.KEMPE publie un livre bien documenté décrivant divers types de maltraitances et les principes
permettant une prise en charge efficace.
C. DEFINITION DE LA MALTRAITANCE
La définition de la maltraitance a évolué depuis les années 70 jusqu'à ce jour.
Les définitions reprises montrent que non seulement le champ de maltraitance s’est modifié, mais a
changé d’orientation.
Au départ seul la notion d'actes volontairement traumatisants était prise en compte.
Ensuite quelle qu'en soit l'origine, volontaire ou involontaire, la notion de la maltraitance s'est
ouverte à tout ce qui empêche une bonne évolution de l'enfant. Ces trente dernières années, les
professionnels de la lutte contre la maltraitance ont particulièrement pris conscience de l’importance
et de la prévalence de la maltraitance sexuelle dans notre société.
Quelques définitions de la maltraitance montrant l'évolution du concept
A. On désigne actuellement sous le vocable d’enfants maltraités, les enfants victimes, de la part
de leurs parents ou d’adultes en ayant la garde, soit de brutalités volontaires, soit d’une
absence intentionnelle de soins entraînant des lésions physiques ou troubles de l’état général.
(Commission Barrot-1988-France).
B. L’enfant maltraité est « celui qui est victime de violences physiques, psychologiques,
sexuelles, ou de négligences lourdes qui ont, ou auront des conséquences graves sur son
développement physique ou psychologique » (2000).
C. Une autre définition intéressante est celle proposée par FINKELHOR et KORBIN :
« Mauvais traitements subis par l’enfant qui résultent d’une action humaine qui est
réprouvée, qui se produit dans l’environnement immédiat et qui peut être prévenue ».
D. Une définition plus simple et plus large de la maltraitance englobe « toutes les conditions où
le potentiel de croissance et de développement et où la sécurité de l’enfant sont compromis à
des degrés divers ». (Gloria JELLIOU, Ste Justine-Montréal).
Ces deux dernières définitions font donc état de tout ce qui entrave ou risque d’entraver
l’épanouissement physique, psychique, affectif et social des enfants. Celles–ci incluent par
exemple la maltraitance culturelle ou sectaire, les enfants-soldats ou les enfants forcés à travailler
aux dépens de leur santé ou de leur scolarité.
D. PREVALENCE DE LA MALTRAITANCE
Estimer le nombre d’enfants ou d’adolescents maltraités n’est pas simple car les experts doivent se
baser sur des données aussi diverses que les relevés judiciaires, médicaux ou sociaux.
Ce qui est évident, c’est que les petits enfants de moins d’un an, très vulnérables à cet âge, paient un
lourd tribut à la maltraitance. Un pourcentage important de « mort subite » est dû à la maltraitance
ou à la négligence.
Suite à l’effort de la Communauté francophone de Belgique et de l’ONE en particulier, suite à la
création des équipes pluridisciplinaires SOS, on dispose de chiffres qui montrent à l’évidence
l’ampleur du problème.
En 2008, les équipes SOS francophones ont signalé 5071 cas de suspicion de maltraitance, dont
1879 ont amené l’ouverture d’un dossier et 111 étant en cours d’évaluation.
E. LES DIVERSES CATEGORIES DE MALTRAITANCE
La maltraitance peut être physique, psychologique ou sexuelle, il peut aussi s’agir de négligence
grave.
Tableau n° 1 : Données numériques concernant le type de maltraitance
Rapport annuel ONE 2008, sur 5071 situations de maltraitance signalées
27,5 % Sévices sexuels
16 %
Maltraitances physiques
8,7 %
Négligences graves
33,8 % Situations à haut risque
8,5 %
Maltraitance psychologique
4,8%
Inadéquation éducative
0,4%
Maltraitance institutionnelle
0,3%
Abandon
Plusieurs types de maltraitance peuvent accabler le même enfant : c’est ainsi qu’on a coutume de
dire que la négligence fait le lit de la maltraitance physique ou sexuelle.
Chaque type de maltraitance ne sera pas décrit de façon exhaustive dans les paragraphes suivants
mais nous y résumerons les notions les plus importantes.
1. La maltraitance physique
On observe soit des fractures, soit des plaies, soit des traces de coups assénés par les mains ou les
pieds parfois par divers objets. Il peut s’agir également de morsures ou de brûlures, de tentatives
d'étouffement ou d'étranglement.
Les manifestations de ces traumatismes sont variées :
-
Hématomes, ecchymoses (traces cutanées de coups ou « bleus »).
-
Syndromes douloureux chez le très jeune enfant, avec cris apparemment sans raison
évidente.
-
Difficulté à mobiliser un ou plusieurs membres.
Ces situations peuvent entraîner des conséquences extrêmement graves et immédiates surtout chez
les enfants de moins de 18 mois. En effet à cet âge les risques vitaux sont élevés ainsi que les
risques de séquelles neurologiques irréversibles.
Chez le très jeune enfant, c’est souvent le médecin, généraliste ou pédiatre, qui constate le premier
des symptômes inquiétants. Pus tard, ils sont surtout décelés par les enseignants au cours de
gymnastique. Ils observent des bleus insolites à des endroits naturellement protégés comme le cou,
le dos ou les cuisses. Les bleus au niveau des jambes sont par contre le plus souvent banaux. On
observe parfois des hématomes à limites nettes, calquant en quelque sorte les objets avec lesquels
l’enfant a été frappé.
Comme l’a décrit le Docteur Rebuffat lors des exposés du F.M.NG.AS le 8 MAI 2009, la moitié
environ des fractures chez les enfants de moins d’un an ne sont pas accidentelles. Certaines sont très
suspectes de maltraitance comme les fractures de côtes ou certains types de fractures des os longs.
Toutes les maltraitances touchant la tête sont dangereuses. Les coups à ce niveau peuvent aboutir
à des fractures des os du crâne et à des hémorragies intracrâniennes redoutables avec de graves
séquelles ou même aboutir au décès de l’enfant. Le secouement de la tête chez le bébé constitue
une maltraitance assez fréquente car les parents, énervés, ne réalisent pas toujours les conséquences
souvent graves d’un tel comportement. Chez le petit enfant, le cerveau ne prend pas toute la place
qui existe à l’intérieur du crâne, si bien que lors du secouement, ce petit cerveau est propulsé
d’avant en arrière, ce qui peut aboutir à d’importantes hémorragies à l'intérieur des structures
nerveuses et des yeux. Ces lésions peuvent provoquer l’issue fatale du bébé. Chez les enfants qui
survivent, des atteintes oculaires avec lésions cérébrales définitives se révéleront pendant la
croissance de l'enfant sous forme de paralysie, de retard mental, de troubles d'apprentissage (cf.
Rebufat).
Les maltraitances physiques sont souvent le fait des parents directs de l'enfant, ou des personnes qui
en assurent la garde ...
Comme dans les autres types de maltraitance, les auteurs se retrouvent dans toutes les classes de la
société.
2. La maltraitance psychologique grave
La maltraitance psychologique grave encore appelée «violence douce » est fréquente. Dans ce type
de maltraitance, l’enfant est, par exemple, systématiquement dénigré. Il est l’objet de critiques
constantes, de menaces continuelles ou régulières d’abandon. Il est « bouc émissaire », il manque
d’attention. Il existe un déni des besoins et de l’existence même de l’enfant.
Les petits signes de maltraitance psychologique sont d’observation courante. Les signes importants
n’apparaissent souvent que longtemps après le début de la maltraitance.
Ces types de maltraitance sont parfois présents dans des familles stables et respectables.
Suite à ces comportements parentaux, on observe des troubles du comportement chez l’enfant, un
désintérêt scolaire, parfois de la délinquance, des fugues, et même des tentatives de suicide (cf. CR
F.M.N.G.A.S. Dr Marc GERARD).
3. Maltraitance sexuelle
Définition
La maltraitance sexuelle à l’égard d’enfants est définie comme la participation d’un enfant ou d’un
adolescent mineur à des activités sexuelles qu’il n’est pas en mesure de comprendre, qui sont
inappropriées à son âge et à son développement, qu’il subit sous la contrainte par violence ou
séduction ou qui transgressent les interdits fondamentaux en ce qui concerne les rôles familiaux.
Dans le langage courant, nous employons souvent le terme « abus sexuel » pour désigner la
maltraitance sexuelle de l’enfant. L'absence de violence, de contrainte n'élimine pas la notion
d'abus, de même la participation active de l'enfant. Les « lolitas », par exemple, n’en sont pas
moins des enfants abusées par des adultes. Ceci permet de rappeler la responsabilité des adultes
dans les situations d'abus sexuels même si le mineur semble parfaitement consentant et parfois
même demandeur (ex : le film « mourir d'aimer»).
Prévalence de la maltraitance sexuelle
La prévalence de la maltraitance sexuelle est difficile à calculer avec exactitude pour plusieurs
raisons : notamment, le fait qu’un certain nombre de situations ne sont révélées par les abusés que
des dizaines d'années après les abus, et certains ne seront jamais connus.
La maltraitance était déjà bien évaluée dans de nombreux pays depuis les années quatre-vingt. En
Belgique, en 1987, Madame F. GLOWACZ a réalisé une enquête chez 250 femmes âgées de 30 à
40 ans :
• 33% des femmes avaient subies au moins un abus sexuel de la petite enfance jusqu’à l’âge
adulte.
• 23% des abus avaient été infligés par un membre du réseau social proche (voisin, ami des
parents ou parents
Aux USA, les abus sexuels ont été estimés indirectement par enquête auprès des adultes par
différents auteurs (Finkelhor, Russel, Silber). Ces études font part, dès 1986, d’un pourcentage
important de filles abusées dans leur enfance : 19 % dont la moitié avant 12 ans, une fois sur quatre
avec le père. Chez les prostituées, le pourcentage de maltraitance sexuelle pendant l’enfance se situe
de 40 à 75%. Une étude réalisée directement auprès des enfants avance les chiffres d’une fille sur
quatre et un garçon sur dix pendant les 12 premières années de vie.
En 1990, Finkelhor a réalisé des interviews auprès de 2500 personnes :
• 27% des femmes ont été abusées avant 18 ans
• 16% des hommes ont été abusés avant 18 ans
Au Canada, une étude publiée en 1984 faisait déjà état d’abus chez une personne de sexe féminin
sur deux dans leur vie et une de sexe masculin sur trois. Quatre actes sur cinq avaient été commis
pendant l’enfance ou l’adolescence. Un agresseur sur quatre était un membre de la famille ou une
personne de confiance.
Origines des abus sexuels
La plupart des abus sont le fait de familiers de l'enfant qui en général le connaissent depuis un
certain temps.
Tableau n° 2 : abuseurs d’enfants.
85 %
10 %
5%
Abus intrafamiliaux « inceste »
Proches de la famille
Personnes inconnues de l’enfant
Le plus souvent, la maltraitance est intrafamiliale.
Un dicton bien connu en Flandre concernant l’inceste affirme : « une porte sur six ». Sans qu’on en
ait la preuve, elle semble augmenter avec le nombre croissant de séparations parentales :
maltraitance sexuelle par exemple entre le beau-père et les enfants du premier lit, maltraitance
sexuelle par les frères et/ou demi-frères ou par les sœurs et/ou demi-sœurs. Il s’agit ici aussi de
relations incestueuses intrafamiliales.
Beaucoup plus rarement, la maltraitance sexuelle est extrafamiliale.
Ce type de maltraitance a été fort médiatisée lors de « l’affaire DUTROUX » et est mieux connue
du grand public depuis lors. Elle est souvent le fait d’une rencontre de hasard et dans ce cas elle est
fréquemment accompagnée d’une violence terrible pouvant mettre la vie de l’enfant en danger.
Les actes de maltraitance sexuelle (attouchements, fellations, sodomie, viols, etc.) peuvent aussi
bien être pratiqués par des adultes ou adolescents sur des enfants, que par des grands enfants sur des
petits enfants notamment dans les camps de vacances et les écoles. Cette maltraitance entre jeunes
semble en augmentation actuellement.
Symptômes de l’abus chez les enfants
Les Symptômes présents lors d'abus sexuels n'ont en général rien de spécifiques.
On note des signes tels que des vomissements, des douleurs abdominales, de l’anorexie, des
céphalées, de l’énurésie, de l’encoprésie (incapacité de retenir des selles), etc… qui peuvent
cependant être dus à diverses maladies somatiques.
Même lors d'un examen médical, le plus souvent rien de précis n'est trouvé et des diagnostics variés
sont alors évoqués, qui n’ont rien avoir avec la maltraitance.
Si un examen gynécologique est pratiqué, même par un gynécologue expérimenté, bien souvent
rien n'est détecté. On a cependant recours de plus en plus, dans certaines cliniques, à des tests
performants : recherche de sperme dans les 3 jours après l’agression ou recherche d’ADN,
demandée par la justice.
Quelles sont les conséquences pour l’enfant ?
Au point de vue comportemental les abus entraînent souvent chez les enfants et surtout les
adolescents une culpabilité et un sentiment d’échec. On note des états dépressifs, une tristesse sans
raison apparente, assez souvent un effondrement des résultats scolaires, avec parfois, comme par
réaction, des sursauts d’énergie avec prise de risque inconsidéré. Il peut se développer aussi des
troubles de l’alimentation et du sommeil.
Si l’abus est grave et répétitif, l’enfant peut devenir irritable, agressif ou colérique. Il peut en arriver
à des conduites anti-sociales, se tourner vers la toxicomanie et tenter de se suicider.
Assez interpelants sont les comportements hypersexualisés, mais ceux-ci peuvent aussi résulter de
contact avec du matériel pornographique, assez fréquemment laissé à portée des enfants ou
accessible via internet.
Dans sa relation avec l'adulte abuseur, l’enfant abusé se sent souvent piégé.
Il est partagé entre des sentiments très opposés. Il sait que ce qui se passe n'entre pas dans ce qu'il
est en droit d'attendre d'un adulte. Il voudrait que cela cesse mais n'ose pas en parler dans sa famille.
Il croit d'ailleurs souvent que sa mère est au courant et ne veut pas intervenir et malheureusement il
a parfois raison. La tolérance maternelle à l’abus peut parfois provenir du fait qu’elle-même a été
abusée, étant jeune, par un membre de sa famille. Elle considère alors cette situation comme fatale.
Si l'abuseur est un membre de sa famille, l'enfant sait que toute révélation risque de perturber
l’entente familiale. Souvent, il se tait et perd alors sa propre estime.
Plus tard, lors de sa vie adulte, l'enfant abusé risque fort d’éprouver de grandes difficultés au point
de vue affectif et sexuel.
Les conséquences psychologiques des abus sont particulièrement graves lorsque l'abus est le fait
d'adultes très respectables ou très aimés et/ou qu’il y a connivence tacite d'un des parents avec
l'abuseur. Des menaces de mort peuvent être proférées par l’abuseur si l’enfant parle. Ce secret est
alors très dur à porter pour lui. Son malaise augmente car l’enfant est incapable de faire entendre sa
détresse. S’il se décide à en parler, le tollé provoqué par ses dires est tel qu’il va souvent se
rétracter, aussi parce qu’on va l’accuser de mensonge. C’est pourquoi, en maltraitance sexuelle,
comme dans les autres types de maltraitance, on considère généralement le déni de l’enfant comme
une preuve supplémentaire de maltraitance.
Rappelons aussi que les abus sexuels se produisent dans tous les milieux sociaux
Caractéristiques des abuseurs
Les abuseurs d'enfant se recrutent dans tous les pays ou ethnies, dans toutes les classes sociales,
quels que soient les niveaux de formation.
De nombreuses études ont été réalisées pour tenter de découvrir des caractéristiques spécifiques de
leur personnalité mais les recherches aboutissent jusqu’à présent à des résultats contradictoires.
Un certain nombre d'études notent une légère augmentation de fréquence du risque d'être un
abuseur chez des adultes ayant subi enfant, un abus sexuel mais l'augmentation des risques reste
faible. La transmission intergénérationnelle de la maltraitance diminue depuis que les enfants
maltraités sont pris en traitement.
De façon très simplifiée on peut classer les abuseurs sexuels d'enfant en deux catégories :
- Certains abuseront un enfant choisi suite à une relation de proximité et d’admiration.
Progressivement des manifestations affectives banales évoluent vers des comportements
adultes de plus en plus sexualisés. L’abuseur profite de sa situation hiérarchique, de sa
connaissance de la sexualité et de son autorité morale. Il trompe l’enfant en lui manifestant
de l’affection et par ce biais entraîne l'enfant ou l'adolescent dans des activités à caractère
sexuel.
- D'autres suivent une tactique bien organisée pour piéger un enfant mais continueront à agir
de même avec d'autres enfants ; parfois ils avoueront une excitation sexuelle particulière
extrêmement puissante lors d'approche de très jeunes enfants ; parfois aussi les souffrances
de ces enfants constituent un facteur favorisant l'abus.
- Est-il besoin de rappeler qu'un adulte ayant des activités sexuelles avec un enfant ou un
adolescent est moralement et légalement responsable même si cet enfant ou cet adolescent a
un comportement séducteur et/ou est « consentant ».
Mais il faut savoir aussi que les abuseurs sexuels ont des profils psychologiques et des modus
operandi très variés
Signes d'appel
S’il n’y a pas de lésions évidentes, ce qui est souvent le cas, l’évaluation de la maltraitance sexuelle
se fait en général à partir des dires de l’enfant abusé. S’il s’agit d’un abus récent, l’enfant peut
s’exprimer à sa façon. Une analyse précise de ses affirmations suivant des schémas précis (échelle
rsv par exemple) est très importante à réaliser. Ce type d'analyse exige l'intervention de
psychologues spécialisés dans le domaine de la maltraitance des enfants et adolescents.
Comme le signale le Dr Marc Gérard page 26 du compte-rendu de la conférence du 8 mai 2009, « la
parole de l’enfant est en général crédible quand il donne des détails qu’il n’a pas pu inventer ».
Les dessins d’enfants abusés entre 3 et 5 ans sont parfois très révélateurs d’une maltraitance
sexuelle.
4. Les négligences graves
Les négligences graves peuvent survenir dans différents domaines. Fréquemment, plusieurs types
de négligence atteignent le même enfant.
Négligences nutritionnelles : la santé de l’enfant se détériore suite à une alimentation insuffisante en
qualité et/ou en quantité. Cette négligence est souvent repérée lors d’hospitalisations répétitives. A
l’hôpital, l’enfant prend très rapidement du poids, mais le poids retombe ensuite après quelques
temps à la maison. Lors de ces hospitalisations successives pour maigreur et infections
subséquentes, on finit par observer une courbe de croissance pondérale en « zig-zag » absolument
typique de négligence alimentaire : le poids remonte rapidement lors de chaque hospitalisation..
Négligence dans la protection de jeunes enfants : Il s’agit par exemple d’enfants très jeunes laissés
seuls à la maison pendant de longues heures ou d’enfants pouvant avoir accès à des substances
toxiques, d’enfants exposés à des risques d'accidents graves (accidents de roulage, risques
importants de chute de plusieurs mètres de hauteur ...).
Négligence de soins médicaux : lésions cutanées non soignées, maladies sérieuses laissées sans
soins, ni examens.
Négligences éducatives graves : absence des apprentissages élémentaires (langage, propreté, etc…)
dans des délais normaux.
Vie de l'enfant dans un environnement chroniquement chaotique et/ou ne fournissant pas les
sollicitations indispensables au développement cérébral de l'enfant.
Notons , à ce sujet , qu'il est bien avéré actuellement qu'à coté d'un développement cérébral
dépendant d'un programme génétique bien précis , ce sont les sollicitations extérieures qui vont
permettre un modelage précis des interrelations des neurones . On sait aussi que ce modelage se
réalise de façon préférentielle pendant les 24 premier mois de la vie.
Les négligences graves représentent 8,7% des situations présentées aux équipes SOS en 2008.
Les conséquences de ces négligences sont les suivantes :
- parfois l'arrêt de la croissance pondérale, avec plus rarement une stagnation de la
croissance staturale.
- risque d'accidents ou intoxications mortelles,
- augmentation du nombre de maladies évoluant trop lentement.
- déficit d'acquisitions de base sur le plan sociabilité et sur le plan intellectuel.
- une bonne partie des enfants présentant un déficit moyen du développement mental sont
des enfants ayant vécu une situation de négligence prolongée pendant la prime enfance.
Le diagnostic de ces négligences repose en partie sur des constatations sociales et sur des constats
médicaux. Il faut rester prudent car dans certaines maladies chroniques, l'examen superficiel de
l'enfant évoque fortement une négligence grave alors que la cause principale est médicale (par
exemple : maladies rénales chroniques, malabsorption intestinale, etc…).
Les négligences et les maladies chroniques peuvent aussi coexister.
La mise au point d'une situation évoquant la négligence exige donc bien souvent, une mise au point
très précise impliquant non seulement l'intervention de psychologues , d'assistants (es) sociaux mais
surtout de médecins pédiatres qui doivent souvent se faire assister par des pédiatres surspécialisés
par exemple en neuro-pédiatrie , néphrologie , gastro-entérologie etc.
Les raisons de ces négligences nous paraissent être les suivantes :
-
-
-
Désintérêt global pour les enfants comme s’ils devaient toujours bien évoluer tout seuls
sans aide, sans accompagnement, de même que leurs maladies devraient guérir « grâce
à la bonne nature ».
Syndrome de Cendrillon : un seul enfant de la fratrie qui est négligé.
Incapacité parentale à s'occuper des enfants suite à des troubles mentaux graves.
Les assuétudes des parents (alcools, dérivés morphiniques, psychotropes) peuvent
atténuer leur vigilance et modifier leur comportement. Le tabagisme familial mérite
une attention particulière tant il est « banalisé », « normalisé » alors qu’il s’agit d’un
problème majeur de santé publique et aussi de société. Filles et garçons fument de plus
en plus jeunes, certains y associent d’autres drogues. Outre le fait que l’attitude des
parents peut dans l’avenir constituer un exemple pour l’enfant, les effets délétères du
tabac, dès avant la naissance, sont à de multiples égards préjudiciables pour l’enfant,…
qui ne peut que les subir. Il s’impose donc de bien informer les parents et de leur
expliquer ce problème. Omettre de le faire est une « négligence » qui peut en entraîner
une autre de la part des parents, dont les conséquences peuvent être graves. Vis-à-vis de
l’enfant, cela s’apparente à de la maltraitance,… certes involontaire et inconsciente,
mais néanmoins réelle: mort in utero, fausse couche, prématurés avec son cortège de
problème, petits poids de naissance, complications périnatales, risque accru de mort
subite inexpliquée, effets délétères notamment au niveau de l’appareil respiratoire, etc.).
Conditions de misère avec leur cortège d'habitations exiguës et en mauvais état, de
difficultés financières récurrentes, de chômage, de déchirements familiaux, d'instabilité
sociale, de niveau d'instruction faible.
Comment prendre en charge la négligence grave ?
On peut idéalement dissocier deux types de situations :
* Celles où une aide coordonnée à partir de divers moyens d’action ont des chances de permettre
une amélioration suffisante de la situation dans un laps de temps relativement court.
* Celles qui existent depuis de longues années et qui, même avec une aide bien organisée, ont peu
de chance d'atteindre, dans un laps de temps normal pour l'enfant, un niveau satisfaisant pour son
développement.
Dans ces cas, on se trouve parfois devant des situations déchirantes qui exigent des interventions
et des décisions d'éloignement du milieu familial alors qu'aucune culpabilité ne peut être reconnue
chez les parents.
Bien entendu les remarques concernant les déficits de soins alimentaires et médicaux sont
évidement à moduler suivant la situation globale d'un pays ou d'une région. Bien des régions du
monde sont incapables d'assurer une alimentation correcte et des soins de base à leurs habitants.
F. ATTITUDES D’UN INTERVENANT FACE A LA SUSPICION D’UN CAS
DE MALTRAITANCE
Tout professionnel qui suspecte un cas de maltraitance doit soit mettre tout en œuvre pour faire
cesser la maltraitance et protéger durablement l’enfant : soit faire appel à des instances spécialisées.
La loi impose en effet de venir en aide à une personne exposée à un péril grave. :
LES ARTICLES 422 bis et 422 TER DU CODE PENAL PUNISSENT CELUI QUI
S’ABSTIENT DE VENIR EN AIDE A UNE PERSONNE EXPOSEE A UN PERIL GRAVE.
NE RIEN FAIRE = SOUVENT LAISSER FAIRE.
1. Les difficultés psychologiques de l’intervenant
Des difficultés psychologiques risquent d’altérer le comportement de l’intervenant lorsqu’ il
suspecte une situation à haut risque. Il convient de se rendre compte que le fait qu'un enfant, surtout
si on le connaît depuis longtemps, soit victime de maltraitance déclenche chez chacun d'entre nous
diverses réactions auxquelles on ne peut pas échapper facilement. C’est parfois la colère vis-à-vis
des personnes que l'on soupçonne de maltraitance. Mais aussi un rejet irréfléchi de cette possibilité
si l'on connaît et apprécie les éventuels auteurs. La rencontre d’un enfant subissant des violences
fait resurgir parfois un rappel de situations personnelles ou familiales qui ont été douloureusement
vécues.
L’intervenant peut être assailli de toutes sortes de peurs :
*Sentiment d'incapacité suite à la découverte fortuite d’une possibilité de maltraitance grave
chez un enfant dont il s'occupait exclusivement dans l’exercice de sa profession.
*Peur d’une mauvaise interprétation personnelle de la situation.
*Peur de troubler gravement la vie familiale de l'enfant.
*Crainte de laisser l'enfant dans une situation à haut risque.
Une impression de solitude pesante peut dès lors envahir le professionnel coincé entre une
inquiétude mortelle lors d’une maltraitance grave et la nécessité impérieuse de garder le secret de
l’enfant.
Il importe d’envisager la suspicion d’un cas de maltraitance en restant maître de soi. Sinon,
l’intervenant risque d’être agressif et d’accuser trop vite la personne suspectée. Il peut vouloir agir
de façon trop personnelle et trop rapide. Or, il est essentiel au contraire de pouvoir ou vouloir
réfléchir calmement au problème concret auquel on est en réalité confronté.
Quand il a osé s’investir pour protéger l’enfant en demandant l’aide d’institutions spécialisées,
l’intervenant peut être désemparé parce que « les choses ne tournent pas comme il le souhaite », par
exemple, en cas de placement inattendu de l’enfant. Il faut cependant qu’il réalise que très souvent,
le secret professionnel, qui veut protéger la famille, n’a pas permis qu’il puisse avoir connaissance
de tous les éléments du dossier d’investigations qui ont conduit à la décision finale concernant
l’enfant.
2. Les impératifs à respecter lorsqu’on suspecte une maltraitance
Sauf en cas de danger grave et immédiat pour l’enfant, surtout quand il est petit, il faut éviter de
prévenir la police ou le procureur du roi. Cette démarche risque en effet de judiciariser rapidement
le cas, avec éventuellement des sanctions pénales, alors que des structures d’aide spécifiques
existent dans chaque province. La maltraitance est parfois et paradoxalement un appel à l’aide des
familles qui cumulent les difficultés : surmenage parental, dettes, chômage, éclatement familial,
enfants difficiles, logement exigu etc.
La nécessité absolue de ne pas divulguer à n’importe qui le secret de l’enfant. En effet, quand on est
très attentif aux signes de maltraitance, que ce soit suite à des lésions cutanées par exemple ou
éventuellement à des troubles du comportement, l’enfant finit par le remarquer et peut parfois
spontanément être amené à faire des confidences à celui chez qui il sent une écoute ou une
bienveillance possible. Il faut respecter sa confiance. Une caractéristique des enfants maltraités
consiste à ne pas se confier à des personnes importantes mais plutôt à des gens simples qui gravitent
dans son entourage et chez lesquels il perçoit la possibilité d’être écouté confidentiellement. Suite
au respect du secret de l’enfant, la collaboration avec les instances compétentes a plus de chances
d’aboutir à ce que l’enfant souhaite le plus dans son cœur: ne plus être maltraité, mais surtout garder
ses parents. Le secret ne peut être partagé qu'avec une personne qui peut aider à la solution des
problèmes posés par l'enfant. Cette personne étant elle-même tenue au secret.
Donc absolument ne pas ébruiter les inquiétudes. Il faut redire POURTANT combien il est
important que la prise en charge d’une situation de maltraitance grave ne soit jamais prise par une
seule personne : le risque est trop grand soit d’être manipulé par les parents, soit de se tromper, et
que les parents se sentent injustement accusés.
Quelques conseils judicieux face à l’enfant :
Si l'enfant fait des confidences inquiétantes :
- l’écouter avec empathie.
- ne pas se mettre à l’interroger.
- ne rien suggérer.
- assurer à l’enfant que le secret sera gardé.
- l’avertir toutefois qu’on demandera de l’aide à quelqu’un de confiance.
- noter avec soin les phrases exactes prononcées en prenant bien garde d'être le plus fidèle
possible au vocabulaire employé.
- noter la date, l'heure, le lieu où ces confidences ont eu lieu.
- signer ce document, le garder précieusement et en sécurité hors de portée de toute
indiscrétion.
Que faire pratiquement lorsqu’il y a des inquiétudes ?
- se rappeler que presque tous les symptômes observés peuvent correspondre à des causes
très diverses et pas seulement être dus à des maltraitances.
- en parler en privé et en demandant le secret avec le supérieur hiérarchique.
- faire part aux parents des inquiétudes concernant leur enfant et ce en privé, si cela est
possible en présence du supérieur hiérarchique et sans orienter vers la maltraitance
éventuelle ni répéter les plaintes éventuelles proférées par l'enfant.
- noter par écrit les symptômes jugés inquiétants et les dates des démarches faites.
Si aucune explication raisonnable et vraisemblable n'est donnée et que les inquiétudes persistent :
Soit on trouve de l’aide en fonction de la situation de maltraitance :
•
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•
Obésité ou maigreur inquiétante : on peut contacter la TMS de l’ONE si l’enfant est petit, le
médecin traitant ou le pédiatre de l’enfant.
Maltraitance sexuelle entre enfants à l’école : on peut en informer un membre du P.M.S
(PSE)
Absentéisme scolaire de plus en plus fréquent : on peut le signaler à un membre du P.M.S.
Absentéisme scolaire malgré l’action du PMS : il faut contacter le SAJ : il va convoquer les
parents et tenter d’établir avec eux un cadre contractuel pour « une aide consentie ». Si le
contrat n’est pas respecté, le SAJ va judiciariser. (cfr. ci-dessous). On va essayer de passer
de l’aide non consentie à l’aide contrainte (SPJ)
Découverte chez un enfant à l’école d’un hématome autour du cou : on peut contacter
confidentiellement toujours, l’équipe SOS car le cou est une surface cutanée naturellement
protégée et il faut donc craindre une cause non accidentelle (coup de fouet, début de
strangulation
Flagrant délit de maltraitance et danger grave et immédiat pour l’enfant : on peut contacter
la police pour qu’elle intervienne rapidement. Des policiers sont actuellement formés pour
interroger valablement les enfants avec vidéo enregistrement permettant de ne pas répéter
des interrogatoires à chaque échelon de l’enquête.
Soit, selon la profession exercée, on entre en contact avec une personne de référence
choisie, si possible avec l'accord du chef hiérarchique. Exemple, sans être exhaustif :
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Un enseignant contacte la psychologue ou le médecin du centre PMS
Un paramédical (ex : kinésithérapeute/ psychomotricien) contacte un médecin pédiatre qu’il
connaît ou au médecin d'une équipe SOS
Une TMS de l'ONE contacte la référente maltraitance de l'ONE ou une équipe SOS enfants .
Une infirmière indépendante contacte le médecin ou le pédiatre d'une équipe ONE
Une psychologue contacte un(e) psychologue ou assistant(e) sociale de l'équipe SOS
G. LES STRUCTURES SPECIALISEES DANS LA LUTTE CONTRE LA
MALTRAITANCE EN REGION FRANCOPHONE DE BELGIQUE
Nous ne parlerons pas ici des diverses structures existantes telles que le PMS et le PSE dans les
écoles, les TMS dans les consultations de nourrissons de l'ONE constituant souvent les premiers
recours possibles. Nous signalerons par contre les structures plus spécifiquement prévues pour
intervenir dans la détection, l'évaluation, l'établissement de programmes d'aides et parfois pour
organiser la protection indispensable des enfants.
1. Les équipes SOS
Une première possibilité d’aide est de faire appel aux équipes SOS.
Il s’agit des équipes pluridisciplinaires qui existent dans chaque province de la partie francophone
du pays. Le rôle de l’équipe SOS est de prendre en charge et de traiter les situations de maltraitance
(Décret du 29 avril 1985). Le décret du 16 mars 1998 met l’accent sur l’aide aux enfants victimes
de maltraitance. Le décret du 12 mai 2004 régit actuellement l’activités des équipes SOS qui offrent
aux victimes et aux auteurs de maltraitance un lieu de paroles et de soins hors du cadre judiciaire.
Les équipes SOS travaillent dans la stricte confidentialité et transparence.
Un recours aux autorités judiciaires n'intervient en principe que par l’intermédiaire du SAJ si la
situation est très grave et si toutes les tentatives pour obtenir l'adhésion des familles à un
programme de protection et/ ou d'aide échouent.
Cet éventuel recours à la justice via le SAJ se fera toujours après la mise au courant de la famille.
Les renseignements fournis se limiteront à ce qui est indispensable à la mise en place d’un système
d'aide ou de protection.
Les équipes SOS se composent d’un coordinateur, d’un pédo-psychiatre ou psychiatre, d’un
pédiatre ou d’un médecin généraliste, de plusieurs psychologues et/ou assistants sociaux.
Le rôle du pédiatre, ou du médecin généraliste consiste essentiellement à examiner l’enfant ou
l’adolescent à la recherche de signes de maltraitance. Il coordonne avec l'aide éventuelle de
pédiatres surspécialisés, une mise au point complète de l'état de l'enfant. Il évalue, dans une
collaboration pluridisciplinaire, l’impact de la maltraitance sur la santé, particulièrement sur la
croissance staturo-pondérale et le développement psychomoteur, affectif et cognitif de l’enfant.
Ce médecin, comme les autres membre de l'équipe, participe à l’élaboration des conseils, des
programmes d'action et aux décisions prises par l'équipe.
Les juristes sont dans l’équipe les garants de la loi. Lorsqu’il existe des conflits, par exemple
concernant le droit de garde, il est important d’avoir leur avis, mais ces juristes doivent aussi
intervenir, comme tout les membres de l'équipe dans l'étude de chaque situation.
Les psychologues de l’équipe pluridisciplinaire étudient les interactions dans les familles de façon à
améliorer les comportements et protéger les enfants. Ils réalisent des bilans psychologiques
détaillés, recueillent et étudient de façon précise les paroles des enfants lors de suspicion d'abus
sexuels. Ils accompagnent les enfants dans la période de détresse et d'ambiguïté qui entoure la mise
en évidence de maltraitance.
Les assistants sociaux reçoivent les premiers, en général, les signalements.
Ils participent activement à l'étude de la famille et notamment à la recherche de personnes de
ressource. Ils entrent en contact avec les personnes ayant déjà du intervenir dans la situation de
l'enfant suspect d'avoir été maltraité.
Ils s’occupent aussi des démarches sociales et administratives avec les familles et tentent de mettre
en place les structures d'aide.
Le pédo-psychiatre, en plus d'une participation à toutes les décisions , tente par des contacts avec
les parents ou personnes suspectées de maltraitance , négligence ou abus de comprendre en
profondeur les problèmes de ces personnes et ainsi de pouvoir leur venir en aide.
Les équipes SOS ont la volonté de réaliser ainsi un bilan détaillé de la situation, et de l'état de
l'enfant. De cette façon elles peuvent fournir des renseignements précis qui seront bien utiles pour
mettre en place les aides indispensables. Lors des réunions, chaque membre de l’équipe SOS
participe à l’examen des cas de maltraitance suspectée ou avérée et prend part aux décisions
concernant les démarches à suivre.
2. Le service d’aide à la jeunesse (SAJ)
Depuis 1969, le législateur a privilégié la déjudiciarisation de l'aide à la jeunesse ( c.a.d diminuer au
maximum l'intervention judiciaire ) et a favorisé les mesures qui maintiennent l'enfant dans son
milieu naturel .
En cas de graves difficultés rencontrées par les parents dans la prise en charge de leurs enfants,
d'inquiétudes au sujet de maltraitance au sens large, ou de difficultés sérieuses concernant un
mineur d'age, l’intervenant peut faire appel au conseiller du SAJ. Celui-ci, après examen du
problème, s'efforcera de trouver un accord avec les parents, avec ceux qui possèdent l'autorité
parentale ou avec l'enfant âgé de plus de 14 ans.
Il existe un conseillé d'aide à la jeunesse dans chaque arrondissement judiciaire. Ce conseiller est
aidé dans sa tâche par des assistants(es) sociaux et du personnel administratif .L'activité du
Conseiller se réalise dans la confidentialité . Si aucun accord satisfaisant n'est trouvé, et que le
problème posé au conseiller est tel qu'il exige des mesures de protection ou d'accompagnement, le
dossier pourra être transmis au procureur du roi.
3. Les autorités judiciaires
Ces autorités sont les seules autorisées par la loi à prendre dans des conditions bien précisées des
mesures coercitives. Le Procureur du Roi peut recevoir des plaintes lui étant adressées par toutes les
personnes et par les organismes tels le SAJ , une équipe SOS Enfants etc.
Si un dossier est ouvert, celui-ci peut comporter un volet protectionnel mais aussi un volet pénal.
Il ne faut pas oublier que tous les signalements à la police vont aboutir à une mise au courant du
Procureur du Roi. Il faut donc bien réfléchir avant de faire un tel signalement.
Le Procureur du Roi pourra, après étude du dossier, présenter la situation au tribunal de la jeunesse.
Celui-ci peut soit renvoyer la situation au conseiller à la jeunesse, soit classer sans suite le dossier
s’il juge la situation non inquiétante, soit prendre une décision d’accompagnement éducatif soit
décider d’un placement du jeune ou de son émancipation. Ces mesures sont décidées pour une
durée maximale de 12 Mois. L'application pratique des mesures décidées par le tribunal sera confiée
au Directeur de l'aide à la jeunesse. Si, à ce stade, un accord utile à l'enfant est trouvé, le directeur
de l'aide à la jeunesse peut renvoyer la situation au conseiller du SAJ à condition d'en avoir obtenu
l'accord du tribunal de la jeunesse. En cas de situation présentant un risque grave et immédiat pour
l'enfant, le Procureur du Roi, dûment sollicité, peut prendre, d'autorité et d'urgence, des mesures de
placement pour une durée limitée.
Les diverses mesures d'éloignement dans ces conditions, ainsi que les règlements qui encadrent et
limitent ces décisions ne seront pas détaillées ici.
H. LE SECRET PROFESSIONNEL ET L’ASSISTANCE A PERSONNE
EN DANGER
Les équipes SOS et le SAJ sont tenus au secret professionnel. Comme tout quiconque, ils sont tenus
aussi de procurer de l’aide à toute personne exposée à un péril grave et donc aux enfants maltraités.
Voici en résumé le contenu des lois se rapportant au secret professionnel et à l’assistance à personne
en danger. Ces lois peuvent rassurer les intervenants inquiets d’assurer à la fois l'aide aux personnes
en danger et le respect secret professionnel.
Le secret professionnel :
En substance, tout ce qui est appris, surpris, constaté, déduit, interprété dans l’exercice de la
profession est donc couvert par le secret professionnel.
Le Code pénal (Art. 458)
L’assistance à personne en danger :
Celui qui s’abstient de venir en aide ou de procurer une aide à une personne exposée à un
péril grave, soit qu’il ait constaté par lui-même la situation de cette personne, soit que cette
situation lui soit décrite par ceux qui sollicitent son intervention». ( ART. 422 bis et 422 ter)
Pour qu’il y ait «non assistance à personne en danger» le constat d’infraction doit répondre aux
exigences suivantes :
1. Existence d’un péril grave.
2. Absence d’aide ou secours apportés aux victimes : L’article 422bis n’impose pas de fournir
personnellement l’aide nécessaire à la personne en péril, mais de prendre les mesures de
secours les plus adéquates.
3. Volonté manifeste de ne pas agir bien que le péril soit clairement identifié.
4. Absence d’intervention alors que celle-ci n’aurait présenté aucun danger sérieux pour
l’intervenant.
1. Levée du secret professionnel
La loi autorise expressément toute personne dépositaire d’un secret à le révéler au Parquet s’il est
question d’une infraction pénale commise sur un mineur. Préalablement à la dénonciation de tels
faits, la loi impose à la personne de vérifier la présence de trois conditions cumulatives :
1. Avoir examiné la victime ou recueilli ses confidences ;
2. Avoir déterminé l’existence d’un danger grave et imminent pour l’intégrité mentale ou physique
du mineur ;
3. N’être pas en mesure, elle-même ou avec l’aide de tiers, de protéger cette intégrité.
Le Décret du 16 mars 1998 relatif à l’aide aux enfants victimes de maltraitances doit également être
pris en compte :
1. L’intervenant est tenu d’apporter aide à l’enfant victime de maltraitances ou à celui chez qui sont
suspectés de tels mauvais traitements. L’aide est due, quelle que soit la forme de la maltraitance,
qu’elle soit psychique, physique ou sexuelle. Elle vise à prévenir ou à mettre fin à la maltraitance.
2. Lorsqu’il est dans l’impossibilité d’agir personnellement afin de favoriser l’arrêt des
maltraitances, l’intervenant, sans préjudice de l’application de l’article 458 du Code pénal, est tenu
d’apporter son aide sous forme d’une information auprès d’une instance compétente :
a. le conseiller de l’aide à la jeunesse
b. l’équipe « S.O.S.-Enfants «visée à l’article 14 »
c. l’équipe d’un centre psycho-médico-social ou d’un centre d’inspection médicale scolaire
(devenue Promotion de la Santé à l’Ecole).
3. En outre, l’intervenant, sans préjudice de l’application de l’article 458 du Code pénal, est tenu
d’apporter son aide sous forme d’une information auprès d’une instance compétente lorsque la
maltraitance est commise par un tiers extérieur au milieu familial de l’enfant.
2. Secret professionnel partagé
Voici les conditions dans lesquelles le partage du secret doit s’effectuer :
• Aviser le maître du secret (le consultant) de ce qui va faire l’objet du partage, et des personnes
avec lesquelles le secret va être partagé.
• Partager ces informations exclusivement avec des personnes tenues également au secret
professionnel.
• Ne les partager qu’avec des personnes en charge d’une même mission.
• Limiter le partage à ce qui est strictement utile et indispensable à la bonne exécution de la mission
commune dans l’intérêt exclusif du maître du secret.
Il s’agit ici d’une interdiction de rendre «publiques» des informations.
3. Code de déontologie médicale
Article 61 (modifié le 16/11/2002)§1er : Si un médecin soupçonne qu'un enfant est maltraité, est
abusé sexuellement ou subit des effets graves d'une négligence, il doit opter pour une approche
pluridisciplinaire de la situation, par exemple en faisant appel à une structure conçue
spécifiquement pour gérer cette problématique. Lorsqu'un médecin constate qu'un enfant est en
danger grave, il doit sans délai prendre les mesures nécessaires pour le protéger. Si ce danger est
imminent et s'il n'y a pas d'autre moyen pour protéger l'enfant, le médecin peut communiquer ses
constatations au procureur du Roi. Les parents ou le tuteur de l'enfant seront informés des
constatations du médecin et des initiatives que celui-ci compte prendre sauf si cette information
peut nuire à l'intérêt de l'enfant. Avant de prendre toute initiative, le médecin doit en parler au
préalable avec l'enfant dans la mesure où les capacités de discernement de celui-ci le permettent.
I. PLACEMENTS ET MALTRAITANCE INSTITUTIONNELLE
Il faut autant que possible éviter les placements d’enfants. Il ne devrait avoir lieu qu’en dernier
recours après une étude pluridisciplinaire approfondie. Les placements d’enfants sont inévitables
lorsque la vie de l’enfant ou son développement général est en danger malgré les efforts d’aide ou
de modifications du comportement parental.
Le manque de place dans les institutions spécialisées est cependant dramatique en Belgique
actuellement. De nombreux jeunes sont ainsi contraints de rester dans leur famille malgré la gravité
de la situation.
Par contre, quand ils sont placés, il arrive qu’ils ne soient pas suffisamment encadrés et aidés
psychologiquement. En effet, certains de ces enfants sont la proie d’une terrible culpabilité quand
leurs aveux ont abouti à l’incarcération d’un parent. Ils nécessitent de ce fait un aide psychologique
particulière.
Enfin, il faut regretter quand la société prend des mesures de protection ou des décisions
d’éloignement du milieu familial, que les séjours soient trop courts pour pouvoir modifier
profondément le comportement parental. On assiste dès lors, à des placements successifs suite à des
retours à domicile utopiques, avec le grand danger « d’abandonnisme », l’enfant ou l’adolescent ne
pouvant plus s’attacher ni à sa famille ni à des structures d’accueil successives.
J. PREVENTION DE LA MALTRAITANCE
Pour les personnes confrontées régulièrement à des situations de maltraitance, une évidence
s’impose rapidement : comment prévenir de telles dérives ?
Devant certaines situations de pauvreté, de drogues, de violence, de troubles psychiatriques ou
mentaux, d’antécédents de violence ou de maltraitance, comment ne pas craindre pour les enfants et
que faire pour une éducation bien traitante ?
Dès la création des équipes S.O.S. enfants, plusieurs pistes de prévention consistaient, avec des
campagnes comme « Mon corps, c’est mon corps », à conscientiser les enfants de leur droit de
refuser des attouchements. Cette prévention a été largement critiquée car elle faisait retomber la
responsabilité des maltraitances sur les victimes et il est connu que le maltraitant se trouve le plus
souvent dans le milieu familial étroit.
En Communauté Française, il existe depuis une dizaine d’année un programme de prévention à la
maltraitance « Yapaka ». Ce groupe diffuse largement des fascicules « Temps d’arrêt et de lecture »
traitant de questions et de problèmes de la vie de l’enfant et des éducateurs auprès de personnes
concernées par les soins et l’éducation de l’enfant. Il organise plusieurs campagnes d’affichage, de
« spot » T.V. et d’information dans les écoles.
A l’encontre d’une attitude manichéenne classant les méchants malfaiteurs et les pauvres victimes,
il informe de la complexité des problèmes de maltraitance avec une violence présente en chacun
d’entre nous, capable de se libérer et se déchaîner en l’absence d’un entourage adéquat.
Enfin, on ne peut envisager le domaine de la prévention sans citer les conclusions du Centre de
développement de l’enfant de l’université d’Harvard U.S.A. (http: //
www.developingchild.harvard.edu/initiatives/council/publications). En combinant les
neurosciences, les recherches concernant le développement de l’enfant et les conclusions de
quarante années d’évaluation des programmes d’aide à la bientraitance, ces études aboutissent à des
règles pratiques nécessaires pour une prévention efficace.
Fondements de la neurosciences
Le cerveau est composé de milliards de cellules nerveuses dont les connections sont liées à des
influences génétiques, environnementales et expérimentales.
Ce sont les gènes qui déterminent la création de circuits nerveux ; mais de sont les expériences
vécues par l’enfant qui amèneront le déploiement de ces connections.
Dès les premiers jours une interaction avec des soins d’adultes chaleureux, individualisés et
stimulants amènera un développement supérieur à celui atteint dans un environnement négligé,
abusif. Dans ce dernier cas, il y aura des résultats plus mauvais dans le comportement, la capacité
d’apprendre et la santé de l’enfant.
Les neurosciences ont également illustré et fait comprendre l’importance du stress avec ses effets
bénéfiques et délétères.
Au départ, le stress appelé positif est associé à une brève augmentation du rythme cardiaque, de la
pression sanguine, et à une élévation modérée du cortisol, et des cytotoxines. Important et
nécessaire pour le développement de la santé de l’enfant, le stress positif contribuera à une stabilité
des relations et au développement d’une meilleure maîtrise de soi.
Le second niveau de stress appelé tolérable se rencontrera dans des expériences comme le deuil
d’un être cher, le divorce d’un parent ou le vécu d’un acte de terrorisme ou d’une catastrophe
naturelle. Il peut entraîner des conséquences à long terme comme des stress post traumatiques mais
il sera toléré en présence d’adultes de confiance. Le retour des hormones de stress à un niveau de
base donnera au cerveau l’opportunité de prévenir des effets dommageables.
Le troisième niveau appelé toxique est associé à une réponse forte et prolongée du système de
stress en l’absence du support d’un adulte protecteur. Ces facteurs de stress incluent des abus ou
négligences récidivantes, des dépressions maternelles sévères, de la toxicomanie parentale ou de la
violence familiale. Dans ces circonstances, le niveau élevé des hormones de stress et l’altération des
clefs chimiques du cerveau produisent une situation physiologique qui altère l’architecture et le
développement chimique cérébral.
Cela peut entraîner des difficultés d’apprendre, de mémoriser et à la longue, un plus grand risque de
contracter des maladies physiques et des troubles mentaux comme de la dépression, des troubles de
l’anxiété ou de toxicomanie.
Enfin, les études d’Harvard amènent des conclusions sur 40 années d’étude d’évaluation d’aides
pour améliorer le développement des enfants pendant leurs cinq premières années.
Pour des enfants provenant de familles où l’apport familial est très faible, la participation de centres
éducatifs précoces a montré une amélioration dans les capacités cognitives et le développement
social des enfants à condition que cette aide réponde à certains critères :
1) Les éducateurs doivent être compétents et bien formés.
2) Plus le niveau de stimulation familial est faible plus doit être élevé le contact enfant-adulte.
3) Il faut du matériel stimulant correspondant à l’âge de l’enfant et à utiliser dans un endroit
adapté et sûr.
4) Il faut un environnement langagier riche.
5) Il faut des réponses et des interactions chaleureuses entre le staff et les enfants.
6) Il faut que les enfants participent de manière importante et constante aux activités proposées.
Lors d’un programme d’aide à domicile, celui-ci doit débuter par des visites à domicile à partir du
deuxième trimestre avant la naissance et il doit comporter à peu près 50 visites de la période
prénatale à l’âge de deux ans. En Belgique, en province du Luxembourg, l’équipe anténatale
« Bébé-Accueil » subsidiée par l’ONE depuis 2004 et sous le pouvoir administratif de l’ASBL
ALEM suit ces exigences.
Les conclusions de ces études permettent d’espérer une réelle diminution du phénomène de
maltraitance et de négligence de l’enfant. Combinées à une meilleure connaissance des
manifestations de maltraitance, elles permettent d’avancer efficacement vers une prise en charge
bien traitante de l’enfant.
CONCLUSION
Le but de ce texte n’était par de résumer toutes les connaissances en matière de maltraitance
d’enfants ou d’adolescents.
Nous avons voulu sensibiliser les professionnels non seulement à la nécessité de repérer les signes
de maltraitance mais nous avons aussi voulu les aider à s’investir quand la maltraitance est là.
L’attitude consistant à passer la main, en se désintéressant de la situation, dès qu’on suspecte la
maltraitance n’est pas acceptable.
Mais, il faut encore le rappeler, en cas de doute, il ne faut jamais rester seul, il faut faire appel aux
personnes et structures ayant des connaissances sérieuses dans ce domaine.
Les équipes spécialisées ont besoin du signaleur comme l’enfant maltraité a besoin de lui. Le
signaleur devient en quelque sorte le défenseur de l’enfant sans révéler ce qu’il a dit sinon à des
personnes spécialisées. Celles-ci peuvent, dans la mesure du possible, prendre ou conseiller les
mesures les plus adéquates. Cette façon de faire est efficace et diminue les risques encourus par
l'enfant dans certains cas de révélation de maltraitance.
Il est donc souhaitable qu’une véritable collaboration s’établisse entre l’instance spécialisée choisie
et les signaleurs, avec un minimum de retour de l’information dans des délais raisonnables.
Il est nécessaire de susciter dans chaque école ou autre institution, des réunions pour réfléchir à la
maltraitance des enfants ou adolescents.
Il est important de pouvoir fournir aux étudiant,s dont la fonction future les rendra proche des
enfants et adolescents, des notions précises sur ce problèmes et des pistes d'interventions adaptés à
chacune des futures professions.
Il faut souligner combien la prévention est primordiale pour endiguer la maltraitance, spécialement
celle subie par les petits enfants qu’elle soit latente ou patente.
Nous devons tous faire ce qui est en notre pouvoir pour prévenir ou arrêter la maltraitance
simplement aussi en raison de l’éthique élémentaire qui veut que chacun, dans sa profession doit en
conscience faire ce qu’il y a de mieux dans l’intérêt des personnes qui lui sont confiées.
La maltraitance ne ressemble en rien par exemple à l’enseignement des mathématiques : il s’agit en
effet de faire preuve dans cette dialectique d’un investissement personnel considérable, et d’éviter
d’être impulsif en gardant tout son sang-froid. Cette attitude peut être facilitée par un entraînement
donné par des personnes d’expérience à partie de cas vécus. Les témoignages de personnes
expérimentées sont nécessaires pour garder une sérénité et une efficacité dans l’action, parce qu’il
s’agit de défendre des êtres sans défense heureusement capables de plus de résilience que les
adultes.