MECHTI, LE DERNIER COMBAT
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MECHTI, LE DERNIER COMBAT
MECHTI, LE DERNIER COMBAT 1 MECHTI, LE DERNIER COMBAT Un film de Jean-Claude CHEYSSIAL (52’, France / Maroc, prod : Grand Angle) ACPA [ cinéquadoc ] - 05 56 12 08 87 - [email protected] MECHTI, LE DERNIER COMBAT 2 "Porté par de somptueux portraits de ces anciens floués, le film de Cheyssial est à la fois un superbe hommage et l'exhumation d'un oubli inqualifiable." (Télérama) SYNOSPIS Ce film dresse le portrait de Mohammed Mechti, ancien combattant marocain, engagé à 18 ans dans l’armée française, ayant servi toutes nos guerres depuis 39/45, et qui finit sa vie, ici, à Bordeaux loin des siens. Pour toucher le minimum vieillesse que leur octroie aujourd’hui le gouvernement de la République Française, ces anciens combattants sont obligés de demeurer sur le sol français neuf mois par an, et de ce fait, se retrouvent exilés à vie dans les villes de l’hexagone. Cela fait déjà 40 ans que Mohammed et ses frères d’armes attendent en vain une reconnaissance de l’armée française comme anciens combattants « Français ». Cela fait quarante ans que ces soldats sont « oubliés » par l’administration française. Aujourd’hui, cloîtrés dans des foyers pour quelques centaines d’euros, ces vieillards désœuvrés comptent les jours qui les séparent de leur famille puisque trois mois par an, l’administration française magnanime leur offre le droit de rentrer dans le bled. Là, au cœur de l’Atlas, ils retrouvent leur famille, qui grâce à la pension envoyée chaque mois par le grand-père, a changé de statut social… et lui, s’aperçoit avec amertume que si sa vie n’est pas à Bordeaux, elle n’est plus vraiment ici à Mekhnès : difficile de trouver sa place lorsqu’on ne l’a plus nulle part. Mechti est un homme déraciné, autant au Maroc qu’en France, un homme qui n’a plus qu’un seul but : retrouver la dignité qu’il a perdu il y a quarante ans. En attendant ce jour improbable, Mechti accepte donc l’inéluctable : mourir ici en France, loin de sa terre musulmane, loin de ses enfants pour que ceux-ci puissent mieux vivre…ailleurs. A travers le parcours atypique d’un de ces guerriers berbères de l’Atlas, se dessine l’histoire de notre civilisation et des peuples assujettis à notre cause, à nos valeurs, ces mêmes peuples qui finissent un jour sans aucune reconnaissance de la France et oubliés de tous. Nous vous proposons d’écouter cette mémoire vivante pour peu de temps encore, cette mémoire qui est inscrite dans l’histoire de la France et du Maroc, dans l’histoire des Hommes de l’Atlas. Prix spécial du jury au festival FIGRA du Touquet 2006 Prix du public au Festival d’histoire de Pessac ACPA [ cinéquadoc ] - 05 56 12 08 87 - [email protected] MECHTI, LE DERNIER COMBAT 3 L’HISTOIRE DE MOHAMMED MECHTI / UN DES DERNIER SURVIVANT DES SOLDATS DE L’OUBLI Ce film retrace le parcours d’un homme en quête de dignité. Originaire de Mekhnès, dans le Moyen Atlas, Mohammed Mechti fut enrôlé dans l’armée coloniale française juste avant le deuxième conflit mondial. (7 novembre 1939). Son régiment composait le 4e Groupe de Tabors Marocains. Réfugié dans l’Atlas après la capitulation de la France, il reprend du service après le débarquement américain de 1942 au Maroc et rejoint avec son régiment les Forces Armées Libres en Tunisie et par la suite le cabinet du Général De Gaulle à Alger. D’Oran, il débarque à Naples pour participer à la campagne d’Italie. Il participe activement à la grande bataille de Monté Cassino puis en 1944, c’est la libération de la France, l’Alsace jusqu’à la capitulation allemande en 1945. Ensuite c’est l’Indochine, et il finit avec l’Algérie avant que son régiment ne soit démantelé en 1956 au moment de l’indépendance du Maroc. Il est incorporé dans l’Armée Royale Marocaine jusqu’à sa démobilisation. Il rentre alors chez lui et rejoint la vie rurale des Berbères de l’Atlas où il gère la terre paternelle. La France l’oublie, lui, et tous les autres soldats de cette glorieuse armée d’Afrique qui n’a plus de raison d’être car l’autodétermination des peuples a sonné… Petit à petit le sang versé tombe progressivement dans le sillon de l’oubli. Une pension cristallisée (30 francs/mois) depuis 1956 dans un accord entre les deux pays et quelques souvenirs qu’il ne peut évoquer qu’avec ses frères survivants, voilà ce qu’il lui reste de ce passé glorieux qui l’a enorgueilli …mais Mechti ne désarme pas et attend son heure, car le vieux soldat n’oublie pas la phrase du général De Gaulle avant de partir en Tunisie : « …A partir de maintenant tous les soldats ont les mêmes droits … » Pendant plus de quarante ans, la vie de Mohammed Mechti va se résumer à une vie rurale avec son troupeau au cœur même de l’Atlas. Un jour, des accords bilatéraux entre le gouvernement français et le Roi du Maroc (Charles Pasqua et Hassan II) lui apprennent que s’il ne peut avoir une pension d’ancien combattant digne de ses états de service par la mère patrie française, il peut par contre, grâce à sa carte de séjour, dernière rescapée de son appartenance à l’administration, obtenir le RMI et plus tard le minimum vieillesse de la caisse des dépôts et consignation soit 587€. Alors le vieil homme, poussé par sa famille qui voit là une bonne occasion de changer de niveau de vie, refait une nouvelle fois son sac, obtient son visa et débarque à Bordeaux, ville qui sous le protectorat s’occupait de la coloniale. Comme tous les premiers arrivants, il arrive au foyer Leydet puis au foyer Sonacotra. Le foyer a évolué depuis ces dix dernières années et fait le plein de tous les anciens combattants qui viennent tenter leur chance pour obtenir « quelque chose » de l’administration. Mais le gouvernement français submergé par les demandes de visa des anciens soldats marocains a un peu trop vite oublié que 20 000 hommes tirailleurs et goumiers vivaient dans la misère, oubliés de tous sur le sol marocain. Alors depuis peu, pour juguler le flot des immigrés, la France gèle à Marrakech la délivrance des visas. En 1995, Mechti devient comme tant d’autres à son arrivée à Bordeaux, « un primo arrivant ». Les tracasseries administratives fort complexes n’auront pas raison de son obstination et après deux années d’incertitude d’un parcours du combattant à décourager n’importe quel demandeur d’emploi, il obtient enfin cette fameuse allocation vieillesse qui lui permet de faire vivre les siens au pays… oui mais à condition qu’il demeure neuf mois sur douze sur le territoire français. (carte d’ancien combattant de + de 15 ans d’armée = carte de séjour= RMI= + de 65ans=allocation vieillesse payée par la caisse des dépôts et consignation). Aujourd’hui, Mechti est devenu un homme déraciné, en errance perpétuelle, lié entre deux cultures, deux continents, à la recherche de ce droit qu’on lui a volé et qu’il revendique comme étant sa dignité : être reconnu sur le même pied d’égalité que les anciens combattants français. ACPA [ cinéquadoc ] - 05 56 12 08 87 - [email protected] MECHTI, LE DERNIER COMBAT 4 Le vieux combattant, arpente le trottoir bordelais du Port de la Lune, cherchant à économiser encore et encore pour que là-bas…sa femme et les siens ne manquent de rien. Pourtant, il y a de grandes chances que Mechti meure ici à Bordeaux, loin des siens, dans un foyer Sonacotra, ultime sacrifice d’une vie sacrifiée, et que l’Etat français discrètement referme doucement son dossier…à moins que… Jean-Claude Cheyssial LES PENSIONS DES ANCIENS COMBATTANTS MAROCAINS En 1959, la France gèle et cristallise les pensions des anciens combattants de l’Armée d’Afrique composée de marocains, sénégalais (terme qui s’étend à la population africaine d’Afrique Centrale), tunisiens, harkis etc. Cette cristallisation correspond en général à l’indépendance de nos anciennes colonies, une façon de leur faire payer un peu leur émancipation oubliant un peu trop vite que nous les avions engagés pour libérer la France en leur promettant les mêmes droits que les français. Humiliés, ils sont donc rentrés chez eux et pendant quarante années ils touchèrent la même solde, une misère de l’ordre de 5€ par mois. Et, puis un jour, en 1997 pour les marocains, ils reçurent leur visa pour venir en France, leur carte d’ancien combattant leur donnant droit à une carte de séjour. Cette carte de séjour leur permit de toucher le RMI dans un premier temps et par la suite, le minimum d’allocation vieillesse pour ceux qui ont plus de 65 ans. Mais cette pension vieillesse n’a rien à voir avec leur retraite d’ancien combattant toujours cristallisée ; elle est dû à toute personne (française ou non )qui vit sur le sol français depuis plus de dix ans et qui a plus de 65 ans. La seule condition est de résider neuf mois sur douze en France. C’est pour cela que les anciens combattants touchent un minimum vieillesse… pour compléter une retraite qui leur a été enlevée il y a plus de cinquante ans. Mais cette allocation vieillesse les condamne obligatoirement à un exil sans fin. En 2001, M. DIOP (un ancien combattant sénégalais) a obtenu, par le Conseil d’Etat, la condamnation des lois de cristallisation pour violation du principe de non-discrimination figurant dans la Convention Européenne des Droits de l’Homme (juge de Strasbourg). En 2002, décristallisation partielle des pensions (en fonction du critère de l a parité des pouvoirs d’achat et du lieu de liquidation de la pension). En 2006, la France a été condamnée par la Cour de Justice des Communautés Européennes pour avoir refusé de verser une pension d’invalidité à un ancien combattant marocain souffrant d’une invalidité. La situation actuelle La sortie du film Indigènes avec Djamel Debbouze, en 2006, relayé par les médias et par la palme d’or à Cannes a amené le chef de l’Etat à se positionner immédiatement pour allumer un contre-feu en annonçant une revalorisation des pensions des anciens combattants. Mais la réalité est plus complexe : seule la retraite du combattant a été revalorisée ; elle est passé de 61€ par an pour les marocains à 461€ par an, qui est le taux touché par les anciens combattants français. Pension réévaluée sans aucun effet de rétroactivité ce qui aurait été la moindre des choses (une rétroactivité de dix ans leur aurait fait un petit pécule de 4610€). Par contre les pensions militaires de retraite qui sont les plus importantes car elles concernent les combattants qui ont plus de seize ans d’armée, ce qui est le cas de Mechti, n’ont pas été réévaluées. Quantitativement il y a bien plus de pensions de retraite que de retraite du combattant, c’est pour cela que la réévaluation du Chef de l’Etat est partielle et à minima. En conclusion, ce n’est pas au Chef de l’Etat de changer la loi mais au Parlement et la loi de cristallisation de 1959 n’a toujours pas été abrogée ce qui aurait dû être le premier geste politique et citoyen. La Loi de finance du 21 Dec 2006 propose une revalorisation à la demande des intéressés. Les Anciens combattants de l’Armée d’Afrique (ils sont encore 80 0000) ne sont pas prêt de rentrer chez eux et ils dormiront encore longtemps dans les foyers Sonacotra. ACPA [ cinéquadoc ] - 05 56 12 08 87 - [email protected] MECHTI, LE DERNIER COMBAT 5 FICHE TECHNIQUE Réalisateur : Durée : Support : Lieux : PAD : Jean-Claude CHEYSSIAL 52mn Béta numérique Bordeaux (France) Mekhnès –OUEZZANE (Maroc) Novembre 2005 Coproduction : Production Déléguée : Université Bordeaux 3 / F3 / 2 M Maroc Grand Angle production http://www.grandangle.com Partenaires : Diffuseur : CNC / PROCIREP / FACILD France 3 Aquitaine Distribution en Aquitaine : ACPA [ cinéquadoc ] LE REALISATEUR Jean-Claude Cheyssial est réalisateur, producteur et formateur Après avoir étudié le cinéma et la vidéo, il travaille à l’Archéoptérix de Toulouse aux cotés d'Armand Gatti. Depuis une vingtaine d’années, parallèlement à son travail de réalisateur et de producteur, il participe activement à plusieurs formations universitaires. Depuis 2001, il enseigne les « Métiers de l’Image » à l’Université de Bordeaux3, et depuis 2006, il est chargé de Mission de la cellule audiovisuelle. Bibliographie : 2005 : MECHTI, LE DERNIER COMBAT– documentaire-52’ France (F3- FO) 2004 : LA GUERISSEUSE DE LA FORET – documentaire – 26’- Gabon- (RFO) 2002 : L’ESPRIT DE L’AYAHUASCA –documentaire–52’–Pérou-(RFO –FO ) 2000 : LE PEUPLE DE LA FORÊT- documentaire–50’–Gabon- (RFO/F3-F2.) 1999 : SECRETS DE FEMMES – Documentaire –50’ –Gabon– (RFO/F3-F2/TV5) 1998 : LE SOUFFLE DE LA FORET -Documentaire-50’–Gabon– (RFO/F3-F2) 1997 : LA NUIT DU BWITI - Documentaire-50’–Gabon– (RFO/F3 outremers) http://www.jean-claude-cheyssial.com/pages/indexpag.html ACPA [ cinéquadoc ] - 05 56 12 08 87 - [email protected]