I – Les Essais ou épreuves d`artistes

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I – Les Essais ou épreuves d`artistes
SPECIMENS, EPREUVES, ECHANTILLONS et billets PUBLICITAIRES
Ou la BILLETOPHILIE dans toutes ses déclinaisons
Par Chantal RAVANEL
Depuis ces trente dernières années, la billetophilie a acquis ses lettres de noblesse et sa
place dans la « numismatique ».
Notre pays, à travers les émissions de la Banque de France ou des instituts monétaires
qui ont eu le pouvoir de fabriquer des billets pour ses anciennes colonies (Banque de
l’Indochine, Banque de l’Afrique Occidentale ou Equatoriale, Institut des départements
d’Outre Mer, Caisse Centrale de la France Libre ou de la France d’Outre Mer, est
certainement l’un de ceux qui a émis les billets les plus intéressants et les plus attrayants.
Les billets dits de circulation courante sont, sans nul doute, les plus collectionnés ;
toutefois, un certain nombre de documents généralement situés en amont de ces
coupures traditionnelles présentent un intérêt non négligeable et attirent de plus en plus
d’amateurs.
Il s’agit des essais ou épreuves, des specimen et des fautés.
I – Les
Essais ou épreuves d’artistes :
Souvent réalisés sur un support type papier fiduciaire, ces documents vont de l’ébauche,
du dessin d’origine à l’exemplaire plus élaboré présenté à la Banque et souvent retenu
pour une fabrication en série.
Présentées sur des feuilles de papier à grandes marges ou massicotées, colorisées ou non,
ces épreuves unifaces ou en recto verso peuvent être signées ou non par l’artiste auteur
du projet.
Dans la version la plus élaborée elles peuvent être datées et signées et numérotées en
000 ; elles peuvent parfois comporter en marge des annotations de l’artiste créateur ou
de son atelier.
Et ce qui les différencie des spécimens est l’absence de filigrane et de la mention
SPECIMEN par perforations ou tampon. Toutefois, les nouvelles techniques de
fabrication nous ont fait découvrir des épreuves sur lesquelles figuraient des filigranes.
Pour agrémenter nos propos, nous présentons, en photos 4 épreuves marquant
l’évolution des conceptions techniques utilisées :
N°1 épreuve d’artiste réalisée par Charles WALHAIN (1877-1936).
Peintre et sculpteur, on lui doit des nombreuses œuvres parmi lesquelles les gisants
de la chapelle royale de Dreux.
Il réalisa de nombreux billets tant pour la France que ses colonies.
L’épreuve représente le 5 francs MINERVE qu’il réalisa avec G. DUVAL .
Créé le 1er décembre 1917, il circula du 4 octobre 1918 au 14 septembre 1933.
N° 2 épreuve d’artiste réalisée par Lucien JONAS (1880-1947).
peintre officiel de la Marine, et grand prix de Rome en 1905, il fut le concepteur de
plusieurs billets pour le compte de la Banque de France notamment la gamme des
billets émis entre 1940 et 1949 (10 frs Mineur, 20 francs Pêcheur et 50 francs
Jacques Cœur).
L’épreuve est celle du 50 francs Jacques Cœur, créé le 13 juin 1940 et mis en
circulation entre janvier 1941 et mai 1942.
N° 3 épreuve aboutie du 500 francs pour DJIBOUTI créée d’après une œuvre de
Gustave FRAIPONT, illustrateur et affichiste franco belge réputé (1849-1923),
qui travailla aussi pour les Chemins de Fer et fut nommé peintre de la Marine en
1905.
N° 4 projet épreuve d’artiste par CLEMENT SERVEAU (1886-1972).
Peintre, dessinateur, graveur et illustrateur il fut chargé par la Banque de France
de la réalisation de très nombreux billets dont le 50 francs CERES ayant circulé
entre 1935 et 1937. Il réalisa également de nombreux timbres postes pour la France
et divers pays étrangers.
Nous présentons un projet de billet non émis représentant Diane de Poitiers et
Henri II .
N° 5 épreuve d’artiste par Roger PFUND
Artiste peintre réputé, ayant exposé et exposant toujours dans le Monde entier,
Roger PFUND est le concepteur des billets français dits de la « dernière gamme »
en francs c’est à dire le 50 francs ST EXUPERY, le 100 francs CEZANNE, le 200
francs EIFFEL et le 500 francs CURIE .
L’ensemble de ces billets a été conçu et réalisé par l’artiste qui s’est appuyé sur un
procédé informatique appelé « adagio ».
Ces épreuves sont de plus en plus considérées par les billetophiles comme des pièces
majeures de leur collection dans la mesure ou, depuis l’affaire Luc Olivier Merson dans
les années 30, la Banque de France demande systématiquement aux artistes ayant
participé à l’élaboration de billets pour son compte de lui remettre l’intégralité des
documents originaux sur lesquels ils ont travaillé.
Ces maquettes comme aime à les appeler Claude Fayette sont donc rares et appréciées
tout autant pour leur qualité de documents fiduciaires et monétaires et d’épreuves
d’artistes, la plupart des concepteurs des billets de la BDF ayant ou menant des
carrières d’artistes en parallèle.
2 – Les
spécimens :
Dès que le choix d’un billet est devenu officiel et avant le lancement de la fabrication, il
est procédé à la fabrication de spécimen dont le but est de faire connaître aux divers
instituts d’émission et aux banques étrangères les nouvelles coupures; le spécimen a
donc un rôle « éducatif » et d’exemplaire de comparaison lorsqu’un billet nouveau
paraît douteux.
La Banque de France a fabriqué peu de spécimen pour les billets qu’elle a émis, ce qui
rend ces exemplaires rares. Il en va de même pour les specimens coloniaux bien que
fabriqués en plus grand nombre.
Les spécimens n’ont aucun pouvoir libératoire.
A noter que les mauvaises conditions de conservation de ces billets coloniaux font que
certains d’entre eux ne peuvent qu’être collectionnés en specimen , les coupures de
circulation courante n’étant plus en état d’être collectionnées.
Les spécimens du début du XXème sont numérotés en 0.000. Ils peuvent aussi comporter
une date volontairement erronée (pour ne pas être confondu avec des billets
coursables). (voir la photo présentée).
la mention specimen figure par le biais de perforations de haut en bas ou en biais ou au
tampon rouge ou noir.
N° 6 - (500 francs rose et Bleu)
N° 7 - (5000 francs Terre et Mer)
N° 8 - (1000 francs Phénix),
Les billets plus modernes portent en sus de la mention SPECIMEN au tampon (noir ou
rouge) un numéro imprimé entre 2 et 4 chiffres.
N° 9 - (1000 F Richelieu)
N° 10 - (100 F Cézanne).
3 - Les
billets Fautés :
Ils sont très rares. En effet, les contrôles particulièrement rigoureux que la Banque de
France met en place lors de la fabrication des billets et la destruction systématique des
planches comportant des anomalies, font que peu de ces coupures arrivent jusqu’à nous.
Leur rareté tient dans « l’erreur ou anomalie » constatée que Claude Fayette classe en
trois catégories :
a) bavure d’encre, surimpression, léger décallage d’un chiffre ou d’un
numéro, absence de taille douce.
b) Décallage important de la vignette ou du numérotage, du signe de
sécurité,
Appendice de papier supplémentaire,
Passage de couleur défectueux.
Absence de numérotation totale ou partielle ou du texte de la Banque
de France, ou de la valeur en chiffres et lettres.
c) absence totale de numérotation, de signatures,
numérotage ne correspondant pas aux numéros de l’alphabet ou de
contrôle,
absence de strap ou de signes de sécurité,
filigrane inversé tête bêche ou ne se trouvant pas à sa place,
billet uniface.
Le prix de ces billets est fonction de leur anomalie on peut admettre
qu’il correspond à la cote d’un billet normal multiplié par 2 ou 3 pour
la 1ere catégorie, par 4 ou 5 pour la seconde et par 6 et plus pour la
troisième.
Nous illustrons cette rubrique avec :
N°10 - 200 F Montesquieu et 500 F CURIE présentant des défauts de marge
décallées (pour le Montesquieu) et de découpe de papier (pour le Curie).
N°12 - 50 F St EXUPERY présentant une anomalie de couleur à l’impression.
IV Les billets fantaisie
Souvent utilisés à titre publicitaire ils sont généralement fabriqués à partir de billets déjà
existants comme les :
500 et 1000 F Rose et Bleu émis entre décembre 1888 et décembre 1943 et février 1890 et
octobre 1933 dont nous présentons en N° 13 la version fantaisie.
On les trouve également comme outils pour caricaturistes c’est le cas de la série présentée
sous la rubrique « GUEULES d’ETAT » de MULATIER et RICORD et qui a fait l’objet d’un
ouvrage publié chez GLENOT. N° 14.
En conclusion, l’ensemble des documents évoqués au cours de notre exposé ont tout a fait
leur place dans une collection de billets qu’ils viennent complèter harmonieusement et à
laquelle ils confèrent valeur et cachet .