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texte #2 27 mai 2016 LUCIE DÉGUT 23 970 signes Je ne sais pas si je vais parler de race, de mixité sociale, de mixité ethnographique, de culture, d’identité, de diversité, ou encore d’héritage, d’influence, de métissage, ou justement croiser chacun de ces mots. Je me souviens lors d’un échange avec Dominique Cunin, qu’il fallait que je fasse attention à la façon dont j’emploie le mot « race ». Celui-ci pouvait être péjoratif ou mal vu mais me semblait anodin. J’ai commencé à faire des recherches sur ce mot race. Selon la définition anthropologique du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), la race définit un groupement naturel d’êtres humains, actuels ou fossiles, qui présentent un ensemble de caractères physiques communs héréditaires, indépendamment de leurs langues et nationalités. L’émission « Les nouvelles vagues » sur France Culture, met à l’honneur un mot chaque semaine. Je me suis intéressée à la semaine où l’équipe a travaillé sur le mot « blanc » et précisément la mardi 30 septembre 2014 où le thème traite du concept de « blanchité ». Maxime Cervulle sociologue, invité du jour, commence par rappeler qu’en mai 2013, le mot race est retiré de la Constitution par François Hollande. Ce choix attire la foudre d’un bon nombres de sociologues, dont Nathalie Heinich qui rédige un article comme une sorte de commandement des six naïvetés à propos du mot « race » . « 1. S’insurger contre l’idée qu’existeraient des races humaines sous-entend que c’est leur réalité objective qui serait en question. Or, comme toute représentation, les races sont des conceptions de l’esprit humain consistant à agréger d’une certaine façon les faits observés (couleur de peau ou types de chevelures). Elles existent donc bien, mais seulement à titre de modes de catégorisation - exactement comme les « classes » sociales. Vouloir supprimer le mot pour tuer une chose qui n’existe que dans les esprits, c’est partir à la chasse aux fantômes (ou aux moulins à vent). Première naïveté. c’est-à-dire à des regroupements flous, de l’ordre du « plus ou moins » - de sorte qu’un être humain appartient plus ou moins à tel ou tel type racial (blanc, noir, asiatique, indien…). La notion de catégorie relève plutôt de la logique, alors que celle de type est plus adaptée à la réalité observée. Ceux qui « croient » à l’« existence » réelle de « catégories » raciales regardent aussi peu autour d’eux dans la rue que ceux qui n’y « croient » pas : les uns comme les autres confondent tant le type avec la catégorie que la réalité avec les représentations. Deuxième naïveté. 2. Nier qu’il existerait des catégories « raciales » suppose de considérer que la notion de race renverrait à des regroupements non seulement réels (voir ci-dessus) mais aussi clairement différenciés, avec des frontières discontinues - de sorte qu’un être humain appartiendrait ou n’appartiendrait pas à telle ou telle race. C’est oublier qu’en matière de condition humaine les « catégories » sont rarissimes, alors qu’on a beaucoup plus souvent affaire à des « types », 3. Vouloir supprimer le mot race parce qu’il ne renverrait pas à une réalité génétique, donc à un fait de « nature », n’a de sens qu’en vertu du raisonnement implicite selon lequel tout ce qui est « naturel » serait nécessaire et intangible, alors que tout ce qui est « social » serait arbitraire, donc modifiable. Pour pouvoir modifier un phénomène contraire à nos valeurs, il faudrait donc prouver qu’il est « socialement construit » - et donc, par exemple, que la race n’a aucun fondement génétique, ce qui rendrait cette notion arbitraire et le mot inutile. Classique méprise : en matière humaine, le « social », les institutions, les règles de vie commune, le langage etc., sont des réalités autrement plus contraignantes - ou « nécessaires » - que les réalités présumées « naturelles ». Vouloir dénier tout fondement naturel à la perception des différences raciales (comme, sur un autre plan, des différences sexuées) n’enlève rien à la réalité, ni aux éventuels effets problématiques de ce phénomène social qu’est la perception des différences d’apparence. Troisième naïveté. 4. La dénégation des différences (de race, de sexe ou de catégorie sociale) repose sur un raisonnement implicite : toute différence impliquerait forcément une discrimination. C’est là la classique confusion entre similitude et égalité, qui plombe également une grande part du mouvement féministe actuel, persuadé qu’il faut nier la différence des sexes pour lutter contre les inégalités sexistes. Mais le racisme, contrairement à ce qu’on entend souvent, ne consiste pas à « croire que les hommes sont différents entre eux » : il consiste à croire qu’il existe entre eux des inégalités fondées sur la race. Vouloir remonter de l’inégalité à la différence pour mieux combattre la première est aussi intelligent que d’utiliser un marteau pour venir à bout d’une colonie de mouches dans un magasin de porcelaine. Quatrième naïveté. 5. Les opinions racistes ne sont pas fondées sur des arguments scientifiques, mais sur des affects, comme tout ce qui touche à l’amour et à la haine du prochain. Si ces opinions utilisent à l’occasion le langage de la « preuve » et la caution de la « science », ce n’est qu’à titre de rationalisation et d’argument de persuasion d’une opinion déjà constituée. Les spécialistes de psychosociologie des représentations savent bien qu’il ne sert à rien de combattre des croyances, des affects ou des rapports aux valeurs avec des contre-arguments scientifiques : on ne les combat qu’avec d’autres valeurs et, s’il le faut, avec des lois (qui, en matière de lutte contre le racisme, existent déjà). S’imaginer que la science génétique serait à même d’éradiquer le racisme est tout aussi irréaliste que d’imaginer qu’elle serait à même de le conforter. Cinquième naïveté. 6. Pour lutter contre une chose, il faut disposer de mots adéquats. Pour lutter contre la réalité du racisme, il faut bien pouvoir se considérer comme « antiraciste », stigmatiser les « racistes », et expliquer que quel que soit le degré d’existence ou de non-existence de différences fondées sur des types « raciaux », le comportement moral exige qu’on ne juge et traite les individus qu’en fonction des caractéristiques dont ils sont personnellement responsables, et non en fonction de propriétés avec lesquelles ils sont nés, telles que l’appartenance à un type racial, à un sexe, à une religion ou à un milieu social. Se priver de ces mots, c’est se priver des instruments pour combattre la chose. Sixième naïveté. Arrivés à ce point, la conclusion s’impose : animé des meilleures intentions mais digne des pires régimes totalitaires, ce projet « politiquement correct » de modification autoritaire de la langue est simplement stupide. » Le fait de s’appuyer sur la suppression de ce mot est, entre autre, dans le but d’en éradiquer l’usage parait assez utopique en pratique, donc le mot « race » est supprimé de la Constitution mais que fait-on pour lutter non pas contre le mot mais contre la chose ? Le propos de Colette Guillaumin (également sociologue) en 1981, s’accorde avec celui de Nathalie Heinich, qui affirme « Non, la race n’existe pas. Si, la race existe. Non certes, elle n’est pas ce qu’on dit qu’elle est, mais est néanmoins la plus tangible, réelle, brutale des réalités » nous comprenons donc que son impact à une réalité dans les rapports sociaux. La race est un phénomène de partition sociale, de césure, alors comment y penser sans avoir recours à ce terme ? Maxime Cervulle nous parle du mot « éthnicité » comme substitut. L’éthnicité renvoie à une identité commune, à un langage commun, une culture commune partagée, mais nous pouvons nous demander ce qu’ont en commun les individus racialisés, mise à part l’expérience d’oppression ? Le racisme, le mot « racisme » a deux dimensions : une face culturelle, idéologique, question du langage, structure des réalités et une face matérielle et économique et une inscription du racisme dans les rapports sociaux. Selon Maxime Cervulle, en France nous avons tendance à dissocier les deux aspects. En effet, l’un des points principaux évoqués par plusieurs sociologues s’appuie sur l’absence en France des statistiques éthnoraciales, également appelé « référenciel statistique ». Ces études permettraient de comprendre la composition française en terme d’éthnicité et en terme d’identification raciale, c’est à dire comment nous nous percevons nous même, ou comment nous sommes perçu. Ces statistiques, autorisées aux États-Unis permettent d’observer des faits. Par exemple, nous savons qu’être noir aux États-Unis c’est avoir trois fois plus de risque de vivre sous le seuil de pauvreté. Dans le livre, Mixité sociale, et après ? , coordonné par Eric Charmes et Marie-Hélène Bacqué, tous deux sociologues, est dressée une comparaison entre les villes françaises et américaines pour questionner l’idéal de la « mixité sociale », un mot-valise, au concept flou qui s’impose de plus en plus dans le débat public pour justifier les politiques urbaines actuelles. Cet ouvrage détermine pourquoi l’obsession pour la mixité sociale ne permet pas de bien appréhender les réalités. Nous comprenons que la façon de penser la racialisation des rapports sociaux dans le présent et dans l’histoire est différente en France et aux États-Unis. En France, la question post-coloniale est très importante mais elle n’est pas abordée comme peut l’être l’esclavage aux États-Unis. La dimension racialisée des rapports sociaux est très étudiée par les Américains, mais en France nous en sommes qu’au tout début. Marie-Hélène Bacqué évoque une sorte de complexe français. L’histoire coloniale et postcoloniale reste encore un non-dit. Entre déni dans le but de ne pas stigmatiser une partie de la population et rejet. Selon CRNTL, on entend par la mixité le caractère de ce qui est mixte. Ou encore la réunion de personnes, de collectivités, d’origines, de formations ou de catégories différentes. Qu’est ce qui nous rend différent alors que nous avons tous la même identité ? Certaines déclarations identitaires sont ancrées dans l’actualité comme en témoignent, par exemple, les émeutes dans les banlieues en 2005. Après ces événements, le président Jacques Chirac prend la parole. Voici un extrait de ses commentaires : « C’est dans les mots et les regards, avec le cœur et dans les faits, que se marque le respect auquel chacun a droit. Et je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu’ils sont tous les filles et les fils de la République. Nous ne construirons rien de du- rable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d’où qu’ils viennent, le racisme, l’intolérance, l’injure, l’outrage. Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les dis- criminations. Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n’assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C’est une richesse et c’est une force. » Ce discours montre deux choses contradictoires, la fracture qu’il y a entre la société et la banlieue. On sent le besoin et la volonté du président d’affirmer une identité nationale des filles et fils, donc citoyens de la République, ainsi que leur égalité peu importe leurs origines. Dans l’article des Inrocks « Certaines politiques de mixité sociales ouvrent la voie à la gentrification », Marie-Hélène Bacqué, explique que effectivement aujourd’hui en France, il y a une sorte de crispation identitaire sur le fait d’être Français. Être Français, c’est quoi ? Eric Fassin également sociologue livre à Isabelle Boni‑Claverie dans son documentaire « Trop noire pour être Française ? » que normalement être Français c’est d’abord une question de droit, ce sont d’abord des papiers. Mais il se trouve que de plus en plus on a le sentiment que cela ne suffit pas. Autrement dit, la nationalité ne serait plus véritablement le critère d’appartenance à la nation. Si ce n’est pas la nationalité c’est quoi ? Si on commence à considérer que parmi les Français il y en a de différentes natures on voit bien qu’on retrouve la race. Dans l’article des Inrocks, Didier Lapeyronnie affirme « Oui, il existe un apartheid en France ». Le sociologue, évoque cette crispation : « La population des quartiers, discriminée, marginalisée, est placée symboliquement hors de la société. Les habitants ont l’impression de ne pas appartenir à la même société ». Suite aux attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher en janvier 2015, cette crispation a été exacerbée : quand vous dites « je suis Charlie », vous dites « je suis Français ». Quand vous dites « je ne suis pas Charlie », vous dites « je ne suis pas Français ». Suite aux émeutes de 2005, et par rapport à une politique qui se veut basée sur la diversité, des associations contre les discriminations voient le jour, comme le Cran (Conseil représentatif des associations noires) ou encore les Indigènes de la République. Mais leurs actions sont encore insuffisantes, là où l’on observera une évolution pour la lutte contre les discrimination sera au niveau de l’audiovisuel, c’est à dire la représentation des minorités dans les médias. Combien de personnes métisses, noires ou maghrébines dites « non-blanc » par Maxime Cervulle seront représentées à l’écran ? Ceci suscitera une vérification plus méticuleuse par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour lutter contre les inégalités. En revanche, Rachid Benzine (enseignant, islamologue, politologue) parle d’une obsession des médias français. Par exemple, à propos de Sadiq Khan, nouveau Maire de Londres depuis le 8 mai 2016. Les médias français sont focalisés sur le fait qu’il est de confession musulmane et cela conditionne la façon dont il est perçu, puisqu’à Londres il est surtout quelqu’un qui a réussi. On peut dire que cette convergence accroit la discrimination. Quelles sont les bases qui nous permettent de nous identifier à une société plutôt qu’à une autre ? Sa population ? La reconnaissance ? Est-ce que ce sont des valeurs ancrées dans la conscience collective ? Comment s’identifie-t-on à un individu plutôt qu’à un autre ? Les mesures concrètes du CSA pour pallier les inégalités de l’affichage des « non-blancs » apportent-elles un changement ? Alors je repense à la légère évolution de « non-blanc » à la télévision, ainsi qu’aux propos de Rachid Benzine dans l’émission de France Culture, « Les nouvelles batailles identitaires, islam européen : entre fantasme des origines et sécularisation ». Il nous explique que, pour lui, en France, il n’y a pas de communauté musulmane, car il n’y a pas de télé musulmane, il n’y a pas de journaux musulmans et que c’est certainement la population la plus sécularisée d’Europe dans la mesure où elle ne s’inscrit pas dans une communauté et que le vote musulman n’existe pas. Finalement suite, à ce propos, non communautaire, je m’interroge fautil avoir une télé x, un journal x pour former une communauté ? À partir de quel moment un groupe d’individus est-il reconnu comme une communauté ? Est-ce que le fait de partager une alimentation, une prière, une langue avec un groupe d’individus n’est pas déjà une forme communautaire ? Selon le CNRL, une communauté désigne un ensemble de personnes vivant en collectivité ou formant une association d’ordre politique, économique ou culturel. Est-ce que des émissions à l’image de notre société, mélant des personnes « non-blanches » et blanches pourraient permettre une identification ? Je ne peux pas m’empêcher de faire un parallèle, avec l’aspect communautaire et multiculturel que je connais à la Réunion. Et précisément sur la télé « non-blanche » et « métissée ». Les chaînes réunionnaises axent leur programmation précisément sur des feuilletons quotidiens de type bollywoodien, nom donné à l’industrie du cinéma indien, ou encore des telenovelas, venant des pays hispanophones et lusophones. Il me semble que les différentes communautés présentes sur l’île, y trouvent un certain interêt. Le Journal de l’île publie en 19 mars 2016 : « Les telenovelas séduisent toujours ». Voici les premières phrases de l’article : « Octobre 2001. Tous les soirs de la semaine, à partir de 18 heures, La Réunion s’arrête. Tous les Réunionnais, du moins, une grande partie d’entre eux, s’installent devant RFO (Réunion 1ère) pour un rendez-vous télévisuel qu’ils ne manqueraient pour rien au monde… » Ces feuilletons passent sur des chaînes phares. Il existe trois chaînes locales et plusieurs autres satellites. À l’heure métropolitaine (décalage horaire Réunion-Paris -3 heures. Si les Réunionnais souhaitent voir le 20h de TF1, ils doivent attendre 23h une heure à laquelle bon nombre de Réunionnais dorment déjà), les chaînes comprennent qu’elles tiennent là un excellent moyen de faire de l’audience. Elles réservent une place de choix à ces feuilletons dans leurs grilles de programmation qui plus est avant le journal télévisé local. « On a constaté que la série diffusée avant le JT du midi peut dépasser les 50% de part d’audience », assure Nicolas Delacroix, directeur de l’antenne chez Antenne Réunion. Benjamin Morel, directeur d’antenne chez Réunion 1ère, porte une attention particulière aux thématiques développées afin qu’elles soient « en phase avec nos publics » : « certaines séries marchent mieux que les sagas françaises » ajoute-il. On comprend l’engouement des Réunionnais pour ces feuilletons ; feuilletons qui montrent des personnages métissés, des décors et paysages familiers, des pratiques magico-religieuses proches de celles qui sont pratiquées sur l’île, une bande-son et des chants appréciés qui également traitent de thèmes en résonnance profonde avec le vécu et les attentes des téléspectateurs. Ces séries venues d’ailleurs permettent à la population réunionnaise de trouver le moyen de s’identifier à des personnages qui partagent une culture semblable, des intérêts communs. Est ce que cela bouleverse pour autant la question de leur appartenance à la nation française ? Certaines d’entres elles ne se sentiront pas forcément concernées par un feuilleton de type boolywoodien car elles n’appartiennent pas à cette communauté. Est ce qu’on a besoin de vivre ensemble pour accepter les communautés ? Géraldine Smith dans son livre « Rue Jean-Pierre Timbaud, une vie de famille entre bobos et barbus » dit à propos de la rue Jean-Pierre Timbaud que : « on vit les uns à côté des autres mais pas ensemble, on ne se mélange pas ». Peut-on vivre à côté et faire partie d’une société ? J’ai tendance à penser que cela apporte une richesse à ce qu’ils possèdent déjà. Marie-Hélène Bacqué affirme qu’en France nous avons souvent confondu l’intégration (phase où les éléments d’origines étrangères sont complètement assimilés au sein de la nation tant au point de vue juridique que linguistique et culturel, et forment un seul corps social) et l’assimilation, (l’action de rendre semblable et même identique à quelqu’un ou à quelque chose, soit par intégration complète dans un autre être ou une autre substance, soit par une comparaison procédant d’un acte de jugement ou de volonté). Or ce n’est pas comme cela que ça fonctionne. Il y a une hybridation. Lorsque de nouvelles populations émigrent, elles se transforment mais elles transforment aussi la société qui les accueille. Ayant moi-même regardé quelques épisodes de ces feuilletons avant le journal télévisé, j’essais d’établir une liste des telenovelas diffusé à la Réunion. Je me retrouve vis-à-vis de l’un d’entre eux : Muñeca Brava (Poupée courageuse), je m’aperçois qu’il s’agit d’une telenovela argentine. Muñeca Brava m’évoque quelques souvenir lointain, la sonorité de la prononciation me fait directement penser à une chanson qui a été très populaire aux moments de la diffusion du programme à la Réunion 2004-2005. Rebaptisée Monika Brava, il s’agit d’une chanson réalisé par un chanteur local et populaire de ragga Sergio. La chanson parle de l’héroïne, Muñeca Brava, une belle femme pour qui on oublierait presque le repas du soir sur le feu pour pouvoir la regarder à la télé, entre autre. Intro Hihi Té na inn ti match football, la le frèr Hé il y a un petit match de foot la les mecs Monika Brava Monika Brava Ah tire sa, té met match football Ah enlève ça met le match de foot Non m’ve pa ! Non je veux pas Refrain 1 (x2) Monika o Brava Monika oh Brava Asoir lé ga i larg pa Ce soir les mecs ne lâchent pas 6h25 la soné 6H25 a sonné tout domoun dovan télé tout le monde est devant la télé mi èm atwé, mwin sé Sergio je t’aime, moi c’est Sergio Couplet 1 Refrain 1 (x2) Milagro ou lé bel, Milagro tu es belle, min sera fidèle jus pou ou min sra aboné, je te serais fidèle, juste pour toi je serais abonné, kolé devan télé Milagro, Mili, Monika Brava, bravo scotché devant la télé Milagro, Mili, Monika Brava, bravo mèm si kari i san brilé, même si le « carry » sent le brûler, mi boujra pa dou sèt mi lé, je ne bougerais pas d’où je suis installé, kom m’a la fini di atwé Mili, comme je t’ai déjà dit Mili, Couplet 2 (x2) Min la pou gard football, Je suis entrain de regarde le foot, dann kanapé m’a pou apréssié, dans le canapé je suis bien installé, fanm-la la débarké, i sa fé shié anpluss manjé p’ankor paré ma femme a débarqué, elle va me faire chier, en plus le repas n’est pas encore prêt. Refrain 2 Oh-la Milagro mon kari la-pou bri- lé Oh la Milagro mon carry est en train de brûler Oh-la Milagro mi sortra pa dvan télé Oh la Milagro je ne sortirais pas de devant la télé Couplet 3 (x2) Milagro i èm Ivo mé ou voi pa ke li la pou fé tourn out tèt, Milagro elle aime Ivo, mais elle ne voit pas qu’il est en train de la prendre pour une idiote mintnan i fo ou arèt ou lé mon konkèt, maintenant il faut que tu arrêtes, tu es ma conquête, la ou la-pou kass mon tèt et là tu es en train de me rendre fou. Refrain 1 (x2) Couplet 3 (x2) Refrain 1 (x2) Couplet 1 Refrain 1 (x2) Couplet 2 Après avoir lu le mémoire d’Esther Folleas et relever le terme « acculturation », j’ai l’impression de me trouver à cet endroit entre acculturation et intégration, où l’on croise une telenovela d’Argentine et la musique, la langue réunionnaise. Comment l’influence de plusieurs pays a toujours été présente sur l’île ? Ce schéma à l’air d’évoluer et de façon je dirais innocente. Peut-être même connecté. Le philosophe réunionnais Jean-Claude Carpanin Marimoutou parle dans une conférence sur « une identité culturelle plurielle » de l’interaction des mondes, l’imaginaire des mondes, la transformation violente et apaisée des mondes. Éliane Wolff, ethnologue, nous parle de la plateforme des « Réunionnais du monde » qui met en connexion justement la diaspora réunionnaise, comme un vecteur pour revendiquer sa réussite. La réussite qui pour Rachid Benzine a du mal à être mesurée en France dans sa dimension physique, il nous dit que nous savons mesurer l’échec car nous disposons d’outils pour mesurer cette invisibilité de l’immigration. La « plateforme réunionnais du monde » est-elle l’amorce d’un outil qui pourrait permettre de mesurer cette invibilité à une échelle nationale ? Éliane Wolff, spécialiste en usages et pratiques, famille, pratiques juvéniles des médias, flux, migration, e-diasporas, territoires, localité, nous prouve que nous disposons des mêmes outils, et que la nouvelle technologie nous permet justement ces croisements. Qu’est ce qu’on va apporter pour enrichir notre culture? Je me rends compte qu’à cet endroit, j’ai sûrement mis le doigt sur un phénomène précis, qui me fascine : l’influence, l’héritage et le croisement d’expériences, de connaissances. En Argentine, où je suis depuis quelques mois mon but premier était de m’imprégner/d’observer une culture, une langue, des us et coutumes avec lesquels il m’arrive de faire quelques rapprochements naïfs avec mon expérience culturelle réunionnaise ou métropolitaine. Et finalement essayer de savoir, moi, ce que je vais pouvoir en rapporter et essayer de le transmettre à ceux qui ne seront pas venu ? ARTICLES LIVRES La blanchité comme mensonge socialement partagé, comme œillères cousues de fil d’or , par Didier Epsztajn. Publié le 28 octobre 2013 Maxime Cervulle, Dans le blanc des yeux : diversité, racisme et médias, Paris, édition Amsterdam, 2013. www.entreleslignesentrelesmots.wordpress. com/2013/10/28/la-blanchite-comme-mensongesocialement-partage-comme-oeilleres-cousues-de-fildor/ Certaines politiques de mixité sociale ouvrent la voie à la gentrification , par Hélène Gully. Publié le 24 avril 2016 www.lesinrocks.com/2016/04/24/actualite/certainespolitiques-de-mixite-sociale-ouvrent-voie-agentrification-11821846/ Didier Lapeyronnie : « Oui, il existe un apartheid en France » par Mathilde Carton. Publié le 23 janvier 2015 www.lesinrocks.com/2015/01/23/actualite/didierlapeyronnie-oui-il-existe-un-apartheid-enfrance-11549751/ Six naïvetés à propos du mot « race » par Nathalie Heinich (sociologue au CNRS) Publié le 25 juillet 2013 www.sociologie974.wordpress.com/2015/01/06/sixnaivetes-a-propos-du-mot-race-nathalie-heinich/ www.liberation.fr/societe/2013/07/25/six-naivetes-apropos-du-mot-race_920835 Les Réunionnais et les telenovelas - Extrait du magazine MédiaMorphoses De Marimar à Rosalinda péi, l’expérience réunionnaise article paru dans la revue MédiaMorphoses « Les raisons d’aimer les séries télé », numéro Spécial de janvier 2007 Publié en avril 2009 www.reunionnaisdumonde.com/spip.php?article1231 Les telenovelas séduisent toujours par Clicanoo Publié le 19 mars 2016 www.clicanoo.re/?page=archive.consulter&id_ article=515345 DOCUMENTAIRE Trop noire pour être française ? réalisé par Isabelle Boni‑Claverie, 2013 Éric Charmes et Marie-Hélène Bacqué, Mixité sociale, et après ?, Paris, édition PUF, 2016 ÉMISSIONS RADIO Les nouvelles batailles identitaires (2/4) « Islam européen : entre fantasme des origines et sécularisation » par Florian Delorme. France Culture - 10.05.2016 www.franceculture.fr/player/exportreecouter?content=34b4018e-adde-4b21-850193933e389937 www.franceculture.fr/emissions/culturesmonde/ culturesmonde-mardi-10-mai-2016 Les nouvelles vagues « Le blanc (2/5) : Le concept de blanchité » par Marie Richeux. France Culture - 30.09.2014 www.franceculture.fr/player/exportreecouter?content=438c9bef-4861-11e4-ab8d782bcb73ed47 www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-vagues/ le-blanc-25-le-concept-de-blanchite Dimanche, et après ? « Mixité sociale, constat d’échec, et après ? » par Olivia Gesbert. France Culture - 08.02.2015 www.franceculture.fr/player/exportreecouter?content=8994f176-ae21-11e4-adec005056a87c89 www.franceculture.fr/emissions/dimanche-et-apres/ mixite-sociale-constat-dechec-et-apres CONFÉRENCES Réunionnais-es du monde, Réunionnais-es dans le monde : Éliane Wolff at TEDxRéunion Ajoutée le 7 janv. 2013 www.youtube.com/watch?v=YPdxzD7Abds Une identité culturelle plurielle : Jean-Claude Carpanin Marimoutou at TEDxRéunion Ajoutée le 5 janv. 2013 www.youtube.com/watch?v=SITseAABdhY bibliographie