Dossier pédagogique - Ferme de la Chapelle
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Dossier pédagogique - Ferme de la Chapelle
Stéphane Montavon Pile ou faces Exposition du 3 mars au 1er avril 2010 à la galerie La Ferme de la Chapelle Dossier pédagogique 1. Quelques mots sur l’artiste Stéphane Montavon est né à Bâle en 1960. Il a passé une partie de sa vie à Moutier, dans le Jura bernois, et s’est diplômé en 1988 à l’Ecole supérieure d’Art visuel de Genève, c’està-dire aux beaux-arts, en peinture. Depuis ce moment, il a exposé régulièrement dans divers lieux. Il a aussi obtenu des bourses pour séjourner à l’étranger, à Paris et à New-York. Comme beaucoup d’artistes, Stéphane Montavon ne se souvient plus depuis quand il dessine, car cela remonte à l’enfance. Il a été d’abord attiré par la bande dessinée, mais c’est vers la peinture qu’il se tourne pour finir. L’art de la BD est quand même très présent dans son travail de peintre aussi. 2. La technique Montavon utilise deux support différents. Le premier est le papier calque, celui sur lequel les architectes dessinent les plans des maisons. Comme ce papier est translucide, cela lui permet de dessiner des deux côtés de la feuille, de créer ainsi des transparences différentes et de modifier les couleurs rien qu’en retournant la feuille. Et pourtant, à la fin d’un dessin, un seul côté sera exposé. Il y a donc bien un endroit et un envers. La deuxième technique, est la peinture acrylique sur toile. Contrairement au papier, la toile n’est pas transparente. Les surfaces sont opaques et se superposent les unes aux autres. Les effets de transparence avec cette technique sont possible en laissant des espaces vides entre une couche et l’autre. 3. La thématique principale La figure humaine est au centre du travail de Stéphane Montavon depuis vingt ans déjà. Elle constitue la forme première qui construit chacun de ses dessins ou tableaux. Il ne s’agit pourtant pas de portraits déterminés et reconnaissables. Au contraire, l’artiste s’amuse à reproduire des visages indentiques, comme des clones les uns des autres. Ils sont ainsi assimilables à des stéréotypes ou encore à une représentation métaphorique de l’humanité. 4. Les personnages Il y a trois sortes de personnages principalement dans les œuvres de Montavon. L’homme La femme Le diablotin Comme dans la bande dessinée, les personnages sont soit dessiné au trait, soit en taches de couleur qui suggèrent schématiquement les volumes. Soit encore comme des silhouettes en clair-obscur. Les expressions des visages se répètent. Certains visages semblent inexpressifs, la bouche fermée, les yeux clos. D’autres esquissent des sourires, les yeux équarquillés. Il y a aussi des visages carrément grimaçants qui font presque peur. La multitude des personnages qui peuplent les œuvres de Montavon, donne un rythme particulier. Le spectateur se trouve soit devant un alignement parfaitement symétrique de visages, auquel cas, le visiteur va passer de l’un à l’autre de manière cadensée et régulière. Mais lorsque la foule des personnages devient cahotique, on se retrouve carrément piégé par l’artiste, car le regard n’arrive pas à s’arrêter et est promené dans tous les sens. Alignement Foule cahotique 4. L’importance des regards Dans un visage, les yeux sont l’élément le plus important. Il fait le lien entre le tableau et le spectateur. Les regards dans les œuvres de Montavon peuvent être franchement tournés vers le specateur, ou bien vers ailleurs, ou encore dans voilés par les paupière fermées ou par un élément géométrique. Dans certains tableaux, les regards sont dans l’ombre. On ne sait donc pas s’ils sont actifs ou pas. Mais même dans cette absence des yeux noyés dans l’ombre, on se sent observé. Dans les foules grouillantes de personnages, le spectateur va automatiquement suivre les regards qui se répondent entre eux. C’est eux qui donnent un fil conducteur de lecture possible. Yeux fermés yeux masqués yeux dans l’ombre Ce tableau est particulièrement hypnotique, car les yeux sont mis en évidence et semblent flotter dans le vide. De plus, leur dimension décroît vers le haut du tableau, comme si l’artiste voulait nous entraîner à leur suite. 5. La représentation de l’espace Montavon n’utilise pas la perspective traditionnelle pour représenter l’espace, c’est-à-dire qu’il n’utilise pas les points de fuite comme dans le dessin académique. L’espace est suggéré par la superposition des plans, par l’imbrication des personnages les uns dans les autres, ou encore par les contrastes de couleur ou la suggestion des volumes. Commençons par la superposition des plans. C’est encore plus visible dans les dessins sur papier calque, car, en dessinant aussi à l’envers du papier, c’est comme si les dessins faits sur le verso étaient plus éloignés que ceux sur le verso. Et physiquement ils le sont puisqu’ils sont séparés entre eux par l’épaisseur du papier. Notons que la représentation de l’espace par superposition de plans papiers a été utilisée pour la première fois dans les collages cubistes de Braque ou de Picasso. Lorsque les personnages semblent remplir un visage plus grand, on a l’impression d’avoir le système des poupées gigogne russes, où les plus grands s’ouvrent sur des plus petites etc. L’espace ici est donc donné par une diminution progressive des formes et par leur position, les plus petites dans les plus grandes. La couleur peut aussi servir dans la représentation de la profondeur. Par un effet d’optique, certaines couleurs semblent s’avancer, comme le rouge, par exemple, tandis que d’autres semblent s’enfoncer dans le tableau, comme le bleu. Enfin, dans le cas de visages monumentaux, la représentation de l’espace se limite à la représentation des volumes. Ceux-ci semblent flotter sur une surface plane. Superposition des plans Le rouge s’avance et le bleu recule. personnages gigogne représentation des volumes 6. Les nivaux de lecture a. Un accès facile Au premier regard, les tableaux et dessins de Montavon semblent facile d’accès et inoffensifs. Les formes sont simples, les couleurs chatoyantes et très vives attirent le spectateur. Mais dès qu’on y pénètre, il est difficile d’en sortir, tant la richesse des détails et des plans superposés est grande. Un peu comme dans les illusions d’optique, l’œil perçoit d’abord un détail plus évident, puis découvre progressivement la complexité. b. Signification et interprétation Si les tableaux ont évidemment un sens pour l’artiste, ce dernier ne veux pas nécessairement le dévoiler. Il ne donne donc pas de titres à ses œuvres. C’est au spectateur de s’approprier des formes, couleurs et compositions pour y mettre son interprétation. Par exemple, on peut voir, dans la répétition des visages schématiques, toujours les mêmes, des masques qui correspondent au visage neutre que nous offrons au monde. Puis, à l’intérieur de chaque visage, la multitude de petits personnages pourraient correspondre à l’univers que nous portons chacun en nous. c. Les représentations de l’être humain Comme on l’a dit, la figure humaine est représentée de différentes manières et suscite des interprétations diverses. Les femmes, par exemple, présentent toujours des visages calmes, sereins, d’une grande harmonie. On pourrait y voir un hommage au symbole féminin. L’homme possède souvent un aspect monolithique, comme les grandes statues de dieux incas, par exemple. On y retrouve alors la représentation de la force, de la puissance, de sa transcendance aussi. Et puis, il y a les diablotins. L’artiste vous dira qu’ils viennent de l’enfer… on peut aussi y voir, lorsqu’ils sourient, l’interprétation de notre côté enfantin qui refuse les règles et les lois, qui a envie de transgressions, de rires, de plaisenteries. Mais quand ils deviennent grimaçants, ils ressemblent à toutes nos peurs et angoisses, aux menaces qui planent sur nos têtes. d. La musique La musique est présente dans les œuvres de Montavon. Déjà quand on regarde l’ensemble de l’exposition, les couleurs d’un tableau à l’autre sont comme les notes d’une partition. Puis, chaque tableau est une partition en soi. Les couleurs donnent la hauteur et la qualité des notes, tandis que les formes qui se répètent proposent un rythme particulier. e. Entre l’ordre et le chaos On s’en aperçoit après les avoir observées pendant un certain temps, les œuvres de Montavon sont puissantes. Cette puissance leur vient de la tension qui existe entre la liberté et la vivacité avec laquelle l’artiste s’exprime, et la parfaite maîtrise des couleurs, de la technique, de la composition. C’est pour cette raison aussi que, même si la première impression peut être celle de la menace, celle-ci s’estompe, car on sent une structure parfaitement stable qui retient toute cette énergie prête à exploser. 6. Les questions pour entrer dans les œuvres a. La première impression Que ressent-on au premier regard ? Quelle est la technique utilisée ? Les couleurs : énumérer. b. L’analyse du tableu Qu’est-ce qui est représenté ? Quels genre de personnages sont représentés ? Que font-ils ? Où se trouvent-ils ? Est-ce qu’on peut reconnaître des lieux ? Est-ce qu’il y a des objets autres que les personnages ? A quel genre de dessin cela fait-il penser ? Est-ce qu’on arriverait à raconter une histoire à partir de ces tableaux ?