océan indien - Département d`information et de communication
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197 Plusieurs îles ou archipels du sud-ouest de l’océan Indien font partie de la Francophonie. Les Comores, indépendantes depuis 1975, sont passées de république fédérale à Union ( 2001 ). Elles furent protectorat ( 1886 ), puis territoire français d’outre-mer ( 1946 ). L’arabe et le français sont les langues officielles. On y parle surtout le comorien ( d’origine arabe et bantoue ) et le swahili. Certains parlent le kibushi ( d’origine malgache ). Mayotte, île séparée des Comores par le référendum de 1974, est passée du statut de collectivité territoriale française à celui de collectivité départementale française en juillet 2000. Le français y est la langue officielle et on y retrouve les composantes linguistiques de l’archipel comorien. Madagascar a proclamé son indépendance en 1960. Ancien protectorat français ( 1885 ), elle fut annexée par la France comme colonie en 1896. Les langues officielles sont le malgache et le français. D’origine malayo-polynésienne, le malgache, langue maternelle de la population, présente une grande unité linguistique à travers le pays, malgré ses variantes dialectales. Maurice, hôte du Ve Sommet de la Francophonie en 1993, est un pays indépendant depuis 1968, après avoir été possession française ( 1715 ), puis anglaise ( 1810 ). L’anglais est la langue officielle de l’Assemblée législative, du système judiciaire et de l’enseignement. Le français, très présent, tient un rôle semi-officiel. Le créole est largement employé par la population. On y parle également les langues indiennes ( hindi, bohjpouri, tamoul, ourdou, etc. ) et chinoises. La Réunion, possession française depuis 1649, est un département français d’outre-mer depuis 1946. Le créole est le moyen de communication naturel de la population. Des langues indiennes ou chinoises ( cantonais ) sont parlées par un certain nombre de familles. Les Seychelles forment un État indépendant depuis 1976. Elles furent tour à tour possession française ( 1756 ) et anglaise ( 1811 ). Le créole, l’anglais et le français constituent le trilinguisme officiel, mais le créole demeure la langue naturelle, tandis que l’anglais y est davantage parlé que le français. L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 OCÉAN INDIEN 198 OCÉAN INDIEN COMORES Politique : Mahmoud IBRAHIME Docteur en histoire, Université Paris 7 [email protected] Économie et culture : Abdou Nassim MOHAMED Coordonnateur des Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) d’Anjouan [email protected] L’année 2008 a été marquée par l’intervention de l’Armée nationale de développement (AND) à Anjouan pour mettre fin à une rébellion en place depuis juin 2007. L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 POLITIQUE Confronté aux menaces des milices du candidat Mohamed Bacar, le président de l’Union des Comores, Mohamed Sambi décide, début juin 2007, d’annuler l’organisation des élections présidentielles prévue dans l’île d’Anjouan. Le colonel Bacar, président sortant, les maintient, même après le retrait des autres candidats. Il est désigné élu avec 73 % des suffrages dès le premier tour et il est investi le 14 juin 2007. Le gouvernement demande l’aide de l’Union africaine (UA) pour déloger le rebelle. Dans une réunion au Cap le 19 juin 2007, l’UA décide d’envoyer à Anjouan une délégation dirigée par Dlamini Zuma, ministre sud-africaine des Affaires étrangères. Elle arrive le 24 juin, s’entretient avec M. Bacar et quitte l’archipel sans faire de commentaires, alors que M. Bacar explique qu’il a été bien compris et qu’il n’y aura pas d’intervention militaire. En effet, la délégation de l’UA est moins ferme que lors de la réunion du 19 juin. Le président Sambi, contraint par ses homologues africains, accepte de négocier avec M. Bacar. Pourtant, pendant les discussions en Afrique du Sud, ce dernier affirme qu’il n’y aura pas d’autres élections à Anjouan. Le 13 août 2007, l’UA décide de prolonger la mission militaire présente aux Comores jusqu’à la fin de l’année et demande de privilégier la diplomatie. Toutefois, le 10 octobre, face à l’intransigeance des rebelles, le CSP gèle pendant 45 jours leurs avoirs et ceux de leurs soutiens. De plus, ils ne peuvent sortir de l’île sous peine d’être arrêtés et transférés à Moroni. Mais, après les 45 jours, l’UA décide, fin novembre, de reconduire les mêmes mesures pour 60 jours supplémentaires. Le 21 janvier 2008, le CSP accorde encore un délai de 30 jours à M. Bacar. Ces tergiversations gênent les dirigeants comoriens, d’autant que la répression contre les opposants s’accentue à Anjouan. Lors de ses vœux de l’Ide, le Président Sambi annonce qu’il a demandé à l’armée de se préparer à aller libérer Anjouan. Dans le même temps, l’Afrique du Sud adresse à M. Bacar une seconde invitation pour des pourparlers intercomoriens. Puis, le 22 janvier, une délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se rend à Anjouan pour tenter d’obtenir de Mohamed Bacar une issue pacifique à la crise, en vain. Tandis que les militaires comoriens s’installent à Mohéli, plus proche d’Anjouan, à partir du 7 février 2008, le CPS décide, le 19 février, d’accorder encore un délai de deux mois à la rébellion. Mais le jour suivant, la Tanzanie qui a pris la présidence de l’UA se montre plus menaçante en apportant son soutien à une intervention militaire de l’AND. Dès lors, le soutien de l’UA se concrétise : des soldats tanzaniens et soudanais arrivent à Moroni, transportés par des avions militaires français. La Libye apporte un soutien logistique. Le 25 mars, l’armée comorienne appuyée par des soldats soudanais et tanzaniens entre dans Anjouan et dès le 26 mars s’empare du palais présidentiel. Mais M. Bacar et une vingtaine de soldats réussissent à fuir à bord d’une vedette venue de Mayotte où ils demandent l’asile politique. Dès le lendemain, de nombreux jeunes se regroupent devant l’Ambassade de France à Moroni, et des Anjouanais manifestent violemment à Mayotte. Les autorités françaises doivent transférer d’urgence M. Bacar et ses compagnons vers la Réunion. Les manifestations se poursuivent le lendemain à Moroni avec des slogans hostiles à la France et à son ambassadeur. Un drapeau tricolore est brûlé. À Mayotte, les manifestants s’en prennent à tous les métropolitains rencontrés dans les rues pendant plusieurs heures. La colère des Comoriens est perceptible également à la Réunion et en France métropolitaine où de nombreuses manifestations sont organisées à Paris, à Marseille et Lyon par les associations pour dénoncer l’ingérence de la France dans les affaires comoriennes. COMORES ÉCONOMIE La pauvreté des Comores s’affirme par le tissu faible d’une économie souffrant de tous les maux (instabilité politique, mauvaise gestion des ressources de l’État, endettement considérable, etc.). Les promesses du président Sambi lors de la campagne électorale et plusieurs actions menées par les autorités des Comores depuis juillet 2007 semblent prometteuses et si tout va bien les Comores pourraient assister à un départ économique positif. La conférence des donateurs des Comores tenue à Paris à l’initiative de Nicolas Sarkozy s’est penchée sur le problème de la dette des Comores, et la Banque africaine de développement (BAD) a décidé d’éponger 69 % de la dette des Comores, qui s’élevait à 28 millions de dollars. Plusieurs participants ont accepté d’appuyer les Comores sur le paiement de sa dette, notamment la France, qui a pris en charge le remboursement à la BAD de 2 millions de dollars, soit 31 % de la dette contractée. Le remboursement de ces dettes permettra aux Comores de se relancer économiquement avec l’aide des pays amis. La Libye vient d’accorder 1 894 m3 de bitume à l’État comorien, une cargaison livrée à la fin de l’année 2007 et qui pourra goudronner 150 km de route, à en croire les techniciens des travaux publics, un don qui apportera une importante contribution au processus de développement économique des Comores. Le système instauré pour honorer les salaires qui absorbent 60 % des dépenses primaires ordonnées pour un total de près de 13,5 milliards KMF a été abandonné, le programme Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la croissance (FRPC) tant rêvé s’éloigne. Au moins, le déblocage de la crise politique susceptible de remettre les compteurs à zéro pourrait donner une chance aux Comores de préserver une économie qui nécessite toutes les formes de protection. En 2006, la détérioration de la balance commerciale, une hausse des importations et une baisse de la valeur des exportations ont entraîné un déficit commercial de 41,3 milliards KMF, d’où un mauvais résultat pour l’année 2007 selon les services douaniers. En février 2008, un accord-cadre de coopération pour renforcer les investissements koweïtiens aux Comores a été signé entre les autorités comoriennes et le Dr Cheikh Mohammad Sabah Al Salem Al Sabah, ministre des Affaires étrangères de Koweït. Un accord qui vise plusieurs domaines stimulateurs de l’économie, dont le tourisme qui reste un secteur clé. Dans la foulée, la Banque islamique de développement vient d’envoyer une mission d’évaluation des projets à Moroni en vue d’orienter les Comores vers une économie stable en appuyant des secteurs promoteurs. COMORES GÉOGRAPHIE t -BSDIJQFMEFT$PNPSFTFTUDPNQPT±EFRVBUSF¬MFTQSJODJQBMFT /HB[JEKB(SBOEF$PNPSF .BPSF .BZPUUF /E[VBOJ"OKPVBO FU .XBMJ.PI±MJ t %BOTMB(SBOEF$PNPSFMF,BSUIBMB WPMDBOFODPSFFOBDUJWJU±QPTT²EFMF QMVTHSBOEDSBU²SFEVNPOEF HISTOIRE t 1SPUFDUPSBUGSBO³BJTTVSUSPJT ¬MFT t -FTRVBUSF¬MFTEFWJFOOFOUVOF TFVMFDPMPOJFGSBO³BJTF t %±QVU±BVQBSMFNFOUGSBO³BJT UFSSJUPJSFE0VUSFNFS t "VUPOPNJFJOUFSOFQPVSMBSDIJQFM t "DDPSETEVKVJOQS±WPZBOU MJOE±QFOEBODFEFTRVBUSF¬MFT t *OE±QFOEBODFVOJMBU±SBMF KVJM $PVQEÎUBUBP U "INFE "CEBMMBIFTUDIBTT±EVQPVWPJS %±CVUEFMB3±WPMVUJPONFO±FQBS "MJ4PJMJIJ"ENJTTJPOEFT$PNPSFT RVBUSF¬MFT ¹M0/6OPW t $PVQEÎUBUEJSJH±QBSMFNFSDFOBJSFGSBO³BJT#PC%FOBSE3FUPVS E"CEBMMBIBTTBTTJOBUEVQS±TJEFOU "MJ4PJMJIJNBJ t "TTBTTJOBUEVQS±TJEFOU"INFE "CEBMMBIMPSTEVOFEJTDVTTJPOBWFD #PC%FOBSE t ÎMFDUJPOEVQS±TJEFOU4BJE .PIBNFE%KPIBSFUJOTUBVSBUJPOEF MBE±NPDSBUJF t %KPIBSSFOWFST±QBS#PC%FOBSE FUFYJM±EFGPSDF¹-B3±VOJPO t %KPIBSFTUBVUPSJT±¹SFOUSFS BVY$PNPSFTÎMFDUJPOEVQS±TJEFOU .PIBNFE5BLJ t %±CVUEFT±W±OFNFOUTT±QBSBUJTUFTEBOTM¬MFE"OKPVBO t %±D²TEVQS±TJEFOU5BLJ5BEKJEEJOF#FO.TTPVOEEFWJFOUQS±TJEFOU QBSJOU±SJN t $PVQEÎUBUEVDPMPOFM"TTPVNBOJ4VTQFOTJPOEFMB$POTUJUVUJPO t /PVWFMMF$POTUJUVUJPODS±BOU M6OJPOEFT$PNPSFTOPVWFBVESBQFBV t $POTUJUVUJPOTEBOTDIBDVOFEFT USPJT¬MFTFU±MFDUJPOEVQS±TJEFOU "TTPVNBOJ t 1SFNJ²SFT±MFDUJPOTM±HJTMBUJWFTEFM6OJPOEFT$PNPSFTBWSJM 4BJE%IPJmS#PVOPV±MVQS±TJEFOUEF M"TTFNCM±FG±E±SBMF L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 Mohamed Bacar et la plupart de ses compagnons n’ont pas obtenu d’asile politique en France, mais la justice a interdit qu’ils soient extradés aux Comores. Ils demeurent donc à la Réunion en attendant qu’on leur trouve un pays pour les accueillir. À Anjouan, un nouveau chef de l’exécutif a été élu, un proche du Président de l’Union. 199 L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 200 OCÉAN INDIEN L’incendie du bateau « Taurus » a porté un coup dur à l’économie des Comores, un accident qui a fait brûler 60 000 litres de gazole destinés à l’île de Mohéli. La Banque de développement des Comores (BDC) vient de se doter de nouvelles techniques de fonctionnement et dispose de son propre logo et compte proposer à sa clientèle une nouvelle gamme de services. À cet effet, l’Agence française de développement (AFD) a octroyé une ligne de financement à la BDC : deux conventions de 1 million et 1,2 million d’euros ont été signées pour appuyer la Banque en vue de promouvoir des opérateurs économiques. Le président Sambi se déclare soucieux de voir les Comores se développer dans une économie stable et moins dépendante. Dans la soirée du 20 avril 2008 à Mutsamudu, il a déclaré avoir entrepris ses premières démarches pour obtenir le financement du projet de raccordement au barrage hydro-électrique mozambicain. Le coût de l’énergie reste très cher dans le pays avec près de 124 KMF le kWh, le projet pourrait sortir le pays d’une crise énergétique et contribuer à une croissance économique après réduction du coût du kilowattheure. « La morphologie même de notre système économique appuyée par les transferts financiers de la diaspora et notre appartenance à la zone Euro, devait être remise en cause, pour porter notre attention sur une production vivrière capable de satisfaire les besoins locaux, et plus tard à devenir une production à vocation exportatrice », a déclaré un économiste du ministère de l’Économie. La crise alimentaire mondiale n’a pas épargné les Comores. Avec, comme céréale principale le riz, les Comores font face à un prix du kilogramme de riz qui a presque doublé. En réalité, aucune mesure officielle n’aurait été engagée par l’État pour affronter cette crise dans un pays où l’on consomme à plus de 70 % des produits importés. Ce qui est notoire, plusieurs produits ont connu une hausse significative des prix et les syndicats des travailleurs ont commencé à crier, car les salaires aussi maigres soient-ils sont restés les mêmes. Un programme pour la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la sécurité alimentaire signé depuis juillet 2007 se porte bien dans le pays. Son coût global de 2 826,1 millions de KMF financé à hauteur de 64,9 % par le FIDA, 17 % par le FEM, 4,8 % par le gouvernement, 14,5 % par la diaspora/bénéficiaires et 2 % par les MECK est une bouffée d’oxygène dans la première mission du programme consistant à promouvoir le développement durable humain en association avec les ONG nationales. La société d’État Comores Telecom se porte à merveille selon son directeur général, Mr Charikane Bouchrane, qui affirme que chaque mois il verse 95 millions KMF à l’État pour appuyer l’économie, un versement revu en hausse depuis février 2008, car il passe à 200 millions KMF. Selon lui, en 2007 Comores Telecom a réalisé un chiffre d’affaires de 14 milliards KMF et estime une hausse significative à 16 milliards KMF en 2008. En matière de transport, selon les autorités comoriennes, le manque d’une compagnie nationale aérienne handicape le développement économique d’un pays en quête d’une économie stable. En effet, un projet de création d’une compagnie nationale de transports aériens pourrait se concrétiser après la signature d’un mémorandum avec des promoteurs arabes intéressés par un marché des transports non exploité aux Comores. La partie comorienne est tenue d’apporter 2 millions de dollars et les promoteurs arabes apporteront leur professionnalisme et l’expertise nécessaire en injectant 5 à 7 millions de dollars en vue de concrétiser ce projet qui tient à cœur au chef de l’État. Inaugurée officiellement en juin 2008 après des mois de fonctionnement, Exim Bank a ouvert ses horizons à Moroni et c’est elle qui a consenti le financement en totalité de la prochaine cargaison de riz courant attendue aux Comores au début de juillet 2008. Les pressions inflationnistes risquent de desservir toute l’économie. Une commission nationale chargée des mécanismes d’approvisionnement et de contrôle des prix au niveau national est nécessaire pour sécuriser les stocks des produits de première nécessité et stopper les tendances inflationnistes en déclenchant des alertes au niveau du territoire national. En rappel, selon le ministère des Finances et de l’Économie de l’Union des Comores, la présence des banques off shore à Anjouan pendant la crise politique durant presque une année a été un coup dur pour l’économie des Comores, car Anjouan échappait au contrôle de l’État. Cela bien sûr a contaminé les autres îles informellement. De plus, les produits locaux exportés en masse ont connu au cours de ces trois dernières années des difficultés record, ce qui décourage les producteurs. La vanille et le girofle sont vendus à des prix dérisoires, car la vanille ne dépasse pas les 2 euros et le girofle aussi, des produits qui valaient respectivement 50 euros et 7 euros le kilogramme. D’une manière générale et à en croire les autorités comoriennes après un constat positif, depuis juillet 2007 les Comores se sont engagées dans des projets qui visent une croissance de l’économie et tout reste à vérifier dans les années à venir après rétablissement de l’ordre à Anjouan depuis mars 2008. CULTURE La culture comorienne souffre de tous les maux bien qu’elle soit riche du caractère insulaire du pays où les célébrations des mariages diffèrent, l’organisation de la société n’est pas la même entre Anjouanais et grand Comorien pour ne citer que cela. En tout cas, tous les Comoriens sont liés et unis sur le principe d’une culture musulmane tolérante où chacun partage les mêmes sentiments avec l’autre. Les Comores sont dépourvues de vraies infrastructures culturelles et plusieurs actions et projets ne se concrétisent pas à cause de plusieurs difficultés. Comme chaque année depuis quatre ans se tient à Moroni, pendant le mois de juillet, le concours du meilleur jeune artiste au cours duquel un prix est décerné au lauréat. En juillet 2007, le jeune « petit Hadad » un chanteur de zouk love a été honoré, car c’est lui qui a récolté le plus de voix après avoir été choisi par ses fans. En décembre, dans la ville de Domoni a eu lieu le festival interculturel d’Anjouan où plusieurs festivités ont été organisées pour l’occasion et Domoni a eu le privilège d’accueillir l’ensemble des Anjouanais pendant environ une semaine. Avant le festival de Domoni Anjouan, Médina Festival a vu la participation des groupes musicaux venus des horizons de l’océan Indien et de France. Médina Festival est un événement culturel annuel qui se déroule à Mutsamudu et Ouani. Il a pour vocation d’honorer les talents musicaux traditionnels et modernes de la région par des grands concerts « live ». En mars 2008, dans une situation sociopolitique confuse, la célébration de la Journée internationale de la francophonie n’a pas eu d’impact comme dans les années précédentes, même si dans les CLAC des Comores l’événement n’échappe toujours pas aux usagers de ces centres culturels. À Ngazidja et Mohéli comme à Anjouan dans les CLAC de Mrémani, Domoni, Tsembehou, Ouani, Sima et à la Maison de la Culture et du Développement (MCD) de Moya, des activités ont été organisées pour marquer cette journée importante en affirmant l’appartenance des Comores à la famille francophone internationale dans la solidarité et la diversité culturelle et linguistique. En avril 2008, la Journée internationale du livre a été célébrée en pompe dans tous les CLAC. Néanmoins, le CLAC d’Iconi à Ngazidja a été retenu pour la cérémonie nationale, sous le haut patronage du Commissariat national à la jeunesse. Au cours de cette cérémonie, un hommage solennel a été rendu au chantre de la négritude Aimé Césaire et un poème écrit en son honneur par Aboubacar Saïd Salim, un écrivain comorien, a été lu par un jeune abonné du CLAC d’Iconi. Quant à Mme Wahidat Hassani, responsable nationale du programme CLAC et directrice nationale de la culture, elle a remis aux représentants de tous les CLAC des Comores un lot de cinquante cartons de livres d’une valeur de 30 000 euros octroyés par l’OIF et destinés à renforcer le fonds documentaire des centres de lecture et d’animations culturelles (CLAC) des îles de la lune. Mme Boyer, conseillère à la coopération et à la culture à l’ambassade de France à Moroni, avait honoré de sa présence la cérémonie en remettant au CLAC d’Iconi un lot d’une vingtaine de livres. Dans le même mois, les 23 et 24 avril 2008, le Commissariat national à la jeunesse, en partenariat avec l’UNESCO, a organisé un atelier au Palais du peuple de Moroni pour la validation de la politique culturelle des Comores. Tous les acteurs de la culture nationale des Comores ont participé à cet atelier où toutes les îles Ndzouani, Mohéli et Ngazidja étaient présentes. Au cours de l’atelier, une exposition du patrimoine culturel et touristique des Comores était à l’honneur dans la salle des conférences de l’Assemblée nationale. À la fin de l’atelier, un document a été remis aux autorités comoriennes et pour la première fois les Comores se dotent d’un document-projet de politique nationale de la culture. Les participants et le gouvernement comorien représenté par le commissariat à la jeunesse et l’UNESCO ont montré leur satisfaction par rapport à l’initiative et le déroulement de l’atelier considéré positif et très fructueux. En juin 2008, une mission de l’UNESCO a sillonné les Comores en vue d’inventorier le patrimoine comorien au niveau des trois îles. À Anjouan comme dans les autres îles, c’est la jeune chambre internationale locale qui a accompagné la mission dans ses travaux au cours desquels une conférence a été donnée pour l’occasion, suivie d’un séminaire sur le patrimoine des Comores. Les Comores comptent développer un maillon d’une politique culturelle nationale fiable en vue d’affirmer l’identité comorienne, en préservant les mœurs et les coutumes. Ce pays a des valeurs culturelles diversifiées, fondées sur la nature de son peuplement et de ses courants migratoires, ainsi que sur la position géographique des îles Ngazidja, Ndzouani et Mohéli. | 201 L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 COMORES 202 OCÉAN INDIEN MADAGASCAR Marie Jeanne RAZANAMANANA Enseignant-chercheur, Maître de Conférences, Responsable de l’UFR en journalisme, nouvellement dénommée COME (Communication médiatique),DIFP/FLSH, Université d’Antananarivo [email protected] Lovasoa RABARY-RAKOTONDRAVONY Enseignant vacataire, COME (Communication médiatique), DIFP/FLSH, Université d’Antananarivo, Journaliste du groupe l’Express de Madagascar [email protected] Mamelasoa RAMIARINARIVO Enseignant vacataire, COME (Communication médiatique), DIFP/FLSH, Université d’Antananarivo, Journaliste du groupe l’Express de Madagascar [email protected] POLITIQUE nationale que par un seul élu, tandis que le reste est composé des députés indépendants, dont une partie est encore d’obédience TIM. Après les élections législatives, le pouvoir organise entre décembre 2007 et avril 2008 une série de scrutins en vue d’élire les maires, les conseillers communaux et régionaux ainsi que les sénateurs. Ces consultations populaires permettent au chef de l’État de jouir d’une large majorité à tous les postes électifs du pays. Parallèlement, le président Ravalomanana est parvenu à se débarrasser des membres du TIM qui commencent à remettre en cause la pratique unilatéraliste du chef de l’État. Dans cette série de victoires, la défaite du parti présidentiel à Antananarivo, la capitale, lors des élections municipales de décembre 2007, sonne comme un avertissement. Le candidat du TIM, Hery Rafalimanana, a été battu par Andry Rajoelina, un candidat indépendant, opérateur économique de 33 ans. Or, Antananarivo, le plus gros pourvoyeur de suffrages, avait toujours été le fief du chef de l’État. L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 Un chef d’État au pouvoir renforcé et sans opposition réelle Après sa réélection à la tête de l’État en décembre 2006, Marc Ravalomanana arrive à stabiliser le paysage politique du pays. La perte de la capitale, son fief depuis 2002, lors des élections municipales du 12 décembre 2007, n’apportera pas de grandes modifications à l’échiquier politique malgache. Le président de la République profite de l’état de grâce créé par sa réélection à la magistrature suprême pour redistribuer les cartes politiques afin de mieux asseoir son pouvoir. C’est ainsi qu’en avril 2007, il convoque un référendum pour réviser la Constitution. Le toilettage de la Loi fondamentale renforce le pouvoir du chef de l’État, au détriment du Parlement. Avec la Constitution révisée, le chef de l’État a, entre autres, la possibilité de légiférer par voie d’ordonnance en cas « d’urgence » ou de « catastrophes naturelles », sans se reporter à l’avis des deux Chambres. Par contre, la marge de manœuvre des députés et des sénateurs a été réduite à cause de la limitation du calendrier des sessions et la réglementation très stricte de l’immunité parlementaire. Dans la même lignée, le président Ravalomanana a dissout l’Assemblée nationale, pourtant dominée par le Tiako i Madagasikara (TIM), le parti qu’il a fondé, et a convoqué une élection anticipée en septembre 2007. À l’issue du scrutin, le parti présidentiel arrive à renforcer sa majorité, passant d’une centaine de députés sur les 160 que comptait l’ancienne législature à 105 sur les 127 nouveaux membres de la Chambre basse. L’opposition n’est plus représentée à l’Assemblée Les provinces malgaches où se situent les six universités de la Grande île. Malgré ce revers du régime dans la capitale, l’opposition, quasi inexistante, n’a pas réussi à se frayer un chemin. Minés par des luttes intestines, les opposants, qui n’arrivent pas à faire un bloc, se contentent de critiquer le gouvernement par àcoups et sans réelle portée. C’est le cas du Comité pour la réconciliation nationale (CRN) de l’ancien président Albert Zafy et de la Plate-forme de l’opposition, regroupant une dizaine de formations politiques. Le manque cruel de financement, faute de loi sur les partis politiques, ne leur permet pas non plus de s’organiser sur le terrain. Seuls les anciens parlementaires du TIM, regroupés au sein du Comité pour la redynamisation MADAGASC AR ÉCONOMIE Madagascar confronté aux crises mondiales Au plan économique, comme les autres pays du monde, la Grande île subit également de plein fouet les impacts de la crise pétrolière. Elle doit aussi se prémunir contre la crise. Le taux d’inflation est estimé à 10 % en un an, selon la Loi des finances rectificatives 2008. La hausse des prix à la pompe est en moyenne de 35 % en une année. La dernière augmentation a lieu en juin 2008, avec 200 ariary par litre pour le gasoil. Une situation qui grève toute la vie économique du pays. La société Jirama a, par exemple, décidé de rehausser de 30 % les factures d’eau et d’électricité d’ici la fin de l’année 2008 pour supporter la flambée du cours mondial de pétrole et rentabiliser ses énormes investissements. Une nouvelle centrale thermique de 40 MW est installée à Mandroseza pour pallier l’insuffisance de fourniture d’électricité à Antananarivo, toujours en proie aux séances de délestage. Les regroupements du patronat, dont le Syndicat des industriels de Madagascar (SIM) et le Groupement des entrepreneurs de Madagascar (GEM), tirent la sonnette d’alarme. La productivité et la compétitivité sont touchées de plein fouet. Une grève des factures est évitée de justesse de la part des industriels avant que la Jirama, le ministère des Mines et le patronat regagnent la table des négociations. Au menu : l’augmentation des puissances souscrites proposées aux opérateurs économiques. Mais jusque-là, aucune solution n’a été trouvée, car la Jirama est toujours incapable de satisfaire les demandes d’approvisionnement des professionnels en énergie. Depuis décembre 2007, Madagascar adhère pleinement aux zones de libre-échange en vigueur dans la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Le pays est aussi, à la fois, membre du marché commun de l’Afrique de l’Est et du Sud (COMESA) et de la Commission de l’Océan Indien (COI), mais sa balance commerciale reste partout déficitaire, de l’ordre de moins 350 milliards d’ariary (environ 140 millions d’€), par exemple, pour les échanges intra-SADC. INDICATEURS : Des ambitions revues à la baisse La hausse des recettes, l’importance des dégâts cycloniques et l’envolée du prix du pétrole justifient la rectification du budget de l’État, d’après la Loi des finances rectificative votée au parlement en juin 2008. Les prévisions macroéconomiques pour cette année sont revues à la baisse : l’inflation sera plus importante que prévue, soit 10 % contre 7 % en glissement annuel. Le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) est aussi révisé à la baisse, soit 7 % contre un objectif de 7,3 %. Le budget de l’État s’équilibre dès lors à Ar 5 456,8 milliards pour 2008, soit une diminution de Ar 187,8 milliards par rapport à la Loi de finances initiale adoptée en novembre 2007, dont l’équilibre général était à Ar 5 644,6 milliards. Par ailleurs, l’État consacre 40 milliards d’ariary pour subventionner les secteurs prioritaires comme le riz, le pétrole lampant et le transport, pour contrer une éventuelle crise alimentaire. Enfin, le coût du MAP est connu : dix milliards de dollars, dont la moitié reste à trouver. MADAGASCAR GÉOGRAPHIE t -BQMVTHSBOEF¬MFEFMPD±BO *OEJFOBVTVEFTUEFM"GSJRVF t $MJNBUWBSJ±UFNQ±S±QBSMBMUJUVEFBVDFOUSFUSPQJDBMFU IVNJEF¹MFTUTFNJE±TFSUJRVFBVTVE HISTOIRE t "VE±CVUEFOPUSF²SFWBHVFT EFNJHSBUJPOE*OEPO±TJFFU E"GSJRVFPSJFOUBMF t 9**F97**FT"SSJW±FEFT"SBCFT EFT&VSPQ±FOTFUEFT"GSJDBJOT t 9 7**FE±CVU97***FT-FQBZTFTU NBSRV±QBSMBNVMUJQMJDJU±EFT QFUJUTSPZBVNFT t E±CVU9*9FT'PSNBUJPOEV SPZBVNFEF.BEBHBTDBSBVUPVS EFTTPVWFSBJOTE"OUBOBOBSJWP t "OOFYJPOEFM¬MFQBSMB 'SBODF t *OTVSSFDUJPO-VUUFQPVS MJOE±QFOEBODF t $S±BUJPOEFMB3±QVCMJRVF NBMHBDIFJOE±QFOEBOUFMF KVJO1IJMJCFSU5TJSBOBOB QS±TJEFOU t .PVWFNFOUQPQVMBJSF1S±TJEFODFEF3BNBOBOUTPB t G±W 3BUTJNBOESBWBFTU OPNN±QSFNJFSNJOJTUSFFUBVTTJU¦UBTTBTTJO± t /PNCSFVYBGGSPOUFNFOUT7JPMFOUFS±QSFTTJPO¹ "OUBOBOBSJWP t BP U 4VQQSFTTJPOQBS S±G±SFOEVNEFMB$POTUJUVUJPO EF t "MCFSU;BGZ±MVQS±TJEFOU EFMBS±QVCMJRVFDPOUSF3BUTJSBLB t E±D "QS²TVOFQ±SJPEF EFUSPVCMFT3BUTJSBLBFTUS±±MV t 3±WJTJPOEFMB$POTUJUVUJPOBEPQUJPOEVQSJODJQFEFT 1SPWJODFTBVUPOPNFT t $SJTFQPTU±MFDUPSBMF t .BSD3BWBMPNBOBOBFTU QSPDMBN±QS±TJEFOUFU+BDRVFT 4ZMMBOPNN±QSFNJFSNJOJTUSF t ÎMFDUJPOTQS±TJEFOUJFMMFTBWFDDBOEJEBUTEPOUVOF GFNNF L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 du TIM (CRTIM), sont arrivés à secouer le régime. Mais le mouvement a été vite étouffé dans l’œuf par l’éviction de ses membres au sein de la direction du parti. L’une des têtes pensantes du mouvement, l’ancien sénateur Joseph Yoland, dit Mômy, a également dû abandonner le projet afin de mieux se défendre dans une affaire judiciaire qui remonte en 2004 et qui est remise sur le tapis trois ans plus tard. 203 L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 204 OCÉAN INDIEN Transformer la crise alimentaire mondiale en opportunités Néanmoins, la Grande île pense tirer profit de ces marchés qui réunissent près d’un milliard de consommateurs. Une Révolution verte est lancée officiellement afin de doubler la production agricole d’ici 2012 et la tripler d’ici 2015, comme l’indique le Madagascar Action Plan (MAP). Les objectifs résident en l’assurance de la sécurité alimentaire pour la population et l’exportation des surplus de production. En un an, plusieurs programmes soutenus par les bailleurs de fonds sont mis en branle pour relancer l’agriculture afin d’arriver à professionnaliser les agriculteurs malgaches, qui constituent 80 % de la population, et transformer la crise alimentaire mondiale en opportunité. Les principaux adversaires de cette révolution sont les cyclones. Cette année encore, ils ont frappé fort. Plus de 75 % des rizières sont inondées dans certaines régions de production comme dans l’Alaotra-Mangoro après les passages d’« Indlala », « Fame » et de « Yvan ». Les infrastructures touristiques sont aussi touchées. Et pourtant, 2007 a été la meilleure saison qu’a connue le secteur grâce à l’accueil par Madagascar des Jeux des îles de l’Océan indien en juillet et août 2007. Près de 345 000 visiteurs sont enregistrés officiellement, soit 30 % de plus qu’en 2006. Une page se tourne également avec le départ de l’emblématique chaîne Hilton international qui fait place à Carlton Madagascar. La grande île se dote en outre de son second hôtel à cinq étoiles construit actuellement par les Chinois à Ivato. Coût : USD 50 millions, un prêt d’une banque chinoise. À ce propos, la création d’une banque de développement, la Banque malgache pour la construction et le développement (BMCD), est lancée avec l’appui de la coopération allemande. La présence chinoise se confirme également. La cimenterie Madagascar long cimentery à Ambohimanambola (MALOCI) sort son premier sac de ciment. La Mainland mining international, filiale de Chinalco présente dans Rio Tinto explore l’ilménite dans la région Anosy. Le tourisme, les mines, le pétrole, le commerce et la construction, sont maintenant les domaines de prédilection des investisseurs de l’Empire céleste à Madagascar. C’est une entreprise chinoise, l’AFFEC, qui assure notamment la construction des villas présidentielles, du centre de conférences et de l’hôtel cinq étoiles destinés à accueillir le Sommet des chefs d’État africains en juillet 2009. Côté grands investissements, les projets d’extractions minières se confirment, dont celui de Sherritt à Ambatovy-Moramanga (Nickel et Cobalt) et de Qit Madagascar minerals (QMM), filiale du géant canadien Rio Tinto (Ilménite), à Tolagnaro. L’uranium, le charbon, la bauxite, les pierres précieuses, notamment suscitent l’engouement des opérateurs étrangers, chinois et australiens essentiellement. Les explorations pétrolières continuent également. Madagascar Oil sort en janvier 2008 le premier baril de la réserve de grès bitumeux de Tsimiroro dans le sud-ouest de l’île. Exxon Mobil, lui, s’active dans la partie nord pour des explorations en mer. Autant de recherches qui suscitent l’espoir de tout un peuple face au baril de pétrole qui culmine en ce moment à USD 145. En tout, une douzaine de compagnies étrangères sont présentes dans les gisements malgaches. Mais le début des exploitations n’est prévu au plus tôt qu’en 2010, selon les prévisions de l’Office des mines nationales et des industries stratégiques (OMNIS). Pour l’heure, les redevances perçues par l’État pour un grand projet comme celui de QMM sont en moyenne de USD 1,5 millions. CULTURE La culture est désormais imposable Les métiers culturels sont désormais soumis aux impôts dans la Grande île. Les artistes demandent une contrepartie pour que ces professions fassent réellement vivre ceux et celles qui les exercent. En face, les arts alternatifs gagnent du terrain. L’engouement des jeunes malgaches pour les arts se maintient : les salles de danse, les centres culturels et les Alliances françaises ne désemplissent pas. Les années 2007 et 2008 sont sans conteste celles du groupe Mahaleo, le porte-drapeau de la musique populaire malgache. Quarante-cinq ans après les Surfs, une autre formation se produit à la mythique salle de l’Olympia, à Paris. Plébiscité par les médias internationaux dont Radio France internationale (RFI), TV5, la BBC, Dama, Nônô, Dadah, Bekoto, Raoul, Fafah et Charles ont eu leur quart d’heure de gloire dans le « show-business » mondial. La tournée de célébration du 35e anniversaire de Mahaleo les a amenés jusqu’au Canada et aux Etats-Unis, en passant par toute l’Europe. Au pays, c’est la panique chez les artistes. L’État décide de leur faire payer des impôts issus de leurs revenus professionnels, au motif que certaines vedettes de la chanson touchent par exemple chaque année plusieurs centaines de millions d’ariary. Malgré les premières réticences, la mesure semble acceptée progressivement, « à condition que l’État nous montre réellement la contrepartie », déclare MADAGASC AR Samoela, chanteur très populaire à Madagascar. En tout cas, les artistes réclament un statut particulier, l’équivalent de celui des intermittents du spectacle en France, pour que le métier fasse réellement vivre son homme. Jusqu’à maintenant, être peintre, sculpteur ou comédien n’est pas une profession dans le pays. D’autant plus que le phénomène de piratage d’œuvres artistiques est loin de s’estomper, causant d’énormes préjudices financiers à l’artiste et à son producteur. « Risque de troubles publics » Ce n’est pas le cas de certains domaines comme la danse contemporaine où Madagascar a désormais sa place sur la scène internationale. Plusieurs chorégraphes dont Ariry Andriamarotsiresy, ont sillonné l’Europe et l’Afrique pour représenter la Grande île dans des biennales et autres festivals. Haja Saranouffi, le frère de Gaby, la chorégraphe nationale, et la Tahala Company ont notamment représenté la danse contemporaine malgache au festival « Danse l’Afrique », à Tunis, en mai 2008. Les chanteurs étrangers ne manquent pas non plus de faire un arrêt dans le pays pendant leur tournée dans l’Océan indien. Madagascar a eu ainsi le plaisir d’accueillir la rappeuse Diams, mais aussi Yannick Noah, champion de tennis reconverti en chanteur à succès. Un autre chanteur Rasta, également à succès, populaire, fait en même temps couler beaucoup d’encre. Rossy, soutien du régime précédent, établi en France depuis 2002, annonce en avril 2008, son grand retour pour une tournée dans toute l’île. Il était déjà en repérage à la fin de l’année sans pour autant soulever tant de bruit. Le ministère de la Culture décide d’interdire la tournée pour « risque 205 de troubles publics et à cause de la période électorale », expliquait Patrick Ramiaramanana. Il a été depuis expulsé du gouvernement et le département laissé sans patron pendant plusieurs mois jusqu’à la nomination de Jean Louis Robinson, ancien ministre de la Santé et nouveau ministre des Sports, de la Culture et des Loisirs. Finalement, les concerts de Rossy peuvent avoir lieu et mieux, l’artiste établit un record en réunissant près de 50 000 personnes à Antsonjombre en juin 2008. Ces derniers mois sont aussi marqués par l’engouement des jeunes malgaches, du moins ceux des grandes villes, pour les arts alternatifs. La vidéo amateur gagne ainsi du terrain avec plusieurs concours de films de court métrage comme celui organisé en avril 2008 par le Centre culturel Albert Camus (Centre culturel français). L’animation 3D, les documentaires, la photographie, le multimédia, sont autant de domaines qui attirent petit à petit la jeunesse locale. Les salles de danse ne désemplissent pas non plus, tout comme les centres culturels et les Alliances françaises qui organisent des séances de slam, ces poésies « rappées », très à la mode de par le monde. En sport, le bilan a été plus que satisfaisant à l’issue des Jeux des îles de l’Océan indien (JIOI) qui ont réuni les Comores, Seychelles, La Réunion et Maurice. Les Maldives ont déclaré forfait au dernier moment. Madagascar, hôte des Jeux, est sortie première des classements. Puis tous les yeux se sont tournés vers Pékin pour les Jeux olympiques. Le président avait promis à tous les médaillés d’or des JIOI de les y emmener pour « voir ». Les chances de médailles pour la Grande île, avec trois athlètes seulement (Berlioz Andriamihaja et Nirina Ramilijaona, en athlétisme, et Solofoniaina en boxe), n’en ont pas pour autant été transformées. | Anouchka SOORIAMOORTHY Enseignante de philosophie au Lycée Georges Pompidou de Dubaï [email protected] Transition et questionnement sont les deux termes qui qualifieraient probablement le mieux la situation mauricienne. La transition s’applique au domaine économique, à un moment où l’île doit réformer son système agricole. Le questionnement est d’ordre social, voire sociologique : l’année 2008 a célébré l’anniversaire des quarante ans de l’indépendance du pays, mais quatre décennies après la création d’un passeport mauricien, de nombreux citoyens se posent toujours la question de leur identité au pays arc-en-ciel. POLITIQUE Navin Ramgoolam, dirigeant du Parti Travailliste Mauricien (PTR) occupe les fonctions de premier ministre depuis le 5 juillet 2005. L’un des projets cruciaux de ce gouvernement concerne la réforme de l’activité sucrière. Ce vaste projet de restructuration a déjà débuté avec la fermeture de plusieurs usines de l’île. Avec la baisse du prix du sucre, il faut réduire les coûts de production et diversifier l’usage de la terre. Une initiative intéressante est à noter : les résidus des tiges de cannes à sucre, la bagasse, sont utilisés dans les centrales thermiques pour produire de l’énergie. D’anciens terrains de cannes à sucre sont reconvertis en complexes touristiques intégrés (Integrated Resort Schemes – IRS). Ces complexes touristiques visent des acheteurs L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 MAURICE 206 OCÉAN INDIEN t "QS²TMBFHVFSSFNPOEJBMFTVDDFTTJPOEFDPOTUJUVUJPOTMJC±SBMFTDPOEVJTBOU¹MBTFNJBVUPOPNJFEF M¬MFFO bué à la croissance. D’autres secteurs indiquent des chiffres en hausse : le bâtiment, le textile (une hausse significative de 7,2 % pour ce secteur qui est depuis quelques années en difficulté) et l’industrie alimentaire. Le système financier, par son ouverture et sa compétitivité, représente un autre atout considérable. Enfin, depuis juin 2007, le gouvernement a mis en place des mesures afin d’augmenter la production du secteur de la pêche et de faire du pays une plateforme incontournable dans ce domaine. Mais d’autres données viennent ternir ce tableau : l’inflation, principalement due à l’augmentation du prix des matières premières et des produits pétroliers, a augmenté de 10,7 %. Le chômage a atteint le chiffre de 9,6 %. Les Mauriciens dans l’ensemble ne semblent guère ressentir les retombées des chiffres positifs évoqués plus haut. En effet, lors d’une enquête Sofres réalisée du 29 janvier au 7 février 2008 pour le compte du journal mauricien L’Express, 53 % des personnes interrogées se disaient insatisfaites de leur niveau de vie actuel, et 80 % d’entre elles estimaient ne pas disposer de suffisamment d’argent pour vivre. t NBST .BVSJDFEFWJFOUVO±UBUJOE±QFOEBOU EBOTMF$PNNPOXFBMUI&MMFQBSUJDJQF¹MB'SBODPQIPOJF"$$5 E²T SOCIÉTÉ ET CULTURE MAURICE GÉOGRAPHIE t ÎUBUBSDIJQ±MJRVFEFT.BTDBSFJHOFTDPNQSFOBOUMFT ¬MFT.BVSJDF3PESJHVFT"HBMFHB4BJOU#SBOEPO .BVSJDFSFWFOEJRVFM¬MPUEF5SPNFMJO'SBODF FUMB S±USPDFTTJPOEFT$IBHPT"OHMFUFSSF EPOUM¬MFEF %JFHP(BSDJBRVJFTUVOFCBTFBN±SJDBJOF t ;POFGSBODIFÎDPOPNJFEJWFSTJm±FTVDSFUFYUJMF UPVSJTNFTFSWJDFTFUD HISTOIRE t -FT)PMMBOEBJTQSFOOFOUQPTTFTTJPOEFM¬MFFUMB CBQUJTFOU.BVSJUJVT t .BVSJDFEFWJFOUUFSSFGSBO³BJTFTPVTMFOPNE*TMF EF'SBODF t 0DDVQBUJPOCSJUBOOJRVFDPOmSN±FQBSMFUSBJU± EF1BSJT t "GGSBODIJTTFNFOUEFTFTDMBWFTFUJNNJHSBUJPO NBTTJWFEFUSBWBJMMFVSTJOEJFOT t .BVSJDFEFWJFOUVOF3±QVCMJRVF t 7 4PNNFUEFMB'SBODPQIPOJF F t 4JS"OFSPPE+VHOBVUIFTU±MVQSFNJFSNJOJTUSFTFMPOVOFGPSNVMFEFQBSUBHFEVQPVWPJSBWFDTPO BMMJ±1BVM#±SBOHFS t "TTFNCM±FBVUPOPNFS±HJPOBMFQPVS3PESJHVFT L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 t /BWJO3BNHPPMBNFTU±MVOPVWFBVQSFNJFS NJOJTUSF étrangers à très hauts revenus et à fort pouvoir d’achat, ce qui devrait, selon le gouvernement, apporter une contribution non négligeable à l’économie locale. Il ne faudrait néanmoins pas omettre le fait que l’île Maurice est le dixième pays le plus peuplé au monde avec une densité de 612 habitants au kilomètre carré. La décision de permettre aux acheteurs étrangers de devenir propriétaires de la terre sera-t-elle, à terme, une mesure réellement salutaire pour les Mauriciens? ÉCONOMIE Un premier bilan de la situation semble positif. Avec la réforme du secteur de la canne à sucre (réforme causée par l’arrêt du protocole sucre liant les pays ACP avec l’Union Européenne), une dégradation de la situation était à craindre. Or, l’île affiche pour l’année 2007 une croissance de 5,6 %, soit 1,7 % de plus qu’en 2006. Cette augmentation est principalement due aux bons résultats de l’activité touristique qui est en hausse de 15,1 % par rapport à l’année précédente. Les investissements directs étrangers ont également largement contri- Le 12 mars 2008, l’île Maurice a fêté ses 40 ans d’indépendance. Quatre décennies après le départ de l’administration coloniale anglaise, la reconnaissance et l’acceptation d’une identité mauricienne semblent loin d’être acquises. En effet, une forme de mal-être social est présente. Selon le sondage Sofres cité plus haut, 35 % des Mauriciens estiment que le pays n’est pas une vraie nation, 44 % d’entre eux se sentent mal dans leur peau et 76 % pensent que le pays est de plus en plus communaliste. Ce mal-être prend même, dans certains cas, une certaine forme de nostalgie de la période coloniale puisque 95 % des Mauriciens s’estimaient heureux de l’indépendance en 1998, et ils ne sont plus que 83 % en 2008. La diversité ethnique et culturelle que vantent les dépliants touristiques est aussi la cause d’une certaine instabilité sociale. Pourtant, 92 % des Mauriciens se disent toujours fiers de leur pays et un grand nombre d’entre eux semble vouloir créer cette fameuse unité nationale. Un élément fédérateur existe cependant : la langue créole. Longtemps relégué au second plan au profit des langues de l’élite, le français et l’anglais, le créole semble aujourd’hui perdre sa connotation négative. L’existence d’une œuvre littéraire en langue créole a certainement contribué à la réhabilitation de cette langue. Un fait totalement nouveau est que 70 % des Mauriciens se disent aujourd’hui favorables à l’utilisation de la langue créole à l’école primaire. L’unité nationale et la reconnaissance d’une identité mauricienne passeront peut-être par l’acceptation d’une langue comme symbole d’un pays. La langue créole serait alors le moyen de s’extraire de ce marasme social et identitaire. | MAURICE © OIF 207 Étal de plantes médicinales sur le marché. Île Maurice, 1993. MAYOTTE t .BZPUUFBQQBSUJFOU¹M"SDIJQFMEFT$PNPSFTFUTF QBSUBHFFOUSFEFVY¬MFTMB(SBOEF5FSSFP¢TFUSPVWF MBDBQJUBMF.BNPVE[PVFUMB1FUJUF5FSSF-¬MFEVOF TVQFSmDJFEFLNFTUFOUPVS±FEVOFCBSSJ²SF EFDPSBJMRVJGPSNFMFUSPJTJ²NFQMVTHSBOEMBHPOBV NPOEF7VFEVDJFMFMMFSFTTFNCMF¹VOIJQQPDBNQFRVJFTUEFWFOVTPOFNCM²NF HISTOIRE ť .BZPUUF BWFD MFOTFNCMF EFT $PNPSFT EFWJFOUGSBO³BJTF ť -FT$PNPSFTFU.BZPUUFPCJFOOFOUMFTUBUVUEF ť .BZPUUFDIPJTJUEFSFTUFSGSBO³BJTF ť %FWJFOUVOFDPMMFDUJWJU±E±QBSUFNFOUBMF ť "CEPVMBUJGPV"MZDBOEJEBUEFMB'PSDFEFM"M- UFSOBODFEV.PVWFNFOUE±QBSUFNFOUBMJTUFNBIPSBJTRVJBQQBSUJFOUBV.PVWFNFOUE±NPDSBUFEF 'SBO³PJT#BZSPV FTU±MVBVTFDPOEUPVSEFTM±HJTMBUJWFTDPOUSFMFE±QVU±TPSUBOU.BOTPVS,BNBSEJOFNFNCSFEFM6.1 ť 6OFE±M±HBUJPONBIPSBJTFNFO±FQBSMFQS±- TJEFOUEV$POTFJMH±O±SBMEF.BZPUUF"INFE"UUPVNBOJ%PVDIJOBTFSFOE¹1BSJTQPVSEFNBOEFS MB UFOVF EVOF DPOTVMUBUJPO TVS MF TUBUVU EF E±QBSUFNFOU 6O S±G±SFOEVN FTU QS±WV FOUSF KBOWJFSFUBWSJM REPÈRES UFSSJUPJSFEPVUSFNFS50. ť "MPST RVF MFT $PNPSFT SFKFUUFOU DF TUBUVU .BZPUUFE±TJSBOUSFTUFSGSBO³BJTFBDRVJFSUMFTUBUVUEFDPMMFDUJWJU±UFSSJUPSJBMF POUR EN SAVOIR PLUS www.malango-mayotte.com/info/ L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 GÉOGRAPHIE 208 OCÉAN INDIEN LA RÉUNION Yvan COMBEAU Professeur d’histoire contemporaine, Université de La Réunion [email protected] Après une année difficile sous l’emprise du virus du chikungunya, l’île de La Réunion tourne la page d’une crise sanitaire, économique et sociale. Depuis l’hiver austral 2007, La Réunion reprend son dynamisme et retrouve un élan économique. Dans le secteur essentiel du tourisme, les efforts réalisés autour de la création de l’I.R.T. (Île de La Réunion Tourisme) participent à ce redécollage et au retour tant des voyageurs que des investisseurs. Comme le note le site officiel du tourisme à La Réunion, l’île demeure une destination de rêves. Et le pluriel s’impose. L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 POLITIQUE La Réunion demeure « une île politique » avec la passion et l’engagement pour les débats et les élections. La vie politique a donc été riche depuis la présidentielle française d’avril et mai 2007. Les votes réunionnais ont été massivement favorables à la candidate socialiste, Ségolène Royal. Elle l’emporte dans les 24 communes de l’île. Et les législatives qui ont suivi ont été un succès pour la gauche. Sur les cinq députés, l’UMP maintient deux sièges (René Paul Victoria, Didier Robert) contre trois à la gauche (Huguette Bello, Parti communiste réunionnais, Jean-Claude Fruteau et Patrick Lebreton pour le Parti socialiste). Pour le Parti socialiste, c’est une année politique-événement puisqu’il réussit cette translation entre le score de la présidentielle et un ancrage dans deux circonscriptions. Dans ce nouveau cycle de la vie politique nationale (débuté avec la présidence de Nicolas Sarkozy), les élections municipales constituaient un rendezvous attendu. Attente pour l’exécutif lorsqu’il évalue l’état de l’opinion publique et attente pour les acteurs locaux qui savent le poids des consultations municipales (et cantonales) sur l’organisation des pouvoirs dans le département. La Réunion compte 24 communes et renouvelle, lors de cette échéance, 24 de ses 49 cantons. La vague sociale qui avait structuré les votes de l’année 2007 demeure un des éléments constitutifs et explicatifs des expressions électorales de ce mois de mars 2008. Les 9 et 16 mars, la gauche bouscule la carte des municipalités. Si les scrutins de mars 2001 avaient été marqués par un raz-de-marée des droites (autour du refus d’un second département), sept années après, le corps électoral a lancé un message fort, signe d’une volonté de renouvellement et expression des préoccupations sociales de la population (chômage, précarité, minimums sociaux, problème du logement, coût de la vie…). Le premier tour a conforté la position de plusieurs élus, qui avaient su gérer dans la proximité. Cet enracinement profite ainsi aux maires des communes de Sainte-Marie, Saint-Pierre, Saint-Joseph, Le Tampon, Étang salé, Sainte-Suzanne, Le Port, La Possession. Il représente la stabilité de ces échéances. Mais, au-delà de ce premier constat, le coup de tonnerre des municipales est venu de communes où la gauche a mis un terme à une longue présence de la droite. Les titres de la presse traduisent ces ruptures locales : « barons menacés », « coup de bambou », « la grande lessive » (voir les trois quotidiens régionaux, Le Journal de l’île, Le Quotidien, Témoignages). Plusieurs situations illustrent ces changements de majorité. Ce sont les bouleversements politiques à Saint-Denis avec le retour à la direction de la municipalité du socialiste Gilbert Annette ; Saint-André voit le succès du communiste Éric Fruteau sur le maire sortant Jean Paul Virapoullé ; Saint-Benoît fait le choix du socialiste Jean-Claude Fruteau (député) ; SaintPaul donne la victoire à la députée Huguette Bello, première femme députée-maire dans l’histoire politique de La Réunion. La liste des changements est longue. Mentionnons Saint-Leu (où Thierry Robert l’emporte sur Jean-Luc Poudroux), Saint-Louis (le retour de Claude Hoarau), Trois Bassins (l’élection de Roland Ramakistin), La Plaine des Palmistes (l’élection de Jean-Luc Saint-Lambert). Dans le même mouvement, les électeurs transforment considérablement la physionomie du Conseil général. Depuis les dernières échéances (2004), Nassimah Dindar y assure la présidence en s’appuyant sur une majorité composée des éléments des droites réunionnaises. Si la droite résiste mieux sur l’ensemble des cantons que dans les communes, elle ne peut que constater sa faible marge de manœuvre pour réussir à conserver la direction de l’assemblée départementale. Dès le soir du second tour (16 mars), tous les calculs conduisent à représenter le nouvel hémicycle comme un puzzle de forces où diverses alliances peuvent prendre forme. Après une semaine de tractations, de noms avancés (principalement celui de Jean Louis Lagourgue, soutenu par les conseillers UMP et d’autres personnalités de la droite) pour succéder à la présidente sortante, Nassimah Dindar parvient à rassembler une fraction d’élus centristes à l’union des gauches (communistes, socialistes). Le dimanche 23, elle l’emporte en prenant le contre-pied de l’alliance qui l’avait portée en 2004. Dans le contexte national de la perte d’influence de l’UMP (mairies et présidences de conseils généraux passés à la gauche), la direction du mouvement peut se satisfaire de maintenir un de ses membres à la tête d’un conseil général. Il L A RÉUNION ÉCONOMIE Globalement, s’il fallait porter une appréciation sur le bilan de l’année économique 2007, le constat serait marqué par une assez belle satisfaction. Certes, les points cruciaux du chômage, de la faiblesse du pouvoir d’achat demeurent, mais au regard de la situation 2006, il est possible de noter une remontée de la croissance, et une embellie dans plusieurs secteurs. Sur l’année 2007, l’INSEE note une croissance de 4,4 %. Un chiffre qui surpasse la moyenne nationale. Conséquences, les créations d’emplois atteignent près de 5 000 dans l’année, soit une progression de plus de 4 points sur 2006. Rappelons que la population active réunionnaise compte 313 000 personnes en 2007. Depuis plusieurs années, le nombre des actifs supplémentaires est en moyenne de 5 300 par an. C’est dire que le nombre d’emplois créés, malgré des chiffres dynamiques, reste encore dessous de la demande. Il faut noter la légère baisse de 4,8 % sur le nombre de Réunionnais touchant les minima sociaux. Dans ce paysage, la réalisation du chantier de la route des Tamarins constitue autant un élément visible des grands travaux qui caractérisent le département depuis cinq décennies que l’indicateur du dynamisme du BTP. Le tourisme participe à cette amélioration de la santé économique, mais il faut souligner que le bond touristique profite pour le moment davantage à l’hôtellerie de 3-4 étoiles. Dans ce tableau, l’augmentation du prix du baril de pétrole, la constante progression du coût des carburants, constituent une périlleuse inconnue pour l’économie et la croissance ; elles représentent aussi dans les nombreux déplacements des Réunionnais une charge considérable sur les budgets des ménages. Maires des communes de La Réunion (mars 2008) Commune Maire LA RÉUNION GÉOGRAPHIE t ÉMFEFMBSDIJQFMEFT.BTDBSFJHOFT FOUSFÎRVBUFVSFU$BQSJDPSOF t 3FMJFGWJHPVSFVY7PMDBOFO BDUJWJU± t $BOOF¹TVDSFBSCSFTGSVJUJFST D±S±BMFTWBOJMMFFU±MFWBHF HISTOIRE t -F1PSUVHBJT1FESPT.BTDBSFOIBTE±DPVWSFM¬MF t -B$PNQBHOJFGSBO³BJTFEFM0SJFOUFOQSFOE QPTTFTTJPOTPVTMFOPNEÉMF #PVSCPO t -¬MFQSFOETPOOPNBDUVFM t "QS²TDJORBOO±FTEPDDVQBUJPOBOHMBJTFMB'SBODF S±DVQ²SFM¬MF t "CPMJUJPOEFMFTDMBWBHF -¬MFDPNQUBJUFTDMBWFT t -B3±VOJPOEFWJFOUVO E±QBSUFNFOUGSBO³BJT t -¬MFFTUE±TPSNBJTVOF 3±HJPO t .BSHJF4VESF OPNN±FTFDS±UBJSFEÎUBU¹MB 'SBODPQIPOJF t 1BVM7FSH²T±MVQS±TJEFOU EVDPOTFJMS±HJPOBMFU+FBO-VD 1PVESPVYQS±TJEFOUEVDPOTFJM H±O±SBM t KBOW -FDZDMPOF%JOB E±WBTUFMB3±VOJPO t 1BVM7FSH²TFTUS±FMVQS±TJEFOUEVDPOTFJMS±HJPOBMFU /BTTJNBI%JOEBS±MVFQS±TJEFOUFEVDPOTFJMH±O±SBM t -BS±±MFDUJPOEF/BTTJNBI%JOEBS¹MBQS±TJEFODFEV $POTFJMH±O±SBM Commune Maire St Denis G. Annette-PS P. Ile G.Ramoune-PS Possession R.Robert-PCR Tampon D.Robert-UMP Le Port JY.Langenier-PCR St Joseph P.Lebreton-PS St Paul H.Bello-PCR St Philippe H.Salvan-UMP T. Bassins R.Raminkistin-DVG Ste Rose B.Pajany St Leu T. Robert-Modem P. Palmistes JL.StLambert-PS Les Avirons M.Dennemont- St Benoit JC.Fruteau-PS E. Salé JC.Lacouture-UMP St André E.Fruteau-PCR St Louis C.Hoarau-PCR B.Panon D.GonthierUMP Cilaos P.Techer-UMP Ste Suzanne M.Gironcel-PCR E. Deux B. Valy- Salazie S.Fouassin-UMP St Pierre M.Fontaine-UMP Ste Marie JL.Lagourgue-DVD L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 le fait en notant que cette nouvelle majorité départementale trouve son équilibre avec la gauche (10 élus PS, 8 élus PCR) et en créant la fracture avec ses partisans. Les conseillers généraux de la droite, les parlementaires et maires de l’UMP, dénoncent ce double jeu et annoncent leur démission collective et la création d’une nouvelle formation politique départementale (Objectif Réunion). Après ces quatre échéances (2007-2008), reste l’essentiel : la confirmation que la vie politique réunionnaise entame un nouveau cycle de son histoire politique dans un positionnement croisant la dimension indo-océanique, nationale et européenne avec des changements touchant le personnel politique, les nouveaux équilibres des forces et la féminisation des politiques locales (à l’exception du niveau de l’intercommunalité). 209 210 OCÉAN INDIEN Le défi 2030 La Réunion s’inscrit depuis plusieurs années dans l’ensemble des problématiques touchant au développement durable. Certes, l’expression (développement durable) devient le leitmotiv de nombreuses manifestations et colloques. Mais, au-delà des formules stéréotypées, le projet GERI 2030 (Green Energy Reunion Island) témoigne une préoccupation de plus en plus reconnue par la population sur de nombreux domaines tels que l’énergie, les transports, l’habitat, les nouvelles technologies. Il prévoit faire de l’île de La Réunion « une terre d’application des nouvelles technologies dans le domaine des énergies renouvelables ». Et le message est d’autant plus fortement inscrit que La Réunion accueillait une des premières actions de la présidence française de l’Union européenne (deuxième semestre 2008) avec les déplacements de plusieurs dizaines de chercheurs, représentants des îles et territoires de l’Outre-mer. Un événement de dimension internationale sur le thème « l’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et à la perte de biodiversité ». Pendant cinq journées (7-11 juillet), en présence de du ministre Jean-Louis Borloo, plus de 400 personnalités se sont réunies pour porter un diagnostic et lancer des axes des futures politiques environnementales. Des journées qui ont reposé les rapports entre l’homme et sa pla- nète et ses responsabilités tant dans les causes que dans les scénarios possibles pour diminuer ou non les effets du réchauffement sur les deux décennies à venir. CULTURE Difficile de résumer l’année écoulée par un seul spectacle ou un festival. Toutefois, le festival Sakifo, devenu incontournable, mérite notre attention. Il avait été un succès pour la commune de Saint-Leu. Il quitte cependant cette scène. Ce départ a provoqué une polémique dans le temps de l’après-municipales (avril 2008). C’est finalement la ville de Saint-Pierre qui l’accueille du 6 au 10 août 2008. Son principal maître d’œuvre, Jérôme Galabert, note en ouverture des spectacles : « C’est avec fierté aussi que nous vous offrons cette année plus de scènes gratuites, plus d’artistes locaux, plus de diversité… Et merci à vous de nous suivre dans cette belle aventure... Courage à toute lékip, Bon festival zot tout’…Tyinbo larg pa ». Un appel à maintenir une fidélité tout en s’appropriant de nouveaux espaces saint-pierrois. Parmi les invités de ce programme de l’hiver austral : Firmin Viry, Lansiv, Dionysos, Bazar Kreol, Cali… Et cette année, un Sakifo jumeau se tient sur l’île Maurice. Une manière d’associer, et de faire vivre sur les mêmes rythmes, les deux îles sœurs. | SEYCHELLES GÉOGRAPHIE ť "SDIJQFM USPQJDBM TJUV± FO EFIPST EF MB [POF EFT HSBOET DZDMPOFT ¬MFT FU EF OPNCSFVY ¬MPUT LN S±QBSUJT TVS VO FTQBDF NBSJUJNF EF LN UJSF-FWJDFQS±TJEFOU+BNFT"MJY.JDIFMMVJTVDD²EF NBKPSJU±BCTPMVFEFTTJ²HFTBV1BSMFNFOU-FTQBSUJT POUDPOTFSW±FYBDUFNFOUMFN°NFOPNCSFEFE±QVU±TRVFEBOTM"TTFNCM±FTPSUBOUF ť 0DDVQBUJPOGSBO³BJTF ť 0DUPCSF"JS4FZDIFMMFTEFWJFOUMVOFEFTIVJU ť -FT"OHMBJTTFNQBSFOUEFT¬MFT ť KVJO 1SPDMBNBUJPOEFMJOE±QFOEBODF ť $PVQEÎUBUEF'SBODF"MCFSU3FO±1PMJUJRVFTPDJBMJTUFKVTRVFO ť KVJO "EPQUJPOQBSS±G±SFOEVNEVOFOPV- WFMMF$POTUJUVUJPONVMUJQBSUJTNF'"3FO±±MV¹ MBQS±TJEFODFS±±MVFOFUFO DPNQBHOJFT DFSUJm±FT *04" EBOT M0D±BO *OEJFO -FUPVSJTNFDPOOB¬UVOFBOO±FSFDPSEWJTJUFVST ť .BJ-FT4FZDIFMMFTQBSUBHFOUBWFDMF/JH±SJBFU M"GSJRVFEV4VEMFTDJORUJDLFUTBUUSJCV±TBV$POUJOFOUOPJSQPVSMFT+FVYPMZNQJRVFTEF#FJKJOH POUR EN SAVOIR PLUS ť $IPJYEVOOPVWFBVESBQFBV ť G±WSJFS -FT 4FZDIFMMFT BDDVFJMMFOU MB TFTF REPÈRES ť BWSJM -FQS±TJEFOU'SBODF"MCFSU3FO±TFSFť .BJ-FQBSUJBVQPVWPJSEFQVJTDPOTFSWFMB HISTOIRE L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008 DF TJHOFOU VO BDDPSEDBESF EF DPPQ±SBUJPO EF USPJTBOT TJPOEV $POTFJMEFT NJOJTUSFT EF MB$PNNJTTJPO EF M0D±BOJOEJFO ť G±WSJFS -FT 4FZDIFMMFT FU 3±VOJPO'SBO- ť w ww.afrik.com ť http://fr.allafrica.com/seychelles/ À noter :-FT4FZDIFMMFTTPOU¹MBGPJTNFNCSFTEV$PNNPOXFBMUIFUEFMB'SBODPQIPOJF