Hercule contre Hermès » pour un bout de plage au Maroc

Documentaire. « Hercule contre Hermès » pour un bout de plage au Maroc
20/06/15 19:35
Documentaire. « Hercule contre Hermès » pour
un bout de plage au Maroc
13 juin 2015 | Par Mohamed Ulad - Mediapart.fr
Documentaire
intégral dans l'article.
Refuser de vendre ses terres à l’héritier d’une des plus grandes fortunes mondiales ne peut
apporter que de graves ennuis. Pression, intimidation, prison, procès : voici l’histoire d’Hercule et
sa famille qui refusent de quitter leur petit coin avec vue sur l'océan, non loin de Tanger. Un
documentaire de Mohamed Ulad.
Mardi prochain, le 16 juin, Mohamed Ulad Mohand, co-producteur et réalisateur du film que nous vous
présentons aujourd’hui, Hercule contre Hermès, est convoqué au tribunal de grande instance de Paris
pour complicité de diffamation. La veille, Mohamed Ulad et l’un des principaux protagonistes de ce
documentaire, le père d'Hercule Mraït El Mektiri, connaîtront le jugement du tribunal de Asilah (région de
Tanger, Maroc) devant lequel ils étaient accusés le 25 mai dernier de violation de la vie privée, du droit à
l'image et de diffamation. « Sans avoir été convoqués à l’audience ! » affirme le réalisateur (lire sa lettre)
qui dénonce un acharnement judiciaire : « Hermès nous a fait au total sept procès : deux en France et
cinq au Maroc. »
Hercule contre Hermès a remporté le Trophée francophone du documentaire en 2014. Il est visible
pendant 1 mois sur Mediapart.
http://www.mediapart.fr/print/537625
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Documentaire. « Hercule contre Hermès » pour un bout de plage au Maroc
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L’histoire de ce documentaire se passe à Sidi Mghait, un village près d'Asilah au sud de Tanger, où des
habitants résistent à la convoitise d'un riche et puissant entrepreneur. Depuis une douzaine d'années, la
famille Mektiri paie au prix fort son refus de vendre ses trois hectares de terres à Patrick GuerrandHermès, héritier de la marque de luxe française. Cet ancien président de la fédération internationale de
polo a acquis en quelques années toutes les terres avoisinantes, y compris celles de leurs proches, pour y
réaliser un vaste projet immobilier.
Ce refus d'abandonner leur terre est devenu un cauchemar juridique pour la famille Mektiri, mais aussi
pour le réalisateur du documentaire, Mohamed Ulad. Alors que les procès se succèdent, les Mektiri se
maintiennent difficilement sur leur ferme, où ils vivent du bétail, de la pêche et des recettes d'une paillotte
dressée chaque été sur la plage.
Le fils aîné, Mohamed El Mektiri, surnommé Hercule en raison de sa force physique, et sa mère ont été
les premières victimes de cette interminable saga judiciaire. En 2008, Hercule a purgé une peine de six
mois de prison, officiellement pour agression et violence envers des employés de Guerrand-Hermès qui,
selon lui, étaient entrés sur ses terres. Sa mère a été condamnée à deux mois de prison pour outrage à
agent.
C'est en s'y rendant cet été-là que le réalisateur Mohamed Ulad, un habitué des lieux, s'étonne de
l'absence d'Hercule et décide de porter cette histoire à l'écran. Hercule contre Hermès montre la
résistance quotidienne d'une famille de paysans contre la puissance financière de Guerrand-Hermès, les
pressions et la corruption de certains représentants des autorités locales marocaines. D'après plusieurs
protagonistes du film, Guerrand-Hermès bénéficierait de larges soutiens dans la région.
Selon Mohamed Ulad, Patrick Guerrand-Hermès aurait donné son accord pour participer au documentaire,
à condition que le titre soit changé, mais s'est rétracté pour ensuite saisir la justice. Le tournage, qui a eu
lieu entre 2009 et 2011, s'est déroulé dans une ambiance tendue. Ulad évoque des pressions de
l'entourage de Guerrand-Hermès et des attaques physiques. Son autorisation de tournage lui a été
momentanément retirée. Il a à son tour porté plainte pour agression et destruction de matériel mais ses
plaintes sont jusqu'à maintenant restées sans suite.
Le documentaire, qui a remporté en 2014 le Trophée francophone du documentaire, a été diffusé sur
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plusieurs chaînes de télévision y compris la chaîne marocaine 2M. Poursuivis pour l'avoir diffusé en 2012,
les responsables de la chaîne, ainsi que Mohamed Ulad, ont été condamnés en 2013 en première
instance à verser 80 000 dirhams (environ 7 000 Euros) de dommages et intérêts. Ils ont été relaxés en
appel en février 2015.
En mars 2013, Guerrand-Hermès avait réclamé et obtenu du tribunal de grande instance de Paris que
certaines images soient floutées lors de sa diffusion sur la chaîne franco-allemande Arte, co-productrice
du film. Ce qui fut fait.
Ilhem Rachidi
Lire les articles du Monde, du New York Times et de l'International Herald Tribune parus au fil des
procédures judiciaires.
URL source: http://www.mediapart.fr/journal/international/130615/documentaire-hercule-contre-hermespour-un-bout-de-plage-au-maroc
http://www.mediapart.fr/print/537625
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