Article Brice Leverdez à Cannes

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Article Brice Leverdez à Cannes
A l’occasion de la 69ème édition du Festival de Cannes, mélange de glamour et paillettes, Brice
Leverdez était présent à Cannes afin de présenter la marque LEVERDEZ, collection 2016, à
l’Inter Continental Carlton.
A 3 mois de la cérémonie d’ouverture des 31ème Olympiades de l’histoire qui auront lieu à Rio,
du 5 au 21 Aout prochain, nous avons rencontré Brice Leverdez, octuple champion de France
de Badminton et 40ème joueur mondial sur les marches du Palais des Festivals. Le champion
français étant invité à l’Inter Continental Carlton, afin de présenter la collection 2016 de sa
marque, la marque LEVERDEZ, durant toute la durée du Festival.
Le représentant français du Badminton aux prochains Jeux Olympiques a profité de son temps
libre, pour se préparer, avec ses partenaire d’entraînement, Matthieu LO YING PING et
Joachim PERSSON. Les membres du Badminton Club de Cannes ont pu avoir le privilège de
voir notre champion en pleine préparation.
A l’occasion de cette séance, il a accordé une interview au Comité départemental de Badminton
des Alpes-Maritimes. Retour sur cet entretien :
Bonjour Brice, pour ceux qui ne vous connaissent pas, vous êtes badiste depuis 1998, 8 fois
champion de France consécutivement de 2008 à 2015, pensez-vous être le précurseur du
badminton moderne en France ?
On utilise aussi le terme précurseur pour nos clients de la marque, parce qu’ils aiment ce qui
est innovant et qualitatif. Je ne dirai pas que je suis le précurseur, mais je dirai que j’ai apporté
quelque chose au badminton français.
Par rapport à votre palmarès, à vos performances ?
Non, pas par rapport à mon palmarès, mais plus par rapport au style de jeu, qui a évolué et le
style de jeu que je jouais avant, l’évolution que j’ai eue tout au long de ces années, c’est ça
plutôt que j’ai apporté au badminton français.
Quelles ont été les étapes que vous avez passé entre votre parcours jeune et le joueur que vous
êtes maintenant ?
Le parcours jeune, c’était dans des centres régionaux, notamment le CREV de ChâtenayMallabry, après l’INSEP. Mais j’ai toujours été dans le même club, Créteil, depuis 2005.Du
coup, depuis 2005, je m’entraîne toujours, que ce soit en parallèle de l’INSEP, ou à plein temps
maintenant, je me suis toujours entraîné avec un entraîneur différent des entraîneurs nationaux,
ce qui m’a permis aussi d’avoir des visions différentes, et du coup, de prendre ce qui était bon
chez les uns et chez les autres. Aussi, j’ai eu la chance de faire des stages à l’étranger. Donc,
j’ai eu la vision de beaucoup d’entraînements différents, et après c’est moi qui ai fait ma sauce,
en me disant : « j’aime bien ça, j’aime bien ça, et je vais lier ça avec ces entraînements-là ». Je
me suis « construis » avec tout ce que j’ai pu entendre.
Pour être le joueur le plus complet possible ?
Pour être le joueur que je pense qui était le mieux pour moi. Le style de jeu qui convenait le
mieux à mon caractère, à mes forces et mes faiblesses.
Lorsque vous avez commencé le badminton, rêviez-vous d’avoir le palmarès que vous avez
aujourd’hui ?
Non, en fait, je n’ai jamais rêvé d’avoir un palmarès. J’ai toujours rêvé de gagner. J’ai toujours
envie de gagner, dans n’importe quoi. Du coup, le palmarès vient avec mon envie de réussir.
Le palmarès que j’ai, je n’ai jamais eu l’impression que c’était un gros palmarès en fait. Donc
ce n’est pas vraiment un rêve, puisque finalement, ça aurait été un rêve si j’avais été 2 fois
champion olympique, 5 fois champion du monde, 10 fois champion d’Europe. Et encore, ce
n’était même pas un rêve, la finalité, les résultats, ce n’est pas cela qui compte. C’était plutôt
moi, comment j’allais m’épanouir dans ce sport. J’ai eu beaucoup de chance, je me suis
beaucoup épanoui, j’ai appris beaucoup de choses, que ce soit dans le sport ou dans la relation
avec les autres, l’approche des différentes cultures, la géographie. Je suis content de mon
parcours par rapport à cela.
Auriez-vous des regrets par rapport à ce que vous avez accompli pour le badminton, si votre
carrière prenait fin aujourd’hui ?
Non, je pense que je n’aurai aucun regret, parce qu’à chaque fois que j’ai tenté quelque chose,
j’y suis allé à fond, donc quand on fait ça, on peut toujours se dire : « à ouais mais si j’avais su
à l’époque, ce que je sais maintenant, j’aurais mieux joué ». On est tous à se dire ça finalement,
mais ce n’est pas possible. Après, il faut l’accepter, faut plutôt aller de l’avant, et c’est ce que
je suis en train de faire avec la marque que j’ai créée, c’est une nouvelle aventure, mais ça reste
la même chose. C’est toujours travailler dur, pour s’améliorer, pour essayer de comprendre la
façon que les clients ont d’acheter, et au badminton, c’était de comprendre l’adversaire,
comment il jouait, c’est exactement la même chose.
Quand vous avez créé votre ligne de vêtements, était-ce une préparation pour votre aprèscarrière, ou était-ce un loisir que vous avez ?
C’était un peu des deux. A la base, en première pensée, c’était une préparation pour l’aprèscarrière, et deuxième pensée, même si c’est presque la première en même temps, c’est que j’ai
toujours eu envie d’entreprendre, j’ai toujours eu plein d’idées, j’en ai même tous les jours qui
me viennent à la tête. Et cette idée, est faite parce qu’il y a eu les circonstances, tout a été
favorable à ce que je créé la marque.
Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes joueurs du Comité des Alpes-Maritimes pour
un jour arriver à votre niveau, et avoir un parcours similaire ?
Je pense qu’il y a des qualités à avoir si on veut réussir dans le haut niveau, mais après, chaque
personne a ses forces, ses faiblesses, et chacun est différent. Moi ce que je conseillerai, c’est de
ne pas forcément écouter tout le temps ce qu’on nous dit, mais plutôt de faire comme nous on
a envie, parce qu’on se connaît mieux que personne. Notre corps, notre esprit sont très bien
faits, et une façon de jouer, ça ne va pas se transformer. On peut aider, on peut donner des idées
à des joueurs, mais c’est le joueur qui se fait, c’est le joueur qui est sur le terrain, c’est le joueur
qui joue, c’est lui qui supporte l’adrénaline, la pression. Si j’ai un conseil à leur donner, c’est
plutôt de suivre leur vision, et aller à fond là-dedans par contre. Mais faut travailler dur, ça c’est
sûr.
Cette année, se sont déroulés les Championnats d’Europe de Badminton, en VendéeSpace. Vous
avez atteint les ¼ de Finale contre Jan O. Jorgensen, n°5 mondial, quel est votre sentiment sur
votre parcours ?
Je suis satisfait de la façon dont j’ai joué, et de la façon dont j’ai abordé la compétition. Après,
les ¼ de finale je les avais déjà faits il y a deux ans, contre lui, donc évidemment en terme de
résultat c’est pas super, mais comme je vous disais tout à l’heure, ce n’est pas tout le temps les
résultats, le palmarès qui compte, c’est plutôt la façon qu’on a d’aborder les choses, et là, je
pense que j’ai passé un cap sur cette compétition, dans la façon de gérer les émotions des grands
matches.
Qu’est-ce que vous recherchiez lorsque vous avez quitté la France, et votre club de Créteil,
pour signer à Greve Strands ?
Alors déjà je n’ai pas quitté mon club de Créteil, je suis resté licencié au club de Créteil, mais
je ne jouais juste plus en championnat, parce qu’on a pas le droit de faire deux championnats.
Je n’avais plus le droit de jouer en interclub français. J’étais toujours au club de Créteil, mais
j’ai signé pour jouer les interclubs au Danemark, au club de Greve. L’objectif, c’était vraiment
de jouer contre de très bons joueurs. J’ai aussi eu la chance de pouvoir m’entraîner avec des
anciens très bons joueurs, ou de très bons joueurs actuels qui sont dans tous les clubs là-bas.
Si l’on observe les résultats de cette 25ème édition des championnats d’Europe, on observe que
les danois ont remporté 4 des 5 tableaux proposés. Vous qui vous entraînez au Greve Strands
Badmintonklub, expliquez-nous la différence qu’il existe entre le Danemark et la France ?
Une différence majeure déjà pour moi c’est les gymnases. On en a un exemple ici, où on se
perd dans les lignes, on ne sait plus où regarder. On a des lignes noires sur du bleu foncé, et
pour le badminton, ce n’est pas du tout visible. Les gymnases ne sont pas bien éclairés. Au
Danemark, ce n’est que des gymnases badminton. Il n’y a aucune autre ligne, les lumières sont
entre les terrains, ce sont des salles « en rond », on ne touche jamais le plafond, parce que c’est
très bien étudié pour ça. Donc ça, c’est une première différence. C’est la culture.
Est-ce que la popularité du sport entre le Danemark et la France joue un rôle par rapport à ce
que vous venez de dire ?
Non, je pense qu’on a largement plus de licenciés en France, même si là-bas il y a plus de
médiatisation, car ils ont eu de très gros résultats, je pense qu’il y a plus de joueurs en France,
largement.
Aujourd’hui, la France dispose d’un vivier qu’elle n’a jamais eu auparavant. Pensez-vous que
la nouvelle génération des moins de 18 ans est promise à un avenir radieux ?
Si on ne change pas la façon de former les jeunes, on restera au même niveau qu’on est
aujourd’hui dans l’échiquier mondial du badminton. Il faut refonder les bases du badminton,
c’est ça qu’il faut apprendre aux jeunes. Les bases, ce n’est pas celles qu’on apprend dans les
écoles.
C’est quoi les bases pour vous ?
La base, c’est de travailler la technique et la tactique, et pas le physique. Et aujourd’hui, c’était
déjà le cas à mon époque, on travaille beaucoup le physique mais pas beaucoup la tactique et la
technique, et aujourd’hui, la formation, les entraîneurs, se doivent d’être compétents. Moi si
demain je m’entoure de personnes qui ne sont pas compétentes dans leur domaine, et bien ma
marque elle n’ira pas très loin. Et des fois, on ne sait pas forcément si des gens sont compétents
ou pas, mais on peut avoir une idée. Avec l’expérience, on sait si les gens sont bons dans leur
domaine, et je pense qu’on manque quand même d’entraîneurs qui soient compétents pour avoir
vraiment ce vivier qui explose au niveau séniors.
Quels sont vos objectifs pour Rio ?
J’ai envie de prendre plaisir et de jouer à mon meilleur niveau, c’est ça qui me botte pour ces
Jeux Olympiques. Aux dernières Olympiades, je m’étais mis un gros challenge, en me fixant
des résultats. Là, ce ne sera pas le résultat qui comptera, mais plutôt la façon dont je vais jouer
et le plaisir que je vais prendre sur le court.
A votre avis, l’arrivée de Peter Gade et des entraîneurs danois, a déjà produit des effets positifs
sur la performance française ?
Moi je ne suis pas trop là pour répondre à ça, parce que j’y connais rien. Je ne sais pas ce qu’il
fait en formation. La seule chose que je peux voir moi, c’est au niveau des joueurs que je côtoie
de temps en temps en équipe de France, mais c’est tout ce que je peux vous dire. La formation,
ce n’est pas en un an qu’on peut voir une différence, il faut beaucoup de temps pour que ça
prenne. Donc je ne pourrai pas dire grand-chose sur ça.
Propos recueillis par Gaëtan GARCIA
Brice LEVERDEZ, Matthieu LO YING PING et Joachim PERSSON entourés par les joueurs du Comité Départemental de
Badminton des Alpes-Maritimes présents aux derniers Championnats de France Jeunes.